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Chroniques d'Irydaë
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Elenor Kingston
Elenor Kingston
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Irys : 276165
Profession : Haute Générale commandant des forces navales de Daënastre
Daënar +3 ~ Tyorum (femme)

Une semaine auparavant, à Skingrad

L’ambiance à l’intérieur du club était calme et feutrée. Les douces lumières tamisées donnaient à l’ensemble des allures de rêve éveillé, projetant des teintes jaune, orange et rose dans lesquelles se noyaient les détails et faisant naître des ombres si épaisses qu’elles en semblaient presque vivantes. De petites tables rondes étaient répartis dans toute la pièce et entourées de hautes banquettes moelleuses qui camouflaient dans leur ombre ceux qui aspiraient à la tranquillité et ne pouvaient la trouver nulle part ailleurs. Des paravents en croisillons et de hautes plantes vertes dessinaient des allées au milieu de tout ça et donnaient à l’ensemble un air de labyrinthe, invitant à l’introspection et à l’isolement.
La seule exception consistait en une scène ronde au centre, surélevée afin que tous puissent la voir, où se produisait actuellement un chanteur à la voix grave et profonde qui se répandait dans la pièce comme si elle avait surgie des murs eux-mêmes. Il déclamait une mélodie calme, apaisante, aux légères inflexions qui touchait directement les émotions de ses auditeurs, avec une maestria notable et accompagné par un quatuor à cordes. Les spectateurs étaient nombreux, bien qu’à peine visibles et chaque nouveau morceau se concluait par des applaudissements légers, si nombreux qu’ils évoquaient une averse de printemps.

C’était le refuge de la haute société de Skingrad lorsqu’elle cherchait à oublier quelques instants ses soucis et à simplement se détendre. Une ambiance dont Elenor avait bien besoin en cette soirée d’insomnie et après les événements des dernières semaines. Elle avait dédaigné les banquettes dans lesquelles elle avait l’impression de pouvoir se noyer et s’était assise au bar. Il y avait également Butler, non loin d’elle, assis dans un fauteuil en osier qui semblait presque trop petit pour lui et qui survolait la salle de son regard neutre et alerte.
Elenor reposa son troisième verre de brandy, vide, sur la surface de bois lambrissé. Tandis qu’elle repoussait du bout de ses doigts prosthétiques le récipient en direction du serveur, son regard se perdit sur la surface d’ivoire polie qui, à cause de la lumière des lieux, avait une teinte légèrement rose, presque naturelle. Elle la fixa pendant quelques minutes, jouant avec les reflets de la lumière sur ses doigts. Puis elle tendit son autre main en direction d’un couteau dont elle se saisit, sous le regard intrigué de Butler qui venait de repérer son manège. Elle posa la pointe de métal contre le bout de son index et appuya, suffisamment fort pour que l’acier laisse une marque dans l’ivoire. Un large sillon ouvert comme une plaie mais dont ne s’écoulait aucune goutte de sang. Elle porta la blessure factice à sa bouche et suçota pensivement le bout de son doigt. Il était froid et avec un léger goût de pierre.

« Des gravures ne rendraient votre main que plus jolie encore, mais je pense que vous devriez confier cette tâche à quelqu’un dont c’est le métier si vous me permettez un avis, mademoiselle Kingston. »

Elle laissa retomber sa main en se retournant lentement sur son tabouret pour dévisager l’homme qui venait de s’adresser à elle en même temps qu’il s’installait à ses côtés. Il était grand, avec des épaules justes assez larges pour légèrement tendre le tissu de sa veste sans déformer une silhouette élégante. Son visage en pointe était recouvert de cheveux blonds tirant sur le roux, plaqués sur la droite de son crâne, et une barbe en collier de couleur assortie lui décorait les joues et le menton, apportant un peu d’arrondis et de douceur à un visage anguleux. Il avait des yeux bleus océans dans lesquels la plupart des femmes se seraient noyées. Et cette attitude si à l’aise, si ouverte, qu’on avait d’instinct envie de sourire et de lui offrir quelque chose à boire pour profiter un peu plus de sa compagnie.
Il était beau. Et surtout, il le savait. Ce qui le rendait parfois, lorsqu’on l’avait compris, parfaitement insupportable. Comme le portrait trop réussi d’un grand frère plus talentueux qui nous rappellerait à chaque fois qu’on le regarderait à quel point l’on n’avait pas autant réussit que lui. Car la réussite, Victor Herman en était un véritable modèle, sorti de la masse ouvrière par l’éducation publique, il avait ensuite mené une brillante carrière au sein de la Compagnie des Echanges Libres où il avait charmé, mentis, dupé, manipulé et trahis aussi bien que n’importe quel collègue d’origine bourgeoise qui avait été éduqué à ça depuis sa petite enfance. Il était devenu le messager et négociateur à envoyer lorsque l’on voulait que les choses se passent bien : recevoir sa visite c’était le signe que quelqu’un de très important s’intéressait à vous. Ou que vous étiez une belle jeune femme -ou, murmurait-on parfois, un magnifique jeune homme- disponible : Elenor ne savait donc jamais à quoi elle devait s’attendre lorsqu’il venait s’adresser à elle.
Elle se laissa faire lorsqu’il prit délicatement sa main artificielle dans la sienne pour y déposer un baisemain, le tout en s’inclinant légèrement, et tandis qu’il se redressait il lui adressa un sourire charmeur qui la fit légèrement rougir, ce pourquoi elle se sentit parfaitement idiote et se fustigea mentalement.

« Vous êtes très en beauté ce soir. »

Elle lui lança un regard légèrement blasé sous ses paupières mi-closes. Elle savait très bien qu’elle avait trop bue pour être à son avantage, surtout qu’elle était loin de s’être particulièrement préparée pour la soirée. A vrai dire, avec sa cravate lâchement nouée autour de son col de chemise ouvert parce qu’elle avait trop chaud, elle avait plus l’air débraillée qu’autre chose selon elle. Pour autant il parvenait à feindre une sincérité dans le compliment qui lui fit relever le coin des lèvres en une esquisse de sourire qu’il ne manqua pas de remarquer, sans la relever.

« Mais la raison de ma présence n’a, hélas je le crains, pas grand-chose à voir avec votre plaisante compagnie. J’espérais pouvoir m’entretenir avec vous de sujets plus sérieux. Accepteriez-vous de me suivre je vous prie ? »

Joignant le geste à la parole il se leva et lui présenta l’un de ses bras dans un geste de galanterie, l’autre embrassant de la main les banquettes aux allures d’alcôves secrètes. Elenor soupira, bien qu’elle ne prenait pas grand plaisir à être courtisée, elle n’était pas sûre d’être plus intéressée par le genre de discussion qui allait suivre. Mais elle n’avait pas trop le choix et une partie de son état des derniers jours venait justement du fait qu’elle appréhendait une discussion de ce genre. Au moins en serait-elle débarrassée.
Elle se leva donc, repoussant poliment l’aide offerte et, après avoir accepté sa proposition, le suivit entre les banquettes. Elle fit signe à Butler de rester où il était : elle n’avait rien à craindre en ce lieu, elle en était à peu près certaine. Ils se faufilèrent entre les tables, apercevant parfois des visages autrement invisibles, des gens qu’elle connaissait de nom, de réputation et parfois davantage, en pleine conversation triviale ou au contraire décisive. Mais toutes restaient apparemment détendue, l’endroit n’était pas propice à toute forme de tension dramatique et de nombreux artifices du genre, telles que les mises en gardes ou les menaces voilées, y paraissaient désuets.

Finalement ils prirent place autour d’une petite table ronde, située non loin de la scène entre deux buissons d’intérieur qui laissait planer dans l’air une agréable odeur proche de l’herbe mouillée, avec une légère touche acidulée. Elenor s’assit au fond de la banquette, s’y laissant à moitié tomber avec un cruel manque de grâce que sa belle-mère lui aurait reproché pendant des heures, et Victor s’installa à sa droite, bien plus près qu’il n’était strictement nécessaire au vu de la place disponible.

« Alors, je suppose que vous avez un message à me transmettre ? » Elle était un peu sur la défensive, ce qui ne lui ressemblait guère.
« Plus ou moins. Mais ça ne nous empêche pas de rester courtois : vous allez bien ? J’ai cru comprendre que vous aviez du vous déplacer à travers tout le continent et même au-delà au cours du dernier mois. » Il sortit un étui à cigarettes en argent, glissa l’un des bâtonnets de tabac au coin de ses lèvres et en proposa une à Elenor qu’elle accepta volontiers.
« J’ai surtout hâte de pouvoir reprendre mon travail, le retard s’accumule je n’ai même pas eu le temps de jeter un œil à des rapports qui datent de mon intervention à l’université d’Alexandria. » Elle écarta une mèche de cheveux de son visage pour qu’elle ne s’embrase pas sur la flamme du briquet de Victor et elle inspira longuement, sentant la fumée s’immiscer dans ses poumons avec le léger picotement habituel.
« J’ai cru comprendre que vous aviez fait une bonne impression. Pas aussi marquante que celle au fort des Trois-Sommets toutefois. »

Elle eut un hoquet de surprise qui lui fit remonter toute la fumée dans les narines, ce qui provoqua une quinte de toux soudaine. Quand elle eut repris contenance elle se tourna vers lui pour l’examiner avec un regard soupçonneux tandis qu’il l’évitait et restait apparemment concentré sur la scène, comme s’il n’avait rien dis de particulier. Elle fouillait dans sa mémoire pour essayer de se rappeler si elle l’avait aperçue lors de cette soirée mais ses souvenirs étaient flous et embrouillés par le manque et la fatigue, elle n’aurait su le dire. Elle tirait si furieusement sur sa cigarette que la fumée lui brûlait la gorge comme la question ses lèvres. Elle se décida finalement à la poser.

« Vous y étiez ?
-Non, mais je sais lire un journal. » Il lui avait naturellement répondu avec un sourire un brin moqueur aux lèvres. Pour la deuxième fois elle se sentit le rouge monter aux joues et elle se réfugia dans les ombres de la banquette. « Des connaissances y étaient, toutefois, j’ai pu avoir de nombreux détails très intéressants. Votre discours là-bas a été très apprécié par nos amis communs.
-Je suppose qu’ils n’aiment guère les idées de Laura.
-Cela dépend. D’un point de vue idéologique, plusieurs d’entre eux sont assez d’accord alors que d’autre la trouve un peu… naïve je dirais. Mais tous se rejoignent sur le fait que la paix, en l’état, reste plus profitable.
D’ailleurs puisque nous en sommes à les mentionner, autant que je vous transmette ce message. »


A ces mots elle tourna la tête vers lui mais resta cette fois adossée à la banquette, comme engloutie par celle-ci. Sans sa peau pâle et ses cheveux blancs, elle aurait presque pu être invisible. Ne serait alors plus resté que la luciole embrasée qui dansait au bout de sa cigarette au rythme de ses expressions. Victor prit le temps de tapoter la cendre à l’extrémité de sa cigarette avant de décider de l’écraser dans le cendrier, le tout empreint d’une précaution exagérée. Il jouait avec l’attention de la Haut Générale, dont on pouvait percevoir l’agacement à travers le discret tempo de ses doigts d’ivoire sur le cuir de leur siège qui allait en s’accélérant. Il finit par la fixer dans les yeux, les battements s’arrêtèrent :

« J’ai soif, pas vous ? »

Il sourit, fier comme un paon, tandis qu’elle manquait de laisser échapper sa cigarette sous le coup de la surprise. La laissant à sa stupéfaction il étendit le bras derrière elle pour appeler un serveur puis, un coude posé sur la table et le menton appuyé contre son poing, la dévisagea avec un petit air suffisant. Ils restèrent ainsi à s’observer de longues minutes avant que le serveur ne soit finalement là, la cigarette d’Elenor s’élevant de plus en plus à mesure que la contrariété lui faisait plisser les lèvres.
Finalement un jeune homme se présenta et Victor demanda un verre de vin. D’une voix sèche, Elenor commanda un brandy. Quand le domestique se fut éloigné, elle écrasa sa cigarette dans le cendrier, se redressant un peu et sortant des ombres sans que son regard ne quitte celui de Victor qui le soutint quelques secondes avant de fuir vers la scène où continuait de se produire le talentueux chanteur. Satisfaite, elle se permit un petit sourire mauvais avant d’également accorder son attention au chanteur. La mélodie était toujours aussi calme et agréable et, quand leurs verres furent déposés sur leur table, sa frustration était largement retombée. Diplomatiquement, Victor reprit la parole sans qu’elle n’eue besoin de le demander :

