Piège de glace

18 octobre 934

Quartier général des Forces Célestes à Unellia, cinq heures du matin.

Je dors, c’est une sensation agréable de dormir, je suis bien, détaché de mes problèmes, du reste du monde, en plus je fais un rêve très agréable où je suis en train de voler, pas sur mon aéronef ou sur mon griffon, mais librement, sans aile, je vole, accélérant ou ralentissant par la seule force de mon esprit.

J’étais au moment où je survolais les montagnes, faisant un signe de la main aux dragons qui peuplaient les cimes quand un bruit étrange essaye de me sortir de mon songe. Je ne bouge pas et continue à voler, mais le bruit se répète, encore plus fort et finalement, je m’écrase au sol. A la place de sentir de la douleur, j’ouvre les yeux pendant que pour la troisième fois, on frappe à la porte. J’hésite une seconde à ne pas ouvrir, rester au chaud, au lit, et à faire la personne qui n’est pas là, mais ma porte s’ouvre d’un coup et la lumière arrive à flot dans la pièce.

Je suis un moment ébloui et alors que j’essaye de me lever, l’esprit encore embrumé par le sommeil, je fais un faux mouvement, ce qui me fais chuter lourdement sur le plancher de ma chambre. J’ai mal aux fesses, mais cela me permet de me réveiller complètement et je me remets péniblement debout, pour demander :

Qu’est-ce qu’il se passe ? La guerre est déclarée ?

C’est en effet ma préoccupation première, je devrais même dire la préoccupation de tout le monde ici, celle qui nous fais faire des cauchemars et qui est présente dans toutes les discussions, le conflit entre notre continent et les My’trans. Mais j’ai vite ma réponse par le soldat qui m’indique d’une voix pressée :

Ce n’est pas le cas, mais le général veut vous voir dans vingt minutes. Les membres de votre équipage doivent également être prêt, je vais les prévenir de préparer votre navire.

Je fais donc une rapide toilette et je m’habille, ma tenue d’officier noire toujours impeccable avec les boutons en argent, complété par ma casquette réglementaire et mes bottes que j’ai heureusement ciré la veille au soir. Je me dépêche vers le bureau du commandant de la base et j’arrive pile à l’heure devant sa porte, je frappe quelques coups discrets et je suis immédiatement invité à rentrer. Mon supérieur hiérarchique, contrairement à son habitude, n’est pas assis derrière son bureau, mais il est penché sur la grande table de réunion où est posé une immense carte, représentant une partie de la région montagneuse d’Unellia.

Dès que j’entre, il me fait signe de m’approcher, et tout en mâchonnant son cigare, m’explique la raison de ma venue précipitée :

Capitaine, un de nos convois transportant des vivres à l’intention d’une de nos garnisons c’est fait attaquer il y a quelques heures. Nous avons de nombreux blessés à déplorer, mais heureusement pas de morts, du moins pour le moment, car ils ont emmené huit otages avec eux, tous des militaires. Ce sont des mages My’trans, refusant de porter le dispositif anti-magie obligatoire, qui ont fais le coup et ils se sont repliés vers une sorte d’ancien monastère avant de tout faire ébouler derrière eux.

Il me regarde pour être sûr que j’ai bien compris la situation avant de continuer :

Dégager le col risque de nous prendre plusieurs jours et nous ne pouvons pas laisser les nôtres aussi longtemps entre leurs mains. Je vous demande donc de mettre en place une opération de récupération et si vous le pouvez, de mettre hors d’état de nuire de ce groupe.

On me demande là de faire l’impossible, comment attaquer un endroit sans doute fortifié sans donner l’alerte ? Je ne doute pas d’avoir, avec mes dizaines de canons, la puissance de feu nécessaire pour rayer l’endroit de la carte, mais les otages doivent être secourus avant, c’est pourquoi, je demande à l’homme qui m’a convoqué :

Mon général, J’aurais besoin de support sur ce coup-là, des troupes de montagnes qui savent faire preuve de discrétion me sont indispensables, le mieux serait un snipeur avec son binôme qui nous aiderais à rentrer à l’intérieur sans être détecté.

