| | Eylohr Lothar
| Lun 12 Mar - 20:58 | | Irys : 401379 Profession : Terroriste en fuite - Hermite
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| | | Invité
| Lun 12 Mar - 22:17 | | | De retour à Aildor. Il fait vraiment bon, dans cette ville. On s’y sens chez soi. Et pour cause ; on y est. Sakari aurait même tendance à dire que peu importe qu’on l’ait fréquenté longtemps ou non, cette ville, dont la population changeait régulièrement – et parfois aussi l’urbanisme, au gré des démolitions, incendies, règlements de compte et reconstructions –, pouvait être un chez-soi pour quiconque. Même dès la première heure. On pouvait y disparaître, y devenir qui on voulait, y rencontrer qui on voulait. C’était la ville du danger, du crime et du vice pour les gens de ville. Celle de la technologie barbare, de l’hérésie, du mélange et de l’apostasie pour les gens de magie. Le pays de l’étrange, du repoussant et de l’attirant en même temps pour les Nunaqortoqut. Mais plus que tout, c’était la ville de la liberté. Sakari était ici pour affaires. Pour être exact, disons que son patron lui avait laissé plus de temps que ce dont elle avait eu besoin pour accomplir sa dernière mission, qui se déroulait à Marnaka, et il faut bien qu’on s’occupe. Un petit contrat tranquille, histoire de gagner quelques irys, ce serait l’idéal.
Il faut aussi ajouter que lors de sa dernière mission, elle avait revu les gens de son peuple, et ça avait causé un grand chamboulement dans sa façon de voir le monde. Sakari n’était pas revenu auprès de sa famille depuis des années. Alors qu’avant, ses seules obligations auraient été la survie de soi et des siens, maintenant qu’elle avait atteint le nouveau monde d’au-delà la plaine de Marnaka, elle s’était créée tout un tas de liens, plus variés les uns que les autres. Des besoins, des contrats, des achats, des envies, aussi. Pour autant, elle ne parvenait pas à regretter sa jeunesse, voire à seulement la désirer. Certes, vivre avec les siens a une valeur en soi, mais elle ne lui semblait plus surpasser celle de pouvoir arpenter les déserts et les forêts et les océans et les villes de monde. Un seul de ses mois était plus rempli qu’une vie de Nunaqortoqut. Il n’en contenait pas pour autant plus de sens, au contraire. Quand la vie était simple et liée aux éléments et à la seule nature, les objectifs d’une vie étaient clairs : protéger les siens, avoir une famille, se tisser un manteau en os d’oreille de Khashans vaincus en combat singulier. Mais désormais, elle n’avait plus vraiment de personnes à protéger, à part épisodiquement, elle ne se sentait pas de fonder une famille avec des gens d’un sang étranger, et il était inconvenant de se promener avec une tenue faite en ossements humains.
Heureusement que le combat et le danger avaient tôt fait de supprimer ces pensées, et de rediriger l’esprit vers des tâches pratiques, pour lesquelles Sakari était bien plus intellectuellement armée.
Les tavernes sont toujours un bon endroit pour trouver du travail. Et celle-ci, « La choppe avinée », ce qui n’avait aucun sens car le vin ne se versait pas dans une choppe, semblait regorger de contractants. En effet, une fois à l’intérieur, il ne fallut pas longtemps à Sakari pour repérer un homme du cru qui faisait tonner sa belle voix en cherche de compagnons. Lui, c’était un Aildorain, pas pure souche, mais pas loin – ce qui n’aurait de toute façon aucun sens, vu que la population est quasi+exclusivement faite de migrants. S’il avait vécu ici un certain temps, il devait connaître, au moins de nom, les Nunaqortoqut, qui avaient pratiqué le commerce de peau de façon régulière avant de placer un avant-poste permanent sur les quais, suite à l’initiative de Sakari, d’ailleurs. Elle s’avança donc vers le grand bonhomme. Son accent bien du nord, ses manières et son nom suffirait à la faire connaître comme membre de ce peuple, et si cet homme connaissait la valeur d’un combattant, il n’y aurait besoin que de cela pour établir une idée des talents martiaux de Sakari. Et sinon, les nombreuses armes qu’elle trimballait seraient là pour ajouter du crédit. En passant, elle commanda un lait de chèvre. Car elle était incapable de tenir l’alcool. « Holà, camarade. Je m’appelle Sakari Naasoqineq. Ce que tu sembles proposer m’intéresse, et pas qu’un peu. Envoie les détails, je sens qu’on va s’entendre. » |
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| Mar 13 Mar - 11:27 | | | Aildor. Ses plages de neige gelée, ses maisons cocotiers, ses riants pêcheurs. Le ciel cotonneux comme une barbe d'ancêtre, qui avale les montagnes dressées dans le lointain. Le vent frais et piquant qui mord les oreilles des marins et pince les joues des putes. Loën accoudée au bastingage, qui vomit ses tripes. Bienvenue sur Als'kholyn !
Deux jours plus tôt, à Butsakh. Il fait chaud, il fait beau, on est bien. Spoërri batifole dans la poussière et Loën contemple son œuvre. Trois tonnes de verre, quatre mètres de haut, brillant comme un diamant. Ça tombe bien, c'est tout l'intérêt de la chose : voici le nouveau phare de Butsakh. Brisé par un adolescent enthousiaste mais maladroit, les restes de l'ancienne tour jonchent encore le sol. Les Kharaaliens ne se sont pas lamentés longtemps avant de faire appel à un verrier de Zolios. Verrier qui fut verrière : le contrat fut assigné à l'atelier de maître Dalek qui, submergé par sa réputation, jugea bon de le transmettre à une talentueuse ancienne élève.
Ce qui nous mène à Loën, assise au soleil. C'est de la belle ouvrage, assurément. Solidement fusé à un promontoire rocheux avec l'aide d'un mage de la terre, le morceau de cristal est savamment dépoli du côté de l'intérieur des terres pour concentrer la lumière. Une encoche, à l'arrière, y permet l'entretien d'un grand feu. Les facettes polies côté mer diffractent la lumière avec précision. Accessoirement, si l'envie vous en prend, on peut le transformer en miroir d'Archimède et foutre le feu à tout ce qui flotte. Une petite subtilité qui ne semble pas déplaire aux Kharaaliens.
Loën s'étire. On est bien, au soleil. On a chaud. Surtout, on en profite. Et on essaye d'oublier son destin contrarié quelques heures plus tôt.
Quelques heures plus tôt, port de Butsakh.
« Dites, c'est pas vous qui attendiez la cargaison du Mirador ? » Pas de réponse. Pas vraiment le temps de répondre, en réalité. Le gros marin ne semble pas vraiment se préoccuper de la pertinence du rapport information/destinataire. « Non parce qu'il y a eu une mutinerie. Le second s'est fait la malle avec le bateau, la cargaison et les matelots ! Le capitaine, enfin l'ex-captain j'veux dire, il a lancé une récompense énorme. 45 000 irys ! Vous vous rendez-compte ? Ah, si j'avais encore... Florin ? Ah oui, un truc comme ça. Vous le connaissiez ? HEY ! Dalekh ! Par les couilles de Delkhii, descends de là avant que je te... »
Laissant l'homme à ses considérations toutes sacrilèges, Loën s'éloigna, songeuse et emmerdée. Cette cargaison, elle l'attendait depuis trois semaines. Florin était réputé dans le coin pour être le seul exportateur de coquilles de Matar, cette très précieuse et très réfléchissante matière. Absolument introuvable, absolument hors de prix, absolument indispensable. Que dira-t-on d'un phare qui ne luit pas ? Non pas que le cristal ne projette pas de lumière, grâce à Süns ! Mais la coquille permet à la fois de concentrer et de diffracter la lumière la plus ténue – chose bien pratique dans ces régions dépourvues de combustible – et d'affirmer avec élégance ce que Loën considère comme son travail le plus abouti. Nom d'un chameau, la première pierre de sa carrière future ! Des commandes à foison ! Du succès cristallin ! Une portée internationale ! Toutes choses auxquelles Loën ne compte pas renoncer, pas si elle peut faire autrement.
Voilà qui nous amène sur un bateau de pêche, un lundi à huit heures. Loën malade, et surtout verte. Ses talents de diplomate sont à revoir, ça ne fait pas un pli. Le petit homme au visage replet qui supervise la commande ne lui a pas laissé l'ombre d'une chance.
« Maître Soek, les circonstances l'obligent. Sans cette cargaison, je ne peux finir les travaux dans les temps imparti. Envoyez une mission en Zagash en acheter ! Il nous faut ces coquilles, quel qu'en soit le prix. » Loën sent tiquer la vieille pomme ridée qui lui fait face. Ah. Peut-être que la dernière phrase n'est pas des plus heureuses. Elle a été traité avec bien des considérations, jusqu'ici. Accueillie dans un des clans puissants, saluée avec respect et honneur. Son travail est appréciée, pas de doute. Les frais hors honoraires, peut-être un peu moins. « Maître Loën, avec tout le respect que je vous dois, votre contrat est très clair. Nous sommes des gens simples et le budget que nous vous avons alloué fut fort généreux. Vous n'êtes pas sans savoir que les pirates sont légions dans ces mers. Nous ne pouvons attendre plus longtemps que vous ayez fini. » « Alors envoyez une mission là-bas récupérer la cargaison ! »
Le petit bonhomme se redresse de toute sa maigre hauteur. Pas assez pour impressionnant Loën, cependant, qui connaît par cœur, depuis le temps, la cartographie des tâches solaires qui parsèment son crâne chauve. « Ça, jamais ! Maître Loën, Aildor est un repaire de gueux et de forban. Pis, des mécréants ! Jamais un homme de Delkhii qui se respecte n'y mettra les pieds. » Loën retient juste à temps une pique sur cette rumeur, vague mais tenace, sur les allers-retours conséquents opérés par des ombres très butsakhienne entre les bordels d'Aildor et la ville. Le terrain est glissant, elle le sait. « Par la grâce de Süns, Maître Dalek, je suis fille de Loën, guerrière de Po M'Bak et servante de la Très Solaire. Moi, j'irais ! Puisque vos puissants guerriers ont peur d'un peu d'eau et de neige. Mais je vous préviens... » Elle se penche sur l'homme et darde son regard noir sur le petit homme, qui esquisse un pas en arrière. « Ne touchez pas au phare. »
Loën débarque. Tout de suite, tout va mieux. Ces trois jours de bateau ont été un calvaire : première expérience nautique pour la jeune femme, qui n'est pas pressée de renouveler l'expérience. On pourrait penser qu'une nomade qui a appris à monter sur un chameau avant de marcher serait à l'aise avec le roulis marin. On peut aussi penser que, tant d'eau en même temps, c'est pas honnête et pas correct. Et puis, quelle tristesse ! Du bleu, du blanc, du gris. Rien pour égayer l'écume qui moutonne sur les vagues. Heureusement, au moins, qu'elle n'est plus sensible au froid depuis longtemps. Cela lui attire les regards des marins emmitouflés, d'ailleurs, et ce ne sont sans doute pas les derniers.
Le manque d'enthousiasme de Butsakh ne les a pas dépourvu de toute correction. Le bateau est censé rester là jusqu'à la fin du mois, on lui a fourni fourrures chaudes, provisions séchées, raquettes, un arc et des flèches. Pas grand chose de plus, hélas. Pour son premier voyage en dehors de My'trä, on aurait pu espérer mieux. Heureusement qu'elle est venue une fois au moins en Khurmag en saison de neige...
Comme attendu, les regards se braquent sur elle. Elle cherche les ennuis, aussi. Montée sur son gigantesque Salkhi, monture aussi rare que précieuse (mais qui le volerait ? Un Salkhi n'obéit qu'à son maître), à la selle brodée de perles de verre de toutes les couleurs, formant un motif lisible pour les seuls australiens de My'trä, sa non moins gigantesque maîtresse offre un spectacle impressionnant. Emmitouflée dans sa cape teintée de couleurs aussi vives que variées, on ne voit de son corps que sa chevelure crépue encadrée par deux épaisses mèches tressées et ses mains posées sur l'encolure de sa monture. Plus que jamais, les scarifications blanches linéaires ressortent sur sa peau noire. Mais ce qui marquent le plus les spéculateurs avisés qui composent la foule, c'est la poudre opalescente et irisée qu'elle a posé en bandes entre les lignes de points scarifiés. Une des poudres les plus précieuses et les plus chères au monde dont elle a tartiné son visage comme s'il s'agissait de crème de jour. De la coquetterie ? Qualifie-t-on les grenouilles-rubis venimeuses des forêts de Kharaal Gazar de coquettes ?
