Revenir en hautAller en bas
Chroniques d'Irydaë
Bonjour, et bienvenue sur les Chroniques d'Irydaë. Déjà inscrit ? N'attends plus, et connecte-toi dès maintenant en cliquant sur le bouton "Connexion" ci-dessous !

Vous êtes nouveaux, que ce soit sur ce forum ou dans le monde du RPG ? Le choix d'un forum sur lequel vous pourrez vous épanouir n'est pas anodin, et il vaut mieux pour cela connaître l'univers dans lequel vous vous trouvez ! Nous avons pensé à vous, en vous préparant un guide qui vous permettra de découvrir pas à pas le monde des Chroniques d'Irydaë.

Si malgré cela, des doutes subsistent, n'hésitez pas à adresser vos questions aux Administrateurs.

En vous souhaitant une agréable visite !
Chroniques d'Irydaë
Bonjour, et bienvenue sur les Chroniques d'Irydaë. Déjà inscrit ? N'attends plus, et connecte-toi dès maintenant en cliquant sur le bouton "Connexion" ci-dessous !

Vous êtes nouveaux, que ce soit sur ce forum ou dans le monde du RPG ? Le choix d'un forum sur lequel vous pourrez vous épanouir n'est pas anodin, et il vaut mieux pour cela connaître l'univers dans lequel vous vous trouvez ! Nous avons pensé à vous, en vous préparant un guide qui vous permettra de découvrir pas à pas le monde des Chroniques d'Irydaë.

Si malgré cela, des doutes subsistent, n'hésitez pas à adresser vos questions aux Administrateurs.

En vous souhaitant une agréable visite !
Le Deal du moment : -50%
-50% Baskets Nike Air Huarache Runner
Voir le deal
69.99 €




 :: Les terres d'Irydaë :: Daënastre :: Ünellia
Page 1 sur 1


 Au hasard des lampadaires

Diane Stëelk
Diane Stëelk
Au hasard des lampadaires Empty
Au hasard des lampadaires EmptyDim 23 Déc - 19:25
Irys : 189965
Profession : Journaliste
Daënar +1
14 novembre 933 – Alexandria

Une brise étonnante faisait flotter les planeurs dans les courants froids. Ils n’étaient pas très haut, mais bien assez pour offrir aux touristes la vue spectaculaires des athlètes locaux à l’entraînement. Méprisant la froideur qui emplissait la pièce, Diane avait ouvert la fenêtre et admirait le ballet aérien en laçant son corset. Avec Hector, à l’occasion de leur passage dans la capitale pour couvrir le sommet des Cercles, le journal avait desserré les dents et lâché quelques Irys afin qu’ils puissent dormir dans un hôtel du 2nd quartier. Un de ceux à la lisière du troisième, parmi les moins chers puisqu’il fallait être à une certaine hauteur dans le bâtiment pour avoir une vue autre que celle des briques noircies du mur Sarah. Diane ayant insisté, ils avaient pris des chambres juste assez surélevées pour que les fenêtres fondues dans des armatures de plomb dépassent le mur et offrent une vue saisissante du dernier quartier d’Alexandria. La réunion de la veille avait duré une éternité, et ils étaient rentrés terriblement tard – assez pour que le soleil d’hiver pointe déjà à l’horizon. Diane avait mis de l’ordre dans ses notes et retapé quelques éléments qu’elle craignait d’oublier, puis s’était effondrée sur son lit trop mou. Endurcie à des conditions bien pires, elle s’était endormie immédiatement et venait à peine d’émerger de son coma. Il n’y avait pas de rideaux à ses fenêtres ; elle s’était réveillée à la lumière du zénith.

Tout en pestant contre le courant d’air qui lui gelait les pieds, elle finit de s’habiller et s’installa à la petite table du coin de la pièce en baillant. Hector devait avoir déjà mis au propre ses propres notes, et elle refusait d’être à la traîne. Ralentie par le manque de caféine, elle se plongea malgré tout dans son labeur et en tira, deux heures après, plusieurs papiers traitant des différents aspects du Sommet, quelques interviews, plusieurs mises au point politiques. Elle en faisait toujours trop pour être sûre que cela suffirait. L’opportunité qu’on lui avait offerte ne se représenterait pas de sitôt, et elle pensait avoir plutôt bien exploité l’événement. Satisfaite de ce qu’elle avait écrit, elle alla toquer à la porte d’Hector qui lui ouvrit dans l’instant. Il attrapa les papiers qu’elle lui tendait et les parcouru en diagonale. Avare de compliments, il lui laissa seulement entendre que ça suffirait bien, et lui indiqua que leur train ne partait pas avant le début de soirée. Et que si elle avait envie, elle pouvait… eh bien, elle pouvait profiter des heures vacantes pour aller se promener. Haussant les sourcils bien haut, Diane acquiesça sans un mot, surprise de la tournure que prenait sa journée. Elle ne se le ferait pas dire deux fois. Quittant l’hôtel sans rien d’autre que son équipement de base – manteau, armes, lunettes et carnet coincé dans une poche – elle se mit à dévaler les passerelles pour rejoindre le premier quartier. Le troisième ne l’intéressait pas spécialement, et ce qu’elle avait aperçu du centre la veille ne lui donnait qu’une envie : y retourner.

Par fierté peut-être, ou simplement par insouciance contemplative, Diane erra toute l’après-midi le nez en l’air sans daigner consulter le moindre plan. Elle avait bien pris quelques funiculaires pour revoir les incroyables richesses du quartier des affaires, les splendides façades des immenses buildings, la propreté des rues et l’exotisme des jardins suspendus, mais bien vite, elle s’en était lassée. Elle voulait suivre son instinct et les sensations que lui offraient les bas étages par rapport aux hauteurs En réalité, tout y était trop net, trop bien rangé pour son goût populaire. Bien que regorgeant de merveilles et de prouesses, le quartier des astraux, comme ses habitants aimaient à s’appeler, lui laissait un arrière-goût désagréable. Elle aimait les beaux-arts, l’esthétique, l’architecture, mais leur préférait malgré elle l’incongruité des beautés singulières, le fouillis des rues basses.

