Komoroh Rax, dit l'instable.

Je perds pied quand le bric, sans que je comprenne pourquoi, se penche vers l'avant d'un seul coup, il faut dire que mes hommes répliquent au nombreux tirs ennemis et il a du y avoir de nombreux balles perdus, l'une d'elle de toute évidence à toucher un ballon et le résultat est une belle glissade qui aurais pu être mortelle, heureusement elle est arrêté de justesse par mon nouvel meilleur ami du monde entier : Chafouin.

Il me tient d'une main, pendant que je vois le sol arriver à grande vitesse mais quand arrive la choc, il me lâche et cesse alors d'être mon super copain. Je commence même à le maudire, quand je fais un grand vol plané à plus de dix mètres du sol, certain que mon atterrissage me sera fatal. Finalement, je n'atterris pas vraiment, car par pur coup de chance, j'attrape une des nombreuses lianes à proximités et je tourne comme un toupie autour d'un arbre, toujours accroché d'une seule main. Finalement ce qui devait arriver arriva et je me percute le tronc en pleine tête, je sens mon nez s'écraser sur le bois rugueux et étourdis par le choc, je dessers ma main.

Je tombe à nouveau, mais ma chute est ralentit par des plantes grasses qui m'empêche de me briser la colonne vertébrale. Je me bat pour en sortir, et finalement, j'arrive enfin au sol, où je vomis copieusement, mon petit déjeuner, mon déjeuner et même mon dîner, complètement vaincu par la gravité. Je me relève péniblement, avant de m'écrouler à cause de ma cheville que je me suis foulée suite à mon saut du ballon sur le pont principal.

Je décide de refaire un essai, et je prends appuie sur un des arbres à proximités. Je crache le sang que j'ai dans la bouche suite à mon nez cassé et je m'appuie sur ma cheville, je remarque ainsi que la douleur est supportable et qu'au fur et à mesure que je marcherais, la douleur se fera plus sourde, mais demain, je serai incapable de me lever et je vais souffrir le martyr.

Je chasse cette pensée de mon esprit, car survivre aujourd'hui serait déjà une victoire. Je vois d'ailleurs ma cible principale Komorah Rax qui s'enfuit, suivit de la My'tran. Je fronce les yeux de surprise, car il y a quelques minutes à peine, elle étais sous la garde d'un soldat, et maintenant, cette dernière court comme un cabri, enfin, en l’occurrence c'est plus un cabri boiteux, car elle traîne manifestement la patte, ce qui n'est guère étonnant vu les blessures qu'elle a reçu.

J'hésite un instant sur la conduite à tenir, est-ce que je dois revenir à l'aéronef pour libérer les otages et m'assurer qu'ils vont bien ou poursuivre les deux méchants sans se soucier du reste tel un héros de roman. Finalement lorsque j'entends des tirs je suis rassuré, car la plupart des détonations viennent des fusils réglementaires de l'armée, des Mark Vulcains, auxquels réponds des tirs sporadiques d'Hermès. Je suis donc rassuré, mes hommes qui sont bien entraîné et supérieurement armés ne devrait faire qu'une bouchée des bandits démoralisé et sans chef pour les guider.

Je prend donc la direction des deux personnes que je dois arrêter, et je marche donc sous la canopée, je peux voir de nombreux animaux typiques de la région et je suis très vite trempée, aussi bien à cause de la chaleur que de l'humidité. J'essaye de presser le pas au maximum, malgré les nombreux pièges de la végétation hostile, et mes efforts sont récompensés quand j'aperçois à travers la végétation deux silhouettes au milieu d'une espèces de petite clairière.

J'avance d'un pas, et je vois un homme qui correspond en tout point à le description de Chafouin, assez grand, fin, il porte une queue de cheval et il a clairement un regard de dérangé, tourné en ce moment vers la magicienne qu'il menace avec deux revolvers de type crotale,mes pistolets préférés ! Cette dernière n'est qu'à un mètre de distance et tend ses deux bras vers lui, le menaçant sans doute de deux boules de feu en pleine tête.

Je me dirige donc silencieusement vers eux, ce qui n'est pas difficile, car ils sont uniquement concentré sur eux, et arrivant à leurs hauteurs, je dégaine mon arme, lui criant avec toute l'autorité dont je suis capable :

Rends-toi, tu es fichu !

Il ne me regarde même pas et pour toute réponse, il déplace une de ses armes pour me menacer, en retour, je lui met mon sabre, juste sous la gorge, et alors que je pensais que la pyromane était de mon côté, elle déplace également un de ses bras pour me menacer ! Je dégaine le plus rapidement la dague à ma ceinture et je la met sous la gorge de la jeune femme.