Des quais, elle passe à la ville souterraine. L'odeur l'assaille, tout de suite. Des relents légers encore, mais qu'elle sait aller en empirant, d'alcool et de stupre, de mort et de neige. La lumière l'agresse, ensuite. Colorée, certes. Mais quelles couleurs ! Tout dans cette ville sonne l'artificiel. Soleil, fils de Süns, où sont tes rayons ardents ?
« Hey, vous là-haut ! » Un autre petit bonhomme, au regard de fouine cette fois. Il peine à monter sa voix assez haut pour dépasser le brouhaha ambiant et ne semble visiblement pas refroidi par le regard impassible de Loën. Par le ciel, sont-ils tous nains au Nord du monde ? « Y paraît qu'vous y êtes après le contrat du Mirador. Z'êtes pas la seule, tiens voir ! » Un clin d’œil qu'il veut complice. « Y s'trouve qu'ça r'crute ! Ptet bien que j'pourrais bien vous aider à trouver qui qui faut trouver, nan ? » Une main tendue. Un éclair d'or qui passe, en silence. « Allez donc voir à la taverne là-bas, la grosse, comment qu'elle s'appelle déjà, la Chope avinée. Et pis... » Il jette un drôle de regard au Salkhi. « Faites gaffe à vous. »
Loën ne se soucie guère de ses conseils. Spoërri ne craint rien, elle le sait. La réputation des Salkhi est connue partout où il y a des My'träns, et tous les commerçants qui ont essayé d'en vendre savent qu'on ne peut, justement, pas en vendre. Rien à craindre de ce côté-là, Aildor ayant essayé la chose plus de fois qu'on ne peut le compter. De la même façon, atteindre les soutes épaisses et haut placées pour les vider constituerait un exploit : ça court vite et ça saute haut, un Salkhi. Celui qui y parviendrait mériterait de garder les possessions de la jeune femme. Jeune femme qui n'est pas complètement folle non plus : elle garde la moitié de son or sur elle, dans un repli de son pantalon large, avec son couteau. Elle laisse donc l'animal à l'entrée de la taverne, où une accorte jeune femme l'accueille avec un empressement... respectueux.
L'endroit est plein de fumée et de rots. Cependant, elle ne s'y attarde guère. Un murmure de son hôtesse la dirige rapidement vers le centre de la pièce où un homme proprement gigantesque tonne d'une voix de stentor. A son côté, une femme d'autant plus petite, enveloppée dans un grand manteau de fourrure d'où jaillit deux tresses noires. Visiblement, ils viennent tout juste de se rencontrer. C'est l'homme qui semble mener le recrutement. Loën s'approche de la table, salut d'une légère inclinaison du buste respectueuse la jeune femme, et se tourne vers l'homme qu'elle salut à son tour.
« Que la grâce de Süns soit sur toi, ami. Je suis fille de Loën et guerrière de Po M'Bak. On me dit que tu pars à la recherche de la cargaison du Mirador. Est-ce là la vérité ? »[/b]
Dernière édition par Loën le Jeu 22 Mar - 23:36, édité 3 fois |
| | | Eylohr Lothar
| Mar 13 Mar - 18:07 | | Irys : 401379 Profession : Terroriste en fuite - Hermite
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- Il ne fallut que peu de temps, vraiment peu de temps, avant que les premiers poissons ne mordent à l’hameçon qu’il venait de lancer à l’eau. Il venait de prendre une deuxième rasade et préparait la troisième lorsqu’il vit s’avancer devant lui une personne à l’allure toute particulière. Emmitouflée sous plusieurs couches de fourrure et de tissus chauds, sa tête dépassait ainsi que deux longues couettes sombres. Tandis qu’il servait son troisième verre d’affilé, l’approche de cette créature habillée bizarrement attira le regard d’Eylohr qui tourna légèrement la tête. Mais il connaissait cet accoutrement, et les origines de celle qui venait de prendre la parole.
Les Nunaqortoqut, ce peuple vivant sur le continent depuis aussi longtemps que les Khashins. Ils ne s’aventuraient pas souvent à Aildor, préférant l’autarcie de leur communauté et les préceptes qui les définissent. Cependant au fil des années et du développement de certains commerces, il arrivait de voir certains représentants de ces communautés isolées et séculaires. Si la quasi-totalité des Aildoriens restait surpris par leur présence, les Khashins, eux, connaissaient ce peuple depuis des lustres.
« Holà, camarade. Je m’appelle Sakari Naasoqineq. Ce que tu sembles proposer m’intéresse, et pas qu’un peu. Envoie les détails, je sens qu’on va s’entendre. »
Eylohr tourna alors son regard vers l’interlocutrice. Sans être douceur, il dévisagea entièrement ce personnage emmitouflé dont il ne voyait que la tête dépasser. Puis, il reposa son regard sur son verre, prit une grande rasade et s’essuya en passant sa main sur sa bouche et dans sa barbe.
- Qu’est-ce qu’une Nuna fais ici ? Demanda Eylohr de sa voix grave et résonnante comme un glas funeste. C’pas un contrat commercial Nuna, c’sera pas propre. T’es quand même partante ?
Tandis qu’il ne levait toujours aucunement la tête vers l’interlocutrice, il fit de nouveau couler le liquide ambré et alcoolisé depuis la bouteille jusqu’au verre encore embué du souffle chaud du colosse lors de sa dernière rasade. Il s’installa alors de façon plus confortable, portant son bassin sur l’avant de la chaise et son dos en buté contre le haut du dossier, il déploya ses longues jambes et sortit sa pipe d’acier et de bois de sa besace. Il était assis tel un pacha peu poli et froid.
Mais alors qu’il poussa du pied une des chaises qui trônait devant la table, invitant la représentante Nunaqortoqut à s’assoir pour discuter, et tandis qu’il bourrait l’herbe à pipe dans le foyer à l’aide d’une tige et de ses gros doigts, une nouvelle personne s’approchait de la tablée.
« Que la grâce de Süns soit sur toi, ami. Je suis fille de Loën et guerrière de Po M'Bak. On me dit que tu pars à la recherche de la cargaison du Mirador. Est-ce là la vérité ? »
La pipe était en bois lustré et à la douce odeur des forêts, tandis que de chaque côté avaient été incrustées deux fines lames d’acier qui allaient en s’élargissant de l’embout de bouche jusqu’à la tête de la pipe, tête qui, en revanche, était entièrement faite d’acier. Tournant son regard vers cette nouvelle interlocutrice, il craqua trois allumettes qu’il utilisa afin de faire roussir puis bruler le tabac fraichement bourré dans la tête d’acier. Prenant alors une grande et profonde inspiration sur cette pipe à tabac, alors que le fourneau s’éclairait de mille feux ardents, Eylohr, le géant, se releva de sa chaise. Dévoilant toute sa hauteur et toute sa masse, il toisa du regard cette nouvelle arrivante dont l’entrée fut des plus bizarre aux goûts du colosse. Suns ? S’il en avait quelque chose à faire de cet architecte, ça se saurait. Encore une magicienne plus dévouée à son dieu qu’à sa propre vie.
- Suns peut rester où il est, on s’en contre fou ici Dit Eylohr tout en toisant cette magicienne révélée. D’où t’connais l’mirador toi ? Qu’est-ce qui peut intéresser une magicienne d’l’autr’ continent ici-bas ? Pas d’entourloupe, sinon t’ressortira pas d’ici sur tes jambes. C’pas une menace, juste un éclaircissement d’situation. Alors, j’t’écoute ? Indiqua-t-il tandis que de sa bouche et de ses narines sortaient d’épais nuages de fumée. Il pointa sa pipe d’acier et de bois qu’il avait lui-même fabriqué en direction du bar et dit d’une voix rauque et autoritaire : Une aut’ bouteille d’whisky beauté ! Fissa !
Si, techniquement, Aildor était neutre quant à la provenance des individus, il n’en demeurait pas moins que les pérégrins du coin étaient tout aussi suspicieux envers les techniciens Daënars et les magiciens My’Träns. Alors, si cette magicienne montrait patte blanche comme il le fallait, Eylohr se remettrait assis sans broncher, et donnerait une seconde chaise pour ce second poisson hameçonné. Sinon…
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| | | Invité
| Mar 13 Mar - 20:56 | | | Ah, le langage fleuri, les expressions débiles et déshonorantes, l’absence d’honneur et de classe, tout ce qui faisait l’identité orale d’Aildor. Le sociolecte des bandits, des frères de la côte, des reclus et des parjures. Un air de familiarité. De chez-soi. Après avoir traîné chez ces susceptibles gens civilisés de l’est et de l’ouest, ce retour au source était des plus bienvenu. Ironiquement, si on devait transposer les critères propres aux Nunaqortoqut dans les civilisations sudières, Sakari serait pourtant de la haute noblesse d’épée, héritière d’une longue lignée prestigieuse, qui avait compté des explorateurs et des chefs de guerre reconnus. Elle-même n’était pas en reste, comme l’avait prouvé l’engouement que suscitait les veillées où elle racontait ses aventures, durant son séjour au pays. Le sobriquet que ce grand gaillard avait attribué à son peuple aurait pu ne pas passer si le précédent épithète n’avait pas été une litote, cependant. La fierté ethnique, c’est quelque chose, surtout quand on a vu à quoi ressemblait les guerres, ou plutôt les absences de guerre des gens du sud. Et Sakari avait un respect avant tout pour les guerriers, donc le principe même du pacifisme lui était complètement incompréhensible, et notamment dans sa prétendue supériorité morale. Mais ce qui lui gênait avant tout, ce fut qu’il ne donne pas son nom en retour. Ce n’est pas parce qu’on est des bandits et des tueurs qu’on doit être impolis.
« Écoute bonhomme, quoi que soit ton nom, refroidir quelques pégus, ça restera toujours une ballade de santé à mes yeux, même s’ils sont armés comme des soldats technophiles orientaux, là. Sans prétention. » Ce grand gaillard n’avait clairement pas une tête de chasseur, donc elle doutait fortement que la mission ressemble à une randonnée de braconnage. Enfin, si, mais à la khashane ; où les proies ont deux bras, deux jambes, une tête et des armes. Finalement, la différence entre les deux peuples ennemis du nord d’Als’Kholyn était moins grande que les deux voulaient bien le prétendre, car il allait de soi que dans la traque aux humains, Sakari savait tout aussi bien en faire.
Une autre personne semblait intéressée, bien que ni son apparence ni son ton ne laisse suggérer qu’elle fut le genre de personne taillée à la fois physiquement et mentalement pour ce genre de boulot, généralement très sale. Et le grand bonhomme – qui avait une taille encore plus impressionnante une fois redressé, ça allait être difficile d’être pleine d’assurance devant un tel bout de viande – ne manqua pas de s’en apercevoir pour la rabrouer aussitôt sur le point qui fait en général le plus mal aux gens de magie. Mais si elle pouvait passer outre, alors peut-être qu’elle et Sakari pourraient discuter théologie comparée. Chacune de ses tentatives avec d’autres Mÿ’trans s’étant invariablement conclue par un rachat de poudre, très difficile à trouver dans leur pays sous-développé. Gênant, vraiment. Le simple fait qu’elle sache de quoi retournait la mission avant même que le grand en ait dévoilé le moindre détail suffisait à indiquer qu’elle allait être ou bien précieuse, ou bien insupportable. Généralement, il y a deux types de personnes qui savent tout mieux que tout le monde : les professionnels qui guettent les occasions et s’emparent des plus alléchantes, et dans ce cas, on est sûr de ne pas tomber sur un os, vu qu’ils connaissent la localisation de tout le squelette, ou bien les détachés par les commanditaires de la mission pour s’assurer que les mercenaires engagés ne font pas trop n’importe quoi. Ça partait d’une bonne intention, mais cette surveillance rendait intouchable ces gens et limitaient les possibilités de leurs compagnons. On ne compte plus les mercenaires morts à cause de la stupidité et de l’obstination servile du détaché de leur patron.