Le sens de l’orientation aguerri par son adolescence vagabonde, Diane s’était donc laissée dériver le long des escaliers, avait pris des passerelles peu engageantes, pris dans les carrefours les chemins les plus bruyants et les moins lumineux. Elle n’aimait la ville que surprenante, incongrue et provocante. Bien vite, elle atteignit le royaume des Versos. Bien que d’allure peu engageante, ce quartier se révéla pour elle fascinant et bourdonnant de vie. A chaque rue de nouvelles odeurs, de l’égout nauséabond au ragoût qui mijote. Elle découvrait dans l’étonnant hétéroclisme de la capitale une nouvelle façon de vivre la ville, complètement à part. Elle n’avait pas beaucoup voyagé dans sa courte vie, mais elle pressentait que ce qu’on voyait à Alexandria ne se voyait nulle part ailleurs. Des dizaines d’ethnies se croisaient sans se regarder, les matrones et les prostituées se mélangeaient à la foule de badauds ahuris, enveloppés dans de longs manteaux. A plusieurs reprises, elle croisa des échauffourées qu’elle contourna soigneusement, surprit dans l’ombre des échanges de petits paquets, ignora les appels d’estropiés lancinants. Mais aussi lugubres que pouvaient être les versos du 1er, elle ne se sentit pas une seule fois en danger, ne ralentissant pas le pas et se donnant l’attitude d’une citadine ayant une destination bien précise en tête. Elle déambula ainsi un long moment, attentive au théâtre de la rue qui se déroulait sous ses yeux.

Décidant qu’il était temps pour elle de mettre un terme à sa quête du « toujours plus bas », elle ralentit et poussa la porte de la première taverne qui croisa son chemin. L’ambiance lui rappelait étrangement celle du quartier ouvrier de Cerka, là où les usiniers épuisés faisaient halte pour dépenser la moitié de leur paie en whisky et s’en assommer, histoire de mieux supporter le jour d’après. Elle demanda un café et s’installa contre une des vitres crasseuses. Oui, c’était exactement la même ambiance, bien que les gens s’habillassent très différemment et que leurs mines soient un peu meilleures. Trempant les lèvres dans ce qu’on lui avait servi, elle ne put retenir un rictus. Ce café était définitivement coupé, mais sa grimace venait du fait qu’elle n’arrivait pas à déterminer par quoi. Finissant sa tasse d’une traite en refusant d’y penser, elle resta là, songeuse, ses yeux dissimulés derrière les verres de ses lunettes perdus dans le fouillis de l’activité urbaine

Les regards s’attardaient parfois sur elle, elle le sentait comme on sent un insecte ramper dans son dos. Les habitués au comptoir en étaient les principaux responsables, puisque comme partout, ils se targuaient de connaître le visage de tous ceux qui traînaient leur carcasse dans les environs. Et elle était inconnue au bataillon. Mieux, elle était une femme, visiblement d’une autre ville au vu de son accoutrement et de ses manières, et semblait parfaitement sereine à se promener seule dans les rues profondes de la capitale. Trop de conditions pour la laisser tranquille. Sentant que les museaux se pointaient de plus en plus dans sa direction, Diane se leva sans s’affoler outre mesure, jeta trois pièces sur la table et quitta l’établissement. Elle prit immédiatement à droite et se cala contre un mur dans l’ombre, attendant quelques minutes pour voir si ces messieurs seraient audacieux ou s’ils auraient la présence d’esprit de l’oublier. Constatant que la porte restait close, elle se remit en route, une pointe de soulagement desserrant sa gorge. Il était temps pour elle de rentrer – l’horloge au comptoir pointait presque dix-sept heures. Elle n’avait pas la moindre idée du niveau d’ensoleillement en dehors du quartier, mais elle supposait qu’il faisait déjà nuit et qu’elle ferait mieux de se hâter si elle ne voulait pas se retrouver à tâtonner pour retrouver une station de funiculaire.

Reprenant le chemin inverse de celui qui l’avait amenée à la taverne, elle commença à remonter doucement les rues, s’accrochant parfois à un infime détail qui lui indiquait qu’elle était déjà passée par là. De nature observatrice, Diane usait d’une méthode qui avait toujours porté ses fruits, et ne doutait pas qu’elle parviendrait à rentrer sans encombre. Mais elle se surestimait. Alexandria était radicalement différente de la ville qu’elle connaissait, et les repères à prendre l’étaient tout autant. Il ne lui fallut pas dix minutes pour qu’elle se retrouve à un croisement sans la moindre idée du chemin à emprunter. Hésitante, elle s’engagea à droite, mais fit bien vite demi-tour, persuadée de n’avoir jamais foulé ces dalles. Ne rencontrant pas plus de succès à gauche, elle se retrouva les bras balans à contempler les murs à la recherche d’un détail significatif, mais les lampadaires projetaient une lumière jaune uniforme sur tous les bâtiments, leur donnant à tous le même air. Refusant de s’affoler, Diane souleva ses lunettes pour y voir plus clair et revint complètement en arrière dans l’espoir de trouver l’illumination. Mais elle s’arrêta à nouveau, perplexe. Un homme à la redingote usée mais très propre croisa son regard et, après un instant d’hésitation, lui demanda si elle était perdue, si elle avait besoin d’aide. Son intervention agit comme un électrochoc sur la journaliste, qui déclina, le remercia sèchement et reprit son chemin au hasard, souhaitant seulement s’éloigner de l’homme. Non pas qu’il ait eu l’air animé de mauvaises intentions – au contraire, du peu qu’elle ait vu de son visage, il semblait irradier une franche amabilité – mais elle refusait simplement d’admettre qu’elle, la parfaite enfant de la ville, la plus habile fouleuse de bas-quartiers de Cirka, se soit perdue dans un environnement qui ne pouvait lui parler plus. Elle fit quelques pas, prit un embranchement qu’elle croyait reconnaître, sourit intérieurement de ne pas avoir cédé à la panique et … se retrouva nez-à-nez avec l’inconnu d’avant. A quelques mètres seulement de l’endroit où il l’avait abordée. Il fit mine de ne pas la voir, mais elle l’arrêta, ses sourcils fins froncés sur son regard clair dans une expression mêlant fatigue et embarras. Parfaitement ignorante des manières de la région, elle le salua à la façon de Rathram, ainsi il n’ignorerait pas qu’elle ne venait pas d’ici, et sentant ses ongles reprendre leur tic de s’enfoncer nerveusement dans la chair tendre de ses doigts, elle serra les poings pour se forcer à arrêter.