Nous nous menaçons tous ainsi, formons un triangle pour le moins inhabituelle, si l'un de nous attaque, les deux autres seront également condamnés. Je vois d'ailleurs le sourire de son ex-compagnon s’élargir et nous dire d'une voix triomphale :

On va tous crever les amis !

La partie de la forêt qu'il rejoint est bien plus enveloppée d'obscurité que les alentours du brik, pourtant, quelques voix diffuses réussissent à le guider vers son objectif, qui prend alors une forme incongrue. Il retrouve la magicienne my'träne, Komoroh Rax et le capitaine Fabius en triangle, pointant leurs armes les uns sur les autres, prêts à s’entre tuer. L'espace d'un instant, Chafouin ressent le besoin de s'éloigner de cette scène étrange, bon sang, il a accompli sa mission, qu'est ce qu'il viendrait faire à s'interposer entre ces tarés suicidaires. De plus Komoroh à l'air assez éloigné pour être sûr de ne causer aucun dommage à la destiné. Vu d'ici, s'il s'éloigne, il a toutes les chances de rester en vie, que le capitaine meurt si ça lui chante, lui il veut rester en vie et pourtant.

Malgré le fait qu'il veuille assurer sa survie, il ne peut pas se permettre deux choses, une, c'est de laisser crever Fabius, si son supérieur l'apprend, les relations entre lui et Denver Thomson deviendront bien plus tendues et ça lui retombera fatalement sur la gueule à un moment ou un autre. De deux, s'il se barre maintenant, c'est une chance pour Komoroh Rax de peux être s'en tirer et ça aussi cela lui retombera sur la gueule si Thomson apprend qu'il n'a rien fait pour l’arrêter. Bon il n'a pas vraiment le choix alors, il doit tenter quelque chose.

Il sortit de la pénombre, mais en levant ses deux mains bien en évidence. Le trio jeta un regard à son encontre, la magicienne lui lança un regard inquiet, quant à Komoroh, il ouvrit grand sa bouche dans un murmure perdu, sa détermination semblait s'être envolé d'un coup.

-Chafouin c'est bien toi ? Tu dois m'aider.

-Oh Rax, que dirais tu de baisser toutes ces armes avant de discuter.

Les deux hommes se regardèrent, hésitants, le ressortissant d'Aildor ne semblait pas savoir s'il devait faire confiance à Chafouin ou non.

-Quand je t'ai vu sur ce pont, je ne savais pas pour quelle raison tu te trouvais ici, tu es venu pour m'aider c'est ça ? Ici il n'y a que des traîtres et des assassins, personne en qui je peux avoir confiance. Mais toi, tu n'es pas de ceux-là ?

-Oui, oui, c'est exactement ça, mais il faut que tu lâches tes armes pour cela. Cela vaut pour tout le monde d'ailleurs.

Chafouin regardait les trois personnes à tour de rôle en espérant qu'il l'écouterait. La magicienne regarda Komoroh avec un regard intense puis elle relâcha ses bras et commença à s'éloigner puis ce fut au tour du capitaine. Le nordien laissa tomber ses armes à la suite du trio. Il affichait un regard plus que perdu, mais alors que Chafouin s'approchait doucement de lui, il prit un air affolé et dégaina son couteau qu'il pointa sur son cœur. La magicienne prit un air inquiet et tendit une main vers lui.

-Komoroh non !

-Reste en dehors de ça toi. Chafouin, tu dis que tu viens m'aider, mais alors pourquoi es tu du côté de ces assassins ?

-C'était la seule façon de t'approcher Komoroh. Tu étais inatteignable autrement.

-Et maintenant ? Ils me poursuivront, quoi que je fasse, tu m'aideras à les distancer ?

Chafouin regarda le capitaine, il espérait qu'il comprenait à tout cela menait et l'intérêt de rester neutre dans tous ce bordel.

-Si tu promets de faire profil bas, je ferais en sorte qu'il ne t'arrive rien.

Komoroh semblait perdu dans ses réflexions, mais personne ne se relâchait tant qu'il avait son couteau pointé sur sa poitrine, finalement la main du jeune homme se détendit sans jamais lâcher son couteau. Il lançait des regards inquiets aux deux autres personnes et parla enfin à la magicienne.

-Et toi Sélène, pourquoi je te laisserai me suivre de nouveau ?

-Mais je te l'ai déjà dit, ton homme-machine a fait une erreur ! Tu crois vraiment que j'aurais prit le risque de mourir alors que j'étais sur le point d'accomplir ce que je devais faire ?

-Tu ne me déteste pas alors ?

