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 :: Les terres d'Irydaë :: Nislegiin
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 Une première pour l'art, une première pour le monde

Orshin
Orshin
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Une première pour l'art, une première pour le monde EmptyMer 17 Oct - 10:55
Irys : 120177
Profession : Passeur de balai
Une première pour l'art, une première pour le monde

- Mettez-ça là, attention ! Ne vous avisez surtout pas de la faire tomber et déposez-la doucement. Le reste de l'équipe est-il arrivé ?
- Oui, madame, ils attendent à l'intérieur.
- Bien. Parfait, bien. 

Les yeux bleu clair de la jeune femme se déposèrent sur le bâtiment qui accueillerait la première de son invention. Elle était venue en Nislegiin avec autant d'espoir que de peurs, daënare d'origine, elle craignait que ses racines ne fassent tomber le fruit de son labeur. Libérant un souffle tremblant d'anxiété, l'inquiète s'affranchit tant bien que mal du trac qui la saisissait. Aujourd'hui était un jour important pour elle, pour l'ensemble de l'équipe qui avait travaillé sur leur projet. Le premier cinématographe, le seul et unique moyen d'enregistrer le passé et de l'animer dans le présent. Cela avait pris des années de perfectionnement, des mois de tests et d'autres années de rectification. Et au final, le prototype était fonctionnel. 

Feignant un sourire nerveux, essuyant la sueur froide qui lui coule sur la tempe, la jeune ingénieure dodeline de la tête. Tant de questions lui traverse l'esprit, le projet d'une vie qui se voit aujourd'hui animé ne doit pas échouer. Pour les spectateurs, c'était une distraction comme une autre, pour elle, c'était un objectif vital. Redressant son col, ajustant son corset et passant une main dans l'arrière de sa nuque, elle s'avance finalement dans la salle sous le salut du portier.

- Bienvenue au Théâtre des Sept Coeurs, Madame Nurmën.

Une première pour l'art, une première pour le monde Waus

Juno Nurmën


Le Théâtre des Sept Coeurs. Un nom qui appartient aux My'trans, mais qui accueille en ce jour tant d'autres origines. Le bruit des vagues sur les planches des quais se voit surmonté par celui de la foule, et le vent du large ne peut porter la clameur de l'engouement régnant désormais en maître sur les lieux. Le bâtiment surplombe l'océan, sa façade extérieure lui faisant face. L'entrée, elle, se situe dans le prolongement d'un pont, solidement tenu par des piliers plantés dans le sol marin. Le niveau d'eau est peu profond, aussi les structures ne sont que peu exposées à la menace de la moisissure. 

La porte de bienvenue est tenue par un portier, accompagné de deux gardes pour la sécurité. Après les événements de l'Exposition, plus un seul établissement de représentation n'ose laisser entrée libre sans prendre les mesures à la hauteur de leurs ambitions. Derrière le battant de l'entrée, un large hall, qui constitue la pièce centrale et principale de ce théâtre, se tient en un large pavé terminé en arc-de-cercle. Un oeil de boeuf sur le mur opposé laisse entrer la lumière du soleil, aidé par les nombreuses vitres qui en ornent la façade. La large scène, coupée elle aussi selon la forme du mur extérieur, en arc de cercle, s'expose devant un large nombre de tables et chaises parsemées de manière à ne laisser que peu d'espace vide. Des couloirs jumelés mènent à l'étage, où deux balcons, offrant une vue imprenable sur le hall se dressent, suivant la courbe des murs du bâtiment. 

Un troisième étage se dresse au dessus du hall, rassemblant les diverses coulisses des artistes qui s'exhibent sur scène. Pour rassembler le plus grand nombre de visiteurs possible, Juno a exprimé le souhait que la journée au théâtre rassemble des performeurs dans des domaines variés. Chant, musique, comédie, drame, tous sont la bienvenue sur la scène des Sept Coeurs. 

Dès midi, les invités commencent à arriver. Les artistes, eux, sont présents depuis le milieu de la matinée, chacun d'entre eux occupés à gérer leur trac du mieux de leur capacité. C'est donc à la sonnée du douzième coup de la journée que le portier déverrouille les portes, et laisse libre entrée aux spectateurs de cette première pour l'art. 

- Bienvenue au Théâtre des Sept Coeurs. Nous espérons que vous apprécierez cette journée en notre sein.

Spoiler:

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Une première pour l'art, une première pour le monde EmptyMer 17 Oct - 14:31
Apparence de Zouille:


C'est une arme! Elle en est convaincue! Cette... chose qui sera présentée ne peut être autre chose qu'un moyen supplémentaire de faire couler le sang my'trän. D'autant plus qu'il semblerait qu'une daënar en soit à l'origine. La curiosité la dévore peut-être autant que l'appréhension. Mais Zora est toutefois consciente de la chance qu'elle a: si Vithis n'avait pas décidé de la considérer comme son esclave personnelle et de l'envoyer chercher le suc d'une plante ne poussant que dans les multiples forêts locales, elle n'aurait probablement pas entendu parler de cette fameuse cérémonie. Ou peu importe le nom qu'il convient d'attribuer à cette fête étrange...

Bon, au moins cela la changera du froid glacial de Khurmag. Les températures sont nettement plus clémentes, ici. Et franchement ça fait un bien fou... L'hiver local lui évoque l'été tant la différence est flagrante. Et sentir à nouveau un vent frais mais dénué de l'animosité de son cousin du nord lui arrache de temps à autre quelques frissons bienvenus. Le soucis, voyez-vous, c'est que même dans une région aussi éloignée de Daënastre, il arrive que certaines de leurs inventions puissent se manifester au détour d'une rue ou d'une ruelle.

Son regard se pose sur l'arme bien trop reconnaissable qui pend à la ceinture d'un simple passant. La réaction est immédiate, implacable. Une simple seconde d'inattention aura suffit. Une seconde de trop. Une violente nausée envahit la fanatique qui se rattrape, titubante, au mur sur sa droite. Elle joint son index et son pouce au sommet de l'arrête de son nez comme si ce simple geste pouvait l'aider à calmer une réaction naturelle, bien trop puissante pour être contrée par la magie. Son estomac se joint bien vite à la fête et Zora est forcée de suivre le rythme qu'il lui impose. Tout au plus a-t-elle le temps de se pencher en avant afin d'éviter que le rejet de son corps éclabousse ses vêtements.

Prise de sueurs froides, les mains à présent jointes à ses genoux, il lui faut un certain temps pour se libérer de la pression invisible qui lui vrille le crâne. Doit-elle se réjouir d'avoir la preuve que ses pouvoirs se sont amplifiés ou au contraire redouter le désagréable désavantage qui accompagne cette bénédiction? Comment peut-elle détruire Daënastre si la simple vue d'une création de Technologie la révulse à ce point?
*Un problème après l'autre, ma grande!*
Elle trouvera une solution. Elle l'a toujours fait jusqu'à présent. Ce désagrément n'est que le dernier d'une longue liste, rien de plus. Et puis elle a des problèmes plus urgents. Terminer son apprentissage de la nécromancie, par exemple. Apprendre à contrôler puis maîtriser les maladies, aussi. Et avant toute chose, rapporter à cette foutue Vithis ce qu'elle a demandé. Ce n'est qu'à ce pris qu'elle lui délivrera une autre tranche de ses sombres connaissances.

Le fait est que Zora hésite, à présent: est-ce vraiment indiqué de rejoindre ce théâtre en sachant par avance que sa santé sera mise à rude épreuve? La question la taraude quelques longues minutes. Mais elle finit par se rappeler qu'elle n'est pas du genre à fuir les ennuis. Elle les affronte de front! Et c'est ce qu'elle fera une fois encore! Il existe forcément un moyen de résister à Technologie. Et elle ne le trouvera pas en s'acharnant à fuir les présents que la fausse déesse offre à ses disciples impies...

La voici donc devant le théâtre dit des Sept Coeurs. Un nom qui - allez savoir pourquoi - lui plaît. Ce n'est pas exactement le cas de la foule déjà nombreuse qui s'est massée devant les portes. D'ordinaire Zora se serait arrangée pour se tailler un chemin jusqu'aux premiers rangs. Son ego le lui commande d'ailleurs en cet instant. Mais elle n'est pas Zora, aujourd'hui. Juste une bête marchande my'träne aux cheveux blancs venue faire des emplettes dans la région. Et cette personne-là n'aurait aucun intérêt à faire couler le sang.

La nécromancienne en devenir prend donc son mal en patience tout en lâchant régulièrement des soupirs blasés. Et, après s'être occupée un instant avec la boucle de l'un de ses vêtements ou avec diverses autres occupations sans intérêt, parvient finalement à hauteur de ceux chargés de veiller à la sécurité. Que craignent-ils? La prudence dont les instigateurs de tout ceci font preuve la confortent dans l'idée que ce sera bel et bien une arme qui sera présentée. Que peut bien être ce fameux cinématographe? Une autre arme à feu? Une lame aux propriétés terrifiantes?
"Satisfaite?" lâche-t-elle sur un ton irrité à la femme qui vient de balader ses mains sur son corps. "Ou peut-être comptez-vous également m'ouvrir le ventre pour être certaine que je n'y cache rien, mmh?"
Ho oui, ça la démange... Elle aimerait apporter une réponse adaptée à l'outrage dont elle vient d'être victime. À défaut, elle s'est contentée de confier son kurasa... kumasa... le truc offert par Loud'wig à la sentinelle. On lui a assuré qu'elle pourra récupérer l'arme lorsqu'elle s'en ira. Et il vaudrait effectivement mieux que ce soit le cas. Sans accorder la même importance à la lame qu'à la magie, il n'en reste pas moins que la fanatique s'est peu à peu attachée à l'objet au fil du temps et à mesure que les cadavres s'entassaient dans leur sillage.

Une fois à l'intérieur, elle opte naturellement pour l'étage supérieur. La feue rouquine se contente de l'un des derniers sièges encore disponibles à ce niveau et opte donc pour un siège situé à l'extrémité de la rangée du fond. Elle pourra observer en restant à une bonne distance de l'arme qui sera présentée au public. Il n'y a plus qu'à espérer que ce soit suffisant pour éviter les désagréments inhérents à la vision d'une oeuvre de Technologie...


Dernière édition par Zora Viz'Herei le Mer 17 Oct - 21:05, édité 1 fois

Aldartai Khargis
Aldartai Khargis
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Une première pour l'art, une première pour le monde EmptyMer 17 Oct - 16:30
Irys : 109969
Profession : Guerrier itinérant, maître d'armes
My'trän +2 ~ Suhury
Ce n’était pas la colère, les préjugés ou encore son tempérament belliqueux qui avait amené Aldartai au Théâtre des Sept Cœurs ce jour là, c’était la curiosité. Il laissait de côté ses a-priori pour cet événement. Une preuve de sa bonne volonté était qu’il ne portait pas son cocon de métal pour une fois, optant plutôt pour une simple tunique laissant apparaître ses bras et un pantalon d’un gris fade, il n’était pas du genre à s’encombrer de vêtements inutiles puisqu’il restait la plupart du temps en armure. Il balaya du regard la foule présente devant le théâtre, il n’aurait jamais cru qu’il y aurait autant de monde, mais il devait avouer que la nouvelle de l’événement avait porté jusqu’à Dyen au moins, le bouche à oreille avait fait le reste il fallait croire.


Au fur et à mesure qu’il s’avançait dans la foule il sentit sa tête commencer à tambouriner, de plus en plus fort, mais ça restait supportable. Qu’est-ce qu’il disait à propos de ses a-priori déjà ? Rester fort Aldartai, il fallait rester fort. Il avait déjà envie de rebrousser chemin, lui qui se sentait si vulnérable sans son armure. Il attendit patiemment son tour pour entrer dans le théâtre, mais on lui fit remarquer qu’il devait laisser son arme à l’entrée. Encore un geste de bonne volonté ? Très bien, il tendit aux gardes son arme pour prouver sa bonne foi. Mais ils avaient intérêt à lui rendre quand il sortirait, sinon il ne ferait plus preuve d’autant de bonne volonté. Il n’avait de toute façon pas besoin de son arme dans le théâtre, n’est-ce pas ? Et puis, sa lame n’était que le prolongement de son bras, un prolongement certes plus affûté et capable de blesser très gravement ou de tuer, mais il n’en aurait pas besoin. Le suhur était une arme, lui retirer sa lame ne lui enlevait pas son potentiel meurtrier pour autant.


Entrant dans le théâtre d’un pas morne, Aldartai se demandait bien pourquoi sa curiosité l’avait poussé à venir ici, il n’était pas féru de spectacles en temps normal, enfin pas au sens conventionnel, pour lui combattre était un spectacle. Enfin, il verrait bien, peut-être qu’il trouverait ça distrayant, qui sait ? Il ne s’était jamais arrêté pour en observer un de toutes manières, toujours sur les routes à attendre impatiemment une occasion de se battre. Peut-être manquait-il à chaque fois des occasions de se détendre et se distraire ? Il n’aurait su le dire.