« D’abord sachez qu’ils sont extrêmement satisfaits de la façon dont les choses se sont passées jusque-là. Sans parler de votre prise de position à la réunion de madame Godolphin, la sécurité toujours accrue des routes maritimes est toute à votre honneur. » Il leva légèrement son verre dans sa direction : « Et je crois que plusieurs de ces messieurs responsables des docks ont qualifié de fantastique le nouveau système de monte-charge dont sont équipés les krizer militaire.
-C’est un jeune ingénieur brillant qui en est majoritairement responsable, je n’ai fait que l’orienter sur les bonnes pistes et valider l’idée.
-Ils ont hâte qu’elle se retrouve sur le marché en tout cas.
-Je m’en doute. » Répondit-elle sans ironie en trempant ses lèvres dans son verre. « Mais je ne pense pas que vous êtes venu me trouver juste pour me faire quelques compliments ?
-Non, en effet. Nos amis aimeraient que vous leur rendiez un service. En particulier monsieur Leuvardeen. »

Le nom de l’un des trois dirigeants de la Compagnie des Echanges Libres eut un effet certain dans la conversation. Elenor était déjà attentive avant, mais désormais elle était pour ainsi dire aux aguets. Elle reposa son verre de brandy sur la table et fit signe à Victor de continuer. Avant qu’il n’ait pu ouvrir la bouche elle le coupa toutefois pour demander :

« C ‘est au sujet des Trois Sommets c’est ça ?
-En effet. Les rumeurs autour des agissements de madame Godolphin sont troublantes. Nos amis ne veulent pas la guerre mais, dans l’hypothèse où elle devait éclater, ils escomptent bien en tirer le meilleur profit. Pour que la représentante d’Hinaus saborde ainsi sa carrière, elle doit avoir de solides raisons et un plan mieux ficelé que ce que nous avons pu en voir pour le moment. » Elle acquiesça, c’était une réflexion qu’elle s’était déjà faite plusieurs fois. « Ils aimeraient savoir en quoi consiste ces plans. Pour savoir ce qu’ils feront… ‘après’. »

Il dut se trouver très intelligent d’utiliser ce mot puisqu’il afficha un sourire qu’Elenor trouva parfaitement insupportable. Elle regarda le chanteur pendant quelques dizaines de secondes avant de reprendre la conversation.

« Ils n’ont personne parmi leurs employés à envoyer. Vous, par exemple ?
-Ils pensent que puisque vous vous êtes déjà impliquée dans toute cette affaire vous aurez plus de facilité que nous à contacter Laura. Et puis vous êtes une Haute Générale : quoi que Godolphin ai en tête il est pratiquement certain qu’elle aura besoin de soldats à un moment ou à un autre. » Elle prit le temps de réfléchir, avant de hocher la tête.
« Bien, vous pourrez leur dire que j’essaierai d’obtenir plus d’informations. Je pense déjà avoir une idée de comment m’y prendre. Mais je ne promets rien, pas sûr qu’elle accepte de me parler ou juste de me laisser l’approcher vu les quelques mots que nous avons échangés. Sans compter que suis officiellement tenue de l’arrêter si j’en ai l’occasion, sur ordre du gouvernement.
-Je comprends, et je suis sûr qu’ils en feront autant. Je transmettrai votre réponse à monsieur Leuvardeen. Il sera ravi j’en suis certain.
Cette affaire étant réglée… »


Il se rapprocha d’elle, passa son bras dans son dos pour venir poser sa main contre sa hanche et l’attirer un peu plus vers lui. Le contact n’était pas désagréable, elle était forcée de le reconnaître. Il se pencha vers elle pour lui murmurer à l’oreille avec une voix suave qui éveillait les sens :

« J’ai l’impression que vous êtes fourbue de ces voyages incessants, je suis certain que je peux vous aider à vous détendre si vous le souhait »

Il s’interrompit au milieu de sa phrase tandis qu’elle relevait les yeux pour planter ses iris marron dans les océans qui remplaçaient ceux de Victor. En les contemplant, elle n’avait aucun mal à comprendre d’où lui venaient son succès et cette attitude. Mais le sourire qui s’épanouit sur les lèvres d’Elenor n’avait rien d’agréable et s’il avait la couleur d’une rose, c’était aussi celle de l’amanite.

« Désolé Victor, il faudra trouver quelqu’un d’autre pour chauffer votre lit ce soir. Transmettez mes amitiés à votre femme. »

Il s’écarta prudemment d’elle, avec sur le visage un air de stupéfaction béat qu’elle ne lui connaissait pas mais trouvait nettement plus drôle que son habituel arrogance. Elle décolla le canon du revolver de ses côtes et rengaina celui-ci avant de se lever, de boire son brandy d’une gorgée, de resserrer sa cravate et de quitter l’alcôve en lui souhaitant une bonne soirée. Elle récupéra Butler qui l’attendait là où elle l’avait laissé puis sortit du club pour rejoindre le port où mouillait le Gladio Alchemist.


Roceas

Ce qui était le plus insupportable, c’était la neige. Elle ne parvenait pas à s’y habituer. Le froid c’était simple et compréhensible, ils étaient en montagne. Il suffisait de prendre un manteau plus épais. Le vent était déjà plus contraignant, obligeant à ne se déplacer en extérieur que quand il voulait bien l’autoriser. Sans parler du bruit, qui durait toute la nuit sans discontinuer ou peu s’en fallait. Mais elle avait finis par s’y habituer, la mer n’était pas toujours plus calme. Mais la neige, non, elle n’y arrivait pas malgré toute la bonne volonté du monde, qu’elle n’avait pas de toute façon.
Cette pellicule blanche qui recouvrait tout et risquait de vous envoyer les quatre fers en l’air au moindre pas maladroit était sans commune mesure le plus gros inconvénient du climat d’Hinaus, plus encore aussi loin au nord, au pied des montagnes septentrionales. Que des gens puissent y vivre toute l’année, sans même y être obligés, dépassait complètement Elenor qui avait déjà envie de prendre le premier train à destination de Lurcir alors qu’elle n’était là que depuis une petite semaine. Heureusement que la perspective d’un autre voyage dans ce mode de transport lui donnait déjà la migraine.

Cette fois-ci, comparativement à sa visite un mois auparavant, elle avait pu mieux s’organiser et relier Skingrad et Roceas par la voie des airs, autrement plus confortable même si cela n’atteignait pas le luxe à bord du vaisseau de Manfred. Son arrivée avait pris au dépourvu Alberic Jaeger : jeune responsable commercial de la compagnie minière de Zechräm qui l’avait par le passé abordée lors d’une présentation d’ingénierie de pointe à Alexandria pour lui proposer d’aider à concevoir de nouvelles machines d’extractions des minerais dont un projet un peu fou de foreuse géante. A l’époque elle l’avait vertement renvoyé à Hinaus, désintéressée par le projet mais désormais c’était un prétexte parfait pour discuter avec certains hauts responsables de la compagnie qui, elle l’espérait, pouvaient avoir une idée de comment contacter Laura Godolphin, la véritable raison de sa présence en ces lieux.
Elle devait reconnaître au crédit de son hôte qu’il avait bien pris en main la surprise que constituait la soudaine arrivée d’un Haut Général : elle était logée par la Compagnie et elle avait pu rencontrer plusieurs contremaîtres importants et ingénieurs des mines dès le lendemain de son arrivée pour commencer son travail. L’ambiance n’était pas au beau fixe puisque les mouvements de protestation initiés par Joe Ramon n’avaient pas encore été calmés et que parmi eux certains avaient fait de sa personne la cible principale de leurs reproches. Alors maintenant qu’elle était à visiter des installations minières pour ainsi dire sous leur nez… les choses ne s’étaient pas améliorées. Tout cela sans mentionner l’ego des ingénieurs déjà embauchés par la compagnie qui voyaient sa présence comme une insulte à leur compétence. Au final, elle passait plus de temps à calmer les tensions que sa seule présence créait qu’à réellement concevoir des plans. Étrangement ces contrariétés affectaient sérieusement son humeur, quand bien même tout n’était qu’un prétexte elle était sincèrement agacé de ne pas pouvoir fournir un travail convenable, si bien qu’elle passait la grande majorité de ces nuits à veiller, à essayer de produire quelque chose d’utile des discussions stériles de la journée et à ne pas trop prendre de retard sur son véritable travail.

Au moins tout ceci n’avait pas été en vain puisque Alberic lui avait transmis la veille qu’elle était invitée à un déjeuner au manoir d’Henri Silverberg, officiellement le gestionnaire de plusieurs des mines appartenant à Zechräm et l’un des investisseurs principaux de la compagnie. Dans les faits, il était encore bien plus que ça : de ce qu’elle en avait compris, il possédait une colossale fortune et des intérêts à tous les niveaux de la chaîne de production des minerais, de la production à l’exploitation. Il possédait des contacts solides à Änkar, Celeist et Zuhause. Par le biais de certains membres de sa famille, notamment sa petite fille Camille, il avait ses entrées directement dans la politique de Roceas. Elenor espérait bien que le vieil homme avait au moins connaissances de quelques secrets qui pourraient l’intéresser.
Elle en était là de sa réflexion, en pleine nuit, le nez plongé dans des journaux locaux pour essayer de se figurer un peu mieux à quoi ressemblait la vie publique de Hinaus en vue des discussions du lendemain, un verre de brandy à la main. Finalement, elle décida d’aller essayer de trouver le sommeil, profitant d’une légère accalmie dans le vent qui soufflait à l’extérieur tandis que le soldat de faction qui veillait à sa sécurité lui souhaita une bonne nuit.

Ils se rendirent chez les Silverberg peu de temps avant midi. La demeure était un luxueux manoir de plein pied, comme tout dans cette région, qui trônait au-dessus du reste de la ville. Sa taille était difficile à estimer car il s’enfonçait dans la montagne elle-même à plusieurs endroits. Ils furent accueillis à l’entrée par plusieurs domestiques qui les guidèrent jusqu’au salon de réception, tandis que Butler et deux autres garde du corps d’Elenor allaient attendre avec les domestiques.
Le salon était une grande pièce chaleureuse dont les murs étaient en boiserie fines et qui possédaient deux cheminées, une étrange marque de richesse dans la région. Autour de l’une d’elle étaient installés quelques canapés et fauteuils où se trouvaient déjà installés en pleine conversation un homme qu’elle n’eut aucun mal à identifier comme Théodore Silverberg, le second fils d’Henri. En voyant Elenor et Alberic être introduits dans la pièce, il se leva et s’avança vers eux en écartant les bras pour leur souhaiter la bienvenue, accompagnée d’un chaud rire de gorge. Il était physiquement impressionnant, presque davantage que Butler, avait la mâchoire carré, une épaisse moustache et de grosses mains d’étrangleurs qui sentaient le savon. De réputation on le disait doux, proches des ouvriers de sa famille et de leurs soucis et dépourvu de l’esprit aiguisé pour les affaires de son père, parfois même un peu naïf.
Lorsqu’il arriva à leur hauteur, il attrapa la main d’Elenor pour y déposer un enthousiaste mais disgracieux baisemain et pour une fois elle fut bien contente de posséder une prothèse en guise de membre. Il lui demanda si elle avait fait bon voyage depuis le Tyorum et l’invita à aller prendre place. Alberic eu droit à une accolade vigoureuse et amicale accompagnée de commentaires familiers et Elenor comprit d’où elle avait pu obtenir aussi facilement une entrevue avec une famille aussi puissante.
Elle rejoignit le cercle autour de la cheminée où on lui présenta les autres personnes présentes, apparemment des contremaîtres proches de Théodore. A leur air bourru assez mal dégrossi dans leurs costumes et à l’attitude tout juste polie d’un d’entre eux elle devina qu’il avait plus probablement gagné leur grade à la sueur de leur front que grâce à de brillantes études.

