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 :: Les terres d'Irydaë :: Als'kholyn :: Marnaka
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 Une traque pour une promenade

Eylohr Lothar
Eylohr Lothar
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Une traque pour une promenade EmptySam 3 Mar - 0:17
Irys : 401379
Profession : Terroriste en fuite - Hermite
Pérégrins -2

  • Ils étaient partis il y a presque un mois en quête de cet Anton, un parjure parmi les voleurs de cette ville. Ils étaient partis pour retrouver ce sale rat, le tuer et reprendre les irys qu’il avait volé à ceux qui furent jadis ses compagnons d’infortune. Cette folle entreprise, folle pour le commun des mortels mais si habituelle pour le géant du Froid, les avaient menés à parcourir tout Marnaka et à s’aventurer jusqu’aux confins de Khashin, ce continent inhospitalier, ce désert arctique où la neige, les tempêtes et les avalanches étaient monnaie courante, et où les terres étaient le territoire d’une faune aussi terrible qu’unique. Terrible, et indomptable.

    Le duo était enfin revenu à Aildor en début de soirée, fourbus, sales et trempés. Exceptionnellement, Eylohr invita la donzelle chez, dans sa maison. La port gelée et peu utilisée s’ouvrit difficile sur une entrée menant à un salon, où régnait tout un capharnaüm. Des accessoires de sport et de musculation trônaient dans l’entrée, tandis que de l’autre côté se trouvaient plusieurs commodes, une armoire et une planche clouée au mur sur laquelle se trouvaient plusieurs pierres précieuses extraites ici-bas ou négociée à grand renfort d’or ou de combats. Et au milieu de ces pierres, un peu de magilithe, cette denrée si précieuse et si rare qui se trouve aux confins de la terre et que le guide avait ramené lui-même d’une de ses expéditions. Des armes étaient également fixées sur les murs, comme on pourrait s’y attendre de la part d’un forgeron.

    Le salon lui était quelque peu plus rangé, et était composé d’une longue et large table entourée de chaises somme toute confortables. D’un côté du salon il y avait la cuisine, de l’autre les escaliers qui menaient aux étages supérieurs. Dans la cuisine se trouvaient tout une collection d’alcools forts et de bouteilles vides ou entamées, un garde mangé somptueux et rempli à ras bord.

    Au premier étage se trouvait l’armurerie personnelle d’Eylohr, ou du moins, les armes qu’il avait forgées de la plus haute qualité possible, celles qu’il avait acheté, échangé, troqué ou gagné. Toutes ses armes étaient d’une qualité si grande qu’il ne prendrait pas le risque de les mettre en vitrine. Une chambre d’ami était également présente, ainsi que tout le nécessaire pour affuter des lames ou réparer des armes et des armures.

    Le deuxième étage était réservé à la chambre d’Eylohr, là aussi, un véritable champ de bataille où affaires sales, draps, bouteilles et autres débris jonchaient le sol, tandis que trônait un lit extraordinairement renforcé, grand et large.

    La maison était à l’effigie de son propriétaire : Rustre, grande et large. De hauts plafonds, de grandes pièces, de larges portes pour laisser passer le colosse du Nord. Lorsque le duo y entra, Eylohr laissa tomber dans un coin de l’entrée les affaires pesantes et trempées et se délesta de son manteau de fourrure pour se retrouver en armure de cuir et de tissu, plus agréable et moins pesante. Le chauffage était suffisamment présent pour réchauffer les os glacés de deux compagnons d’infortune.

    - Pose tes affaires où t’veux donzelle, y d’quoi s’pinter la gueule et s’faire péter l’bide, sers-toi. Promis, j’te f’rai pas payer. On s’est sorti d’pas mal d’embrouilles là, ça vaut bien un peu d’confort t’crois pas donzelle ?
    Et tandis qu’il convia son invitée à se reposer et se rassasier, certes en des termes plus crus et moins aguicheurs, le colosse se désaltéra à grandes rasade de rhum avant de piocher dans son garde-manger et d’en sortir poulet, poisson, légumes et côtes de bœuf. Il s’occupa également d’allumer le feu au milieu de la cuisine, d’y installer la broche et les récipients utiles à la cuisine avant de préparer un vrai festin.

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Une traque pour une promenade EmptySam 3 Mar - 20:03

Au début, Aly ne sait pas bien pourquoi elle suit Eylohr jusqu’à sa maison. Elle pensait le laisser aux portes de la ville, retrouver les siens et les informer. Mais au bout des jours et des jours à marcher dans la neige, avec ou contre le vent, dans le blizzard, à éviter les dangers de Kashin, même si aucun des deux n’est très bavard, il y a quand même une forme de proximité qui s’est créé. Ou une habitude de l’autre, peut-être. Puis parler, c’est laisser le froid glacial s’engouffrer.

Et, surtout, prévenir les autres qu’elle va s’attaquer au guide et à ses mercenaires, c’est les contraindre moralement à intervenir également, et cela, elle s’y refuse. Elle a dit qu’elle prendrait sur elle de mener cette triste histoire à son terme, et elle le fera. Elle n’est pas prête à risquer un autre membre de sa famille dans l’entreprise, à subir une autre perte tout de suite. Au point de se surprendre elle-même de tant de sentimentalisme.

La maison est grande, aménagée comme il faut, et la nourriture a tenu le temps de leur absence, ou alors quelqu’un est venu remplir les placards. Cela lui importe peu. Eylohr prend tout de suite de l’alcool, mais elle se contente d’un alcool de patate local pour se réchauffer. La gnôle lui coule dans l’œsophage et brûle un peu ses poumons, mais c’est une sensation agréable après les semaines de froid et d’humidité.

Elle a laissé ses fourrures dans l’entrée, à côté de celles du guide, et l’a suivi dans la cuisine. Le tonnelet de bière attire son regard, une boisson moins forte qui lui laissera les idées claires. Puis elle regarde les aliments qui ont été sortis, prend son couteau et commence la découpe. C’est là que l’habitude commence à être vraiment notable, ils arrivent à circuler autour de l’autre sans trop se gêner. Dans la mesure où un colosse de plus de deux mètres peut ne pas être gênant, en tout cas.

« Sûr qu’on peut profiter de la soirée avant de traquer l’autre guide et ses hommes. Par contre, ils seront déjà rentrés ? »

Rapidement, tout fut jeté dans un immense fait-tout, pour constituer un ragoût qui mijoterait quelques heures. Ensuite, ce fut au tour de la côte de bœuf d’atterrir sur le feu. Saisissant un gros hachoir avant son hôte, elle découpa la pièce avant de la mettre à cuir. La viande est bien rassie et elle ne doute pas que cela sera délicieux. A peine le temps de se retourner que le poisson est déjà prêt à être cuisiné, lui aussi.

L’affaire d’un peu de temps et ils sont dans la grande salle à manger, assis côte à côte à la table. Bien trop massive pour un homme vivant seul, mais s’il veut se donner l’illusion de pouvoir inviter du monde… Car il a plutôt la réputation d’être solitaire, ce qui vu qu’il parle peu ne semble pas surprenant. Le repas est calme et dominé par le bruit des couverts et de la mastication, avec de temps en temps de longues goulées.

En fait, ce dîner leur remonte vraiment le moral et recharge leur énergie. La viande séchée et le poisson salé, à force, ne devient qu’un besoin alimentaire, et ils retrouvent là le plaisir de manger quelque chose de bon, de goûtu. S’essuyant la bouche du revers de la main, Aly veut quand même commencer à préparer l’après.

« Tu préconises de faire comment, pour les chopper ? Sans compter qu’ils ont p’tet déjà utilisé l’argent. »

Eylohr Lothar
Eylohr Lothar
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Une traque pour une promenade EmptyDim 4 Mar - 15:16
Irys : 401379
Profession : Terroriste en fuite - Hermite
Pérégrins -2

  • Eylohr prends une gorgée de Rhum qui provoque une brulure bien différente de celle qu’il avait vécu durant presque un mois. Le froid provoque des brulures bien cruelles. Elles sont presque invisibles et indolores. Mais lorsque la douleur survient, que les rougeurs apparaissent, il est déjà trop tard. La chaire a déjà gelée, la peau a déjà souffert et les séquelles apparaissent déjà.

    Non, cette brulure que subissait Eylohr en ce moment était bien mieux perçue. Elle était bien meilleure, et bien mieux appréciées. Cette rasade alcoolisée réchauffa autant sa gorge et ses organes que sa peau et tout son être.

    - HAAAAA ! ça, c’est bon ! Dit-il avant de laisser s’échapper un rot bien gras. Ouai donzelle, t’inquiète pas, on peut attendre avant d’commencer à l’traquer c’fumier. Il avait qu’que jours d’avance sur nous, donc à moins qui s’amuse à dénicher tous les nomades de Khashin, il est d’jà rentré ! Maint’nan, faut l’trouver l’salop mais c’pas compliqué, suffit d’laisser entendre qu’qu’un cherche un guide et des mercenaires ! t’vois où j’veux en v’nir ?