En bref, avant même d’avoir commencé, cette mission s’annonçait très amusante.. |
| | | Invité
| Sam 17 Mar - 11:15 | | | Voilà qui n'est pas courant. C'est ce que se dit Loën, avant que l'haleine chargée d'alcool et de mauvais tabac du géant ne la frappe de plein fouet. Oui, cet homme est proprement gigantesque. La jeune femme peut se targuer de compter les cheveux de biens des hommes, mais Eylohr lui mange carrément sur la tête. Pour autant, elle ne se démonte pas. Ce n'est pas un rustre qui va lui faire peur. Les yeux fixés sur ceux du géant, elle répond l'air impassible :
« Tu es grossier. » Elle se tourne légèrement, fait un signe à la vendeuse. Deux bouteilles du même tord-boyaux. Oui, il est grossier. Mais il semble fort et respecté. Deux conditions essentielles pour le but qu'elle cherche à atteindre. « De plus, je ne te dois rien. » Ah, les subtilités coutumières de la politesse Po M'Bakienne. Il ne s'est même pas présenté : elle ne lui doit donc même pas un mot. Mais visiblement, les ploucs du coin ne font pas grand cas de la civilisation. Et puis, à Darga, fais comme les Dargiens. « Cependant, et pour le bien de notre accord futur, je te répondrais. Le capitaine de Mirador avait un accord très précis avec mes employeurs, qui lui ont versé un acompte... conséquent pour sa marchandise. Dès que la rébellion a eu lieu, ce chacal est venu réclamer notre aide. Je suis là pour réclamer ce qui est dû et je ne repartirais pas sans. »
Arrive la serveuse, chargée de trois bouteilles et d'un verre en plus. Loën n'ignore pas le grand cas qui est fait des guerriers dans ces contrées sauvages. Oui, guerrière elle est, mais c'est d'abord la verrière que verront ses futurs associés. Elle n'a jamais versé le sang et n'est pas pressée de le faire : c'est un grave défaut dans ces latitudes, elle le sait. Autant donc rester discrète sur son rôle exact et les laisser croire qu'elle est ce qu'elle n'est pas vraiment : une mercenaire. Par Süns, est-ce vraiment un mensonge ? A moitié seulement, vu comment ces bâtards de Butsakh l'ont entubé !
« Maintenant, que ce soit avec ou sans toi, j'irais quand même. » Elle recule de quelques pas et se détourne, une vague grimace sur la table. Son tabac a véritablement une odeur épouvantable. Avec quelle saleté peuvent-ils bien le couper, les Architectes seuls le savent. Aux yeux de Loën, la confrontation est finie, la tension est passée. Elle devrait sans doute être plus défiante de ce grand morceau de muscles, dont la réputation n'est pas encore arrivée jusqu'à ses oreilles. Mais que voulez-vous : pour elle cela ne veut rien dire, tout ceci. Des paroles jetées au vent : on peut dire tout ce que l'on veut, et puis son contraire. Elle a dit la vérité bien sûr, mais rien ne s'en porte garant. Les choses se passent se différemment dans le Sud : de telles assertions seraient assorties de marques de sincérité, strictement codifiées par la coutume. Le signe du Cœur Rouge, par exemple. Mais ici aucun rituel ne relie les hommes par la confiance. Pour se croire mutuellement, ils passent par ces étranges et absurdes combats de coqs où seul le meilleur menteur peut gagner. Ça, et cette sotte histoire de papier et de contrat. Qui fait confiance à un peu d'encre sur une feuille ?!
En même temps qu'elle recule légèrement, elle se tourne vers la table. Déjà y est attablée la jeune femme, qui boit ce qui semble être un lait. Cette dernière la scrute de ses yeux petits noirs comme des boutons, comme si elle cherchait à deviner tous ses secrets. Visiblement, il ne serait pas facile d'obtenir la confiance de celle-ci non plus. Mais, nom d'un chameau, était-il également impossible d'obtenir leur nom ? Rustres !
Loën attrape la bouteille d'une main et la débouche habilement d'un coup de pouce. Toutes ces pensées n'ont pas transpiré sur son visage. Être impassible est un art chez les Po M'Bak, et Loën entend bien en décrocher le prix de Rome. Elle prends l'autre verre et se sert une rasade, qu'elle avale cul sec. Le feu liquide lui retapisse l'estomac. Après en avoir largué le contenu dans les mers du Nord, c'est largement bienvenu.
« Pas mauvais. »
Elle propose d'un geste la bouteille au petit tas de fourrures. Le lait coupé à la gnôle, c'est bon. Eylohr ? Non, elle ne donnera rien au géant. Faut pas déconner.
Dernière édition par Loën le Jeu 22 Mar - 19:54, édité 1 fois |
| | | Eylohr Lothar
| Sam 17 Mar - 19:20 | | Irys : 401379 Profession : Terroriste en fuite - Hermite
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- Bien, très bien. Il avait devant lui une Nuna amatrice de meurtres faciles et de sang, et une magicienne du Sud effarouchée par l’attitude du Nord. Cette aventure s’annonçait des plus plaisantes et des plus… Amusantes. Vraiment. Eylohr scruta alors les deux donzelles. L’une sirotant son lait, la seconde buvant le même tord boyaux que lui. Etais-ce une façon de montrer qu’elle avait du caractère, où était-elle sincère quand elle disait qu’elle aimait cela ? Nous le verrions tôt ou tard.
Il dévisagea encore une fois les deux femmes, non pas pour les juger, cette fois, mais pour pouvoir avoir une idée de comment elles allaient agir et quel serait leur équipement. Pour simple réponse aux deux donzelles, Eylohr porta à nouveau sa pipe à la bouche, tira une bonne bouffée, laissa s’échapper le nuage de fumée et se remit assis avec tout le style qui lui était propre : jambes écartées, tendues et complètement affalé. Son fusil à double canon à sa hanche l’empêcha de s’assoir, alors, il tourna le holster en cuir de façon à ce qu’il puisse enfin s’assoir. Une petite grimace de satisfaction, et il s’envoya un verre de ce tord boyaux brulant la gorge.
- Bien Dit Eylohr en soufflant longuement. Alors, on a une Nuna prête à en découdre, et une nana du Sud. J’espère qu’tu sais t’battre ! Alors, l’contact il attend, c’pas un type patient. On dirait qu’personne d’autre est tenté par l’business alors on va s’la jouer tous les trois. Moi, j’suis Eylohr, mais ici, on m’connait comme l’géant du froid. Vous avez d’l’équipement j’espère ?
La patience du colosse était aussi légendaire que le remède pour la cécité. Autrement dit, personne ne l’avait vue. Il avait envie d’en découdre, mais craignait que ces deux donzelles ne soient que peu ou pas équipées. Il pourrait s’en charger dans une moindre mesure, sa forge produisant suffisamment d’armes et d’armures, mais c’était un coût que la récompense du contrat ne couverait absolument pas.
Tandis qu’il se remémorait l’équipement qu’il lui fallait à lui, il commençait également à dessiner dans sa tête l’itinéraire pour aller voir le commanditaire. La journée était bien avancée, ils avaient quelques heures devant eux pour se préparer et rendre une visite au capitaine victime de la révolte, et se mettre en ordre de marche. Il espérait que les mutins soient toujours dans les parages, dans la ville ou, au pire, sur le continent. De toute façon, c’était plus qu’évident. S’ils avaient repris la mer, le capitaine s’en serait rendu compte. Enfin, c’était à espérer.
Dernière édition par Eylohr Lothar le Dim 18 Mar - 22:56, édité 1 fois |
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| Sam 17 Mar - 21:19 | | | Ah, ça devenait intéressant. Et pour cause, il commençait à parler technique et armes. Sans un mot, Sakari commença posément à déballer ses canons et ses lames. Elle débuta par son couteau, qu’elle posa délicatement, poignée face à elle. C’est vrai qu’il était vraiment gros, même pour un couteau de combat. La lame était longue, et surtout large, donc très difficile à casser. Le bois était vieilli, ce qui trahissait son âge, mais la lame semblait comme neuve, signe d’un entretien minutieux. Même le bois était en très bon état. On voyait encore très distinctement les marques caractéristiques de la culture Nunaqortoqut gravées dedans. Puis vint son pistolet de paume, qu’elle fit glisser de sa manche dans sa paume. Huit coups, lui aussi très bien entretenu, redoutable à courte portée, discret et fonctionnant un peu comme un poing, ce qui garantissait donc son utilité même en corps-à-corps. En parlant de ça, elle prit aussi un gant de rechange dans sa poche, visiblement renforcé à l’intérieur, et elle en sortit un bout de bois solide enserré de fer. Un ceste. Une arme de lutteur, qui donnait de la force supplémentaire au poing et permettait de briser de la mâchoire avec aisance. Ça, c’était pour les petits calibres. Produisant un effet de crescendo, Sakari passa à ses armes plus volumineuses.
D’abord, son fusil Vulcain, aussi bon à courte qu’à longue portée, précis, fiable et rapide. Sakari y avait apporté quelques modifications très mineures, notamment des gravures typiques de sa culture et des rangements de chargeurs supplémentaires, pour recharger encore plus vite. Puis vint sa lance courte. Elle avait la taille d’une épée bâtarde, mais était conçue pour le combat à une main. Ceux qui avaient déjà entendu parler des méthodes de combat des Nunaqortoqut savaient à quel point elles pouvaient être mortelles. Celle-ci avait une lame grand, large, ce qui lui permettait de parer et de donner de l’estoc et de la taille tout aussi bien. Et il fallait une certaine force pour la manier proprement. Enfin, dernier mais pas des moindres, le fusil Goliath, qui se passait de présentation.
« Au fait, je m’appelle Sakari Naasoqineq. Désolée, la mage, mais tu vas devoir faire avec ce barda, là. Ça va aller quand-même ? » Son ton sincèrement conciliant, presque amical, tranchait franchement avec la présentation de son arsenal, et c’était d’ailleurs un petit amusement dont elle avait conscience – pour une fois – et qui faisait se former un petit sourire malicieux sur le coin de sa bouche. |
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| Dim 18 Mar - 23:55 | | | Ce fut presque instantané. En réalité, la nausée tenace qui la travaillait sur le bateau butsakhien ne l'a pas vraiment quitté. Des délices de Dalaï on passe aux joies des païens : et toujours, toujours, cet arrière-goût de bile et de roulis doucereux. C'est incompréhensible, à vrai dire, ce plaisir malsain des mécréants que de s'entourer d'objets aussi venimeux. N'est-ce pas le signe le plus éclatant que cette... cette « technologie » est néfaste à l'homme ? Tous comme les fruits pourris rendent malades, les Architectes, dans leur bonté, ont placé un signe « Danger ! » sur ces savoirs interdits. Pourquoi les braver ? Les Daënars et leurs émules sont-ils privés de tout bon sens ?
Toutes ces considérations, bien sûr, n'ont pas lieu d'être à cette table. Loën sait les gens de la race de ses interlocuteurs particulièrement sensibles à la question : la poser risquerait de se régler dans le sang, et pas forcément celui d'autrui. Il lui faudra composer avec, elle le savait déjà avant. Mais la différence est grande entre savoir, loin sur les terres de My'trä, et voir, dans cette taverne enfumée du port d'Aildor. La petite chose velue recouvre, l'air de rien, la table de ses jouets cracheurs de plomb. Comment peut-on cacher autant de choses dans si peu d'espace ? Serait-elle un trou noir ? Avec une horreur grandissante, Loën l'observe déposer son fatras diabolique près de ses bouteilles – si ces saletés contaminent de quelque façon son réconfort liquide...
Bien sûr, ça tangue. Comment cela ne pourrait-il pas tanguer ! Mais la vision de ces serpents de métal n'y change pas grand chose. Après tout c'est leur présence qui invalide, et qu'ils soient sur Sakari ou sur la table, ça ne change pas grand chose. De plus, rappelons-le, Loën a chassé de son estomac tout ce qui en était éjectable. Elle réussit le test haut la main, en apparence du moins. Quoique, pour la peine, elle vide un second verre.
« Salut à toi, fille de Naasoqineq. » Elle jette un regard placide aux biens de la jeune femme. Vu son air, elle semble beaucoup y tenir. Dépravée. « Tant que tu ne les pointes pas en ma direction, tout devrait bien se passer. » Loën tourne alors son regard vers la porte. Depuis son entrée, une part de son attention est restée avec Spoërri, dehors. Les Salkhi sont bruyants, quand ils le veulent. Malgré le tumulte, rien n'a filtré. Sa monture doit donc être encore intacte. « En ce qui concerne mon équipement, j'ai deux couteaux, un arc et cinquante flèches... » Pas un geste. Visiblement, ses petits camarades devront se contenter de sa parole. « J'ai une Salkhi, aussi. Elle est dehors. » Mais savent-ils seulement ce qu'est qu'un Salkhi ?
Dernière édition par Loën le Jeu 22 Mar - 19:51, édité 1 fois |
| | | Eylohr Lothar
| Lun 19 Mar - 13:45 | | Irys : 401379 Profession : Terroriste en fuite - Hermite
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- Avachi comme un sac de pommes-de-terre sur un sol un peu mou, sa pipe à la bouche et un verre à la main, les deux se succédant l’un après l’autre, déversant tour à tour fumée dans les poumons et alcool dans le gosier. Un doux poison et une liqueur brulante. Un mélange explosif en somme, mais il en fallait un peu plus pour qu’un colosse comme lui soit amoindrit par l’alcool. Cela dit, il ne fallait tout de même pas en abuser.
