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Chroniques d'Irydaë
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 :: Les terres d'Irydaë :: Daënastre :: Hinaus
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 Chasseurs chassés

Camilla Nalaàr
Camilla Nalaàr
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Chasseurs chassés EmptyJeu 28 Juin - 3:32
Irys : 59991
Profession : Main d'oeuvre polyvalente
Daënar +1
« Tiens, y'avait ça pour toi dans le courrier» que m'a dit mon père en me tendant l'enveloppe. Plus il prenait de l'âge, et plus il était présent à la maison. En approchant la quarantaine, il se devait de se reposer plus longtemps entre chaque aventure. Et surtout, il commençait à apprécier la vie tranquille, chez lui avec sa femme enceinte, sa fille et son chien. Ce qui nous donnait l'opportunité à tous de se retrouver le matin pour petit déjeuner puis d'aller promener Manus (le chien, si t'as bien suivi) en famille. Ma mère en profitait pour nous parler de ses dernières créations ou des demandes les plus étranges qu'elle ait reçu de clients un peu chtarb', tandis que mon père et moi nous racontions nos dernières aventures. Y'avait comme une compétition saine entre nous quand on se racontait ça, ce qui nous poussait à essayer de toujours faire mieux la prochaine fois. Depuis que j'avais atteint l'âge de l'indépendance, on avait pas fait un seul voyage tous les deux. Je me suis toujours dit que c'était pour le mieux. Au moins, s'il nous arrivait de crever durant un contrat ou quoi, il resterait toujours à ma mère l'autre. C't'un peu pragmatique, mais c'est vrai.

Bref, c'était pendant un de ces fameux petits dej' que j'ai ouvert l'enveloppe. Roceas y faisait part d'une histoire de braconnage se tramant dans le Nord, et que, vu mon historique, notamment avec l'histoire de TchouTchou, je pourrais être d'une quelconque utilité, sans compter sur mes compétences en combat. J'ai lu le reste de la lettre à haute voix pour en faire profiter mes parents. La curiosité de mon père était déjà piquée, malheureusement pour lui, celle-là, c'était mon affaire.

« Tu crois que c'est les mêmes type qui avaient essayé de se servir de toi à l'époque ?
- Y'a moyen. Je crois que Machin et moi, on a deux trois mots à se dire »

J'suis partie m'équiper du nécessaire, j'ai embrassé ma mère, son ventre et mon père (oui, j'ai aussi caresser Manus, je l'oublie pas), et j'étais parée.

Souvent, la partie la plus dure quand j'commençais une entreprise comme ça, c'était de retrouver ce flemmard de TchouTchou. Il avait beau faire 2 mètres de haut et rester dans les montagnes proches, c'était comme retrouver un grêlon dans la neige. J'crois bien que j'suis restée une bonne heure à gueuler dans les montagnes :

« Oh, TchouTchou ! Ramène ton p'tit cul ici, on nous attend putain ! OOOH REVEILLE TOI MERDE JE VAIS PAS PASSER LA JOURNEE LA. Quoi, c'est le « p'tit cul » qui t'as vexé ? TU ME FAIS LA GUEULE ? » J'arrivais à court de connerie à dire alors à un moment donné j'ai juste dit :

« Pardon pour tout à l'heure, Monsieur TchouTchou, auriez-vous l'obligation.. Obligation ? L’obligeance je disais, de ramener votre arrière-train ? » Et ça a du marcher, parce que là j'l'ai vu arriver à fond les ballons de derrière je sais pas où. Et comme d'hab il ratait sa manœuvre de frein et glissait toujours beaucoup trop de mètres plus loin.

« Putain tu faisais vraiment la gueule en fait. Que j'lui ai dit avant de grimper dessus. Merci mon gros. »

Quelques jours plus tard, on était arrivé à bon port. Il m'a posée pas trop loin de la ville, et j'l'ai laissé partir en lui demandant de rester dans les parages. J'ai jamais su s'il me comprenait, mais c'était un réflexe. Maintenant commençait mon boulot d'enquêtrice en herbe. Pas ma spécialité, mais là, j'avais un semblant de piste. Machin (c'est pas son nom, mais j'm'en souviens plus), un de ceux qui nous avait menées en bateau, Lena et moi lors du chapitre « TchouTchou ». Après ça, Lena prévoyait de l'amener aux autorités pour tout leur raconter, mais sur le chemin du retour elle s'est faite embusquer et Machin a pu fuir. C'était à coup sûr ses alliés. J'aimais donc à penser qu'on avait à faire à une bande très bien organisée. A l'époque elle ne devait pas être d'une grande importance, pas plus que quelques clampins pas courageux qui envoyaient des sbires venus d'ailleurs pour économiser de l'équipement et des hommes. Mais si j'avais reçu cette lettre, c'est que leur ampleur était grandissante et qu'ils devenaient vraiment gênants. Dans ces montagnes, on sait jamais quel genre de sale histoire ou d'événements étrange sur lesquels on va tomber. Il fallait donc que je remonte la piste de Machin.

J'ai mis plusieurs jours avant de le retrouver. T'imagines bien que c'est compliqué quand tu te souviens plus du nom du mec, mais j'avais retrouvé la taverne dans laquelle on avait dormit la veille du départ, et fort heureusement, la mémoire du patron battait la mienne à plate couture. Il se souvenait parfaitement de moi, et de Machin qui se trouvait être un habitué. Il effectuait souvent des voyages de quelques jours dans les montagnes avant de revenir en ville et de boire un coup ici. D'après ses dires, s'il s'en tenait à ses habitudes, il reviendrait d'ici quelques jours pour prendre une semaine de repos.

La tavernier m'a donc fait un prix sur la chambre, et j'suis restée dans les alentours à l'attendre. J'me suis occupée comme j'ai pu, à boire des pintes toute la journée, à aller traîner en ville à discuter avec les marchands. J'suis même allez voir les potes que j'connaissais dans les mines. J'me suis pas ennuyée quoi. A l'approche de l'échéance, j'm'étais équipée d'un capuchon, histoire de passer un tantinet incognito. Et le patron m'avait pas menti. Alors que j'en étais à ma quatrième pinte, assise à la table dans le coin le plus sombre de la pièce, j'ai vu Machin rentré. Il avait l'air épuisé, couvert de neige et juste prêt à se poser pendant une longue heure. Ce qu'il fit. Il commanda une boisson et s'assit seul. Pour ne pas paraître la seule personne louche à être assise à rien faire, j'ai du suivre la cadence et continuer à boire. J'commençais à perdre la notion du temps quand enfin, il se décida à payer sa chambre et monter à l'étage. Je fis de même quelques secondes plus tard, juste à temps pour voir quelle porte venait de se refermer. J'aurais du aller me coucher, attendre le lendemain et lui faire un réveil surprise à coup de petit déjeuner au lit à coup de poing au chocolat, mais j'étais bourrée et mes décisions n'étaient plus très claire. J'suis allée chercher Abeille et Gros calibre dans ma chambre, et j'me suis pointée devant la sienne. J'ai toqué. Très fort je crois, parce que trois portes plus loin une dame à gueuler « C'est quiiii ? », mais à celle qui m'intéressait, pas de réponse. J'ai réitérer, plus fort encore. Toujours rien. Ah, si, j'ai entendu le vent venant de l'extérieur souffler d'un coup et claquer la fenêtre. Ce fils de pute essayait de se faire la malle. J'ai pris mon élan, et j'ai donné un grand coup d'épaule dans la porte. Et ça m'a fait foutrement mal. Et ça n'a pas marché. J'ai tourné la poignée, et c'était ouvert. J'ai retenu comme leçon qu'on ne pouvait pas enfoncer des portes ouvertes.

Mais sinon, j'avais raison, j'suis arrivée à temps pour le voir sauter par la fenêtre. En titubant, j'ai couru jusqu'à l'ouverture. Et de là ça me paraissait fichtrement haut bordel, mais l'autre se barrait à l'autre bout du monde pendant que j'hésitais à sauter où à prendre les escaliers, alors j'ai sauté. C'était pas si haut finalement, et le vent glacial couplé à l'adrénaline qui m'envahissant m'avait redonné assez de force pour lui courir après. Pas toujours très droit, mais quand même. Il m'a faite chavirer à travers différentes ruelles, et j'en pouvais plus. Mon seul espoir, c'était cette dame blonde un peu trop bien habillée pour être une paysanne qui ne se trouvait plus qu'à quelques mètres de lui. Alors j'ai joué ma dernière carte.

« ARRETE LE, ARRETE LE S'IL TE PLAIT IL BUTE DES ANIMAUX »

J'avais pas plus subtil en stock.

Invité
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Chasseurs chassés EmptyVen 29 Juin - 2:07
L’air glacial du nord s’infiltrait absolument partout. Chaque interstice qui avait le malheur de ne pas être couvert se voyait la cible d’un vent des plus sournois. Et à cette altitude, autant dire qu’il en devenait même dangereux. Asteria n’avait jamais été du genre à se plaindre, mais elle ne pouvait nier que la température qui régnait sur le pont à cette heure lui provoquait plus que des frissons dans le dos. A l’image d’une locomotive, un léger nuage de buée s’échappait de son nez et de ses lèvres rougies par le froid, pour être emportée dans la pureté du vide. Le pont derrière elle était pratiquement désert. Lorsque les membres d’équipages devaient accomplir une tâche, ils s’exécutaient puis retournaient se cacher aussi vite à l’intérieur du bâtiment. Aussi, la jeune femme pouvait profiter d’une relative tranquillité. Seul le bruit des moteurs venait troubler le calme de la nature environnante, mais ajoutait une constance bienvenue devant tant d’ampleur.

La vue des montagnes d’Hinaus était autrement plus impressionnante de celle qu’elle pouvait observer depuis son bureau en Alexandria. Si les hommes avait tenté de rejoindre les cieux de par leur génie, il leur manquait immanquablement quelque chose pour égaliser la magnificence de la nature. Des monts enneigés défilaient à perte de vue, côtoyant les nuages mieux qu’aucune tour humaine n’auraient pu le faire. Il s’en dégageait une impression d’immensité du monde et d’infini petitesse de l’homme. Perché dans son aéronef, Asteria défiait pourtant ces éminences inertes avec l’effronterie commune aux daénars. De la technologie, elle s’élevait plus haut qu’aucune des créations des architectes. A l’image d’une reine qui dominait son royaume, elle observait son territoire avec arrogance. S’ils avaient réellement créer le monde et les hommes, ne devaient-ils pas s’attendre à ce que ces derniers cherchent à le dominer ? Et à le soumettre. La même philosophie qui les poussait à construire, créer, s’élever et repousser les limites de l’univers, ne la retrouvait-on pas chez ces créateurs immuables et invisibles. Cette nature, aussi riche et indomptable était-elle, reculait chaque année face aux pouvoirs des hommes. Combien de temps cela prendrait-il encore pour faire déchoir ces architectes au rang qu’il leur était propre. Ou faire transcender ceux qui le mér…
— Capitaine ?
Une main posée sur son bras l’arracha à ses fantasmes pour la faire s’écraser sur le sol de la réalité. Asteria dévia lentement ses deux précieuses meurtrières sur le matelot qui avait osé interrompre sa méditation. Il tressaillit et recula en hâte avant de s’affaisser dans une courbette maladroite.
— V-Vous ne répondiez pas ! Je vous ai appelé plusieurs fois. Le vice-capitaine vous demande. Nous allons entamer la descente.
L’homme repositionna son col et souffla dans ses mains puis se redressa en attendant l’autorisation de disposer. La détective le renvoya d’un signe de main sans rien dire. Elle était de mauvaise humeur désormais. Baissant les yeux sur la ville sombre qui se dessinait au loin à flanc de montagne, elle distingua alors Roceas. Elle ne pouvait pas croire qu’une de ses enquêtes pouvait l’avoir mené jusqu’à une partie du monde si éloignée. Et encore moins que son entêtement l’ait poussé à ne pas abandonner. Asteria doutait franchement que la récompense pouvait en valoir la peine. Elle avait seulement connaissance d’un groupe de bourgeois friqué proposant des sommes astronomiques pour la capture de Tsookhor, Ovchin et autre. Les parties étaient transformées en différents composants servant à loisir de produit de beauté, d’aphrodisiaque, d’armes ou d’objets de luxe. Quand bien même l’éthique lui importait, c’était avant tout pour découvrir le nom de ces nombreux clients que la détective avait décidé de faire le voyage. Si elle pouvait mettre la main sur une quelconque liste, elle aurait un levier très intéressant sur bon nombre de personne en Daénastre.

Mais même cette idée ne réussit pas à la sortir de sa morosité. Asteria se dirigea vers la cabine des commandes pour assister son vice-capitaine, Richard Sanel. Considérant les conditions météorologique de la zone, elle avait préféré le laisser manoeuvrer en Hinaus le temps de s’habituer. Il l’avait donc relayer tout au long du voyage.
Capitaine, avisa-t-il à sa venue. Nous amorçons la descente.
Sanel était un homme sur le déclin, la barbe blanche et le regard affûté par des années de navigation aérienne, il portait un costume de capitaine d’aéronef, pareil à celui qu’Asteria laissait devinait sous son manteau d’hiver. Il annonça alors plusieurs ordres pour réduire la cadence des moteurs ainsi que pour surveiller les vents alentours. Le Lion des Vents commença doucement à descendre vers la ville. La manoeuvre dura une bonne heure et demie où s’enchaînèrent ordres, ajustements et petites frayeurs afin d’accoster aux abords de Rocéas sans provoquer de catastrophe. La météo pouvait être traître et il était vite fait de prendre un coup vent capable de jeter le vaisseau contre la paroi rocheuse. L’arrivée du navire provoqua en outre un petit événement pour les habitants de la ville qui se pressèrent pour certains à la rencontre de l’immense chef d’oeuvre. Comme à son habitude, Asteria se joignit aux quelques membres d’équipage en permission pour s’éclipser discrètement alors que le Vice capitaine Sanel s’entretenait avec les autorités compétentes du pourquoi de sa venue.

Elle fit rapidement faux-bond à ses employés pour explorer la ville, toujours trop renfrognée pour espérer apprécier la compagnie simplette ou le dépaysement du pays. Elle commença donc son enquête armée d’un revolver, de son fusil à pompe et d’une chapka bien rembourrée. En posant les bonnes questions aux bonnes personnes à Ankar, la détective avait suivi sa piste jusqu’ici. Mais le peu d’indice qu’elle avait s’arrêtait là. Ce n’était pas la pire des dispositions, mais pas la meilleure non plus. Elle allait devoir procéder dans l’ordre est établir un plan. Recenser les tavernes premièrement, bon nombres de rumeurs y faisaient leur nids avant de prendre leur envol. Puis les personnalités politiques et économiques pour comprendre qui aurait l’influence de mener un tel trafic. Et enfin…

— ARRETE LE, ARRETE LE S'IL TE PLAIT IL BUTE DES ANIMAUX !


L’Astrale tourna la tête dans la direction du cri, qui étonnamment, semblait s’adressait à elle, compte tenue de la ruelle vide et enneigée. Devant, un homme en caleçon et en bottes, à la peau rougie par l’effort, courait comme un damné. Mais la voix venait de derrière, d’une femme rousse sur ses traces ou tout du moins qui essayait de ne pas se prendre les murs apparemment invisibles qui parcouraient sa route. La scène atypique lui fit hausser les sourcils. Elle n’avait aucunement l’intention de prendre part à une bagarre de rue impliquant un homme à moitié nu et une femme avinée. Elle s’écarta cordialement de la trajectoire de l’homme qui ne put s’empêcher de balancer un fort et bien senti :  
— Casse toi de là, pétasse ou je te bute !

Remarque inutile. Mais qui eut tôt fait de titiller les nerfs à vifs de la détective. Serrant les dents en lui jetant un regard mauvais, elle attendit qu’il s’approche assez pour lui envoyer son coude dans la figure. Avec la vitesse de sa course, le cartilage de son nez vint s’exploser contre l’os, colorant son manteau et la neige de myriades écarlates. Le fuyard fit une galipette avec un cri étouffé jusque dans une congère proche du carrefour. Asteria se rapprocha à pas lourd et déposa le double canon scié sur la poitrine de sa victime avant qu’il n’ait pu esquisser le moindre geste. La menace était claire. Un torrent d’insulte eut tôt fait de dégouliner de sa bouche sans qu’elle n’y prête attention. En l’occurrence, elle parvenait à entendre d’étranges bruits venant de sa poursuivante. Elle n’arrivait pas à savoir si elle vomissait dans un coin ou s’exclamait de la réussite de la détective. C’est à ce moment là que la coïncidence résonna dans son esprit «Il tue des animaux.». Tiens donc… La chance était une part importante dans le métier. Et elle avait une occasion en or de commencer ses recherches. Il restait seulement à espérer qu’elle n’avait pas stoppé un boucher traqué par un de ces "vaiguans" prônant la protection des animaux…
— Et quel genre d'animaux exactement ?

Les lèvres d'Asteria s'entrouvrirent pour dévoiler un sourire angélique. Elle était de bonne humeur.