    Puis le colosse affamé prit une autre rasade de cet alcool fort que lui et Alyvesha avaient amenés sur le table et la grimace qu’il fit termina de le réchauffer et de le faire se sentir vivant. Alors avec la donzelle il prépara un ragout fait de de légumes et de viandes, ils préparèrent des poissons et firent cuir la côte de bœuf.

    Les provisions avaient été gardées dans le garde-manger d’Eylohr qu’il avait savamment construit. Une salle construite et emplie de blocs de glaces agencés de façon à ce que les aliments soient stockés et conservés. Cela augmentait la durée de conservation de façon surprenante, aussi, la nourriture était bien fraiche.

    Ce fut à ce moment que la grande table se montrait utile. Oh oui, il vivait seul le géant, enfin, quand il n’était pas occupé à boire dans les tavernes et à trousser des filles de mauvaises vies dans les maisons closes. Mais il mangeait comme un ogre. Et lorsque les plats préparés et cuisinés arrivèrent pour orner la table, très vite, celle-ci fut complètement pleine. Un véritable festin après tout ce temps passé dans ce continent glacial.

    Le repas fut vivant bien que calme. Les bruits des mastications, des goulées et des renâclements donnaient un concert des plus désagréables pour quiconque ne partagerait pas un festin après des jours et des jours de rationnement. L’on se passait les plats avec vivacité, on se servait et resservait encore et encore de grandes rasades de cervoises pour la viande range et le ragout, et de vin pour le poisson. Les odeurs se mêlaient les unes aux autres dans un tourbillon alléchant pour les papilles. Le poisson était exquis, le bœuf saignant et tendre à souhait et le ragout fut assaisonné comme il le fallait, ni trop, ni pas assez.

    C’était ça la vie après tout. Enfin, il fallait bien se douter que les nobles, les riches et les pontes des industries et des commerces profitaient d’autant de festin à chaque repas du jour et de la nuit, jour après jour. Ici-bas, ce n’était pas habituel du tout. Mais si cela était un aspect de la vie, un autre plaisait d’avantage et bien plus à Eylohr. La guerre. Oui, la guerre. Oh, cela lui avait toujours plut, et plus il avançait dans l’âge, les combats et les explorations plus il se rendait compte que son destin ne serait pas aussi vain que d’être un guide et un forgeron. Il adorait son métier de forgeron, mais il aspirait à bien plus de choses. Et combattre était plaisant. Advienne que pourra.

    - Comme j’disais, on va l’traquer comme un bête. On va laisser croire qu’on cherch’ un guide, qu’tout l’monde a répondu nono pour aller en Khashin et qu’tu payes rubis sur l’ongle. Il viendra. Et on l’butera. Et l’argent c’pas un problème. T’avais raison donzelle, ça f’ra un concurrent en moins. T’es ok ?


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Une traque pour une promenade EmptyDim 18 Mar - 12:06

« ‘Sûr, que le plan m’va. »

Ils continuent de discuter jusque tard dans la nuit, en attrapant de la nourriture dès que leurs estomacs les laissent un peu respirer. Au début, peu souvent, mais leurs métabolismes reprennent le dessus et celui d’Alyvesha n’est pas du genre à laisser passer de la nourriture gratuite si elle en a l’occasion. Elle picore à droite à gauche, boit modérément. En fait, il y a bien une chose qu’elle note dans le plan qu’ils ont ébauché. Cela ne la gêne pas plus que ça, cela dit…

Elle est l’appât.

Bon, elle est celle qui veut récupérer une partie de l’argent, achever de se venger et, quelque part et de façon troublante, venger aussi Anton. Alors que c’est elle qui l’a tuée. Elle ne s’attarde pas sur la sensation, assez désagréable, et se concentre plutôt sur son vis-à-vis. Cela lui aura coûté la peau des fesses –pas littéralement, mais en valait la peine, elle n’en doute pas. Simplement, malgré sa réputation, ils seront apparemment plusieurs. Et elle n’est elle-même pas une combattante hors pair. Enfin, au pire, elle pourra toujours contacter son gang.

Finalement, les deux décident d’aller dormir, repus de viande, de légumes et d’alcool. Eylohr lui montre la chambre d’ami, qui lui échoit, tandis qu’il va dans le chambre du maître de maison. La couverture est un peu poussiéreuse, mais ce n’est rien qui sera de taille à gêner Alyvesha. Elle a connu pire, bien pire, et rien que le fait d’avoir quatre murs et un toit au-dessus de sa tête constitue une amélioration considérable, ne serait-ce que par rapport aux dernières semaines passées à crapahuter dans la neige.

Quand elle ferme les yeux, elle voit à nouveau tout blanc, comme à Kashin. Elle les rouvre, et c’est le noir de l’obscurité à nouveau. Tsah. Puis, presque hébétée par tant de nourriture et de boisson, elle se sent dériver doucement mais fermement vers un sommeil sans songe soutenu par le matelas et le sommier de bonne facture. Au réveil, elle est au chaud, au sec, et n’a même pas encore faim, ce qui n’est pas surprenant après tout ce qu’ils ont avalé.

Cependant, quand vient le temps du petit-déjeuner, elle se débarbouille sommairement puis mange avec un coup de fourchette aussi énergique que le soir précédent. Ce n’est pas comme si elle risquait de prendre quelques kilogrammess. En plus, il fait tellement froid, dehors, qu’il faut fournir de l’énergie au corps. Ce n’est pas Eylohr qui dira le contraire, à dévorer des œufs et des saucisses, avec du pain et du fromage.

Puis vient le moment de se séparer, en tout cas en apparence. Il faut qu’elle aille battre le pavé, encore que pas comme ça, jusqu’à attirer des guides près à l’emmener à Kashin. Ils ont répété leur histoire, et cela devrait être tellement dangereux que seuls des escrocs devraient vouloir se frotter à elle, pour enfin la dépouiller. Elle garde ses fourrures, en tout cas : elles sont de bonne facture et cachent un peu l’usure des vêtements qui se trouvent en-dessous. Et il lui faut avoir l’air aisé.

Lothar suit un peu plus loin, en tout cas elle le suppose, car elle ne voit aucune trace de lui. Elle se dirige d’abord vers les portes de la ville, questionne les marchands, les pionniers, les chasseurs. Aucun d’eux n’est disposé à l’emmener. Il faut dire qu’elle ne propose pas grand-chose pour le moment. Cela viendra après. Pour lui donner à la fois un petit air désespéré, mais égalemnt plus riche qu’elle n’y paraît.

Enfin, si sa cible se rend compte qu’elle n’a qu’à cueillir ce qu’elle veut.

C’est dingue, que les guides aient autant la pétoche des tréfonds de Kashin et du continent flottant plus loin.

Eylohr Lothar
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Une traque pour une promenade EmptyMar 20 Mar - 20:21
Irys : 401379
Profession : Terroriste en fuite - Hermite
Pérégrins -2

  • La soirée passe, et son lot de nourriture et d’alcool aussi. Les deux compagnons boivent, mangent, avec le même entrain qu’un prisonnier rationné au pain noir pendant 10 ans. Le garde mangé d’Eylohr est fourni, et réapprovisionné très régulièrement. Le froid ambiant dans cette salle suffit à maintenir la nourriture consommable durant quelques temps. Aussi, manger, c’était aussi sauver cette nourriture stockée depuis quelques temps déjà. Ils alliaient la discussion à la boustifaille, préparant un plan, s’assurant des rôles qu’ils auraient, de quoi faire en cas de rencontre avec le fameux guide.

    Le plan était le suivant. Une fois le guide harponné, Alyvesha devait le ramener, lui et ses mercenaires, jusqu’à un des coins sombres d’Aildor, un tunnel de préférence. L’exiguïté des tunnels forcerait le convoi à s’avancer un par un, car Eylohr s’occuperait de prendre une partie du passage dans l’ombre. Là, il se jetterait sur le guide, tandis qu’Alyvesha devrait dégainer et tirer. Ou taillader, c’est selon. Toujours est-il qu’il faudra tuer.