La foule avait déjà pris possession de plusieurs rangées de siège, mais Aldartai opta pour prendre un siège directement au rez-de-chaussé, ne voyant pas l’intérêt de monter alors qu’il y avait encore des places de libre. Il s’installa à une rangée assez proche du milieu, il restait quelques places et curieusement on aurait dit que personne ne voulait se mettre à côté de lui, allez savoir pourquoi. Alors il se mit à attendre, croisant les bras et braquant ses prunelles bleu vers la scène, faisant fi de son l’ennui qui l’envahissait depuis son entrée. Ce ne pouvait pas être si terrible n’est-ce pas ? Et puis c’était peut-être une occasion à ne pas manquer, allez savoir.

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Une première pour l'art, une première pour le monde EmptyMer 17 Oct - 17:15

Le sergent de ville posa ses mains gantées sur ses flancs, sourcils froncés sous son heaume d’acier décoré d’une crête colorée caractérisant son rang hiérarchique au sein de la garde des lieux. A ses cotés, deux hommes armés de lances sortaient de la rustique garnison, attirés par l’arrivée d’un individu à cheval. Et quel individu. Un homme d’un âge avancé à en juger par la couleur poivre et sel de sa courte barbe taillée fugacement, sans compter les rides qui commençaient à creuser ses traits sévères comme la pierre froide d’une montagne millénaire. Son accoutrement, néanmoins, n’avait rien d’extraordinaire et se révélait être particulièrement sobre et fade, à savoir des vêtements de voyage dans un mélange de gris et de noir, poussiéreux et décolorés. Ajoutez à cela une longue cape de cuir imperméable sur ses larges épaules et un chapeau de pèlerin circulaire, parfaites protections contre les pluies inattendues et autres intempéries glaciales de cette saison.

Si ce mystérieux sir n’avait aucune apparence éloquente ou prestigieuse pour attirer le regard des passants, sa monture néanmoins pouvait facilement arracher quelques regards admiratifs et sifflements appréciateurs à ceux qui savaient apprécier la beauté équine, sa puissance et sa pureté. Hors l’étalon chevauché par l’étranger était un magnifique mustang d’une robe éclatante contrastant avec le manque de couleurs de son cavalier, ainsi qu’une fine musculature qui laissait imaginer les prouesses de vitesse et d’endurance de cette fabuleuse bête.

Cependant, ce qui a dut forcément attiser la curiosité des gardes devait sans doutes être le personnage aux bras liés qui suivait le cavalier. Ou plutôt était forcé de le suivre, la corde retenant ses poignets étant fermement tirée par le voyageur solitaire. Les murmures se multipliaient à mesure qu’on parlait d’un brigand local, recherché pour d’odieux crimes commis dans la forêt adjacente à la ville. On parlait d’une coquette prime sur sa tête affichée par le doyen de la cité à la suite d’une agression de sa ferme par ce-même brigand. Les mots « chasseurs de primes » « mercenaire » et « collecteurs de têtes » étaient adressés avec une crainte respectueuse derrière le dos du cavalier qui fit face au trio d’hommes d’armes. Le chef s’approcha d’un pas assuré, habitué à ces scénarios presque trop fréquents pour le bien de cette petite bourgade. Il examina d’un œil expert la brute ligotée, tentant de faire la différence entre l’un des portraits dessinés sur le mur de la garnison le visage tuméfié et couvert de bleus du prisonnier. Après un long examen visuel, le sergent hocha vigoureusement la tête et ses subordonnés se hâtèrent de guider le bandit capturé vers la cellule la plus proche.  

Le sergent haussa un sourcil en suivant du regard le prisonnier curieusement bien docile, puis déclara au chasseur de primes :

« Tu l’as sacrément amoché pour qu’il soit si pressé d’aller au cachot plutôt que rester à tes cotés. Tu devrais venir plus souvent, ça nous ferait des vacances. »


Enoch ne répondit point, se contentant de chercher du regard celui qui était sensé lui apporter sa part du contrat, à savoir une bourse assez ronde pour lui permettre de subvenir à ses besoins humains et poursuivre sa quête éternelle à la gloire de Dalaï, que Son Nom soit mille fois sanctifié. Le garde sembla deviner les pensées du zagashien puisqu’il ajouta :

« Le sheriff est allé rejoindre des connaissances au théâtre des Sept Cœurs, à ce qu’il paraît y’a un machin révolutionnaire qui se trame là-bas et tout le monde vient pour jeter un œil. Moi, je dis que c’est louche, mais on ne me paie pas pour parler de conspirations. »