Spoiler:

Camilla Nalaàr
Camilla Nalaàr
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Chasseurs chassés EmptyMar 3 Juil - 2:07
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HRP :
Spoiler:

« Ouais !!! Trop fort ! » que j'ai gueulé à travers la rue. J'dois avouer que si je m'en étais tenue à ma première impression, j'aurais jamais imaginé qu'elle m'aide à arrêter ce type. Encore moins qu'elle lui fasse un coude-bouche droit dans ses dents. J'm'attendais à, je sais pas, un croche-pied, une bousculade ou le fameux « Arrêtez monsieur ! », mais j'ai été gâtée. En plus, elle a gagné quelques points de style supplémentaires quand Machin a roulé boulé jusqu'à une CONGERE complètement abasourdi et le nez en sang.

« Merci ! » que j'lui ai dit en m'approchant d'elle. Son fusil était déjà pointé sur le bonhomme, elle cachait bien des aptitudes la blonde bien habillée. J'imagine que si je n'avais pas été loin et n'avais pas été bourrée j'aurais remarqué ses armes.

« Et quel genre d'animaux exactement ? » 

J'ai tout de suite oublié mon excitation de gamine pour me recentrer sur ma mission. J'voulais pas mêler madame blonde à ça, mais vu qu'elle posait la question, j'y ai répondu. Sûrement pas comme elle l'aurait voulu d'ailleurs. J'l'ai écartée pour sauter à la gorge de Machin, à califourchon sur lui prêt à lui faire manger des pains au dessert.

« Notamment des Tchou.. des Soute.. des TCHOUKHORS, et plus précisément, le miens, parfois. Hein, tu te souviens fils de pute ? »

En réalité, à l'époque où c'était arrivé, j'avais pas une attache aussi forte avec Tchoutchou, j'avais juste pas envie de le buter. Mais de temps en temps je repensais à ça, surtout quand je racontais l'histoire dans des tavernes, et plus je la racontais, plus je m'énervais à chaque fois où cet enculé plantait sa lame dans l'animal. Là, j'avais enfin l'occasion de lui balancer toute ma frustration à la gueule.

« Tu te souviens de moi au fait ? »

Il allait répondre, mais je l'en ai empêché d'une gifle. Pas encore de coup de poing, j'ai du mal à comprendre ceux qui parlent sans dents. Je lui en ai foutu deux autres et je me suis relevée, me souvenant d'un coup que la blondasse était toujours là.

« 'Scuzez moi madame, et merci de l'avoir arrêté, j'essayais d'avoir une bonne élocution malgré les grammes d'alcool dans mon sang. Cette enflure fait partie d'une bande organisée. Et je soupçonne le fait que ces cons gèrent le braconnage qui se trame dans les montagnes. Pour répondre à votre question... J'me suis interrompue deux secondes pour foutre un coup de pied à Machin qui essayait de se relever. BOUGE PAS TOI. En fait j'ai surtout retenu les Tsookhor, mais ils butent à peu près tout ce qui a de la valeur pour revendre le matos. Et j'suis censée les arrêter. Jugez pas par mon état, ça fait partie de la mission. » J'me rassurais comme je pouvais, mais c'était assez proche de la vérité, je devais bien rester sous couverture.

Puis, fait rare, j'ai réfléchit.

« Pourquoi cette question au fait, vous êtes sur le coup aussi ? Parce que si oui, le but là c'est d'essayer de faire en sorte que Machin nous mène à ses collègues. Moi j'compte y aller aux poings, mais si vous avez une autre méthode... » Vrai qu'à la base je ne devais pas être seule sur le coup, mais vu que je voulais pas qu'on me foire ma piste et que je n'avais confiance en personne sur cette affaire, j'ai préféré travailler solo.

*Elle ne fit aucune objection, alors j'ai commencé à charcuter Machin. Ce qui ne fut pas si difficile que ça, puisqu'il se proposa bien vite de directement nous mener à son repère de batard.
//// Elle préféra y aller à sa méthode, je l'ai donc laissé faire en tentant de reprendre mes esprits en me barbouillant le visage de neige le temps de l'interrogatoire, à la fin duquel Machin s'est proposé de nous mener directement à son repère de bâtard. *

Ca semblait valoir le coup, mais je le connaissais comme si je l'avais fait le bonhomme, et m'était d'avis qu'il allait tenter de nous ruser sur le chemin, ou pire de nous embarquer dans une embuscade. On savait même pas combien ils étaient là bas. Boarf, je lui poserais les questions sur le chemin, que j'me suis dit.

« Du coup, partante ? »

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Chasseurs chassés EmptyMar 3 Juil - 21:52
L’inconnue la rejoignit bien assez tôt, à l’étonnement d’Asteria, sans la percuter. Malgré son état, elle semblait plutôt bien tenir sur ses deux jambes. Il était encore tôt pour éméché, mais apparemment dans les pays du nord, on se réchauffait comme on pouvait. L’Astrale ne jugeait pas, elle n’avait elle pas l’habitude de boire d’alcool mais s’autorisait parfois l’utilisation de drogue. C’était plus ou moins la même chose, à part pour la légalité. Après un remerciement des plus courtois, la flamboyante la bouscula pour accéder à sa victime tout aussi vermeil, le poing prêt à l’emploi. Pendant un instant, Asteria pensait que la conversation allait s’en tenir là. Son fusil retrouva sa place dans un holster à l’épaule alors qu’elle "époussetait" le sang de son manteau.
Notamment des Tchou.. des Soute.. des TCHOUKHORS, et plus précisément, le miens, parfois. Hein, tu te souviens fils de pute ?

Des Tsookhors, d’accord. Mais des soutes ? Ça pourrait correspondre. Pourrait ? Elle doutait que le braconnage de ce genre d’espèce soit si commun. Mais tomber sur ce genre de scène au milieu de la rue dénotait d’un trop grand amateurisme… Perplexe, Asteria observa les environs. La ruelle était vide mais donnait sur une artère un peu plus fréquentée et tous les bâtiments alentours se ressemblaient. Personne ne leur prêtait attention. Il serait pourtant stupide de ne pas suivre cette piste, c’était peut être un malheureux accident. Des grognements suivirent le son de claques et la jeune femme se retrouva à nouveau sur ses pieds.
S’cuzez moi madame, et merci de l'avoir arrêté. Cette enflure fait partie d'une bande organisée. Et je soupçonne le fait que ces cons gèrent le braconnage qui se trame dans les montagnes. Pour répondre à votre question...
Elle assena un coup à l’homme à leurs pieds qui essayait de ramper pitoyablement, ce qui fit rire intérieurement à Asteria.

—  BOUGE PAS TOI. En fait j'ai surtout retenu les Tsookhor, mais ils butent à peu près tout ce qui a de la valeur pour revendre le matos. Et j'suis censée les arrêter. Jugez pas par mon état, ça fait partie de la mission.

Elle sourit devant son franc parler. Elle aimait bien ça. Ça lui rappelait qu’on avait pas besoin de manipuler les autres à chaque fois qu’on ouvrait la bouche avec le petit peuple. C’était rafraîchissant. Et mise à part l’odeur d’alcool omniprésente qui s’échappait des deux lurons, elle lui semblait plutôt sympathique, de prime abord. Pour ce qui était de son histoire, elle concordait avec son enquête. Et si la rousse était "sur le coup aussi", elle sera d’un grand atout pour se guider dans la région. Asteria acquiesça :
Allez-y, mademoiselle. Vous semblez avoir un passif avec cet homme qui mérite quelques explications. Faites vous plaisir.

Elle baissa la tête brièvement comme pour lui accorder l’autorisation de commencer et s’assit sur la CONGÈRE en attendant.
Je suis "sur le coup", oui, répondit-elle alors que les coups rythmaient son discours. Je remonte la piste de ce braconnage depuis Alexandria pour tout vous dire. Là bas, on a le bon rôle pour acheter des cosmétiques ou des babioles fait à partir des os des bestioles capturées ici. Et probablement d’autres parties.

Elle garda cependant la véritable raison de sa venue, ne connaissant pas encore les motivations de sa partenaire.
Du coup, partante ?

Asteria ne se posa la question qu’une seconde. Elle travaillait rarement seule et se débrouillait toujours pour trouver quelqu’un dont l’expertise lui manquait sur le terrain. C’était devenu une habitude. Elle ne prétendait pas tout savoir faire et tout connaître. En outre, les liens qu’elle liait avec les gens lui étaient tout autant bénéfique que leurs compétences. Elle soutint le regard de son interlocutrice avec bienveillance.
Allons voir ce que nous réserve… Machin ?

Elle releva ce dernier sans effort par le col pour lui montrer la voie. Se penchant pour atteindre son oreille, elle murmura :
Pas d’entourloupes et je te promets de te libérer de la folle furieuse avant que ça ne dégénère. Je n’ai pas d’intérêt à te trahir maintenant, alors choisi bien tes atouts.

L’homme se contenta de grogner avant d’essuyer son visage tuméfié avec délicatesse. La rousse l’avait bien amoché, mais pas assez pour qu’il ne puisse plus ouvrir un oeil. Les premiers pas furent incertains avant de retrouver leur équilibre, suivi par les deux femmes. Dans l’aventure, Asteria avait complètement oublié que l’homme était en caleçon et en bottes. Elle vint lui offrir son manteau d’hiver et malgré sa fierté, il accepta. Sous son enveloppe, la détective portait une tenue d’amirale qui lui seyait à merveille mais très peu pratique pour un temps aussi froid. Mais quelques minutes dans ces conditions ne lui feraient pas de mal. Elle profita du chemin pour entamer la conversation :
D’ailleurs, je suis Kate. Détective d’Alexandria. Enchanté de vous rencontrer, mademoiselle… ? elle tendit sa main vers la jeune femme pour commencer les présentations en bonne et due forme. Vous êtes de la région ? Qu’est-ce qui vous pousse à chercher des poux à un groupe entier de braconnier, c’est un peu dangereux, non ?

L’hypocrisie de sa remarque lui était totalement inconnue. Si elle pouvait imaginer un endroit dangereux pour une jeune femme qui devait à peine avoir la vingtaine, elle ignorait complètement le fait qu’il en était de même pour elle. Elle traquait elle aussi le même groupe entraîné avec pour seuls atouts son arme, sa tête et son influence. Comment disait-on dans le jargon ? Avec la bite et le couteau. Pourtant son assurance dénotait. Tout autant que son appartenance à une caste bien plus élevée qu’elle ne le laissait prétendre. Était-ce de l’inconscience ou une excellence plus latente ?
Monsieur Machin, sachez que je dispose d’un revolver à la précision redoutable. Si vous souhaitez vous enfuir, soyez sûr de disparaître en deux secondes de ma vue, parce que je peux vous assurer que passer ce délai, je ne vous raterai pas. Et vous seriez bien aimable d’éviter les rues trop fréquentées.

Les précisions faites, elle retourna à sa conversation avec sa partenaire, toujours 3 mètres derrière l’homme. Malgré la noblesse qui se dégageait de la stature et des mouvements millimétrés de l’Astrale, il ressortait un genre d’honnêteté humble de ses paroles.
Je ne sais pas depuis combien de temps vous êtes sur cette "affaire", mais si vous avez des informations à partager, je serai ravie de les entendre. Je viens seulement d’arriver dans la région.


Alors qu’elle laissait Camilla lui répondre, Machin les emmenaient bon grès mal grès à la périphérie de la ville. Le froid se fit plus intense sur Asteria qui resserra les pans de son manteau  en regrettant presque son geste un peu plus tôt. Ses lèvres restèrent pourtant close à sa détresse. Les contours d’une vieille scierie plus en état germa alors des ombres naissantes de la nuit. Une cheminée crachait une fumée sombre et l’intérieur semblait animé d’une lueur orangée. Autour de l’enceinte du domaine, quelques hommes s’étaient rassemblés en petits groupes pour fumer ou boire, assis sur des souches à moitiés pourries. Leur otage avançait toujours en ligne droite, d’un pas morne. L’atmosphère était particulière, chaque homme porta sur eux un regard calme, ne les quittant plus des yeux si tôt qu’ils se tournaient dans la direction des nouveaux arrivants. Quelque chose se tramait et les soupçons de Camilla se précisaient, bien qu’ils soient inconnus d’Asteria. Lentement, elle sortit son revolver d’une main et son fusil de l’autre qu’elle laissa pendre à sa ceinture. Elle enclencha pourtant le chien de ses armes, menaces à peine voilées pour l’homme qui les précédait.

Alors qu’ils continuaient leur route, un homme se précipita à l’intérieur. Ceux posés tranquillement dans l’enceinte se levèrent pour marcher avec flegme vers eux. Les portes s’ouvrirent et une dizaines d’hommes sortirent, armes à la main, tandis qu’un cercle se formaient autour du trio dans le plus grand des silences. Machin continuant d’avancer, Asteria l’interrompit en mettant sa nuque en joue :
— Ne bouge plus.

Voilà, elles y étaient. La situation pouvait être catastrophique, soit. Mais elles n’étaient toujours pas morte, ce qui en soit était une petite victoire. Asteria était pourtant d’un calme olympien, parfaitement habituée à ses situations. Elle ne fléchissait pas d’un pouce. Une femme se détacha du groupe, aussi rousse que son opposante :
Bah alors, Meurlock, on se fait de nouveaux amis ? C’est eux qui t’ont fait ça ?

Elle pouffa de rire en balançant son fusil Winchester sur l’épaule, une écharpe autour du cou. Machin grommela dans sa barbe à papa pourpre virant à la crème glacé cassis :
Ça te dérangerait de m’en débarrasser, Suny ? Ces crétines cherchent un groupe de braconnier et étaient prête à me faire la peau au milieu de la rue.

Suny jaugea les deux créatures derrière avant de revenir à son subordonné :
Bah t’as l’air bien vivant pourtant.
Elle s’approcha et donna un coup de crosse dans les côtes de Meurlock qui s’effondra au sol.
Espèce d’ABRUTI ! Depuis quand est-ce qu’on BUTE des gens ? Tu veux nous rameuter la MILICE ? Ou les services SPÉCIAUX ?! Mais tu m'énerves, parfois, tuménerv tuménerv tuménerv !!

Elle ponctuait chaque mot hurlé par un coup de pied bien trop gentillet au goût d’Asteria. Celle-ci échangea un regard perplexe avec Camilla en se demandant intérieurement si tous les hors la loi de la région était aussi… peu crédibles. Le bon point à nouveau, c’est qu’elles ne risquaient pas de mourir. Elle et sa compagne n’avait toujours rien dit, mais la détective essayait encore de jauger le groupe avant de trouver un moyen de pression pour qu’elle puisse s’en sortir indemne.
Mais du coup… C’est nous que vous cherchez ou les autres ? interrompit une voix timide.
Ah bah, c’est vrai ça. Vous êtes peut être sur la piste de ceux qui nous pique notre boulot.  renchérit un autre.
Nan mais ça va maintenant ?! Vous voulez pas leur donner le gîte et le couvert en plus ? Tenta de couvrir la voix de Suny au milieu du brouhaha qui commençait à poindre.
Attendez patronne, mais s’ils peuvent nous débarrasser de ceux qui tuent nos gars av…
Et puis quoi, on va demander l’aide de l’armée ap…
Non mais vous comprenez rien ! On ne peut décemment pas en…
J’ai quand même faim moi, quelqu’un s’occupe du barb…

Asteria observait la scène incrédule, la bouche à demi ouverte alors qu’elle baissait ses armes le long de ses hanches. Elle n’en aurait visiblement pas besoin…

Camilla Nalaàr
Camilla Nalaàr
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Chasseurs chassés EmptyLun 9 Juil - 4:26
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J'ai attrapé sa main pour la serrer avec fermeté.

« Moi c'est Camilla, et je viens de Lurcir, plus dans le sud. Et c'est mon métier que de répondre à des jobs comme ça. Bon ok, normalement j'suis pas censée être seule sur le projet, mais j'avais une petite dette à régler envers eux, et vu que j'me suis déjà faite avoir par le passé par des « collaborateurs », j'ai fait les guillemets avec mes doigts, j'me suis dit que j'ferais le travail d'enquête seule. Mais j'suis bien contente de tomber sur vous ! »

Alors commença la marche, ouverte par Machin, pas franchement rassuré, et j'pouvais pas franchement lui donner tort. Parce qu'autant moi j'étais pas vicieuse, j'étais directe. Tu fais un truc qui m'plait pas, ma jambe commence à trembler toute seule et le coup de pied part direct. Mais madame Kate, elle semblait plus... je sais pas, plus quelque chose. Du coup, par sécurité, je me tenais à une distance d'un coude d'elle pendant la marche.