    La nuit arrive alors que, la panse pleine et le cerveau embué, Eylohr peine à garder les yeux ouverts plus de quelques secondes. La nuit fut agitée. Une nuit alcoolisée est tout sauf reposante et, si le début de la nuit reste dépourvu de rêves, la suite, elle, est bien agitée… Par flashs, Eylohr revoit dans ses bras cette magnifique femme à la chevelure de feu, endormie, ses yeux d’un vert émeraude pointés vers le ciel, tandis qu’une dernière goutte de son sang fini de réchauffer la main du colosse. Elle était si belle. Si frêle. Si froide. Comme une fleur qui éclot et qui souffre encore d’un hiver rigoureux. Cette exploration de la faune et de la flore de Khashin fut la prémisse de l’aube de sa vie. Elle était venue ici en quête de savoir, au nom d’un architecte dont le nom était déjà oublié du géant. Elle fut victime de ce continent glacial et dangereux. Et elle rendit son dernier soupir dans les bras du colosse qui, pour la première fois de sa vie, avait ressenti de l’amour pour quelqu’un. Bien mal lui en prit… Car ce frêle esquif vit l’aube de sa vie arriver dans le froid du Nord, et son corps reposerait à jamais dans le sol glacé et enneigé de cette terre désolée.

    Le réveil fut difficile pour Eylohr. Ce genre de songes était une torture pour lui qui ne s’était jamais remit de cette perte tragique. Ajouter à cela le mal de tête intempestif et vous obtenez un géant ronchon. Mais heureusement, un petit déjeuner bien fourni fut suffisant pour redonner un peu de baume au cœur.

    La suite, eh bien vous la connaissez. Eylohr et Alyvesha prirent le chemin des sous terrains de la ville, et le petit jeu commença. Eylohr suivait derrière emmitoufler sous son armure de cuir et d’acier, le tout, surmonté d’un épais manteau de fourrure sombre, bien chaud, bien rembourré. Une massa colossale que le manteau finit de rendre impressionnant, puisqu’aucun bras n’en sort. Seule sa tête trône au-dessus de tout cela, elle aussi cachée dans une capuche de fourrure. Sous son manteau se cachent ses armes, ainsi que sa hache dans son dos que le relief dorsal trahit légèrement.

    Alyvesha sert d’appât, mais elle joue bien son rôle. Passant pour une exploratrice riche, elle essuie nombre de refus mais déjà, Eylohr entend les guides parler entre eux et la rumeur d’une cliente fortunée se répand comme une trainée de poudre. Bientôt, oui, bientôt, ce guide montrerait le bout de son nez.

    Le petit jeu dure depuis près de deux heures maintenant, et voilà qu’un groupe d’hommes fait son chemin dans ce flot incessant de badauds. Ils poussent Eylohr, tranquillement appuyé de son épaule sur le mur d’une boutique. Ils n’ont même pas remarqué sa présence, tout ce qui les intéressent, c’est Alyvesha qu’ils rejoignent sans plus tarder. Eylohr regarde, scrute, jauge. Il attend un petit signe de la part de sa compagne d’infortune, signe qui lui dirait de se mettre en place à son tour. L’endroit le plus sûr du coin pour régler des comptes se trouve à environs 100m après plusieurs virages et boutiques. Eylohr se posterait là, et attendrait, tapis dans l’ombre, pour attaquer.


Dernière édition par Eylohr Lothar le Mer 4 Avr - 14:43, édité 1 fois

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Une traque pour une promenade EmptyLun 2 Avr - 9:50

La ligne frétille et ramène enfin quelque chose. La lassitude d’avoir dû essuyer tous ces refus, et d’orienter les conversations pour que justement elles se terminent en refus commence à se voir, mais Alyvesha se dit que ça doit lui donner un petit air hanté, obsédé. Ça sera sûrement parfait pour son rôle. La plupart du temps, quand un guide se présente ou qu’elle en approche un qui n’est manifestement pas le bon, elle a juste envie de lui flanquer une baffe et de dégager pour aller prévenir celui qu’elle cherche. Peut-être que ça lui donne un air nerveux qui collerait bien à la bourge au milieu d’Aildor.

Elle se cantonne aux avenues un peu larges, où la lumière du jour descend encore. Sinon, elle risquerait d’attirer quelque chose qui ne l’intéresse pas, genre des racketteurs. Pas qu’elle se fasse du souci, mais sa couverture risquerait de sauter. Heureusement que sa capuche cache le gros de ses cicatrices. Elle n’est pas bien connue, mais ça ne colle pas beaucoup à l’image qu’elle veut renvoyer. Une voix grave et une tape sur l’épaule la font soudainement se retourner.

« Hep, m’dame. »

Elle lève un sourcil interrogateur, avance un peu le menton en signe de défi. Le type est un grand bonhomme, style armoire à glaces, un sourire sur le visage mais qui n’arrive pas à ses yeux. Des petits yeux bleus, un peu enfoncés, qui la scrutent fixement. La bouche arrête son imitation de bonhomie et prend un pli dur qui, au vu des rides, doit être habituel. Le genre pas commode. Elle recule d’un pas pour sortir de son ombre.

« Oui ?
- J’ai entendu dire que vous cherchiez un guide pour aller voir le continent flottant en Kashin ? »

Elle fait la moue.

« Les nouvelles vont vite.
- Dans notre milieu, oui.
- Et vous êtes venu me dire que c’est trop dangereux et que vous n’avez pas envie, c’est cela ? »

Il est interloqué. Pas le génie du siècle. Trop de coups sur la tête, à voir son nez écrasé et ses phalanges applaties. Le vent tourne et lui vient une odeur de sueur un peu aigre. Puis la lumière se fait.

« Nan, nan. Moi et mes hommes, justement, on est plutôt intéressé.
- Je n’ai pas les moyens de payer une troupe complète de mercenaires.
- De ce que j’ai vu, le tarif ne nécessitera qu’un peu de négociation, pas grand-chose…
- D’autres clients font le même trajet ?
- Pas à ma connaissance, mais si oui, vous pourriez parfaitement vous répartir le prix.
- Hm.
- Mais on pourrait p’tet en parler dans un endroit plus calme que le milieu de la rue ? Je connais justement une ta…
- Bonne idée. Suivez-moi. »

Alyvesha se retourne sans lui adresser un regard de plus. La capuche l’empêche de voir si un éclat de colère a traversé ses yeux mais ça n’a pas d’importance : il n’a pas d’autre choix que de la suivre. Elle le sent et l’entend se remuer derrière elle. Quand il prend la parole, elle lève quatre doigts par-dessus son épaule, le signal pour Eylohr. Cela devrait lui suffire pour aller se mettre en position et leur tomber dessus comme la misère sur le pauvre monde.

« Vous connaissez la ville ?
- Il y a un chouette restaurant par là-bas, dans lequel je suis déjà allé.
- Je n’ai pas les moyens de…
- Je paierai, lâche-t-elle d’un air excédé. »

Elle fait mine de ne pas avoir vu les autres hommes qui la suivent, à quelques mètres de distance. Elle ne les a sans doute pas tous dans le colimateur, mais ce sera plus difficile que prévu, à moins que la prouesse guerrière du grand guide soit supérieure à la rumeur. Au pire, elle devrait pouvoir prendre la poudre d’escampette. Il y a suffisamment de ruelles très étroites dans lesquelles un homme peut à peine se faufiler. Mais une femme ? Beaucoup mieux.

Quand ils arrivent enfin au lieu-dit, il n’y a rien ni personne. Bizarre ?

« Dites, vous êtes sûre que…
- Oui, oui, c’est juste plus loin. »

Allez, mon grand, à toi d’jouer.

Eylohr Lothar
Eylohr Lothar
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Une traque pour une promenade EmptyMer 4 Avr - 16:08
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Pérégrins -2
  • Si l’individu inquisiteur était un poisson, la ligne de la canne à pêche serait à deux doigt de céder. Eylohr ne pouvait qu’observer depuis sa position, sans arriver à entendre un seul mot. Il était loin, et c’était voulu. Se serait extrêmement bizarre de voir un tel individu suivre un groupe d’homme que rien ne semble relier. D’autant plus que le colosse n’est pas un pur inconnu ici-bas, c’est un forgeron émérite et un guide plutôt performant. Aussi valait-il mieux qu’il reste sous sa tenue de fourrure et sous sa capuche, éloigné. Au moins le groupe de salopards se sentirait en sécurité.

    Ils discutent et Alyvesha semble se montrer particulièrement impressionnante de part ses qualités d’actrices, et, surtout, de part sa façon qu’elle ait de susciter l’intérêt chez son interlocuteur. La situation à l’air d’avancer plus qu’elle a l’air de s’enliser et Eylohr continu à chercher un signe, une aide, un signal quelconque. Et le voici. Quatre doigts portés au-dessus de son épaule dans un signe discret mais bien visible pour le colosse qui cherche depuis quelques temps déjà à connaître les intentions de sa comparse.

    Ni une ni deux, Eylohr effectue un volt-face et repart, prend la première à droit puis continue tout droit sur une soixantaine de mètre. Un autre virage à droite, encore une trentaine de mètres, puis un virage a gauche et un long tunnel s’étend devant lui, comme il y en a de nombreux dans la ville d’Aildor, la ville souterraine. Là, il met en scène sa prestation. Le tunnel mesure 2m50 de haut, une aubaine pour le colosse qui peut s’y tenir droit comme un ‘i’, mais seulement 2m de large ce qui est peu. Alors, il se colle sur la droite du tunnel par rapport à l’entrée qu’Aly et les autres bandits devraient prendre. L’ombre suffirait à protéger le géant qui pourrait attaquer par surprise. Il suffirait seulement de trouver lequel d’entre eux était le fameux guide truand, certainement le chef de toute cette bande.