Chafouin commençait à s'impatienter en regardant les alentours, même si la situation s'améliorait, gérer Komoroh serait compliqué, il s'affolerait sans doute à l'approche d'une foule hostile comme le groupe des militaires à quelques centaines de mètres. Il était coincé et il le savait, comme les trois personnes rassemblées autour de lui. Il ne pourrait pas fuir longtemps avant de se faire rattraper pour de bon. C'est sans doute pour cela qu'il lança un regard de chien battu vers la magicienne.

-Qu'est-ce que je devrais faire maintenant, Sélène ?

La magicienne s'approcha de lui pour le prendre dans ses bras.

-M'écouter, crois moi Komoh, je vais faire ce qu'il faut pour ton propre bien.

Elle le regarda longuement, les deux jeunes gens laissèrent leurs regards se perdre l'un dans l'autre, puis ce fut Komoroh qui enlaça Sélène de ses bras pour ne pas la lâcher. Il dût comprendre que c'était la fin de sa cavalcade, il ne s'était jamais senti aussi clairvoyant qu'en ce moment, d'habitude, le cheminement de ses pensées le perdait à chaque fois. Il approcha ses lèvres de celle de la magicienne et savoura ce baiser comme si c'était le dernier. C'est alors que Chafouin eu un frisson dans le dos en comprenant ce qui allait se passer, il restait tétaniser avant de se mettre à avertir le capitaine.

-Excuse-moi Komoh, je fais ça pour ton bien, sincèrement.

Sélène lâcha les manches de son homme, celles-ci commençaient à s'embraser. Le nordien en réalisant ce qui lui arrivait recula de quelques pas et lança un regard à Chafouin. Ce regard semblait, résigné ou plutôt, il semblait prêt à accepter ce qui lui arrivait, l'homme aux cheveux cendrés crut qu'il lui lançait un dernier sourire, puis il se laissa tomber en arrière sur le sol. En voyant cet étrange spectacle, Chafouin resta un moment tétanisé alors que Sélène et Fabius l'avaient déjà dépassé depuis longtemps pour s'enfuir. Komoroh n'émettait aucun son, mais brûlait aussi sûrement que le soleil allait se lever. C'est sans doute ce qui poussa Chafouin à se mettre à courir, le feu ne lui laisserait qu'un petit moment avant que le cœur de Komoroh ne s’arrête, alors il courut, comme un dératé. Le sentiment qu'une explosion pouvait survenir à tout moment le motivait plus que jamais. Il recroisa Sélène qui boitait toujours, elle ne s'en sortirait sans doute pas, mais alors que cette pensée lui traversait l'esprit, elle se tourna vers l'arrière et deux jets de flammes fusèrent de ses mains, elle s'en servit pour se propulser hors de la zone de danger et il la perdit de vue. Quand il la revit, elle était adossée contre un arbre, épuisée, il s’arrêta à côté d'elle et de Fabius, à bout de souffle.

Alors qu'il se demandait combien de temps il leur restait, l'explosion se produisit, oh elle ne fut pas assez puissante pour les rayer de la zone, mais elle suffit à faire tomber Chafouin avec le souffle. Les arbres prêts du corps de Komoroh furent couchés, tandis que ceux restés plus loin perdirent tout leur feuillage, eux étaient en vie, L'explosion avait été semblable à celle d'une bombe particulièrement chargée en poudre. Chafouin regarda Fabius, soulagé, puis Sélène, toujours à leur côté, il restait des questions en suspens.

-Pourquoi ? Fut la première des questions qu'il posa à la magicienne. Celle-ci le regarda alors qu'elle répondait :

-Trois ans, j'ai passé trois ans avec Komoroh, assez pour bien le connaître, mais ce n'est que ce soir que j'ai compris que je n'arriverais pas à le changer, ce n'était pas la première fois qu'il réagissait comme ça, mais jamais aussi violemment. Au final, il se serait autant fait du mal qu'à moi et on aurait fini par mourir tous les deux, je ne pouvais plus continuer ainsi.

-Hum, il faut croire que tu l'aimais pas assez alors.

-Ce n'est pas aussi simple. Fit-elle en baissant la tête.

-Et alors, ça rimait à quoi tout ça, le brik, vous vouliez le faire s'écraser sur Skingrad non ?

-Quand j'étais petite, mes parents et les gens de mon village travaillaient pour une mine daënar, puis au fil du temps, tous commencèrent à tomber malade, jusqu'à en mourir. Puis un jour, j'ai découvert un tonneau à moitié enfuis dans la rivière de mon village, il y avait un symbole dessus, une abeille rouge.