« Excusez-moi, Monsieur, d’avoir été tantôt si grossière. » Sentant son verbe prendre des allures de bourgeoisie involontaire, elle se corrigea en maudissant son métier de changer si aisément sa nature devant des inconnus. « Je pensais pouvoir retrouver mon chemin à l’instinct, mais il semblerait qu’il m’ait lâchement abandonnée. Comment puis-je remonter vers les astraux du 2nd quartier ? »

Elle espérait que son allure sympathique reflète une bonne nature, car elle ne se le pardonnerait pas si elle se mettait dans le pétrin après avoir naïvement fait confiance à une première impression, dans un quartier où les apparences sont rarement fidèles aux natures humaines qu’elles déguisent.

Phileas Graf
Phileas Graf
Au hasard des lampadaires Empty
Au hasard des lampadaires EmptyJeu 27 Déc - 14:15
Irys : 224957
Profession : Clerc de notaire
Daënar 0
Bien souvent, la haute société d’une grande ville comme Alexandria n’avait qu’une très vague idée des conditions de vie des couches populaires. Alors on palliait ce manque de connaissance à l’aide de suppositions, suppositions qui au fil du temps devenaient des croyances, puis des certitudes. Si bien que parmi le gratin de la ville, même le troisième quartier était vu comme un ramassis de miséreux et misérables vivant dans des taudis, une vue qui ne correspondait qu’à certains bouts du quartier extérieur de la ville.

Une partie de la ville, qui, par contre, correspondait malheureusement assez bien à sa réputation, était le fameux plan des versos. L’exemple parfait de la zone de non-droit où on trouvait pèle-mêles ceux que la vie avait jetés là et ceux qui avaient choisi une existence en marge de la société. L’air y ait oppressant, la lumière rare, l’ambiance désagréable. Phileas avait beau n’y avoir vécu que quelques mois, il avait poussé un soupir de soulagement quand il avait eu les moyens de quitter ce lieu de vie sordide et déprimant.

Mais dans ce cas, pourquoi diable se trouvait-il à nouveau à l’ombre des immenses bâtiments du centre-ville? Sans compter qu’avec ses vêtements usés mais tout de même soignés, il dénotait très, très franchement. Eh bien la réponse était un malheureux concours de circonstances: il avait dû se rendre dans le premier quartier pour livrer un colis et, malheureusement, il n’avait reçu assez d’argent que pour l’allée en funiculaire. Il devait donc se débrouiller à pied pour le retour, ce qui le forçait à passer par ce coin peu recommandable de la ville. Bon, heureusement il le connaissait bien, c’était déjà ça.

Au moins, à part un nombre considérables de regards de travers, il n’avait pas encore rencontré de problèmes. Une chance, car il ne tenait pas à devoir jouer des poings pour échapper à un verso un peu trop intéressé par sa bourse (vide, d’ailleurs) ou un autre objet de valeur. Il marchait vite, pressé de quitter l’endroit, mais gardait tout de même un oeil vigilant sur ses environs. C’est comme ça qu’il repéra une anomalie dans le décor. La jeune femme était elle aussi trop bien habillée pour une habitante de ces quartiers et, surtout, en trop bon état général. Elle avait en plus l’air assez peu sûre d’elle, peut-être perdue. Pour résumer: la cible idéale pour la première personne mal intentionnée qui passait par là.

« Est-ce que je peux vous aider à retrouver votre chemin? »


La réponse, négative, témoignait d’un énervement qu’il attribua à la peur d’admettre qu’elle se trouvait dans une situation problématique. Bon, ça prouvait déjà qu’elle avait conscience que paraître vulnérable n’était pas une bonne idée dans cet environnement. Mais elle n’en restait pas moins une cible facile, et c’est avec une pointe d’inquiétude pour elle que le clerc regarda l’inconnue s’éloigner.

Quelle ne fut pas sa surprise quand, à peine quelques instants plus tard, il la vit de nouveau arriver dans sa direction! Elle était décidément on ne peut plus perdue. Il hésita à l’aborder à nouveau, de peur de définitivement la braquer, mais cette fois c’est elle qui fit le premier pas. Tiens, son langage aussi jurait (très) fortement avec leur environnement. Peu rancunier, il inclina la tête pour confirmer qu’il ne lui en voulait pas d’avoir été sèche.

« Je peux vous montrer le chemin, mais est-ce que vous devez remonter vers le plan des Astraux ou vers le second quartier? Les Astraux habitent le premier quartier. »

Un détail important, puisque les deux étaient plus ou moins à l’opposée l’un de l’autre par rapport à leur position actuelle. Et un détail qui, accompagné de l’accent de la jeune femme, révélait qu’elle n’était pas une habituée de la ville. Phileas était bien placé pour savoir quel labyrinthe Alexandria était pour un étranger: lui aussi originaire d’une autre région du continent, il avait mis un bon moment avant de s’y retrouver dans le mastodonte d’urbanisme qu’état la ville.

Diane Stëelk
Diane Stëelk
Au hasard des lampadaires Empty
Au hasard des lampadaires EmptyJeu 10 Jan - 11:18
Irys : 189965
Profession : Journaliste
Daënar +1
Son inavouable fierté mise de côté, Diane devait admettre qu’elle n’était plus tellement à l’aise dans ce quartier. Enfin, elle trouvait toujours ses marques, gardait une conscience assez aiguë de sa position dans les rues, mais la capitale semblait s’être liguée pour la déstabiliser. D’abord, la perdre dans ses bas-fonds, maintenant lui envoyer un inconnu qu’elle n’arrivait pas à trouver louche alors qu’elle devrait automatiquement s’y résoudre. Faire confiance dans ce genre d’endroits menait irrémédiablement aux ennuis. Non pas qu’elle les évite – son métier lui avait appris à s’y confronter – mais aujourd’hui, elle n’avait pas le temps de s’engager dans un quelconque conflit stérile. Ce n’était pas vraiment dans ses projets de tuer qui que ce soit avant le repas, même un violeur bon comédien.

Perplexe, donc, mais résignée à prendre le risque, elle se détendit un peu et hocha la tête en retour. Elle avait été un peu sèche et désagréable mais dans ce genre de situation, il devait savoir qu’elle ne pouvait laisser voir aucune vulnérabilité sous peine d’enclencher potentiellement – si ce n’était pas déjà fait – le mécanisme pervers de la machine tue-femme. Elle avait dérogé à ce principe exceptionnellement, par pure nécessité, mais restait sur ses gardes. Alors que sa main droite se tendait pour le saluer, l’autre restait inerte comme de rien, à portée du fourreau de sa cuisse.