    Et les voilà. Il y a Aly qui avance avec un groupe de plusieurs hommes, dont le plus grand se trouve au milieu du dispositif. Enfin, si on peut appeler cela comme ça. Aly s’arrête devant le tunnel, avant de reprendre la route. La tension monte d’un cran quand les questions commencent à fuser. Aly reprend sa route, dépasse le géant alors que le groupe de bandits tente de la suivre de près. Aly dépasse la position du géant et, alors qu’elle se trouve à peine à quelques centimètres de lui et que le groupe qui la suit tente d’accélérer le pas pour la rattraper, Eylohr sort de sa cachette, son fusil à double canon chargé, braqué sur le groupe.

    Il tire. La détonation provoque des acouphènes dans l’oreille du géant, tant les vibrations sonores réverbérées par les parois du tunnel furent violente pour ses tympans. Il en va certainement de même pour les autres personnes présentes dans ce même tunnel qui doivent ressentir le gène occasionné par cette détonation. Le gros malabar qui suivait Aly de prêt fut transpercé par la première cartouche qui provoqua des dégâts monstrueux. Son abdomen fut complètement haché et les balles de plombs qui ressortirent de son dos terminèrent la dislocation de la colonne vertébrale, l’emportement de certaines côtes, et la projection de sang et de boyaux partout derrière lui. Quelques plombs terminèrent ensuite leur course dans le corps de l’homme derrière lui, le meneur, le fameux guide recherché, qui s’écroula de douleur lorsque deux des plombs détruisirent une partie de son fémur droit. Il était neutralisé, tant mieux.
    Eylohr donne ensuite un violent coup de crosse au visage du premier condamné, qui s’écroula sur le côté, laissant le champ libre pour le deuxième tir. A nouveau, la détonation fut fulgurante et assourdissante. Les deux gardes derrière furent projetés en arrière par la puissance du tir avant de commencer à se vider de leur sang. Puis le silence assourdissant, troublé seulement par les respirations bruyantes d’Eylohr et d’Aly, ainsi que par les cris du blessé qui ne cessait jamais de gigoter. Arpentant la scène de son regard océan, Eylohr s’assurait de l’absence de danger. Il rangea alors son fusil à la cuisse, dans son holster de cuir, et dégaina son revolver 44mm avant d’armer le chien de détente. Le premier, était bel et bien mort. Le second, qui était le fameux guide, gisait au sol dans son sang, se tenant la jambe dans des hurlements énervants. Les deux autres gardes étaient deux mètres plus loin. L’un était mort, le second, tentait de se mouvoir malgré la douleur. Eylohr s’approcha, tendit son bras, pointa son canon vers la tête du condamné et appuya sur la détente. Une énorme détonation, puis un silence assourdissant. Une gerbe de neige, de sang et de cervelle, puis une odeur nauséabonde.


    Les détonations avaient alerté les environs, mais il y avait quelque chose à Aildor, une règle tacite. Tout règlement de compte doit se faire dans un coin tranquille de la ville, les tunnels, les places abandonnées, des endroits où cela ne gênerait personne. Il y avait une autre règle aussi, il fallait nettoyer après. Drôle de règle hein, mais il valait mieux les respecter. Le colosse fouilla donc les trois cadavres à la recherche d’or et d’objets précieux ou à revendre. Il y avait là de quoi payer un nettoyeur et un fossoyeur, et s’assurer un petit revenu de quelques irys. Le crime paye, surtout ici.

    Mais ce n’était pas le plus important. Le plus important, c’était que celui qui avait déclenché tout cela était là, au sol, gisant dans son sang, et à la merci des deux compagnons d’infortune. Eylohr prit en joug le guide qu’ils avaient recherchés jusqu’en Khashin.


    - A toi d’jouer tueuse Dit Eylohr en regardant Aly, tout en gardant le précieux butin en joug. Faut savoir où il s’pose, pour prendr’ son fric et l'dépouiller. Est-ce qu'il a encore des gars sous ses ordres c'bouffon ?

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Une traque pour une promenade EmptyMer 11 Avr - 20:52

Oui, puis le temps qu’il fera demain, là où on achète les meilleures carottes du continent, et le nombre de maladies vénériennes d’Olga la Goulue.

« On peut pas l’amener chez toi ? C’pas si loin et on sera au calme, propose-t-elle. »

Il ne répond pas, mais ses pupilles ne brillent pas avec humour au fond de ses orbites. Ils restent quelques secondes en attente, simplement entrecoupés par les gémissements de douleur du guide. Il halète à leurs pieds, évitant de faire trop de bruit, essayant à travers la douleur de trouver une échappatoire à la situation dans laquelle il se trouve. Les cadavres autour fument et la neige prend une couleur un peu rosâtre qui va bien avec le bleu de la tripaille. Une odeur assez dégueulasse leur monte aux narines et l’envie d’Alyvesha de rester ici reste à peu près nulle, si ce n’était pour la fortune qui lui a été dérobée.

« Bon, j’ai compris, tant pis. »

Nouveau silence. Elle met un coup de pied au blessé, par principe, gratuitement. Si elle n’en était pas là…

« Y’a une piaule un peu plus loin. Ça coûte presque rien à louer et on y sera au calme. C’est isolé dans un coude du tunnel, aussi. »

Il acquiesce doucement, puis ils se regardent à nouveau. Cette fois, c’est lui qui abandonne le premier, se baisse, et ramasse leur victime avec ses énormes pognes. Les autres cadavres restent là où ils sont, une fois soulagés des quelques piécettes qui se trouvaient dans leurs bourses. Ça paiera la barraque et il n’y a pas de petit profit. S’ils ne prennent pas, d’autres le feront. Alyvesha mène la route en regardant précautionneusement autour d’elle, mais le bruit des détonations a encouragé tout le monde à se faire discret. C’est que ça résonne fort dans les tunnels. Par contre, d’ici quelques minutes, les charognards viendront faire leurs courses : une bague sur un doigt à cisailler, des bottes à tirer en ahanant…

***

Effectivement, dans les locaux, cela n’est pas très ragoûtant. Une unique bougie plantée dans une table en bois brut éclaire la pièce unique d’ombres dansantes. La seule chaise est occupée par le guide, dont les mains sont attachées dans le dos. Une paillasse sommaire, probablement infestée de nuisibles, trône misérablement dans un coin. De là où elle se trouve, la jeune femme voit des échardes qui dépassent de la table. Elle en casse une, la tient dans la flamme de la bougie quelques fugaces instants. Puis elle s’approche de leur victime, sous son regard plein de bravade.

Avec une moue de dégoût, elle passe derrière lui et l’enfonce juste derrière l’oreille. Il inspire brusquement et on n’entend que le son de ses dents qui grincent les unes contre les autres. Puis elle lui susurre :
« Je peux faire bien pire, tu le sais, ou tu ne tarderas pas à le savoir. »

En fait, elle n’a vraiment pas l’estomac à ça. Eylohr observe d’un air impénétrable, accoudé à un mur, les bras croisés. C’est p’tet davantage son genre, mais le sien, c’est plutôt couper une bourse et partir, planter un assaillant à la rigueur, magouiller… Mais la torture… Elle conjure sans effort l’image d’Anton, mais c’est d’abord celle de son cadavre qui vient. En forçant un peu, elle se le rappelle en vie, mais un peu flou, brouillé… Si vite ? Elle a un rictus d’auto-dérision.

Finalement, elle se découvrira peut-être davantage d’estomac pour ça, se dit-elle en plantant l’écharde dans la peau sous l’ongle du pouce de l’autre.

Eylohr Lothar
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Une traque pour une promenade EmptyMer 18 Avr - 21:33
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  • La donzelle n’est pas la plus imaginative. Oh oui, ils auraient pus ramener l’autre déchet dans la cave d’Eylohr et lui régler son compte de manière peu conventionnelle, la cave ayant été spécialement aménagée pour ce genre de travail, mais il fallait passer à travers plusieurs quartiers et bien que le crime soit monnaie courante ici-bas, il fallait tout de même rester un minimum discret pour ne pas se mettre à dos les types louches qui contrôlent les quartiers. Non, décidemment, il fallait une autre idée. Et elle en avait une apparemment. Il faut dire qu’un colosse impassible, aux pupilles dilatées, tout son être transpirant d’une fureur qui venait déjà de faire des ravages devait certainement aider à la prise de décision.