« Hm … »



~~~

On commença à tapoter vigoureusement contre le corps du vétéran à mesure qu’on fouillait ses vêtements devant l’entrée du grand hall. Son couteau de chasse fut confisqué pour des raisons de sécurité et on lui demanda de retirer cape et manteau afin de mieux l’examiner. Après son expérience désagréable d’aventures passées, Enoch avait prit soin de cacher sa partie couverte de fines écailles de magilithe à l’aide d’un long bandage, mimant ainsi une blessure de combat recouvrant une partie de son torse et son épaule gauche, avec des couches de coton suffisamment épaisses pour qu’un toucher insistant ne puisse entrer en contact avec les cristaux. Après un examen minutieux sur sa personne, on finit par le laisser passer non sans le garder à l’œil. Un personnage comme lui n’instillait que peu de confiance avec son silence de plomb et son regard sérieux et stoïque. On aurait bien du mal à croire que cet étranger venait dans le simple but de se détendre devant un spectacle d’arts.

Au fond, il n’avait que faire du spectacle. Son seul désir était de rencontrer le shériff ou toute autre personne d’autorité à la fin de l’exposition dans le but de récolter sa part d’irys et de s’éclipser aussi rapidement, n’étant pas très à l’aise au milieu d’autant de mondes.

Avisant une chaise à l’arrière de la scène, il la tira bien à l’écart du reste du public, la retourna afin de s’adosser dessus, ses bras contre le dos du meuble et ses jambes écartés de chaque coté. Le chapeau noir cachait une partie de son visage et il profitait de cette couverture pour épier en paix les alentours dans une ultime mesure de prudence, fruit d’années de traque contre un chasseur divin. Si la présence de technologie pouvait être irritante, le mage savait supporter sa présence lointaine à force d’avoir fréquenter les engeances technologiques des daënars, une expérience durement acquise, forcée même.

Swenn Milazzo
Swenn Milazzo
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Une première pour l'art, une première pour le monde EmptyJeu 18 Oct - 0:57
Irys : 961390
Profession : Chimiste le jour - Dealer la nuit - Toubib de secours à toute heure
Daënar +1
Un énième colloque scientifique ? Non, un vrai prototype, opérationnel et totalement novateur doit être présenté. Pas l’une de ces nombreuses suites de formules mathématiques accompagnant tout un tas d’ustensiles promettant monts et merveilles pour un futur plus ou moins proches. Et heureusement, parce qu’il faut se le taper le voyage jusqu’à Nislegiin ! Sérieux, cette quoi cette foutue idée d’aller présenter une telle invention si loin ?! Parce qu’on ne peut pas dire que Swenn supporte très bien les transports. Et le bateau est définitivement le pire moyen de locomotion qui ait été inventé !! Sauf que c’est également le seul qui lui ait été proposé à un prix acceptable… Tant pis, ça le rapproche toujours de My’Trä, prochaine étape qu’il s’est fixé ! Quitte à traverser l’océan, autant en profiter !

C’est donc encore nauséeux et avec de terribles bourdonnements dans le crane – pour changer – que le Daenar pose un premier pied sur le continent. Pourtant ce n’est pas faute d’avoir multiplié les différents cachets pour tenter d’apaiser ces désagréments physiques, et ceux qui auraient dû lui permettre de dormir. Mais rien n’y fait. Au moins ce calvaire est-il terminé. Et il peut même profiter de la matinée qui se profile pour se balader sur les quais à faire le tour des boutiques qui ouvrent. Si proche de My’Trä, il devrait bien trouver quelques articles intéressants pour la suite de son périple.

Après s’être perdu à de nombreuses reprises, la cinquième personne à qui Swenn demande son chemin fini par lui donner une indication suffisamment simple à suivre pour qu’il puisse enfin arriver à destination ! C’est vraiment le bordel dans le coin, on voit bien l’influence My’tranne… Et tous ces gens amassés devant l’entrée du théâtre… Eh beh, heureusement qu’il est à la bourre. Rester à faire le piquet, collé à toute cette foule de stupides inconnus, voilà un programme bien chiant. Mouais, il préfère encore regarder de loin toute cette masse grouillante se faire contrôler par le garde à l’entrée, à ne se décide à avancer qu’au moment où l’entonnoir humain lui paraît praticable.

Non pas que l’idée de se faire fouiller l’enchante particulièrement, mais compte tenu de l’endroit dans lequel il se trouve, cette procédure n’est finalement pas si déplaisante. N’ayant rien de répréhensible sur lui – et non, vraiment rien ! – Swenn se contente d’avancer avec sa nonchalance caractéristique, abandonnant à l’extérieur son piaf qui l’a bien évidemment suivi sur ce continent aussi. Et se plie à l’exercice imposé, oubliant tant bien que mal ces mains désagréables qui viennent se poser sur lui, pour avoir enfin le droit de pénétrer dans ce lieu.

Ces quelques pénibles secondes sont bien vite éclipsées. Tant de curiosités à observer dans ce hall qui se dévoile. Oui, toute nouveauté sortant quelque peu du quotidien attire irrémédiablement l'attention du chimiste. Mais ce sont surtout toutes ces personnes qui vaquent déjà en divers occupations. Ceux qui connaissent visiblement du monde, très impliqués à étoffer leur réseau de relations. Ceux qui font mine d'être très occupés. Et ceux qui attendent simplement la suite du programme. Mais ce qui est le plus frappant, c'est cette diversité clairement affichée. D'ailleurs, cette nouveauté annoncée n'était pas la seule "attraction" de la journée sur le papier. Des artistes en tous genres devraient aussi être présents. Aucun intérêt pour Swenn, mais c'est peut-être l'une des explications à cette foule loin de ce à quoi il est habitué lorsqu'il s'agit d'aborder une avancée scientifique. Et pourquoi présenter ça si loin de Daenastre ?! Il y aurait un lien avec les mytrans ?

Le meilleur moyen de le savoir reste encore de voir à quoi ressemble cette fameuse invention pour laquelle il vient de passer des journées entières à vomir dans un stupide bateau ! Et elle a intérêt à en valoir le coup ! Ignorant superbement le reste de l'assemblée - la force de l'habitude... - le jeune homme se fraye un chemin de sorte à être relativement prêt du point focal de la journée. Il a bien l'intention de disposer d'un champ de vision de correct ! Au centre, n'aimant pas être entouré de monde mais supportant encore moins que quelqu'un le dérange pour passer, Swenn prend donc plus sur l'un des quelques sièges encore disponibles, ne se souciant que peu de ses voisins directs. En espérant que ce ne soit pas une vaste blague en lien avec cette ridicule histoire d'artistes...

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Une première pour l'art, une première pour le monde EmptyJeu 18 Oct - 22:46
-Booooon. C’est animé dis donc. M’man, vraiment aucune idée d’où se cache Papa ?
-Du tout. On le retrouvera à l’intérieur je pense. J’imagine qu’ils ont des stands ou quelque chose, quoi que ce soit. C’est vraiment con qu’il ne nous ait donné aucun moyen de le retrouver.
-Hihi. Ca te surprend ?
-Noon… à vrai dire, je suis surtout surprise de ne pas lui avoir accroché de collier autour du coup pour le tenir en laisse et l’empêcher de courir, depuis le temps.

-On demandera à quelqu’un de l’accueil s’il sait où se trouvent les artistes, proposa Arianna. Ou s’il sait qui pourrait nous indiquer.

Les my’trannes étaient toutes trois distinguables par leur blondeur et leurs atours, atours qui révélaient instantanément leurs origines pour quiconque s’y connaissait un tant soit peu sur la culture my’tranne. Babioles tressées pour l’une, emblèmes portés en boucles d’oreilles pour l’autre, ou encore certains éléments ornant leurs sacoches et leurs vêtements qui évoquaient immanquablement Dalaï, Zagash ou les clans qui en relevaient. Mais pas seulement. Un bracelet à l’effigie d’un griffon blanc, une dague ornée de glyphes tirés du culte du tisseur, un serre-tête sur lequel se prélassait un dragon sculpté dans un amas de perles de bois colorées… et quelques autres détails encore qui révélaient qu’elles étaient un petit peu plus ouvertes que ce qu’on pouvait croire quand on les entendait parler. A condition de ne pas rentrer dans les détails, sûrement.

Elles avaient fait un long voyage pour arriver jusque-là, et étaient arrivée la veille, un peu trop tard pour s’aventurer dans la ville – sans importance, car les my’trannes s’aménageaient autant de confort dans la nature que ce qu’elles auraient trouvé dans une auberge. Ca leur avait fait un peu moins d’une dizaine de jours de voyage en tout, sans prendre le bateau tant la météo maritime de Nislegiin était sinistrement connue. Arianna se trouvait au sein de Khurmag quand on lui avait proposé de venir ici. Les nomades de sa tribu avaient leurs habitudes parmi les territoires de Zagash, de Suhury et de chez Khugatsaa, et pour cette fois, elle s’était trouvée en visite dans une communauté qui abritait quelques-uns de ses cousins. Le frère de son paternel, déjà. Qui s’était absenté pour venir jusqu’à Nislegiin en vue de préparer une représentation. Azzio Torricelli, qu’il s’appelait. Un grand gaillard plein de vigueur au teint désormais grisonnant, extrêmement bien bâti, qu’on concevait le plus naturellement du monde en terrifiant guerrier. Ca n’était pas du tout le cas. L’homme disposait de toute la vigueur et de la détermination des fidèles de Dalaï, mais les avait tourné dans le même sens que sa fibre artistique et son sens du spectacle pour devenir l’un des meilleurs conducteurs d’ambiance qu’Arianna ait jamais eu l’occasion de voir. C’était un simple passe-temps, qu’il avait développé en parallèle de sa vie quotidienne au sein de sa tribu de nomades. Il enflammait les ardeurs et l’enthousiasme de clans entiers quand on le chargeait d’animer une fête, et n’avait absolument pas grand-chose à envier aux bardes et ménestrels itinérants qui avaient réussi à faire parler d’eux au fil de leurs voyages à travers le monde. Car si lui voyageait généralement au même rythme que sa communauté, il trouvait toujours à marquer les souvenirs de ceux qui partageaient les festivités que pouvaient vivre son clan au fil des mois. Le chant, la peinture, la musique, la danse, l’art oratoire, le théâtral, la sculpture et les acrobaties, il avait joué avec pratiquement tout ce qui versait dans le beau et l’agréable.

Le beau et l’agréable. C’était ce qui lui évoquait la vie au sein des communautés nomades de Zagash, c’était ce qui l’animait dans la succession d’évènements marquants et exubérants qui rythmaient le culte que les my’trans vouaient à Dalaï. Les grandes fêtes mensuelles à l’occasion des pleines lunes, les retrouvailles toujours marquées avec les tribus qui avaient leur amitié, la myriade d’autres célébrations qui trouvaient à se faire ici et là… tout ça n’était possible que parce que Dalaï les couvait de ses cornes d’abondances, tous le savaient très bien. Ils la remerciaient comme ça, entre autres.

Mais le beau et l’agréable, c’était aussi quelque chose qu’il retrouvait aisément dans ce que Khugatsaa pouvait offrir au monde. Et dans ce que les khurmis offraient aussi au monde. C’est par ce biais qu’il déboucha naturellement dans le culte du griffon blanc, et qu’il finit par développer, à l’aune de ses trente ans, le don de ses fidèles. Un trésor qu’il accueillit avec presque autant de joie que la naissance de sa fille, la très jolie Presci. Les deux grandirent ensemble, ses pouvoirs et l’enfant. Parce qu’il ne se priva pas de jouer aux illusions pour amuser la gamine autant qu’il s’amusait lui-même. Et sa magie devint un outil qui rejoint la myriade d’autres déjà présents dans son arsenal. Ce qui ouvrit une dimension de créativité telle que l’envergure des spectacles qu’il pouvait faire – et sa réputation – explosèrent drastiquement. Il était de Dalaï, également. Mais jamais il n’avait cherché à améliorer ses dons sur l’eau en fournissant le moindre effort. En ce qui concerne les effets sons et lumières offerts par le griffon, il s’était surpassé.

Aujourd’hui, sa réputation était telle qu’Azzio était convié ici, tout simplement. Sa famille venait le voir. Sa femme, sa fille, une de ses nièces qui s’était jointe à elles.

-Hihi, ricana à nouveau Presci. On le retrouvera, je ne m’inquiète pas. Je suis sûre qu’il va bien. Il doit être comme un chien fou à regarder les gens en rêvant déjà de comment ils vont réagir quand ils assisteront à ce qu’il va faire.

Elles étaient arrivées à hauteur des portes du grand hall, sans vraiment se poser la moindre question. Arianna était la seule à porter une arme visible sur sa hanche, par-dessus sa robe – une simple dague ornée de glyphes taillée dans la dent d’un mogoï. Les deux autres avaient des armes du même acabit rangées à l’intérieur de leurs sacoches, et pas une seule d’entre elles n’envisagea de s’en délester à l’entrée tant elles étaient habituées à les garder dans leurs voyages. Au lieu de ça, la fille d’Azzio Torricelli les présenta et demanda où elles pourraient trouver son père en adressant aux gardes son sourire de biche mainte fois éprouvé, dopé d’un léger coup de charme propre aux mages de Khugatsaa. A force de, elle employait son don avec un naturel parfaitement spontané, et ce en permanence. Comme son père ou n’importe quel khurmi. En vérité, elle n’était même pas blonde.





Spoiler:

Svenya Nahir
Svenya Nahir
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Une première pour l'art, une première pour le monde EmptyVen 26 Oct - 14:23
Irys : 352788
Profession : Mercenaire - assassine de l'Ordre
Guilde +2 (femme)
Cyllirra, mi-novembre 933

Une fois n'est pas coutume, Svenya ne s'attarda pas "en surface", quand elle arriva à Cyllirra. Au contraire: elle confia sa monture au premier palefrenier venu et s'engouffra immédiatement dans le passage qui la mènerait au quartier général proprement-dit. La présence de la créature qui la traquait était encore trop fraîche dans son esprit, elle ne pouvait pas courir le risque de l'attirer ici. Elle viendrait prendre connaissance de la raison pour laquelle elle avait été rappelée, et elle repartirait aussitôt après.

C'est à peine si elle prêta attention à ceux qui s'écartaient prudemment de son chemin à son approche. Elle notait leur identité plus par automatisme que parce que cette énumération l'intéressait. Eux aussi devaient l'avoir reconnue: elle avait beau ne pas passer très souvent par le QG, elle y passait depuis suffisamment longtemps pour être devenue une tête connue. Et pour que les autres reconnaissent quand il ne fallait pas lui faire perdre son temps.