« Je peux vous montrer le chemin, mais est-ce que vous devez remonter vers le plan des Astraux ou vers le second quartier? Les Astraux habitent le premier quartier. »

Déconcertée, la jeune femme prit une seconde pour analyser la question. Aurait-elle mal compris l’organisation de la ville ? Ce ne serait pas étonnant. Elle croyait que les Astraux étaient tous ceux qui habitaient au-dessus du mur Sarah, tous quartiers confondus, et qu’en dessous de cette frontière invisible se trouvait le plan des Versos. En réalité donc, le terme élogieux s’appliquait à une quantité très réduite de riches élus, car dans les extrêmes cimes de la cité, il y avait plus de bureaux que d’habitants, et ceux-ci ne semblaient pas vraiment avoir besoin de travailler. La jeune femme fit la moue, décidant de ne pas se lancer dans l’entreprise hasardeuse de la dissimulation, et admit de bon cœur son erreur. De toutes manières, s’il n’avait pas déjà remarqué qu’elle était étrangère aux lieux, il était soit idiot, soit aveugle, soit encore plus perdu qu’elle.

« Mon hôtel se situe dans le second quartier, à la frontière Est du troisième, collé au mur Sarah. C’est un des plus hauts du coin, le « Nébuleux », peut-être cela vous dit-il quelque chose ? »

Elle jouait la sympathie, comme toujours, et pour le coup, mentir ne servirait pas son affaire. Il aurait peut-être été plus simple et plus prudent de lui demander seulement le chemin de l’arrêt de funiculaire le plus proche, mais elle savait que ceux-ci ne desservaient pas les bas-quartiers et qu’ils formaient un réseau inexplicablement complexe, avec très peu de correspondances possibles. Elle mettait cet absurde enchevêtrement sur le compte du fort développement vertical de la ville, demandant la création de multiples stations et lignes pour les seigneurs des hauteurs incapables d’user de leurs précieux petons. Mais tout de même, ce système méritait un bon rafraîchissement. Bref, si l’étranger était fiable, autant profiter de sa connaissance des lieux pour perdre le moins de temps possible. Et s’il ne l’était pas … eh bien, elle supposait qu’elle le remarquerait un peu avant de se faire égorger. Vivement qu'elle retrouve sa ville, là où elle pouvait vérifier d'un regard au mendiant du coin si son interlocuteur cachait une arme dans son dos.

« Je m’appelle Diane Stëelk. Enchantée. Si vous pouviez au moins m’indiquer le début de la route, ce serait parfait, je ne veux pas vous embêter trop longtemps. »

En réalité elle aurait bien aimé qu’il propose de l’accompagner au moins jusqu’à ce qu’ils sortent du plan des Versos, car son regard clair venait d’accrocher au loin la porte de la taverne où elle avait pris son café, et d’où le groupe de soiffards sortait en braillant. Et tournait dans leur direction. Ils ne les avaient pas encore vus, et il n’était pas certain qu’ils tentent quoi que ce soit, ou même qu’ils s’intéressent à eux d’une quelconque manière, mais elle ne préférait pas tenter le diable. « Une journaliste de Cirka soupçonnée de meurtre à Alexandria », voilà un titre qu’elle ne laisserait pas Hector écrire dans les faits divers du Pointilleux.

Phileas Graf
Phileas Graf
Au hasard des lampadaires Empty
Au hasard des lampadaires EmptyLun 21 Jan - 9:29
Irys : 224957
Profession : Clerc de notaire
Daënar 0
Il fallait bien reconnaître que, pour une personne perdue dans un quartier tout sauf recommandable, la jeune femme feignait plutôt bien l'assurance. Son ton était stable et ses phrases ne contenaient ni bégaiement ni hésitation sur le choix des mots. Son expression faciale aussi était bien contrôlée, déterminée sans être trop aggressive. Ce qui trahissait le malaise de l'inconnue, c'était le reste de sa posture, un poil trop rigide, et cette main qui restait résolument près du fourreau dont elle pourrait tirer de quoi se défendre en cas de besoin. Etrangère à Alexandria, mais connaisseuse de ce genre de coins. Tant mieux: ce serait d'autant plus simple d'éviter un malheureux incident d'ici à leur sortie du quartier. Phileas se serait bien vexé du manque de confiance qu'elle lui accordait, mais il ne comprenait que trop bien ce qui motivait sa méfiance. N'importe qui pouvait être animé de mauvaises intentions ici, et la naïveté se payait cher.

"Phileas Graf, enchanté. Je connais le Nébuleux et j'habite dans le troisième quartier, nous allons de toute façon dans la même direction."

Direction qui, pour le moment du moins, revenait à "à l'opposée de ivrognes que j'entends arriver", parce qu'il préférait ne pas mettre à l'épreuve sa bonne étoile. D'accord, ils n'étaient plus seuls (puisqu'ils étaient à deux) et l'ancien trappeur savait se défendre, mais à vue d'oreille, le groupe qui venait dans leur direction gardait l'avantage du nombre (et probablement une sacrée désinhibition les rendant encore plus entreprenants).

"Nous ne sommes pas si loin du second quartier, par contre dans l'immédiat je propose un crochet stratégique."

Crochet qui passait malheureusement par une ruelle peu engageante, mais qui avait le mérite d'être déserte. Bon, et puis, ce n'était pas comme s'il y avait autre chose que des rues, ruelles et autres impasses peu engageantes dans cette partie de la ville. Il espérait simplement que, même si la jeune femme ne lui faisait pas confiance, elle déciderait de courir le risque face à une personne seule plutôt qu'à une poignée. Simple question de mathématiques, pas vrai?

Phileas, de son côté, gardait son flegme habituel et n'hésita pas. Il se dirigea vers la ruelle qu'il avait désignée dès qu'il eut fini de parler. Il avait l'avantage de connaître cette partie de la ville bien mieux qu'il ne l'aurait jamais souhaité et il savait que cette ruelle en particulier n'appartenait pour le moment à personne en particulier, ce qui en faisait un no man's land relativement sûr.