« Pour les infos, j'ai pas grand chose dans le tiroir. Je sais juste que ce fils de pute et moi avons eu une petite altercation dans le passé à propos d'un Tsookhor qu'il voulait buter. On l'en a empêché avec une amie, et alors qu'elle était partie pour le ramener aux autorités, elle s'est faite attaquer par son pseudo-gang de péquenauds crotteux. Puis dans une lettre que j'ai reçue récemment, j'ai appris qu'un groupe de braconnier saccageait la faune de la région à des fins pas très propres. Du coup, ayant adopté un Tsookhor moi même... Oh putain, que j'me suis dit. Mon Tsookhor, il était où d'ailleurs ? Parce que gland comme il était, y'avait comme une chance sur trois qu'il se soit fait chopper ce petit con. La pression était montée d'un cran, et malgré mon pas toujours pas très droit, j'ai accéléré la cadence. Faut qu'on se dépêche. »

Un peu de marche plus tard, et on était arrivés près d'un vieux bâtiment pourri visiblement habité, avec deux trois connards devant. Un des connards sus-nommés a filé à l'intérieur, sûrement pour prévenir son connard prochainement nommé de patron.

« Là ça pue du cul mais violent » que j'ai marmonné alors qu'on se faisait encercler.
« Bah alors, Meurlock, on se fait de nouveaux amis ? C’est eux qui t’ont fait ça ? »
« AAAH ! Voilà ! Meurlock !! Mais tu m'étonnes que j'me souvenais pas d'un prénom pareil, c'est d'la merde ! »
« Pardon ?»
« Quoi ? »
«Qu'est-ce t'as dis ?»
« Hein ? »

Meurlock me stoppa dans mon interprétation de l'autruche pour essayer de convaincre sa rouquine de patronne de nous buter. Mais elle semblait un tantinet plus intelligente que lui. Puis elle le roua de coup, scène que je regardais avec intérêt.

« D'accord, bah coup on va peut-être vous laisser, hein ? Vous nous rappelez quand vous avez fini ? »
Puis là une des p'tites bites du groupe prit la parole, pas sûr-sûr de lui le gars.
]« Mais du coup… C’est nous que vous cherchez ou les autres ? » Les autres ? 
« C'est qui les autres ? »
« Ah bah, c’est vrai ça. Vous êtes peut être sur la piste de ceux qui nous pique notre boulot »
« Ah parce que du coup vous êtes pas les seuls fils de putes de la région ? »
« Nan mais ça va maintenant ?! Vous voulez pas leur donner le gîte et le couvert en plus ? »
« Justement si t'as un peu d'eau parce que j'commence à avoir la pateu... »
« Attendez patronne, mais s’ils peuvent nous débarrasser de ceux qui tuent nos gars av…»J'me suis approché de celui-là, l'air un peu énervé, j'commençais à perdre patience.
« Non mais gars, t'as cru qu'on allait... »
« Et puis quoi, on va demander l’aide de l’armée ap… »
« J'peux en placer une s'il vous pl.. »
« Non mais vous comprenez rien ! On ne peut décemment pas en… » Lui il marquait un point, je bitais plus rien de ce qu'il se passait. J'm'attendais à tomber sur un groupe foutrement bien organisé, qui nous aurait accueillit à coup de plomb dans le cul, mais visiblement on avait réussi à mettre la main à la version soldée. C'avait tous l'air d'être des bras cassés pas foutus de s'entendre.
« Nan mais c'est la réunion des clodos ici ou quoi ? » La peur avait largement laissé la place à l'impatience, l'énervement, et tous les mots qui m'qualifient habituellement quand j'commence à voir rouge, j'avais juste envie d'en prendre un, Meurlock par exemple, et de tous les frapper avec. J'allais pas tarder à exploser, adviendrait c'que pourrait, mais tu commences à m'connaître, ça fait partie du lot, hein. C'que j'comprenais du coup, c'est que c'étaient absolument pas eux qu'on cherchait, j'en imaginais pas un seul d'entre eux tenir tête face à un Tsookhor, et encore moins en groupe, vue leur cohésion d'équipe.
« J’ai quand même faim moi, quelqu’un s’occupe du barb…» Alors lui, lui, ce petit con qui prenait pas du tout la situation au sérieux, lui, c'est celui qui m'a vraiment fait péter un cable. J'étais pas venue pour assister à une scénette de rue, manquait plus qu'ils sortent le chapeau à la fin et qu'ils se dispersent en chantant. LUI CE CONNARD allait prendre pour les autres.
« MAIS FERME TA GUEULE PUTAIN. Y'a eu un gros silence, pile c'que j'attendais, mais j'avais pas fini d'crier. Tous d'ailleurs, sauf la rouquine là. J'me permettais le terme « rouquine », parce que, bah sûrement parce que j'en étais une aussi. Tu m'expliques les histoires ? Soit vous nous buter maintenant, soit tu me vires tous tes trous du culs pour qu'on parle entre adultes, ça te va ? »

Ca lui allait. Bon, elle a pas aimé la forme, mais le fond lui plaisait, j'avais sûrement gagné des points en insultant ses gars, elle avait l'air d'aimer ça. Elle congédia le groupe qui se dispersait dans un brouhaha renouvelé. Meurloque me lança un dernier petit regard bien haineux avant de disparaître dans sa scierie pourrie. Kate, la meuf et moi nous éloignions donc pour palabrer.

« Je sais pourquoi vous êtes là, et c'est pas nous que vous cherchez. »
« Ca j'avais cru comprendre, mais on cherche qui, du coup ? »
« Des bandits beaucoup plus déterminés. Nous c'est à peine si on ramène une bête sur le mois, eux, c'est un véritable trafic. Avec assez d'effectifs pour avoir des équipes de jours et de nuit. Et contrairement à nous, ils hésitent pas à buter. On a perdu des gars comme ça d'ailleurs. J'allais pas la plaindre, après tout, version soldée ou pas, leurs intentions étaient les mêmes. Et leur trafic s'étend dans toutes les régions. Ils ont des marchés à un peu partout, et leur marchandise plaît bien à la haute bourgeoisie. Bref, pendant qu'on fait barbecue dans la neige, eux se font des couilles en or. Du coup, si vous comptez vous en prendre à eux, j'peux vous prêter mon équipe. Parce que c'est devenu personnel, de un, et parce que vous n'avez aucune chance à deux, de... deux. » Ouais, j'avais remarqué aussi que c'était moche quand elle l'a dit.
« Mhmh, d'accord. Mais qu'est-ce qui te dit qu'après qu'on leur ait dérouillé la gueule on revienne pas arrêter votre petite bande après ? »
« Qu'est-ce qui vous empêche de le faire maintenant ? Ouais, c'était pas faux. Si vous êtes partantes, j'vous invite à l'intérieur. On avait déjà commencé à échafauder un plan et à recueillir des infos qui vous manquent, visiblement. Elle prenait la confiance, quand même. Et j'vous présenterais les gars au passage, quand ils ont le ventre rempli, c'est plus les mêmes. » J'ai haussé les sourcils.
« Tu m'laisses deux minutes avec ma collègue ? » Elle me répondit d'un signe de main qui voulait dire « allez-y » On s'écarta donc quelques mètres plus loin.

« Tu les sens bien les loustiques là ou pas ? Parce que si rouquine dit vrai, on fait pas le poids du tout. Moi j'suis chaude, mais j'suis encore un peu saoule. Du coup je m'en remet à toi. »

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Chasseurs chassés EmptyMer 11 Juil - 18:32
Le florilège d’insultes qu’offrait Camilla était peut être la seule bonne réponse à donner à la ménagerie qui leur faisait face. Cela ne servait strictement à rien mais ça avait le don d’être cathartique. Asteria était plutôt bonne oratrice, mais perdue dans une foule de sauvages incapable de s’écouter, elle n’essayait même pas. Elle aurait pris le conseil de sa camarade de partir quand il en était temps si les informations ne l’avaient pas retenu. Une autre groupe de braconniers sévissait dans la région. La nouvelle ne l’étonnait pas vraiment. Elle doutait fortement qu’une clique pareil puisse organiser un tel trafic jusqu’en Alexandria. Et qu’ils tuent ne présageait rien de bon… L’Astrale voyait mal comment elle pourrait faire autre chose que de passer un accord avec ce nouveau groupe dans l’espoir d’avoir un semblant de liste de leur clients. Là encore, s’ils étaient des professionnels, ils ne dévoileraient jamais leur gagne pain. Elle pourrait peut être faire intervenir l’armée dans l’équation si elle trouvait leur campement, mais ils se saisiraient de tout ce qui l’intéressait elle. Non, non. Pour l’instant, elle ne voyait aucune solution. L’intervention de Camilla eut tôt fait de faire taire la voix dans sa tête tout autant que celles qui braillaient autour d’elles.
MAIS FERME TA GUEULE PUTAIN…

Certains avaient l’air de découvrir l’autorité aujourd’hui. Tous la regardèrent avec des yeux ronds, immobiles dans leurs positions de "prêt à se foutre sur la gueule". Comme une fresque ancienne représentant une bataille en arrêt sur image, les poings levées pour frapper, les bouches ouvertes dans un rictus colérique, Meurlock à terre essayant de parer les coups de pieds visant son ventre de la part d’une rousse beuglant sur son équipe. Asteria n’était pas sûre de l’effet qu’allait produire l’intervention de Camilla mais sa prise se referma sur ses armes. Il se révéla néanmoins positif. La dénommée Suny mit quelques secondes avant de réagir pour beugler à nouveau sur les autres :
Bon vous allez me dégager le plancher maintenant ! Je veux plus voir un seul pecno traîner dehors !

Elle en profita pour tirer dans la terre avec son fusil manquant de toucher Meurlock au passage qui tentait de s’enfuir à quatre pattes. Asteria lui arracha le manteau par le col pour le replacer sur ses épaules et retrouver ainsi prestance et chaleur. Il lui servirait plus qu’à lui. Elle écouta ensuite la conversation des deux rousses sans intervenir, le temps de se réchauffer. Même si elle ne le montrait pas, elle n’en menait pas large. Ce genre de température était inconnue à Alexandria et il était bien assez difficile d’y résister sans vêtement appropriés. Ses lèvres bleuirent légèrement et son nez prit une teinte inverse.
Il y avait donc bien un autre groupe, assez organisé pour toucher plusieurs régions, pratiquer le meurtre en toute impunité et faire commerce à la bourgeoisie sans rencontrer aucun problème avec les autorités. L’affaire se révélait vraiment difficile. Malgré l’offre alléchante et incontournable de se retrouver à la tête d’une bande de branquignoles, Asteria ne voyait pas vraiment comment réussir son enquête dans ces conditions. Si le trafic était développé à ce point, il n’y avait aucune garantie qu’elles puissent atteindre ce clan d’une autre manière que par la force. A moins que… Ses pensées vagabondèrent sur des sentiers bien éloignés de la morale, sous le regard insistant de sa partenaire qui attendait tout bonnement une réponse. Si elle les sentait bien… Bien sûr que non.  Mais Camilla ne les portait également pas dans son coeur. Peut être qu’elle pourrait lui proposer quelque chose.
Je t’avoue que s’attaquer seules à un groupe aussi organisé et violent, c’est du suicide. Et par seules, j’entends "avec eux". Mais… Je pense que s’ils ont besoin de nous, on peut peut être retourner le plan à notre avantage.

Elle replaça une mèche de cheveux blonde sous sa chapka qui commençait déborder sur son visage. Ses traits angéliques ne s’accordait que très peu avec ses intonations si professionnelles.
Soyons honnête un instant, nous n’arriverons pas à venir à bout d’un groupe armé s’étendant sur plusieurs régions. Peu importe nos compétences respectives. Mais ce qu’on peut faire, c’est la jouer fine.
Elle marqua une pause pour voir si Camilla comprenait le mot "fine".

Discret et diplomate, précise-t-elle finalement. Si on peut s’infiltrer dans un des campements en se faisant passer pour des futurs partenaires ou peu importe, on a une chance de chopper des informations. La liste de leur clients, à qui ils graissent la patte, qui sont leurs alliés. Mets fin à l’offre et d’autres les remplaceront demain, elle fait un mouvement de la main pour désigner le domaine de la Scierie-Branquignole. Mets fin à la demande et là… Il n’y aura plus personne pour acheter. Si on remet aux autorités compétentes ce qu’on trouve ici, on peut tirer dans les pattes de toute l’arboresc… De toute la hiérar… De tout le monde.

Pour le coup, elle avait un peu de mal à utiliser des mots à la portée de la rousse. Elle ne se moquait pas d’elle, mais il lui était difficile de déterminer la limite de son éducation. Celle d’Asteria avait été si élitiste qu’elle utilisait parfois des concepts et des notions complètement inconnues du commun des mortels. Elle jeta un coup d’oeil autour, mais Suny grattait la neige sous ses pieds en attendant leur réponse, quelques mètres plus loin.
On peut se servir d’eux comme diversion. Qu’ils se fassent buter ou non, ça sera toujours des "fils de pute" de moins dans le monde, n’est-ce pas ? Allons voir ce qu’ils ont prévu, ça ne coûte rien. Mais je pense que c’est notre meilleure. Je ne pense pas que nous pourrons prendre d’assaut ses salauds toutes les deux.  

Asteria se redressa de sa posture de confidence et s’approcha de Suny.
Alors ? offre-t-elle avec une voix mêlée d’espoir et de fatalité.
Un instant, elle apparue désemparée et franchement à court de solution. La braconnière un peu idiote et en manque d’autorité laissait voir derrière son masque une humaine qui essayait de faire marcher sa boutique et de ramener assez d’argent pour payer ses employés dignement. Asteria lui offrit un sourire et un hochement de tête.
On en est.

Elle se dirigèrent dans la scierie où le petit groupe d’une quinzaine de personnes était attablé à un long tronc de bois coupé en demi cercle. Il reposait sur le plan de travail et une immense scie circulaire était disposé en plein milieu, comme si on avait stoppé la machine pendant une coupe. Les hommes et les femmes s’en servait désormais pour manger, ou plutôt dévorer, une tripotée de grillades diverses arrosée d’une bière brune mousseuse. L’ambiance était à la franche rigolade et lorsque Suny annonça la nouvelle, l’assemblée les acclama pour les séparer, une de chaque côté, afin de partager leur repas. La bande les accueillait comme si de rien n’était même si Meurlock se tenait à bonne distance, le visage voluptueusement décoré de sang. Asteria se laissa prendre au jeu avec naturel, il fallait bien manger un jour. Elle en profita pour discuter avec chacun. Et malgré son apparente jovialité, elle notait consciencieusement sur leurs compétences et faiblesses. L’Astrale se révéla être d’une forte bonne compagnie, riant aux blagues crasses mais avec retenue, s’intéressant sur l’enfance des uns, les difficultés des autres à vivre dans une région si inhospitalière quand on ne voulait pas devenir mineur ou abondant de faits divers mystérieux tirée de ses précédentes enquêtes. C’était une troupe enjouée, rompue aux rudesses du nord et pas franchement futée. Mais si l’on passait outre le braconnage, on pouvait y percevoir une sympathie digne des habitants de la région. Enfin presque…

Lorsque les choses sérieuses reprirent, le groupe se dirigea vers la salle de réunion, type My’tran Annonyme qu’on pouvait retrouver à Alexandria, où les gens venaient exposer le malheur de leur vies quotidiennes. Des chaises étaient disposées en rangs en face d’un tableau noir où des plans de la région et des prétendus campements étaient accrochés, ainsi que des annotations à la craie sur diverses stratégies d’approche. Sur le côté, une petite machine à vapeur produisait un petit café "pas dégueux" dont certains membres s’empressèrent de remplir leur gobelet en bois. Asteria et Camilla furent invitées à s’asseoir au premier rang pour discuter de ce que Suny avait prévu.
Bonjour, donc moi c’est Suny.
Bonjour Suny, répéta le troupeau en choeur.
Je fais le topo aux petites nouvelles maintenant, alors j’veux pas entendre une mouche péter, foudroya-t-elle du regard alors que quelques rires se firent entendre dans le fond. Ici c’est le point le plus proche de leur campement qui se trouve environ à…

S’en suivirent des explications des plus rébarbatives qui firent presque regretter à Asteria son "ça ne coûte rien". La réunion avait pourtant de quoi intéresser. Elle y découvrait les cartes de la régions, les passages, les sentiers et les différents plans d’approches de la Scierie Branquignole pour mater les méchants de leur domaine. Des informations très utiles si elles n’avaient pas été interrompues toutes les deux minutes par les membres du groupe pour poser des questions. Elle était loin d’être stratège militaire, mais toutes les propositions d’attaques lui semblaient vouées à l’échec. Ou à de grosses pertes de leur côté. Elle avait failli mettre à disposition son aéronef, mais s’il s’en retrouvait détruit, elle ne se le pardonnerait pas. Et madame Greyson non plus. Elle chuchota à sa voisine :
Je pense que notre meilleure chance est de proposer de se séparer du groupe, comme éclaireuses. Puis de les prévenir les "pro" qu’ils vont se faire attaquer pour acquérir leurs bonnes grâce. De cette manière, nous pourrions infiltrer le camp beaucoup plus facilement.