Elle s'arrêta devant une des nombreuses portes du couloir, frappa une fois et fut immédiatement invitée à l'intérieur par un "Entrez" calme. Assis à un bureau rangé aussi méticuleusement qu'à son habitude se trouvait Roland Mord, primo-shudarga grisonnant dont les nombreux états de service lui avaient depuis longtemps valu son grade et un transfert de sa petite antenne locale au coeur battant de l'Ordre. Son âge et sa position l'empêchaient désormais de participer à la plupart des missions de terrain, et son implication dans l'Ordre consistait maintenant à entraîner les khamgas récemment promus et à s'occuper des (nombreuses) tâches administratives que générait une institution de cette taille. Il était aussi la personne qui avait adoubé Svenya lors de son passage au grade de shudarga.

"Il y a un contrat pour toi. Côte nord de Nislegiin."

Comme d'habitude, il ne perdait pas de temps avant d'entrer dans le vif du sujet. Il posa en même temps un bout de papier devant Svenya, bout de papier qu'elle reconnut sans mal comme étant ledit contrat. Elle en avait assez vu pendant sa carrière. Elle s'assit dans la chaise qui faisait face au primo-shudarga et parcourut les spécifications. C'était une cible assez banale: coupable de plusieurs meurtres et autres crimes de moindre envergure, en cavale depuis quelques mois, durant lesquels il avait ajouté encore l'un ou l'autre méfait à son palmarès. Le genre d'individu dont l'Ordre aurait laissé la gestion aux forces de l'ordre locales si Nislegiin n'avait pas été aussi sauvage et donc dépourvu de milice organisée à de nombreux endroits. Du petit gibier. Pas le genre de contrat qu'on confiait à un shudarga, et certainement pas un qui exigeait une remise en main propre au QG.

"J'imagine que ce n'est pas pour lui que j'ai été convoquée en toute urgence?"

Malgré le sérieux de la situation, Mord laissa apparaître un mince sourire sur son visage.

"L'urgence aurait été moindre si tu n'étais pas aussi difficile à trouver, Nahir. Il a fallu deux ülchis et un khamga aidé de son mentor pour retrouver ta trace."

Elle leva un sourcil en réponse.

"Déformation professionnelle. Tu me ferais confiance si n'importe qui pouvait me trouver?"

Les premières fois qu'elle avait eu affaire à lui, elle n'aurait envisagé ni le tutoiement ni la réplique du tac au tac. Mais les années avaient passé, et l'expérience accumulée avait réduit l'écart entre les deux Pénitents. Ils avaient maintenant une relation professionnelle cordiale qui permettait de tels écarts à la Negiin.

"Touché. Mais tu as raison: ce contrat est plus un prétexte qu'autre chose. Nous avons besoin de toi pour une mission de renseignement."

Là encore, c'était plutôt le genre de mission qu'on confiait à un novice. Le sourcil déjà levé grimpa un peu plus, mais elle ne commenta pas.

"Le Théâtre des Sept Coeurs organise un grand événement d'ici une dizaine de jours. Une ingénieure daënare vient présenter une invention qui pourrait révolutionner le monde du divertissement. De nombreux autres artistes sont invités à venir animer l'événement, mais c'est elle qui est le clou du spectacle."

Un dossier glissa dans sa direction, et elle le parcourut, mémorisant au passage son contenu. Juno Nurmën, ingénieure de talent, assez jeune à en juger par l'image qui illustrait la première page du dossier. Le reste des feuilles contenait un bon bout de la vie de la jeune femme et les spécificités techniques connues de son invention. Hmm, en effet, si elle fonctionnait, le résultat pouvait être fascinant. Quand Svenya releva la tête, Mord poursuivit:

"Tu es une des seules par ici à connaître aussi bien Daënastre que My'trä et Nislegiin, et cet événement va rassembler des gens de toutes les latitudes. Ta mission première est d'observer comment ça se passe, mais il est probable que les tensions soient exacerbées entre l'arrivée d'un bijou de technologie et d'une belle brochette de Daënars si près de My'trä et les retombées de l'attentat à Zochlom. S'il y a du grabuge, tu as carte blanche pour limiter les dégâts."

Ah, voilà donc ce qui disqualifiait un novice pour cette mission: la capacité d'improvisation requise. Trop de responsabilités dans un environnement trop volatile, il fallait quelqu'un d'expérimenté pour mener à bien tous les objectifs. Un point étonnait cependant toujours la shudarga.

"J'avais cru comprendre que l'Ordre ne se mêlait pas des affaires entre My'trä et Daënastre?"

Pas directement, du moins. Une nuance importante.

"C'est toujours le cas. Si des représentants officiels commencent à se taper dessus, ce n'est pas ton problème. Contente-toi d'éviter les victimes collatérales."

Voilà qui ressemblait plus à ce qu'elle connaissait de l'Ordre. Elle hocha la tête, satisfaite par cette réponse.

"Passe par l'armurerie avant de te mettre en route: les armes seront interdites à l'intérieur et Ordan a l'une ou l'autre chose à te proposer."

Après un nouveau hochement de tête, elle prit congé. Un crochet par l'armurerie plus tard, elle se mettait en route pour le nord. Elle n'avait pas croisé sa nièce, ce qui était une bonne chose: au moins, elle ne la décevrait pas en devant la quitter aussi vite. Ca ne l'empêchait pas de ressentir un léger pincement au coeur.

* * *

Tiamat, fin novembre 933

Mord ne s'était pas trompé dans ses pronostics: la foule de curieux était nombreuse et bariolée. Hauts-de-forme et éventails côtoyaient les parures colorées des My'träns et les vêtements longuement portés des grands voyageurs. Svenya se fondrait dans la foule, quoi qu'elle porte. Elle avait opté pour la tenue typique de son clan: des pantalons amples offrant une bonne liberté de mouvement, des bottes en cuir et une tunique serrée à la taille par une ceinture en cuir souple. Une cape en laine la protégeait du vent d'automne. Sa coiffure pour cette occasion était un peu plus élaborée que d'habitude et un peigne ainsi que plusieurs pinces maintenaient en place ses cheveux relevés. Ses seuls bijoux étaient un pendentif en bronze et un bracelet en bois.

Comme on lui avait annoncé, les armes étaient interdites à l'intérieur du Théâtre des Sept Coeurs. Elle remit spontanément son épée à la garde chargée de la fouiller et écarta sa cape pour montrer qu'elle ne dissimulait rien en dessous. Et pour cause: son arbalète et sa dague étaient restées à l'auberge avec le reste du paquetage de l'assassine. Bon, d'accord, il n'était pas totalement vrai qu'elle n'avait rien à cacher: le peigne qui tenait en place ses cheveux pouvait être déboîté pour révéler une fine lame et le léger défaut qui durcissait le cuir de sa ceinture était prévu pour accueillir un projectile de fronde en cas de besoin. Des détails qui normalement n'attireraient pas l'attention d'une garde qui cherchait a priori des armes plus évidentes. Si ladite garde demandait à la Negiin d'ouvrir la besace qui pendait à son côté, elle n'y trouverait qu'un carnet de croquis, un fusain et une paire de gants en cuir bien efficaces contre le froid de cette saison.

Lizzie Seavey
Lizzie Seavey
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Une première pour l'art, une première pour le monde EmptyVen 2 Nov - 16:05
Irys : 344314
Profession : Chasseuse de primes - Pirate
Pérégrins -1 (femme)
Lizzie leva la tête vers le firmament et se laissa éblouir par le soleil à son zénith. L'air était frais et malgré les nuages, le ciel était calme, à part Delkhar qui volait en cercles autour d'elle, faisant la vigie. Poussant un long soupir, elle reposa son regard sur la foule qu'elle observait depuis le matin, assise sur un muret en face du théâtre. Quasiment un an était passé depuis les attentats de Zochlom, et pourtant elle avait l'impression de les revivre une fois de plus. La foule, l'excitation, les étrangers qui se mêlaient, entre curiosité et inquiétude. Comme à l'époque à Yeronkhii, Lizzie n'était pas à l'aise dans cet environnement, détachée et nerveuse. En armure de cuir sous sa cape my'tränne et armée de son pistolet Vigitech et son épée Kyai, on l'aurait cru prête à embarquer pour une nouvelle expédition à Ekhlen. Et pourtant, elle était là, immobile, scrutant la foule. Ce n'était pas la peur ou le stress qui la tétanisait, elle avait guéri ces tourments. Ce jour-là, Lizzie était décidée à ne pas faire les mêmes erreurs qu'autrefois, et c'était armée de ces résolutions qu'elle restait concentrée sur la mission qu'elle s'était donnée.

La jeune femme aurait bien voulu rentrer à l'intérieur du théâtre, mais armée comme elle l'était, elle se doutait que ce serait compliqué. Dans sa poche se trouvaient des faux papiers faits à Aildor sous le nom de Yulia Fane, un nom d'emprunt, mais la piste pouvait assez rapidement être remontée jusqu'à sa personne. Si elle avait passé une année en cavale à se faire discrète, ce n'était pas spécialement pour qu'on la retrouve maintenant. La brune prenait des risques à se montrer à un événement aussi surveillé, mais il le fallait.

Quelques semaines auparavant, toujours sous son nom d'emprunt, elle avait fait partie des gardes du convoi qui avait amené Juno Nurmën et son invention à Nislegiin, et à ce titre elle savait avoir des amis qui pourraient probablement la faire rentrer dans le théâtre, mais ce serait alors difficile de mener sa mission à bout. Elle préférait rester dehors pour l'instant, observant la foule qui s'agglutinait près de la porte, guettant le moindre mouvement suspect ou le moindre regard indiscret envers sa personne. Akhir et Emshaï étaient restés à l'Ecumeur de Nuages, suivant les ordres de leur capitaine qui ne souhaitait pas les mêler à cette histoire, mais ils devaient certainement se tenir prêts à déguerpir si Lizzie décidait finalement de se défiler.

Ecoutant les vaguelettes claquer contre les planches de bois du quai, la pirate sourit en voyant des enfants se précipiter à l'intérieur avec leurs grands yeux curieux. Elle avait découvert le cinématographe lors des essais de Juno à leur arrivée à Nislegiin, et elle comprenait l'engouement qu'il pouvait susciter. Elle aurait été ravie de pouvoir contempler à nouveau sa magie, mais la brune devait malheureusement se tenir à l'écart pour l'instant. Bientôt le spectacle commencerait, et les choses sérieuses débuteraient...

Orshin
Orshin
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Une première pour l'art, une première pour le monde EmptyDim 4 Nov - 2:29
Irys : 120177
Profession : Passeur de balai
La journée s'annonçait chargée pour les gardes en charge des fouilles, comme pour le portier dont la langue commençait à s'enrouer à force de répéter encore et encore la même phrase. Bon professionnel qu'il était, il n'en laissait cependant rien paraître, se contentant simplement de contenter la bienvenue adressées à ces âmes festives, toutefois, ni lui, ni les gardes à l'entrée n'avait idée de l'organisation des passages des artistes, tant il y en avait. Toutefois, pour certains caractères, il n'était pas aussi sûr de cet engouement présumé. Les visages de quelques exceptions se laissaient aller à l'inquiétude, la méfiance plutôt que l'air égayé d'une réception aussi richement tenue. Fort heureusement, et premier et principal réconfort des responsables de cette journée, ce n'était pas le teint qu'arborait la majorité du peuple présent. Plusieurs centaines étaient entrées désormais, dont des familles aux riches revenus, exploitants prospères et pécheurs chanceux. 

Juno, elle, se tenant en biais dans le centre du hall, observait d'un oeil la scène et les artistes qui y faisaient leurs propres noms et l'entrée qui était toujours plus bondée. L'absence de troubles ne suffisait pas à tacheter l'inquiétude d'un subtil, pas même minimal réconfort. Elle avait troqué sa veste et son pantalon de cuir classique pour une robe plus adaptée à la culture locale, mais également bien plus présentable. Elle tenait un verre déjà presque complètement vidé entre ses doigts, inutile de dire ce qu'il ne contenait presque plus, l'averti aura deviné qu'il s'agissait d'alcool et pas des moindres. Le trac est aux artistes ce que la maladresse est à l'artisan ; une possibilité constante et toujours aussi handicapante. 

Un homme était à ses côtés, aussi jeune qu'elle l'était, arborant des vêtements attestant d'une fierté que certains pourraient juger d'arrogante les origines qu'il laissait démontrer. Tout n'était toutefois qu'apparat. Cette personne-ci était le second responsable du projet du cinématographe, un jeune immigré ambitieux qui a favorisé la technologie au sacre des Architectes. Il est celui qui offre une majeure partie de ses pouvoirs profanes à l'ajout de sensations à l'image que dispose le cinématographe de Juno. Son talent pour la magie n'a d'égale que celui de sa collègue pour l'ingénierie. Se rapprochant de cette dernière, il déclame en un ton se voulant rassurant.

- Il y a assez de monde, maintenant.
- Tu crois ? On peut peut-être attendre une demi-heure ... ou même une heure, peut-être deux ! Avec les retardataires ...
- Ce discours devra se faire un jour ou l'autre, Juno.
- Je sais, je sais. elle prit une forte inspiration. Bien. Bien. Garde-moi une clope pour après, Dorian, j'en aurai besoin.

Une première pour l'art, une première pour le monde L4c1
Dorian Linhür


L'intéressé acquiesça en un hochement de tête et n'attendit pas sa partenaire professionnelle pour s'allumer une première cigarette le temps qu'elle déclame son accueil. A la sortie du musicien qui précédait et à la retombée des applaudissements, la jeune femme gravit la scène, à la recherche de l'attention du publique. Les mains cessèrent complètement de claquer et les murmures s'affaissèrent alors que certains regards avisés reconnaissaient celle qui était au coeur même de la raison de cette représentation. Son coeur la pressait dans ses arguments, la frappait dans sa posture peu convaincante, mains croisés devant son ventre et épaules relâchées. Et, alors, la cinéaste prit une profonde inspiration, son regard se tapissant d'un sérieux apparu comme par magie. Une assurance renouvelée reprenait le ton, alors que ses mains se délièrent enfin pour lier la parole en geste. Bonne femme de spectacle qu'elle était, Juno fit porter sa voix jusqu'au fond du hall.

- Mesdames, Messieurs. Bienvenue au Théâtre des Sept Coeurs ! Berceau des arts, enveloppe spectaculaire de l'innovation sous sa forme la plus éblouissante, et hôte du premier cinématographe que nous aurons la fierté de vous présenter plus tard dans la journée ! Pour combler votre attente, de nombreux artistes et autres génies de scène se sont rassemblés ici pour enjouer vos coeurs, ou au contraire, les émouvoir. Le théâtre, mon équipe et moi-même vous souhaitons le meilleur des séjours dans l'enceinte de ces murs, merci à vous ! 