    La décision était prise. Avec force, il empoigna le guide qui avait tenté de se débattre en agitant son bras dans une moue peu précise. En réponse, Eylohr donna un coup de poing dans l’estomac du guide qui toussa presque immédiatement et qui resta calme, trop occupé à se remettre. Et la course reprend, jusqu’à ce que le colosse, la donzelle et le sac à patate arrive à un endroit des plus utile.


    ~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~


    Les locaux n’étaient pas très inspirants et l’ambiance n’était pas faite pour être rassurante, pas du tout. Pourtant les voilà, et Eylohr était là, appuyé contre le mur, les bras croisés, tandis que la donzelle se prenait pour une apprentie inquisitrice. La torture n’est pas son fort on dirait et sa petite écharde n’a pas l’air réellement impressionnante. La douleur qu’éprouve le supplicié doit certainement être son fémur détruit plus que la petite piqure derrière l’oreille ou celle au-dessus du doigt. La donzelle semblait même avoir l’estomac au bord des lèvres à l’idée de devoir faire preuve d’une violence quelconque. Si la situation ne revêtait pas un minimum d’importance, Eylohr rirait plus que de raison.


    - J’m’en occupe.


    Il avait prononcé ces mots avec une telle gravité, une telle voix grave et raisonnante qu’elle ne nécessitait aucune introduction supplémentaire. Tout comme Eylohr avait démontré une once de folie durant le massacre tout à l’heure, et de nouveau, en disant qu’il prenait les choses en main, l’ambiance qui planait dans cette bicoque allait sans nul doute devenir insoutenable. Mais cette histoire avait déjà durée trop longtemps et il fallait passer à autre chose.

    Eylohr quitta sa position et se redressa, décroisa les bras et s’avança jusqu’à hauteur du guide, supplicié du moment, à la merci de la fureur du géant. Dégageant Alyvesha d’un geste du bras, il se planta face au guide encore en train d’expier sa douleur et s’apprêta à jouer sa seconde partition de la soirée. Agrippant le guide par la mâchoire, il porta loin derrière lui son poing ravageur et l’assena sur le côté du visage du guide qui manqua de basculer avec la chaise. De son autre bras, le colosse s’assura que le supplicié resterait en place. Faisant contrepoids, il frappa à nouveau une seconde fois, puis une troisième fois. A chaque fois, le bruit du poing frappant la joue offerte en sacrifice était semblable à un écho terrifiant. L’onde de choc se propageait du point d’impact jusqu’à l’autre bout du visage, déformant le nez, affaiblissant la mâchoire, déchaussant les dents. Comme à chaque fois, les premiers instants étaient les précurseurs des suivants et Eylohr était prêt à continuer son travail au grand damne de son souffre-douleur.


    - Où t’cache ton fric ? Où s’trouve ton plan d’base ? Dis-nous tout et t’verras, c’pass’ra bien.


    Il ponctua sa phrase d’une nouvelle série de coups de poings qui raisonnèrent comme autant de symboles débectants de violence et de cruauté. Pour appuyer ses propos, Eylohr prit sa lame au creux de sa main, passa la pointe tranchante le long de la gorge du supplicié jusqu’à son front, prélude de futurs douleurs à venir.

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Une traque pour une promenade EmptyLun 30 Avr - 11:05

La brutalité, elle en a davantage l’habitude que la torture bien plus pernicieuse, et il y a, au-delà de la violence, ou peut-être par la violence justement, un genre de beauté sauvage aux coups puissants qu’Eylohr assène à leur pauvre victime. Une rythmique, aussi, comme une chanson, chantée par les gémissements du guide, le grincement de la chaise, le souffle du forgeron et, en guise de percussions, le bruit sourd des points qui s’abattent sur lui.

Il faut quelques secondes à Alyvesha pour sortir de sa torpeur.

« Attends, attends ! »

Et quelques secondes de plus pour qu’il s’arrête, les narines dilatées et les yeux un peu fous.

« Si tu lui pètes la mâchoire, il pourra plus causer. »

Il acquiesce sans dire un mot, pas très bavard. Ça lui va bien, à Alyvesa. Il flanque une petite baffe au souffre-douleur pour le réveiller, et lui soulève la tête en tirant sur les cheveux.

« Tu veux parler, ou pas ? Demande la jeune femme. On a du temps libre, tu sais. »

Mais il n’a pas encore perdu toutes vélléités de résistance, et crache un glaviot sanglant sur le gros barbu. Lothar le prend mal, évidemment, et elle doit tenir la chaise pour l’empêcher de basculer quand ses poings gros comme des jambons s’écrasent à répétition dans le ventre et les côtes de leur carte au trésor. Il arrête les gémissements pour crier, pour gueuler, et sur un mouvement de tête un peu plus brutal, une de ses dents tombe au sol, entre ses genoux. Eylohr s’arrête quelques instants.

« On peut prendre les autres dents, aussi.
- Ouais, on peut, approuve Aly. Et les doigts, et les pieds… »

Il rigole, le malheureux, d’un rire hystérique teinté de désespoir.

« C’est bon, c’est bon, j’ai pigé, je sortirai pas de là vivant. Je vous dis et… Et vous finissez ça proprement, okay ? »

Imperturbable, le géant. Mais Alyvesha hoche la tête, ne veut pas spécialement trainer ici.

« Bon. Haha… Merde, n’empêche.
- On veut là où tu planques et le nombre de gars qui restent, pas que tu nous fasses ton oraison funèbre.
- Ouais, ouais. Pfeuh, fait-il en crachant une autre dent. C’est une piaule à côté du Rat Glacé, vous connaissez ? »

Aucun des deux ne connaît.

« Un bouge pas trop loin de la surface, du côté du port. Doit rester deux ou trois copains, sauf s’ils savent que je me suis fait dézinguer et se sont barrés avec l’oseille. Ça serait pas de bol pour vous, hein ? »

Son sourire aux dents tachées de sang est pas super réjouissant à voir.

« Et comment on sait que tu mens pas ? »

Le sourire s’élargit, et montre bien trois dents cassées, et deux manquantes.

« Vous pouvez pas savoir, c’est ça qu’est bon, nan ?
- On le laisse ici et on revient lui faire la peau s’il a menti ? Propose Alyvesha à Eylohr. »

Il réfléchit. A le voir, il voudrait probablement buter le type directement, mais ça serait dommage qu’il nous indique une mauvaise direction, ou un traquenard. Parce qu’elle n’élimine pas cette possibilité, que ce soit la planque d’un gros gang du port, et pas juste la piaule où le pognon est planqué.

« Et l’argent est où ?
- J’ai cru que vous demanderiez même pas.
- On s’passera de tes commentaires.
- Sous la paillasse, faut soulever une latte. »

Mouais, étrangement coopératif.

Eylohr Lothar
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Une traque pour une promenade EmptyJeu 3 Mai - 17:10
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  • Bon, d’accord. C’est vrai que détruire ce salop à grands renforts de coups n’est pas une bonne idée pour ce qui est d’obtenir des informations, mais il fallait avouer que c’était étonnamment satisfaisant. Eylohr avait déjà connu cette sensation mais n’y était pas franchement familier. Il n’avait que 25 ans, et il n’avait pas l’expérience de certaines brutes en matière de… Brutalité justement. Bien que sa vie n’ait jamais été un long fleuve tranquille et qu’elle fut jalonnée depuis toujours par des épisodes difficiles, des violences et des évènements aussi sombres que la nuit d’hiver en Khashin, il n’était pas pour autant totalement habitué. Il pouvait faire du mal, ça faisait parti de sa vie et de son passé, mais il y avait toujours cette petite voix dans sa tête, comme une conscience à peine avouée, qui s’efforçait à lui faire prendre le droit chemin à la moindre occasion. Aider une demoiselle en détresse, sauver un gosse d’un groupe de brigand, bref, tout ce qui pouvait lui faire penser qu’il était humain. La perte de celle qu’il avait aimé pour la première fois de sa vie étreignait encore son cœur et se rappelait à lui comme un coup d’épée jamais soigné. Il sentait en son fort intérieur que tout était chamboulé et que son identité même se perdait au fur et à mesure des épisodes violents. Mais quelque part, il espérait toujours que quelque chose, quelqu’un, le sorte de sa torpeur et lui fasse reprendre goût à la vie. Mais pour le moment, cette notion n’était qu’une idée, une envie fugace qui disparaît aussi vite qu’elle s’était formée. Il y avait un travail à faire.

    Etrangement coopératif, en effet. Et Eylohr n’était pas satisfait. Si une partie de lui voulait en finir et retourner en paix, une autre ne voulait pas tomber dans un traquenard qui se solderait pas sa mort. Celle de la donzelle, il n’en avait rien à faire, d’une certaine façon. Il avait fait ce qu’on attendait de lui une première fois, la seconde n’était qu’une bonne action, en quelque sorte. Alors, pour couper court aux discussions, Eylohr sortit de son fourreau de cuir son énorme couteau à dépecer. Une lame d’acier de 40cm de long, aiguisée comme un rasoir. Il découpa son manteau de tissus et passa la lame contre l’abdomen.