-L'industrie Staywarm. Il lança un regard à Fabius. Une entreprise de produits chimiques, basé à Skingrad, ils exportent mondialement leurs produits.

-Komoroh disait que c'était des salopards de tueurs, qu'ils rejetaient leurs déchets sans se préoccuper de la santé des populations et qu'ils méritaient de mourir.

Chafouin frémit en entendant ces paroles, c'était mot pour mot ce qu'il avait raconté un jour à Komoroh sur cette société. Elle avait déjà été victime de sales affaires dans ce genre, mais elle s'en était toujours tiré en virant de faux responsables et puis, qui s'inquiétait de la santé de quelques my'träns ? Il laissa Sélène finir.

-Quand j'ai fait comprendre que l'eau que nous buvions était contaminée, on s'est révolté, la mine, les daënars qui la dirigeaient, tout est partie en fumée, mais pour moi ce n'était pas assez. Cette abeille rouge avait déjà prit mon père et mon frère, ma mère partie aussi quelques temps après notre révolte. Il ne me restait plus rien, puis un jour j'ai repêché Komoroh sur une plage, on a vite appris à se connaître, puis un jour  il m'a dit qu'il savait comment trouver l'abeille rouge, la suite, eh bien vous devez vous en douter, j'ai décidé de me venger de cette industrie qui m'a tout prit.

Chafouin se leva de l'arbre sur lequel il s'était adossé et s'alluma une cigarette. Il se sentait bizarre, indirectement, il avait une faible part de responsabilités dans ce qui venait de se passer. Sans explication sur les industries Staywarm qu'il avait donné à Komoroh, rien de tout ça n'aurait pu arriver. Comme quand il avait décidé de se débarrasser du nordien par tous les moyens possible dans sa jeunesse. Komoroh était peux être dérangé, ou alors cherchait-il seulement des gens à qui il pouvait faire confiance. Chafouin se rendit compte qu'il ne l'avait jamais vu aussi serein qu'au moment de sa mort.

-Il va se passer quoi maintenant, vous allez me tuer c'est ça ? Comme vos machineries ont tués ma famille ?

-Admettons qu'on te laisse partir, qu'est-ce que tu feras ensuite ?

Sélène baissa les yeux, puis regarda tour à tour Fabius et Chafouin.

-L'abeille rouge a tuer toute ma famille, je ne peux pas reculer.

C'était assez clair comme réponse pour ne pas cacher ses intentions. Chafouin fini sa clope, il la jeta par terre et l'écrasa tout en regardant Fabius. Il espérait que la situation et le minois de la jeune femme ne l'avait pas attendrit. Pour sa part, il savait ce qu'il aurait fait, mais...

-J'estime ne pas avoir assez d'objectivité pour juger la situation et de toute manière je ne me suis jamais considéré comme un bon juge. À toi de décider Fabius.

S'il y a bien une personne que je ne m'attendais pas à voir débarquer en pleine jungle, c'est mon ex meilleur ami, Chafouin, qui débarque comme une fleur les bras en l'air et commence à taper la discussion avec Komoroh, comme s'ils étaient tous les deux dans un salon de thé, alors que je suis menacé par un pistolet et une lanceuse de sort, les deux à moins d'un mètre de moi.

Je n'arrive pas à me concentrer sur leur échange, essayant de soupeser mes chances de tuer le chef des pirates de l'air avec Chafouin à mes côtés, je pense qu'en lui coupant le bras, Rax ne devrait pas mourir sur le coup et que par reflexe il va tirer sur la mage. C'est un plan risqué mais qui pourrais réussir, et alors que je vais le proposer à Chafouin, via un code commun aux soldats d'une même armée, je vois la jeune femme, mettre les bras le long du corps et que le vétéran me fixe comme s'il attendais que je fasse la même chose !

Personnellement, j'aurai préféré que l'on suive mon plan, il me parait moins hasardeux, et plus efficace que de dire à Rax, "deviens gentil s'il te plait" ! Mais je me souviens de ma promesse fais à l'ancien soldat comme quoi il aurais une occasion de parler à ce fou dangereux, je baisse donc mes armes à contre cœur et je m'éloigne également. Maintenant je suis complètement à la merci de ce psychopathe et de la magicienne, et je peux dire que je suis très inquiet.