Les applaudissements se soulevèrent, alors que Juno arborait un petit sourire satisfait, constatant que les choses ne s'étaient pas si mal passées. La scène n'est jamais qu'un lac à l'eau froide, le plus dur est d'y entrer. La jeune femme s'écarta en saluant quelques personnes sur son passage, avant de retourner à Dorian qui était déjà occupé à faire la conversation à quelques convives forts intéressés par la machine en question, mais, bon adepte du mensonge qu'il était, il parvenait à ne pas laisser couler même une goutte du mystère qui enveloppait cette machine. 

Considérant que l'accueil général s'était fait, l'un des gardes à la porte se décala vers l'intérieur de la salle. Certaines pièces, jusqu'alors fermées pour concentrer l'attention de toutes les personnes ci-présentes sur la scène, s'ouvrirent au public. Les balcons vers l'extérieur, le mémorial de chaque pièce jouée dans le théâtre, un pub aménagé dans une salle adjointe à un salon, si bien que les seules sections qui restèrent fermées aux visiteurs n'étaient que les coulisses et le bureau du propriétaire du théâtre qui n'avait pas encore daigné se montrer. La musique qui anime le hall baigne un mélange culturel en une symphonie étroitement étudiée par les interprètes tant du continent des Architectes que de la technologie, mêlant flûtes, violons et percussions stylisées selon le gré des différentes ethnies et prenant à tour de rôle en charge le rythme de la mélodie.

Notes persos:


Pour Arianna:

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Une première pour l'art, une première pour le monde EmptyLun 5 Nov - 19:58

Il suffit parfois de peu de choses pour passer de l'ennui le plus profond à un divertissement tout enfantin. En l'occurrence quelques mouvements des doigts auront réussi à arracher un sourire à la feue rouquine qui, penchée en avant sur son siège, se délecte du spectacle qu'elle s'est elle-même créé. L'infime particule de bouclier bloque la jambe de l'un des danseurs qui, emporté par son élan, menace un instant de s'étaler de tout son long sur la scène. Il se rattrape finalement avec un certain professionnalisme et empêche quelque peu Zora de savourer l'instant présent. Elle lâche un léger rire de circonstance avant de se caler à nouveau dans son siège. La prochaine fois, elle fera mieux!

Dans la foulée elle s'interroge: depuis quand n'a-t-elle pas participé à des festivités? De vraies festivités? Le bal n'était qu'une vague distraction débordant de mièvrerie et d'hérésies en tout genre. Il ne saurait égaler les fêtes qui se déroulent sur My'trä. Et cela fait maintenant de longues années qu'elle n'est plus la bienvenue aux célébrations si chères aux cœurs de ses compatriotes. Et au sien...

Un soupir quitte ses lèvres puis elle glisse une main dans sa nuque avant d'entreprendre de la masser machinalement. Par Môchlog, qu'est-ce qu'elle peut s'ennuyer! Elle est venue voir la fameuse arme daënar et non assister à un hérétique mélange entre l'art my'trän et... les pitreries de l'Est. Or il semblerait qu'elle soit condamnée à assister à ces choses sans intérêt si elle souhaite pouvoir découvrir la dernière hérésie de Technologie...
"J'ai rarement vu une danse allier ainsi élégance et précision!" lui glisse son voisin. "Ce n'est pas tous les jours qu'on assiste à pareil spectacle!"
"Et heureusement!"
Le message est aussi clair que le ton: elle ne souhaite pas discuter. La quinquagénaire se penche de l'autre côté et glisse quelques mots à l'oreille de celle qui doit être sa femme. Cette dernière toise un instant la fanatique avec l'un de ces fameux regards réprobateurs si chers à ceux qui s'approchent du crépuscule de leur existence. Zora se contente de l'ignorer, peu désireuse d'attirer l'attention sur elle avant d'avoir pu poser le regard sur l'objet de sa curiosité. Elle n'a pas enduré ces pathétiques préambules pour se faire virer avant d'avoir obtenu satisfaction!

L'irritant spectacle touche cependant à sa fin puisque le silence commence à se faire, annonçant le discours d'une gamine. Gamine qui tarde beaucoup trop à faire entendre sa voix. Un nouveau soupir plus tard, Zora est enfin récompensée pour sa patience. Du moins le croit-elle! Jusqu'à ce que la jeune femme annonce que l'arme sera présentée plus tard dans la journée. La fanatique s'affaisse sur son siège et glisse son visage dans la paume de sa main alors que les applaudissements envahissent la salle. Par Möchlog! Elle ne tiendra jamais...
"Patience, jeune fille!" reprend l'autre dans une seconde tentative. "Vous trouverez bien matière à vous amuser, croyez-moi!"
"Alors ça, vous voyez, j'en doute!" réplique-t-elle. "À moins que vous ayez de la daënar-à-mythe sur vous?"
Elle daigne finalement lui adresser un regard. Un regard empli d'espoir, qui plus est! Mais les yeux du couple débordent d'incompréhension et, semble-t-il, d'un brin de crainte. Bon et bien on dirait qu'il n'y a pas grand chose à espérer de ce côté-là... La disciple de la Chouette se lève et se glisse jusqu'au couloir central en ignorant copieusement ses irritants voisins.

Elle se mêle à la foule sans réellement prêter attention à cette dernière. Les daënars ne sont pas dignes d'intérêt, elle le sait bien! Il en va de même pour les autres infidèles qui peuplent Irydaë! Et les éventuels my'träns présent ne sont probablement rien d'autre que des traîtres fascinés par Technologie! Elle est en train de se demander pourquoi elle n'est pas en train de bouter le feu aux lieux quand elle remarque, au gré de ses déambulations, une taverne improvisée. Un semblant d'optimisme s'insinue en elle tandis qu'elle se dirige vers le comptoir. Elle écrase sa main sur ce dernier pour attirer l'attention de l'un des esclaves chargés de satisfaire les gosiers de cette étrange clientèle.
"Un verre du plus fort de vos breuvage my'träns!" ordonne-t-elle. "Quoique... Amenez carrément la bouteille!"
Si on ne peut tromper l'ennui, on peut au moins tenter de le noyer...

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Une première pour l'art, une première pour le monde EmptySam 10 Nov - 19:51
« Navré mademoiselle, mais l’alcool le plus fort de notre établissement a déjà été servit à ce monsieur, là-bas. »

Le barman pointa du bout du pouce l’extrémité droite du comptoir en demi-cercle où un individu solitaire reposait sue l’un des tabourets, une bouteille de jade et un verre à sa portée. Le bonhomme avait été particulièrement discret et silencieux au point où tous ceux qui passaient au pub ne remarquaient quasiment pas sa présence ténue, sauf quand il reposait son verre sur la surface de bois polie tout en poussant un fin râle. Le chasseur de primes essuya d’un revers du dos de sa main ses lèvres humides, reniflant bruyamment tandis que le puissant alcool irritait ses narines. Le « Feu d’Eoril » méritait bien son nom de part la sensation brûlante que laissait le liquide à son passage dans le gosier des personnages assez téméraires pour le boire. Les moins expérimentés se retrouvaient souvent à ingurgiter de grandes quantités d’eau afin d’apaiser la cuisante sensation qui les gagnaient. Mais le buveur solitaire restait aussi stoïque que faire se peut.

Néanmoins le bref échange de mots entre le barman et la cliente ne manquèrent pas d’attirer l’attention d’Enoch qui leva brièvement le regard vers eux. Le jeu d’artistes et les spectacles d’art étaient d’un ennui terrible pour ce pieux défenseur de la cause de Dalaï qui préférait largement la compagnie silencieuse des verres de breuvages plutôt que les applaudissements fades des spectateurs. Ce ne fut qu’une question de secondes avant que le zagashien ne quitte le cabaret pour se diriger directement vers là où on servait de quoi s’assommer un peu et oublier sa morosité, noyer sa frustration et se concentrer sur autre chose que les danses étranges et les chants qui, avouons-le, ne peuvent égaler la délicatesse du mouvement de l’eau et sa mélodie cristalline.

Revenons à nos raies. Nous en étions au moment précis où les yeux couleur d’ambre du vétéran se portèrent vers la jeune femme avec ses lèvres carmin, ses yeux d’or et sa chevelure de sang. Il y’eut un instant de flottement et de suspens où le temps même semblait s’être figé, puis un craquement sourd. Le verre entre les mains d’Enoch s’était brisé sous la pression exercée par des doigts blanchis par l’effort tandis que le visage du grisonnant ne marqua aucun changement, éternel masque de neutralité. La liqueur qui s’écoulait lentement sur le comptoir prit une légère teinte rouge lorsque quelques gouttes écarlates s’écoulèrent des doigts blessés du stoïque sir.

« Vous allez bien monsieur ? »


Pour toute réponse, Enoch sortit un mouchoir d’une de ses poches et se pansa la main en reportant son regard vers la généreuse collection de bouteilles disposées au regard des clients. De toutes les personnes qu’il aurait put rencontrer, les Architectes avaient mit celle qui avait tenté de le brûler vif pour la simple et unique raison qu’il portait un fardeau qu’elle préférait purger plutôt que soutenir. Leurs dernières paroles avaient été froides et leur séparation vibrait encore d’hostilité partagée. Par Dalaï, il aurait préféré être en compagnie d’un daënar xénophobe et à moitié couvert d’abominations mécaniques plutôt qu’avec l’ingrate adoratrice de Möchlog. Le Destin était un farceur à l’humour agaçant et souvent malvenu.

Un individu ordinaire se serait jeté sur la tueuse en série sans se poser de questions, débarrassant ainsi le monde d’un fléau parmi des centaines qui gangrenaient le domaine des Dieux. L’idée était séduisante, surtout pour le combattant des forces du mal qu’était Enoch. Mais il le sentait, le regard méfiant d’un petit groupe de gardes à quelques mètres de là,  bras croisés et yeux aux lueurs acérées. Des hommes d’expérience qui, contrairement à ceux plus laxistes du dernier événement international, surveillaient intensivement les lieux et remplissaient leur devoir avec rigueur et abnégation. Le loup solitaire n’avait guère envie de se retrouver sous la ligne de mir de ces hommes d’armes, surtout pas pour l’épine qu’était Zora. Plutôt que de recevoir les foudres de la Justice, il décida simplement d’agir de façon calme et réfléchie tout en sachant que la furie rouge risquait fort d’agir en premier avec sa spontanéité caractéristique.

Sa main indemne glissa lentement dans les plis de sa cape, tel un duelliste s’apprêtant à dégainer son revolver. Mais nulle lame ou massue n’en sortit, ni sortilège aqueux. Seul une pièce scintillante que le vétéran my’trän laissa tomber d’une impulsion du pouce. L’irys rebondit à deux reprises sur le comptoir avant de se figer devant le barman qui reprit une attitude plus apaisée et ramassa son dû.

Il semblerait que le chasseur de primes s’apprêtait à quitter le pub sans se retourner, sans doute pour profiter de la compagnie du silence et de sa pipe. Après tout, l’ambiance autour du comptoir était devenue plus électrique et déplaisante en un instant record, à son goût.

Swenn Milazzo
Swenn Milazzo
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Une première pour l'art, une première pour le monde EmptyMer 14 Nov - 23:00
Irys : 961390
Profession : Chimiste le jour - Dealer la nuit - Toubib de secours à toute heure
Daënar +1
Des.... Artistes ? Sérieusement, il va vraiment falloir supporter ces divertissements ridicules avant de pouvoir aborder le seul sujet qui puisse capter l'intérêt de Swenn ? Impensable pour le jeune homme incapable de dissimuler l'agacement qui commence à monter en même temps que ces stupides spectateurs se mettent à jouer le jeu, applaudissant cette annonce écœurante. L'air toujours aussi aimable, le chimiste quitte sans patienter davantage la chaise où il avait pris place. Non, hors de question qu'il perde ainsi de nombreuses minutes - qui vont plus que probablement s'éterniser en heures - les yeux bêtement fixés dans le vide à assister à cette mascarade imposée. Quelques chuchotement indignés sur son passage, dérangeant les personnes qui ont eu la mauvaise idée de s'installer non loin de lui, le Daënar s'éloigne pour de bon de ce rassemblement de marionnettes.

Il va donc lui falloir trouver une autre façon de tuer le temps. Parce qu'il n'a évidemment pas l'intention de quitter totalement ce lieu. C'est qu'il en a passé des jours sur ce bateau démoniaque pour voir à quoi ressemble ce fameux cinematographe. Alors il a bien l'intention de rester ici jusqu'à ce que sa curiosité soit satisfaite. Bien sûr, il pourrait boire pour patienter. Ce qui est une idée fort attrayante. D'autant plus que ce salon équipé d'un bar bien fournit parait en brasser du monde. Mais il est trop tôt. Il y a bien longtemps que Swenn a appris à différencier ses agissements selon le cadre professionnel dans lequel il se trouve. Et aujourd'hui, il se place en tant que chimiste intègre de Rathram. Seulement un peu désagréable, mais pas le moindre vice apparent.

Prenant ses distances avec ce lieu de débauche auquel il n'accorde pas le moindre coup d’œil, le Daënar entreprend de visiter un peu mieux les locaux. Et de laisser les rigolos à leurs singeries. Passant sous les regards méfiants des personnes en charge de la sécurité, Swenn ne se gêne pas pour parcourir les couloirs visiblement laissés accessibles aux visiteurs, et pièces qu'ils desservent. Bien sûr qu'il ne ère pas sans but et qu'une idée précise lui trotte en tête. Profiter de ce que la majorité des invités soient répartis entre le devant de la scène et le bar pour tenter un aperçu en avant première de cette soi-disante avancée scientifique majeure.

Et en effet, on ne peut pas dire que ses déplacements soient gênés par une masse compacte. Les quelques rares personnes n'appartenant pas au personnel des lieux qu'il croise en chemin paraissent toutes très occupées en conversations a priori très privées, s'il en juge à ces quelques regards inquisiteurs qu'il s'attire à chaque fois qu'il passe un peu trop près. Sans pour autant le faire dévier de sa trajectoire. Ni rien changer à cette arrogance parfaitement assumée qu'il affiche.

- "Veuillez m'excuser monsieur, mais vous ne pouvez passer sans autorisation spéciale."

Fallait bien que ça arrive à force de laisser ses jambes décider du chemin emprunté. Et évidemment, Swenn ne dispose d'aucun papier magique qui lui permettrait d'avoir accès à cet endroit visiblement interdit au public. Et qui inévitablement lui donne très envie de pouvoir passer. Ah, l'attrait de l'interdit... Mais il n'est pas question de s'attirer d'ennuis dans cet endroit inconnu. Sur ce continent totalement nouveau pour le Daënar. Sans un mot, et après avoir machinalement jeté un coup d’œil à ce qui se trouve derrière cet homme au costard impeccable qui l'a stoppé dans son élan, Swenn fait demi tour.  