Je vois mon commandant hocher la tête et après être retourné à son bureau et fouillé dans ses fichiers, il m’indique :

J’ai le soldat de Première Classe Arckange et son observateur le soldat Hawkeye qui sont présents dans cette base et qui attendent le transport vers leur unité. Je vais leur ordonner en tant que responsable de cette base de vous rejoindre directement sur votre navire, je m’arrangerai ensuite avec leur chef. Vous pouvez prendre cette carte, c’est la plus précise que nous ayons, je vous souhaite bonne chasse.

Je lui réponds en saluant :

Je vous remercie mon Général.

Après avoir pris le précieux document, je quitte la pièce et je me dirige vers le quai où est amarré L’Entreprise, mon bric de guerre. Je peux y voir de nombreux membres d’équipages qui le charge de toutes les fournitures nécessaires à notre mission, et je monte à bord pour faire mes propres tâches, demandant au soldat de garde à la passerelle de me faire prévenir dès que deux soldats de l’armée boréales seront arrivés. J’espère que ces derniers ne tarderont pas, car nous serons bientôt prêts à prendre notre envol et que chaque minutes de perdues peut signifier la mort d’un des otages.

Assise sur le rebord de la fenêtre, j'observais les premières lueurs du jour apparaître. L'entretien de mon arme terminée, il ne m'était pas nécessaire de me rendormir. Notre vol retour à notre régiment décollais dans quelques heures. On rentrais à la maison. J'allais reprendre mes entraînements avec Kate.

Kate... Elle dors encore à poing fermés dans sont lit, sa respiration à peine audible. L'explosion d'une grenade Tech ne suffirait pas à la tirer du monde des rêves. Posant ma tête dans le creux de ma main, je continue de l'observer, un petit sourire au lèvres.

Une frappe à la porte m'extirpe de mes songes. Une jeune officière m'attendais:

- Vôtre binôme et vous-même êtes attendus dans le bureau du Général."

Elle tourna les talons et repartit dans le couloir.

- On dirait bien qu'on rentre pas tout de suite.

Ce n'était pas étonnant, avec le climat de tensions qui régnait ces derniers temps Entre une tentative de paix échouée et une quasi déclaration de guerre de la représentante d'Hinaus, ce n'était au final qu'une question de temps avant que les choses ne dégénère.

Je tourne ma tête en direction de mon amie:

- Il s'agit maintenant de la réveiller..."

Je décide simplement de retirer la couverture avant de me diriger vers l'armoire. Un marmonnement derrière moi m'indique que Kate se réveillait doucement.

- Dépêche-toi, on est attendus."

Comprenant le mot 'café', je souris en sortant ma tenue de terrain boréale. Si on doit partir en mission, pas le temps pour une tenue propre.

Mon arme derrière mon épaule et une observatrice mal réveillée sur mes talons, je me dirigea vers le poste de commandement de cette base. Arrivée devant la porte, je frappe en attendant une réponse. Un "Entrez" se fait entendre.

Le général nous attendait assis derrière son bureau, les mains jointe devant lui.

- Premières Classe Arckange et Hawkeye au rapport, Monsieur".

Notre supérieur nous fit signe d'approcher.

- Soldats, je me doute que vous souhaitiez rentrer chez vous, mais une situation fait appel à vos compétences. En effet, suite au récentes tensions entre notre peuple et celui des My'Trans, des mages refusant de porter leur bracelet ont attaqué un convoi de ravitaillement. Nous ne comptons que des blessés légers, mais également quelques otages.

Il marque une pause avant de poursuivre:

- Le capitaine de l'Entreprise vous attends à bord de son vaisseau. Il vous donnera plus d'explications sur la localisation une fois que vous l'aurez rejoint. Vous pouvez disposer."

Je le salue avant de sortir.

Arrivée sur le Quai, nous somme arrêtées par un garde au pied d'une passerelle, nous demandant d'attendre sur le pont l'arrivée du capitaine.

Je suis dans la salle de briefing, une des nouveautés que j'ai fait installer, cette petite pièce est complètement insonorisée, équipé de seulement une table et de quatre chaises, un pan de mur est occupé par une immense carte de Daënastre, avec l'emplacement des principales villes ainsi que des courants aériens. Le deuxième pan est occupé par une vision détaillée d'un bric marchand, le dernier pan habituellement vide contient la carte que m’a donné le commandant de la base.