    - Est-ce qu’ta tout dis, t’es sûr ?

    - Ehehe, allez-voir ! J’vous laisse la surprise.

    - La surprise hein ?


    Le géant à la patience déjà fortement effilée planta alors la lame dans l’abdomen sur seulement 2 ou 3 cm de profondeur, puis il plaça un doigt dans la plaie, souleva la peau, et commença à découper l’enveloppe charnelle de bas en haut. Il écorchait le supplicié qui commençait à hurler. En un instant, il fourra dans sa bouche un torchon roulé en boule pour étouffer les bruits avant de recommencer son office. Il découpa plusieurs bandes de peau, la plus grande partant de dessous le nombril jusqu’au niveau de la gorge, laissant alors couler le sang et offrant au guide un peu trop souriant des souffrances à n’en plus finir. Alors, prenant la tête de sa victime entre ses deux mains, Eylohr lui dit, de son regard horrifiant :


    - Ta intérêt à fair’ plus qu’ça, y m’reste plein d’idées !


    Le guide semblait effrayé, et à juste titre. Il acquiesça encore et encore, signe d’une reddition complète et, alors qu’Eylohr venait à peine de lui enlever son bâillon, il commençait déjà à débiter un flot de paroles continu.


    - Ok ! Ok ! Ok ! Son souffle est haletant et traduit toute la souffrance sous-jacente. Argh, p’tin, c’bordel ! Ok, y aura… Certainement 3 ou 4 autres gars et une donzelle, ma femme. Sa respiration est encore plus rapide et difficile. Y s’ront tous là, mais faites pas de mal à ma femme, dites lui qu’c’est bon pour l’coffre, elle comprendra. L’endroit est marqué par… Par une porte en fer peinte en rouge, y a une croix blanche d’ssus, un signe de ralliement. J’vous dis la vérité, j’vous dis la vérité !


    Cette vérité semblait déjà bien plus probable aux yeux du colosse qui était satisfait. Il remit le bâillon en place et sans attendre, reprit son couteau et donna un violent coup de poing, renforcé par la garde du couteau qu’il tenait à pleine main. Le coup assomma directement le guide.


    - C’là-bas qu’on va Dit Eylohr à sa compagne d’infortune. S’il dit vrai, il mourra d’faim et d’froid. S’il dit faux, on r’viendra s’occuper d’lui. Aller.

    Visiblement, elle n’avait pas le choix. Il avait son plan, elle devait suivre. Le colosse nettoya sa lame, vérifia ses munitions, et prit le chemin du la planque, fort de cette nouvelle description. Aly pouvait suivre, ou pas. Mais si elle ne le faisait pas, alors elle n’aurait pas l’or. Aussi simple que ça.

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Une traque pour une promenade EmptyLun 14 Mai - 22:32
Elle suit, comme à chaque fois depuis qu’elle a donné l’impulsion. Parfois, elle a l’impression d’avoir donné un coup de pied dans un caillou en haut d’une montagne. Un rocher, plutôt, se corrige-t-elle. Et il dévale la pente en écrasant tout ce qui se trouve sur son chemin. Et à moins d’un très mauvais calcul, elle ne devrait pas y être, justement, sur son chemin. Paraît que des marins étrangers appellent ça chevaucher le tigre. Une expression rigolote, elle ne voudrait pas essayer.

Et pourtant, elle est là, à se presser derrière le géant. Le guide, lui, va connaître un sort peu enviable, mais elle doit dire que ça l’indiffère assez, une fois qu’elle a ravalée la bile qui lui était montée dans la gorge quand Eylohr a commencé à écorcher le mec vivant. Au moins, il a l’estomac pour ça. Elle, avec ses petits trafics, ses petites magouilles et ses petites embrouilles, finalement, est assez loin des vrais psychopathes.

Mais elle aurait tort de cracher dans la soupe, alors qu’elle compte bien avoir sa part.

Le trajet leur fait tout de même traverser la moitié de la ville, ce qu’ils font sans un mot, même pas en marchant ensemble. Ils se contentent d’emprunter les grandes avenues les plus occupées, elle dans son sillage, ce qui fait qu’elle circule sans le moindre problème. Les gens sont écartés de son chemin, et n’ont pas le temps de venir se coller à elle. D’autres font comme Aly, sans les connaître au demeurant. Ses doigts passent le long de sa maigre bourse, quasiment vide, puis le long du manche de son couteau. Si l’un d’eux se sent de jouer les malins…

Puis ils arrivent enfin à la piaule du guide. Elle a déjà quasiment oublié son nom. Et la porte rouge est bien présente. La jeune femme marque un temps d’hésitation, mais pas Eylohr, qui la fait sortir de ses gonds d’un coup d’épaule décidé. Puis c’est un coup de fusil, suivi d’un coup de revolver. Il replace ses deux armes dans son dos et à sa ceinture, prend sa hache. Alyvesha se glisse enfin à l’intérieur, et tout est déjà fini. C’est la même scène que dans le tunnel un peu plus tôt.

Sang fumant, entrailles, légers gémissements. Et odeur de fer, de poudre, de merde.

Dans un coin, blottie contre le mur, il y a une femme, probablement celle du guide. Elle a un air de poule de luxe, mais le genre teigneuse. Peut-être une fille trop jolie née trop bas. De la suite dans les idées, a priori, en tout cas jusque-là. Aly l’attrape par les cheveux, et la soulève dans un grognement.

« Ton mac nous a dit que c’était bon pour le coffre. Que tu saurais quoi faire. Tu sais ? »

Elle hoche frénétiquement la tête, lui attrape doucement le poignet avec un regard suppliant. Aly regarde Eylohr, relâche la femme. Elle trébuche plus qu’elle ne marche jusqu’à un fauteuil, qu’elle écarte fébrilement. Ses yeux sont écarquillés, les narines dilatées, elle est paniquée. Puis c’est une latte du parquet qu’elle soulève, probablement celle du mensonge du guide. Dessous, il y a une grosse cassette qui semble lourde à la façon dont elle la soulève. Puis elle la repose dans un clinquement de pièces.

Alyvesha se lèche nerveusement les lèvres. Elle a rarement entendu autant d’argent.

Elle est juste derrière la poule quand cette dernière soulève le couvercle et dévoile l’or qui s’y trouve. Pas de doute, ça valait le coup de venir, dans tous les cas. Il ne lui faut pas beaucoup d’hésitation avant que son poignard se plante dans l’aisselle de l’inconnue, puis sa gorge pour faire bonne mesure. Et elle a toujours son regard effrayé quand elle tombe en arrière dans un choc sourd, un filet de sang au coin des lèvres.

La criminelle regarde le forgeron avec un sourcil haussé, l’air de demander s’il y a un problème.

Mais il ne peut pas y avoir de réponse, parce que ça gueule salement dehors, et ça rallie les petits camarades. Leur arrivée impromptue et les coups de feu qui ont suivi ne sont visiblement pas passés inaperçus, et il devait avoir d’autres potes, ce putain de guide…


Dernière édition par Alyvesha le Dim 12 Aoû - 11:51, édité 1 fois

Eylohr Lothar
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Une traque pour une promenade EmptyJeu 24 Mai - 18:19
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  • Une affaire rondement menée que cette expédition en Khashin qui se termine dans les profondeurs sombres et inhospitalière d’Aildor. Une expédition aventureuse et dangereuse, une traque longue et ennuyeuse, un guide capturé et torturé, des hommes de mains massacrés et une famille assassinée. Oui, dit comme cela, cette expédition ressemble plus à une marche punitive et insolente. Des morts, peut être des morts inutiles, mais ils étaient là au mauvais endroit, au mauvais moment.

    Eylohr fronça les sourcils lorsque la donzelle planta sa lame dans l’aisselle puis la gorge de la femme du guide préalablement torturé. Nous parlions de mort inutile, en voilà une. Elle semblait paniquée et bien loin de tous les us et coutumes du monde sombre et criminel que son défunt mari avait épousé en plus d’elle. Il aurait suffi de l’assommée et de partir avec le butin. La pauvre se serait réveillée hébétée et aurait très vite compris les tenants et aboutissants de cette vilaine histoire. Peut-être même se serait-elle enfuie et aurait ainsi décidée de mener une vie simple et honnête ? Non, décidément, même dans l’esprit taciturne et violent du géant, cette mort était inutile. Aussi fronçait-il toujours les sourcils lorsque le brouhaha dehors parvint à ses oreilles encore souffrantes des acouphènes liés aux détonations précédentes.