Contemplant la démonstration d’équipement de Sakari et celle de la magicienne du Sud, Eylohr fut plutôt surpris et amusé, puis amusé et déçu. Décidément, ces mages vivent dans un monde des plus tristes. Se battre aux couteaux et à l’arc… Mais dans quelle époque vivait-elle ? Que feraient ses flèches face à aux tirs des mutins ? Elle se ferait cribler de balles avant de pouvoir tirer une seule flèche. Déjà qu’il ne faisait absolument pas confiance aux mages, là, il devenait inquiet. Elle ferait parti du groupe, elle devrait se battre avec eux pour la récompense… Elle serait un boulet plus qu’autre chose avec ses flèches… Et comment est-ce qu’elle se bat ? Si elle utilise ses lames et ses flèches avec le même flegme qu’elle utilise pour parler se présenter, la mission tournerait court, et très vite.
- Huuuum grommela Eylohr tout en expirant longuement. Toi, Nuna, ta l’air d’savoir c’que c’est qu’ce genre d’merdier Dit-il en pointant du doigt la doudoune sur patte. Toi, Mage, ta l’air d’sortir d’une époque qu’mon grand père avait même pas connu… T’risque d’être un boulet Sudette, mais c’pas comme ci y avait foule. Bon, quant à moi… Dit-il tout en se relevant et en essayant d’extirper ses affaires. J’ai deux revolvers calibre 44mm, barillet à 6 balles chacun. Il les pose sur la table. Un fusil à doubl’ canon à chargement par la culasse. Il pose le fusil dans un bruit sourd. Une épée d’acier basique, et v’la ma hache favorite. Il prend la hache qu’il avait posé sur le côté du canapé et la pose lourdement sur la table. Elle dépassait allégrement les dimensions de celle-ci et son poids manqua de faire tomber le meuble. Et c’te couteau. Il déposa enfin le couteau de combat qu’il avait lui-même forgé. Une lame de 40cm de long sur 6 de large se finissant en une pointe meurtrière. J’ai des munitions en pagaille qu’je fabrique moi-même !
Ils avaient l’air fin maintenant, à avoir déballer tout l’attirail comme ça. C’était inutile, mais il fallait bien montrer patte blanche. Et le sérieux de chacun. Eylohr avisa ses deux collègues d’infortunes, remit son matériel en place sur lui, bu un dernier verre et vida sa pipe dans le cendrier. Son équipement était lourd, mais depuis toutes les années qu’il portait ce matériel sur lui dans toutes ses expéditions et tout ses combats, ce poids supplémentaire était devenu une routine. Et il avait suffisamment de force pour pouvoir faire face. Oh, il ne pourrait probablement pas courir le 100m en 10 secondes, mais il le ferait tout de même.
- Aller donzelles, c’parti ! Dit-il d’une voix rauque et puissante.
Il prit le chemin de la sortie, puis celui du port. S’assurant par moment que les deux donzelles suivaient derrière lui, il se refusait de regarder la magicienne sur sa monture gigantesque. Non pas qu’il n’en avait jamais vu, mais ce serait lui faire croire qu’il était impressionné et cela était impossible. Tout se trafiquait à Aildor, de la drogue aux armes, en passant par les êtres humains, les animaux, et les denrées rares. Aussi, voir une telle monture n’était, certes, pas monnaie courante, mais pas impossible non plus.
Ils arrivèrent au port, dévalèrent les quais, et arrivèrent devant le ponton où se trouvait le navire du commanditaire. Eylohr s’était bien imaginé qu’il devait y avoir de grandes tensions au sein du navire, aussi, il fit attention à n’impressionner les gardes que par sa taille et sa corpulence, et non par son attirail et la potentielle menace qu’il pourrait être. Une fois arrivé aux environs du navire, il interpella un vigile qui, enfin c’était ce qu’il pensait, gardait le navire pendant que du monde s’affairait sur le pont.
- Eh moussaillon ! Va chercher ton cap’taine, dis lui qu’c’est pour l’contrat, d’la part d’Eylohr l’géant du Froid. Et si c’pas assez, dit qu’c’est l’cap’taine D’Sousa qui m’envoi.
Ainsi donc, les dés étaient lancés. Advienne que pourra.
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| Lun 19 Mar - 22:56 | | | De cette entrevue ressortait deux énormes problèmes, pour Sakari. D’abord, l’ambiance n’était pas vraiment sereine, car le grand garçon ne semblait pas imprimer que dans « mage » il y a « mage », donc « magie ». Et l’histoire a prouvé que la magie avait une efficacité martiale. En fait, elle avait presque de la peine pour Loën, et se dit qu’il faudrait peut-être trouver un moyen de la faire s’imposer un peu plus. Et ce pour des raisons simples : un membre d’équipe mal à l’aise est peu efficace et ne va pas se sacrifier pour ses collègues, alors qu’au cœur de la bataille, la question ne doit pas se poser. Cette notion de corps manquait cruellement aux mercenaires, alors qu’elle ne manquerait pas du tout aux ennemis. Ensuite, ça allait être extrêmement difficile de ne pas pouffer comme une gamine dès qu’Eylohr se ferait appeler par son surnom. Sans déconner. Du coup, on avait le charbon ardent, le géant du froid et la pelote de laine. Ça allait pas être banal.
« M’attendez pas, une course à faire, je vous rejoins. » En passant, elle avait remarqué une arme dont on ne lui avait dit que du bien, dans une devanture. Un chu-ko-nu, que ça s’appelait. Une arbalète à répétition. Un gros truc volumineux, mais qui tirait vite et loin. La puissance de pènétration et la précision faisaient hélas défaut. Et un Mÿ’tran pouvait la porter sans avoir une crise. Une arme très intéressante, déjà dans une perspective à long terme, mais aussi pour un autre but plus immédiat. Elle acheta donc ce beau bébé et rejoignit vite le groupe. Alors qu’Eylohr était en train de… par les grand ancêtres, d’utiliser son surnom, Sakari prit à parti l’immense échalas qui lui servait de compagnonne de route et lui montra l’objet. « Hey. Hem, les Aildorains ne respectent que la force, et surtout la force physique. La magie, ça passe, mais un peu moins. Je te conseille d’utiliser ça. C’est à moi, mais je te la prête. Je te dis ça, parce que bon, j’ai déjà vu la puissance des mages… » Pieux mensonge, mais qu’importe. « Et ben, vous êtes pas des glandus quand vous le voulez bien. Lui, par contre, je sais pas s’il pourra l’admettre. Bref, tout ça pour dire, même si tu l’utilises pas, se balader avec un gros canon, ça indique clairement qu’on doit pas venir t’emmerder. » Et passer pour une dure à cuire, automatiquement, ça fait de toi quelqu’un de respectable, donc en qui on a pas peur de confier sa sécurité. Et effectivement, Loën allait avoir du mal avec cette arme. Elle nécessitait un certain savoir-faire pour être manipulée de sorte à être mortelle d’une quelconque façon. Mais on pourrait toujours lui trouver un usage, même seulement psychologique. Bien que d’un parler très franchouillard, Sakari était resté très amicale, douce, ce qui tranchait vraiment avec son attirail que ne dénigrerait pas une infanterie lourde daënare. « Joli bestiau, au fait. Jamais vu des comme ça. » |
| | | Invité
| Jeu 22 Mar - 19:48 | | | Loën hausse un sourcil. Eylohr semble être un homme averti, expérimenté et plein de sens pratique. L'homme est visiblement respecté de ses pairs et fort d'un succès suffisant pour avoir en possession nombre d'armes. Loën n'y connaît pas grand chose en pistolets mais elle se doute bien de leur valeur. Cet homme-là suinte la mort et la violence par tous ses pores : il a du renvoyer un nombre incalculable d'âmes à leurs Créateurs, et pourtant le voilà qui traite la mage comme une petite enfant tout juste sortie de la tente de sa mère. Juger des capacités d'une inconnue à la quantité des armes qu'elle transporte ? Folie ! N'a-t-il donc jamais eu à souffrir dans sa chair d'avoir mésestimé un ennemi ? Ce serait surprenant et mauvais signe. Peut-on avoir confiance en un compagnon incapable d'évaluer justement un ennemi potentiel ?
De confiance en tout cas, Loën n'en a pas. Allez savoir si c'est sa tenue chamarrée, son maquillage dispendieux, son comportement bien trop calme pour les coutumes locales ou simplement un racisme chauvin et sacrément débile qui ont déclenché ce mépris palpable : toutes choses bien maigres pour décider de la valeur de quelqu'un. A l'inverse, Loën commence à avoir un aperçu fort peu positif de l'ours qui va lui servir de compagnon. Non, de confiance il n'y aura pas. Mais qui pour s'en plaindre ? Si l'inestimable imbécile décide de lui donner pareil traitement, tant pis pour lui. Il ne pourra qu'être agréablement déçu ou terriblement roulé. Les deux options conviennent parfaitement à la jeune femme.
Les deux se lèvent, commencent à fourrer leurs épais manteaux de fourrure de leur armurerie respective. Leurs silhouettes doublent, leurs poids aussi. Ce sont maintenant une petite boule de poils et une énorme boule de poils qui lui font face : elle retient un rire. Harnachés comme ils sont, il est dur de croire qu'ils arrivent à faire même un pas... Et pourtant, ils s'éloignent comme si de rien n'était. Loën s'empare des deux bouteilles, rebouche l'entamée et suit ses compagnons. Rien à dire, être capable de réguler sa chaleur corporelle a de sacrés avantages quand on arrive dans un pays aussi froid. Elle a bien cédé aux bottes hautes – offertes par les hommes de Butsakh – pour affronter plus facilement la neige, mais sa cape est toujours aussi légère. En sortant, le vent s'y engouffre, révélant qu'elle ne porte, comme à son habitude, rien d'autre en-dessous qu'un brassard de bandages cachant sa poitrine. En espérant que l'abruti velu ne vienne pas aussi lui casser les couilles sur ce point aussi...
Sitôt dehors, Spoërri s'approche d'elle et se cale sur son rythme. Naasoqineq, elle, disparaît presque aussitôt, se faufilant parmi la petite dizaine d'admirateurs du grand animal, dont les yeux de certains brillent d'une flamme de convoitise aussitôt dissimulée. Faisant mine de rien, Loën dépose dans les soutes les bouteilles et suit le colosse qui s'éloigne rapidement. Où est partie la petite femme ? Est-ce une première désertion ? Si Loën peut le comprendre, au vu de la grossièreté d'Eylohr, elle le regrette néanmoins. La jeune femme a l'air bien plus mesurée et sympathique que l'infernal et le voyage perdra probablement en qualité sans elle. Tant pis...
Alors que la paire s'arrête au pied d'un navire et qu'Eylohr aborde les marins à son bord, Loën commence à se poser LA question qui fâche : comment va-t-elle s'adresser au bas-de-plafond ? Il est hors de question qu'elle emploie ce surnom ridicule, par tous les Architectes. Son nom, alors ? A supposer que ce soit un nom. Ces sauvages ont la fâcheuse habitude de se prénommer, allant jusqu'à ne se désigner que par un prénom. Jamais, au grand jamais, Loën n'ira commettre un tel blasphème. Employer un prénom... Elle en frissonne rien qu'à l'idée. Heureusement, de ces sinistres pensées vient la distraire le retour espéré de Naasoqineq. Elle au moins, elle s'est présentée décemment ! Et de lui tendre un étrange objet de bois et de métal.
« Hey. Hem, les Aildorains ne respectent que la force, et surtout la force physique. La magie, ça passe, mais un peu moins. Je te conseille d’utiliser ça. C’est à moi, mais je te la prête. Je te dis ça, parce que bon, j’ai déjà vu la puissance des mages… Et ben, vous êtes pas des glandus quand vous le voulez bien. Lui, par contre, je sais pas s’il pourra l’admettre. Bref, tout ça pour dire, même si tu l’utilises pas, se balader avec un gros canon, ça indique clairement qu’on doit pas venir t’emmerder. »
Pour la première fois, Loën sourit. Pas de transition, pas de signes avant-coureur. En une demi-seconde, son visage hiératique et légèrement hautain se fend d'un large sourire qui dévoile ses grandes dents blanches, ses yeux se plissent de malice et elle passe le bout de sa langue entre ses dents. Une joie aussi naturelle que spontanée s'y lit en elle et elle se balance légèrement en arrière, comme secouée d'un rire silencieux.