« Mon père est encore en réunion avec ses conseillers les plus proches, vous pourrez le rencontrer dès qu’ils en auront finis. En attendant mettez-vous à l’aise. » Expliqua Théodore avant que la discussion que leur arrivée avait interrompue ne reprenne tranquillement.

Anastasia Lokamine
Anastasia Lokamine
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Cache-cache EmptyMar 17 Sep - 9:45
Irys : 143383
Profession : Haute-générale
Daënar +3 ~ Hinaus (femme)
Le nid des dragons, sous-sol personnel d'Anastasia Lokamine.

À une heure où la plupart des militaires de la base n'étaient pas encore levés et où le soleil matinal venait à peine de montrer le bout de son nez, la haute-générale s’entraînait dans la pénombre d'un de ses petits coins qu'elle avait aménagé dans le nid des dragons. Une salle entière transformée en terrain d'exercice avec des bancs de musculation, avec très peu de luminosité et ceci pour une raison bien particulière. L'une d'entre elle était qu'elle permettait de stimuler les sens d'Anastasia avec sa nyctalopie limitée et plus simplement, se trouver dans l'obscurité, là où personne ne pouvait la repérer était un avantage qui la mettait en confiance, mais c'était aussi largement pour la tranquillité de l'endroit. Faire ses exercices matinal à l'abri de tout regard était une routine qu'elle avait prise depuis ses quinze ans et qu'elle avait toujours suivi jusqu'alors. Cela lui permettait de se clarifier les esprits et de se préparer au travail quotidien qui lui semblait toujours plus éreintant et important chaque jour.

Ce matin, elle se trouvait occupé sur une barre de traction, son bras mécanique travaillant de concert avec l'organique pour maintenir une masse musculaire et une coordination des membre stables. Le docteur Redam avait toujours affirmé qu'elle ne souffrirait sans doute jamais d'une discordance entre ses parties mécaniques et organiques. Mais elle gardait toujours en elle cette peur que son bras se mette à mal réagir à ses mouvements, ce jour-là, elle ne pourrait plus se battre, ce qui était pour elle un sort bien pire que la mort, devenir inapte au combat était l'une de ses plus grandes peurs. C'est aussi pour ça qu'elle avait toujours gardé un régime et une hygiène de vie aussi saine que possible, pas d'alcool, pas de cigarettes ni de drogue, des plats équilibrés et un temps de repos calculé à la minute prêt. Dans l'armée en zone boréale, beaucoup pensant que la haute-générale ne dormait pas, la vérité était surtout qu'elle dormait toujours de manière à être toujours reposée, fraîche et disponible quand il le fallait, elle ne pouvait pas en dire autant de tous les éléments de son armée malheureusement. La piquette bien forte qui remontait le niveau de chaleur et donnait du baume au cœur des soldats, était une fourniture du bardas non officielle mais terriblement populaire parmi la froide armée d'Hinaus.

-47, 48, 49. Comptait lentement Anastasia alors que la force de ses bras le menait au-dessus de la barre de traction installée au plafond.

Un bruit de pas stoppa ses mouvements, une personne entra dans la pièce et se mit à l’abri des panneaux qui délimitaient la zone d’entraînement physique. Il n'y avait que cinq personnes susceptibles de se rendre dans cette pièce, ses quatre généraux de division et Sonnie Larisa, sa mécanicienne personnelle et amie. Parmi ces personnes, elle permettait à moins de la moitié de la voir à visage découvert, à cause de ses blessures, bien qu'elle ne l'admettrait sans doute jamais devant personne. Mais c'était l'autre raison de la pénombre de cette pièce, Anastasia pouvait s'y tenir dans l'ombre et parler sans son armure avec les gens de son commandement, sans que ces derniers n'aient de vue précise sur elle. Drôle excentricité dont l'état-major s'était acquitté sans broncher. Au moins, cela fournissait un point précis où retrouver la haute-générale régulièrement chaque matin de la semaine, ce qui était en l'état assez pratique.

Au cours du temps, Anastasia avait été capable grâce à son ouïe plus développée que la moyenne de prévoir qui allait lui rendre visite rien qu'au son de ses pas. Ces bruits de bottes légères au sons fins et espacés, mais énergique étaient celles de la générale de division Loudmila Pavchenko, celle responsable de la division d'approvisionnement et excellente informatrice quand le besoin s'en faisait sentir. Et à la vue des derniers ordres d'Anastasia concernant le cas de Laura Godolphin, une bonne informatrice était exactement ce dont elle avait besoin.

-50. Elle lâcha la barre pour se laisser tomber au sol. Vous êtes bien matinale générale Pavchenko. Quelles nouvelles vous amènent ?

La vieille générale émit un petit rire, elle n'avait pas traversé les panneaux qui délimitaient la zone et pourtant Anastasia l'avait quand même reconnut rien qu'aux sons des bruits qu'elle produisait. La générale de division avait toujours été intrigué par Anastasia et surtout son passé, passé qu'elle s'était toujours évertuée à cacher aux gens dont elle n'accordait pas une entière confiance et Loudmila était de ceux-là, son passé était trop trouble et nébuleux pour qu'elle se livre à elle.

-De bonnes nouvelles haute-générale, mon enquête progresse dans la bonne direction, mes premières pistes m'ont menée à la compagnie minière de Zechräm. Et il s'avère que j'ai une piste intéressante en la personne d'Henri Silverberg.

Anastasia haussa les sourcils alors qu'elle s'essayait sur un banc, prenait une gourde d'eau et passa une serviette autour de ses épaules, sa subordonnée avait piqué sa curiosité et son silence était une invitation à continuer. Loudmila vint se placer dans une zone de lumière d'où elle ne distinguait qu'à peine la silhouette de la haute-générale, cachée dans l'obscurité.

-Durant la réunion du fort des 3 sommets, j'avais une équipe chargée de vérifier les accessoires des invités, vous savez à quel point on peut transformer quasiment n'importe quoi en arme à notre époque. Alors par acquis de conscience, j'ai signifié à mon équipe d'établir un suivi des expéditeurs  des colis les plus suspects, l'un d'entre eux était étiqueté « LG » cadeau venant de quelqu'un que mes hommes n'ont pu identifier précisément, mais qui venait de la compagnie Zechräm. Cette boite contenait les fameux bracelets de notre chère fugitive.

-À quoi cela nous avance-t-il ? Vous n'avez pas le nom du destinataire ?


-Justement, il y a peu, mes hommes ont intercepté un colis à la douane, en partance d'un convoi spécial, portant encore cette fameuse inscription « LG » avec de nouveaux des bracelets, mais cette fois avec une destination bien précise, le manoir Silverberg. Je pense que ce cher Henri, amateur de bijoux soi-dit en passant, cherche à offrir de nouveau à cette chère Laura un cadeau utile et à se faire remarquer d'elle.

-Quand est-ce que ce colis doit arriver au manoir Silverberg ? Demanda Anastasia, avec un ton urgent.

-Avec les délais de livraison, dans quelques heures je dirais.


-Si ce colis a été commandé par Silverberg ce n'est pas sans raisons, est-ce que nos chances de trouver Laura sont élevés en rendant visite à Henri ?

-Pour la trouver directement, j'en doute, elle ne se terrerait pas dans un manoir au risque que quelqu'un la dénonce, la famille Silverberg est grande et Godolphin n'a pas que des amis en son sein. En revanche, si Henri a commandé ces bracelets sur-mesure, c'est qu'il sait soit où elle se trouve, soit qu'il garde encore contact avec elle.

-Il ne faut pas perdre de temps alors, envoyez une lettre dès maintenant, nous partirons dès ce soir, pour le rencontrer le lendemain. Il faut que nous parlions à cet homme avant que les bracelets ne disparaissent de nouveau. Anastasia vit les lèvres de sa subordonnée se resserré. Et je me fiche de le prendre au dépourvu ou même de déranger une personnalité importante de Zechräm, s'il détient des informations sur la localisation d'une fugitive, ça fait de lui un ennemi de Daënastre à mes yeux. Le visage de Loudmila se détendit un peu, elle connaissait bien la vindicte dont faisait preuve Anastasia quand elle était sûre de la justesse de sa mission. Et n'osait pas aller à l'encontre, après tout, elle aussi comptait bien apprendre le plus de choses possibles en allant au manoir Silverberg.

-Je me met au travail immédiatement haute-générale.


Si cela avait été possible, la haute-générale aurait tout de suite sauter dans le premier transport rapide en partance pour Roceas et aurait été interrogé Henri elle-même. Mais cela ne se faisait pas premièrement, son cercle de proches lui avait suffisamment rappelés que ses méthodes soit-disant extrêmes étaient trop dénouées de conventions sociales pour qu'elles soient suffisamment efficaces, alors elle s'était faite violence et avait commencé à moins « foncer dans le tas» comme l'avait répété Sonnie si souvent.

Plus tard dans la journée elle convoqua Sonnie et Celestov pour manger ensemble, les deux personnes étaient les seules avec lesquelles elle pouvait se dévoiler à visage découvert sans se sentir mal à l' aise, cette pause du midi lui permettait ainsi de faire passer les informations importantes à ses deux amis. Et dans le cas présent, de préparer leur futur entrevue au manoir des Silverberg.

-Je suis fière de toi, t'as pas enfilé directement Montanea pour défoncer la porte de Silverberg dès que t'as appris la nouvelle. Lui dit Sonnie avec un sourire alors qu'elle croquait dans un bout de pain.

La jeune femme était en revanche ravie de faire partie du petit corps de voyage qui irait jusqu'au manoir Silverberg, honnêtement sa présence n'était pas nécessaire, mais elle connaissait bien Camille Silverberg, si cela pouvait détendre l'ambiance et faciliter les discutions Anastasia préférait l'avoir avec elle, tout comme Celestov, les deux amis d'Anastasia avaient noué quelques liens de circonstances à force de travailler à protéger directement ou indirectement les mines de la compagnie Zechräm durant le conflit avec le culte de Landearion. Celestov avait rencontré Théodore Silverberg avec lequel il s'était lié d'amitié, ce dernier aimant particulièrement écouter les histoires de guerre du général de division qui l'impressionnait à chaque fois. Sonnie elle avait bricolé quelques gadgets à Camille et de fil en aiguille, les deux femmes s'étaient liés d'amitié.

-Donc l'objectif, c'est de tirer les vers du nez de Silverberg et que Loudmila réussisse à trouver ce fameux paquet ? Ça me semble risqué comme plan.

-C'est pour ça que je ne laisse pas l'opportunité à Silverberg de s'organiser, cette lettre devrait arriver demain matin, pour peu que nous arrivions à midi, il n'aura pas le temps de tout cacher.

-Peux être. Répondit Stentor. À condition qu'il les ai vraiment reçu.

-À condition effectivement, c'est pour ça que je compte sur vous pour m'aider à lui tirer les vers du nez lors de notre rencontre.

-Génial. Enchaîna Sonnie. Un dîner et un interrogatoire en même temps, j'espère juste qu'on ne s'embrouillera pas avec le reste de la famille Silverberg à cause de leur patriarche.

Anastasia répondit avec un bref haussement d'épaule.

-Ça ne dépend que de lui.

Le voyage du lendemain fut rapide quoi qu’inconfortable dans les wagons d'un train militaire en route pour Roceas, la marche à pied dans le froid qui s'ensuivit ne fut qu'une partie de plaisir pour le groupe de militaire habitué à de tels promenades, au total il y avait Celestov, Sonnie et Loudmila pour accompagner Anastasia, chacun était venu avec son uniforme militaire sous un lourd manteau en peau de bête pour se protéger du froid sur le chemin. Anastasia elle, portait l'armure ambasador. Ce fut d'ailleurs le sujet de l'une de ses discussions avec Loudmila sur le chemin de manoir ancré dans la montagne des Silverberg.

-Haute-générale, je me suis toujours demandé, pourquoi porter vous ces armures en permanence  ?

La question surprit quelque peu Anastasia autant que l'attitude de sa subordonnée, elle sentait que la générale de division voulait en apprendre plus sur elle, mais elle ne déterminait pas si elle tentait juste d'être son amie, par simple curiosité ou pour des raisons autres. La question ne dérangea pas Anastasia, même si elle marcha quelques temps avant de trouver quoi répondre précisément. Elle décida de lui donner une réponse générique, pas fausse pour autant mais dénué de véritables explications.