La manoeuvre était risquée, rien ne pouvait garantir qu'ils ne les canarderaient pas à vu comme les autres ou après avoir utilisé leurs informations. Derrière, la bande de joyeux lurons avaient bien vite oublié le jeu du roi du silence. Chacun discutait, y allait de son commentaire ou d’histoires sur leur vie personnelle. Il était difficile de leur en vouloir en ce moment même pour leur activité, tant ils semblaient ne pas correspondre aux stéréotypes de braconniers sans coeur et imbus d’eux même. Pourtant Asteria n’avait que faire de leur sort. Elle imaginait comment se débarrasser d’eux avec le plus grand sang froid. La seule personne qu’elle chercherait à protéger était son atout. Camilla. Elle s’était imposée en alliée de fortune même si elles ne se connaissaient que depuis quelques heures. L’Astrale sentait qu’elle pouvait lui faire confiance, qu’elle avait un fond loyal et bon. Elle s’était jetée à coeur perdu dans une mission trop grosse pour elle sans un regard en arrière. Et cela lui rappelait… Eh bien, elle-même. Elle espérait secrètement qu’elle ne se soit pas attachée aux branquignoles. De ce qu’elle avait compris, elle avait un Tsokhor. Peut être que la relation avec son animal lui permettrait de faire les bons choix. Enfin… Ceux qui l’arrangeait.

Camilla Nalaàr
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Chasseurs chassés EmptyLun 23 Juil - 23:46
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Elle en était. On a donc rejoint la fameuse « Sunny » et son groupe de péquenaud dans leur bâtiment aussi décrépit qu'eux. Étrangement, l'ambiance était à la fête pour le repas. Il y régnait une ambiance presque « bonne enfant » qui tranchait avec leurs activités annexes, que j'étais loin d'oublier. J'avais l'impression d'avoir échanger les rôles avec Kate. Elle profitait de l'instant, riait avec eux tout en mangeant ce qu'ils nous servaient. Moi, je restais dans mon coin à zieuter Meurlock, les réactions de Kate et surtout, Sunny. Je repensais également à ce que m'avait dit ma partenaire avant de venir manger. Les façon de faire pour arriver à nos fins ne se comptaient pas par dizaine. La jouer fine ? Je crois bien qu'on avait pas d'autres choix. Quand les festivités furent finies, Sunny nous exposa ses plans. Et ils étaient mauvais. Vraiment hein, c'était pas parce que je ne pouvais pas les blairer, mais étant une spécialiste de « La jouer grosse », la leur semblait bien trop petite pour ça.

De plus, je me disais, s'ils étaient aussi doués pour le combat qu'en entente et cohésion de groupe, comme on l'avait vu plus tôt, ils se dirigeaient droit vers le casse-pipe. La proposition de Kate semblait bien meilleure, mais tout aussi risquée. Jusqu'à ce qu'elle me propose de se servir de ces trous du culs pour gagner la confiance des autres. De loin, ça avait l'air bien. Mais si les autres fils de pute disposaient d'un peu plus de deux neurones, ils se questionneraient peut-être sur notre « hasardeuse » venue pour les prévenir, parce que ça sent le coup monté à plein nez. Mais moi ça me tentait. Ca rendrait juste la mission beaucoup plus longue. Kate devrait retourner à la source des achats pour leur couper l'herbe sous le pied, pendant que j'essaierais de détruire leur groupe de l'intérieur, et pour ça, j'avais deux trois idées en stock. Ca nous laisserait même le temps de prévenir des renforts si ça se barrait en couille. Je m'en battais les ce que tu veux de ces mecs. Ils avaient failli buter Tchoutchou, ils avaient attaqué 'Lena (et à cette époque là, je ne savais pas encore qu'ils ne tuaient personne), et en repensant à toutes les fois où j'avais raconté cette histoire, j'avais toujours cette foutue envie de leur foutre à chacun un ou deux poings dans la gueule pour leur faire fermer leur claque-merde. Qu'elle soit petite ou grosse, je ne supportais aucune entaille à la réputation de ma belle région et ceux qui la détruisaient de l'intérieur. Et je n'avais vraiment pas l'envie de retrouver un jour les restes de TchouTchou en me promenant dans les montagnes.

« Ca me va. » que j'lui ai chuchoté, presque sans avoir hésité. Ca ferait d'une pierre deux coups. Je me suis levée d'un coup vers le tableau noir.
« On marche. » J'ai récupéré une craie pour appuyer mes prochains propos. « Rappelez-vous qu'ils sont bien plus nombreux que nous, la chose la plus logique à faire serait de nous séparer. Ma partenaire et moi on part devant, en éclaireuse, par là, j'ai tracé une ligne sur le tableau. On essaie de s'occuper des bonhommes un peu trop éloignés du camp nous même pour vous tracer le chemin, et vous vous suivez à un rythme soutenu derrière, à quelques lieues. » Avant que je n'ai pu terminer mon explication, Sunny récupérait la craie d'entre mes mains.
« Maligne. Mais je vous laisse pas partir toutes les deux. Y'en a une qui reste avec le gros du groupe, et je file un homme à l'autre. »
Maligne, elle ne se laissait pas aveugler par la confiance. Visiblement si son petit groupe était encore en vie, c'était bien grâce aux trois neurones qui jouaient aux cartes dans sa tronche. Elle m'a pointé du doigt.
« Tu pars en éclaireuse, et tu prends Jacques avec toi. » Jacques, c'était celui à qui j'avais dit de fermer sa gueule.  J'ai regardé Kate discrètement, ça me semblait bien plus hasardeux d'un coup.
« Non non ma Sunny, tu crois vraiment que je veux me retrouver seule avec un de tes hommes ? C'est un pari risqué qu'on fait ma p'tite dame, et dans ces cas là, on mes les As à leur place. Kate et moi on est habituées à travailler ensemble(c'était pas vrai), et je veux mon atout quand je serais en première ligne. » Dans ma tête je transpirais, j'arrivais pas à comprendre comment fonctionnait Sunny, ni si elle se méfiait vraiment de nous ou pas. Elle hésita.
« Ok. Finit-elle par lâcher alors que je soupirais de soulagement dans ma tête. Mais vous prenez Jacques quand même. » Putain mais qu'est-ce qu'elle me les cassait avec son Jacques. Mais le compromis me semblait bon, alors j'ai accepté.Au pire des cas ils le retrouveraient assommé ou tué quelques part dans les montagnes quand on s'en serait débarrassé.
« On part à l'aube »

Je te passe les détails de la nuit, reste qu'au petit matin, toute la troupe était prête et équipée. Ils avaient bien l'air déterminés à se venger, et à mourir, que j'me suis dit.

« On passe devant comme convenu, vous nous suivez d'ici une demi-heure. »

Et nous étions partis, tous les trois, vers le supposé campement ennemi, le stress pour nous soutenir.

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Chasseurs chassés EmptyMar 31 Juil - 14:52
Jacques était parti se coucher tôt ce soir là. Même s’il était un grand adepte des barbecues et des soirées festives, il voulait éviter d’avoir les yeux derrière les trous le plus possible. Compte tenu du fait que la patronne lui avait refilé le boulot le plus risqué sans même l’avoir prévenu avant, il avait intérêt à se tenir à carreau et à assurer. C’était sa vie qu’il jouait. Et avec les salauds d’en face, goûter au prochain souper n’était plus si sûr… Il s’était levé aux aurores et avait empaqueté son petit déjeuner, son deuxième petit déjeuner, son déjeuner et son goûter, spécialement préparé par sa petite femme. Ça prenait la moitié de son paquetage et contredisait quelque peu son carreau à tenir, mais avec un peu de chance, personne ne le remarquerait. C’est que la bouffe était importante pour lui, il préférait mourir le ventre plein que d’entendre gargouiller son ventre en plus de ses blessures. C’est donc avec un fusil dans le dos, une mire pour la visée à distance, la moitié de son équipement de survie en moins et l’air gai des imbéciles heureux sur la face, que Jacques fut fin près à partir. Un baiser à sa douce, une tape affectueuse sur le cul et le voilà en chemin vers la scierie.

La troupe était au rendez-vous, comme prévu. Les gueules arrachés de quelques uns, un peu moins comme prévu, accusaient d’une belle soirée. Jacques leva les yeux au ciel mais resta silencieusement à l’écart du groupe. Il n’avait jamais été du matin pour commencer les mondanités. Il s’installa sur une souche et commença son petit déjeuner. La rousse fut la première de son groupe sur les lieux, bardée comme il fallait pour une expédition en montagne. Puis vint le tour de la blonde d’une tout autre stature. Elle avait complètement changé son équipement et portait également un paquetage bien fourni ainsi que des vêtements plus adaptés aux conditions. Si elle semblait à l’aise avec le poids, Jacques aurait pu jurer qu’elle était loin d’être une habituée des balades en pleine nature. Les deux formaient un duo intéressant et complètement opposés. L’une calme et sociable, l’autre franc de collier et prête à coller des baignes à tout va. Il se demanda un instant ce qui avait pu rassembler un couple aussi particulier.

Après un discours de la patronne récapitulant les fondamentaux de la mission, Jacques rendit le hochement de tête entendu qu’elle lui offrit discrètement et les trois compagnons prirent la route. Ils s’enfoncèrent dans la forêt enneigée avec des heures et des heures de marche en perspective. Si Jacques avait espéré les passer en silence, c’était sans compter la blondasse qui la ramena tout le long du chemin. Elle posait les même questions sur la mission, sur la région, sur le fonctionnement du groupe ennemi, puis de son groupe. Jacques avait un mal de chat à ne pas s’emmêler les couverts pour garder l’histoire cohérente sans qu’elles se rendent compte de ce qu’il se tramait. La détective avait pourtant réussi à l’attraper plusieurs fois sur des erreurs, mais il avait détourner le sujet en parlant de fatigue ou en leur offrant à manger. Ça lui arrachait la gueule, mais la mission en dépendait. Il essayait de ne pas le faire trop souvent cependant, la rousse semblait prête à lui coller une baigne à la moindre évocation de bouffe.

Il menait le trio dans le froid ce qui n’aidait pas pour garder un oeil sur ses compagnes, il jurerait pourtant entendre parfois des messes basses. L’exercice de la discussion devint plus hardu lorsqu’ils commencèrent l’ascension du flan montagneux et tous se turent, à la plus grande joie de Jacques. Les efforts étaient concentrés sur la route périlleuse qui jouxtait le sommet des falaises. La vue était à couper le souffle et il aurait été facile de basculer dans le vide rien qu’en se perdant en contemplation. Mais le braconnier parcourait ces contrées depuis petit déjà, lorsque son père et lui chassait le cerf, et plus rien ne l’impressionnait maintenant. Il ne jeta que des coups d’oeil discrets au paysage en contrebas. Car si les deux rigolotes pensaient contourner le camp ennemi, ils se dirigeaient en faites en plein milieu. Dans peu de temps, ils se retrouveraient totalement à découvert des arbres et rameuteraient l’équipe de surveillance. Pendant qu’elles combattraient, il n’aurait qu’à se tirer en douce et Suny, prendrait le camp à revers avec le reste. Le plan était parfait ! Utiliser les deux crétines pour mourir à leur place et ils se débarrasseraient bien vite des gêneurs de la région. Jacques imagina une version de lui miniature entrain de se frotter les mains et de rire comme un démon. Ça le fit sourire.

Ils s’arrêtèrent pourtant plus tôt que prévu. Non pas parce qu’il était encore l’heure de manger, mais bien parce qu’il venait d’entendre le désagréable clic du chien d’une arme. Juste derrière lui. Déçu, il se retourna pour découvrir la blonde qui le mettait en joue. Il se gratta la tête sans faire de geste brusque.
T’sais, si t’tire maintenant, c’est une avalanche qu’tu vas prov’quer. Et on y passe tous…

Il voyait bien dans ses yeux que la pauvrette n’avait aucune idée de comment fonctionnait la vie en montagne. S’il pouvait espérer la tromper, il n’avait pas doutes sur le fait que la rousse soit beaucoup plus expérimenté. Peine perdue. Il était pourtant bien dans une zone à risque. Le flan était complètement dégagé et la neige fraîche qui leur arrivait à la taille était prête à craquer au moindre bruit. En outre, la pente était si raide qu’il ferait une chute de plusieurs mètre dans le vide s’ils glissaient. Pas mortel, mais bien dangereuse. Jacques grommela dans sa barbe. Il était si prêt du but ! Avec un peu de chance, le groupe de surveillance les repérerait avant qu’il se fasse buter…
Je pense que nos chemins se séparent ici, souria-t-elle comme une sadique.
Comprenait-elle qu’elle se mettait en danger avec sa copine ?

Meurlock m’avait dit que t’avais la gachette facile, mais j’te pensais plus maligne. Vous voulez me buter ? Et que pourquoi faire hein ?
Ok, il devait essayer de la jouer fine. Il s’apprêtait à continuer lorsqu’une forme sombre sorti des frondaisons juste au dessus d’eux à 50-60 mètres. Un ours les regardait. Bien. La chute d’un coté, l’ours de l’autre et la cinglée entre les deux. Il avait presque envie de se jeter dans la pente lui-même. Ce qu’il fit. Il observa les regards interloqués des deux femmes alors qu’il sautait dans le vide, hilare.
Vous m'aurez pas, putes ! Hahahahaha...

Camilla Nalaàr
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Chasseurs chassés EmptyMar 14 Aoû - 21:01
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J'ai tiré la gueule pendant tout le voyage. Y'avait quelque chose qui puait du cul, mais violent. Jacques était trop silencieux, à l'image de la troupe avant qu'on ne se sépare. Je repensais au plan, à la carte de la région que Sunny nous avait présentée. C'est là que la méfiance dont j'avais preuve à leur égard durant le repas et ma concentration me servit. Ils nous prenaient pour des connes, et j'étais presque étonnée de voir que Kate n'y réagissait pas. C'était peut-être le froid de la région qui lui montait à la tête ou la méconnaissance des lieux, peut-être même une certaine naïveté que je lui concevais pas, mais on contournait pas DU TOUT le camp ennemi. On fonçait droit dessus. J'avais assez confiance à mon sens de l'espace et de l'orientation pour être sûre de ça. Mais je me suis tue. Déjà parce que finalement, ça convenait à notre plan de base avec Kate, arriver chez eux, se pointer et les prévenir que des petites putes de traître allaient les attaquer, sur les flancs, du coup. Et là, j'avais plus aucune retenue, j'étais même prête à les buter avec eux. La deuxième raison, c'est qu'on aurait sûrement pu se servir de lui, comme prisonnier. Style « Coucou les copains, on se baladait dans le coin et on a aperçut ce fumier en train de vous espionner, je crois que y'a une bande qui le suit. » Bon il aurait fallu mettre les formes, mais tu comprends l'idée derrière.

Après quelques minutes de marche, j'avais finalement mis de côté cette idée. Parce que de loin, pour des mecs pas trop cons, ça faisait quand même vachement piège. Et les attrape-couillon, c'est que pour ceux qui sont déjà couillons. Après un échange de regard avec ma partenaire et un hochement de tête discret, elle a sorti son flingue pour le braquer sur sa sale gueule. J'ai trouvé le coup de l'avalanche un peu faiblard comme défense. J'ai dégainé Abeille.

« Alors là mon con, si tu penses nous avoir avec des légendes urbaines. Mais c'est marrant que tu dises ça, parce que j'ai des méthodes plus silencieuses sinon. » que j'lui ai sorti en bonne répartie dans sa mouille. Kate y alla aussi de sa réplique, un peu moins classe que la mienne quand même avant que l'autre con nous sorte ses derniers mots. Enfin, ce que je croyais être ses derniers mots avant qu'un ours ne sorte du fond de ton cul. Et là tout s'est enchaîne très vite. Machin a sauté dans la pente dans un rire ridicule alors que l'autre animal là-haut grognait à la mort.

« Putain mais quel CON ! » Instinctivement, j'ai dégainé pour lui dérouillé sa mère et j'ai tiré dans le corps qui subissait les lois de la physique en dégringolant. Je ne savais même pas si je l'avais touché et ce n'était pas le plus important. Si Kate pouvait peut-être croire au coup de l'avalanche, j'avais fait assez d'expédition en montagnes pour savoir que le bruit d'un flingue ne serait jamais assez puissant pour déplacer ces tonnes de neige.

« Il est vachement haut, non ? Faut vraiment s'en inquiéter ? » C'était comme si je pensais à voix haute, parce que j'étais en train de me demander comme cet enfoiré d'ours allait descendre jusqu'à nous avant qu'on ait le temps de se casser. Mais la nature m'avait entendue. Sinon le bruit d'un flingue ne déclenchait pas d'avalanches, un gros ours sur un pan de neige instable, ça, ça pouvait. Ca pouvait carrément même puisqu'après avoir fait un tour sur lui-même en nous observant, l'ours se ramassa la gueule, manquant de peu de nous emporter dans sa chute. La suite ? Boh, quelques tremblements, des bruits de craquelage et surtout, une Camilla qui gueule :

« Trace ta race, TRACE TA RACE ! »

On s'est donc mises à courir comme des forcenées, j'avais même un peu d'avance sur Kate, bien moins à l'aise et certainement un peu plus paniquée, finalement, l'avalanche ne survint que quelques minutes plus tard à l'endroit même où nous étions. Le phénomène devait être visible sur quelques kilomètres et me donna une idée.