Et j'avais raison, Komoroh sort un couteau et le pointe droit vers son coeur, s'il se suicide, nous mourrons tous avec lui ! Même la mage semble inquiète, mais je ne sais pas si c'est pour sa propre sécurité ou celle de son ancien petit-ami. Pour ma part, je me prépare à courir le plus loin possible d'ici, si ma cheville veut bien me porter, la fuite me semble être la meilleur option. Je suis arrêté dans mon élan par Chafouin, qui indique au terroriste que si il se tient tranquille, il ne sera pas poursuivi. Je regarde l'homme qui vient de prononcer ces paroles, pour voir s'il est sérieux, qui pourrais croire que détourner un aéronef, prendre des otages, tirer sur des membres du gouvernement afin d'écraser son ballon sur une des villes les plus importantes du continent, peut s'en sortir aussi facilement ?

Je remarque que que le vétéran me fixe, je ferme donc mon clapet, mais je n'en pense pas moins que c'est une véritable folie et que jamais cela ne fonctionnera. C'est pourquoi que je suis très surpris, quand l'homme possédant une bombe dans le corps, écarte son couteau de son cœur. Je me souviens alors des prodigieux talents de négociateurs de Chafouin, qui avait déjà persuadé la jeune My'träns de se rendre, et je me dis que j'ai encore beaucoup de chose à apprendre pour être à son niveau.

S'ensuit une discussion de couple, qui aurait pu prêter à sourire, mais qui se termine tragiquement, quand après un câlin, elle lui met littéralement le feu. Je ne reste pas pour voir le spectacle morbide et je commence à courir, ou du moins à essayer avec ma cheville foulée, finalement, je m'en sors pas trop mal et j'arrive à faire quelques dizaines de mètres, avant de me faire dépasser par la magicienne qui triche en s'aidant de ces flammes pour voler ! Elle s'écrase contre un arbre non loin, me rappelant ma propre expérience quelques minutes plus tôt et je m’affale à ses côté, incapable de forcer mon corps à aller plus loin, le souffle coupé.

La bombe explose pile au moment où le négociateur en chef arrive, et il projeté au sol par l'explosion, qui heureusement, ne nous blesse pas. S'ensuit une discussion entre ce dernier et la jeune femme où elle explique les raisons de son geste, et un nom me parais familier; l'industrie Staywarm, l'abeille rouge. Je réfléchis pendant que Chafouin continu à lui parler tout en s'allume une cigarette. La réponse de la jeune femme sur ses intentions futures, m'oblige à prendre la parole:

Cette industrie dont vous parlez, tous les membres de la famille dirigeante ont été tués dans un attentat provoqué par un de vos concitoyens, il y a quelques mois de cela, des papiers prouvant vos dires ont été retrouvé et pour étouffer le scandale, l'entreprise a été nationalisée et elle ne possède plus une seule mine sur My'tra.

Je me souviens assez bien de cette affaire, car mon amies de l'époque y travaillaient et m'avait tout raconté avant de me larguer comme un vrais sac de patates quand je lui ai dit que je partais en mission pendant plusieurs semaines. Je regarde donc la jeune femme droit dans les yeux:

Tout ce que vous avez fais, n'a servis à rien, vous n'auriez que tuer des innocents car votre vengeance est déjà réalisé.

Je vois le visage de la magicienne se décomposer et elle se met en pleurer, je ne sais pas si c'est de soulagement parce que les coupables ont finalement payé leur crime ou de frustration pour ne pas pouvoir assouvir sa soif de revanche. Dans les deux cas, je n'ai pas le choix sur la suite des évènements, je lui indique donc:

Vous allez venir avec moi, menotté et je vous emmènerai dans mon navire, vous serez bien traité et j'indiquerais dans mon rapport, que vous n'avez pas opposé de résistance, et que vous nous avez même aidé en tuant le terroriste. Je suis persuadé que vous serez échangé contre un Daënar situé sur l'autre continent et que vous pourrez rentrer chez vous.

Je vois que la jeune femme, qui se voyais déjà exécuté sans sommation, est soulagé et je lui dit, tout en lui mettant les bracelets anti-magie que j'avais pris spécialement pour l'opération:

Tout va bien se passer maintenant.

Mon ton est calme, convaincant et je parait sûr de moi, je ne laisse à aucun moment voir les doutes qui m'assaillent, car nous vivons une époque troublé et le juge ne va pas être tendre avec une mage My'trans, mais je ferais tout pour faire apparaitre cette jeune femme comme secondaire dans cette opération de piratage. Je n'ajoute rien d'autre et j'aide la jeune femme à se lever, en lui tendant la main, qu'elle accepte après quelques secondes d'hésitation, car il lui est maintenant difficile de le faire avec ses deux mains liées.

C'est donc en marchant doucement et avec précaution, que nous nous dirigeons vers le vaisseau écrasé, où se trouve également, flottant à quelques mètres du sol, comme un prédateur ayant triomphé de sa proie, l'Entreprise.