-Beaucoup de personnes souhaitent envoyer une image d'elle-même, une image leur servant d'unique personnalité aux yeux des autres. Pour moi cette armure est plus qu'un équipement, c'est un symbole, je veux que Hinaus et Daënastre retienne cela, je suis la protectrice de Hinaus. Et une protectrice se doit d'être invulnérable.

-Je vois, intéressant. Merci haute-générale, je me demande bien quelle image nous enverra Henri dans ce cas.

Le reste du chemin fut simplement ponctué par les discussions entre Sonnie et Celestov, ou plutôt les monologues de la jeune femme se demandant ce qu'il y aurait à manger au manoir et combien de personnes seraient de la partie. Dans ce calme paysage nacré de blanc, seulement troublé pour quatre silhouettes indistinctes. Sur le chemin, Stentor remarqua quelque chose et en fit part à Anastasia.

-Tu as vu ? Des traces de pas récentes, quelqu'un d'autre nous a devancé visiblement.


-J'ai vu, il semble que Silverberg attende une invité surprise de plus.

Arrivé à la porte, le groupe se rassembla autour, Stentor regarda les autres qui affichaient des degrés d’appréhension plus ou moins élevé. Il ouvrit la porte le premier mais ne trouva aucun domestique pour l’accueillir, alors qu'Anastasia marchait à ses côtés d'un pas lourd, il s'élança pour être un des premiers à arriver dans le salon de réception. De nombreuses choses se passèrent alors.

Ce qu'Anastasia et Celestov remarquèrent en premier lieu, ce fut deux personnes au milieu des contremaîtres en train de discuter, ils reconnurent Théodore et surtout la haute-générale Kingston, ils ne lâchèrent pas du regard cette haute-générale durant quelques secondes, cependant ils se désintéressèrent rapidement d'elle alors que Théodore ouvrait les deux bras en apercevant les deux personnages, autant surpris qu’heureux de les trouver là. Il entoura Stentor dans une accolade fraternel pour lui souhaiter chaleureusement la bienvenue ce à quoi Stentor lui répondu avec enthousiasme. La haute-générale de Hinaus elle, pointait de temps en temps son regard sur son homologue maritime, sa présence la dérangeait autant qu'elle la surprenait, depuis la rencontre avec les cercles de l'aube, les deux généraux n'étaient pas en très bon terme. La trouver ici pouvait aussi bien compromettre les choses si d’aventure elle se mettait dans leur chemin.

Enfin, le maître du manoir descendit un escalier menant au salon, les quelques discutions des contremaîtres, assez surpris de trouver autant de personnages militaires importants réunis au même endroit, s'interrompirent. Henri Silverberg, un des responsables les plus importants et les plus influents de Daënastre, regarda d'un regard dur ses invités, moins à l'aise qu'il aurait bien voulu le faire croire. Il avait entendu parler de la querelle des deux femmes quelques temps avant. D'un geste, il dispersa les contremaîtres et descendit de nouveau l'escalier en se lissant la barbe, signe qui trahissait souvent un léger état de stress comme Celestov l'avait déjà signifié à Anastasia.

-Haute-générale Lokamine, haute-générale Kingston, je vous souhaite la bienvenue dans le manoir des Silverberg, je crois que les domestiques vont devoir rajouter quelques couverts à la table, votre lettre de ce matin nous as prise un peu au dépourvu, mais cela reste un plaisir d'accueillir deux personnalités aussi importantes dans ma maison. Dit-il à l'attention de Lokamine et de Kingston.

Elenor Kingston
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Profession : Haute Générale commandant des forces navales de Daënastre
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Cela ne faisait qu’une quinzaine de minutes qu’Elenor était installée au milieu de tous ces hommes dont Alberic, qui n’était pas spécialement un poids plume, était sans doute le moins impressionnant représentant. Le tableau était assez surréaliste, on aurait dit une poupée de cire au milieu de ces anciens mineurs aux barbes épaisses et aux mains calleuses. Elle, parfaitement à l’aise dans son uniforme sur mesure, et eux, qui semblaient parfois à peine rentrer dans leur veston tiré à quatre épingles. Et entre ces deux extrêmes, Alberic qui faisait de sa priorité que la Haute-Générale se sente à l’aise et cherchait à créer la discussion entre les contremaîtres et elle ce qui, ironiquement, l’en excluait rapidement lui-même puisque le seul à n’avoir quasiment aucune formation technique et une expérience des chantiers très limitée.
La conversation avait commencé à prendre, discutant des points communs et des différences entre un chantier naval et une mine, lorsqu’Elenor remarqua que Théodore était distrait. Il regardait fréquemment sa montre. Elle aurait pu mettre cela sur son impatience que le rendez-vous de son père se termine, mais il avait de fréquents regards par la porte d’où elle était arrivée et l’explication la plus probable était alors qu’il attendait quelqu’un d’autre. Pourtant Alberic ne lui avait rien dis dans ce sens et elle-même commença à s’égarer en conjectures mentales si bien qu’il lui fallut quelques secondes pour retrouver ce dont il parlait lorsqu’un des contremaîtres lui demanda si les chantiers de Fort Felsberg travaillaient en continu ou par période.

Elle n’eut toutefois pas l’occasion de répondre correctement puisque c’est à ce moment que la porte du salon s’ouvrit pour laisser passer tout un groupe de personne dont une qu’Elenor reconnut aussitôt : Anastasia Lokamine, son homologue de l’armée boréale. Enfin il aurait été plus juste de dire qu’elle reconnut l’armure, mais chez elle c’était pratiquement pareil. Théodore alla à leur rencontre pour les accueillir comme il l’avait fait pour Alberic et Elenor, ce qui interrompit momentanément les conversations.
Elenor, elle, réfléchissait à ce que ça voulait dire. Ce n’était certainement pas prévu lorsque Alberic avait organisé cette rencontre sinon il n’aurait pas manqué de lui dire. Un coup d’œil au visage étonné de celui-ci suffit à la convaincre. Cela devait donc dater de peu de temps. Peut-être même très peu de temps puisque si Théodore semblait savoir qu’ils arrivaient, il ne lui avait pas dit. Ce pouvait être le signe qu’il n’était pas tout à fait certain de leur arrivée. D’ailleurs à les regarder, les contremaîtres ne semblaient pas beaucoup moins étonnés il était donc très possible qu’il ne leur avait rien ou pas tout dit.
Si, comme Elenor le supposait, l’annonce de la visite d’Anastasia était arrivée peu de temps auparavant, il y avait tout à parier que la haute-générale des forces boréales s’était elle-même décidé récemment. Certes, elle n’avait souvent qu’un respect tout relatif pour le protocole, mais l’idée de ne pas annoncer sa visite à quelqu’un alors qu’elle savait quand elle allait venir ne lui ressemblait pas dans l’esprit d’Elenor. Alors que débarquer à l’improviste sur un coup de tête lui semblait tout à fait son style. Restait à essayer de deviner quelles pouvaient être les raisons d’un tel choix.

Mais dans l’immédiat et le moment de surprise passé, Elenor emboîta le pas à Alberic qui, en bon diplomate, s’était levé pour salues les nouveaux arrivants et se présenter. Si Elenor n’avait pas besoin de cette seconde étape, elle vint toutefois serrer la main de sa collègue :

« Anastasia, c’est toujours le même plaisir de vous voir. »

Elle n’eut pas le loisir d’échanger beaucoup plus de politesses puisque l’arrivée du maître des lieux attira l’attention de tout le monde. Les contremaîtres saluèrent leur patron, ainsi que Théodore avant de s’en aller. Plusieurs d’entre eux jetèrent des coups d’œil par-dessus leur épaule avant de quitter la pièce, sans doute très intrigués par cette réunion. Elenor se demanda brièvement si les rumeurs qui ne manqueraient probablement pas auraient un impact sur l’agitation sociale d’Hinaus, et si oui dans quel sens. Elle écarta cette pensée pour répondre au patriarche Silverberg.

« C’est moi qui vous remercie de votre généreuse hospitalité. Et les occasions de travailler avec une famille aussi réputée que la vôtre ne sont pas si courantes. »

Une information n’échappa pas à l’esprit affûté de la Haute Générale : Anastasia avait prévenue de sa visite le matin même. Elenor en était presque à s’étonner qu’elle ai pris la peine d’envoyer une lettre. Mais si le Grand Ours s’était déplacé ainsi, il devait y avoir une bonne raison. Cela avait-il un rapport avec les troubles survenus depuis les événements des Trois Sommets ? Peut-être. En tout cas elle n’avait pas eu vent d’autres raisons potentielles.
A moins que ça n’avait à voir avec elle-même ? Anastasia avait-elle pris ombrage d’une quelconque façon de sa présence à Hinaus sans l’en avoir informée ? Depuis leur escapade chez les Cercles il semblait clair à Elenor que sa collègue ne l’appréciait pas après tout.

« Vous savez, vous n’aviez pas besoin de vous précipiter ici pour me voir. Si vous m’aviez envoyé un message, j’aurais trouvé le temps de vous rendre visite. »

C’était un mensonge mais ce n’était pas l’important. L’important c’est qu’elle avait dit la phrase sur un ton qui pouvait laisser penser à une plaisanterie, de sorte à ne pas être insultant, mais qui paraissait suffisamment vrai pour piquer un peu l’égo d’Anastasia et peut-être obtenir une réponse ou une piste quant au pourquoi de sa présence.
Après les politesses, on les invita à passer à la salle à manger. Il s’agissait d’une très longue pièce richement décorée, visiblement prévue pour recevoir rien qu’à la taille de la table qui avait dû n’avoir aucun problème à accueillir les couverts supplémentaires mentionnés par Henri. Le genre d’endroits qui donnait à n’importe quel repas de famille des allures de réunion officielle et Elenor aurait parié que les Silverberg évitaient autant que possible de manger dans un tel endroit.
Tandis qu’ils s’installaient, Henri prenant sa place de patriarche en bout de table, secondé par son fils avec les deux hautes générales et ceux qui les accompagnaient ensuite puis les membres plus secondaire de la famille Silverberg qu’on leur avait brièvement présenté. Théodore parcourut la salle du regard avant de demander à une femme qui semblait à peu près avoir son âge qui était, si Elenor avait bien compris, sa belle-sœur et donc la mère de Camille :

« Camille ne se joindra pas à nous aujourd’hui ? »

Elle n’en était pas certaine mais il lui semblait qu’il y avait un peu d’espoir dans cette question, un espoir mal placé si elle devait en juger par la place vide juste de l’autre côté d’Henri par rapport à Théodore.

Süns
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Profession : Griffon impétueux
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Henri descendit les marches à une allure mesurée, donnant à chaque pas l’ampleur d’un exploit. Ses pommettes osseuses mettaient en valeur les cernes de vieillesse apposées sur ses paupières, tandis que les rides sévères de son visage semblaient porter en leur sein la sagesse des arbres millénaires. Pourtant, il n’avait aucun des traits désolants du vieillard stéréotypé. Sa forme devait faire des envieux lorsqu’on le savait grand-père d’une femme faite comme Camille Silverberg. De toute évidence, son port altier et fier était la source de son apparente bonne santé, aidé par des d’années d’opulence dénuées de véritables obstacles ou d’épreuves éreintantes. Pour finir, Henri Silverberg ne se complaisait guère dans l’excès. C’était un homme défini par l’équilibre et la rationalité.

Aussi, il s’agissait d’un homme à l’intelligence fine et subtile, qui savait jouer les pièces d’un échiquier, mais savait se distancer des jeux de pari. Il savait apprécier un verre en l’hommage d’un succès, mais se refusait à boire sans raison. Il ne connaissait que la gestion de ses indénombrables mines et de ses multiples terres, et il avait fait de son travail son seul passe-temps. Tant et si bien qu’il avait très peu laissé d’autonomie à son fils Théodore, un enfant loin d’être stupide, mais à qui il regrettait de n’avoir jamais laissé l’initiative sur son domaine. Il en avait fait un gendre idéal, mais un horrible successeur.

