Une rencontre délicate

10 mai

Et on lui pèlera le jonc
Comme au baillis du Limousin
Qu'on a fendu un beau matin
Qu'on a pendu… avec ses tripes!

Mais qu’est-ce que je fais ici ? C’est la question que je me pose depuis que je suis entré dans cette taverne de Cerka avec les autres membres du commando d’abordage pour fêter l’anniversaire de leur chef, Perceval Gallick. L’alcool a littéralement coulé à flot et je me suis joint à eux, mais j’ai bu juste assez pour être à l’aise, mais pas assez pour que je devienne saoul, ni pour chanter avec eux cette horrible chanson. C’est sans doute pour cela que je ne suis pas pris dans l’ambiance, ce genre de célébration, à base d'alcool frelaté en grandes quantité, est un peu trop éloigné de mon caractère.

Déjà ce lieu est vraiment pas terrible, de toute évidence ce débit de boisson n’a pas dû voir un balai depuis des dizaines d’année et les verres sont d’une propreté plus que douteuses, voir suspectes. La serveuse doit avoir l’âge de ma grand-mère et des vêtements qu’elle du a volé à une prostituée, ce qui est très dérangeant pour moi. Quant au tenancier, maigre comme un clou, il me fait penser à un croque-mort quand il regarde dans notre direction, comme si nous étions ses futurs clients.

Pour toutes ces raisons je décide de prendre un peu l’air, et j’ai également peur que l’air nauséabond imprègne mon uniforme, je quitte donc la fête, sans que personne ne le remarque d’ailleurs et je sors dans la rue. Il fait un peu frais en ce début de soirée et j’inspire à plein poumons afin de me réveiller un peu. Comme d’habitude depuis mon arrivé, où que je pose les yeux, je vois des magasins de prothèse, ce qui me met toujours un peu le cafard car cela me fais penser à Diane Stëelk, une de mes ex-copine, devenu journaliste que j’ai rencontré la semaine dernière et qui a ce genre d’instruments pour sa main.

Je me dis aussi que j’y passerai probablement un jour, et que je devrais accepter d’avoir du métal dans mon corps, car la vie d’un militaire comporte ce genre de risque. J’espère juste que je serai marié quand ce genre de chose arrivera car sinon, cela va être encore plus dur de me trouver une femme, déjà qu’aucune n’accepte de m’attendre !

Mais l’heure n’est pas à la morosité mais à la joie, et je sens que je vais réussir me forcer à boire, j’ai maintenant une bonne raison de devenir saoul avec toutes mes idées noires. C’est pourquoi je prends la poignée de la porte à une main et m’apprête à rentrer à nouveau dans l’établissement bien nommé : L’auberge Rouge.