Avec moi se trouve Perceval Gallick le chef des commandos, c'est une véritable force de la nature haut de deux mètres. Une légende indique qu'il a un jour tué un homme en pressant son crâne comme un citron. De plus il est entièrement chauve ce qui ajoute à son physique inquiétant et porte en permanence son fusil Mark Vulcain dans le dos. Une balafre causée par un Shimegh lors d'une opération de sauvetage est visible sur son torse lorsqu'il ne porte pas son uniforme réglementaire.

J’étais en train d’examiner en détail la carte, quand on frappe à la porte, j’ouvre alors et je vois la mousse Jasmine Marschall, plutôt bien faite de sa personne, sa grande fierté ce sont ses magnifiques cheveux longs, et elle s'amuse à changer souvent sa façon de les coiffer pour les mettre en valeur. Grande et mince, elle a en plus tendance à se muscler depuis qu'elle a intégrée l'équipage de l'Entreprise. Ses grands yeux marrons détaillent avec beaucoup de curiosité le monde qui l'entoure. Elle est devenue très amis avec Florence et Ramona, une autre mousse et une matelot à bord de l'Entreprise.

Cette dernière m’indique d’une voix neutre, comme à son habitude :

Les deux soldats que vous attendiez sont à la passerelle.

Je hoche la tête et lui demande :

Très bien, indiquez au second, Michael Lars de décoller immédiatement, en direction des coordonnées que je lui ai donné. Puis faites entrer nos invités.

Jasmine salut de manière très réglementaire et va chercher les deux militaires, qui attendent sur le pont, si elle semble surprise par le très jeunes âges du duo de tireur d’élite, la demoiselle ayant vingt ans, elle se ressaisit très vite, et leur fais un grand sourire avant de leur dire :

De la part du capitaine Fabius Solar, je vous souhaite la bienvenue sur l’Entreprise, comme vous pouvez le constater, il s’agit d’un brick qui malgré le fais qu'il n'est plus de première jeunesse, a toujours fière allure avec sa gigantesque enveloppe remplis de gaz, qui fais cent vingt mètres de long, quarante-deux mètres de haut pour un diamètre de trente mètres. Les six hélices latérales et une hélice de poupe lui assure une vitesse de croisière de quarante-cinq kilomètres par heure, pouvant monter à soixante kilomètres par heure si besoin mais que sur une courte période. La longueur du bateau en lui-même fais 56 mètres de long, ce qui est suffisant pour loger les 130 membres d'équipage et les 20 membres du commando d'abordage. Il abrite également 98 canons, et 24 lance-harpons.

Tout en disant ces nombreuses caractéristiques, le navire commence à se monter dans les cieux, tandis qu’un véritable vacarme venant de la salle des machines se fait entendre, ce qui fais sourire la matelot, qui se sent obliger de préciser :

Ne vous inquiéter, ce bruit est tout à fais normal et nous accompagnera tout le long du voyage.

Puis sur un ton légèrement plus bas, de manière à être seulement entendus des deux jeunes femmes :

Ne vous laissez pas impressionner par le capitaine, il semble être très service comme cela, mais c’est un bon gars dans le fond.

Finalement, elle frappe à la porte et ouvre après reçu l’accord. Je me retourne alors et dit aux deux soldats de l’armée boréale :

Je vous en prie, entrez et fermer la porte. Vous avez dû être briefer par le commandant, avez-vous des questions sur la mission ?

Je n’ajoute rien de plus, car j’avoue avoir été un peu surpris par la jeunesse de mes interlocutrices et j’attends de voir, par leurs paroles, si ce sont de véritables professionnelles.

Alors que nous attendons sur le pont, une jeune femme vient nous accueillir, affichant un grand sourire:

- De la part du capitaine Fabius Solar, je vous souhaite la bienvenue sur l’Entreprise. "

La jeune demoiselle se mit à expliquer plus en détails les caractéristique du navire volant. Ce dernier commençait à trembler et à s'élever doucement vers les nuages. Un ronronnement sourd se faisait entendre, venant probablement des moteurs.