« Ta considération me touche, amie Naasoqineq ! J'accepte ta proposition et je prendrais grand soin de ton présent. » Elle se penche légèrement sur la petite femme, qui peut lire alors, derrière les étincelles de joie qui pétillent dans son regard, une détermination surprenante. Elle prend avec délicatesse, quoique sans savoir le tenir, l'objet qu'on lui tend. « Désormais, les bandits ayant un désir de mort ne pourront pas dire qu'ils n'ont pas été prévenu. »
Une légère ironie perce dans ses dernières paroles. Elle n'est pas dirigée contre Naasoqineq, mais plutôt contre Eylohr, qui vaque à de toutes autres affaires. Si celui-ci n'est pas capable de relier mage à magie (du feu, qui plus est), alors sans doute d'autres n'en sont pas capables non plus... Tant pis pour eux.
« Joli bestiau, au fait. Jamais vu des comme ça. »
« C'est Spoërri, mon Salkhi Shuurga. Elle est ma joie et mon honneur. » Loën place la main sur son cœur. « Les Salkhi sont des créatures peureuses mais puissantes. Évite, tant qu'elle ne sera pas habituée à ta présence, de t'approcher trop d'elle. En voulant t'esquiver, elle pourrait te blesser. En dehors de ça, elle n'est point agressive. »
Elle se penche sur l'étrange objet que lui a prêté Sakari. Un long manche de bois plaqué de fer, à l'extrémité duquel est attachée une sorte d'arc. Au milieu, différents crochets et encoches. Curieuse, elle tient l'arme du bout du doigt. Au moins, cela ne la rend pas malade.
« Dis-moi, amie, qu'est-ce que c'est, exactement ? Une sorte d'arc ? » |
| | | Invité
| Jeu 22 Mar - 23:22 | | |
- Marcher sur des œufs - ☼☼☼☼:
☼☼☼☼ Les conséquences de vos actions peuvent avoir un impact sur vos deux ou trois prochains RPs ainsi que votre background par des blessures graves, réussite difficile à obtenir, parcours semé d'obstacles. La prudence est de mise, niveau déconseillé aux débutants.
~ ~ ~ ~ ~ Depuis quelques jours, le capitaine du Mirador était un peu sur le nerf. Capitaine reconnu par ses pairs pour sa sévérité, mais surtout par le nombre de navires de l’UNE coulés. Dernièrement, il y avait eu des rumeurs à son sujet cependant, l’homme se serait laissé envoûter par une femme et en serait devenu moins gourmand de sang, mais davantage de bien. Pillage de village, attaque de navire marchand, le pirate avait semble-t-il d’autres objectifs qu’amener la mort partout où il passerait. Obnubilé par cette soudaine envie de fortune, de richesse, n’avait-il pas vu que son équipage commençait lentement mais sûrement à murmurer. On disait qu’il n’était plus cruel, on chantait qu’il avait passé l’âge ou pire que le cœur d’une femme l’avait destiné de son titre de grand capitaine du Mirador. Un soir, alors qu’il dormait sagement dans sa cabine, dans les bras d’une rouquine au corps bien trop parfait pour être réel, tout son navire fut pillé. À son réveil, il n’y avait ni peau de Matar, ni coquille d’œuf. Disparus. Tout comme certains membres de son équipage. Sa colère n’avait pas connu de limite et une certaine paranoïa avait fini par animer son esprit. C’est dans cet entrain de rancœur et son envie de vengeance particulièrement aiguisée qu’il avait rédigé le contrat. Le faisant passer dans toutes les tavernes, toutes les auberges, tous les vendeurs de reliques ou de substance étrange. Florin avait soif de comprendre, soit d’appliquer la sanction des pirates. Qui que ce soit, personne ne pourrait passer au travers des filets.
Florin attendait donc sagement que des courageux viennent le trouver, oh, il n’était pas resté sans rien faire, évidemment. Il avait déjà envoyé des hommes de confiance suivre la piste, les quelques indices, payés des catins pour obtenir des informations, mais pour l’heure, rien n’avait semble-t-il était suffisamment concluant pour lui. Tirant sur sa pipe, longuement, plusieurs fois, il laissait échapper un nuage de fumée aussi dense et grisâtre sur son état psychologique. Personne n’osait lui parler, personne n’osait venir le trouver sans avoir au moins quelques choses à lui offrir pour se défouler. Chacun des membres restants avait été interrogé pour ne pas dire torturé pour avoir des informations, mais aucun n’avait craché le moindre morceau. La manière utilisée n’était-elle pas la bonne ? Ou simplement le reste de l’équipage n’était-il réellement au courant de rien ? Peu importe, l’homme avait fini par abandonner. Autant ne pas tuer le peu qu’il lui restait. Son ego, lui, avait été terriblement entaché par la situation.
C’est donc dans une situation tendue que le groupe étrangement formé arrivait. Le reste de l’équipage affichait tous une moue fermée, peu agréable voir particulièrement agressive. Tous avaient au moins une marque récente sur le visage, tous avaient la peau légèrement poussiéreuse, poisseuse et une odeur corporelle quelque peu négligée. Le bateau en lui-même n’était pas désagréablement, visiblement bien entretenu et d’une qualité habituelle pour une caraque. Si « la déesse des cieux » de ce cher capitaine Florin avait à première vue tout d’une caraque commune, elle n’en restait pas moins pleine de petites subtilités. Pour un œil avisé il serait plutôt aisé de voir que de légère amélioration avait été apportée, l’esthétique aussi, le bois était gravé à certains endroit, les voiles dans une matière particulière et d’une couleur discrète. Cependant, pour un connaisseur tout aussi observateur, il est possible également de constater que ce n’est pas un des derniers modèles, mais un plus ancien qui conserve toute sa beauté grâce à son entretien régulier, les élises ne vont pas énormément de bruit et seul quelques que « vrou vrou » restent perceptible. La bateau posé actuellement, ce qui laisse penser que sa magilithe doit être en train de rechercher, à premier vu difficile de déterminer depuis combien de temps.
Le matelot qui vient de se faire interpeller s’approche du bord, là où se trouve le petit pont reliant le sol au niveau. Il s’appuie sur le manche, dans un équilibre un peu précaire, renifle bruyamment, se frotte le front avant de daigner enfin observe l’étrange trio. C’est l’animal dans un premier temps qui attirer son attention, il n’a jamais vu de telle bestiole, peut-être dans un cirque une fois, mais la bête avait fini par clapser. Le membre d’équipage semblait tellement obnubilé par la créature mi-poney mi-chèvre –du moins à ses yeux- que le géant avait très certainement dû se refaire attendre avant d’obtenir l’attention méritée.
- « Qui ça ? » fit-il en s’essuyant le nez de son avant-bras droit « Fais pas froid qu’est-ce tu racontes… Restez pas là, vous'’faites de l’ombre à notre déesse. »
Il renifla une nouvelle fois, lui il ne connaissait ni De je sais pas quoi, ni de géant du froid. Il reste encore un instant comme ça, à regarder tour à tour le groupe étrange, reniflant de temps à autre, se massant l’arrière du crâne. Le capitaine il lui a bien dit de ne faire rentrer personne sans bonne raison. Ça, ça devait pas être une bonne raison. Il finit par rouler des yeux, alors qu’un autre manque d’équipage vient le rejoindre. Il n’a pas l’air franchement ravi de voir Gérard rêvasser comme ça. Il lui met une tape dans le dos, forte, impressionnante, ce qui manque de faire chuter le premier observateur.
- « Bouge ton cul, on r’décolle de-» il regarde à son tour le groupe, fronce les sourcils « V’nez pour le contrat ? »
Ah, lui il a l’air d’être un peu plus renseigné que le premier, qui délaisse du coup sa position pour repartir travailler. L’homme qui fait à présent face au groupe est plus grand, imposant, une carrure large, des cicatrices visibles un peu partout, notamment au niveau de l’œil droit qui est du coup complètement voilé. Difficile de savoir s’il a encore sa vision complète ou non. Toujours est-il qu’il observe calmement le groupe.
- « La bête monte pas, elle reste là, vos armes à la porte. Toutes vos armes ça ne sert à rien d’essayer d’en cacher, vous n’allez pas nous obliger à vous mettre à poil pas vrai ? »
C’était une question qui ne s’attendait pas à obtenir de réponse. Sa voix était grave, il avait l’air sérieux. Aucun doute possible qu’en cas de tentative perçu de manipulation ou de dissimulation que l’équipage n’hésiterait pas une seule seconde à faire dévêtir entièrement le trio. Les autres membres de l’équipage poursuivent leur occupation, ne s’en détournent pas. À première vue et à cette distance, trois ou quatre hommes doivent être visible par le groupe, tout au plus. L’homme ne se présente pas, fait signe à la troupe d’entrer et il laissera d’ailleurs tout le monde monter si ses conditions son respecté.
- « Gérard, va p’revnir le cap’taine qu’il a du monde pour son projet. Il comprendra. »
L’homme abandonne immédiatement son balai sur le sol pour se précipiter à l’intérieur. Visiblement ce n’est pas dans les habitudes du navire de ne pas respecter les ordres. D’ailleurs le pirate n’a pas pour habitude qu’on vienne entraver ses demandes. Il parle, on obéit c’est tout. Une fois sur le pont principal, l’odeur du rhum, ou d’un restant de beuverie un peu trop prononcé peut rapidement venir caresser les narines des ‘chanceux’ étant parvenues à monter. Le lieu fermé semble gigantesque, un peu trop même. La porte est fermé, à sa droite, une espèce de râtelier improvisé semble avoir était installée. L’énorme mat principal se trouve également sur ce pont, dont les décorations et gravures du bois peuvent enfin davantage se définir. Cela représente des hommes et des femmes, l’épée à la main. Des petits bâtons rayés par-ci par-là et des noms rayés ou non. Encore fallait-il le voir, ou prendre le temps de l’observer.
- « Vous laissez les armes là.» Le gros gabarit montre le râtelier d’un geste brusque de la main « Puis vous poussez la porte et vous rentrez, l’capitaine vous attend. »
Évidemment au moment de rentrer il y aurait une inspection, pas trop intime, mais suffisamment exigeante pour potentiellement percevoir toute arme dissimulée. Une fois le seuil de la porte passé, le groupe pouvait découvrir un lieu où l’alcool était maître et la nourriture aussi visiblement, tout du moins, ce qui restait de la petite fiesta déprime qu’avait offert le capitaine… Ou alors était-ce autre chose que ce qu’on pouvait croire ? Qui sait. Le commanditaire du contrat était assis au centre, les pieds sur la table, la chaise en équilibre pour pouvoir se balancer. Un verre de rhum à la main et le regard particulièrement froid.
- « Regardez que vla pas des courageux ! Un homme qui a dû siffler trop de soupe et deux donzelles. » il avale une gorgée, les jambes de Gérard claque entre elles ça à l’air de l’agacer, mais il semble vouloir l’ignorer « Bah, prenez une chaise ! Dites-moi un peu c’que vous v’nez faire… Vous z’allez vous présenter au vieux loup des cieux non ? » il retombe sur sa chaise, les quatre pieds du meuble sur le sol « Commence pas à m’bavez d’sous j’sais pas quoi, je le connais pas, le truc du froid non plus je le connais pas. J’veux savoir ce que vous avez dans le bide… Toi l’gros, j’ai bien une p’tite idée. » il ricane un peu « Alors z’êtes qui ? Et comment que j’sais que j’peux vous faire confiance ? »
- Informations :
• Pour moi même : Le nouveau second parle en #cc9966Le capitaine parle en #33cc33Gérard parle en 669999• Ordre de passage : - Eylohr, Sakari, Loën puis MJ Possible de changer l'ordre de passage en cas d'action/réaction importante significative ou en vous arrangeant entre vous. Pensez juste à me prévenir • Si vous pouviez sous spoiler dans votre prochain post me faire un topo des armes que vous actuellement sur vous ça serez cool, merci •
- La caraque :
[Rang 3] La caraqueNous en venons finalement au fer de lance de l'industrie aéronautique Daënar, la caraque. Si son nom ne paye pas de mine, et ne fait que reprendre l'apparence des ancêtres des galions, son efficacité n'est quant à elle, plus à démontrer. La découverte des magilithes a permis aux ingénieurs de faire un immense pas en avant dans l'élaboration de leurs projets les plus fous, et l'idée d'exploiter les aéro-magilithes pour permettre aux aéronefs de ne plus souffrir de l'inconvénient du ballon a très rapidement germé dans les esprits, jusqu'à donner les premiers modèles de caraque. Les innombrables machines ont donc laissé place à une magilithe colossale, dont l'énergie se retrouve être convertie pour alimenter les voiles du navire, mais également les nombreuses hélices qui parviennent par ce biais à élever dans les airs ces tonnes de bois et de métal. Bien moins contraignant et coûteux sur le long terme, l'emploi de magilithes permet également au navire d'embarquer avec lui des armements bien plus lourds tels que des balistes ou des canons à poudre, mais aussi et surtout de ne plus souffrir de la prise au vent, et donc des problèmes de manœuvrabilité. En bref, un atout indéniable pour l'armée Daënar, qui peine malgré tout à se procurer de tels engins tant il est difficile de trouver des magilithes suffisamment grosses, mais aussi de parvenir à la tailler et à la purifier pour en faire un moteur viable. N.B.: Il est à noter que la magilithe se vide au fur et à mesure de son utilisation, si bien que la caraque doit généralement rester au sol plusieurs jours le temps que le cristal se recharge naturellement. Le record d'autonomie revient au R.R. Alexandria, capable de voler 17 jours avant de devoir se poser. Usages : La construction et l'utilisation des caraques a d'abord été un privilège réservé à l'armée daënar, jusqu'à ce que de riches entrepreneurs parviennent à collecter suffisamment de fonds pour s'offrir de tels engins, bien souvent à des fins commerciales et parfois personnelles. Parmi ces derniers, la Compagnie des Échanges Libres se place en tête de liste, suivie par quelques guildes et autres sociétés un peu moins réputées. Cependant, le gouvernement tente de limiter l'acquisition de ces navires par les civils en raison de la recrudescence de ce que l'on nomme aujourd'hui " les pirates du ciel", qui se plaisent à louer leurs services aux ennemis de Daënastre pour des missions de sabotage et autres escarmouches qui mettent à mal l'économie de certaines régions...