À l'évocation de l'affaire de Staywarm et des conséquences de celle-ci sur leur propre situation et surtout, celle de la magicienne. Chafouin ne réussit pas à étouffer un rire méchant et ironique en voyant la tête de la jeune femme se décomposer, Fabius continuait de lui parler tel un agent de la loi lui récitant ses droits, mais elle semblait de plus en plus déconnecté de la réalité. Et il y avait de quoi. Chafouin partit à la suite du capitaine dès qu'il eut fini sa clope.

Donc en résumé, la magicienne avait quitté sa terre natale, rencontrer Komoroh, détourner un Brik devenant par la même occasion une criminelle recherchée, tout ça pour au final devoir tuer son compagnon et apprendre que tout ce qu'elle avait fait était vain. Ouais, il y avait de quoi devenir maboule. Se dit Chafouin en regardant la femme qui avançait la tête basse, elle ne semblait plus animée par la vie. Il ne pensait pas qu'il aurait supporter non plus à sa place, s'il s'était trouvé dans sa situation au moment où Fabius lui avait dit la vérité, il aurait certainement dégainé son flingue pour expulser toute la matière grise de son crâne dans un geste sale, mais oh combien salvateur.

Alors qu'ils arrivaient devant le brik écrasé, des hommes vinrent les voir et récupérèrent la prisonnière. Chafouin regarda le lieu du crash, c'était un sacré bordel mine de rien, mais aussi un tableau sacrément impressionnant à contempler, ce gigantesque bâtiment à moitié enfoui dans l'eau de la baie de tyor avec la jungle tout autour. Si c'était pour vivre des missions comme celle-là, les gars de l'aéronautique devaient bien se marrer en effet. Il regarda le brik du capitaine à quelques mètres du sol et son regard se posa sur le ballon du vaisseau, sans doute rempli de gaz peux être inflammable.

-Fabius, je serai toi, je collerais dès que je peux une balle dans le crâne de cette Sélène, les types qui ont plus rien à perdre sont toujours les plus dangereux, surtout ceux qui peuvent cracher du feu, même s'ils ont des bracelets anti-magie on sait jamais. M'enfin, c'est toi qui vois après tout. Fit-il, interdit.

Il joua de ses muscles engourdis, profitant de l'étrange calme qui s'installait durant un moment, puis regarda Fabius. Il se demandait ce qu'il avait pensé de ce passage passé avec Komoroh, le capitaine semblait être un homme d'honneur, il ne pensait pas qu'il lui ferait une crasse dans le dos, mais quand même.

-Bien, il me semble que la situation semble réglé, dans ton rapport tu as prévu de rédiger un petit passage sur moi ? Je suis très sensible aux flatteries, sache le.

Nous voilà enfin arriver sur le lieu du crash, heureusement que la chute du vaisseau a fais fuit tous les animaux alentour, sinon, on aurais pas pu se balader tranquillement dans la jungle comme cela, même les plantes carnivores se sont refermées et malgré le fais que je n'ai aucune idée du temps que ce la prendra pour que les choses reviennent à la normale, je suis soulagé de ne plus avoir à lutté pour ma vie pendant quelques minutes.

Je remet donc la My'tran toujours amorphe entre les mains des commandos et je remarque non loin, le médecin de l'Entreprise, Jean Tuot, occupé à soigner tous les blessés, il a d'ailleurs particulièrement heureux, après tout sa spécialité est de recoudre des plaies, et là, il a de quoi exercer son art. Je vais le voir pour lui demander:

Docteur, j'ai besoin que vous donniez un sédatif puissant à la mage qui vient d'être faite prisonnière, je souhaite qu'elle dorme pendant tout le trajet, et vous ne devez sous aucun prétexte lui enlevez les menottes.

Je vois le praticien acquiescer, chercher une seringue dans sa sacoche et partir exécuter ma consigne. J'écoute ce que me dit Chafouin sur ce qu'il aurais fais s'il était à ma place, et je ne peux que lui manifester mon désaccord, mais d'une voix douce:

Je ne vais pas mettre exécuter une femme désarmé, qui vient de se rendre et ne représente plus un danger, qu'importe ce qu'elle a fais. Mon rôle en tant que militaire est de protéger les civils et cette personne en fais partie.

Je le regarde droit dans les yeux, essayant de bien me faire comprendre, en parlant d'une voix claire:

Je ne sais pas ce qui c'est passé dans l'armée qui a pu t'inciter à démissionner, mais sache que sous mon commandement, on ne tue qu'en cas d'absolu nécessité. Cet opération est un déjà un immense gâchis, humain et matériel et je ne souhaite pas aggraver le bilan, il y a déjà eu assez de mort et ...