Kate dévisageait tour à tour la jeune femme et le navire en question sur lequel nous étions. 150 personnes à bord, en plus de 122 armement? Ce n'est plus un brick mais une véritable forteresse volante.

Une fois ses explications terminées, elle nous dirige vers la cabine du capitaine, où nous somme invitées à entrer:

- Je vous en prie, entrez et fermer la porte.

Kate Fermait la porte derrière nous alors que je prenais en compte les différents éléments et personnes présentes. Une carte géante de Daënastre couvrait un mur, un plan détaillé d'un vaisseau le second. Devant le troisième se situait un demi-géant restant les bras croisés à côté d'une carte d'Hinaus, devant laquelle se tient un jeune homme plutôt pas mal. Il se retourne afin de nous demander:

Vous avez dû être briefer par le commandant, avez-vous des questions sur la mission ?

Il ne doit pas être beaucoup plus vieux que nous est la première chose qui me vient à l'esprit. Je nous présente tour à tour:

- Je suis la première Classe Feliwen Arckange, et voici mon observatrice Kate Hawkeye. Le commandant nous a indiqué qu'une mission se présentait et que nous pourrions être utiles.

- Nous savons juste qu'un convoi a été pris en embuscade et qu'ils ont fait des otages. Les auteurs seraient des My'Trans refusant de porter leurs bracelets anti-magie."

Regardant la carte, je demande:

- En quoi avez-vous besoin de nous?

Les deux femmes ont reçu l’essentiel des informations, mais il reste encore des informations que je peux leur fournir, mais avant je dois leur présenter l’autre personne présente dans cette pièce ainsi que moi-même, je commence donc par m’excuser :

J’ai oublié de me présenter dans les règles, comme vous l’avez deviné, je suis Fabius Solar, commandant de cet aéronef et voici Perceval Gallick le chef des commandos, qui sera également présent sur cette mission avec la totalité des troupes d’abordage, soit vingt soldats bien entrainés.

Je leur montre sur la carte, différents points :

Nous sommes ici, la route que nous comptons prendre est celle-ci, pour rejoindre notre objectif qui nous le pensons, est établis là. Comme vous le voyez, nous faisons un large détour pour arriver en direction du nord, du côté opposé à l’ouverture de la vallée où doit être disposé leur principale ligne de défense. J’espère ainsi les prendre par surprise.

Je les regarde ensuite l’une après l’autre pour bien leur faire comprendre que c’est là que j’ai besoin d’elles, avant de reprendre mon briefing :

Malheureusement mes troupes et moi-même sommes assez peu habitué à ce terrain, même si nous disposons des vêtements adéquats, nous avons besoin de vous une fois débarquer pour nous guider, nous couvrir pendant que nous libérons les huit otages et enfin protéger notre fuite. Je sais que c’est une lourde responsabilité mais si vous faites partie des forces boréales, c’est que vous avez les compétences requises.

Je jette un coup d’œil sur l’épaulière de fer de son unité, cette dernière étant la preuve que je peux mettre ma vie et celle de mes hommes entre leurs mains et je conclus :

Nous arriverons dans une heure et trente-six minutes si les vents se maintiennent, d’ici là, vous pouvez me poser toutes les questions que vous voulez, vous avez également accès à l’armurerie et l’officier Gallick est à votre disposition si vous avez besoin d’autre matériel.

Voilà, je crois que j’ai tout dit, je n’ai plus qu’à écouter les différentes questions de mon interlocutrice. J'ai peut-être été un peu sec dans ma manière de parler, mais la situation des otages me préoccupe et j'ai peu d'espoir de tous les récupérer vivants, ce qui me rend renfermé par rapport à d'habitude.

Paisiblement entrain de dormir. Ma jambe pend mollement hors de la couverture et mon bras droit maintien sa tête sous l’oreiller. Sur le bureau se trouve Boki qui est confortablement installé dans mon béret qui lui sert de nid.

Tout allait bien jusqu’au moment où Féliwen enleva ma couverture afin de me réveiller.

- Mmmhh quoi ? Café ? 

Le réveille est rarement délicat avec Féli pffff.

Assis sur ce qui me sert de lit, je m’étire et chope mon béret avant de sortir derrière Féli. Apparemment nous avons été convoqués, surement par le général pour une nouvelle mission.