    « Camille est alitée pour la journée, il semblerait que ses efforts de campagne aient porté leurs fruits, puisqu'Emory Wyverstone a été élu comme nouveau représentant d’Hinaus, mais les médecins préconisent une convalescence afin que le surmenage n’abîme pas sa santé. »


Ah, Camille en revanche, était une toute autre forme d’oiseau ! Une Silverberg comme on n’en faisait plus ! Un chef d’œuvre à choyer, et la préférée de son grand-père, pourtant plusieurs fois béni par l’arrivée d’un petit enfant. Pour cette raison, c’est le patriarche en personne qui s’était chargé d’excuser son absence lorsque sa belle-fille s’en était inquiété. Théodore n’avait su que bêtement hausser les épaules – que pouvait-il bien savoir des faits et des gestes de sa nièce ? Leurs caractères s’opposaient fondamentalement, et les empêchaient de développer quelque intimité que ce soit.

Deux domestiques profitèrent du creux dans la conversation pour présenter les mets à la tablée. La qualité du service était exemplaire en tout point, l’argent scintillait d’une blancheur éclatante et le cristal raffiné des verres leur donnait la consistance fragile d’une feuille. Pourtant, il fallait noter que la maison manquait de personnel. Les plats furent distribués en plusieurs fois par deux domestiques nerveux. Ceci ajouté au fait que personne n’avait été disponible pour recevoir la haute générale Lokamine à l’entrée du manoir, et l’on pouvait très vite tirer des conclusions sur les finances de la maison. La nourriture également semblait plus nutritive que gastronomique, même si le vin était de très bon cru. L’ensemble était parfaitement décent et l’effort honorable, mais à la limite inférieure de ce que l’étiquette garantit. Un peu moins, et le dîner aurait été digne d’une famille bourgeoise à la fortune récemment acquise.

Henri s’éclaircit la gorge, avant de tourner son visage émacié dans la direction de ses invitées de marque, délaissant son assiette à peine entamée. Il avait conscience des remarques presque inquisitrices de la générale Kingston à l’égard de la présence de son homologue, mais il avait tout intérêt à ce que la cause de son arrivée surprise ne se répande pas trop vite – du moins avant que lui-même n’en ait pris connaissance. La visite d’une haute générale constituait soit une très bonne nouvelle, soit une très mauvaise, et dans les deux cas, il ne perdait rien à retarder son ébruitement.

    « A ma connaissance, le hasard est le seul responsable de la superposition de vos visites. Bien entendu, si vous souhaitiez vous entretenir seules, je peux mettre à votre disposition un de mes salons privés. Les conversations politiques et militaires ont la manie de couper l’appétit au reste de ma famille. »


Sa bru confirma son allégation en hochant imperceptiblement la tête tandis que Théodore levait quelque peu les yeux au ciel. A vrai dire, ce n’était pas par égard pour leur nature qu’il voulait les écarter de la conversation, mais plutôt par précaution. Il doutait que la générale Lokamine souhaitât converser en seule à seule avec la générale Kingston, mais il pouvait ainsi leur signifier d’éviter les sujets trop sensibles. Il ne faisait pas assez confiance à sa famille proche pour les mettre à l’heure de sa propre pensée géopolitique. Si les hautes générales souhaitaient en connaître la portée, il espérait qu’elles auraient la décence d’en discuter avec lui en privé. Il doutait pourtant que son autorité seule suffirait à convaincre une personne au sommet de la chaîne du commandement militaire.

    « Par ailleurs, madame Kingston, reprit-il calmement, j’ai eu vent de votre intérêt en la personne de Laura Godolphin. Vous êtes bien entendus invitée à mener l’enquête auprès de mes contremaîtres et au reste du personnel de mon domaine, quoique j’ai eu vent que vous en aviez déjà pris la permission. »


Il prit une bouchée de son assiette, laissant planer volontairement un silence pesant. Sa politesse semblait aussi lacunaire que ses finances, ces temps-ci. A croire que le climat de tension avait eu raison de sa courtoisie autant que de sa richesse. Malgré tout, sa voix semblait plus douce qu’offensive. Elle invitait à s’attarder sur le sujet.

    « Sachez cependant que beaucoup d’entre eux ont pris ombrage de votre position pacifiste lors de son discours au Fort des Trois-Sommets, et il est malheureusement peu probable qu’ils se montrent très coopératifs. Vos subordonnés, je n’en doute pas, vous sont obéissants en tout point. Vous ordonnez, ils exécutent. Mais le peuple, lui, n’a pas cette discipline propre aux militaires. Il cesse d’obéir dès lors que ses émotions le submergent. Peu lui importe l’autorité que nous représentons, et je pense notamment à la vôtre, une haute générale plus que respectée par les citoyens ; Laura leur a insufflé assez d’effroi pour que cette émotion surpasse leur allégeance au gouvernement. »



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Anastasia Lokamine
Anastasia Lokamine
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Cache-cache EmptyJeu 17 Oct - 23:31
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Profession : Haute-générale
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La haute-générale boréale tanguait entre la gène de revoir Elenor dans sa région et la colère de la savoir ici sans qu'elle n'ai eu l'information au préalable, ce fut bien la petite femme qui vint lui serrer la main, plus pour l'étiquette que par réelle volonté d'être agréable. Anastasia retint sa pulsion de lui broyer sa frêle main de sa pogne gantée.

-Épargnez-moi votre politesse hypocrite Elenor.

Comme d’habitude, elle affichait rapidement la couleur de ses sentiments envers sa collègue, il faut dire que depuis leur altercation chez les cercles de l'aube, son ressenti ne s'était pas amélioré. Comme l'avait fait Norwin lors de la conférence, elle jeta un regard aux yeux de la haute-générale, ils ne semblaient pas sous l'influence de la drogue, tant mieux ou dommage ? Elle ne parvenait pas à se décider sur ce qui aurait été le mieux.
Pendant ce temps-là Théodore finissait de saluer la petite délégation d'Anastasia, Sonnie eue droit au même traitement que Celestov, bien qu'elle encaissa  moins bien l'étreinte chaleureuse du gaillard, elle s'en sortit en reprenant sa respiration, la générale de division Pavchenko elle, eu droit à une poignée de main plus sobre, il ne connaissait pas particulièrement Loudmila et il restait bien plus officiel à son encontre.
Et alors que le grand patriarche descendait, Anastasia répondit d'un air solennel mais sobre :

-Tout le plaisir est pour moi monsieur Silverberg.

Puis la haute-générale maritime s'adressa de nouveau envers elle avec l’arrogance qu'elle lui connaissait maintenant, ce qui irrita passablement Anastasia quand Elenor lui sous-entendit qu'elle était venue pour elle précisément.

-Votre venue n'était pas prévue, mais en aucun cas votre présence m'intéresse, vous êtes une gène avec laquelle je vais devoir composer, voilà tout.

Une façon de lui rappeler la place qu'elle avait dans son univers, c'était d'ailleurs assez étrange qu'elles aient à se côtoyer aussi souvent en si peu de temps et à chaque fois avec des raisons si importantes. Anastasia se demandait fortement ce qui avait pu valoir le déplacement d'Elenor en revanche.

On passa ensuite à la table, les deux généraux d'Anastasia se délestèrent de leurs lourds manteaux typiques d'Hinaus, révélant des uniformes impeccables délestés de leurs médailles cependant, jugés bien inutiles pour impressionner les membres de la haute société à ce genre de repas. Sonnie elle, avait révélé un blouson en cuir sous son manteau, avec son écusson personnel bordé dans le dos : une silhouette humanoïde en train de s'affairer à réparer un ours mécanique. La mécanicienne n'avait jamais manqué d'humour, jusque dans ses propres demandes en matière d'uniforme. Anastasia elle, restait totalement armurée comme à son habitude, ce qui ne manqua pas de provoquer la gène et le stress des domestiques, lors de son installation à la table. Une chaise spécialement renforcée avait été prévue pour elle, grâce à la prévenance de leur hôte, mais les serviteurs se relayèrent en se refilant la tâche de demander à Anastasia d'enlever le masque tel une patate chaude, ce fut quand une salade particulièrement garnie fut posée devant elle qu'une femme osa s'approcher pour lui demander :

-Madame, excusez moi, mais votre casque, il...

Anastasia tourna la tête dans sa direction, faisant déglutir la femme.

-Ce n'est pas un problème. Dit-elle d'un air simple.

D'un geste expert, elle déverrouilla un loquet placé sur le côté d'un casque et fit glisser une plaque placé devant sa bouche pour y dévoiler un passage, lui permettant d'y amener de la nourriture sans enlever son couvre-chef. La servante ouvrit légèrement les lèves devant ce spectacle, incongru pour certains, étrange pour d'autres, pourtant cela résolvait efficacement cette situation qu'avait rencontré la haute-générale de trop nombreuses fois. Sonnie avait été celle qui avait résolu le problème et comme à chaque fois, elle souriait en voyant la réaction des gens devant son invention.

D'un geste expert, la générale se servit de ses couverts malgré la gène de ses gantelets pour planter un bout de salade et le faire disparaître par l'entrée du casque, tel un charbon disparaissait dans le four d'un train. L'ouverture du casque était assez petite et ombragée pour n'apercevoir qu'à peine la forme des lèvres d'Anastasia. Les quelques conversations se stoppaient dès qu'Henri prenait la parole, comme si toute la salle était suspendue aux lèvres du patriarche et le groupe d'Anastasia, plus que d'autres il fallait l'avouer.

-Merci pour votre sollicitude Henri, j'aurais effectivement quelques questions à poser à Elenor plus tard. Répondit-elle en fixant cette dernière.

Elle comptait bien lui tirer les vers du nez avant de se lancer à la chasse aux informations avec les Silverberg. Laura Godolphin était importante, mais savoir ce que Kingston lui voulait était aussi important, selon les réponses que lui fournirait la haute-générale, elle pourrait se révélait une gène ou, Anastasia avait du mal à envisager cette possibilité, une alliée. Henri l'invitait à questionner les contremaîtres et les serviteurs du domaine, une façon de la mener en bateau comme une autre, les pions de la société Zechräm devaient être bien ignorants en ce qui concernait les informations précises sur la fugitive. Les paroles d'Henri laissèrent un moment de silence gênant qui fut de nouveau coupé par le patriarche. Une réponse comme une excuse pour le comportement futur des contremaîtres aux possibles questions qui seront posés par Elenor, une opportunité dont Anastasia ne laissa pas passer l'occasion de s’engouffrer dedans pour enfoncer la haute-générale.  

-Ils risquent de se montrer peu coopératifs en effet monsieur Silverberg, je doute que les mettre en face de la personne responsable en partie des grèves généralisés qui ont touché Hinaus ces dernières semaines ne les rendent loquaces. D'ailleurs moi-même je comprends leur effroi, d'après mes sources, ma collègue ne s'est pas vraiment prononcé en leur faveur pour les rassurer.  

Il y eut un nouveau silence que Celestov brisa rapidement avant de provoquer une dispute qui s'avérerait forte regrettable.

-Si je puis me permettre messieurs-dames, notre principal problème en ce moment consiste en la disparition de Laura Godolphin, les divisions de l'armée boréale mettent en œuvre tout leur possible pour la retrouver en premier lieu. J'ai moi-même menée des recherches afin de localiser de potentiels endroits où elle pourrait se cacher. Anastasia savait que Stentor faisait cela autant pour attirer l'attention que pour guetter une réaction de la part d'Henri. Rien que cette semaine, nous avons localisé l'une de ses planques, elle n'y était pas évidemment, mais j'ai laissé une équipe au cas où.

-Comme l'as dit mon général de division. Poursuivit Anastasia. Ce n'est qu'une question de temps avant que nous lui mettions la main dessus, nous contrôlons les points de passages des sorties d'Hinaus, des équipes de chasseurs ratissent la région nuit et jour, en somme l'étau se resserre et nous serons bientôt en mesure de livrer Laura Godolphin à la justice.

Elle aurait bien aimée décrypter les informations qu'envoyèrent les tics de leur hôte à ce moment-là. Mais ce n'était pas la chose dans laquelle elle excellait, elle laisserait Stentor lui faire un compte rendu de ce qui n'allait pas chez Henri, mais d'ici-là... Elle posa ses couverts et s'écarta de la table.

-Si vous voulez bien m'excuser je dois m'entretenir avec ma collègue sur un sujet important.