De là où il se trouve, plus aucun des bruits produits sur la scène principale ne lui parviennent. Tant mieux, ces conneries irréelles jouées par ces gens qui se prétendent artistes et réactions incompréhensibles d'un public bien trop simple à convaincre lui donnent envie de gerber. Mais puisqu'il ne peut visiblement se frayer un accès jusqu'à un endroit capable de capter son intérêt sans se faire stopper en route, il ne lui reste plus qu'une option envisageable. Trouver un endroit où il puisse consommer du café. Rare drogue hautement addictive à ne pas être méprisée par cette partie de la population bien pensante et moralisatrice. Jusqu'à ce que les choses intéressantes ne démarrent enfin !

Plan parfait, à condition de savoir où en trouver... Ah, ils doivent bien avoir ça au bar. Encore faudrait-il que le dealer ait une idée de l'endroit où ils se trouvent. Ils. Le bar, et lui. Ça aurait été étonnant qu'il ait fait attention au chemin emprunté. Et qu'il ait été capable de se repérer du premier coup dans un nouveau lieu... Un simple soupire, agacé par cette nouvelle conclusion désagréable et pourtant ô combien prévisible, Swenn revient autant que possible sur ses pas, se fiant uniquement au hasard à chaque fois que le choix d'un nouveau couloir à emprunter se présente à lui. Au hasard, et aux quelques bruits qui lui parviennent parfois. Bah, à force, il devrait bien finir par retomber sur cette pièce centrale ! C'est pas non plus si grand que ça... Si ?

Aldartai Khargis
Aldartai Khargis
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Une première pour l'art, une première pour le monde EmptyDim 18 Nov - 17:54
Irys : 109969
Profession : Guerrier itinérant, maître d'armes
My'trän +2 ~ Suhury
L’ennui le submergeait, sa curiosité s’était envolée alors qu’il voyait les artistes sur scène. Il commençait à se souvenir pourquoi il évitait les réjouissances telles que celles-ci. Il faisait définitivement tâche au milieu du public qui s’émerveillait devant les prestations, et le suhur ne se sentait clairement pas à sa place en restant assis, ou en tout cas pour le moment. Il s’excusa auprès de ses voisins, laissant sa place libre qui ne tarda pas à être occupée de nouveau. Celui qui s’y était installé appréciera sans doute bien plus le spectacle qu’Aldartai ne le fera jamais. Au moins ça faisait un heureux. Il n’était vraiment pas de ceux qui appréciaient les spectacles, même s’il devait bien avouer que les artistes sur scène étaient talentueux ça ne le distrayait pas le moins du monde. Dommage.

On aurait pu dire que sa prochaine action était presque de visiter le théâtre, se mêlant difficilement à une foule qui manifestement ne partageait pas son ennui. Il commençait vraiment à se demander ce qu’il faisait là, il préférait de loin le calme à cette ambiance à laquelle il était bien peu habitué, il n’était pas dans son élément et ça se voyait parfaitement, maudissant sa curiosité qui l’avait poussé à entrer ici il continuait de chercher un endroit ou il serait à sa place, ou plutôt un endroit ou il ne ferait pas trop tâche dans le paysage, bien qu’il doutait qu’un tel endroit existait dans ce théâtre.

Ou en tout cas c’est ce qu’il pensait avant de tomber sur le bar, rien de mieux qu’un peu d’alcool pour tromper l’ennui, ou en tout cas patienter suffisamment longtemps pour qu’il puisse repartir. Il ne fît pas particulièrement attention aux autres clients, il ne cherchait pas à sociabiliser pour le moment et il doutait que quiconque aurait voulu le faire avec lui, surtout se sachant lui-même laconique à souhait et très peu loquace. Il s’installa alors à une table en retrait, prenant en main le verre qu’on lui servit peu après et le finissant rapidement à grande gorgées. Il semblait qu’il n’était pas le seul à vouloir tuer l’ennui grâce à l’alcool, il y avait une personne particulièrement perturbatrice qui semblait vouloir goûter aux breuvages les plus corsés que l’établissement avaient à offrir. Elle ne semblait vraiment pas sympathique, il n’y avait qu’à l’écouter ordonner aux serveurs de lui servir à boire, il les plaignait déjà, il n’imaginait même pas comment elle serait lorsqu’elle serait ivre.

Enfin, ce qu’il pouvait faire de mieux était de surveiller comment la situation évoluerait, et un bref regard lui confirma qu’il n’était pas le seul à le faire. Les gardes semblaient particulièrement alerte, ils devaient craindre que la catastrophe de l’Exposition universelle ne se répète, c’était sans doute aussi la raison d’autant de règles de sécurité, même si elles tenaient plus du bon sens qu’autre chose. Il resta calé dans son fauteuil un long moment, gardant son verre en main comme s’il semblait ruminer quelque obscure pensée, faisant lentement tournoyer le breuvage restant dans le verre avant de le boire. Il décida qu’il serait mieux assit au bar, non pas qu’il recherchait la compagnie, ou d’être plus proche pour être mieux servit en alcool. Non, c’était presque une mesure de prévention de sa part, même s’il n’en était pas forcément conscient. Il espérait que le fait qu’il soit assit au bar à côté de la femme si turbulente l’empêcherait de trop tyranniser les pauvres serveurs. Alors il se leva, prenant son verre avec lui, sans faire attention aux grands airs de Zora, et posant quelques irys sur le comptoir.

-Quelque chose de plus fort, et en plus grande quantité. Gardez le tout. Se contenta t-il de dire avant de lancer un regard à Zora. Vous êtes venu pourquoi vous ? Vous avez l'air de vous ennuyer autant que moi.

Aucun tact en posant la question, aucune formule de politesse en s'adressant à elle, Aldartai n'avait pas pour habitude de tourner autour du pot et avait un sens social plus que limité. Enfin, on lui servit un autre verre d'alcool plus fort qu'il se contenta de boire à grande gorgée avant d'en redemander. Il allait vraiment devoir se modérer, il n'avait vraiment pas envie de finir cette journée ivre mort.

Svenya Nahir
Svenya Nahir
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Une première pour l'art, une première pour le monde EmptyMer 5 Déc - 13:31
Irys : 352788
Profession : Mercenaire - assassine de l'Ordre
Guilde +2 (femme)
Comme d'habitude, Ordan avait des merveilles et les quelques "outils" que Svenya avait sur elle passèrent sans problème l'inspection (pourtant consciencieuse) des gardes. Elle était maintenant libre d'entamer sa mission. Mission qui, pour le moment, consistait surtout à ouvrir tous ses sens et à profiter du spectacle. Elle suivit le flot des nouveaux arrivants et se trouva une place au fond de la salle, au bord d'une rangée, position qui lui donnait une vue plongeante sur ce qui se passait devant elle tout en lui permettant de quitter son siège rapidement.

Si une part d'elle attendait avec curiosité le spectacle qui débuterait bientôt, sa relative bonne humeur fut bien vite assombrie par ce qu'elle entendait autour d'elle. Elle avait beau se trouver sur son continent natal, à quelques miles à peine de la terre des mages (dont la rumeur disait qu'aucun port n'avait voulu accueillir l'hérésie qui serait présentée aujourd'hui), elle avait l'impression de replonger dans les salons mondains daënars où elle avait passé de (trop) longues années durant sa formation. On spéculait, on minaudait, on commérait... Bien que résolument neutre en politique internationale, la Negiin ne pouvait que reconnaître qu'elle préférait de loin les My'träns aux Daënars. Enfin, sans doute était parce qu'elle avait surtout vu la face la moins reluisante du peuple technophile.

En bonne professionnelle, elle repoussa le dégoût que lui inspirait ce comportement, se concentrant exclusivement sur les informations qu'elle pourraît retirer de son environnement. Le contenu de bien des conversations était insipide, mais ici et là une information plus intéressante apparaissait et était immédiatement happée dans la mémoire de la shudarga. La pièce était vaste et, pour le moment, bien éclairée, ce qui permettait à quiconque le voulait de l'inspecter du regard.

Les Daënars qui avaient fait le voyage portaient en grande majorité les vêtements à la mode de la haute société, ce qui n'était pas inattendu: un tel voyage était un luxe, coûteux non seulement en argent, mais aussi en temps. Sans compter que l'effort d'un tel déplacement révélait que ces personnes étaient intéressées par l'invention de Nurmën (en bien ou en mal, la suite de la journée le dirait).

Les My'träns étaient plus divers, et à la fois moins nombreux. Logique: leur continent, plus proche, permettait un accès plus rapide à Nislegiin, mais leur aversion maladive pour la technologie devait être rédhibitoire pour la plupart d'entre eux. Il y avait des individus en toute apparence solitaires, mais aussi des membres d'un même clan, reconnaissables à leurs vêtements, babioles ou tatouages. Le point les reliant presque tous était l'expression sur leur visage: comme si curiosité et crainte ne parvenaient pas à décider qui devait occuper la place. Svenya se demandait combien d'entre eux seraient malades avant la fin de la journée.

Et puis il y avait un joyeux méli-mélo de personnes dont l'appartenance à une nation ou l'autre ne pouvait pas vraiment être identifiée, ni à leur accent, ni à leur tenue ou leurs manières. Voyageurs aguerris, errants parcourant le monde, personnes qui étaient chez eux partout et nulle part à la fois... Ils étaient sans nul doute le groupe le plus hétéroclite, mais (pour la plupart) aussi le plus sincèrement enthousiaste. Des conversations animées allaient bon train en attendant le début du spectacle.

Ce début ne tarda pas, annoncé par l'arrivée sur la scène de celle qui était la raison d'être de cette journée. La Pénitente savait Nurmën jeune, mais cette jeunesse la frappa plus encore en la voyant, seule, sur cette scène bien trop grande pour une personne solitaire. Jeune, mais professionnelle: il n'y avait pas le moindre accroc dans son introduction courte mais efficace.

Quand l'ingénieure quitta la scène, les yeux de la shudarga ne se posèrent pas sur les artistes qui prenaient sa place, mais suivirent plutôt la jeune femme. Elle restait dans la salle. Parfait. Délicatement, pour ne pas déranger ceux qui étaient venus uniquement pour le spectacle, Svenya quitta sa place et s'avança jusqu'à trouver une place assise assez proche de Nurmën et de son compagnon pour pouvoir entendre une éventuelle conversation. La pénombre d'une salle de spectacle, la scène qui accapare l'attention de tous, avait tendance à donner à beaucoup une fausse impression d'intimité. Qui savait écouter glanait parfois de bien intéressantes informations en surprenant quelques échanges à voix basse.

Lizzie Seavey
Lizzie Seavey
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Une première pour l'art, une première pour le monde EmptyJeu 10 Jan - 14:27
Irys : 344314
Profession : Chasseuse de primes - Pirate
Pérégrins -1 (femme)
Après le discours de Juno, indéchiffrable pour Lizzie depuis sa position extérieure, éloignée du théâtre, les gens s'étaient mis à déambuler à l'intérieur, à discuter et rire. Plus les minutes passaient et plus Lizzie avait l'impression d'être à nouveau à l'exposition. L'insouciance dont ils faisaient preuve était la même que ce jour-là. Le regroupement de cette population hétéroclyte et curieuse, peu encline à rentrer en conflit les uns avec les autres, était aussi très similaire. Les robes de bal avaient laissé place à des vêtements plus traditionnels, mais l'ambiance globale était la même. Et à peu près le même désastre était sur le point d'arriver. Mais cette fois, la pirate n'avait pas l'intention de le laisser arriver. Elle ferait tout ce qui était en son pouvoir pour l'éviter. Seule contre tous, ce ne serait pas bien aisé, mais il fallait tenter malgré tout.

Un cri de Delkhar la tira de ses pensées et elle reposa son regard sur l'horizon. Ils arrivaient. Ils avaient décidé de venir finalement. Le maigre espoir qu'elle avait pu avoir qu'ils décident d'abandonner leur entreprise s'était envolé, alors que sa détermination était plus solide que jamais. Elle se leva doucement, puis épousseta tranquillement sa cape my'tränne avant de l'ôter et la plier convenablement, dévoilant son armure et ses armes. Si cela effraya les gens autour d'elle, Lizzie n'en prit cure, alors qu'elle déposait sa cape délicatement sur un côté. Son faucon fondant sur sa position, elle leva un bras ganté pour le réceptionner. Elle avait déjà préparé un petit mot à glisser à sa patte, et il savait qu'il devrait le livrer à Juno. La pirate donna un morceau de viande au volatile pour le maintenir calme tandis qu'elle nouait la ficelle en soie rouge autour de sa patte. Elle propulsa ensuite le faucon, qui s'éloigna vers le théâtre, dont les portes étaient toujours ouvertes. Lizzie baissa ses lunettes de mineur sur ses yeux, s'en servant de jumelles pour estimer combien de temps il lui restait. Très peu, mais elle était prête. Dégainant ses armes, elle jeta un regard mauvais aux badauds qui prirent leurs jambes à leur cou. La place ainsi vidée de sa foule, Lizzie se positionna face aux nouveaux arrivants, prête pour l'affrontement.

Plus loin, Delkhar pénétrait dans l'enceinte du théâtre, effrayant les têtes au-dessus desquelles il passait, pour foncer sur Juno et lui livrer son message, encore à temps, espérait Lizzie. Avec un peu de chance, elle n'aurait pas à se battre seule. Elle n'avait pas spécialement envie de mourir ici, mais le ferait s'il le fallait...

Orshin
Orshin
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Une première pour l'art, une première pour le monde EmptyVen 11 Jan - 13:58
Irys : 120177
Profession : Passeur de balai
Les nuées de mots qu’envoyaient les convives faisaient s’effacer les doutes que l’on accorde au quotidien, aujourd’hui était une journée bien spéciale, trop insolite pour que l’on ne se soucie de la veille ou du lendemain. Seul l’instant présent incombait. Tous s’attendaient à des tensions, tous s’attendaient à du progrès, l’un n’allait pas sans l’autre, tous le savaient. Les spectacles n’étaient qu’une distraction, une anesthésie aux craintes des invités, une manière de substituer un sourire à une mine méfiante. Il fallait dire que cela marchait plutôt bien, du moins, du point de vue de Juno. Aucun verre brisé, aucune castagne décochée, un bon début d’après-midi en perspective. 
 
Le claquement d’un plumage inattendu passa les portes, trop haut pour que le garde puisse réagir, trop bas pour que son ombre ne soit invisible. Les plus enjoués des invités esquissèrent une rumeur émerveillée à l’apparition de cet invité volatile. Ses serres entretenaient avec soin un papier adressé à une personne uniquement, la plus importante de cette soirée, sans doute. Le vol stationnaire du rapace fit deviner à Juno que c’était à elle que s’adressait les mots contenus entre le coupant de ses pattes. Un garde, aux côtés de l’hôte, offrit son gantelet pour accueillir le faucon, avant de reléguer le message à sa destinataire.
 