- Dépêches-toi, on est attendus.

- Oui c’est bon j’arrive laisse-moi un peu me réveiller.

Arrivée devant la porte, Féli toqua et une réponse immédiate se fait entendre qui nous dit d’entrer. Boki nous rattrape et se pose sur ma tête comme à l’accoutumée.

Le général nous attendait assis derrière son bureau, les mains jointent devant lui.

- Premières Classe Arckange et Hawkeye au rapport mon Général.

- Soldats, je me doute que vous souhaitiez rentrer chez vous, mais une situation fait appel à vos compétences. En effet, suite aux récentes tensions entre notre peuple et celui des My'Trans, des mages refusant de porter leur bracelet ont attaqué un convoi de ravitaillement. Nous ne comptons que des blessés légers, mais également quelques otages.

Il marque une pause avant de poursuivre :

- Le capitaine de l'Entreprise vous attend à bord de son vaisseau. Il vous donnera plus d'explications sur la localisation une fois que vous l'aurez rejoint. Vous pouvez disposer."

- Bien reçu mon Général.


Au bord du quai du vaisseau L’Entreprise, une jeune femme nous fait monter à bord. Le salut est réglementaire mais l’on sent chez elle une joie à servir sur ce vaisseau. Je suis assez stupéfait par l’immensité d’un tel vaisseau et cela me laisse sans voix.
La jeune femme nous explique plein de chose sur le vaisseau, enfin je crois car j’ai surtout entendu beaucoup trop de chiffres et j’ai machinalement hoché la tête en essayant de ne pas paraître trop perdu dans ce qu’elle me dit. Féliwen, par contre, l’écouta jusqu’à la fin sans broncher, captivée par son interlocutrice mais surtout par le nombre d’armement embarqué.

Après cela, nous la suivons jusque dans le bureau du capitaine de l’Entreprise.

- Je vous en prie, entrez et fermer la porte.

Je m’exécute et ferma la porte derrière moi avant de rejoindre joyeusement mon ami pour saluer ensemble l’officier d’un claquement de talons.

- Mes respects mon Capitaine.

- Mes respects mon Capitaine.

Une carte géante de Daënastre couvre un mur et un plan détaillé d'un vaisseau celui d’en face. Devant le troisième mur se trouve un demi-géant, bras croisés à côté d'une carte d'Hinaus.

Il me fait un peu peur avec son crâne rasé, il est énorme, on dirait un ours.

- Je suis la première Classe Feliwen Arckange, et voici mon observatrice Kate Hawkeye. Le commandant nous a indiqué qu'une mission se présentait et que nous pourrions être utiles.

Nous nous approchons de la carte sur la table centrale afin de suivre les indications du capitaine. Il nous explique son plan d’attaque et nous demande si nous avons des questions. J’analyse le relief et je pointe mon doigt sur un endroit précis. Mon sourire s’efface afin de montrer mon sérieux.

- Je constate ici la présence d’une petite ouverture entre ces deux flancs de montagne. Ce n’est peut-être pas praticable mais nous pouvons prendre de l’avance et éclairer ce point afin de voir si le commando peut passer. Cela pourrait nous permettre de gagner du temps pour le sauvetage.

-  Une fois sorties, nous pourrons nous placer ici pour avoir un bon angle de tir. Si la hauteur nous le permet, nous pourrons tirer sur une bonne partie de la ligne de défense afin de semer pagaille et permettre aux commandos de s’infiltrer.

Le capitaine se tient le menton et m’écoute avec attention.

- A partir de ce moment, nous pouvons nous redéployer pour gagner ce plateau et ainsi obtenir une vue sur le reste de la ligne de défense que nous n’avions pas avant. Malheureusement nous ne pourrons appuyer les commandos dans l’enceinte de la forteresse.

Fabius prit en compte mes remarques mais semble quand même hésitant. Pas facile quand les vies de huit personnes sont en jeu mais le terrain n’est pas des plus favorables malgré nos compétences à moi et Féli.