Je suis interrompu par le chef des commandos, Perceval Gallick, qui vient me donner des nouvelles:

Deux de nos hommes ont été grièvement blessé dans l'opération et cinq plus légèrement, on compte également un civil tué avant l'opération et trois qui auront besoin de soins léger. Concernant les pirates de l'air, c'est une véritable hécatombe, sur les quinze membres, il n'en reste plus que deux en vie, les commandos d'abordage ayant préféré sauvé les otages que prendre des risques, respectant ainsi les consignes.

Je ne peux qu’acquiescer devant ce lourd bilan, mes ordres, bien que justifié ont fais tué plus d'une dizaine d'hommes, autant de fantôme dans mes cauchemars. J'essaye de chasser cette pensée de mon esprit, mais je sais que cette nuit, malgré la fatigue, je vais très mal dormir. Pour ma changer de mes idées noires, je me retourne alors vers mon interlocuteur principal qui me parle de la rédaction du rapport. Je suis surpris de sa remarque, car je pensais qu'il aurait voulu rester discret, mais autant régler l'affaire tout de suite, je lui dis donc:

Je te propose le rapport suivant, signé par nous deux: A 20h37, une explosion de la salle des machines au sein du navire piraté c'est fais entendre, aussitôt le capitaine Fabius Solar a décidé d'avancer l'heure de l'abordage et à lancer l'assaut à la tête des commandos. Le dénommé Chafouin, a attirés en premier sur le ballon et a immédiatement compris que la voie la plus directe était de passer à l'intérieur. Là nous avons été confronté à une résistance armé, vite mis au silence mais Chafouin a réussis à persuader la My'tran nommé Séléné ex-petite mai du preneur d'otage de se rendre.

Nous avons continuer notre progression dans le brik même, mais pris sous un feu nourris des malandrins, nous avons été obligé de nous mettre à couvert. Un tir a endommagé suffisamment les ballons pour que le vaisseau s'écrase en pleine jungle. Pendant que les membres du commando réduisait au silence les dernières poches de résistances après avoir sécurisé les otages, le capitaine Fabius Solar aidé par Chafouin, ont rattrapé la magicienne et Komoroh Rax mais la bombe dans le corps de ce dernier nous empêchais de le mettre hors d'état de nuire.

Finalement, le terroriste fut trahis par la jeune femme qui le tua en utilisant sa magie. Cette dernière se constitua prisonnière. Voilà, qu'en penses-tu ?

C'est un résumé rapide et je pense fidèle des évènements et si mon interlocuteur est d'accord, nous pourrons alors quitter cet endroit, je laisse le soin aux équipes de récupération de prendre soin de l'épave, surtout que les ex-otages doivent être pressés de revoir leurs familles et moi, j'ai des blessé à faire soigner, notre petite infirmerie ne convenant pas pour des opérations aussi importantes. Je jette un dernier coup d’œil au vétéran pour lui demander:

Tu sais, si un jour tu veux revenir dans l'armée, c'est avoir plaisir que je te prendrais dans mon équipage, tu es un type valable qui sait se battre et persuader les gens, et crois-moi, c'est un talent très précieux.

Je ne vais pas mettre exécuter une femme désarmé, qui vient de se rendre et ne représente plus un danger, qu'importe ce qu'elle a fais. Mon rôle en tant que militaire est de protéger les civils et cette personne en fais partie. 

-Oui exactement et là dans ton cas, protéger les civils équivaut à coller une balle dans la tête de cette Sélène, ce n'est pas une putain de civile, c'est une my'träne !

Le capitaine continue ensuite par des explications qui n'ont aucun sens pour Chafouin, on ne tue qu'en cas de nécessité ? Pourquoi être devenu militaire alors ? Le joli costume ? La proximité entre hommes, où la bouffe dégueulasse ? Il s'était toujours dit qu'un militaire était un tueur qui s’ignorait, Fabius voulait-il se persuader du contraire ? Si c'était effectivement le cas, il le décevait beaucoup. Il leva les bras en l'air en signe d'incompréhension, l'ennemi était mort, il y avait des otages sauvés et la ville puante de Skingrad était hors de danger, où était le gâchis là dedans, il n'avait quand même pas de la compassion pour ces types qui se fessaient passer pour des pirates, ou pour Sélène ? Chafouin souffla alors que le grand Perceval les rejoignait, il leur coupait ainsi la possibilité de partir sur une engueulade stérile. Il pensait que Fabius était un homme plus dur qu'il en avait l'air, mais s'il pensait de cette manière, il n'était peux être que le type se prenant pour un chevalier qu'il avait cru déceler plus tôt, dommage, mais il en était ainsi.