Dernière édition par Khavdar & Süriyee le Dim 25 Mar - 23:06, édité 1 fois |
| | | Eylohr Lothar
| Dim 25 Mar - 16:57 | | Irys : 401379 Profession : Terroriste en fuite - Hermite
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- Eylohr était déjà sur les dents. Ce matelot qui n’y comprenait rien l’énervait déjà. S’il n’était pas là pour le contrat et si l’ambiance n’était pas aussi tendue qu’à ce moment-là, il l’aurait tué sans attendre. Au vu de son état et de sa façon d’être, cette épave ne servirait pas à grand-chose sur le navire. Tout juste était-il bon à passer le balai apparemment. Mais il ne fallait pas perdre de temps avec cela, et il ne fallait pas non plus céder à l’emportement. Il pourrait en tuer un, deux, peut-être un peu plus, mais rien n’indiquait au géant qu’il était en position de force.
Le second marin, lui, semblait bien plus au courant des faits. Il avait tout de suite saisi le pourquoi du comment de cette visite. Mais l’ambiance de tension refaisait surface avec rapidité. Pas de bestioles et pas d’armes. Ouuuuuuh, cette idée n’enchantait pas, mais alors pas du tout, le géant qui jamais ne se séparait de toutes ses armes. Il en avait toujours une à portée, souvent, celle à sa cheville. Il reste immobile quelques temps, rumine dans sa barge et après quelques grimaces, fit un signe de tête, témoignage de sa coopération de celle du groupe.
Il avance, gravit le pont et se présente sur le navire, devant le marin qui ne se présente pas, ne parle pas et reste impassible. Eylohr fit de même, non pas pour copier, mais parce que c’était dans sa nature. Il était suspicieux. Il ne savait pas ce qu’allait donner cette entrevue, ni comment celle-ci se passerait. Et l’idée d’avancer dans des eaux aussi troubles que celles qu’il est en train d’aborder, sans armes, sans munitions, ne lui plait absolument pas. Pourtant, il va falloir avancer et démêler tout cela. Eylohr n’était pas revenu ici parce que sa terre natale lui manquait mais bel et bien parce que la récompense était conséquente. Alors, il s’exécute. Il s’avance vers la porte et le râtelier qui s’y trouve. Il dépose ses deux revolvers calibre 44mm et sa bandoulière à munition. Il dépose également son épée, son fusil à double canon ainsi que la ceinture de munitions qui allait avec et sa hache d’arme imposante. Et pour terminer, il enleva son gigantesque couteau de combat du fourreau à sa cheville et le posa également sur le râtelier. C’était comme s’il était nu. Et il n’aimait absolument pas cela.
Une fouille en règle et voilà qu’ils peuvent enfin entrer dans la cabine. Quel spectacle. L’odeur était âpre et écœurante pour ceux qui viennent de l’extérieur où l’air frais de la mer et des montagnes enneigées était bien plus appréciable et vivifiant. Eylohr décrocha un rictus nerveux qu’il ravisa aussi vite que possible. Et tandis qu’il avançait au milieu de toute cette nourriture et de ces fragrances acerbes, il se présenta devant le capitaine commanditaire qui, déjà, semblait le juger.
- « Regardez que vla pas des courageux ! Un homme qui a dû siffler trop de soupe et deux donzelles. » il avale une gorgée, les jambes de Gérard claque entre elles ça à l’air de l’agacer, mais il semble vouloir l’ignorer « Bah, prenez une chance ! Dites-moi un peu c’que vous v’nez faire… Vous z’allez vous présenter au vieux loup des cieux non ? » il retombe sur sa chaise, les quatre pieds du meuble sur le sol « Commence pas à m’bavez d’sous j’sais pas quoi, je le connais pas, le truc du froid non plus je le connais pas. J’veux savoir ce que vous avez dans le bide… Toi l’gros, j’ai bien une p’tite idée. » il ricane un peu « Alors z’êtes qui ? Et comment que j’sais que j’peux vous faire confiance ? »
Eylohr expira longuement, signe extérieur d’une profonde impatience et d’une colère qui couve en permanence, tel un volcan, que la moindre secousse pourrait faire entrer en éruption. Il serra ses dents à plusieurs reprises, ses muscles de sa mâchoire se faisant saillants par moments, puis il prit la parole.
- J’espère qu’t’es plus futé qu’ton homme qu’a rien capté de c’que j’avais dit t’t’à l’heure Dit Eylohr qui avait toutes les peines du monde à contenir sa rage. On dirait qu’ton larbin ta répété c’que j’t’ai dis alors t’sais qui j’suis. J’laisse les donzelles s’présenter pour elles. Mais j’vais t’dire un truc. J’aurais pas traversé l’moitié d’la planète pour c’contrat si j’tais pas qu’qu’un d’confiance. On est là pour l’contrat, on est là pour l’récompense. Alors ? On parle ? demandait-il de sa voix grave et sombre.
- Equipement:
Equipement d'Eylohr : -Une très grande hache d'arme à double tranchant. -Deux revolvers calibres 44mm à 6 coups -Une bandoulière en cuir contenant une 120 cartouches dans différentes musettes. -Un fusil à double canon -Une ceinture à munition avec 40 cartouches. -Une épée simple. -Un couteau de combat de 40cm de long et 6 de large qu'il porte à la cheville droite.
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| | | Invité
| Dim 25 Mar - 23:12 | | | Le conseil de Loën concernant sa monture fit légèrement reculer Sakari. De toutes façon, elle n’avait aucune envie de s’approcher de ce grand animal. Un Spa au riz sale qui se regarde, qu’elle appelait ça. Décidément, les Mÿ’trans étaient des gens tout à fait fréquentables, sauf pour ce qui était de leurs noms propres. Et c’était mignon de la voir tenir cette arme sans comprendre son mécanisme. Sakari avait une impression de déjà vu. Elle se voyait, quelques années plus tôt, dans cette ville, découvrant un fusil, qui contrairement à ceux qu’on peut trouver en Nunaqortoq, était neuf et d’un modèle récent. L’étonnement, la curiosité, l’incompréhension. Elle se serait faite un plaisir d’entrer dans des considérations techniques si la voix d’un marin ne les avait pas interrompue. « Oh, ben, je t’expliquerai ça plus tard. »
Décidément, les manières orales de ces messieurs enchantaient les oreilles de Sakari, qui se sentait rajeunir de quelques années. Elle avait à nouveau vingt-cinq ans et négociait des peaux, des fourrures et des restes de matar le couteau dans la main et avec d’autres gens de son peuple, certes sous-armés, mais suffisamment imposants pour ne pas se faire rouler par des contrebandiers daënars armés d’engins à poudre. Elle se revoyait abattre d’an coup dans le dos son premier humain au fusil, alors qu’il fuyait dans une ruelle presque déserte d’Aildor. C’était bien différent du premier Khashan qu’elle avait tué alors qu,elle n’avait que dix-neuf ans. Elle se revoyait saisir un capitaine pirate par le col dans une taverne où créchait tout son équipage et lui vider les entrailles au vu et au su de tous, cracher sur son cadavre et crier que le prochain qui roulera son patron du moment aura affaire à elle. Le bon vieux temps. Elle déposa toutes sas armes et entra. Comme elle désirait plus que tout entrer dans la danse verbale, Sakari n’attendit pas qu’on répondit à Eylohr. Si ça parlait de se disputer le bout de gras, elle savait faire. De plus, contrairement à son compagnon qui rasait le plafond, elle était beaucoup moins intimidante, de meilleure humeur et avait un air enjoué et amical. Naturellement, elle ne fut pas consciente qu’elle tranchait assez puissamment avec l’ambiance à couteaux tirés qui s’était installée, mais ça le lui posa pas problème le moins du monde – pour peu qu’elle eut remarqué ladite ambiance, entre deux souvenirs qui remontaient à la surface. Elle prit donc une chaise. Ces choses-là ne se refusent pas. Elle se retourna vers ses compagnons. « Ben allez vous autres, les sièges ne sont pas là en location, quoi. »
« Ouais, bon, du coup. Enchantée, moi c’est Sakari Naasoqineq de Nunaqortoq, lui le grand c’est Aile d’or le tard, d’Aildor, et elle c’est la haine, de Montra. Et vous c’est… Fleur une du mie au rat d’or, si je me souviens bien. » L’accent des gens de Marnaka est quelque chose de terriblement cocasse. « Pour la question de la confiance, bah hé, on a posé nos armes à l’entrée, donc si on voulait vous dézinguer, le sol serait déjà rouge. Nan, on est ici pour le contrat et l’histoire avec votre second, là. Comme l’a dit mon compagnon. Oh, c’est pas que j’en ai quoi que ce soit à cirer de vos histoires de ressources humaines, hein ! C’est pour le pognon, comme tout le monde, hein, hé, oh. Alors, si je me souviens bien… 45 000 irys, et ce que le pirate a sur lui se négocie, bon. Écoutez, moi ça me va bien, sauf erreur je parle pour le groupe, sinon on serait pas là. Quoi qu’il en soit, plus on perd de temps à pinailler plus les infos que vous avez sur où, combien, quelles armes, deviennent périmées. Plus tôt on est en route pour leur faire la peau, meilleur ce sera. » |
| | | Invité
| Mar 27 Mar - 22:23 | | | « Oh, ben, je t’expliquerai ça plus tard. » En effet, le temps passe et déjà les marins hélés par la grande brute reviennent et indiquent à grands gestes et effets sonores les conditions pour monter sur le navire. Pas de Spoërri, pas d'armes. C'est mignon, comme demande. D'un geste secret, Loën fait ployer sa monture qui descend les soutes à son niveau. Elle y dépose l'étrange objet que vient de lui offrir Naasoqineq, ses couteaux et son or. Plus rien sur elle, si ce n'est un fin papier de velin plié en trois qu'elle glisse dans une de ses profondes poches. Spoërri se redresse et fait quelques pas, s'éloignant de sa maîtresse. L'animal est intelligent : il reste proche du navire, au cas où ils devraient réaliser une retraite précipité, tout en se mettant à l'abri des flèches. C'est que la Salkhi a eu l'occasion d'y goûter et elle n'a pas envie de réessayer. Mais le groupe n'a pas le temps de s'attarder : déjà il monte sur le navire, suivant le marin à la cicatrice. Il a l'air plus compétent que le premier demeuré, c'est un bon point. Plus méfiant aussi, plus retord. Mais Loën ne s'attarde pas sur lui : déjà, un ennemi vicieux fait son entrée. Loën s'agrippe fermement mais discrètement à la rambarde : heureusement, comme elle est la dernière de la file, ses deux acolytes n'ont rien remarqué. Le marin, c'est moins sûr... Il a peut-être des yeux malades mais ils ne manquent pas d'être perçant. Qu'importe : ce n'est pas un peu de roulis marin qui va empêcher Loën de mener sa mission à bien. Elle se redresse, lâche crânement le garde-fou et marche aussi fièrement qu'elle le peut en direction du râtelier, où elle s'appuie nonchalamment sur le mât. (Presque) impeccable. Par tous les Architectes, que cette mission se fasse dans l'intérieur des terres... Un petit bonhomme rachitique aux allures de singe s'approche d'elle, les mains baladeuses. Avec un air mi-effrayé par la grande jeune femme, mi-ravi par la perspective, l'ignoble créature pose les mains sur sa cape. Pas longtemps. « TAK » claque-t-elle la langue, le visage crispé de dégoût. Loën se saisit de son ülten, le dégrafe et le pose sur le râtelier. Il est hors de question que ce dépravé touche de ses mains sa marque-clan. Elle est maintenant torse-nu ou presque : il est clair qu'elle n'a rien sous la bandages qui cache sa poitrine ; son ventre est à l'air, elle déchausse ses pieds. « Attention où tu poses tes mains, crapaud ! ». Ce disant, elle darde hautainement la créature lubrique qui n'en mène pas large. Il palpe rapidement mais soigneusement son pantalon, n'y sent rien, bien sûr, d'autre que la feuille de papier. Pas d'arme donc, et il n'a pas le courage de tirer le papier. Elle