Elle déplia le papier sous le regard interloqué de Dorian, lisant les mots qui y étaient sertis. « Chère madame. Faîtes évacuer immédiatement le théâtre par l’arrière, car vos anciens amis ont décidé que votre accord n’avait pas été respecté et ils arrivent, armés et bien décidés à prendre ce qu’ils croient être leurs dus … ». S’ensuivait un nom à ne pas dévoiler, une invitation à combattre et une signature. Juno blêmit, levant le visage avec une expression béate, perdue entre l’angoisse l’incertitude. Après quelques secondes d’hésitation, elle s’approcha du garde à ses côtés avant de lui murmurer quelques mots à l’oreille. Ce dernier monta sur la scène, faisant intervention au beau milieu d’un tour de passe-passe d’illusionnistes. 

-          Mesdames, messieurs, un imprévu vient de se présenter … hum. – il hésitait, ne sachant réellement comment prononcer les mots appropriés, mais le regard de Juno l’incita à ne pas se perdre en explications. – Veuillez s’il vous plaît emprunter les portes vers la salle de restauration pour vous rediriger vers l’extérieur, sur les quais.

Voyant que les gens, sans trop se plaindre commençait à s’exécuter, le garde esquissa un sourire fier, avant de conclure sur une simple révérence, coupée court.

-          Merci à v…


Un coup de tonnerre brisa sa gratitude, un éclat à en faire s’éclater les tympans résonna dans le théâtre, alors que le vitrail qui donnait sur le vaste océan se brisa en un millier d’éclats de verre colorés. Les briques qui le sous-montaient s’éparsèrent en une grêle meurtrière dans le hall. Lorsque la poussière retomba, un sillage droit, un ravage linéaire signant le passage d’un boulet s’exposa aux yeux de l’assistance. Le garde qui avait donné l’avertissement n’était plus que chair scindée par l’artillerie.

Des cris commençaient à retentir sur les quais, le hurlement de fusils s’accordant aux échos de détresse comme un chœur accompagne un violon. Des rats-de-mer, brigands, couteaux dont les vœux se dirigeaient vers la piraterie avaient accostés leurs chaloupes en terres sauvages. Le signal avait été donné, leur assaut commençait. Au loin, sous le rayon du soleil du midi, un bâtiment solide demeurait en flottement stationnaire, alors que d’autres barques s’en détachaient pour rejoindre le théâtre. Sur l’une d’entre elles, une femme posait un pied triomphal sur le banc de son transport, admirant l’œuvre de ses canons, un sourire satisfait au coin de la lèvre. Par-dessus son épaule, les canons de son vaisseau continuaient à bombarder le théâtre, visant le mur qui leur faisait face. 

Une première pour l'art, une première pour le monde 5fi9

Fara Raena

A l’intérieur, et avant que la poussière ne soit même retombée, Juno avait disparue de toute vue. Ses priorités ne concernaient aucunement la sécurité des civils, sa présence auprès d’eux n’était pas nécessaire, il y avait des choses bien plus essentielles. Seuls ceux sur les balcons intérieurs auraient pu apercevoir sa silhouette effilée se faufiler jusqu’aux niveaux supérieurs.

Eylohr Lothar
Eylohr Lothar
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Une première pour l'art, une première pour le monde EmptyVen 11 Jan - 13:58
Irys : 401379
Profession : Terroriste en fuite - Hermite
Pérégrins -2

  • Nislegiin. Un continent fort intéressant, bien qu’extrêmement dépaysant pour le géant venu du Nord et du continent glacial de ce monde. Pourquoi ? Comment s’était-il retrouvé ici ? Disons que la vie d’un pirate est faite de rebondissements, d’opportunités et d’obligations diverses et variées. En tant que pirate, et ancien second du célèbre capitaine pirate Pedro De Sousa, il devait rendre hommage et fidélité à la guilde de la Flamme Noire, unité scélérate, rassemblement de rebelles et autres parias de ce monde, que la mer appelle bien plus que la terre et dont les envies de liberté et d’anarchie dépassent, parfois, le besoin primaire qu’à l’homme d’être sédentaire et confortablement implanté dans un foyer. Les pirates, eux, désirent une liberté totale, aux grès des flots, livrés aux aléas de courants marins et des combats, loin, au large des côtes. Mais, bien que la vie bercée par les flots soit agréable, il faut, un jour ou l’autre, revenir à terre. S’approvisionner, reprendre de l’eau potable, faire le plein de matériel, de munitions et de marins, et, aussi, gagner de l’argent. Ce qui se trouve en mer se vend à terre, ou peu s’en faut.

    Eylohr était sur terre depuis quelques jours, et, s’il était arrivé plus tôt que prévu, il n’avait pas laissé ce temps libre s’effilocher dans un bar ou dans les bras d’une femme à louer. Il avait ses propres projets, et ils nécessitaient énormément de travail, énormément de voyages… Et énormément de combats.

    Il avait regagné le navire d’une autre capitaine pirate, au nom peu commun : Fara. La capitaine de ce navire pirate qui ferait pâlir d’envie, ou de peur, le commun des mortels et les plus chevronnés des marins. Un navire imposant et splendide, aux mâts pointant vers le ciel alors que les cordages, véritables traits assombris par la lumière à contre-jour, reliaient les voilures majestueuses à la stabilité et la force des bastingages. Sur le pont supérieur et inférieur, plusieurs pièces d’artillerie, des canons à poudre noir et aux projectiles dévastateurs, attendaient, paisiblement, de semer une mort atroce à quiconque se trouverait dans ce bâtiment cible qu’est le théâtre. Un théâtre ? Ce mot révulsait Eylohr. Chaque servant avait reçu des ordres précis, chaque fantassin attendait, couteaux entre les dents, fusils chargés et revolvers tirés, l’ordre de tir et d’assaut. Mais toute cette préparation pour quoi ? Pour une seule personne. Une seule. Et toutes les autres seraient autour d’obstacles à détruire sur le chemin implacable de cette recherche. Sans doute est-ce pour cela qu’Eylohr avait été choisi. Sa renommée n’était plus à faire, et son pouvoir de destruction, ainsi que sa puissance et sa force étaient vivement recherchés dans les rangs de la Flamme Noire. Il avait tenu tête et fortement endommagé toute une escouade des Forces Expérimentales, survécu à plusieurs blessures mortelles et s’était échappé de plusieurs prisons Daënars et Mytränes. Un bouclier sur patte, un canon auto-tracté, une lame vivante, un fusil inépuisable. Avoir Eylohr dans les parages était autant une source de crainte dans les rangs adverse qu’une source de confiance et d’impétuosité dans les rangs alliés.

    Inexorablement, l’avancée impressionnante et sinistre du navire amena les pirates et la capitaine à destination. Si l’encre ne fut pas jetée, le navire fut mis en panne afin de ne pas être balloté aux grés des flots. Chaque pirate était devant sa planche d’assaut, et Fara, depuis le pont, donna l’ordre tant attendu ! Soudainement, les canons firent tonner les enfers dans d’immenses explosions de fumées. Les boulets, propulsées à des vitesses vertigineuses, traçaient leurs routes jusqu’à rencontrer tour à tour un mur, un vitrail, une colonne, déchiquetant quiconque se trouverait sur sa trajectoire. Une salve, puis une autre, et enfin, l’assaut.

    Eylohr, comme à son habitude, s’avança le premier. Il avait avec lui sa gigantesque hache à deux lames, une épée de pirate à la ceinture, un fusil à double canons sciés à la hanche, deux revolvers à la poitrine, quelques grenades prises dans les stocks du navire, un couteau de chasse à la cheville et plusieurs ceintures de munitions. Il avait également un grand fusil, capable de tirer loin avec une précision époustouflante. Il n’était pas bon tireur d’élite, mais il aimait voir l’effet de ces balles curieusement fuselées sur la chaire humaine. Une fois arrivé sur le ponton des quais, il épaula le fusil, visa la première cible qui se présentait au hasard, et appuya sur la détente. La détonation fut telle que le recul, impressionnant, obligea le colosse à mettre un pied en arrière afin d’assurer un appui suffisant. La balle arriva de plein fouet dans le cœur d’un homme qui ne savait plus où donner de la tête, et qui s’effondra lourdement au sol, comme une masse soudainement inerte qu’une précédente course avait emportée, avant qu’une force, plus grande encore, ne le stoppa immédiatement. Comme si un mur invisible s’était interposé entre lui et sa course, l’homme victime du tir du géant tomba sur place, dans une gerbe de sang sortant du dos. Les dégâts de ces armes étaient terribles. L’impact d’entrée n’était rien comparé à l’orifice de sorti. L’onde de choc dans le corps humain provoquait des dégâts monstrueux, et un projectile d’à peine 3cm de diamètre ressortait d’un corps en emportant jusqu’à 10 fois sa taille de chaire avec lui. Il ne fallait pas être derrière, ou ce serait, pour vous, une douche poisseuse assurée. Et qui était derrière ? Une femme, drôlement vêtue. A vrai dire, ses habits ressemblaient énormément à ceux que portent corsaires et flibustiers. Serait-ce une pirate, elle aussi ? Que ferait-elle ici alors ? Dérivant la lunette en sa direction, Eylohr tenta de faire le point. S’il ne parvenait pas à reconnaitre avec une certitude totale la jeune femme qui se tenait là, droite et fière, il commençait à se douter de son identité. Si le code de la Flamme Noire laissait une large marge de manœuvre, tuer un de ses représentants était très mal vu. Et Eylohr ne voulait pas, pas encore du moins, se mettre en porte-à-faux avec ladite guilde. Il allait devoir ruser, ou négocier.

    Résolu et déterminé, il donna le fusil déchargé à un forban qui passait à côté de lui. Il n’en avait plus besoin. Ses propres armes allaient faire suffisamment de dégâts, et il avait suffisamment de munitions pour ne pas s’encombrer d’un autre canon très difficile à utiliser et à charger. Le pirate la saisi, et Eylohr dégaine alors ses deux pistolets, prêt à en découdre, et avançant vers le théâtre dans une démarche funèbre.

Lizzie Seavey
Lizzie Seavey
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Une première pour l'art, une première pour le monde EmptyVen 11 Jan - 16:17
Irys : 344314
Profession : Chasseuse de primes - Pirate
Pérégrins -1 (femme)
Fort heureusement, Delkhar était arrivé à temps et l'évacuation avait pu commencer quand le boulet transperça les vitres du théâtre. Lizzie s'était attendue à une telle démonstration de force, mais elle n'avait pas voulu griller sa couverture avant d'être complètement sûre de son coup. La prison et l'exécution certaine qui en découlerait ne l'intéressaient pas assez pour faire une évacuation préventive alors que les pirates n'allaient pas forcément venir. Quand elle avait su que la Flamme Noire avait donné pour ordre d'attaquer le théâtre le jour de la représentation, Lizzie, qui avait été dépéchée par la guilde elle-même quelques semaines auparavant pour acheminer la cargaison de Juno jusqu'à Nislegiin, avait fait le voyage jusqu'à Khar Dol pour exiger des explications. Apparemment, le contrat n'avait pas été respecté par la cinématographe, et ils avaient prévus de faire de son cas un exemple en attaquant le jour de la présentation.

Lizzie avait avait essayé de convaincre le roi en personne qu'attaquer une telle quantité de civils ne ferait qu'attiser la colère du peuple - déjà bien échaudé par les événements récents - envers les pirates. Ils allaient encore se retrouver au milieu de la guerre qui opposait technophiles et mages en prenant des coups de tous les côtés. C'est son argumentaire passionné qui lui avait valu le doute, peut-être avait-elle réussi à précher pour sa paroisse, et éventuellement ils attaqueraient à un autre moment. Mais il ne fallait pas en attendre autant de pirates sans foi ni loi. Elle-même n'avait que peu écouté sa conscience quand elle avait donné à Strauss la recette pour la bombe et aidé à poser cette dernière à l'exposition universelle, un an auparavant. Si elle n'y avait pas croisé le soeurs Toen, elle serait certainement sortie de là sans se retourner, et serait aujourd'hui dans l'une des barques qui était en train d'approcher les quais, un couteau entre les dents.

Une femme qui devait avoir à peu près l'âge de Lizzie, fortement armée et follement charismatique, se tenait debout dans l'un des vaisseaux de bois. Fara Reana. La brune l'avait déjà croisée et la savait particulièrement féroce. Mais quelqu'un d'autre dans le navire pouvait s'avérer encore plus dangereux qu'elle. Il était encore peu connu dans la guilde mais avait fait beaucoup parler de lui sur le continent daënastre. Et Lizzie avait suivi ses péripéties, tout d'abord intéressée par le sort de Pedro de Sousa, qui semblait s'être bien sorti de la misère dans laquelle il était quand ils s'étaient vus en février de l'année d'avant. Il avait pris cet homme comme second, et celui-ci était devenu presque aussi connu que son flibustier de capitaine, notamment à Rathram où il avait causé de gros ravages. Il fut le premier à faire une victime, avant même que Lizzie ne puisse intervenir. Il la remarqua mais l'ignora. Savait-il seulement qui elle était ? Préférait-il tuer des innocents non armés plutôt que d'affronter un véritable adversaire ? Levant son pistolet à eau vers lui, Lizzie appuya sur la détente, lançant une rafale d'eau à toute pression juste devant son visage pour attirer son attention. Le jet avait dû le raser de près. De quoi lui montrer aussi qu'un pistolet à eau n'était pas à prendre à la rigolade. Ce petit engin était capable de transpercer un corps humain, selon les dires des Vigilants.

    « Eylohr Lothar, cria-t-elle pour se faire entendre malgré le tumulte des canons et les cris de la foule. J'ai entendu parler de tes exploits. Permets moi de me présenter, Capitaine Lizzie Seavey, Louve des Cieux. J'ai été dépéchée par la Flamme Noire pour protéger et escorter Juno Nurmën, et donc je ne peux vous permettre, à toi et tes amis, d'avancer plus loin. Je vous recommande donc fortement de faire demi-tour. »

Se doutant que la réponse à laquelle elle devrait s'attendre serait une attaque frontale, Lizzie se mit en garde, autant pour se protéger que pour montrer qu'elle n'était pas là pour s'amuser. Elle n'était certainement pas de poids contre Eylohr, mais le but était surtout d'attirer son attention assez longtemps pour que le théâtre puisse être en partie évacué, et que Juno ait le temps de s'enfuir. Ce n'était pas pour rien qu'elle avait pris ses armes les plus puissantes, celles qu'elle ne sortait que très rarement pour éviter de faire trop de dégâts à son environnement...