« Bouge pas, j'ai pas envie de te blesser » J'ai pris Abeille, et j'ai transpercé les fringues de ma partenaire avant de les déchirer un peu. J'ai foutu de la neige un peu partout sur sa gueule et dans ses vêtements, et j'me suis servie de la suie de mon canon pour lui en tartiner la gueule, avant de faire pareil pour moi. Je vous passe sa réplique étonnée pour passer directement à ma partie.
« Je ne sais pas si tu as retenu le plan, mais ce fils de pute de Jacques nous emmenait droit sur eux, ils avaient inversé les rôles. Là, on a l'occasion de rendre le notre plus crédible. On se pointe là-bas en boitant avec nos fringues dégueu, on dit qu'on était venu chercher du boulot, sur sur le chemin on tombe sur un groupe de gars qui nous ont prises en otage, genre ils pensaient qu'on était avec eux, paf, avalanche, on arrive à s'enfuir en manquant de prêt de crever à cause de la catastrophe et qu'on sait pas si les autres s'en sont sortit, voire même que c'était pas le seul groupe, et qu'ils vont bientôt subir une attaque. Ca te va ? » Ouais, ça paraissait farfelu. Mais je savais que leur base n'était plus loin, et surtout, on était maintenant prises en sandwich par deux bandes qui voulaient notre peau. Et puis, les chances que les pros nous tirent dessus à vue étaient moindre. Il fallait bien qu'ils embauchent pour maintenir leurs effectifs, ils allaient pas buter la première personne qui se pointe à chaque fois.

Mes prédictions étaient bonnes, une dizaine de minutes plus tard on arrivait vers un gros campement. Genre vraiment plus gros que la vieille bicoque des demeurés qui nous suivaient, mais je vais pas te décrire l'endroit, c'est pas ma spécialité. Si tu croises Kate un jour elle se fera sûrement un plaisir de le faire à ma place. Ah, par contre attends toi à des mots comme « Congère » et « Frondaison ».

« Ok, maintenant joue le jeu. » C'est ce qu'on a fait. Deux gardes sont venus à notre rencontre, forcément méfiants et armés. Mais bon, en quoi de jeunes femmes dans un état visiblement lamentable allait leur être d'un quelconque danger, mh ? J'ai raconté mon mensonge, que j'avais eu le temps de potasser pendant ces minutes de marche. Je faisais semblant d'être essoufflée, un peu paniquée mais pas trop parce qu'il fallait qu'ils nous intègrent à la troupe et qu'ils voulaient sûrement pas de deux grosses fillettes prêtes à fondre en larme, et le tout a bien fonctionné. Ils nous ont fait rentrées en vitesse avant de barricader les entrées et de nous emmener dans un grand bâtiment, là où se trouvait sûrement les têtes pensantes du club de chasse. Le grouillaud raconta l'histoire à son supérieur qui se tourna vers nous.

« Vous dites qu'on va nous attaquer donc ? »
« Ouais, et je suis prête à faire partie de la bataille malgré mon état, j'ai une revanche à prendre sur ces connards. » Il se contenta de me sourire.
« Bien, mais j'aurais d'autres questions une fois qu'on les aura dérouillés. »

Évidemment, il pouvait pas se contenter de mon histoire super bien ficelée, ce batard.

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Chasseurs chassés EmptyLun 20 Aoû - 15:31
Il avait sauté, il en revenait pas ! Le CON ! Le gros con putain ! Et alors que Jacques voyait ses repas défiler devant ses yeux, le sol enneigé se rapprochait à vu de nez. Un cri d’une tonalité plus aigu qu’aucun homme n’oserait l’avouer sorti de ses poumons en écho aux rugissement de l’ours. Il entendit à peine le coup de feu tiré dans sa direction et sentit encore moins la brûlure à son épaule dont s’écoulèrent de petites perle de sang scintillantes dans l’air. La suite de la chute fût des plus ordinaire, ce qui surpris Jacques dans un instant de lucidité lunaire. L’atterrissage par contre… Il évita un rocher, deux, puis trois, roula sur plusieurs mètres, zigzaga entre quelques arbres qui manquèrent de le décapiter et finit enfin sa course dans un buisson. Son état n’était pas fameux, comme si l’autre rousse était venu lui tambouriner le corps avec ses grosses baloches. En parlant de baloches… Il aurait pu jurer avoir vu une forme brune suivre le même chemin que lui. Est-ce qu’une des connes avait sauté pour le rejoindre ? Il n’eut pas le temps de se relever pour en avoir le coeur net, un boucan du diable suivi par une mer de neige firent irruption. Jacques ferma les yeux. Cette fois c’était sûr, il allait boire la tasse.
—————

Asteria avait regardé Jacques les yeux rond et la bouche en «o». Durant toute sa chute, sans bouger. Et jusqu’à ce qu’il disparaisse. Elle l’avait vraiment pas vu venir. Mais si elle y pensait deux secondes, c’était logique. Autant tenter le grand saut avant de finir troué par l’une ou l’autre de leurs armes. Avec un peu de chance il se casserait une jambe et mourrait d’une lente agonie, tout seul, dans la neige, en pleurant sa mère. Elle avait bien cru apercevoir du sang lorsque sa partenaire avait tiré, mais de la à en jurer… Au moins ça c’était fait. Elle allait se frotter les mains pour se réchauffer et féliciter la rousse quand elle entendit un coup sourd derrière elle. Il lui fallut un certain temps pour comprendre qu’un ours avait mal négocié un virage dans sa vie et se mettait à dégringoler comme une princesse en emportant tout le pan neigeux avec lui. Elle serait restée complètement coite si la voix de Camilla ne l’avait pas sorti de sa torpeur. Elles commencèrent à courir dans la neige comme elles pouvaient, ce qui ressemblait à une course de sac de patates. L’animal glissa alors entre elle et Camilla et manqua de peu de lui mettre un cou de croc pour emporter sa main. Asteria n’avait jamais vu d’ours aussi près et sa rencontre lui donna un coup de fouet pour fuir le plus vite possible alors que la bête disparaissait dans la pente à son tour.

Elles évitèrent l’avalanche de peu et Asteria s’écroula sur un rocher, morte de fatigue. La journée avait été exténuante et les derniers événements n’avaient pas arrangé les choses. Alors quand Camilla lui intima de se tenir tranquille, il fallait avouer qu’elle avait suivi des ordres plus compliqués dans sa vie. Elle la laissa trouer ses vêtements et la barbouiller. Ce n’était pas ça qui allait la chagriner. Pour autant, imaginer la tête de son père s’il la voyait déguisée en ouvrière tout droit sorti de la mine lui tira une mine amusée. Une mine amusée… Lorsque Camilla lui exposa son plan, ce fut peut être la première fois qu’elle ouvrait autant la bouche. C’était impressionnant et plaisant. Asteria se promit de réparer leur manque de conversation, finalement, elles ne savaient presque rien l’une de l’autre.
Oui, j’avais bien compris qu’un truc se tramait. Mais je me suis dit qu’on improviserai sur le chemin. Je ne suis pas déçue, en lui offrant un clin d’œil. Pour le plan, je te suis. Ça me semble bon. Il faut juste qu’on la joue parfaitement.

Il leur fallut pas moins de quelques minutes pour atteindre le dit camp. Disposé dans une clairière au milieu d’un bois, sur un plateau montagneux, il était protégé de la plus part des menaces de la vallée. Un bâtiment principal avait été construit en son centre, tandis que des tentes s’organisaient autour. Aucune congère à l’horizon, l’endroit était d’un calme presque appréciable. L’évidence frappa Asteria. Il n’y avait aucune chance qu’un camp d’une telle envergure à un jour de marche de Rocéas puisse perdurer sans que le gouverneur ne soit au courant. Les politiques locales étaient totalement dans le coup. Elle sourit. Détruire ses abrutis avec les têtes de l’État qui les protégeaient lui procurerait un plaisir vicieux. Elle se reprit avant de griller sa couverture. La détective joua son rôle en laissant Camilla mener la danse. Elle avait plus de chance de faire fonctionner leur plan.

Vous dites qu'on va nous attaquer donc ? 
Ouais, et je suis prête à faire partie de la bataille malgré mon état, j'ai une revanche à prendre sur ces connards.  Il se contenta de lui sourire.
Bien, mais j'aurais d'autres questions une fois qu'on les aura dérouillés. 

Elles lui sourirent. Il leur sourit. Asteria le regarda. Il la regarda. Elle le regarda. Il regarda Camilla. Elle regarda Camilla. Ils se sont regardés. Il a continué à sourire.  
Je vais aller vérifier vos dires et après je reviens. Il avisa ses hommes qui formaient un cercle autour d’elle. Vous prenez leurs armes et vous les conduisez aux quartiers des invités. Et que ça saute.

Elles eurent à peine le temps d’imaginer ce que pouvait être ce fameux quartier des invités qu’elles furent enfermées dans une cage à la périphérie du camp, au milieu d’autres cages. Une seule autre comportait un Tsookhor comme invité, le reste étant vides. On leur offrit deux bûches pour se protéger le «croupion» de la neige et la troupe partit. Elles étaient seules… Si l’on oubliait la présence des autres mercenaires du camp qui s’affairaient à divers tâches en leur jetant des regards de temps en temps pour vérifier que tout se passe bien.
Au moins ce qui est sûr, c’est qu’on a à faire à un vrai groupe de mercenaire cette fois, grogne-t-elle en relevant la bûche pour y poser ses fesses.

Il était là son moment pour faire la discussions. Les architectes exauçaient donc les souhaits stupides ? Elle avait la désagréable impression d’être prise une conne depuis le début de cette mission. Elle en vint presque à se méfier de Camilla pendant un moment. L’absence de son arme la rendait juste vulnérable et de mauvaise humeur. Elle prit quelques minutes pour se calmer et retrouver un semblant de logique. La bonne nouvelle était qu’elles étaient toujours en vie. Mais avec un groupe aussi organisé et à la botte de l’État, Asteria craignait qu’ils puissent se débarrasser d’elles sans problème et dans la plus grande indifférence. Son statut d’Astrale et son nom pourrait sûrement les sauver, s’en prendre à l’héritière des Fox ne se ferait pas sans représailles. Mais à parier qu’ils avaient un semblant de culture…
Je pense que nous sommes en sécurité pour l’instant. Si Suny se trouve réellement dans les environs, je ne donne pas chère de sa peau. On gagnera peut être leur confiance. C’est courant dans le métier ce genre de situation ? Je dois avouer que mes enquêtes à la capitale sont beaucoup moins mouvementées. J’ai beaucoup plus besoin de mon cerveau que de mes jambes. Ça change, mais c’est nettement plus dangereux ici.

En laissant Camilla répondre, la détective en profita pour rincer la suie de son visage avec la neige au sol. Quelques mercenaires lui jetèrent des regards méfiant mais se détournèrent vite. Il n’y avait pas vraiment de moyen pour elle de s’échapper. Sa force se trouvait dans sa tête. Et dans une région aussi éloignée, elle ne disposait d’aucune connaissance qui lui était réellement utile. Il lui manquait l’expérience du terrain. Elle se sentait nue. Au moins elle avait la compagnie de la rousse. Elle se révélait une alliée en qui elle pouvait avoir confiance. Le visage rougi par l’expérience du froid, elle releva la tête vers sa partenaire.
On n’a pas eu l’occasion de discuter ou de faire de réelle présentation. Autant en profiter. Qui es-tu, d’où viens-tu ?

Elle se rassit sur sa souche pour écouter son histoire. Asteria lui conta également quelques anecdotes de sa vie tout en continuant d’omettre son appartenance à la haute Alexandria. Certaines enquêtes qu’elle avait pu accomplir, sa passion d’aéoronautique ou encore de mystères. Leur discussion prit fin 30 minutes plus tard lorsque un homme à l’épaule bandée escorté par deux mercenaires fut placé dans une cage adjacente avec pour consigne de se «tenir à carreau». Ce n’est que quand ils furent repartis que les deux jeunes femmes purent constater de l’identité du troisième prisonnier.
Alors les putes, on m’dit que vous nous avez balancé avant d’vous retrouver ici ? Hahaha ! Vz’êtes aussi cons que nous.  

Il était vivant ! Elle n’en revenait pas. Après une chute, un ours et une avalanche. Pendant un instant, il maintint son sourire hilare de survivant abruti ou de prophète sauvé par les architectes. Il se pensait intouchable, le chien.
Maintenant que vous avez buté tous mes potes, vous avez intérêt à me sortir de là sain et sauf ou je leur balance ce que vous voulez vraiment faire. Et vous inquiétez pas que le simple soupçon qu’vous soyez des traîtres, ça va les faire réfléchir à deux fois avant de vous faire confiance, hahahahahurgremb…

Son rire se transforma en crise de toux aux glaire rougeâtres. Asteria échangea un regard inquiet avec Camilla. L’imbécile compromettait leur plan en beauté.
J’aurais mieux fait de te faire exploser la tête quand j’en avais l’occasion.
Hehe, pas d’ça avec moi. Vous me faites passer pour vot’ pote ou vous êtes mortes. C’est simple, ravale ta fierté la blonde, c’est le moment ou jamais.
Et on peut savoir comment tu es resté en vie ?
Ah bah ça c’est une autre histoire…

Camilla Nalaàr
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Chasseurs chassés EmptyLun 27 Aoû - 19:13
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« Courant comme situation ? Si par situation tu entends « se retrouver dans la merde » alors oui, clairement. Mon père m'a toujours dit « Quand on veut être sûre de son coup, on plante des navets, on ne devient pas aventurière. » que j'ai répondu en m'emportant dans un rire en repensant au ton de mon père quand il disait ça.

Reste qu'on était vraiment dans la merde. Je n'avais clairement pas prévu le fait qu'ils nous enfermeraient. Ou alors si, mais pas entassées dans des cages comme les animaux qu'ils capturaient. Et justement, c'est à que j'ai bloqué. Sur ce Tsookhor enfermé quelques pas plus loin. Si je n'avais pas vu toute l'installation et entendu tout ce que j'avais entendu, je les aurais pris pour des gros demeurés. Parce qu'un Tsookhor en cage, ça se suicide. Ca se suicide carrément même, de façon hyper craignos, bien plus que le mot « craignos » en lui-même. Je ne vais pas te la faire façon tragédie Grecques et je vais même t'épargner les détails les plus dégueulasses, mais en gros, ils se mutilent. Ils se bouffent les ailes, les pattes, s'arrachent la peau et deviennent complètement fous. Un spectacle insupportable à voir pour n'importe qui, et d'autant plus que t'es prise d'une grande amitié avec un Tsookhor toi-même. Mon seul soulagement venait du fait que, par miracle, ce n'était pas ce fils de pute de TchouTchou, mais j'avais intérêt à vite me magner l'arrière-train pour éviter qu'il ne lui arrive pareil. Non parce que si c'était le cas j'étais prête à tout moi, je fais cramer leur baraque, les granges, ma maison, la moitié du pays en somme.

Bref, l'animal n'en était visiblement pas encore à ce stade, bien que tout proche. Il se contentait de tourner en rond dans sa cage, l'air désemparé. J'avais le même air, sauf que je me suis assise sur une bûche. »

« On n’a pas eu l’occasion de discuter ou de faire de réelle présentation. Autant en profiter. Qui es-tu, d’où viens-tu ? »

Son intérêt soudain pour moi m'a paru curieux. Je me demandais si elle s'intéressait vraiment où si c'était pour passer le temps. Ca pouvait même être les deux. J'lui avais bien troué le cul avec mon plan, elle s'était sans doute dit que j'étais moins idiote que j'en avais l'air. Alors ouais, j'te l'accorde, j'suis pas la plus fut-fut de Daenars, mais j'ai pas survécu à une vingtaine d'année d'aventure en était complètement conne, tu vois ce que je veux dire ? J'ai hérité de la ruse de mon père, et surtout, de sa capacité à se sortir des situations d'urgence dans des fulgurances sorties du fond d'ta poche.

Dans tous les cas, ça m'a fait plaisir et je me suis prêtée au jeu. On s'est donc racontés nos vies comme deux amies dans une taverne prêt du feu un soir d'hiver. J'étais ravie d'en apprendre plus sur elle, qui semblait tellement loin de mon monde. Je l'avais rencontrée totalement par hasard, embarquée dans mes histoires et elle se révélait être une personne efficace, intéressante et agréable. En ce qui me concerne, je lui ai raconté quelques-unes de mes aventures en version raccourcie, notamment celle de ma rencontre avec TchouTchou, puisqu'elle m'a amenée à être finalement enfermée là dans ce camp de bouseux. Et franchement, je pense qu'on ne se serait pas arrêtés si trois péquenauds ne s'étaient pas approchés. Enfin, deux qui escortaient l'un, visiblement, avant de l'enfermer dans la cage juste à côté. J'ai commencé à avoir un doute, ça pouvait très bien être un rescapé de la bataille « Bouseux contre Super Bouseux » qui nous aurait reconnues. Je me suis levée pour constater quand les deux autres bonhommes sont partis.