est flippante, la bonne femme... Néanmoins, pas armée, check, vérifié, papiers en ordre, on peut y aller. Sweet summer child...On les mène alors dans un bureau, où est avachi l'exacte image mentale que Loën se faisait du capitaine Florin. Vu la terreur qu'il inspire au pauvre demeuré qu'Eylohr a interpellé plus tôt, les reliefs de victuailles et la posture agressive et pleine d'assurance de l'homme qui les toise, il ne peut y avoir erreur sur la personne. Et l'accueil de le confirmer... « Regardez que vla pas des courageux ! Un homme qui a dû siffler trop de soupe et deux donzelles. Bah, prenez une chaise ! Dites-moi un peu c’que vous v’nez faire… Vous z’allez vous présenter au vieux loup des cieux non ? Commence pas à m’bavez d’sous j’sais pas quoi, je le connais pas, le truc du froid non plus je le connais pas. J’veux savoir ce que vous avez dans le bide… Toi l’gros, j’ai bien une p’tite idée. Alors z’êtes qui ? Et comment que j’sais que j’peux vous faire confiance ? » Eylohr implose. … Ah ? Non, il se contient. Il a plus de retenue qu'il n'y paraît. C'est qu'il soit se sentir bien vulnérable, ce grand lard, sans ses jouets de métal. Heureusement, Sakari s'interpose, calme le jeu. Expose ses intentions. Bigre, l'unité du groupe va être complexe à gérer. Bien peu de buts communs entre ces trois-là... Il lui faudra regarder par-dessus son épaule constamment. Loën n'accepte pas la proposition de Sakari. Pas encore. Elle laisse parler la jeune femme, puis s'avance. Sakari est assise à sa droite, Eylohr debout à sa gauche, toujours fulminant. « Qui je suis, capitaine, tu devrais t'en douter. Tu as demandé de l'aide pour rattraper tes mutins. Voilà l'aide arrivée. Je suis fille de Loën, guerrière du clan Po M'Bak, adoratrice de Süns et je travaille pour le Conseil de Butsakh. ». Elle esquisse d'un geste dédaigneux les ruines qui encombrent la table. Visiblement le ruffin a su vivre des fonds avancés par Kharaal Gazar. « As-tu déjà oublié ? Tes clients, de Butsakh. Ceux à qui tu dois une cargaison entière de coquilles de Matar. » Un regard à Naasoqineq. Négocier le butin... A voir. « Ceux auprès de qui tu n'as pas pu tenir tes engagements. Ceux qui m'ont envoyé. » Elle sort alors de sa poche un papier. Le papier. Une lettre cachetée fournie par ses employeurs, par les employeurs de Florin, exprimant en termes aussi subtils qu'acides la déception inspirée par le capitaine. Une introduction en bonne et due forme de l'adepte de Süns « chargée de ramener le chargement à bon port », à savoir celui de Butsakh. Un développement court mais concret sur le soutien absolu à apporter à la femme intimidante et chamarrée qui lui fait maintenant face. Une conclusion admirablement phrasée de quelques menaces à peine voilées (quand on connaît ses Aildorains, on les honore). En somme, une merveille de lettre d'introduction. « Je viens réclamer ta dette. Maintenant, parle. » - Spoiler:
Armes: - Deux couteaux. Un utilitaire, genre petit poignard, le second plutôt taille dague. Le second est de meilleure facture que le premier. - Un arc longue portée et une cinquantaine de flèches. - Une arbalète, avec les minutions que Sakari a acheté (?)
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| | | Invité
| Mer 28 Mar - 18:07 | | |
- Mjitage : Influence de l’interlocuteur : a écrit:
- Niveau de difficulté modéré ]
Réussite : Dé égal ou supérieur à 13
• Eylohr : Malus de -1 pour chercher le capitaine Lancement du dé : 6 – 1 = 5 échec;
• Sakari : Aucun bonus ou malus appliqués Lancement du dé : 15 réussite ;
• Loën : Bonus de +1 pour les arguments (lettre) Lancement du dé : 16 + 1 = 17 réussite.
Installé sur sa chaise, le capitaine dévisageait sans aucune gêne les différentes personnes se trouvant face à lui. Il n’y avait rien de plus simple qu’agacer, venir titiller gentiment la patience d’un interlocuteur. Unique façon de tester la résistance, mais aussi l’intelligence de ceux prétendant vouloir réaliser un contrat de ce type. Un sourire mauvais sur les lèvres, le responsable du navire haussa un sourcil, le géant semblait se retenir, retenir une pulsion, un agacement débordant. Avait-il déjà réussi à toucher la corde sensible ? Terrible déception, terrible fin de partie. Comment le grand homme avait eu l’illusion de croire être une personne importante, cruelle naïveté. Un titre ça se gagnait à la sueur du front, à la richesse, au litre de sang versé et aux années d’expériences, surtout avec le dernier point d’ailleurs, alors lui, il était quoi ? Une simple petite mouche à merde venue pour profiter du malheur d’un capitaine de renom qui avait eu le malheur de baisser sa garde une seule et unique petite fois. Le marin s’était quelque peu redressé de sa chaise, agacé par le comportement, par ce manque de respect flagrant. Il s’apprêtait d’ailleurs, certainement déjà à congédier le groupe, quand une des deux gonzesses décida à prendre la parole.
Ainsi il avait enfin des noms, du moins, un début de quelque chose qui semblait lui convenir. Le quarantenaire attrapa sa chope encore remplie la portant à ses lèvres pour avaler une longue gorgée bruyante. Si cette femme n’était pas intervenue, aucun doute que tout s’arrêtait déjà là pour la petite équipe. Prenant une légère inspiration, il montra les différentes chaises présentes, afin de joindre la parole de la jeune femme aux gestes. À eux de décider de la poursuite des événements, partir sur des bases saines ou quelque peu différentes. Se raclant la gorge bruyamment il sembla enfin remarquer la dernière donzelle ou plutôt créature obscure qui ne lui inspirait absolument rien de positif. C’est que ça cause une bonne femme, un peu trop même. Celle qui se trouve juste en face de lui lui dit des mots qu’il n’aime pas. Lui elle préfère quand les bonnes femmes sont sous son corps encore bien entretenu à gémir des mots interdits. La voir pleine d’assurance, sous-entendre qu’elle était là pour rattraper un possible échec, ça lui plaisait pas loin de là. Récupérant la lettre, il la zieuta d’un œil perplexe, avant de la déposer sur la table, non loin de ses doigts. Il se réajusta doucement dans son siège, prenant une posture plus sérieuse, beaucoup plus responsable.
- « Bien, maintenant que les présentations sont faites » fit-il froidement « Et que vos deux concubines semblent avoir rattrapé votre surplus de confiance, installez-vous, qu’on discute. » Le capitaine avisa Sakari « On ne parlera récompense que lorsque ma marchandise sera dans ma soute et que le bougre responsable de tout ça sautera en plein vol de mon navire. » Première chose « Celle-ci sera évidemment à la hauteur de ma réputation, n’en doutez pas. »
Il se releva, sortit une pipe de sa poche pour venir l’allumer et tirer dessus. Laissant échapper un nuage de fumée gris. Si peu de temps avant il avait montré le visage du capitaine fier et redoutable, certainement un peu con aussi. Il n’en restait pas moins inquiet.
- « Toi retourne bosser » dit-il à celui dont les jambes claquaient encore entre elles, l’homme n’attendit guère longtemps avant d’obéir. « Que dire de plus que ce que dit le contrat… Le gars le plus fiable que je pensais avoir dans mon équipage c’est barré avec ma cargaison, en une nuit, j’ai rien entendu, mes hommes non plus, je crois » il doutait, s’était perceptible « Trahi par son propre sang, si ce n’est pas une douce mise en garde de l’existence. » il roule des épaules « Ça c’est passé y a un mois main’nant. »
L’homme plutôt grand en taille, s’éloigne du groupe, s’assure que la porte est bien fermée et que personne n’entend réellement ses paroles. Admettre ouvertement douter de son équipage en entier n’était certainement pas une bonne chose. Pourtant, là était bien la réalité de la situation. Une nouvelle fois, il tira sur sa pipe, recrachant en direction du groupe la fumée qui ne tardait évidemment pas à se dissiper.
- « Aucune trace, rien, hormis la certitude qui doivent se terrer dans un coin. Il n’a pas de bateau, il peut-être qu’en ville, peut-être dans une autre non loin, qui sait ? Pas moi… J’ai fais passer le mot à toutes les catins de la région, joué sur mes relations. C’est comme si lui et les fuyards avaient disparu. P’tetre que des gens extérieurs parviendraient à en savoir plus ? P’tetre que vous, vous le trouverez. Moi j’suis dans le mur et j’dois bien avouer que ça me donne envie de faire bouffer le sol à mon équipage dès qu’un d’eux ouvre la bouche. »
Il revient jusqu’à sa chaise, se laisse tomber dessus, soupirant avec force.
- « Je sais pas grand-chose de plus. Il avait organisé une petite sauterie sur le navire pour fêter notre dernier pillage et la venue de Méra dans l’équipage. » il roule des épaules « Rien ne pouvait laisser entrevoir ce qu’il avait l’intention de faire… » il grogne à moitié, sa voix devient plus froide, plus grave « Les peaux de Matar, les coquilles d’œufs… j’ai plus rien et ceux à qui je devais livrer » il appuya son regard sur Loën « sont pas franchement content et ça s’comprend vu le prix payé. » Il roule des yeux « Vous avez l’équipage à disposition pour vos questions, moi-même si vous avez des questions… Mais ne perdez pas de temps. Si vous réussissez, votre récompense sera à la hauteur. »
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| | | Invité
| Jeu 29 Mar - 19:45 | | | Plusieurs battements de cil rapides se succédèrent. Concubine ? S’il ne semblait pas être un aussi bon combattant, Sakari se serait sans doute déjà ruée sur lui pour le stranguler avec ses intestins arrachés à la main. Et en plus il fumait. Elle ne supportait pas les relents âcres du tube d’herbes séchées qu’il trimballait au bout de son bec, et s’en fallut de peu pour qu’elle tousse comme un jeune Daënar à sa première cigarette. L’important, comme on disait à Aildor, c’est qu’il paye comptant. Répéter cette phrase avait permis de supporter bien des patrons insupportables. Le langage, c’était plus que bienvenu, les manières, ça allait, proposer un siège c’était gentil, mais l’appeler comme ça, alors là non. C’était un peu fort.
Il était évident qu’un vent de mécontentement soufflait à bord de la Mie au Rat d’or. Si Fleur Une cherchait à se venger depuis un mois, ça voulait dire que depuis un mois ses gens n’avaient pas été payés, ou en tout cas ne s’étaient pas lancés dans de gros coups qui auraient mis en péril la quête de vengeance. Quoi qu’il en soit, quand un capitaine a des idées fixes, ce n’est jamais bon signe. L’acharnement mène au sacrifice, chose que jamais un pirate ne consent facilement. On compte de nombreux équipages s’étant mutinés parce qu’on leur avait proposé une affaire juteuse mais risquée, ou simplement s’étalant sur le temps long et requérant le secret. Il serait aisé d’exploiter ces failles. Poser les bonnes et les mauvaises questions au bonnes et aux mauvaises personnes. Qui plus est, leur présence sur ce navire n’était sans doute pas des plus appréciée. Des mercenaires, ça voulait dire que d’une part le capitaine persistait, d’autre part que le butin des membres d’équipage allait être entamé, et enfin qu’on ne leur faisait pas confiance. Chose toute naturelle, mais qu’il faut éviter de dévoiler au grand jour. À courte portée donc, les objectifs de l’équipe seraient d’essayer d’en savoir le plus possible, et de parvenir à se gagner l’équipage et le capitaine, tout en promettant aux deux parties qu’on était plus dans son camp que dans celui de l’autre.