Le capitaine se présente avant d'en faire de même pour son équipage. Puis viens l'étape des explications: une attaque par le nord, effectivement peu gardée en raison de la présence de flanc de montagne, peut être efficace. Si tant est que les My'trans ne pense pas à la même, ce qui reste une variable inconnue. Une autre est le nombre total ou approximatif des troupes adverse: le général nous a annoncés un groupe de rebelles, qui peuvent venir de n'importe où. De nôtre côté, on compte une vingtaine de commandos aguerris, mais peu habituée au terrain accidenté accompagné de deux jeunes soldates locales.

Et un vaisseau de guerre...

Son idée est loin d'être folle, mais n'exploite pas forcément les ressources à disposition.

Kate a vu complètement différemment du Capitaine. Un déploiement au sud pour nous, une diversion de notre part sur les défenses pour un contournement par les forces commandos. C'est assez risqué et simple, mais cela nous permets de prendre un certain avantage du terrain. Je propose donc une sorte de fusion des deux:

- En partant du principe que le force de défense sont bien stationnées au sud, ce qui suivrait la logique de défendre le seul point d'accès terrestre, une diversion est plutôt une bonne option. Nous n'avons malheureusement pas assez de temps concernant les otages pour tout contourner en volant puis nous déployer.

Traçant de mon index un arc de cercle dans la vallée, je poursuis:

- Ce chemin nous permettrait de prendre une bonne position, ouvrant également des possibilités d'éclairage. Vos troupes devraient pouvoir accéder au château sans trop de difficultés, en restant un minimum à couvert de la végétation.

Je me relève en direction du chef:

- La suite en reviens à vous et vos hommes. Nous ne pourrons pas vous appuyer tant que vous serez à l'intérieur et empêcher d'autres ennemis potentiel de vous atteindre.

Retournant en direction de la carte, je pointe au nord du château:

- Je propose que l'extraction se fasse ici. Le bâtiment pourra couvrir votre vaisseau des rebelles restants - si il y en a - et une évacuation des otages blessés par la vallée ne sera pas faisable.

Une fois ma proposition achevée, je patiente que tout le puisse comprendre et éventuellement proposer autre chose.

Je réfléchis intensément aux propositions des deux femmes et je sors d’une malle située non loin différentes figurines que j’ai fait faire spécialement dans ce but. La première représente mon bric de guerre, l’Entreprise que je mets à l’endroit où Feliween veut débarquer avec sa coéquipière et je précise :

Si j’ai bien compris, la première phase de l’opération sera votre débarquement ici, nous pouvons vous faire descendre rapidement à l’aide de corde.

Joignant le geste à la parole, je place deux figurines de soldats à l’emplacement indiqué et je reprends la figurine de l’aéronef, pour la placer à l’endroit du débarquement des commandos d’abordage avec moi à leur tête, lieu indiquée par le duo de tireur d’élite. J’y dépose vingt figurines de militaire plus une figurine me représentant, que j’ai fais faire sur mesure. Je les pousse ensuite selon l’itinéraire indiqué par Catherine jusqu’à la forteresse, puis les fais repartie, en ayant ajouté huit modèles représentant des civils pour les faire tous suivre selon l’itinéraire de replis suggéré. Pour expliquer mes gestes, je leur dis en même temps :

La deuxième phase est l’envoi des commandos sur notre objectif, la libération et l’évacuation. N’ayant pas de figurine de militaire désarmé, j’ai donc mis ce que j’avais à la place.

Je reprends une dernière fois la figurine du vaisseau volant pour le placer sur le point d’extraction avec toutes les autres figurines sur la carte, puis je conclus :

La troisième et dernière phase sera notre évacuation à tous. Le bâtiment se posera car je ne suis pas sûr que les personnes que nous allons secourir supporteront l’opération d’embarquement à l’aide de corde.

Je m’arrête quelques minutes le temps que chacun et chacune puisse donner son avis, et je modifie le plan en conséquence avant de continuer :

La phase la plus dangereuse sera pour vous, l’équipe de tireur d’élite, car une fois que vous nous soutiendrez, vous risquez d’être une cible par tous les My’trand de la vallée. Je vais vous donner différents types de fusée éclairante, à utiliser selon le code standard de l’armée.