« Alors les putes, on m’dit que vous nous avez balancé avant d’vous retrouver ici ? Hahaha ! Vz’êtes aussi cons que nous.    »J'ai pris ma tête dans mes mains.
« Oh le fils de pute...  que j'ai soupiré. Sans blague, de tous les connards de ta troupe il fallait que ça tombe sur ta sale face ! »
« Maintenant que vous avez buté tous mes potes, vous avez intérêt à me sortir de là sain et sauf ou je leur balance ce que vous voulez vraiment faire. Et vous inquiétez pas que le simple soupçon qu’vous soyez des traîtres, ça va les faire réfléchir à deux fois avant de vous faire confiance, hahahahahurgremb… »
« J’aurais mieux fait de te faire exploser la tête quand j’en avais l’occasion. »
« Hehe, pas d’ça avec moi. Vous me faites passer pour vot’ pote ou vous êtes mortes. C’est simple, ravale ta fierté la blonde, c’est le moment ou jamais.  »
« Et on peut savoir comment tu es resté en vie ? »
« Ah nan nan lui demande pa-... »
« Ah bah ça c’est une autre histoire… »
« Oui d'ailleurs je serais ravie de l'entendre mais j'ai peur de vite me faire chier »
« Vous vouliez nous tendre une embarcadère depuis le début ? »
« Une embuscade ? »
« Ouais voilà. »
« Je peux te retourner la question ou c'est chiant du coup ? »
« Même pas en plus, c'est venu comme ça. »
« Et tes potes sont tous crevés ? »
« Crevés ou en train d'agoniser dans la neige ouais. Bon maintenant tu me sors de là, connasse ? »

Je l'ai regardé, j'ai regardé Asteria, j'ai regardé le Tsookhor. Là ça devenait foutrement compliqué. A la limite, y'avait moyen de s'en sortir vivantes, mais la mission tombait à l'eau, je n'arrivais pas à voir comment on aurait pu concilier les deux. Nos armes étaient conciliées dans un coffre à moitié pourri quelques mètres plus loin, surveillé par un grouillot. Alors que j'allais me concerter avec ma partenaire pour savoir qu'est-ce qu'on allait faire, deux autres gardes se sont pointés pour venir nous ouvrir.

« Suivez-nous. »

J'ai regardé Astéria, puis les garde, et j'ai levé mon gros cul de la bûche en m'étirant les jambes au passage, et laissé tomber mes lunettes par terre. J'ai repéré celui qui portait les clefs, c'est le gros con à droite. En sortant, j'ai jeté un regard à l'autre connard dans sa cage. J'espérais qu'il ait lu sur mes lèvres que j'allais le sortir de là s'il fermait sa grosse mouille. J'avais une putain d'idée en tête.

On a marché quelques temps à travers le camp avant d'arriver devant le plus grand bâtiment. Le gros con de droite m'a pointée du doigt.

« La rousse, tu viens avec moi. »
« Oh oh oh, et ma pote ? »
« Détends-toi, ça sera son tour après. »

J'ai arqué un sourcil, mais je n'avais pas trop le choix. En me séparant d'Asteria, je lui ai fait un clin d'oeil. J'ai donc suivi le grouillaud dans le bâtiment. Il m'a fait monter des escaliers, passer quelques couloirs avant de m'amener devant une porte qui devait être, je l'imaginais, le bureau du patron.

« Il a quelques questions à te poser. » qu'il m'a dit avant d'ouvrir la porte. J'ai inspiré un grand coup, et je suis rentrée. Le gars m'attendait, assis derrière son bureau, en train de ranger les derniers papelards qui traînaient. Je me suis avancée jusqu'à être juste devant son meuble, à peine à un mètre de distance.
« Assieds-toi »
« Ca ira. »
« Ca a l'air d'aller mieux les blessures, non ? » Le fumier. Il est vrai que j'avais légèrement oublié ma couverture de blessée rescapée et que j'avais donc troqué ma démarche de boiteuse contre celle pleine d'assurance.
« Une bonne heure dans une cage ça requinque. » J'ai remarqué un coupe-papier sur le bureau.
« Vous aviez raison, toi et ton amie, pour l'attaque. Et j'avais raison, on les a dérouillés. »
« Super, on fête ça ? » que j'ai tenté en blaguant.
« Pourquoi vous êtes là ? »
« Je te l'ai dit, on s'est faites attaquées par leur bande. »
« Alors je reformule, pour quoi vous étiez là bas ? Et avant que tu ne fasses encore l'idiote, je sous-entends : pourquoi aussi proche de notre camp ? Il y a un petit quelque chose de louche dans votre histoire. » Je commençais à me demander ce qui était en train d'arriver à Asteria. Est-ce qu'elle subissait un interrogatoire pareil au miens ? Je commençais à me dire qu'ils essaieraient de comparer les versions pour arriver à la conclusion suivante : Oui, on mentait comme des grosses chagasses.
« On vous cherchait, justement. On a entendu parler de vous et on a besoin d'argent, on s'est dit que c'était le bon plan. »
«Ou alors t'essaies de me la faire à l'envers ?»

Mes battements par minutes ont quadruplé alors qu'il baissait sa main pour aller chercher ce que je pensais trop être une arme pour restée passive. D'un bond, j'ai sauté sur le bureau, récupérer le coupe-papier, bondit sur son siège qui tomba à la renverse, foutu ma main sur sa bouche et l'autre, équipée du coupe-papier, en plein dans sa gorge.
« T'as pas tort fils de pute. » que j'l'ai terminé alors que ses yeux grand yeux paniqués s'écarquillaient dans tous les sens. J'étais dans une de mes phases du fulgurance. Tout me paraissait clair, mes idées étaient plus nettes que jamais, mes sens affûtés, la joie de l'adrénaline. S'ils en faisaient en seringue, je passerais bien ma vie dans cet état. J'étais d'ailleurs bien consciente que le bruit allait attirer l'autre demeuré derrière la porte, s'il s'y trouvait toujours. Je laissé le cadavre derrière le bureau, bien caché pour quelqu'un qui ne jetterait qu'un œil furtif à travers la porte et j'me suis planquée justement derrière celle-ci, le coupe papier toujours en main.

Il n'a fallu que quelques secondes avant que ce con n'ouvre la porte prudemment. Il n'a vu personne.

« Patron ? »

Il s'avançait. Encore quelques pas... Et j'ai refermé la porte avant de lui sauter à la gorge. J'ai dissimulé son cadavre au même endroit que celui de son patron et j'ai récupéré son trousseau de clefs. Puis j'ai fouillé dans les tiroirs du bureau. Il y avait bien une arme, en effet, mais surtout, c'était rempli de dossier et de contrats. La liste de leurs clients. Le genre de truc qui intéresseraient Kate. Pas moyen de tout récupérer sans un bon sac. Alors je suis sortie, l'air naturelle de la pièce. A l'extérieur, un furieux blizzard se préparait, je les sentais venir à des kilomètres. Et finalement, Kate était toujours en bas accompagnée de son garde du corps. Alors que je descendais les escaliers j'ai gueulé :

« Votre patron l'attends, elle peut monter ! »

Le garde l'a donc laissée partir, et nous nous sommes croisés dans les escaliers.

« Je crois qu'il y a toutes les infos qui t'intéressent là-dedans, récupère ce qu'il te faut et ensuite on se rejoint à l'entrée en vitesse. J'ai un plan, et ça va être un beau bordel. » que j'lui ai chuchoté. Je lui laissais la surprise de découvrir les deux cadavres, c'était mon petit cadeau personnel. Et du coup, c'était moi qui me retrouvait coincé avec ce débile. Le blizzard s'était effectivement levé, et la visibilité se faisait moindre.
« Mec, j'ai oublié mes lunettes dans la cage tout à l'heure, y'a moyen d'aller les chercher ? »
« Tu crois que j'ai que ça à foutre de me trimballer par ce temps ? »
« Mais j'y vais moi sinon, oh, ton patron ne m'a pas tuée, ça veut dire qu'on va pouvoir faire équipe et que tu peux me faire confiance mon chou.» Le « Mon chou », j'étais pas sûre.
« Casse-toi. »
« Oooooké »

Et il m'a laissé y aller. Bien. Malgré la tempête de neige, j'arrivais à me repérer dans ce foutoir pour arriver jusqu'au garde qui gardait les cages.

« Eh, qu'est-ce tu fous là toi ? » J'ai regardé aux alentours, on y voyait comme à travers une pelle, et pour le son, tout pareil. C'était l'occasion. De ma main gelée j'ai dégainé le coupe papier et lui ai planté, pour la troisième fois d'affilé, dans la gorge. Quelques mètres plus loin une voix familière s’exclamait :

« Eh connasse, c'est toi ?! J'y crois pas t'as tenu parole ? Non parce que là si je reste dix minutes de plus dans cette cage je vais finir congelé comme un saucisson ! »

J'y ai pas fait gaffe, profitant de l'instant pour récupérer mon équipement et celui de Kate, ça faisait un sacré bordel à manipuler. Puis j'ai pris mon courage à deux mains pour la partie la plus risquée de mon plan. Je me suis plantée devant la cage du Tsookhor qui commençait à s'affoler dans sa cage. Tu te rappelles du Massacre de Fiourah ? J'allais en faire la reproduction.

« Qu'est-ce tu fais grosse ? C'est moi qui t'es censée libérer ! Ooooh ! »

Le souffle coupée, les doigts bleus, j'ai cherché la bonne clef pendant de trop longues secondes avant de tomber sur la bonne. Je l'ai insérée, inspiré à grand coup, et je l'ai tournée. Et là mon gars, j'ai tapé le plus gros sprint de toute ma vie pour aller me planquer derrière le premier obstacle venu. Et j'avais bien fait. L'animal est sorti en trombe de sa cage, direction Jacques.

« J'imagine que y'a pas moyen de s'arranger ? » furent, pour le coup, ses véritables derniers mots.

Puis il a continuer sa route dévastatrice jusqu'au bâtiment principal, où, je l'espérais, Kate ne se trouvait plus. Je suis partie récupérer mes lunettes avant de me diriger vers notre point de rendez-vous, en l'espérant, sans encombre majeurs.

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Chasseurs chassés EmptyMer 29 Aoû - 15:40
Le sort du Tsookhor avait semblé toucher Camilla plus profondément qu’Asteria n’aurait pu l’imaginer avant son histoire. Ayant vécu la même chose pour un être qu’elle chérissait, il n’était pas étonnant qu’elle se soit jetée corps et âme dans cette quête. Elle comprenait maintenant l’absence de retenue envers le groupe de Suny et l’envie d’en découdre au détriment de la raison. Quant à la bête coincée à quelques mètres d’eux, sa vision devait la rendre folle de rage. Asteria avait un peu de mal à comprendre son empathie pour un tel être. Les animaux avaient toujours été quelque chose d’à part. Son monde s’était composé d’homme et de technologie depuis sa naissance. Aller visiter les animaux de la ferme, voir des cirques, se balader dans les expositions, c’était bon pour les paysans comme disait son père. Même un simple cheval la rendait mal à l’aise. Et à la limite scientifiquement curieuse. Alors quand son regard se posait sur cet énorme loup volant en cage, tout ce qui venait en tête de la détective, était de comment faire pour en tirer un prix ou manipuler certains politiques de la région. Elle se doutait fortement que ce n’était pas la bonne réponse à donner en présence de Camilla, aussi elle écouta, silencieuse, son histoire, se contentant de donner les réponses qu’on attendait d’elle pour éviter de la froisser : "Oh non, c’est pas vrai ?!, une honte, il a eu de la chance d’être tombé sur toi, quelle belle histoire, j’espère que vous vivrez heureux ensemble et aurez beaucoup…" Et autre baragouinage qu’elle sortait aux couple d’amoureux qu’elle pouvait rencontrer chez les Astraux. On faisait comme on pouvait.

Toujours est-il qu’elle apprécia grandement que Camilla se prête au jeu de la conversation. Ça lui avait manqué. Une enquête sans partenaire avait vite fait de devenir vide. Malgré son goût certain de la manipulation et de la prise de pouvoir, ces moments étaient précieux.  Et indispensable lorsqu’on se retrouvait en prison. Elle lui faisait se souvenir de ses jeunes années passées dans le troisième quartier d’Alexandria en compagnie des petites gens. Ce fût avec une certaine amertume qu’elles s’interrompirent  pour accueillir leur plus grand fan. L’échange qui suivit finit de lui prouver qu’il avait épuisé son quota de point en chance au détriment de l’intelligence à la naissance. Le plan était voué à l’échec depuis le début. Ces pauvres hères étaient juste trop stupides pour s’en rendre compte. Peut être que les zones froides affectait réellement les capacités cognitives des humains. Asteria jeta un regard inquiet à Camilla sans prêter attention à la situation. Peut être qu’elle pourrait lui proposer un emploi à plein temps dans des zones un peu plus tempérées, une dégénérescence du cerveau était si vite arrivée…

Le plus urgent était de calmer les ardeurs de l’imbécile avant qu’il ne donne l’alerte et ne mette leur plans en l’air. Elle s’apprêtait à ouvrir la bouche lorsque deux gardes l’interrompirent à nouveau pour les escorter. L’attaque avait été menée rapidement. Maintenant il fallait faire jouer leur talents d’actrices. Asteria avait l’habitude. Jouer un rôle était une seconde nature pour une Astrale. Elle pouvait baratiner comme il fallait et à peu près n’importe qui. Mais elle était moins sûre de sa partenaire. L’homme qu’elles avaient rencontrés plus tôt semblait avoir du mal à acheter leur histoire. Elles allaient devoir faire preuve d’ingéniosité pour la suite des événements, mais la détective faisait confiance à Camilla. C’était sans compter l’intelligence du chef qui avait décidé de les séparer pour vérifier leur histoire. En soit, c’était loin d’être une mauvaise idée, elle aurait fait pareil. Elle était donc seule. Avec son accompagnateur.

Le camp autour d’elle avait repris son habituelle activité malgré le vent qui se levait rapidement. La troupe d’hommes s’activait pour préparer les repas, nettoyer l’armement qui venait juste d’être utilisé ou encore compter le butin qu’ils venaient de faire. Certains avait une tenu couverte de sang, preuve qu’une boucherie avait été à l’oeuvre. Asteria aurait du s’en douter, pour avoir le courage de se mettre en chasse de créature comme le Tsookhor, il fallait avoir une envie de violence plus élevée que la moyenne. Elle prit soin de retenir la tête des bouchers qui passaient pour les éviter à l’avenir. Dans l’ensemble, le camp semblait plutôt calme. Elle doutait même qu’il y’ai eut de vrais patrouille tant ils semblaient sûrs de leur coup.

L’homme qui la surveillait restait droit comme un I mais n’était pas menaçant. Il savait que si Asteria s’enfuyait, elle ne passerait pas la frontière du camp. Alors pourquoi s’en faire ? L’attention de la blonde se porta pourtant sur l’arme qu’il portait dans les mains. Un fusil à canon double tout ce qu’il y’a de plus commun, cependant…
Un Strauss ?

Il souleva un sourcil, visiblement étonnée qu’elle puisse reconnaître la marque de l’arme. La jeune femme ressemblait plus à une danseuse qu’une aventurière. Avec ses longs cheveux dorés coiffés en queue se balançant derrière elle, sa démarche gracieuse et son espèce de douceur tout droit sorti des beaux quartiers, il la voyait mal porter un fusil et se balader en pleine forêt pour chasser de la bestiole. Pour autant, il lui répondit. Bien aimablement.
C’est ça.
Et vous avez jamais eu envie de tester un Fox ? continua l’Astrale, un brin curieuse.

Il sourit, puis porta sa main à la ceinture afin d’en retirer un revolver dont la crosse était gravé du nom de sa famille. Asteria l’observa attentivement puis approcha sa main lentement.
Je peux ?

Après quelques secondes de réflexion, il posa son fusil derrière lui, contre une poutre, déchargea le revolver et le tendit. Asteria en fit une inspection minutieuse de l’objet tout droit sorti de ses usines.
Une raison que vous avez de préférer les Fox au Strauss, mam’zelle ?
Disons que c’est plus une tradition dans la famille, répond-elle en souriant. Mon arme est un Fox aussi, mais le genre de qualité supérieure. Je pourrais vous le montrez quand cette affaire sera réglée. Si ça vous intéresse. Votre arme est efficace, mais vous préféreriez peut être une classe 37, elle devrait être plus adapté aux climats froids.

Elle lui offre des yeux de biches, la bouche en coeur et lui tend à nouveau le revolver, non sans l’effleurer (in)volontairement. Qu’une femme s’intéresse à ce domaine était étonnant mais au combien excitant. Il finit par sourire franchement à l’idée qu’une relation était peut être entrain de se former entre elle et lui.
T’as l’air d’en savoir un paquet sur les armes. Je m’appelle Grim, dit-il en remettant son arme à la ceinture tout en lui tendant la main fièrement. Je gère la maintenance du camp. Les livraisons d’armes, c’est mon truc, entre autre. Si t’as des conseils, je te suis. Mieux le camp fonctionne et plus c’est rentable pour nous tous.
Kate, en lui rendant sa poignée de main et en lui balançant son meilleur sourire.