    Il tourna la tête en direction de ce qui fut autrefois une porte. Elle ne tenait plus que par un gond, celui du bas, et grinçait à mesure que le vent la poussait et repoussait, manquant de tomber une bonne fois pour toute. Dans un long soupir grave empli d’un profond agacement, il dégaina à nouveau son revolver et remit la balle manquante, dont le cliquetis métallique n’augurait rien de bon. Et fit la même chose avec le fusil et replaça à sa ceinture. Il était prêt, et dehors, le chahut devenait plus clair. Il s’agissait à la fois de voisins inquiets et d’hommes de mains qui ne comprenaient rien à ce qu’il se passait chez leur boss. Eylohr n’avait pas envie de semer la mort ici, il savait que si tout cela remontait aux oreilles des gros bonnets qui avaient pris possession de ce quartier, il faudrait les dédommager pour tout ce raffut, soit par le sang, soit par l’or. De quoi perdre tout le butin recueilli et bien plus encore. Non, décidément, il n’avait pas fait tout cela pour tout perdre si prêt du but. Et puis il n’est pas un tueur. Oh oui, il est aigri, il est violent, il tue, il torture, mais tout cela dans le but de sa propre survie et de ses affaires. Il ne tue pas par plaisir, même si certaines morts étaient plus qu’agréables pour lui. Celle du guide en faisait partie. Par cette mort, les affaires d’Eylohr ne pourraient que mieux se porter.

    Mais le moment n’était pas à la réflexion, il fallait agir. Alors, fermement décidé à sortir en vie et avec le butin, Eylohr passa le seuil de la porte, pointa son revolver sur le premier bandit venu – enfin il espérait que ce soit un bandit et non un simple voisin – et arma le chien. Il n’y avait plus que deux choix : La mort ou l’abandon.


    - Vot’ patron est crevé les gars Dit Eylohr de sa plus grosse voix. C’fini, c’sert plus à rien d’le protéger. Alors prenez vos clics et vos clacs et dégagez ! Vous s’rez envie pour trousser vos femmes c’soir !


    Il espérait sincèrement que cette phrase menaçante, sa voix et sa posture allaient faire pencher la balance en son camp. Mais par acquis de conscience, il plaçait sa main gauche sur le fusil, prêt à dégainer et à faire pleuvoir une pluie mortelle de billes d’acier. Elle toucherait les bandits, certes, mais aussi les innocents. Quelle situation délicate.

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Une traque pour une promenade EmptyDim 12 Aoû - 15:30

Les autres hommes derrière gueulent encore. Par contre, celui qui est devant, avec un côté teigneux et un physique de bagarreur, lui, il est vachement moins serein. Avoir le canon d’un pistolet pointé sur soi fait souvent cet effet-là, se dit Alyvesha, et elle sait de quoi elle parle. Les autres s’éloignent quand même un petit peu. Impossible de savoir avec quoi l’arme est chargée, et puis une éruption de cervelle et de morceaux de crâne, ça fait cher pour la note de blanchisserie ensuite. Mais ça ne les empêche pas de se plaindre, de se manifester. Et, évidemment, d’exiger une part du gâteau.

« Le gars, là, commence le mec de devant en déglutissant, il nous devait tous de la thune. On vient juste prendre ce qui nous revient de droit, ça m’semble normal. Pas vrai, les gars ? »

Ça grogne son assentiment.

« Donc laissez le fric et on vous laisse partir et on est quitte. Ça semble équitable, non ? »

Du chambranle de la porte, là où Aly est un peu cachée, elle voit la mâchoire d’Eylohr se contracter sous sa barbe.

« V’bougez ou l’premier qui clamse, c’toi, le causeur. »

Il a un mouvement de recul qu’il jugule rapidement quand le géant ajuste sa visée pile entre ses deux yeux, qui louchent d’ailleurs légèrement.

« Et après ? Gueule quelqu’un dans la petite foule. Nous, on sera encore là et vous serez pas bien. »

Cette fois, c’est l’arme d’Aly qui l’ajuste et le pointe. L’arme est nettoyée et polie suffisamment pour renvoyer des éclats de lumière qui ne sont que menaçants. De l’autre main, elle pointe aussi le gros fusil du forgeron, qu’il a toujours à son côté.

« On va p’tet y passer, mais un paquet d’entre vous aussi. Sur une décharge de mitraille, qui veut jouer à en prendre dans les yeux, la tronche, le bide ? Moche, les blessures au bide. Il a beau cailler sa race, ça s’infecte, et après, il faut des jours pour clamser, avec la fièvre, les hallucinations, et le pus. Vraiment crade. »

Elle le sait, elle l’a vu. Elle se rappelle du regard hanté, les pupilles dilatées, les paroles incohérentes et l’odeur de pourriture qui se dégage malgré les bandages. Puis les cris, les grognements, les gémissements qui l’empêchaient de dormir, sur sa propre paillasse à moins de deux mètres, pour garder un peu de chaleur. Elle réprime un frisson, se passe la main sur le côté du crâne et est ramenée à la réalité par le picotement des cheveux naissants contre sa paume.

Visiblement, les nouveaux-venus l’ont déjà vu aussi, à voir certains regards hantés. C’est maintenant tout le premier rang qui a une posture bien moins agressive qu’auparavant, et cherche doucement à reculer. Mais les foules, mêmes aussi petites que celles-là, sont ce qu’elles sont, et les rangs de derrière ont vachement moins peur des balles, qui seront amorties par leurs prédécesseurs. Aly voit des coups de coude, des coups d’épaule, qui se chahutent doucement. Elle sent que les gens commencent à hésiter : personne veut prendre une balle pour les copains, et c’est encore leur meilleur créneau à jouer.

« On est salement coincé, pas vrai, les gars ? Et les nanas, j’vous vois, dans le fond, avec le tromblon, là. Vous voulez pas qu’on parte avec le peu de thune qu’on a trouvé, et nous, on n’a pas fait ça pour tout lâcher. Si vous voulez nous buter, on pourra probablement pas vous empêcher, par contre y’a un sacré paquet d’entre nous qui viendra nous servir d’escorte pour l’enfer. »

Elle crache par terre, dehors, au pied du premier venu.

« Mais en enfer, au moins, il fait chaud, alors que là on se les gèle, v’voyez ? Rentrez chez vous, on fait pareil, et tout le monde oublie cette sale histoire. Et nous faites pas croire que vous étiez potes avec lui, alors que vous êtes juste là pour gratter des pépettes. Prenez les meubles, les bijoux, ce que vous trouvez, et soyez heureux. Trousser vos femmes, vider vos hommes, comme dirait l’autre. »

Alyvesha ne sait pas si son discours va convaincre grand-monde, mais la confrontation directe semble être une très mauvaise idée.

Eylohr Lothar
Eylohr Lothar
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Une traque pour une promenade EmptyJeu 16 Aoû - 0:10
Irys : 401379
Profession : Terroriste en fuite - Hermite
Pérégrins -2
Eylohr avisait la petite troupe rassemblée devant la bâtisse du guide prise d’assaut quelques minutes avant. Les détonations et le remu ménage avaient finis d’ameuter les charognards qui attendent toujours leur heure, grapillant les quelques miettes qui peuvent tomber de la table. Et bien que la table soit bien mince, et les miettes bien peu nombreuses, les vautours étaient présents, et en nombre. Dans sa tête se profilaient déjà plusieurs fins possibles à cette entrevue peu prometteuse. Les grognards du fond jouaient des coudes, ceux de devant jouaient des talons afin de s’éloigner du danger menaçant.

- V’bougez ou l’premier qui clamse, c’toi, le causeur Dit-il d’une voix grave à la résonnance inquiétante.

Lui-même avouerait volontiers que cette phrase n’était pas la meilleure ni la plus impressionnante. Encore heureux que, à cet instant, sa carrure colossale soit un avantage conséquent. Il était toujours en train de réfléchir aux issus possibles, à la manière d’aborder les choses tandis qu’il alignait le canon de son revolver droit dans la direction du malheureux qui était le plus proche, dommage pour lui.

Mais voilà qu’un évènement imprévu arriva. Alyvesha, qui était jusque là planquée derrière un des murs et épiait les conversations et les ahuris qui trépignaient d’impatience, décida de pointer le bout de son nez, armée de son revolver braqué vers la meute de loup, une étincelle d’impatience dans le regard. Eylohr l’avisa l’espace d’un instant avant de reporter son regard sur la meute devant lui. Décidemment, il ne s’attendait pas à cela. Elle qui d’habitude était plutôt discrète bien que redoutable, devenait presque terrifiante. Terrifiante pour ceux qui se trouvent en face, car tandis qu’elle prend en joug un des vautours un peu trop impatients, elle prit le fusil à double canons sciés à la cuisse du colosse et le pointa en direction de la foule. Deux cartouches faites de centaines de billes de plombs mortelles dans un rayon de 30 mètres. Autant dire que les deux premiers rangs seraient déchiquetés en une salve. Elle les invective ensuite, à plusieurs reprises, tenant un discours à la poigne de fer et à la détermination sans faille. Hors de question de faire marche arrière, hors de question de lâcher le terrain conquit, hors de question de reculer après tous ces sacrifices. Le duo improbable était passé par milles et uns dangers, avait affronté l’hiver Khashin aux températures si basses que l’air en devient presque irrespirable, avait traqué un homme jusqu’au fin fond de ce continent glacial avant de poursuivre celui qui était la source de nombreux maux dans la vie d’Alyvesha, il était hors de question d’abandonner maintenant que l’or était en leur possession.