Diane Stëelk
Diane Stëelk
Au hasard des lampadaires Empty
Au hasard des lampadaires EmptyMar 5 Fév - 22:12
Irys : 189965
Profession : Journaliste
Daënar +1
« Phileas Graf, enchanté. Je connais le Nébuleux et j'habite dans le troisième quartier, nous allons de toute façon dans la même direction »

Comme cela était pratique. Opinant tout de même car elle en était arrivé à ce point de résignation, elle prit le rythme de son guide et lui emboîta le pas, une main dans la poche, l’autre toujours négligée près de sa cuisse armée. Phileas, donc. Elle ignorait si c’était son vrai nom, mais plus elle l’observait à la dérobée, moins elle lui trouvait l’air louche. Il était de taille un peu supérieure à la moyenne et cachait sous cette redingote une carrure plutôt impressionnante, bien que visiblement peu entretenue – un ancien sportif, peut-être ? Mâchoire rude, mais regard très calme et adouci par les verres impeccables derrière lesquelles ils se cachaient. Une tignasse emmêlée et des mains larges, présentant des cals à des zones ne correspondant définitivement pas à celles d’un manieur d’épée. Peut-être amateur d’armes à feu ? Diane ne pouvait pas imaginer que l’on puisse habiter cette ville sans avoir au moins une arme sur soi. Elle avait détaillé l’accoutrement de l’homme et n’avait remarqué aucune proéminence suspecte, trahissant une arme volumineuse. Mais un pistolet à poing pouvait se glisser n’importe où, tout comme un petit poignard, des fioles ou d’autres outils plus fantaisistes.

« Nous ne sommes pas si loin du second quartier, par contre dans l'immédiat je propose un crochet stratégique. »

Tirée de sa réflexion, elle réfléchit à cette proposition. Le groupe de soûlards prenait leur direction et ne semblait pas spécialement agressif, cependant il valait mieux gentiment les ignorer que tenter le diable. Diane était de son avis et le suivit sans commentaire dans cette ruelle baignée d’un jaune encore plus visqueux et sombre que la précédente. Au moment où elle prenait le virage, elle se permit cependant un petit regard en arrière, dans le coin de son angle de vision, pour vérifier que le groupe n’était pas concentré sur eux. Le constat fut pour le moins chaotique. Ils étaient cinq et la dynamique de groupe créait une sorte d’aveuglement au monde extérieur ; pourtant quand elle jeta cet œil en arrière, il s’accrocha à celui du plus bruyant, lancé dans un grand discours gesticulé. L’échange n’avait duré qu’une fraction de seconde, pourtant cela suffit pour le faire taire, et attirer par la même occasion l’attention de ses camarades. Diane s’empressa de se mettre au niveau de Phileas, déjà épuisée par la réalité des mots qu’elle s’apprêtait à prononcer.

« Je suis navrée mais je crois qu’un crochet ne suffira pas. »

Elle n’eut pas sitôt fini sa phrase qu’un cri résonna dans leur dos. Evidemment, croiser un regard féminin, faire le lien avec « l’étrangère pas nette de la taverne » et en plus se rendre compte qu’elle était désormais accompagnée d’un homme à l’air pas trop menaçant, cela faisait beaucoup de conditions pour que cet imbécile reste insensible. Typique syndrome du « j’ai la plus grosse et je vais le prouver ». Il les interpella à plusieurs reprises, son ton prenant une intonation de plus en plus menaçante à chaque rappel. Diane craignait qu’il ait un pistolet, par conséquent elle s’arrêta dès qu’il commença à les menacer « de leur trouer la peau s’ils arrêtaient pas de l’ignorer ». Espérant que Phileas s’exécutât à son tour, elle se retourna lentement, non sans avoir remis ses lunettes sur son nez d’abord.

« Ahh, voilà que tu m’écoutes enfin gamine. » Il s’arrêta en face d’eux, encadré par ses bouledogues gloussants, et bomba le torse en la détaillant de toute sa hauteur pestilentielle. « Tu vois mes copains et moi, bah on est des as. T’as pas l’air bien vieille, mais tu l’es largement assez pour que quelqu’un t’apprenne enfin ce que c’est qu’un homme, un vrai. »

Diane avait croisé les bras en l’écoutant et en aurait presque ri si elle n’était pas si ignorante du niveau de dangerosité du fat. Elle était presque certaine qu’un peu d’aplomb et d’acidité suffiraient à repousser ces dégoûtantes avances, mais rien ne lui assurait à 100% qu’il ne le prendrait pas mal et ne leur tirerait pas allègrement dans le ventre. La ruelle était étroite, pas d’échappatoire. Elle pouvait éventuellement se battre, mais gardait ça en dernier recours. Pour l’instant il fallait qu’elle s’assure de son équipement. Comment lui faire enlever ce manteau ?

« Charmante proposition. Pas intéressée. Non pas que j’aie une grande opinion de moi-même, mais j’aimerais que celle de mon compagnon ici présent ne soit pas si rapidement ternie. »

L’ivrogne plissa le nez, ce qui lui donna un air particulièrement stupide, et réfléchit au sens de la phrase compliquée qu’on venait de lui jeter à la figure.

« Je sais pas trop c’que tu dis ma mignonne, mais si le souci c’est ton copain bigleux, j’me ferai un plaisir de lui refaire un portrait à faire peur. »

La journaliste haussa les sourcils, un peu étonnée de la tournure que prenaient les événements. Elle se tourna vers Phileas, pas le moins du monde inquiète. D’une grimace interrogative, elle s’enquit de sa position et de sa disposition à la bagarre, mais lut sur le visage de son guide qu’il ne semblait pas enchanté du tout par cette confrontation. Zut. Allait-elle devoir se tirer de ce mauvais pas toute seule ? Elle se serait attendue à un peu plus de soutien, mais après tout pourquoi pas, elle avait connu pire.

Le fat s'exprime en #99cc00
tu peux le PNJiser à ta convenance !

Phileas Graf
Phileas Graf
Au hasard des lampadaires Empty
Au hasard des lampadaires EmptyMer 24 Avr - 20:27
Irys : 224957
Profession : Clerc de notaire
Daënar 0
Evidemment, s’en sortir par un simple crochet aurait été trop simple. C’était bien leur veine. Phileas hocha la tête pour signaler à la jeune femme qu’il avait entendu son avertissement, mais il n’avait aucune intention d’attendre leurs poursuivants (qui devaient parcourir deux fois autant de chemin qu’eux, vu qu’ils ne marchaient absolument pas en ligne droite). Même les menaces de tirs inquiétaient assez peu le clerc: il s’agissait probablement de menaces en l’air et, même s’ils avaient des armes à feu, ils n’étaient absolument pas en état de viser juste. Il se serait limite fait plus de soucis s’ils avaient visé à côté.