Je ne fais pas l’affront à mes deux interlocutrices de leur rappeler que la rouge signifie un grand danger et une demande de soutient immédiat, que l’orange indique qu’ils sont repérés et que la verte nous informe que l’opération est terminée et qu’ils sont prêt à être ramené. J’ai devant moi deux professionnelles d’un des corps les plus exigeant et difficile de notre armée, et elles doivent être rompus à toutes les techniques de survie pour avoir réussis à intégrer cette force d’élite. Je continu donc, après avoir consulté ma montre à gousset :

Nous serons sur place dans trois heures et dix minutes, si d’ici là, vous avez besoin de quoi que ce soit, vous pouvez venir me voir. Mes troupes vont également se préparer, si vous avez des conseils à nous donner concernant le déplacement sur ce terrain, vous pourrez le faire dans deux heures. Avez-vous d’autres questions ?

Je pense avoir tout dit, mais il peut toujours avoir des dernières remarques. Nous nous apprêtons à affronter un ennemi dangereux, sans connaître leur nombre, pour sauver des otages, dont nous ignorons l’emplacement exact. Certains pourraient dire que nous courrons droit vers l’échec, mais nous sommes entrainés et équipés pour ce genre de mission, une mission impossible.

Après avoir fait part de mon point de vue sur la carte tactique du capitaine, Féliwen me rejoignit sur mon idée et précisa certains points stratégiques notamment sur les limites de notre soutien à partir du moment où les commandos réussiront à infiltrer la base.

Le capitaine se retourna et se dirigea vers une malle pour en sortir des figurines. Il sortit une vingtaine de militaires, un aéronef et une figurine le représentant. C’est assez particulier, voir un peu égocentrique d’avoir sa propre figurine sur une carte tactique.
Joignant son geste à la parole, il nous résume le plan avec les propositions que Féli et moi lui avons faites histoire que tout le monde comprennent bien quel est le rôle de chacun. Pour finir, le capitaine nous indique que la mission commencera à h-3 et dix minutes.

- Je n’ai pas d’autres questions mon capitaine. Nous allons également nous préparer et nous pourrons donner quelques conseils à l’ensemble des troupes avant de débarquer. 

Je regarde ma montre afin de réfléchir au temps que nous avons pour nous équiper.

- Si nous avons fini, nous allons disposer Arckange et moi afin de commencer à étudier les derniers détails avant le grand saut. 

Je me remis au garde à vous afin de saluer le capitaine Fabius et le chef des commandos avant de faire demi-tour en direction de notre chambre.

C’est une mission périlleuse qui nous attend. Je dois rester forte mais je ne suis pas aussi expérimenté que le capitaine ou les commandos. Heureusement je ne suis pas seule et je peux compter sur Féli et mon petit Boki.
« Courage, des vies innocentes sont en jeu et ce n’est pas le moment de faiblir ».

Boki pendant ce temps-là, était perché sur la carte géante de DAENASTRE. Me voyant quitter la pièce, il descendit en planant et atterris sur mon épaule.

Dans le couloir, je fais part de mes doutes à Féliwen :

- C’est risqué comme mission. Ce qui m’embête le plus c’est le moment où ils seront dans la base. Nous ne pourrons les soutenir. 

Effaçant mon aire sérieuse, je repris un sourire qui m’est si coutumier et mit mon bras autour des épaules de Féliwen. Mon poing en l’air plein d’enthousiasme je motivai ma copine :

- Enfin bon restons positif, nous allons réussir et nous punirons ces vilains pour avoir osé prendre en otages des innocents. Mouhahahaha. 

Je poussai un rire exagéré comme si tout était déjà gagné d’avance.

Voilà une réunion de pré-combat rondement menée! Je ne suis pas très fan de notre plan, mais avec des soldats inexpérimentés en terrain extrême, difficile de faire mieux. Ils restent néanmoins plus aguerris que nous.

Nous quittons la pièce toute deux en nous dirigeants vers une chambre qui nous a été attribuée. Kate reste enjouée malgré la difficulté de cette mission:

- Enfin bon restons positif, nous allons réussir et nous punirons ces vilains pour avoir osé prendre en otages des innocents. Mouhahahaha.

- Huit d'entre eux au total. Tous militaires, selon le Capitaine et le Commandant. Que de simples civils rebellés My'trans accomplissent une telle prouesse est assez exagérée, ce qui laisse deux solutions: ou ce sont pas des civils, ou ils sont en grand nombre.

