Quand je lis "Alfred de Musset", je pense à cet échange sympathique qu'il aurait eu avec George Sand. Je laisse les savants s'esclaffer devant ce cru ineffable.
George Sand écrivit donc cette lettre à De Musset :
Je suis très émue de vous dire que j’ai
bien compris l’autre soir que vous aviez
toujours une envie folle de me faire
danser. Je garde le souvenir de votre
baiser et je voudrais bien que ce soit
là une preuve que je puisse être aimée
par vous. Je suis prête à vous montrer mon
affection toute désintéressée et sans cal-
cul, et si vous voulez me voir aussi
vous dévoiler sans artifice mon âme
toute nue, venez me faire une visite.
Nous causerons en amis, franchement.
Je vous prouverai que je suis la femme
sincère, capable de vous offrir l’affection
la plus profonde comme la plus étroite
amitié, en un mot la meilleure preuve
que vous puissiez rêver, puisque votre
âme est libre. Pensez que la solitude où j’ha-
bite est bien longue, bien dure et souvent
difficile. Ainsi en y songeant j’ai l’âme
grosse. Accourez donc vite et venez me la
faire oublier par l’amour où je veux me
mettre
Ce à quoi Musset répondit :
Quand je mets à vos pieds un éternel hommage,
Voulez-vous qu’un instant je change de visage ?
Vous avez capturé les sentiments d’un coeur
Que pour vous adorer forma le créateur.
Je vous chéris, amour, et ma plume en délire
Couche sur le papier ce que je n’ose dire.
Avec soin de mes vers lisez les premiers mots,
Vous saurez quel remède apporter à mes maux.
Sur la différence de styles, George Sand, empreinte d'empathie - il faut dire qu'elle en a connu, des hommes, et notamment un certain Charles Didier, mais ne nous éloignons pas du sujet - répondit à De Musset ceci :
Cette insigne faveur que votre coeur réclame
Nuit à ma renommée et répugne à mon âme.
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Dans un style plus artisanal, n'eût-il jamais égalé les Grandes et les Grands de l'Histoire, je vous fais partager ceci :
Dans le froid matinal, le flocon virevolte,
Se confond en rosée ; le cerisier fleurit.
Sous un soleil d'été, la moisson tu récoltes
Au ciel violacé, le feuillage flétrit.
Il s'agit du quatrain qui trône sur la modeste biographie de mon personnage, signée par "Un homme d'épée qui se prenait pour un poète". Je pense que Aurore Seraphon est la seule à pouvoir deviner ce à qui il fait référence. C'est une longue histoire ; cela dit, j'aimerais beaucoup avoir votre ressenti personnel (en dehors de tout contexte, évidemment) sur ce quatrain. Après tout, l'art est une forme de communication et de cheminement intellectuel entre l'artiste et celui qui sait apprécier ladite œuvre.
Une autre série de vers, plus brouillons cette fois - n'en déplaise à Meylan dont j'ai eu l'immense honneur d'incarner le personnage lors de l'évènement du Bal de la Confusion :
"Mue par l’œuvre de l'humanité,
Unissant les cœurs, adoucissant les mœurs,
Salvatrices vibrations je sais propager.
Inaltérable, je provoque parfois les pleurs,
Quand bien même je veux susciter la joie.
Un mot caché dans ces vers tu trouveras,
Et mon art ineffable ce soir tu apprécieras."
On voit tout de suite que les alexandrins ne sont pas au rendez-vous. D'où le "plus brouillons". Eh, je n'ai jamais prétendu être un poète ! Ah, ne retomberait-on pas sur "un homme d'épée qui se prenait pour un poète" ? Même si je ne suis pas un homme d'épée non plus, eussé-je déjà porté le sabre... Ah !
Vos ressentis / impressions / retours pour les deux tous de mon cru ?