Elle se leva et passa à côté de Sonnie en plaçant sa main gantée sur son épaule, signe de confiance entre les deux femmes et un indicateur de continuer à jouer leur rôle, elle fit aussi un signe de tête à Stentor, pour lui indiquer de continuer son petit manège dans l'espoir de faire cracher une information à Silverberg le temps qu'elle discute avec Kingston.

-Retrouvez-moi dans la pièce sur la gauche en sortant du salon. Je vous y attendrais. Dit-elle à Elenor sur un ton qui ne laissait guère de place au choix.

Quelques minutes plus tard elle se retrouvait sur le balcon aménagé du salon, en train d'admirer la vallée en contrebas. Elle se souvint qu'une escarmouche avait éclatée contre le culte de landearion quelques années et kilomètres auparavant d'ici. Combien de temps cela faisait-il ? Elle avait l'impression qu'une éternité s'était écoulée depuis cette époque. Elle appréhendait assez la discussion qu'elle allait avoir avec Elenor, elle aussi était là pour Godolphin et elle ne pouvait décemment pas la laisser empiéter sur ses plates bandes par question de fierté et aussi un peu d'animosité, cependant les deux femmes étaient censées être investi de la même mission envers la fugitive, si elles pouvaient mettre leurs ressources en commun, Laura Godolphin serait peut être retrouvée bien plus vite que prévu. Mais Anastasia se doutait qu'Elenor se montre aussi coopérative qu'elle le souhaitait avec son arrogance habituelle et les piques envoyées par la haute-générale boréale qui n'aidaient pas il fallait l'avouer. Un bruit de pas retentit derrière elle et Anastasia referma la fenêtre du balcon pour faire face à Elenor. Elle était surprise qu'elle ai même décider de venir la voir plutôt que de la snober.

-Merci d'avoir interrompu votre repas. Elle ne cherchait pas particulièrement à la brosser dans le sens du poil mais ils leur fallait un terrain d'entente plus ou moins cordial. Nous cherchons toutes les deux la même chose ici Elenor. Alors, je vais mettre mes différents de côté pour le bien commun de la nation. Mes subalternes et moi avons plusieurs raisons de penser qu'Henri Silverberg sait pertinemment où se situe Laura et qu'il possède aussi les moyens de la contacter, alors si vous êtes disposé à m'aider, je veux bien partager ces informations avec vous. Mais uniquement si vous concédez à me dévoiler ce qui vous a menée ici, je suppose que vous n’êtes pas venue ici les mains vides ?

Elenor Kingston
Elenor Kingston
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Profession : Haute Générale commandant des forces navales de Daënastre
Daënar +3 ~ Tyorum (femme)
Bon, Anastasia n’avait pas mordu à l’hameçon, témoignant de son hostilité avec sa franchise habituelle -qui avait au moins le mérite de changer de la politesse venimeuse de certains- et Henri intervint pour leur proposer un salon privé pour discuter. Elle se contenta de le remercier de la proposition sans vraiment l’approuver, n’ayant aucune envie de se retrouver dans un tête-à-tête avec l’Ours de fer. Elle aimait à penser que ce n’était que le peu d’estime qu’elle avait pour ses compétences qui nourrissait son appréhension mais si elle cherchait au fond de son esprit elle se serait rendu compte que la brutalité avec laquelle Anastasia ne se gênait pas pour lui parler, combinée aux rumeurs qui pouvaient courir sur la Haute Générale des armées boréales, lui faisait un peu peur. C’était irrationnel, bien sûr, même si Anastasia la détestait encore dix fois plus qu’elle ne le montrait elle ne serait pas assez idiote pour s’en prendre physiquement à elle. Elle ne devrait pas laisser ce genre de pensée influencer sur ses actions, mais la différence entre la théorie et la pratique était plus fine en théorie qu’en pratique…

Elle nota dans un coin, sans s’y attarder, certains signes involontaires, en tout cas elle le supposait, que renvoyait le repas : nombre de serviteurs limité, qualité de la nourriture peu en accord avec le statut de la famille Silverberg et d’autres menus détails. Elle fut un instant perturbée par le spectacle d’Anastasia en train de manger, spectacle dont elle occupait les premières loges puisqu’assise juste en face d’elle. Elle avait régulièrement côtoyé sa collègue à l’Etat-Major mais elles n’avaient jamais partagé un repas. Elle savait qu’Anastasia ne se défaisait qu’au minimum de son armure mais elle aurait quand même pensé que pour manger, en particulier chez une famille comme les Silverberg elle aurait au moins enlevé les pièces les plus gênantes. Elle se surprit à constater que la réaction qui dominait son esprit n’était pas le mépris envers la façon dont sa collègue traitait l’étiquette mais plutôt une certaine pitié, un peu condescendante, qui la poussait à se demander pour quelles raisons elle pouvait s’infliger d’elle-même un tel inconfort.
Son regard bondit au patriarche Silverberg quand il l’interpella concernant son intérêt pour Laura Godolphin. Soit elle était davantage surveillée qu’elle ne s’y était attendue, ce qui n’aurait pas été si étonnant et même plutôt encourageant quant au fait d’être sur une bonne piste, soit l’hostilité ambiante envers elle avait bien plus érodé sa subtilité habituelle qu’elle ne le pensait. Et si tel était le cas, en rajoutant Anastasia dans l’équation, elle allait vraiment devoir se surveiller.

« Je suis désolée si je vous ai offensé » commença-t-elle en lui adressant un sourire d’excuse : « Je ne cherchais qu’à éclaircir avec vos employés la situation à laquelle certains d’entre eux m’associaient pour pouvoir efficacement poursuivre notre travail. »

C’était un mensonge mais la réaction d’Henri lui indiquerait peut-être à quel point il avait surveillé ses agissements. Il reprit la parole, évoquant son intervention peu appréciée et Anastasia ne perdit pas une seconde pour abonder dans ce sens. Elenor ne se départit pas de son sourire pour autant et intervint à la suite de sa collègue, d’une voix douce qui se voulait compréhensive et compatissante.

« Je ne sais pas si on peut même leur reprocher de ne pas suivre le gouvernement : après tout Laura était leur représentante, un éminent membre du gouvernement. Lorsque la désunion atteint de tels niveaux de politiques, il est difficile de savoir qui mérite réellement d’être suivi. Il est simplement regrettable que le doute de certains s’exprime par des troubles sociaux qui n’arrangent personne sauf peut-être nos ennemis occidentaux et des agitateurs qui se contentent de flatter la population sans rien proposer de concret.
Quant à mon intervention, je ne vais pas développer pour ne pas couper l’appétit de votre famille, comme vous le disiez précédemment, mais j’ai souvent l’impression d’avoir été mal comprise. La faute au contexte mais aussi à moi-même, je me suis connu plus éloquente qu’en cette occasion. »


Voilà qui ne manquerait probablement pas d’intriguer son hôte si celui-ci était un soutien de Laura, ou au moins de faire parler d’elle dans les cercles de pouvoir d’Hinaus d’une autre manière qui, peut-être, lui faciliterait la tâche pour contacter l’exilée politique. Et Anastasia pouvait penser ce qu’elle voulait, elle s’en moquait éperdument. Celle-ci, ainsi qu’un de ses proches conseillers, évoquèrent les moyens qu’ils mettaient en œuvre pour la retrouver et Elenor se força à garder un visage neutre. Elle était tout à fait disposée à les croire lorsqu’ils affirmaient qu’elle ne pourrait pas leur échapper longtemps et elle n’envisageait pas la Haute Générale Lokamine se comporter autrement qu’en bon chien de chasse lorsqu’elle aurait mis la patte sur sa proie. Celle-ci la surprit toutefois en demandant -exigeant était un terme presque plus adapté- à s’entretenir en privé avec elle.
Bien sûr Elenor n’en avait aucune envie, mais refuser aurait été idiot, contre-productif et aurait même sans doute condamné à coup sûr la raison de son voyage : Anastasia était chez elle et elle avait le soutien plein et entier de son armée pour retrouver Laura, il était extrêmement improbable qu’Elenor seule puisse réussir quelque chose avant que l’Ours ne retrouve la fugitive. Au moins en travaillant avec elle avait une chance d’apprendre ce qui l’intéressait. Elle s’excusa donc auprès d’Henri et du reste de la tablé et rejoignit sa collègue.
Elle la trouva sur un balcon, sans doute à profiter de ce que les locaux appelait « l’air vivifiant de la montagne ». Heureusement Anastasia referma la fenêtre en revenant dans le salon, avant de lui expliquer sommairement les raisons de sa présence chez Henri et de lui proposer une alliance. Le cerveau d’Elenor commença à réfléchir à toute vitesse : que pouvait-elle lui dire ?
Certainement pas les vraies raisons qui l’avaient mise sur la trace de Laura, Anastasia était l’une des dernières personnes à qui elle confierait l’existence de ses ‘amis’ civils. L’histoire de la foreuse géante ne prendrait jamais, elle n’était certainement pas assez naïve pour y croire et elle saurait qu’elle lui cachait quelque chose. Il fallait donc une autre raison. Elle exhuma de sa mémoire un rapport du mois dernier de l’amirauté de Lurcir qui faisait état d’une recrudescence de la contrebande sur laquelle enquêtaient les autorités. Ca n’avait probablement rien à voir mais cela ferait l’affaire.

« L’amirauté de Lurcir a mentionné une recrudescence de la contrebande dans des rapports récents et soupçonne du matériel militaire d’en constituer les principales marchandises. Je me suis dit que ce matériel pouvait être destiné aux troubles dans les mines ou à d’éventuelles actions d’éclat de la part de Laura. Après avoir donné des ordres pour renforcer la sécurité et le contrôle des bateaux de transport dans la région, je me suis rappelé qu’il y a quelques années la compagnie Zechräm m’avait demandé de les aider à concevoir un nouveau prototype de foreuse pour l’exploitation minière, j’ai décidé de me servir de cette raison comme prétexte pour venir fouiner un peu moi-même. Et si à l’occasion je peux calmer un peu les gens qui me rendent responsable de tous leurs maux, je m’estimerais très satisfaite. » Une pointe d’égocentrisme qui ne manquerait pas de conforter Anastasia dans ce qu’elle pensait d’elle et donc d’accréditer ses explications.

« Vous disiez donc posséder des indices qui vous ont menés à Henri de Silverberg ? Je ne peux dire que je suis très surprise, sa famille touche tellement à tout. Toutefois si vous aviez des preuves vraiment solides, je doute que vous vous seriez embarrassée de toutes ces simagrées, j’imagine donc qu’il s’agit plutôt de présomptions et que vous comptez lui faire avouer quelque chose, n’est-ce pas ? » Sans laisser le temps à Anastasia de lui donner plus qu’une rapide réponse, elle enchaîna, parlant vite comme les idées lui venaient et faisant les cents pas tout autour de la pièce, contemplant sans les regarder les décorations du salon :
« En l’absence de preuves éclatantes, il va vous falloir vous reposer sur d’autres armes pour ça : la menace ou la promesse. Je pense que vous êtes largement capable de trouver de quoi lui faire peur, vous connaissez mieux la région et sa politique que moi sans doute, mais j’attirerais votre attention sur la relative frugalité du repas auquel nous avons été reçues. Je ne peux m’empêcher de me demander si les finances des Silverberg sont si florissantes qu’à leur habitude et sinon pourquoi ? Est-ce la cause des mouvements sociaux ? Peut-être mais ils ne sont pas si vieux et une telle famille devait avoir des liquidités pour faire face à des imprévus. A moins bien sûr que ces liquidités n’aient été largement saignées par des projets dont nous ignorons la nature. Ou peut-être simplement par l’élection du nouveau représentant dont parlait Henri au début du repas. Vous connaissez cet homme ?
D’ailleurs dans ce climat de suspicion, nous devons envisager l’éventualité que l’absence de Camille ne soit pas aussi innocente que le laissait entendre son grand-père : après tout elle est l’une des plus actives de sa famille dans la politique et si l’un d’eux doit avoir participé à la mise en scène du Fort des Trois Sommets, je mettrais ma main droite à couper qu’il s’agit d’elle. Peut-être pourrions-nous nous assurer que personne ne se faufile par la porte de derrière pendant que Henri nous tient la jambe. Vous avez quelqu’un à qui demander ça ? J’ai bien amené quelques gardes du corps, mais je crains qu’ils ne jurent avec la région. »


Elle s’arrêta enfin de parler et se retourna vers Anastasia tout en sortant une cigarette de son paquet, la tapotant sur le dos de sa main d’ivoire pour tasser le tabac. Elle la mit à ses lèvres et l’alluma avant d’aspirer une bouffée de fumée et de l’expirer lentement dans un petit nuage de la même couleur que ses cheveux. Pour la première fois elle fixa Anastasia de ses yeux à la couleur si intense et, sur un ton étrangement calme et curieux qui paraissait déplacé au vu de la tension qui persistait entre les deux femmes, elle lui demanda :

« Pourquoi est-ce que vous n’aimez pas mon intervention au Trois Sommets ? J’ai l’impression d’avoir dit essentiellement ce que pense le Conseil -ou, au moins, pensait- et vu votre détermination à retrouver Laura j’ai le sentiment que vous calquez votre ligne de conduite sur la leur. »

Elle inspira une nouvelle bouffée de fumée chaude et âcre qui envahit ses poumons et la détendit, l’aidant à garder l’assurance qu’elle cherchait à maintenir face à sa collègue.