L’air innocent, Sakari sortit un petit calepin et un crayon. « Vous permettez ? Je prends des notes. Juste pour être sûre de ne rien oublier. » C’est effectivement ce qu’elle fit, notant les dires intéressants du capitaine, et glissant un petit mot à Eylohr. « Du coup, si ça vous embête pas, j’vais vous poser quelques questions, juste pour qu’on soit sûrs de bien saisir et de faire notre boulot au mieux. » Malgré le fait qu’elle avait du mal à apprécier cet homme, la conscience professionnelle l’emportait naturellement, et elle s’exprimait dans une voix douce et aimable. Il ne fallait pas donner l’impression qu’elle l’interrogeait comme on le ferait d’un prévenu, ce qui était pourtant sensiblement le cas. « Ah ouais, et, heu, Aile d’or, si tu veux bien, tu pourrais aller savoir ce qu’en pensent les marins, s’teuplé ? Tiens. » Elle lui tendit la feuille arrachée de son calepin. Dessus, les notes sur le monologue du capitaine, soit autant de points à vérifier, et un petit mot. Conseil : fais croire que le capitaine est contre nous si ça bloque → méfiance des marins envers lui à exploiter : en savent plus que lui c’est sûr, mais lui disent pas = on doit pas avoir l’air d’être trop avec lui Sois gentil. Ou invite-les boire. Voire les deux. Elle avait ponctué cette dernière phrase par un petit visage qui souriait. Ça faisait très enfantin, mais elle n’avait évidemment aucune idée du décalage entre cette petite attention et l’apparence de son camarade, et si c’eût été le cas, elle n’en aurait eu cure.
« Et toi, L’eau aime… Ben, heu, je sais pas, tu veux aller avec lui, ou bien tu veux rester ici ? Comme t’as l’air de tenir à défendre ta part… » … mais que d’un autre côté, je vois bien que tu as envie de te tailler parce qu’il t’insupporte aussi. Sakari avait essayé de rendre le sous-texte clair avec des petites expression faciales montrant un peu la gêne probablement ressentie en restant ici. Elle avait aussi fait un effort de prononciation sur son nom. Quoi qu’il en soit, il fallait les poser, à un moment, ces questions. Elle sortit une autre feuille. « Du coup, capitaine, si vous voulez bien. Votre marchandise, vous pensez qu’un homme, ou deux, auraient pu s’en charger en une nuit sans bruit, ou vous diriez que c’était impossible sans une aide extérieure plus importante ? Vous étiez au port, quand c’est arrivé ? Un mois, et la marchandise n’est réapparue sur aucun marché noir ? Ils étaient combien, exactement ? Deux, c’est ça, Mumuse et Mourra ? D’ailleurs, elle, vous la connaissiez ? Normalement, vous devez vous renseigner avant d’engager quelqu’un, vous savez si elle avait des relations ? Même question pour votre second, ceci dit. Comment vous décririez les relations entre Mourra et l’équipage ? » |
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| Mer 9 Mai - 23:26 | | | Un éclair, un instant de lucidité. « Qu'est-ce que je vous fous là. » Un cri de panique viscéral qui s'arrête juste avant la glotte, tandis que Loën regarde d'un œil sidéré la petite boulette adresser ses ordres au grand monceau de colère. Tout a mal commencé, aussi. Tout d'abord, l'inexpérience de Loën ne joue pas en sa faveur. A cette bleue on a fait avaler l'hameçon, l’appât et la canne-à-pêche : de toute évidence, le précieux sésame n'a pas eu les effets escomptés. Loin de là, même, pour en arriver à qualifier de... de concubine une fière adoratrice de Süns dans le ventre d'un bateau qui, tout humide qu'il est, reste en bois. L'estime craintive que distille Kharaal Gazar n'a pas survécu aux vastes eaux salées des mers du Nord et toute trace de respect a disparu du cœur de Florin... A supposer qu'il en ait jamais eu pour ses commanditaires. Cela, Loën le supportera. Elle n’a pas subi tant de privations pour retourner bredouille après avoir explosé (à) la figure d’un rustre aviné. Non, la vulgarité du capitaine n’est guère plus qu’une énième vague venant lécher l’imperturbable rocher zolien. Il en faudra plus pour ébranler Loën. Et justement, ce plus s’active énergiquement à dynamiter la confiance naturelle de la jeune femme. Le capitaine les prend au sérieux, au moins. Il allume sa grosse pipe et aussitôt vient alourdir l’atmosphère crasseuse et humide d’un nuage piquant et acre. Des souvenirs joyeux et nostalgiques montent à la tête de Loën, qui s’empresse de les chasser. Pas maintenant, pas maintenant. Il faut bannir les soirées chaudes sous le ciel piqueté d’étoiles pour se concentrer sur cet homme frustre et triste qui raconte l’histoire d’une vie ratée. Loën, toujours debout mais le dos contre la paroi pour prévenir les effets pervers du roulis marin, écoute avec intérêt Florin entrer dans le vif du sujet. Mais cet intérêt semble encore bien pâle à côté de celui de Sakari qui, par les plumes de Süns, en prend des notes ! Et c’est là que les choses dégénèrent. Interloquée, Loën se redresse. A-t-elle bien vu ? Oui, elle n’a pas rêvé. Naasoqineq vient non seulement de congédier sans complexe l’homme dont le poing fait la taille de sa tête, mais également d’en faire son petit chien. Et nous revoilà à l’éclair de lucidité – car il n’est jamais trop tard pour réaliser. Ça va péter, et pas seulement parce que, par réflexe, une légère étincelle de nervosité crépite dans la paume de Loën, trop ténue pour être perçue. S’attendant à tout moment voir le géant enfoncer d’un coup de chaise la tête de Sakari, Loën fait un pas, puis deux. Une légère tension, un regard soudain centré sur la jeune inconsciente et son futur camarade de boucherie, rien d’autre ne traduit son inquiétude soudaine. Et puis, c’est au tour de Loën de recevoir sa part d’ordre de la petite chef improvisée. Qui la regarde d’un air toujours aussi compréhensif et inconscient. Mais que répondre ? Comment désamorcer la situation ? Sakari s’arroge sans complexe le rôle de chef, rôle qu’on ne peut laisser au sanguin Lothar dans de telles circonstances, qu’importe ses aptitudes. Difficile, devant le capitaine, de contester ce statut brutalement arrogé. Mais est-elle le choix approprié ? N’est-ce pas la porte ouverte à l’amputation partielle ou totale du butin, si tant est que la clique est une chance de le retrouver ? Après tout, elle ne sait rien de la petite boule de fourrure et la valeur de la cargaison dépasse largement le montant de la prime. Dans ces territoires hostiles, la jeune femme pourrait disparaître avec le beurre et l’argent du beurre sans réclamer son reste et Loën ne pourrait rien y faire. Et c’est justement pour cela que l’adoratrice de Süns ne peut se passer de sa présence : toute adepte du feu qu’elle est, se retrouver dans les immensités septentrionales ne sera pas une mince affaire. Avoir une guide locale est inestimable. Enfin, encore faut-il qu’elle survive à l’autre superbe spécimen de faune vernaculaire. Car la combinaison des trois semble de plus en plus aléatoire. La grande barrique est un cavalier solitaire fini, incapable d’apprécier les qualités d’autrui autre que leur valeur numéraire, incapable de voir autre chose que son autorité contestée. Obéir ne semble pas entrer dans les fonctions élémentaires de son étroite cervelle. Dès lors, les espoirs de coopération s’amenuisent de minute en minute. C’est sur ces profondes réflexions que Loën s’avance d’un mouvement souple devant Lothar et répond, de sa voix douce mais ne souffrant d’aucune réplique. « Oui, sortons. » Et sur ce regard appuyé, elle se dirige vers la porte, qu’elle ouvre d’une main légèrement sifflante. - Spoiler:
Ceci n'est pas une réponse bien utile, je m'en excuse. Je vais reprendre mon rythme d'écriture normale et essayer de faire une nuit complète, ça ne me fera pas de mal. Encore merci de votre patience !
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| | | Eylohr Lothar
| Jeu 17 Mai - 16:25 | | Irys : 401379 Profession : Terroriste en fuite - Hermite
| - Il semblait évident que le capitaine n’avait guerre apprécié l’ardeur avec laquelle le colosse d’Aildor avait fait valoir sa présence ici. Si dans un premier temps Eylohr avait réagi avec un sourcil relevé et une mine qui en disait long sur sa capacité de patience et de retenue, il ne lui fallut que quelques secondes pour comprendre que le contrat débutait mal et risquait de lui passer sous le nez. De toute évidence, Florin n’avait aucune patience et semblait être au bord de l’implosion. Son manque de confiance dans son équipage, l’ignoble trahison qui semble le chagriner et l’amertume de ne pas avoir réussi à retrouver lui-même le ou les coupables, voilà un cocktail détonnant qui semble animer par moment une sombre étincelle dans les yeux de ses yeux. Difficile d’être plus à bout de nerf qu’il ne semblait l’être en ce moment.
Et voilà une autre chose. Décidemment, cette journée semblait être terriblement surprenante. Peut-être un peu trop car Eylohr, le géant du Nord, habitué aux contrats directs et sans détours ni circonvolutions ou élucubrations, détestait ce qui était en train de se jouer sous ses yeux. Les négociations, ou plutôt, discussions. Quelle terrible, terrible, perte de temps. Il y a un contrat, une récompense, et une relation de causalité. Quoi ? Est-ce trop demander que de recevoir en quelques phrases le pourquoi du comment, les indications nécessaires et la promesse de paiement ? Les pirates, après tout, n’étaient pas censés être des politiciens endimanchés occupés à émettre promesses qu’ils ne tenaient plus une fois le moment de les tenir arrivé. Que de déceptions.
Et… Mais quoi encore ? Oh ! La Nuna ! La petite boule de poils semble vouloir prendre le dessus des opérations et s’improvise chef de ce groupe pourtant à l’initiative du colosse. Elle pose des questions, calme le jeu, griffonne des choses et donne des ordres à… au… à Eylohr ? Quel toupet ! Sacrebleu, s’il n’y avait pas cette récompense alléchante, le mastodonte aurait déjà fait parler la poudre contre le capitaine et cette Nuna endimanchée. Bien que sa condition physique et sa façon de faire semble faire croire aux belligérants que le colosse était capable de tout sauf de réflexion, c’était pourtant en pleine réflexion qu’il était à ce moment précis. Et bien qu’il soit stoïque depuis le début des hostilités, son visage s’animait par moments de haussements de sourcils, de grimaces, et de ses muscles masticateurs tandis qu’il appuyait nerveusement ses dents les unes contre les autres, signe d’une profonde nervosité.
La Nuna lui tend un papier sur lequel quelques phrases avaient été griffonnées. Il s’agissait ni plus ni moins qu’un résumé du monologue du capitaine, insistant, visiblement, sur les détails importants à exploiter ainsi qu’un petit mot : « Conseil : fais croire que le capitaine est contre nous si ça bloque → méfiance des marins envers lui à exploiter : en savent plus que lui c’est sûr, mais lui disent pas = on doit pas avoir l’air d’être trop avec lui Sois gentil. Ou invite-les boire. Voire les deux. »
Voilà un exercice auquel le colosse n’est guère habitué. Manipuler les gens en tenant de ce qu’ils savent et de ce qu’ils pensent savoir. D’habitude, quelques coups de poings suffisaient à mettre tout le monde d’accord et à donner l’avantage à Eylohr dans presque toutes les circonstances. Là, il allait devoir jouer un jeu devant le capitaine, et un autre devant les hommes d’équipages, soutirer des informations à l’équipage soupçonné de parjure, et il fallait qu’il soit… Gentil ? Il n’avait jamais été gentil, tout juste avait-il été un bon samaritain par moments dans son passé en venant en aide à des demoiselles en détresses ou des enfants en danger. Mais entre-temps, il avait goutté à la vie de pirate, cette vie qui le laissait faire ce qu’il voulait, et qui lui permettait de gouter d’avantage à cette violence qu’il avait en lui. Plus il y cédait, plus il y goutait et plus il s’y habituait, nécessitant un peu plus de violence à chaque fois pour être rassasié, cédant un peu plus à la cruauté. Et il fallait qu’il soit gentil ? Quelle absurdité.
Il garde le papier, le lit, le relit même une seconde fois, regarde la Nuna avec une certaine animosité difficilement dissimulée, et est interpelé par l’approche de la magicienne qu’il avait oublié de par son calme : « Oui, sortons. ».
Il n’y a pas de choix donc, et pour le bien de ce contrat, et parce qu’il n’a pas fait tout ce maudit chemin pour rien, il fallait se taire et obéir, l’amertume au cœur. Exercice ô combine difficile pour Eylohr. Finalement, il suit la magicienne, laissant échapper un petit grondement, et sort derrière elle, prêt à jouer son rôle au mieux.
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