Visiblement, sa présence, ses discours et son attitude avaient suffit à calmer les esprits et à désamorcer la situation, bien que certains récalcitrants continuassent à vouloir avoir le dernier mot et leurs parts du gâteau. A ceux-là, il fallait encore montrer qu’ici, ils n’étaient ni en position de négocier ni en position de force, et parfois, rien de mieux qu’un exemple.

Alors, Eylohr se résigna. Non pas que tuer le dégouter, mais il n’était pas, du moins pas encore, de ceux qui tuent par plaisir ou par sadisme. Oh, le sadisme il connaissait, surtout lorsque ses compétences d’interrogateur musclé étaient demandées, mais encore une fois, il s’agissait plus là d’un travail ou alors d’une pulsion incontrôlable. Prenait-il du plaisir tout de même ? Certainement, même s’il ne se l’avouait pas réellement. A cet instant, il fallait faire un exemple, montrer que malgré le nombre, c’était l’improbable duo qui menait la danse. Alors il décala sa mire de quelques centimètres au-dessus de sa première cible et légèrement sur la droite. C’était une femme, la fameuse nana avec le tromblon aux côtés d’un homme à la carrure musclée et au regard noir. Etaient-ils ensembles ? Rien n’est moins sûr. Mais la donzelle semblait plus prompte à la bataille que l’homme qui se trouvait à ses côtés. Elle, trépignait d’impatience, lui, rôdait tel un fauve en cage sans pour autant risquer de mordre. Alors Eylohr avisa la donzelle, son regard bientôt suivi par la mire de son revolver au calibre dévastateur. Doucement, il appuya sur la détente, le chien percuta le système de mise à feu, la poudre dans la douille explosa dans une détonation assourdissante et la balle se logea directement dans l’œil droit de la demoiselle qui s’écroula au sol comme un vulgaire pantin désarticulé. La foule s’exclama. Les plus peureux prirent la fuite. Ceux qui étaient animés par l’esprit de groupe s’évanouirent ou s’écartèrent avant de s’éloigner à leurs tours. Les plus courageux – ou les plus surpris par ce revirement de situation, allez savoir – restèrent stoïque et s’écartèrent quelque peu de feu la demoiselle au tromblon. L’homme à ses côtés, lui, reprit rapidement ses esprits, suffisamment pour se mouvoir et hurler toute sa colère.

- T’es fou ?! Tu veux mourir corniaud ?! Hurla-t-il en pointant du doigt le colosse.

- J’suis prêt à mourir Rétorqua Eylohr d’une voix lugubre et sombre, tout comme sa réplique, tandis qu’il reporta sa visée sur l’homme enragé. Et toi ?

Il n’eut pour réponse que le silence pesant et terrifiant. Celui-ci ravala sa fierté et sa rancœur, arrêtant même ses gestes de nervosité. Visiblement, tous étaient sur la même longueur d’onde. Les plus faibles et corruptibles étaient partis et avaient fuis, les indécis regardaient le spectacle d’un œil à la fois terrifié et interdit, et ceux qui furent animés par la rage et l’envie d’en découdre ne souhaitaient dorénavant rien d’autre que de prendre la fuite à leurs tours, tant pis pour les misérables irys dorés.

- On va s’casser et r’prendre not’ route Reprit Eylohr de sa voix rauque, avisant de son regard océan aux reflets sanglants chacun de ceux qui se trouvaient encore face à lui. Prenez les meubles, les bijoux et c’que vous voulez, y’a d’quoi s’servir z’inquiétez pas ! Mais l’premier qui moufte, j’étale sa cervelle sur les murs direct ! Dégagez.

Doucement, silencieusement, la meute devenue maintenant aussi dangereuse qu’un groupe de chaton en détresse se déporta sur les côtés, laissant place nette au colosse et à son équipière improbable. Pour indiquer qu’il était temps d’avancer sans demander leurs restes, Eylohr avisa Alyvesha et indiqua la direction à suivre d’un geste de la tête avant d’ouvrir la voie.

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Une traque pour une promenade EmptyMar 25 Sep - 18:38

Intérieurement, Alyvesha est tendue, comme la corde d’un arc ou un ressort comprimé. Extérieurement, elle donne une impression de confiance crasse, alors que son regard va et vient sur chacun des hommes et femmes restés présents pour piller la barraque du guide. La situation, malgré ce qu’a fait Eylohr, reste explosive, et ils pourraient aussi bien tous se jeter sur eux que les laisser partir avec un air méfiant. Bon, reste que pour la jeune femme, ils ont raison de tabler sur la lâcheté et la peur de mourir de l’humain. L’odeur de peur a été remplacée par celle de la sueur, aigre, et de la tripe, étouffante. La neige transformée en bouillasse sombre couine un peu sous leurs pas et Aly est attentive à ne pas glisser, à ne pas témoigner du moindre signe de faiblesse. La main fermement serrée sur son arme à feu, elle va doucement à la suite du forgeron.

Au bout de quelques respirations, et ce qui semble être des centaines de battements de cœur, ils sortent enfin du chemin formé par le reste de foule, qui les regarde finir de s’éloigner. Quand ils passent le coin de rue le plus proche, ils entendent enfin comme un bruit de cavalcade, des grognements, des imprécations. Aly jette brusquement un coup d’œil de l’autre côté du mur pour voir qu’ils se précipitent tous à l’intérieur, et non à leur poursuite. Elle se passe la main le long de la nuque, sent la pellicule humide et glacée.

Elle adresse un signe de tête au forgeron pour signaler que tout va bien, et ils rengainent leurs armes respectives. Ils se sont sortis de ce piège à rats. L’adrénaline commence à chuter pour Alyvesha, et elle cache le tremblement de ses mains en les enfouissant dans ses poches. Reste la répartition du butin… Elle ne pense pas qu’Eylohr va l’exécuter dans un coin pour tout garder, et elle ne se sent assurément pas capable de le lui faire. Pour l’avoir vu, pour toujours sentir sa présence juste devant elle… Même en lui tirant un coup de mousquet dans la nuque, elle serait capable de finir la première avec le crâne écrasé au sol.

Et puis, elle se sent lasse, maintenant, vide, vidée.

La trahison d’Anton, sa traque, sa vengeance, sa mort… Puis le venger lui, et récupérer leur butin. Hé, la vie à Aildor n’est pas de tout repos. Elle sait qu’il va lui falloir quelques jours pour finir de laisser tout ça derrière elle, de s’immerger dans les besoins du quotidien, le reste de la vie et de la survie du gang. Elle espère que Jack s’en est bien sorti, espère qu’il n’y aura pas de soucis. Elle repense aux derniers mots d’Anton sur ce que Jack veut, aussi… Mais ce sont des problèmes pour un autre jour. Ou peut-être pour jamais, avec un peu de chance. Elle ne veut pas se poser de questions pour le moment, juste récupérer sa part, et aller dormir pendant au moins trois jours. Fêter ça, enterrer Charlie et faire ses deuils.

Perdue dans ses pensées, elle n’en sort que quand ils arrivent à la piaule d’Eylohr. C’était un bon repas, avant de reprendre la traque, mais elle ne compte pas s’y éterniser. Elle veut revoir sa famille, maintenant, et juste se détendre loin de la présence intimidante de son allié des dernières semaines. Les deux sont taciturnes, mais elle savait déjà qu’il était assez peu bavard. Elle n’a même pas envie de négocier sur la répartition de l’or. Résultat, celle-ci se fait naturellement, une division en deux, elle prend sa part et s’en va. L’avenir leur réserve peut-être de se revoir, peut-être le même camp avec un peu de chance. Tout juste juste si elle lâche un merci en reprenant sa route.

Elle marche comme dans un rêve ou un brouillard épais jusqu’à leur planque, celle de son gang. A cause de l’heure, c’est assez vide, et elle note avec un soulagement un peu coupable que Jack est absent. Elle hoche la tête en direction des rares membres présents.

« C’est fait. »

A son ton, à son air, à son expression, ils se contentent de répondre d’un grognement ou d’un haussement d’épaules avec un regard dur ou triste, c’est selon. Trop épuisée émotionnellement pour en avoir quelque chose à foutre, elle se dirige droit vers sa paillasse. Demain… Ou dans dans deux jours, ça mieux.

La vie continue, pour ceux qui restent.

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