Pour lui aussi, ce n’était devenu qu’une question de formalité ce qui se passait là-haut. Pour preuve, il ne prit même pas la peine de reprendre son arme.
En savoir un paquet, c’est vite dit. Mais je m’y connais un peu. De quel genre d’arme vous disposez ici ?
Ouh, la liste est longue. Pour commencer…

Il ne lui fallut que quelques minutes pour se mettre le mercenaire dans la poche. Ils conversèrent comme de vieux amis sur le meilleur rapport qualité prix qu’ils pouvaient obtenir. Asteria appris de nombreuses informations sur le type d’arme, le budget dont ils disposaient, ce qu’ils pouvaient espérer gagner chaque semaine selon les créatures capturé et le pourcentage qui partait en "taxe" ou autrement dit, graissage de pattes. L’homme était heureux d’avoir quelqu’un avec qui parler de la gestion, qui plus est une belle et ravissante jeune femme. Les autres avaient d’autres priorité que la gestion des comptes.

Asteria resserra les pans de son col sur sa frêle gorge. Le froid s’intensifiait sans qu’elle ne comprenne pourquoi, le soleil était toujours là mais le vent s’insinuait partout où il le pouvait.
Vous en faites pas, dès que le patron vous aura vu, on ira se mettre au chaud. Y’a une petite tempête qui se prépare, mais on a de quoi tenir, la réconforta Grim.

Elle sentait qu’il lui aurait bien proposer un câlin s’il avait eu plus de courage pour entreprendre quelque chose. Ca l’a fit sourire. Ce que le mercenaire prit pour un succès de sa tentative. Ils levèrent les yeux quand Camilla gueula pour couvrir le raffut du vent et c’est presque à regret que Grim lui souhaita bonne chance pour la suite. Sa compagne avait un air franchement étrange sur le visage, mais peut être était-ce l’euphorie d’avoir réussi à se faire intégrer dans le camp. Quoi que son "récupère ce qu’il te faut" était un peu louche. Elle n’avait aucune idée de ce que ça pouvait signifier. Aussi, quand elle passa la porte pour découvrir deux corps baignant dans le sang, elle eut quelques secondes d’absence.
Avant de refermer la porte.
Vide.

- Eh bien voilà, Kate, furent les seules paroles qu’elle trouva pour se remettre d’aplomb.
Elle avait tout imaginé sauf ce massacre. Propre mais violent. Qu’est-ce qui avait pu se passer pour en venir à ces extrémités ? Avait-il percé à jour leur plan ? Jacques les avait-il trahi ? Et par les architectes, comment les avait-elle tués sans attirer l’attention… L’unique blessure dans le cou de chacun et l’absence du coupe papier lui donnèrent une bonne indication. Asteria retraça la scène dans sa tête avant de se reprendre. Les minutes étaient désormais comptées. Ce n’était plus une enquête mais une course contre la montre. Camilla aurait au moins pu la prévenir !

Le bureau disposait de trop nombreux dossier… Combien de temps avait-elle avant que quelqu’un ne vienne la déranger ? Ou se rendre compte de la supercherie… Elle fila sur les deux corps pour les fouiller. Une petite clef en métal, des cigarettes, de l’argent, une lettre non signée et une grosse clef en métal avec un fonctionnement plutôt élaboré. Les deux dernières furent fourrées dans une poche tandis que seul un pistolet fut retrouvé sur l’autre cadavre. La suite s’avéra beaucoup moins intéressante. Des documents, il y’en avait à la pelle, mais rien qui ne concernait une liste de client Alexandrien dont elle avait tellement besoin. Asteria éplucha rapidement les dossiers de maintenance du camp, appartenant sûrement à ce cher Grim, mais toutes les informations capitales avaient soigneusement été rangées autre part. Elle prit néanmoins des cartes marquant l’emplacement des autres camps de braconnage de la région. Dehors, la tempête s’intensifiait de seconde en seconde. Une chape gelée s’était abattue sur le monde. L’Astrale se demandait comment elles allaient sortir de ce pétrin en vie. Et alors qu’elle tapotait les étagères pour tenter d’y découvrir un faux fond, trois coups distinct se firent entendre de la porte, avant de la voir s’ouvrir sans ménagement pour claquer dans le mur.
PATRON, y’a la bestiole qui s’est ti…

Grim ouvrit de grand yeux. Asteria s’était figée, à califourchon sur un meuble, les bottes pleins de sang. Sang appartenant à deux hommes au sol, visiblement mort. Le tout parsemé des dossiers blanc maculé de rouge jetés négligemment sans respect.
Un silence.
Une seconde.
Une éternité.

Grim chercha à mettre la main sur son revolver Fox alors que la jeune femme se jeta sur le bureau pour récupérer l’arme qu’elle avait trouvé.
Grim dégaina, une lueur de haine et de rage dans le regard. Il en avait marre de se faire manipuler par des gonzesses, cette fois, c’est lui qui allait la crevé comme toutes les autres avait détruit son coeur.
Asteria roula derrière le bureau avant qu’il ait le temps de tirer, pour atterrir sur le corps encore chaud du boss. Son poids fit pousser un dernier râle au cadavre tout en le faisant déféquer. Dehors, un rugissement rageur transperça le hurlement du blizzard. Mais aucun des deux n’y prêtèrent attention.
Grim n’ayant plus la vision sur sa cible s’approcha avec prudence, il savait qu’elle était armée. Il ne pouvait pas croire que cette gamine ait pu faire ça. Pourquoi…
Asteria trouvait la situation cocasse, menacé par une arme de sa propre entreprise. L’ironie était lourde. Mais elle avait retrouvé une arme et de ce fait, son sentiment d’invincibilité. Dès qu’il montrerait sa tête, elle la lui exploserait. En toute amabilité. Mais au lieu de ça…

Le mur explosa juste derrière Grim, sous un coup de tête du Tsookhor enragé. Il hurla à la mort en tentant de faire passer son corps dans l’espace exigu. L’homme se retourna et dégaina son fusil Strauss pour lui tirer en pleine tête. La mécanique se bloqua et Asteria se releva. La situation devenait hors de contrôle. Des tirs venant de l’extérieur tentaient de toucher la créature qui avait fait un énorme trou dans la bâtisse. Ses pattes s’accrochaient et griffaient aux alentours, poussant Grim à se reculer du côté des fenêtres, là où Asteria se tenait. L’heure n’était plus à s’entretuer, mais bien à survivre. Pour autant, la détective n’était pas de cette avis.
On peut s’échapper par la toiture sans mourir ?!
Oui ! Il y’a un rebord qui peut…
La fin de sa phrase fût pour la crosse du pistolet qui l’atteignit en pleine tête. Asteria en profita pour lui voler son revolver et lui tirer dans la jambe, puis elle ouvrit la fenêtre pour se glisser au dehors et marcher sur le soit disant rebord.
Dans la prochaine vie, choisis Fox ! Merci !

Grim jura et maudit les architectes et toutes les forces qui pouvaient créer la vie dans ce monde. Il hurla alors que le Tsookhor finit de dévaster la pièce pour se repaître de sa proie à terre et gesticulante.

______

Au dehors, c’était une véritable purée de pois. Retrouver l’entrée du camp tout en évitant les braconniers lui prit plus de temps que prévu. Le chaos était total et tout le monde courrait dans tous les sens. Avec un retard inquiétant, Asteria retrouva sa compagne. Elle avait bien des choses à lui dire sur sa façon de gérer les situations à risque mais ce n’était pas le moment. Elles devaient sortir de là et trouver un moyen de s’abriter de la tempête.
ET MAINTENANT ?! ON CRÉER UNE AVALANCHE ET ON SE LAISSE PORTER SUR UNE PLANCHE DE BOIS JUSQU’À LA MER ?!
Elle était rarement sarcastique, mais la situation était suréaliste et elle avait bien trop de point à mettre sur les i de sa partenaire pour commencer par quelque chose de constructif.

Camilla Nalaàr
Camilla Nalaàr
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Chasseurs chassés EmptyLun 10 Sep - 18:40
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J'ai attendu quelques longues secondes derrières ces barricades. Le sang sur mes mains se mêlait à la neige qui commençait à me recouvrir de la tête au pied. J'ai eu une pensée pour ce Tsookhor qui avait choisit la mort dans la vengeance plutôt que la fuite, un choix qui m'arrangeait bien, pragmatique comme je l'étais sur le moment. Je me sentais presque responsable. Mais après tout, je n'avais fait que le libérer. J'espérais que s'il tombait sur Kate, il reconnaîtrait à l'odeur ou à l'instinct le fait qu'elle était avec moi. Parce qu'ils tombaient en face à face, de deux choses l'une. Soit Kate le bute, soit le Tsookhor la bute. Et en cas de pari, vu que c'était moi qui portait les armes de ma partenaire, j'aurais misé sur le Tsookhor quand même. Dans tous les cas, quelque soit l'issue de ce pari, je n'aurais pas été contente.

Quand mon intuition m'a dicté qu'il était temps de filé, je l'ai écoutée. L'entrée du camp n'était pas bien loin de cette prison de fortune et j'ai donc passé beaucoup plus de temps à attendre Kate qu'à me faufiler à travers ces trous du cul et la neige. J'étais planquée derrière quelques sapins en me demandant ce que je ferais si elle ne revenait pas au bout d'une vingtaine de minutes. A la fin de ma discussion avec moi-même, j'avais décidée que je n'étais pas une grosse chagasse de la casse et  que j'irais la chercher, ou du moins ce qu'il aurait pu en rester. Parce que je commençait à bien l'aimer, l'enquêtrice.

Fort heureusement, je n'ai pas du en arriver jusqu'à là. Kate s'est pointée quelques minutes plus tard, essoufflée et en colère. Très très colère.

« ET MAINTENANT ?! ON CRÉER UNE AVALANCHE ET ON SE LAISSE PORTER SUR UNE PLANCHE DE BOIS JUSQU’À LA MER ?! »

Alors, oui, peut-être mais j'avais prévenu. Je n'avais pas dit que mon plan était bon en soit, j'avais dit que ça « allait être le bordel ». Si elle n'écoutait pas tout aussi...

« Wooooooh ! J'étais au même niveau sonore qu'elle, par pur mimétisme mais j'étais plutôt calme après cette petite montée d'adrénaline. J'avais juste le corps un peu tremblant d'excitation. Je me suis peut-être un peu laissée emporter par le moment ouais ! Tu veux qu'on en discute devant un thé ou on se barre de là avant que ne débaroule la moitié du monde connu pour nous péter la gueule ? » Cette phrase était bien trop longue pour un moment d'urgence. Je lui ai refourgué son équipement, et on a filé loin d'ici. A peu près tout droit, vu qu'on avait pas tellement de points de repères dans le blizzard. Une centaine de mètre plus loin, on était même tombées sur quelque-uns des cadavres de la troupe des débilus. Assise contre un arbre devant une traînée de sang se trouvait d'ailleurs un autre genre de traînée. Une chevelure rousse bien familières. J'ai stoppé net ma course pour aller à sa rencontre.

« Traitres. »
« Utilise pas ce mot. C'est vous qui nous avez envoyées au casse-pipe. Tu t'es bien foirée hein ? »
« Et ça te fait marrer ? »
« Un peu, ouais. J'te pensais un poil plus intelligente que les autres, j'vois que je me suis gourée. »
« Le plan était bon pourtant. »
« Mais le plan était bon quedalle de quoi tu me parles, t'avais l'air renseignée sur les types nan ? A quelle heure tu pensais pouvoir les avoir avec ta troupe de clochard ? » C'était presque marrant, elle était aux portes de la mort et on discutait comme deux vieilles rivales.
« C'était mes amis, connasse. »
« Mh, bah la prochaine fois tu leur prépare un bon repas chaud devant la cheminée plutôt que de les envoyer se faire massacrer » Je considérais que c'étaient mes dernières paroles envers elle, alors j'ai fait demi-tour pour repartir.
« Eh, tu vas vraiment me laisser là ?! » Je me suis arrêtée en soupirant. J'allais vraiment la laisser là ? J'ai encore plus soupiré. Tu sais c'est quoi mon problème ? J'suis trop gentille.
« Tu me casses les couilles. » Je me suis approchée d'elle et l'ai soulevée pour la porter sur mes épaules. Kate avait pas l'air chaude-chaude, mais je lui ai dit que j'assumais les responsabilités. Ce qui ne voulait absolument rien dire en cas de mort de nous deux par exemple.
« T'as de la chance d'être rousse. » Et on a continué notre route.

Quand le blizzard s'est en allé, j'en avais marre de marcher comme une connasse avec l'autre tanche sur le dos.
«Je vais crier un peu Kate, mais t'inquiète pas c'est prévu. Je n'étais pas obligée de la prévenir, mais je l'ai fait. L'autre con ne devait pas être très loin, il faisait genre mais ne me lâchait pas d'une semelle. OOOOH ! TCHOUTCHOU ! CA URGE LA TU PEUX RAMENER TA FRAISE ? J'ai regardé Kate. Maintenant y'a plus qu'à attendre. » Pour arriver à ce niveau sonore, je m'étais foutrement entraînée. Bon faut dire que j'ai toujours été plus ou moins spécialiste quand il s'agissait de crier, mais pour que l'autre se pointe fallait vraiment y mettre tout son cœur quitte à s'arracher les cordes vocales. J'étais devenue plutôt bonne.

Et bingo, quelques minutes plus tard, qui v'là-t-y qui v'là-t-y pas, Tchoutchou en grandes pompes qui descend du ciel. Il s'est posé une dizaine de mètre plus loin, l'air franchement pas déter'. J'ai commencé à m'approcher pour lui grimper dessus, mais il a repérée une chevelure rousse non identifiée sur mes épaules et s'est braqué. Si tu connais pas le Tsookhor, faut savoir qu'ils jurent fidélité qu'à une seule personne et qu'ils n'aiment pas trop être en présence de plus d'une autre âme vivante à la fois. Sauf que cette fois-ci, je comptais bien lui faire ravaler sa fierté de roi d'la montagne.

« Ah non non non, tu vas pas commencé à faire ta p'tite chatte. J'ai besoin de toi mon gros, et si tu réfléchis bien, l'autre là, elle est à moitié décédé, et la jolie blonde derrière elle m'a sauvé les miches. (Oui bon j'exagérais mais c'était pour qu'il comprenne) Donc si tu comptes, ça fait quoi... 2 et demi, franchement c'est faisable. » Bien sûr, il a fait semblant de pas comprendre mon langage, alors il s'est encore reculée. J'ai planté mon regard dans le siens, d'une sincérité absolue. S'il te plait. »

Puis, à petit pas lents, j'ai réussi à m'approche. J'y ai déposé délicatement Sunny avant de monter moi-même  dessus. Puis j'ai fait signe à Kate.

« Allez à ton tour, vas-y doucement il est chatouilleux. »


Quelques « YOUHOUUUUUU » plus tard, on était arrivées à la périphérie de la ville, par la même direction de la quelle on était parties il y a de ça ce qui me semblait une éternité. J'ai récupéré Machine en descendant, laissé Kate s'y prendre comme une grande avant que Tchoutchou ne reparte dans les airs. Pas si con, puis qu'il s'était envolé vers l'opposé du camp des braconniers, il devait avoir suivit un peu l'histoire. D'ailleurs, si toi aussi t'as bien suivit, tu te rappelles qu'un des premiers bâtiment quand on arrive par là, c'était la taverne où j'avais décidé  de piéger Meurlock.

On y est entrée et j'ai déposé Sunny sur une table en gueulant au tavernier d'appeler des secours et de s'en occuper. Avant qu'elle ne parte vers une chambre dans une semi-panique, je lui ai chuchoté à l'oreille.

« Je suis sûre qu'on se reverra Sunny, t'as pas l'air bête, essaie d'apprendre de tes erreurs. » Et je te réserve pour plus tard l'histoire de nos retrouvailles. Elle m'a glissé un « Merci » plein de reconnaissance et de culpabilité avant qu'elle ne disparaisse en haut des escaliers, portée par un bonhomme et une bonne femme.

Avec Kate, on avait décidé de prendre une pause bien méritée pour s'expliquer et qu'elle me raconte ce qu'elle avait trouvé dans le bureau du patron. Moi qui pensait en avoir fini, voilà que nous étions partie dans une chasse à l'énigme. Deux pintes, une carte et une clef. Voilà où on en était.

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Chasseurs chassés EmptySam 22 Sep - 18:54
La proposition du thé lui remit instantanément les pieds sur terre. Elles n’avaient clairement pas de temps à perdre avec ça et ses considérations astrales pouvaient attendre. En outre, la récupération de ses armes parvinrent à lui faire complètement oublier son ressenti. Elle les aurait sûrement câliner comme des peluches si Camilla n’avait pas été là. À nouveau, elle se sentit prête à affronter le monde ou à détruire le blizzard de ses propres mains. Le changement dans son attitude était radical. Son irascibilité s’était évaporé et une force nouvelle courrait dans ses veines à la manière d’un rail de poudre blanche consommé un samedi dans les soirées de la haute bourgeoisie. Quoi qu’il en soit, son fusil à pompe à l’épaule, son revolver à la ceinture avec le dernier récupéré de son ami Grim, elle était prête à tout.