Anastasia Lokamine
Anastasia Lokamine
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Cache-cache EmptyDim 10 Nov - 0:31
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Profession : Haute-générale
Daënar +3 ~ Hinaus (femme)
Alors qu'elle écoutait attentivement, quelque chose ne collait pas dans les explications d'Elenor, elle avait bien entendu parler de cette histoire de contrebande, même si les équipements pouvaient arriver dans les mines, c'était d'abord du ressort de l'armée boréale de gérer ce genre de problème. Quant aux deux autres explications, elles semblaient bien trop légères pour justifier la présence d'une personnalité aussi importante à Hinaus, d'autant qu'Anastasia ne la croyait pas du tout quand elle prétendait se soucier de l'avis des citoyens de sa région.

-C'est bien aimable à vous de vous soucier autant de notre région. Mais nous maîtrisons la situation, je vois que vous ne semblez rien avoir d'intéressant pour le moment.

Elle enchaîna en lui parlant de ses propres soupçons concernant sa présence au manoir, et elle mit le doigt pile là où il fallait, Anastasia n'avait effectivement pas de preuves solides, seulement des soupçons et elle était sur la ligne du rasoir, encore plus avec la présence de quelqu'un comme Elenor. Bien sûr elle avait un plan, mais elle n'était pas sûr de vouloir le partager avec elle. Alors qu'elle voulait répondre à ses interrogations, Elenor poursuivit derechef. Ses indications menèrent sur des pistes intéressantes. Il était vrai qu'en ces temps de période trouble à Hinaus, quelques détachements armés avaient été déployés aux alentours des mines les plus sensibles de Zechräm au cas où la présence des milices ne suffiraient plus. Anastasia pouvait affirmer que sans cela, des débordements plus importants auraient éclaté, ce soutien de l'armée était salutaire pour Henri, dans les mois à venir, il risquait de se révéler vital. Une corde sur laquelle jouer pour le pousser à révéler des informations qu'il cacherait en cas de dernier recours.
Quant à cette frugalité du repas, Anastasia pour être déjà venue chez Silverberg auparavant avait été surprise qu'on ne serve pas de meilleurs plats. Elle savait les réserves pécuniaires de la famille assez importante et ils ne s'en privaient jamais pour la déballer devant leurs invités. Qu'ils manquent de meilleurs mets à proposer à leurs convives était assez déroutant. Il y avait ce fameux bracelet, bien qu'un objet aussi avancé puisse coûter cher, il était bien loin de pouvoir couler la fortune de la famille. Acheter plus de matériel pour gérer les révoltes dans les mines ? Ça ne concordait pas non plus. Il y avait quelque chose dont elle commençait à mettre le doigt dessus, mais ça ne venait pas. Un autre sujet, l'élection d'Emory Wyverstone, ce vieillard était bien connu de Stentor, de ce qu'il avait dit à Anastasia, cet homme là n'était qu'un vieillard avec des idées bien arrêtées propre à Hinaus, il était seulement populaire car il ne sortait pas des sentiers battus et savait rassurer le peuple, exactement le genre de personne dont on avait besoin en ce moment. Et la personne qui l'avait aidé à devenir représentant n'était autre que Camille Silverberg. Les choses arrivaient au bon moment visiblement.
Anastasia le savait, Camille avait toujours convoité le poste qu'occupait Laura Godolphin, mais quitte à conspirer au fort des 3 sommets ? Quelque chose clochait, Camille était ambitieuse, mais certainement pas fourbe au point de tenter un assassinat sur la représentante de sa région. À moins que ? Anastasia sentait qu'il y avait un chaînon manquant entre Laura Godolphin, Camille Silverberg et ce fichu bracelet.  
Quand Elenor finit de dire ses dernières paroles, Anastasia se mit à croire son homologue maritime et elle commença à croire que ceux qui étaient en train d'être piégés en ce moment, c'était bien eux et non Henri Silverberg. Et si leur venue ici arrangeait plus la famille qu'elle ne leur posait problème ?

-Je commence à avoir l'impression qu'Henri préfère que les portes restent fermés le plus longtemps possible au contraire.

Elle observa Elenor se servir une cigarette, elle en fut légèrement dégoûtée. Comment cette petite femme pouvait-elle se permettre d'ingurgiter un poison pareil avec sa carrure de guêpe ? Vraiment, elle avait parfois du mal à cerner ceux qui se complaisait dans des vices comme l'alcool ou le tabac. Alors qu'Anastasia avait du mal à mettre de l'ordre dans ses idées. Elenor voulu savoir pourquoi elle n'aimait pas ce qu'elle avait dit au fort des 3 sommets. Ce n'était pas tant ce qu'elle avait dit mais la façon dont elle l'avait dit qui avait gêné Anastasia, mais cela aurait été très compliqué d'expliquer à une étrangère d'Hinaus comme Elenor, malgré tout, elle allait tenter d'expliquer la situation pour qu'elle se fasse une meilleure idée.

-Vous n'êtes pas d'Hinaus Elenor, sinon vous sauriez qu'énerver les mineurs était une bêtise à ne pas commettre, mais laissez-moi mieux vous parler de notre région. Hinaus, ne ressemble aucunement à ce qu'on peut trouver à Daënastre, Vereist peut être mis à part et encore. Ses habitants ont un mode de vie et des coutumes assez uniques. De plus ils ont connus la menace des mages et du terrorisme durant de nombreuses décennies. Si vous connaissez le conflit contre le culte de Landearion, vous voyez de quoi je veux parler. Le fait est que quand Laura Godolphin a parlé d'une guerre contre les my'träns, la plupart des natifs d'Hinaus de cette assemblée n'ont pas vu de conflit à l'étranger, ils y ont vu leur passé. Des attaques que certains d'eux ont pu subir à la mine, sur les chemins entre les villes, ils y ont vu la menace my'trän et ils avaient peur et besoin d'être rassuré, Laura le savait, elle a fortement joué sur cela pour affirmer ses propos. Et vous en tant que représentante de la sécurité à Daënastre, vous ne les avez pas rassurés.

Anastasia marcha autour d'Elenor en serrant le poing, elle ressassait le passé en accusant Elenor des problèmes qu'elle devait maintenant gérer, elle savait que ça ne mènerait à rien et qu'elle cherchait le bouc émissaire parfait pour son échec. Elle l'avait déjà fait chez les cercles, pousser le clou encore plus profondément ici n'avancerait pas plus la situation. Elle se rendit compte que si elle détestait autant Elenor, c'était peux être parce qu'elle aurait bien voulu être à sa place pour gérer la situation elle-même.

-C'est cela que je vous reproche, ça n'a rien à voir avec le conseil, c'est une affaire entre nous et les citoyens d'Hinaus que vous n'avez pas pu rassurer, que je n'ai pas pu rassurer et qui maintenant sont prêts à se révolter. Elle inspira se stoppant et leva la tête. Retrouver Laura Godolphin est important pour moi, autant que pour le conseil. Mais si nos objectifs restent les mêmes, nos raisons ne sont pas...

Si Anastasia ne portait pas de casque Elenor aurait pu voir qu'elle écarquillait les yeux, elle se rua à la fenêtre comme si elle venait d'apercevoir quelque chose au loin.

-Les my'träns.

Naturellement Elenor avait sans doute du mal à comprendre cela. Elle se retourna vers elle.

-C'est Camille qui a introduit les my'träns au fort des 3 sommets.

Ce n'était pas vraiment plus clair et Anastasia allait devoir expliquer beaucoup de choses.

-Camille Silverberg a toujours convoité la place qu'occupait Laura, mais elle n'a pas la maturité ou l'ancienneté suffisante pour faire une candidate sérieuse. En revanche, elle est un bon soutien d'Emory Wyverstone qui lui est un politicien ancien et populaire. Cependant, il est vieux, très vieux, sans doute assez pour qu'il ne voit pas la fin de son mandat. Si Laura Godolphin n'avait pas quitté son poste, il n'aurait certainement pas vécu assez longtemps pour prendre sa place.

La haute générale maritime semblait bien plus intéressée par ses paroles d'un coup.

-J'ai tout de suite trouvé étrange qu'autant de my'träns réussissent à passer pour attaquer l'ex-primo-gouverneur, la protection était importante et la fouille tout autant, ce qui était encore plus étrange, c'est que les bracelets que Laura portait étaient parfaitement adaptés pour régler ce genre de situation. Et il y a quelques temps, nous avons découvert que ces bracelets avaient été fabriqués par la compagnie Zechräm. Elle prit une petite pause pour reprendre son souffle et remettre ses idées en ordre. Laura Godolphin était une représentante du conseil, mais elle n'était pas particulièrement riche. Il faut beaucoup d'argent pour faire introduire des fauteurs de trouble dans une réunion de ce genre, ou plutôt il faut beaucoup d'argent pour faire garder le silence aux gardes qui les y introduisent. Aucun de ceux que nous avons interrogés n'a pu nous fournir d'explications satisfaisante sur la présence de ces my'träns à la réception. Cependant, nous avons découvert leurs identités et d'où ils venaient, c'était tous des anciens employés de la société Zechräm.

Il ne manquait plus qu'une chose, qu'est-ce que Camille gagnait à faire tout ça, la réponse semblait assez simple maintenant qu'elle y pensait.

-Alors Camille aide Laura à provoquer ce qu'elle veut, en contrepartie cela laisse une chaise vacante au conseil, chaise qu'Emory récupère. Permettant à Camille de se former à ses côtés, ce qui la placera très certainement en position favorite quand le vieillard décédera. Elle aura toutes les chances de briguer le poste de primo-gouverneur. C'est de plus l'héritière légitime des parts des Silverberg chez Zechräm. Anastasia frissonna. Même si les Silverberg ne contrôlent techniquement pas tout Zechräm, ils sont largement majoritaires. Si Camille obtient tout ce qu'elle désire, elle sera clairement la personne la plus puissante d'Hinaus et l'une des plus puissantes de Daënastre par la même occasion.

Anastasia espéra un instant qu'elle se trompait. Si Camille avait effectivement réussi un tel coup, elle n'était pas sûre que laisser quelqu'un d'aussi fourbe accéder à autant de pouvoir à Hinaus était une bonne chose. Le pire c'était que techniquement, elle n'avait pas fait de tort à qui que ce soit et qu'elle n'avait fait tuer personne, du moins personne de vraiment important pour Daënastre. Sonnie lui avait déjà dit qu'elle trouvait Camille particulièrement intelligente, elle comprenait mieux pourquoi maintenant.

-Au final, les machinations de Camille Silverberg ne sont que le cadet de nos soucis. Le fait est qu'elle doit certainement épauler Laura dans l'ombre. Je pensais qu'Henri était ma meilleure piste pour trouver Laura, mais cela vient de changer. Mais il doit être un minimum au courant des agissements de sa petite-fille. Inutile de vous cacher ce que je fais ici à présent. Ma générale de division à repérer un colis qui se trouve certainement au manoir des Silverberg en ce moment, ce sont de nouveaux bracelets pour Laura. Actuellement plusieurs options se présentent à nous. Nous pouvons fouiller le bureau de Silverberg ou l'interroger directement sur ce qu'il sait de cette affaire. Cela nous mettra forcément sur la piste de Laura Dans tous les cas j'ai un moyen de pression. Mes soldats l'épaulent pour la sécurité des mines, je peux très bien décréter qu'ils seront plus utiles pour la traque de Godolphin. Vous semblez avoir un esprit vif pour ce genre de choses Elenor, comment devrions-nous procéder ?