Seulement voilà: la jeune femme à qui il venait d’offrir son aide s’arrêta, si bien qu’il n’eut d’autre choix que de s’arrêter lui aussi. Il vit la distance qui les séparait du gang se réduire petit à petit, et une forte odeur de sueur, d’alcool et d’autres relents qu’il préférait ne pas identifier assaillit ses narines. Formidable, même par rapport à ce quartier déjà assez glauque ils étaient nauséabonds. Leurs propos autant que leur odeur, comme le Vereistien put bientôt constater. Bon, en même temps, vu le type d’individus auquel ils faisaient face, il aurait pu s’en douter. Il n’aimait pas le tour que prenait la situation, mais il ne couperait pas à la confrontation. Résigné, il ôta ses lunettes de son nez et les rangea dans une poche intérieure de sa veste. Elles ne lui servaient qu’à voir de près, de toute façon.

« Eh bien puisque tu as du mal à saisir, je traduis: ça veut dire non, et toi et tes copains peuvent nous lâcher les basques. »

Il n’avait pas haussé le ton, mais il l’avait durci considérablement par rapport à la manière dont il s’était adressé à la jeune femme plus tôt. Malheureusement, ces brutes ne comprenaient qu’un langage, et c’était celui de la force. Sa diplomatie et son calme ne lui serviraient à rien, et il soupçonnait qu’il devrait utiliser des arguments plus… percutants que celui qu’il venait d’asséner. L’information mit un moment à parvenir au cerveau du meneur de bande, mais elle finit par arriver. Il fronça les sourcils comme si ce geste pouvait l’aider à décoder ce qu’on venait de lui dire, puis un grognement signala que le message était enfin arrivé. Ses camarades, eux, se contentaient de ricaner bêtement. Ô joie.

« Oh, toi, personne t’a sonné! Pis on l’a vue d’abord. »

De mieux en mieux. Phileas résista à l’envie de se pincer l’arrête du nez tant cette manière de parler de quelqu'un d'autre l’exaspérait. Avant qu’il puisse répliquer, la tête de bande (enfin, « tête »… tout était relatif) décida apparemment que la conversation était finie.

« Bon, dégagez-moi ce moucheron. »

Mouais… le moucheron avait quand même une bonne taille et des restes de condition physique plutôt honorables. Et il était sobre, avantage qu’évidemment aucun de ses assaillants n’était en état de prendre en compte.

Deux sous-fifres se détachèrent du petit groupe et fondirent sur Philéas. Ou plutôt: tentèrent de fondre malgré leurs pas titubants et leurs gestes maladroits, ralentis par l’éthanol dans leur sang. Une attaque maladroite et mal coordonnée, en somme, et l’ancien trappeur n’eut aucun mal à faire un croche-pied à l’un et à cueillir l’autre sous le menton avec son poing droit. Le premier se retrouva par terre avant même de réaliser que le sol se rapprochait, le second recula, temporairement sonné par le coup qu’il venait de se prendre.

« Je t’ai dit que toi et tes copains pouviez nous lâcher les basques. Si c’est encore trop compliqué à comprendre, ça veut dire: foutez le camp, fichez-nous la paix. »

Il y avait maintenant un soupçon d’énervement contenu dans son ton. Bien que lui et la jeune femme soient objectivement en sous-nombre, il y avait bel et bien une pointe de menace dans sa voix, un « Ou sinon… » silencieux qu’il espérait que les malfrats comprendraient. Il n’avait aucune envie de se battre, mais il en viendrait aux mains s’il le devait.

HRP:

Diane Stëelk
Diane Stëelk
Au hasard des lampadaires Empty
Au hasard des lampadaires EmptyMer 24 Juil - 12:32
Irys : 189965
Profession : Journaliste
Daënar +1
« Eh bien puisque tu as du mal à saisir, je traduis: ça veut dire non, et toi et tes copains peuvent nous lâcher les basques. »

Diane jeta un regard appuyé à Phileas, et sourit en coin, sentant que la température de la rencontre grimpait doucement, mais sûrement. Elle n’aimait pas énormément se battre mais ne fuyait jamais un combat quand il se présentait. Et puis elle n’était pas contre botter les fesses de ce groupe d’ivrognes dangereux, qui n’agresseraient plus personne pendant un bon de temps après qu’elle se soit occupée d’eux. Le chef de bande balbutia pour clamer son dû – elle – et après quelques secondes de battement éthylique, il lâcha l’ordre à ses cabots.

S’éloignant d’un pas puisqu’elle n’était pas la cible de l’assaut maladroit, Diane observa attentivement le déroulé de l’action et poussa un petit sifflement admiratif alors que son compagnon démontrait une bonne maîtrise du combat et une insoupçonnée force physique. Les ivrognes tombèrent à la renverse et la jeune femme ne put retenir un large sourire. Phileas les rappelait à l’ordre une dernière fois. Il avait un certain aplomb, il fallait le dire. Mais ses paroles n’étaient pas assez incisives, pas assez violentes, et la politesse était un langage que ne parlaient pas ces individus. Ils restèrent un instant sonnés, mais le chef capta son expression goguenarde et poussa un cri de rage qui réveilla les autres. Un aboiement plus tard, et ils fondirent tous ensemble sur eux, sans distinction, aveuglés par la blessure dans leur ego que l’alcool ne faisait qu’attiser. Voyant que les deux qui s’étaient jetés sur Phileas étaient désormais sur elle, pensant trouver une cible plus facile, elle sourit de leur bêtise et attendit l’impact.

Il n’arriva pas ; elle avait attrapé le premier au bras et, entrant dans son élan, l’avait renversé avec une force et une violence qui tranchait avec son physique. Diane n'était pas du genre à parler pendant un affrontement, mais elle ne se priva pas de garder son petit sourire aux lèvres alors que l'homme venait de se couvrir de honte. Le deuxième, voyant cela, changea immédiatement de stratégie et tira un petit poignard de sa veste. Il le tint pointé devant lui, et chargea sans réfléchir dans un hurlement sauvage. Diane pivota d’un quart de tour et laissa la lame passer devant elle sans même l’effleurer, puis elle posa sa main sur le poignet de l’homme. De l’autre, elle enclencha sa prothèse et fit jaillir ses lames, qu’elle appliqua délicatement contre l’artère pulsant au creux du cou de son adversaire. Sentant la menace mortelle, il ouvrit les doigts, et la jeune femme, assurée de sa docilité, lui asséna un vif coup de coude dans le creux de l’épaule. Il s’effondra de tout son poids, inanimé.