Traitres.
Asteria tourna la tête vers la neige qui venait de parler.
L’arbre.
La tâche rouge à son pied.
En plissant les yeux pour voir quelque chose à travers le blizzard, ça ne lui disait rien qui vaille.
Utilise pas ce mot. C'est vous qui nous avez envoyées au casse-pipe. Tu t'es bien foirée hein ?
Suny, bien sûr ! Mais comment ça, bien sûr ? Ces crétins ne mourraient donc jamais ? Était-elle en face de la personnification même de l’architecte de l’emmerdement ? Même les astraux avaient au moins la décence de mourir sans faire autant de simagrées.
Et ça te fait marrer ?
Qu’est-ce qu’elle allait inventer pour sauver sa vie maintenant ?
Un peu, ouais. J'te pensais un poil plus intelligente que les autres, j'vois que je me suis gourée.
Le plan était bon pourtant.
Eh bien…
Mais le plan était bon quedalle de quoi tu me parles, t'avais l'air renseignée sur les types nan ? A quelle heure tu pensais pouvoir les avoir avec ta troupe de clochard ?
C'était mes amis, connasse.
Tu sais, si tu…
Mh, bah la prochaine fois tu leur prépare un bon repas chaud devant la cheminée plutôt que de les envoyer se faire massacrer
Ah, ce n’était pas grave, qui avait vraiment besoin de son avis dans ces conditions ? C’est à peine si sa voix couvrait le bruit du…
Eh, tu vas vraiment me laisser là ?!
C’était bien la première fois que l’auteur coupait même la parole de ses pensées.
Tu me casses les couilles. T'as de la chance d'être rousse.  

Eh bien Suny avait réussi à trouver un moyen de s’en sortir… Elle était forte. Très forte. Asteria se rassura comme elle pu en se convaincant qu’elle n’était pas intervenu par choix dans l’échange qui venait de passer. Si jamais elles se faisaient rattraper, elle pourrait toujours coller une balle dans la tête de leur nemesis pour éviter tout sentiment de bon samaritain de sa partenaire. Elle n’était pas sûre que ça passerait bien, mais elle préférait d’autant plus leur survie que celle de la rousse. De la seconde rousse.
La résilience de leur groupe était impressionnante. D’abord Jacques survivant à une chute, une avalanche et un ours, ce qu’elle aurait aimé écouter l’histoire d’un tel miracle, et maintenant Suny qui échappe au massacre et à la mise à mort de tous les autres. Étaient-ils frère et soeur ? Mariés ? Elle se dit que dans cette région, il n’y avait pas de raison que l’un puisse exclure l’autre. Quelque chose lui disait que si elles la sauvaient, la chef du groupe les retrouverait bien assez tôt pour assouvir sa vengeance. Si l’Astrale n’avait rien à craindre d’une pecno sans le sous et influence, Camilla risquait un peu plus. Mais elle verrait ça en temps et en heure.
La suite de l’aventure fut moins agréable. Vu les événements de la journée, il en fallait beaucoup pour les surpasser. Lorsqu’elle vu une bête en tout point identique à celle qui avait failli la massacrer plus tôt elle se demanda si elle n’avait effectivement pas atterrit dans les limbes ou ses cauchemars la hanterait pour l’éternité entre un oiseau-loup tueur et deux rousses timbrées. Il lui fallut quelques secondes pour se rappeler de l’histoire de sa partenaire à propos de ses tendances d’ambassadrice animalière dans le monde civilisé. Elle n’arrive pas à croire qu’un tel animal puisse obéir au presque doigt et à presque l’oeil d’une humaine aussi frêle. Et qu’ils allaient devoir voler avec lui. Elle tourna la tête paniquée vers Camilla qui était trop occupé à parler à sa peluche vivant pour lui accorder un instant. Il fallait bien s’y résoudre. Si elle voulait sortir d’ici, c’était soit le Tsookhor, soit la luge…
Autant dire que c’était une épreuve qu’elle se hâtera d’oublier le plus tôt possible. Les yeux fermés durant tout le voyage, elle s’accrocha à Camilla comme une bouée de sauvetage jusqu’à l’atterrissage. L’animal bien qu’habitué à voler, n’avait pas la même portance et maniabilité qu’un planeur ou un aéronef. L’imprévisibilité dans les muscles, les coups de vents surprises qu’il devait dévier, les plongés en piquet pour prendre de la vitesse. Elle ne contrôlait absolument rien ! Et ça la rendait folle. Lorsqu’elles se posèrent enfin,  c’est avec la dignité d’un canard à trois pattes qu’elle retrouva le sol. C’était clairement le genre d’expérience dont elle pouvait se passer. Il n’y avait aucun mystère à résoudre dans le ciel. A part celui d’où elle pourrait s’écraser si la bestiole décidait de n’en faire qu’à sa tête. Il lui fallut quelques secondes pour calmer les battements de son coeur. Quand elle se reprit, la blonde aida enfin la rousse à porter la rousse, un peu trop déboussolée pour se rappeler de sa réelle implication dans leurs malheurs directs.

Le reste de la ménagerie intervint ensuite pour s’occuper de la braconnière en non-puissance et c’est après une journée complètement dingue qu’elle et Camilla purent enfin se poser dans une alcôve de la taverne pour un semi repos bien mérité. Si elle n’avait pas eu à débrieffer ce qu’il s’était produit dans le camp, elle serait retourné à son aéronef immédiatement pour s’écrouler dans son lit après un bon massage d’un des matelots. Peut être pourrait-elle même inviter Camilla si la fatigue ne les empêchaient pas d’aligner un pied devant l’autre en sortant. Elle restèrent silencieuses d’un commun accord pendant quelques minutes, prisonnières d’une bulle de tranquillité dont il leur semblait qu’elles n’avaient pas connu depuis des jours. Quand elle y pensait, elle n’était arrivé à Rocéas que la veille. Rarement ses aventures à la capitales n’avaient pu être aussi mouvementées. Il restait juste à espérer qu’aucun des braconniers du camps n’ait eu l’idée de retourner en ville après les avoir aperçus.

Il était donc l’heure de faire le point. Asteria était dans un sale état. Ses vêtements toujours déchirés et mal traités par l’idée de Camilla, elle ressemblait à une vagabonde. Les cernes sous ses yeux et la saleté omniprésente à la surface de sa peau la rendait presque méconnaissable. Seul sa crinière dorée tentait désespérément de sauver l’apparence de leur propriétaire dans une dignité toute relative. Mais bien présente.
Premièrement, la prochaine fois que tu décides de relâcher une bestiole en furie au milieu d’un camp de mercenaire qui veulent notre peau, je peux t’assurer que me prévenir t’offrira ma reconnaissance éternelle.

Asteria tapotait du doigt sur la table en relevant un seul de ses sourcils, à la manière d’une maîtresse d’école. Elle lui expliqua comment elle s’était faites prendre par surprise par ce cher Grim venu prévenir le patron du Tsookhor enragé et comment elle s’était débarrassé de lui.
Juste, préviens moi un peu la prochaine fois, d’accord ? J’apprécierai éviter la mort.

Ses points sur les I n’était pas plus impressionnants que cela. Elle s’en était sorti sans encombre et connaissant Camilla, elle devrait s’attendre à son tempérament de feu. Était-ce une coïncidence avec certaines parties de son anatomie ? Peut être. Divaguait-elle sur des choses sans importance à cause de la fatigue ? Très certainement. Elle déposa sur la table la carte des camps de mercenaires de la région dont une croix particulière sur Roceas. Une clef au fonctionnement très complexe dont la serrure qu’elle ouvrait semblait impossible à crocheter et qui semblait ouvrir un dispositif aussi grand qu’une porte de grange. Le dernier objet était une lettre manuscrite succincte :

G a écrit:
" P.

La précédente cargaison a eu du retard. Si vous ne voulez pas perdre quelques hommes pour vous apprendre à ne pas me décevoir, je vous conseille de vous remuer dans les plus bref délais. De la région, vous êtes l’un des groupes les moins efficaces. Et épargnez moi vos arguments habituels. Je veux des résultats. Dernier avertissement ou j’ordonnerai la destruction de votre camp de minable.


G."

Clairement pas le genre d’homme à qui chercher des problèmes. Je pense qu’il serait plus prudent d’agir discrètement pour la suite des événements.

La détective releva les yeux sur Camilla un instant. Plus elles se rapprochaient des têtes à l’origine de se trafic, plus les risques augmentaient. Le ton de la lettre donnait clairement à réfléchir sur la puissance de la personne au pouvoir. Si elle était capable de détruire un camp d’un claquement de doigt, il était probable qu’elle ait pu avoir des accointances avec l’armée ou la politique. Et pourquoi pas même en faisait-elle parti. Si ce G équivalait à "Gouverneur" elle se rasait la tête… Il ne pouvait pas être si stupide. La marche à suivre était d’abord de faire une liste de toutes les personnalités d’importance de la région. Un "G" en ressortirait peut être, même si elle pariait sur des noms de code.
Tu es toujours partante ? Ça risque de chauffer sévèrement à partir de maintenant. Et je doute que nous puissions compter éternellement sur notre chance. En outre, on a aussi cette énorme clef… Mais on ne peut pas s’amuser à fouiller toute la ville pour ce qu’elle ouvre. On va devoir trouver un plan.

Elle se mura dans ses pensées quelques minutes, laissant sa partenaire parler également. Avant de répondre elle lui posa une dernière question, en pointant la porte d’où avait été escorté Suny pour, espérait-elle, mourir dignement.
Pourquoi l’avoir sauvé exactement ?


Dernière édition par Asteria Kate Fox le Sam 3 Nov - 10:18, édité 2 fois

Camilla Nalaàr
Camilla Nalaàr
Chasseurs chassés Empty
Chasseurs chassés EmptyJeu 4 Oct - 15:39
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Daënar +1
Oh je le connaissais bien ce regard. Ce regard et ces doigts qui tapotent, à la fois consternés, en colère, mais qui ne feraient jamais rien de plus car quelque part, ils m'aiment bien. Un remontrance en douceur pour ne pas solliciter mes nerf, plutôt de bois que d'acier. C'était le même que ma mère le jour où j'ai Manus à la maison.
« La prochaine fois, préviens-moi juste, ok ? »
Oui parce que pour la petite histoire, le chien dont je t'ai parlé tout à l'heure et dont t'as certainement oublié l'existence, c'était un chiot que j'avais récupéré dehors. Je l'avais trouvé dans une petite ruelle de Lurcir, derrière une congère en train de fouiller les ordures. J'avais été interpellée parce que justement, normalement les ordures ça bouge pas tout seul. Alors je m'étais approchée, en posture de combat bien sûr au cas où une salope de spectre voulait me faire la peau, puis je suis tombée sur une petite boule de poil toute crade. Alors je m'étais accroupie, déjà toute gaga devant son taux d'adorabilité, et il m'avait grogné dessus la sale race. Alors bon, tu me connais :
« Mais déjà je t'emmerde. » Non mais c'est vrai le machin je le connaissais pas, j'essayais d'être gentille et il m'agresse le truc.

Bon bref, à la fin je l'ai ramené à la maison du coup. Et après qu'il ait foutu le bordel dans les affaires de ma mère alors qu'il devait resté caché, j'ai eu droit à mon sermont.

« Juste, préviens moi un peu la prochaine fois, d’accord ? J’apprécierai éviter la mort. »

J'ai détourné les yeux avec un semblant de sourire gêné. Non mais c'est vrai que j'avais déconné. Je m'étais sentie trop en confiance avec elle. Contrairement à Lena qui aurait vite compris que ça allait tourner coton, Asteria ne connaissait pas encore mes méthodes. La méthode dite, dans le jargon, du « Gros risques, grosses récompenses ». Eh oui madame, parce qu'on dira ce qu'on voudra, mais les résultats étaient là. J'avais posé mes ovaires sur le mobilier quitte à casser deux trois tables, et on les avait bien emmerdé ces trous du cul.
« Ouais, je me suis un peu laissée emporter. Ca marche si je dis que je savais que tu allais t'en sortir ? » Grand faux sourire forcé.

S'ensuivirent les choses sérieuses. La clef, la carte, la lettre. Lettre qui nous indiquait que le camp qu'on avait visité n'était pas le meilleur, carte qui nous indiquait des camps et une croix sur Rocéas, et clef qui nous indiquait mes couilles.

« Tu es toujours partante ? Ça risque de chauffer sévèrement à partir de maintenant. Et je doute que nous puissions compter éternellement sur notre chance. En outre, on a aussi cet énorme clef… Mais on ne peut pas s’amuser à fouiller toute la ville pour ce qu’elle ouvre. On va devoir trouver un plan. »
Tout à fait, d'ailleurs je pointais du doigt la croix située dans notre ville, ça ne pouvait pas être un camp en plein milieu d'ici tout de même.
« Bien sûr que je suis partante. Et je parlerais plutôt de talent que de chances. Clin d’œil. On a qu'à commencer par là, nan ? »
Puis là, elle a pris le levier de direction et nous a déviées complètement vers la gauche.
« Pourquoi l’avoir sauvé exactement ? »
C'était un peu chiant comme question parce que je ne savais pas exactement. En plus, la réponse exacte aurait été « Parce que déjà j'fais ce que je veux », ce qui n'était pas faux, mais vrai que j'allais avoir besoin de quelque chose d'un peu plus solide pour la convaincre du bien fondé de ma décision.
« Un élan de sympathie ? En vrai je n'sais pas, j'ai pas eu cœur à la laisser où elle était ni à l'achever. Dans mon grand optimisme j'espère que ça lui servira de leçon et que qui sait, plus tard elle pourrait être une alliée. » J'ai finis le reste de ma pinte cul sec. Moi-même sur le moment, j'me suis trouvée conne. Et dans tous les cas, j'pourrais me trouver toutes les raisons du monde d'avoir fait ça, même celles qui ne l'étaient pas à la base. Le sujet était clos, de toute façon. Machine était en train d'être guérie, au mieux, ou en train de mourir sous ses blessures et il n'était plus question de partir l'achever maintenant. Alors j'me suis relevée. Puis j'ai pensé à un truc, alors je me suis rassise.

« Si c'est un endroit gardé qu'il y a caché sous cette croix, le mieux c'est d'y aller à la nuit tombée, t'en penses quoi ? » Que c'était pas faux, visiblement. Parce qu'en plus, d'après la lettre, je m'étais encore faite baisée. Moi qui croyait qu'on avait à faire au haut du panier avec le camp qu'on a foutu en bordel, il s'avérait que c'était un des plus faibles. Un effet « Poupée Lurcirienne » qui m'angoissait autant qu'il m'excitait.

On a donc pris la chambre que j'avais réservée depuis ma dernière venue à la taverne pour passer les heures qu'il restait avant la tombée de la nuit. Le tavernier nous l'avait offerte, ça m'évitait de devoir le tuer rapport au fait qu'il m'avait vendue la dernière fois, oui oui, tu te souviens, quand Meurlock avait fuit par la fenêtre.

Je te passe les détails de notre attente, sache juste qu'on a continué un peu de s'expliquer sur les événements du campement avant de se détendre, de se reposer et de se découvrir encore un peu plus. Si je dis pas de connerie on a même échangé un rire. J'y avais laissé quelques fringues de rechange, assez pour qu'Asteria et moi ne ressemblions plus à des clochards.

Puis quand le soleil fut loin, caché derrière les montagnes, c'est là qu'on a pointé le bout de notre nez. On avait assez étudié la carte pour comprendre où est-ce que cette foutu croix pointait. Alors ni une ni deux, ni trois d'ailleurs parce que cette expression pue la merde, on s'est faufilées à travers les ruelles de la ville. Les gens étaient tous réunis dans des tavernes où chez eux, on pouvait deviner les ombres des feux de cheminer qui dansaient à travers les fenêtres. Équipée de mon capuchon, je paraissais beaucoup plus louche que je ne le croyais. Pour tout te dire, je commençais à me sentir vraiment bien en compagnie de Kate. Cela faisait bien longtemps que je n'avais pas vécu une aventure aussi excitante dans des projets qui nous dépassaient totalement. Elle se révélait être une équipière très efficace et une amie très agréable.

Mais trêve de sentiment, après une vingtaine de minute de marche rapide, on était arrivé à un genre de grand hangar en périphérie de la ville. De loin, il semblait n'y avoir personne. Tchou-tchou qui devait s'ennuyer traçait de grand cercles inquiétants dans le ciel juste au-dessus du bâtiment. On s'est approché un peu plus, finalement sans danger jusqu'à deux grandes portes énormes qui faisaient plusieurs fois notre taille. Sur la droite, une petite porte à taille humaine. Si la grosse clef qu'on avait ouvrait quelque chose, ça devait se trouver à l'intérieur. On a d'abord fait un tour du bâtiment en entier. Pas d'autre entrée et des petites fenêtres bien trop haute pour qu'on puisse jeter un œil à l'intérieur. On s'est donc posées une nouvelle fois devant la petite porte qui semblait bien fermée. J'ai émis un « Mmmh » comme si je réfléchissais, alors qu'en fait pas du tout.

« Tu as une idée ? Parce que j'en ai une personnellement mais je suis pas sûre qu'elle soit discret-discretoss. »

On arrivait à peine à la fin du commencement de notre aventure.

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