Finalement, le jeune capitaine lui donna sa version des faits, c'était assez concis et précis et ça ne s’embêtait pas trop de détails inutiles, ça lui convenait parfaitement.

-Wow, je dois dire que c'était sacrément chiant, j'ai du m'endormir une ou deux fois, bon ça me convient parfaitement, mais je serais toi, je tenterais même pas d'en écrire un livre.

Puis il regarda les hommes de l'entreprise se charger des opérations de routines, réconforter les pauvres otages, aligner les sacs de viande remplis de plomb dont le chef semblait tant se soucier. Lui, ne rêvait que d'une chose, une bonne bouteille. Il écouta vaguement la proposition de Fabius, mais il était peu inspiré.

-Merci, mais non, l'armée j'ai déjà donné, de plus je travaille mieux en solo ou en petit groupe.

Je suis à la fois content que Chafouin accepte mon projet de rapport et un peu triste qu'il ne veuille pas rester avec moi. Mais vu sa réaction à ma décision concernant la My'trane, il vaut peut-être mieux que nos chemins se séparent. J'aimerais lui dire que les habitants de l'autre continent sont des hommes et femmes comme les autres, cette histoire l'a très bien prouvé, mais je ne pense pas que j'arriverais à faire changer d'avis mon interlocuteur, alors que c'est quand même lui qui l'a fais prisonnière en premier lieu.

Je n'arrive pas à savoir ce qui a pu lui arriver pour qu'il en arrive à considérer les magiciens comme des monstres ne méritant qu'une balle dans la tête, est-ce lié à son départ de l'armée ? Je n'ose pas l'interroger sur ce point, car fatigué comme nous le sommes, ça risque très vite de partir en dispute, et il me reste trop de chose à faire pour perdre ainsi mon temps. Pourtant, si un jour nos chemins se recroisent, je lui poserais la question et j'attendrais jusqu'à avoir une réponse.

Pour le moment, je retourne à mon navire à l'aide d'une des passerelles installé pour faciliter les opérations au sol et je remarque très vite que le pont a été transformé en infirmerie de fortune, je vois d'ailleurs le soigneur, Jean Tuort, faire usages de ses talents, aussi bien sur les otages que sur les membres du commandos blessés lors de l'assaut ou du crash du bric marchand. Dès que je met le pieds sur le pont principal, le médecin se précipite vers moi et me demande:

Capitaine, je vous demande de bien vouloir partir immédiatement, de nombreux blessés sont en état critique et ils ont besoins de chirurgie. Pouvez-vous précipiter le départ ?

Je réfléchis une seconde, j'avais d'abord prévu de sécuriser le site d’atterrissage pour éviter que l'épave ne soit piller par des bandits, car c'est bien une proie tentante, mais avec ce que m'a indiqué l'officier, mon plan initial n'est plus possible. Je pourrais bien sûr laisser des hommes derrières, mais quelques commandos, même bien équipés, se feront massacré en cas d'attaque massive. Je donne donc les ordres suivants à mon équipage à l'aide de mon porte-voix:

A tous, nous allons décoller dans dix minutes, que toutes les personnes encore à terre rentrent sur le navire, l'objectif de notre trajet est Skingrad, à pleine vitesse.

Je vois les hommes et femmes de l'Entreprise, courir en tout sens pour exécuter mes directives, chose qui est rendu difficile avec ce pont encombré, mais les heures d'entrainement que j'ai imposé finissent par payer et c'est donc en respectant mon délai que le bateau de guerre commence à s'arracher du sol puis prends définitivement son envol. Les moteurs à plein régime font un bruit assourdissant, mais il ne faut que quelques heures pour arriver dans la capitale du Tyorum. Je décide pour la première fois du voyage, de directement faire débarquer les blessés au complexe hospitalier de la capitale régionale afin d'éviter toutes pertes humaines.

Cette décision semble être la bonne, car tous les blessés sont évacué du pont sans encombre, et l'aéronef repart quelques minutes après pour rejoindre son port d'attache. C'est à ce moment là, que je fais mes adieux au valeureux Chaffouin, lui indiquant:

Travailler en ta compagnie a été une sacré expérience, n'hésite pas à venir me voir si tu as besoin d'aide.

Je descends à mon tour de l'embarcation avec tous les membres du commando encore valide et Sélène, la magicienne qui toujours menotté, dort encore suite à l'injection massive de sédatif et que nous déplaçons à l'aide d'un brancard. Je prends immédiatement le chemin de la garnison où après quelques formalité, la jeune femme est emprisonné, indiquant ainsi la fin de ma mission !