Mais voilà que l’autre revenait à la charge. Diane n’eut que le temps de faire un bond en arrière, mais l’ivrogne se jeta sur elle avec une vigueur qu’elle ne lui aurait pas imaginé dans cet état. Prise au dépourvu, elle se laissa entraîner dans la chute et une fois au sol, elle glissa ses talons sous le ventre de son assaillant et poussa d’un coup pour lui faire lâcher prise. Ne s’attendant pas à une telle résistance, et emporté par son élan, il valsa et s’effondra violemment sur le dos. Mais la colère semblait recharger sa vitalité, puisqu’il ne s’écoula pas deux secondes qu’il revenait sur elle, grognant, alors qu’elle était en train de se relever. Il la cueillit au ventre d’une droite bien assénée. Le souffle coupée, Diane recula de trois pas, pliée en deux, et l’homme tira une lame de sa veste, ricanant de la voir enfin dominée. Les yeux verts de la jeune femme se plissèrent, et elle analysa la situation à toute vitesse, la respiration sifflante. Phileas était encore, semblait-il, aux prises avec un assaillant – elle lui en avait laissé trois, au brave homme. Elle fronça les sourcils, dépitée. Elle ne voulait pas en arriver à ces extrémités.

L’ivrogne s’approchait de plus en plus, le poignard brandi, l’œil rendu fou par l’alcool et l’humiliation qu’il subissait. Mais Diane continuait de reculer, les mains tendues devant elle, feignant la peur. Il était maintenant à quatre ou cinq mètres d’elle, distance qu’elle jugea suffisante pour ne pas le tuer. D’un geste vif, précis, rodé par des heures de pratique, la jeune femme cessa sa comédie et tira le poignard à sa cuisse. Elle le lança sans aucune hésitation. Elle qui touchait une cible à 20 mètres n’eut aucun mal à accompagner sa lame jusqu’à l’épaule de son adversaire. Dans un hurlement de douleur, il lâcha sa propre arme, laissant à Diane le temps de se précipiter sur lui et de lui asséner trois coups : au plexus solaire, à l’aine et à la jugulaire. Il s’effondra ; dans le même temps, elle récupéra son arme et l’essuya sur les vêtements du vaincu. Sa blessure était vilaine et saignait abondamment. L’éthanol amplifiait les hémorragies. Sans un regard de plus pour l’odieux personnage, Diane se retourna et s’apprêta à prêter main-forte à son compagnon.

Phileas Graf
Phileas Graf
Au hasard des lampadaires Empty
Au hasard des lampadaires EmptyMar 27 Aoû - 15:50
Irys : 224957
Profession : Clerc de notaire
Daënar 0
Forcément, ça serait trop beau s’ils avaient pu partir sans demander leur reste. C’est mi-résigné, mi-concentré que Phileas fit face à l’assaut dont il fut à nouveau la cible. Ils avaient l’avantage du nombre, lui de la sobriété. Les coups de ses adversaires étaient ralentis et maladroits, le siens étaient précis et rapides. Il fit perdre l’équilibre à son premier assaillant en le faisant trébucher et tordit le bras du second pour le faire reculer. Il esquiva le poing du troisième homme d’un bond sur le côté et lui asséna un coup de poing sur le nez qui déclencha un écoulement de sang. Le clerc avait beau ne pas aimer la violence, il ne pouvait pas ménager ces adversaires sous peine de les voir récidiver immédiatement ou presque. Il ne s’agissait pas seulement de légitime défense, mais bien d’intimider l’adversaire pour avoir la paix à l’avenir. Un mécanisme que le Vereistien avait bien assimilé depuis son arrivée à la capitale, mais qu’il abhorrait toujours autant.

Malgré leur ivresse, quelques instincts de meute parvinrent à remonter à la surface de l’esprit des trois bagarreurs. Au lieu de recommencer des attaques individuelles, ils fondirent tous à la fois sur leur proie. L’ancien trappeur eut beau esquiver du mieux qu’il pouvait et rendre quelques coups, trois contre un était sacrément inégal en termes de force brute, et il fut forcé de reculer jusqu’à se trouver acculé contre un mur, parant tant bien que mal les coups. Tout en se défendant et en repoussant des assaillants qui revenaient sans cesse à la charge comme des chiens enragés, il explora en tâtonnant ses environs direct. Sa main droite entra en contact avec du métal froid. Exactement ce qu’il cherchait. Il se saisit du tisonnier abandonné sur une caisse retournée. Muni de cette arme, il était tout d’un coup bien plus à même de faire des dégâts. Il envoya un de ses agresseurs au pays des songes d’un coup sur la tête et fêla ou cassa quelques côtes au suivant avant de le pousser pour qu’il tombe à la renverse. Il leva la barre métallique une nouvelle fois pour parer le coup de son dernier attaquant… mais le coup ne vint jamais. Un pavé envoyé d’une main experte atterrit sur son crâne, l’envoyant lui aussi au tapis.

Maintenant que le danger émanant des malfrats était écarté, Phileas leva les yeux vers l’endroit d’où venait le projectile. Dans ces ruelles, l’allié d’un instant pouvait être un rival à peine quelques instants plus tard. Quelle ne fut pas sa surprise de voir un visage familier! Ces tâches de rousseur et ces cheveux brun-roux couverts d’une casquette constamment de travers appartenaient à un garçon d’une dizaine d'années qui traînait souvent dans le quartier où le clerc habitait.

« Noisette? Qu’est-ce que tu fiches ici? »

La surprise dans sa voix était nettement audible, et le gamin quitta son perchoir en riant. Se rappelant qu’il n’était pas seul, le Vereistien jeta un coup d’oeil en direction de la journaliste. Elle ne paraissait pas avoir été blessée et… Des lames sortaient de ses doigts? Un nouvel éclair de surprise traversa son regard. Il n’avait pas croisé grand-monde avec des prothèses, ses fréquentations étant trop pauvres pour se permettre de tels objets et les clients de son employeur trop bien lotis pour en avoir besoin.

« L’Raton y dit qu’on peut s’faire d’l’argent ici. »

Machinalement, Phileas se pinça l’arrête du nez. Il ne connaissait pas la personne à qui les gens du quartier avaient donné le sobriquet « Raton », mais il soupçonnait qu’il devait s’agir d’un de ces recruteurs qui venaient parfois recruter les gamins et adolescents des quartiers populaires en leur promettant monts et merveilles. Sauf que ce genre d’individus ne faisait que les faire sombrer encore plus bas, les intégrant dans la spirale infernale du crime organisé qui hantait ce plan oublié de la ville.

« La seule chose que tu peux te faire ici, c’est des ennuis. Allez, viens. Je te raccompagne. »

« T’es pas mon père. »

Le grommellement de l’enfant prit sa cible de court. Son père? Grand-frère à la limite… Cela faisait-il donc si longtemps qu’il était coincé dans cette ville? Parfois, il avait l’impression qu’il perdait son temps et que ses efforts aidaient à peine sa famille. Il repoussa ces pensées dans un coin de son esprit: il avait actuellement d’autres chats à fouetter.