À partir de maintenant Anastasia était prête à mettre de côté son ressentiment envers la petite femme, voir même d'enterrer la hache de guerre, elle espérait juste que la petite blonde porterait du crédit à sa théorie. Une part d'elle-même souhaitait se tromper après tout.

Elenor Kingston
Elenor Kingston
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Cache-cache EmptyMar 3 Déc - 19:58
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Profession : Haute Générale commandant des forces navales de Daënastre
Daënar +3 ~ Tyorum (femme)
Alors comme ça Elenor n’avait pas rassuré les mineurs ? Elle avait des souvenirs assez flous de cette soirée, malheureusement, mais les agitateurs qui l’avaient invectivée à la fin de celle-ci ne lui avaient pas donné l’impression de devoir être rassurés. Plutôt de chercher une raison, vaguement justifiable, de laisser éclater leur colère. Certes, elle ignorait alors cette histoire de culte my’trän et cela donnait un nouveau regard à la violence des réactions qu’elle avait involontairement provoqué. Enfin, elle… elle n’était pas non plus la seule visée, il semblait juste que les autres personnalités accusées ce soir-là avaient été petit à petit oubliées, ne restait plus qu’elle comme icône et responsable toute désignée par certains. Etait-ce vraiment à cause de ces mots ? Même elle ne pouvait nier qu’elle avait mal anticipé la réaction de la foule et le sens que l’on prêterait à ses paroles fatiguées. Mais n’était-ce pas un peu, aussi, pour ce qu’elle était ? Ca n’aurait pas été la première fois que les préjugés jouaient contre elle, probablement pas la dernière non plus.

Elenor était en train de distraitement tapoter sa cigarette contre le rebord d’un cendrier quand Anastasia s’emporta soudainement. La générale aux cheveux argentés la suivit du regard intéressée par son raisonnement si soudain, tant qu’elle en oubliait la cigarette qu’elle avait abandonnée à sa combustion solitaire. Ce n’était pas tellement la profondeur du raisonnement qui la fascinait de la sorte, elle n’avait pas trop de mal à le suivre et bien qu’astucieux il n’était pas captivant de subtilité, mais plutôt qu’elle ne s’y attendait pas du tout de la part de sa consœur qu’elle avait toujours vue comme un soldat promu à ce poste pour des raisons qu’elle ignorait mais qui ne disposait pas du bagage technique et intellectuel pour un tel poste.
Elle ne s’était en particulier pas attendue à une telle acuité sur le plan politique. Mais si elle avait raison, c’était un tournant dans toute cette affaire. Camille constituait une nouvelle joueuse particulièrement intéressante, une joueuse que ceux qu’elle représentait auraient grande hâte de rencontrer, elle n’en doutait pas un instant. Et pour l’heure, Camille n’était pas recherchée par le Conseil, elle. Cela ne durerait peut-être pas s’il s’avérait vrai qu’elle avait introduit des my’träns à Roceas malheureusement, mais pour l’heure il ne s’agissait que de supposition.
Elle prit le temps de peser ses paroles lorsqu’Anastasia lui demanda son avis. D’une part parce qu’elle ne pouvait pas s’empêcher de savourer un peu l’instant si rare, mais surtout parce qu’il n’était pas question d’échouer lamentablement à cause d’une parole maladroite, surtout pas dans cette région qui semblait avoir le chic pour transformer ses interventions en débat national. Elle reprit sa cigarette abandonnée et la porta à ses lèvres sans y prêter attention. Elle toussa violemment quand elle entama le filtre et que la fumée acide et chimique lui brûla le palais. Elle écrasa le mégot dans le cendrier avec une moue dégoûté et se redonna une contenance avant de répondre.

« Difficile de savoir exactement quoi faire mais à mon avis, nous ne devons pas perdre de temps. Si vos suppositions sont vraies, le rôle de Laura dans les plans de Camille pourrait toucher à son terme bientôt et une disparition discrète l’arrangera bien plus qu’un procès tapageur qui secouera toute la région ou qu’un retour en héroïne du peuple de la politicienne. »

En tout cas c’était la façon dont elle-même aurait raisonné. Mais il y avait encore trop de choses qu’elle ignorait des plans en cours pour affirmer quelque chose d’aussi gros : on ne se débarrassait pas d’une représentante au conseil, même en disgrâce, sans être sûr de son choix.
Après son sérieux et tendit qu’elle continuait de réfléchir, un petit sourire sans joie plissa le coin de ses lèvres.

« Ceci dit nous avons un avantage inattendu dont nous pouvons jouer : nous ne nous apprécions pas et personne ne l’ignore ici. Ils ne s’attendront donc pas à nous voir œuvrer de concert et nous devons en profiter. » Elle s’assit dans un fauteuil et croisa les mains sous son menton : « Pour les surprendre nous devons jouer nos cartes au bon moment. Dans l’immédiat il vaudrait probablement mieux agir comme ils s’y attendent -sans trop en faire pour ne pas éveiller de soupçons- et pour ça je vous conseillerais de presser un peu Henri Silverberg, c’est probablement ce qu’ils s’attendent de vous. Sans vouloir vous vexer. » Le sourire d’excuse qu’elle lui offrit n’aurait pu être plus faux : « Quant à moi je continuerai de jouer le rôle de celle qui a un intérêt économique dans l’affaire : j’ai quelques contacts dont je peux citer les noms pour inciter Henri à y voir une porte de sortie s’il sent ses affaires trop menacées. Si vos menaces ne donnent pas les réponses que nous cherchons, nous pouvons espérer qu’elles le pousseront à chercher un allié et qu’il s’ouvrira à moi.
« En tout cas il cherchera probablement à contacter sa petite-fille s’il la soutient dans ce projet et ça sera une occasion d’essayer de suivre la piste de façon plus directe. Quant à ses fameux bracelets que vous cherchez… » Elle haussa les épaules : « Ils constituent une preuve trop évidente, si vous les voulez il faudra vraisemblablement s’en emparer sans demander son accord. Butler pourrait peut-être essayer de jeter un œil, si je parviens à lui faire passer le message et que nous accaparons assez l’attention.
Qu’en dites-vous ? »


Anastasia Lokamine
Anastasia Lokamine
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Cache-cache EmptyMer 18 Déc - 22:49
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Profession : Haute-générale
Daënar +3 ~ Hinaus (femme)
Si ses suppositions étaient vraies... En effet le temps de Laura Godolphin était sans doute compté, un témoin ainsi important risquait d’entraîner Camille dans sa chute. L'ancienne gouverneure risquait de chercher à négocier si cela pouvait réduire sa peine. Anastasia nota qu'elle devrait laisser une équipe derrière chaque planque que Stentor débusquerait, Silverberg préparerait sans aucun doute ses propres équipes de tueurs si les choses tournaient mal. Elle nota aussi de préparer une équipe de vétéran pour cette mission.

La haute générale maritime dévoila alors l'esquisse de son plan, il fallait ruser, jouer sur l'avantage qu'il avait à l'instant. Effectivement, tout le monde en bas s'attendait sûrement à ce qu'elles se prennent le bec dans cette salle, et même si c'était plus ou moins le cas, il fallait en profiter. Anastasia devait lancer la suite de ce qu'elle avait prévue et Kingston ne se gêna pas de lui rappeler.

-Ce serait déjà fait si vous n'aviez pas mis votre nez dans les affaires d'Hinaus répondit-elle à sa petite pique d'un geste de la main.


Sa rivale détailla son plan, si elle continuait sur sa lancée, deux camps se formeraient naturellement autour de Lokamine et de Silverberg, le second serait soutenu par Kingston elle-même. La générale devrait faire en sorte que Henri cherche du soutien auprès de sa seule alliée possible. Ce plan pouvait marcher si Anastasia se montrait assez menaçante. Elle pouvait tenter un coup de bluff pour pousser Henri dans ses retranchements, à voir si cela marcherait, mais ce serait l'occasion pour qu'elle dépêche Pavchenko pour chercher les bracelets en même temps que Butler. À deux ils auraient sans doute plus de chance, à condition que l'animosité des deux généraux ne se propagent pas à eux aussi. Mais Anastasia avait confiance en sa générale de division sur ce point-là. Elle-même devrait faire un scandale suffisamment important pour accaparer l'attention de quiconque dans la salle. Anastasia écouta le reste du plan d'Elenor et hocha la tête à la fin.

-Nous ferons selon ce plan, redescendons maintenant, ils ont dû assez médire en supposant les motifs de notre entretien. Elle ouvrit la porte et eut une dernière remarque avant de descendre. Et par pitié arrêtez de vous intoxiquer les poumons avec cette saloperie, j'ai lu une étude selon laquelle la cigarette provoquait un mal incurable aux poumons.

Ô rien n'aurait été plus déshonorant pour l'armée qu'une générale mourant d'un cancer selon le point de vue d'Anastasia, mais peu probable que la haute-générale maritime fasse grand cas de son conseil. Après tout elle ressemblait plus à une machine à vice qu'à une militaire. Elle lui faisait penser à l'image romancée qu'elle se faisait de Loudmila Pavchenko et de son passé trouble de criminelle. Elle s'en fit la promesse, un jour elle questionnerait en profondeur sa subordonné sur son passé. Même si elle abhorrait la criminalité et ses ravages, nul doute qu'une personne aussi importante ayant des relations dans le milieu pouvait se révéler utile pour elle, rien que pour tenir un minimum en laisse les gangs de la région.

Anastasia descendit la première pour rentrer dans la salle à manger, un silence assez gênant avait accueilli son arrivée. Comme par magie le plat principal arrivait en même temps que les deux hautes-générales. Le timing ne pouvait pas être plus parfait pensa-elle, il était effectivement temps de passer au plat de résistance. Évidemment on lui demanda si tout allait bien, elle ne prit pas la peine de répondre et se posa devant son plat. Elle n'avait pas vraiment faim à vrai dire et elle avait bien remarqué que les plats étaient moins richement garnis que d'habitude chez les Silverberg. Elle éluda complètement la question précédente en faisant remarquer quelque chose.

-Vos finances ne semblent pas se porter au meilleur de leur forme Henri. Elle avait levé la tête de son plan pour confronter le regard de son hôte. Il faut dire que ces grèves continuent d'agiter vos mines, vous devez avoir fort à gérer avec toute cette agitation. N'hésitez pas à demander l'aide de l'armée si la situation devient intenable. Nous veillerons toujours à préserver l'avenir de la nation.

Elle lança un regard à Elenor, qui murmurait quelque chose à Butler, l'heure était venue d’accélérer un peu le mouvement. Elle-même tourna sa tête vers Loudmila pour lui comprendre que le temps de se mettre en action ne tarderait pas, puis elle reporta son attention vers son hôte.

-En parlant de préserver l'avenir de la nation. Nous vivons des temps troublés Henri, en plus de la menace my'trän je me suis aperçu que mes alliés n'étaient sans doute pas aussi honnêtes qu'ils souhaitaient me le faire croire. En particulier ceux qui soutiennent Laura Godolphin.  

Cette fois tout le monde stoppa son dîner en entendant cette accusation à peine voilée. L'ambiance qui n'était déjà pas bien festive, devint glaciale comme l'une des plus terribles nuits d'Hinaus.

-Il y a peu de temps, mes hommes ont contrôlé un coffret marqué des initiales « L.G » le même coffret qui avait été contrôlé à la soirée du fort des 3 sommets. Ces objets venaient à chaque fois de votre compagnie, j'ai donc fait ce qu'il fallait. En ce moment, l'armée stoppe tous les transports de marchandises de la région et rien ne circulera, ni n'en sortira sans mon accord. Je pense même que vous êtes personnellement lié à la disparition de l'ex-gouverneure. Qu'avez-vous à répondre à cela ?

Elle espérait vraiment que la crainte de savoir sa compagnie paralysée le pousserait à commettre une erreur, sans quoi sa seule carte à jouer résiderait dans Loudmila, qui s'éclipsait justement discrètement.

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