Invité
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Une première pour l'art, une première pour le monde EmptyVen 11 Jan - 16:57

Et bien il faut croire qu'elle n'a pas été assez rapide! Une idée aisément concevable qui, évidemment, l'irrite. L'idée qu'elle ne puisse être la première partout n'a rien de bien séduisant. Et cette perspective l'est encore moins lorsqu'elle tourne le regard en direction de ce fameux mâle qui l'a devancée. L'élève de Vithis écarquille alors les yeux en reconnaissant la chevelure poivre et sel: Enoch?
"Et bien je suppose que ce... Monsieur a le droit de profiter des petits plaisirs que les dieux daignent encore lui accorder!" finit-elle par lâcher sur un ton absent, sans quitter du regard l'anomalie. "Quel genre de femme serais-je si je privais de sa bouteille un homme qui a déjà un pied dans la tombe?"
Lors de leur dernière rencontre, les dieux semblaient vouloir lui accorder un sursis supplémentaire. Le fier guerrier de Dalaï a déjà subi le jugement de la rouquine. Et elle sait qu'il n'échappera pas à celui du panthéon my'trän. Aussi se contente-t-elle, non sans efforts, d'adresser un vague signe de tête au grisonnant. Comme pour lui signifier qu'elle accepte sa présence et qu'elle ne cherchera pas à lui pourrir davantage la vie. Ce n'est plus son rôle, après tout. Et l'aide qu'il lui a apportée à Marnaka...
"Je prendrai donc la meilleure bouteille qu'il vous reste! Pour peu qu'elle en vaille la peine, évidemment!"
Zora délaisse alors Enoch pour observer d'un air blasé l'esclave a qui elle a confié sa commande fouiller tranquillement parmi la vaste gamme de bouteilles disponibles. Les soupires ou le rythme de ses doigts qui s'écrasent tour à tour sur le comptoir ne semblent pas convaincre l'homme d'aller plus vite. La fanatique en est donc à se demander s'il ne faudrait pas le motiver davantage et d'une manière moins... agréable lorsqu'un homme d'une stature imposante s'installe à côté d'elle. Et bien sûr, il juge utile de lui adresser la parole comme si la présence de la disciple de Möchlog sur les lieux signifiait qu'elle avait forcément envie d'entamer une discussion...

Elle daigne finalement le regarder. Ou, plutôt, le détailler de la tête aux pieds avec le regard d'une personne à la recherche de la moindre imperfection méritant une quelconque critique. Il semble my'trän si elle se fie à la tenue qu'il porte. Un allié naturel, donc. Tout du moins en théorie. Et forcément l'une des personnes les plus respectables de cette foule hétéroclite mélangeant civilisés et sauvages. Ce qu'elle est venue voir ici, donc?
"C'est une excellente question!" répond-t-elle finalement. "Je voulais voir l'arme daënar mais il semblerait qu'il faille endurer des heures et des heures de pitreries avant d'avoir ce... hum... privilège!"
On glisse finalement la bouteille qu'elle a commandé à sa portée. Elle s'en saisit après avoir lâché les quelques pièces demandées. Elle serait prête à payer le double pour avoir la chance de se distraire vraiment. Quelle perte de temps... Du moins le croit-elle! Car le divin Möchlog, toujours prêt à répondre aux attentes de sa protégée, a visiblement décidé de lui offrir une distraction digne de ce nom.

Cela commence par des cris et de vagues détonations provenant de l'extérieur. Le bâtiment se met alors à trembler une première fois. Puis une seconde. Les fondations protestent au moins autant que les murs. Des fissures apparaissent tandis que de la poussière tombe du plafond. Zora protège machinalement le verre qu'elle vient de remplir en le recouvrant de sa paume. La Chouette aurait peut-être pu lui octroyer le droit de savourer un verre en paix? Mais la fanatique ne fera pas la fine bouche!
"On n'a vraiment pas le temps de s'ennuyer sur ce foutu continent!" se réjouit-elle, s'adressant à son voisin. "Un instant je me suis demandée si les locaux n'avaient pas oublié comment s'amuser! Me voici rassurée..."
Le plafond déjà malmené, donc, cède lorsqu'une nouvelle salve frappe le théâtre. Les cris redoublent d'intensité tandis que Zora écarte d'un geste de la main la pierre qui menace de l'écraser. Le bouclier vibre et s'illumine à l'impact avant de disparaître une fois le danger écarté. Loin de s'offusquer, c'est même un sourire qui apparaît sur son visage. Elle daigne finalement quitter le relatif confort de son tabouret de bar avant de s'étirer. La suhure observe ensuite avec mépris les gens qui se sont réfugiés sous les tables puis récupère sa bouteille et la glisse entre les mains d'un couple de lâches.
"Il vaudrait mieux pour vous qu'elle soit entière lorsque je reviendrai la chercher!" menace-t-elle. "Et tout aussi pleine!"
Suite à quoi elle se laisse entraîner par la marée humaine qui cherche à fuir les lieux. Ou à lutter contre les courants divergents imprimés par ceux qui estiment que leur salut est incarné par les pièces les plus centrées de la bâtisse. Un choix discutable mais... pourquoi pas, hein! S'ils veulent finir emmurés vivants, grand bien leur fasse! Ce sera toujours du travail en moins!

Les secondes et les minutes s'écoulent, toujours ponctuées par les cris et le fracas des projectiles. Ce qui ne fait qu'amplifier l'impatience de Zora. Cela fait un bon petit moment désormais qu'elle n'a pas eu l'occasion de réellement se divertir. Servir Vithis n'a rien d'une activité plaisante. Tu parles d'une distraction! Mais là, c'est autre chose!
"C'est à moi, ça!"
Elle récupère sèchement son arme des mains d'un homme d'âge mûr qui, profitant de la distraction des gardes trop occupés à repousser les assaillants, espérait peut-être augmenter ses chances de survie. Le fait est qu'elle n'a pas l'occasion de le punir à la hauteur de son crime puisque sa tête explose lorsqu'un projectile décide de se loger dedans. Un nuage carmin dépose dans la foulée une fine pellicule de sang sur son visage. Et ce qui doit être.. hum... un bout de cervelet? Super!

Elle le dégage avec un certain dégoût avant de finalement porter son attention sur les assaillants qui ont eu la gentillesse de briser la monotonie des lieux. Un rapide regard à leurs armes lui confirme ce qu'elle espérait: ce sont sûrement des daënars! La nausée qui surgit presque immédiatement et les protestations de son estomac, quant à eux, lui rappellent qu'elle devrait quelque peu modérer sa joie. Et c'est alors qu'elle le voit, face à une femme de dos. Difficile de manquer un tel pachyderme!
"Hey, y'a mon jouet!"
C'est la fête du solstice avant l'heure!

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Une première pour l'art, une première pour le monde EmptyLun 28 Jan - 12:43
Clic … clic … clic !

Le briquet à silex, après la troisième reprise, libéra enfin les étincelles nécessaires pour embraser le petit tas d’herbes séchées au fond de la pipe sculptée en ivoire, l’un des rares trésors que possédait le peu-fortuné mercenaire de la Foi.

Le loup solitaire glissa entre ses lèvres la fine tige de bois, tirant quelques coups tout en évacuant la fumée à un rythme expert, attisant un peu plus la petite flamme qui hésitait encore à se dévoiler. L’herbe était de bonne qualité, tirée des champs de ce continent peuplé de dragons. On racontait que des moines d’Amisgal cultivaient cette plante particulière sur les flancs des vastes montagnes qui faisaient la renommée de Niislegin. Malgré le froid glacial de ces culminants sommets et la difficulté d’accès à ses parois escarpées et coupantes comme des rasoirs, les cultivateurs aguerris parvenaient grâce à leurs traditions ancestrales à donner naissance à ce trésor végétal si prisé par les fumeurs de tous les recoins de ce monde plat.

Un luxe que se permettait le chasseur de primes durant ses longues pérégrinations à travers Irydaë. Pourfendre les scélérats, terrasser les assassins, mettre un terme aux agissements de bandits sans cœur, abattre les fous furieux et les barbares assoiffés de sang … le tout à un prix, certes. Quoi qu’il en soit, cette éternelle croisade contre ce qu’il y’avait de plus détestable dans l’humanité pouvait éprouver les esprits les plus solides et les volontés les plus tenaces. La pipe devenait alors la compagne idéale de ses nuits, la douce confidente silencieuse, son phare dans la nuit. Plongé dans ses sempiternelles ruminements et hanté par un passé qui le rattrapait sans cesse, Enoch pouvait se consoler à grandes bouffées de fumée anesthésiant autant l’engourdissement du corps que les douleurs de l’esprit.

En ce moment précis, il en avait grandement besoin pour apaiser le tigre qui sommeillait en lui, bête aux griffes acérées griffant les murs de sa geôle dans un désir d’exécuter de funestes actions. La colère était aussi destructrice que mille canons. Déchaînée, elle pouvait entraîner de graves conséquences. Hors cette bouillonnante sensation qui avait parcourut ses veines n’avait pour autre source que la vue de ce regard dédaigneux, ces lèvres plissées en un trait de mépris et ces sourcils hautaines. La fanatique qui fut son alliée autrefois lui laissait encore un sentiment de profonde hostilité envers elle comme une araignée qu’on laisserait vivre dans son plafond, conscient qu’elle pouvait cohabiter avec vous tout en sachant qu’elle pourrait être de ces espèces aux crochets vénéneux. Il se souvenait que trop bien de la vitesse à laquelle elle avait retourné sa veste lorsqu’ils eurent atteint le bout de leur quête. Un simple regard porté sur sa malédiction et la voilà qui se faisait juge, jury et exécutrice. Ils s’étaient finalement quittés en parfaits inconnus. Toutes les péripéties et tous les dangers qu’ils affrontèrent ensembles, tous ces moments intenses où leur collaboration resserrait petit à petit leurs liens de confiance … brisés en un battement de cils. Enoch avait eut le déplaisir rappel que quelque soit ses actes de bonté et de bravoure, ses sacrifices pour son peuple, ses souffrances subites et ses tragiques pertes, il ne restait qu’un paria pour le monde, haït et détesté, une erreur qui devait être purgée de la surface d’Irydaë.

Adossé contre le mur d’un des nombreux couloirs du vaste édifice, il s’enferma dans ses moroses pensées, son attitude presque patibulaire dissuadant les nombreuses convives de s’approcher du vétéran. Les gardes alentours lui jetaient des regards suspects, l’identifiant déjà comme un individu potentiellement à risque qu’ils devraient surveiller de près. Mais qu’ils gardent leur sang-froid, ces braves protecteurs ; La menace ne venait pas du fils de Dalaï, mais de la mer elle-même.

Un grondement se fit entendre au lieu, déflagration ténue, distante. Puis un sifflement de plus en plus strident. Enfin, l’explosion. Un craquement de tonnerre, un tremblement si terrible que les fondations même furent secouées et des éclats de pierres mortelles projetées en tous sens. Miraculeusement, Enoch fut épargné par le jet mortel de gravats, l’une des pierres se contentant de tailler une vilaine estafilade sur sa joue gauche en laissant une cuisante sensation. Projeté par la force de l’impact, le grisonnant en perdit l’équilibre et tomba sur le sol poussiéreux en toussotant, sa pipe rebondissant un peu plus loin.

Ses oreilles sifflaient, ses paupières avaient du mal à s’ouvrir à cause de la poussière épaisse qui recouvrait partiellement son visage. Un regard alentour lui indiqua que bon nombre de visiteurs n’eurent pas sa chance à en juger par le déplorable état de leurs corps inertes étendus à des angles incertains. Crachant sur le coté, l’anomalie se releva lentement en se dépoussiérant du mieux qu’il le pouvait. La panique était totale et les gardes tentaient tant bien que mal de s’organiser pour protéger l’afflux de bétail humain qui tentait de rejoindre la sortie en toute hâte. Avisant une ouverture dans l’un des murs du théâtre, il s’y approcha à grand pas pour découvrir la source de cette fourbe attaque. La réponse ne le surprit qu’à moitié : des pirates.

Ces rats des mers avaient le don d’attaquer quand on s’y attendait le moins, et avec force ! Il pouvait déjà deviner le nombre conséquents de flibustiers armés jusqu’aux dents qui s’approchaient, leurs regards brillant d’une lueur perverse. Deux impressionnants personnages se distinguaient du lot de ces damnés assassins : Une femme qu’il jugeait être leur leader et un colosse de chaire portant un véritable attirail de guerre. Des adversaires redoutables accompagnés d’une véritable petite armée de tueurs nés, attroupement hétéroclite de bandits, truands, malfrats, coupe-jarrets et voleurs unis sous la bannière de la piraterie. Leurs activités criminelles ces dernières années avaient littéralement explosé, la piraterie s’étant propagée tel un vicieux cancer pour se manifester dans toutes les mers. Seuls les rivages de Zagash et les côtes Daënares intimidaient suffisamment ces forbans pour les dissuader de s’attaquer à un plus gros morceau ; en effet même le plus téméraire des capitaines corsaires préférerait rebrousser chemin que s’attirer le courroux d’un maître de Dalaï ou faire face à l’armada d’acier de Daënastre.

Pourquoi avoir choisit cette exposition particulièrement ? Etait-ce le fameux objet qui attirait leur convoitise ou l’assemblée d’invités qui devaient sans doute compter quelques fortunées personnalités ? Qu’importe. La priorité était de survivre et faire face à la marée pirate.

Son couteau de chasse n’était pas à sa ceinture, mais l’ascète avait un atout bien plus précieux. Instinctivement, sa main se posa sur l’outre d’eau qui ne le quittait jamais, ses doigts caressant la peau de bête dont elle était faite. Il pouvait ressentir l’eau à travers, son élément de prédilection, son allié dans les moments les plus sombres et incertains. Confiant mais prudent, il avisa les lieux, cherchant déjà où il pouvait se mettre en position adéquate pour se protéger des rafales ennemies tout en défendant chèrement son terrain.

Par Dalaï ! Si ces monstres pensaient s’en tirer avec un butin facile, ils seront surpris quand ils feront face au Bras Armé de Zagash ! Rien de plus terrible pour une horde de criminels qu’un chasseur de primes expérimenté, impitoyable et surtout ne craignant pas la mort. Le sang zagashien qui coulait dans ses veines, ses longues années de guerre éternelle contre ce type d’ordures, son statut d’anomalie … un dangereux mélange, instable comme une mixture chimique à peine contrôlée, pouvant donner des résultats explosifs.

Tout compte fait, peut-être que c’était une nouvelle épreuve de Dalaï envers son disciple. Raison de plus de se montrer à la hauteur. Et alors, un jour peut-être, il sera délivré de sa pénible malédiction.

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