« Au risque d’enfoncer une porte ouverte, mieux vaut ne pas nous éterniser ici. Ils ne vous ont pas blessée? »

Il s’adressait maintenant à nouveau à la jeune femme, bien qu’il soupçonne qu’il s’agissait plus d’une formalité que d’une nécessité. Il ne voyait aucune blessure apparente et elle ne semblait pas avoir mal. Apparemment, elle savait se débrouiller face aux malfrats de bas quartier.

Diane Stëelk
Diane Stëelk
Au hasard des lampadaires Empty
Au hasard des lampadaires EmptyMer 1 Avr - 19:34
Irys : 189965
Profession : Journaliste
Daënar +1
Débarrassée de son adversaire, Diane s’apprêtait à rejoindre Philéas. Pourtant, à peine eut-elle tourné les yeux vers lui et constaté sa position difficile, qu’un petit bras surgit dans son champ de vision pour lancer quelque chose vers les deux hommes en lutte. Elle se figea et observa sans broncher le petit bout de garçon qui descendait de son perchoir, un air malicieux creusé dans ses fossettes. Son partenaire de bagarre, lui, n’avait pas l’air de trouver ça drôle du tout. Il lui jeta un regard en coin pour vérifier qu’elle allait bien, s’attarda une seconde sur sa main, avant de se masser le nez d’un air soucieux. Cette situation avait l’air de le dépasser un poil.

Afin d’éviter de créer encore plus de confusion, la jeune femme essuya ses lames et les rétracta soigneusement. Elle jeta un œil concerné à la couleur de sa minuscule magilithe, qui commençait à luire plus ou moins faiblement. Est-ce qu’elle arrivait au bout de son autonomie ? ce n’était pas vraiment le moment.

« L’Raton y dit qu’on peut s’faire d’l’argent ici. »

Diane s’approcha de l’atypique duo, vérifia d’un coup d’œil que Philéas n’était pas blessé, puis reporta un œil curieux sur Noisette. Cette casquette de travers, ces vêtements déchirés, cette saleté sur le nez, les mains, mais cette lumière de malice et de courage qui émanait de lui … elle se sentit prise d’une vague de nostalgie. Ce jeune garçon ressemblait en tous points aux enfants de son groupe de vagabonds. Elle connaissait par cœur les gamins comme lui. Elle en avait été une, dans les bas-fonds d’une autre ville mais écrasée par les mêmes fardeaux. La pauvreté, la violence, l’injustice sociale. Philéas tenta en vain de convaincre le petit de rentrer avec eux. Diane sourit en coin, sachant à l’avance sa réplique. Arpenter les rues, comme une petite ombre agile et insaisissable, gorgeait les enfants de fierté et d’indépendance.

« T’es pas mon père. »

Sans pouvoir retenir plus longtemps un petit rire entendu, elle s’adossa à un mur et resserra son propre gavroche sur sa tête bouclée. Le garçon la suivit des yeux, méfiant, ce à quoi elle répondit d’un clin d’œil.

« Joli lancer ! » Elle n’arrivait pas à expliquer pourquoi elle s’amusait autant dans cette ruelle lugubre, en compagnie d’un inconnu et d’un vagabond, alors qu’un combat violent venait de s’achever. Apparemment, l’inconnu en question ne partageait pas spécialement son sentiment. Elle soutint son regard concerné, toute détendue qu’elle était contre son mur noirci.

« Au risque d’enfoncer une porte ouverte, mieux vaut ne pas nous éterniser ici. Ils ne vous ont pas blessée ? »

Diane hocha la tête, et se détacha pour se ranger aux côtés de Philéas. Toute divertie qu’elle était, il fallait bien rentrer avant de risquer de louper son train.

« Je vais bien, merci. Toi aussi, ça a l’air d’aller. Impressionnante maîtrise du tisonnier, d’ailleurs. Je suis désolée que tu aies été poussé à de telles extrémités. » Le tutoiement avait fusé, sans prévenir, et elle ne s’en excusa pas. Après tout, ils venaient de se battre côte à côte. Elle regarda Noisette, qui planta ses petits yeux bruns dans les siens, clairs et doux. Elle lui sourit, goguenarde.

« Noisette, c’est ça ? pas de doute, tu sais te débrouiller. » Elle s’approcha de l’homme évanoui qu’il avait assommé de son superbe lancer de brique, et le retourna sans vergogne, le nez pincé de dégoût. Elle le fouilla d’une main experte, et une poignée de secondes plus tard, en tira une bourse de relativement bonne composition. Voilà un argent qui n’irait pas dans une autre ignoble ivresse. Elle la lança au garçon, qui l’attrapa avec habileté.

« C’est à toi. Juste à toi. Cet imbécile n’en fera pas meilleur usage. » Puis après une pause, elle scruta à nouveau le visage du petit, et d’ajouter. « Je ne sais pas qui est le Raton, mais j’espère qu’il est conscient que c’est à un garçon si courageux qu’il donne de si mauvais conseils. »

Après une seconde de considération, elle découvrit sa prothèse et coupa d’un crochet sec les élastiques du pantalon de son propre adversaire défait. Comme elle avait l’habitude de faire quand elle se tirait d’une incartade de ce genre à Cerka. Un petit faible qu’elle avait de signer ses chefs-d’œuvre, et d’avertir les suivants. Malgré le fait qu'il se vidait toujours de son sang suite à son lancer de poignard, elle récupéra discrètement sa bourse, plus légère, en prenant soin que Philéas ne la voit pas. Elle ne savait pas trop pourquoi, mais elle avait l'impression qu'il n'approuverait pas. En revenant vers lui, alors que l'homme ne regardait pas dans leur direction, elle la glissa dans la main de Noisette et lui intima la discrétion d'un petit regard en coin. Enfin, elle revint aux côtés de Phil et expira d'un coup pour évacuer la pression.

« C’est bon, on peut y aller. »

Contenu sponsorisé
Au hasard des lampadaires Empty
Au hasard des lampadaires Empty

Chroniques d'Irydaë :: Les terres d'Irydaë :: Daënastre :: Ünellia
 Sujets similaires
-
» Il faut tenir le hasard pour un dieu et les dieux pour moins puissants que le hasard.
» Hasard forcé
» Le hasard fait bien les choses [terminé]