Arrivées devant notre cabine, j'ouvre la porte pour découvrir deux lits superposés, accompagnés d'une table et d'une chaise. J'entre en posant la crosse de mon arme au sol, le canon appuyé contre le bord du lit.

De mémoire, je retrace un croquis du plan sur une feuille vierge. Ce n'est pas du grand art, mais ça fera l'affaire:

- OK! Donc on débarque ici dans un peu plus de 3 heures. On se place ici pour de l'éclairage, neutraliser quelques ennemis si possible, avant de nous re-déployer par ici. Le mieux serait d'attendre que les commandos arrivent presque à la porte sans se faire repérer. On en sait pas ce qui peux arriver au premier coup de feu.

Posant mes mains à côté de la carte, je l'étudie encore plus attentivement. Quelque-chose cloche. Kate me tire de mes songes en m'interrogeant dessus. Je répondis:

- Il y a un truc qui me chiffone, mais je ne vois pas encore quoi. Notre plan n'est pas le meilleur qu'on ai jamais eu, mais il tient la route. On est tous, j'espère, conscient que la discrétion est de rigueur si l'on veut sauver un maximum d'otages. Je ne sais pas, c'est presque trop facile vu les conditions....

Je me repasse en boucle la théorie et la pratique de ma formation. Je me revois assise au milieu d'une classe de mecs, un peu lourds sur les bords, mais tous recalés un par un.

C'est alors que j'ai réalisé. Le château se situait dan une vallée en cul-de-sac, entourée de montagnes enneigées, probablement imperturbée depuis des mois, voir des années. La première règle d'opération en conditions hostiles: la nature est à la fois votre pire ennemi est votre meilleur alliée.

Je trace un cercle autour de la vallée:

- La neige! Une seule onde de choc et on finit tous engloutis par une avalanche. On va devoir faire très attentions à ça.

Cette condition rends cette missions beaucoup plus périlleuse. Non seulement on doit rester discrets, mais en plus extrêmement prudent. Les bruits d'armes de poins et personnels ne seront peut-être pas catastrophique, mais il est hors de questions d'utiliser toute forme de grenade ou les armements du vaisseau.

Et si les My'Trans nous avait attiré ici exprès?

Je suis soulagé que mon plan soit accepté et après un dernier coup d’œil à la carte, je pars moi aussi de la salle de briefing. Je laisse Perceval gérer ses propres commandos, et pendant ce temps, je vais voir mon second, à qui j’explique le plan point par point. Il aura la charge de l’Entreprise pendant mon absence que j’espère courte et je fais en sorte qu’il soit bien informé afin d’agir le plus rapidement possible en cas de problème.

C’est à mon tour de m’équiper et je passe d’abord dans ma cabine chercher mon épée et ma veste avec plusieurs épaisseurs de soie, qui j’espère pourra arrêter les projectiles, ou du moins les ralentir. J’aimerais bien pour ce genre de mission avoir une armure assistée, mais c’est difficile à obtenir pourtant, un jour je serais assez connu dans les forces armées, pour que l’on m’en propose une. En attendant, je me contente de mon simple vêtement, noir, avec un aéronef argenté au niveau du cœur. J’attache également mes cheveux pour ne pas être gênée et je mets le tout sous ma casquette d’officier.

Enfin, je passe à l’armurerie pour y prendre mon pistolet modèle crotale, résistant au froid que l'on peut trouver en altitude, avec un barillet de sept balles et non six, afin de surprendre un ennemi qui me penserais à court de munitions. Sa poignée est parfaitement adapté à ma main et j’ajoute deux autres chargeurs, ce qui fais un total de vingt et une balles, ce qui devrait être suffisant, il s’agit d’une mission de sauvetage, pas d’un assaut d’une place forte.

Après quelques instants de réflexions je décide de prendre quatre grenades étourdissantes car moins puissantes que les modèles standards, pour juste étourdir des ennemis qui serait dans une pièce par exemple. Le temps entre l'enlèvement de la goupille et l'explosion est de seulement trois secondes, pour prendre les cibles par surprise.

Une fois ainsi équipé, je regarde ma montre à gousset, un modèle très précis et solide, afin de mesurer le temps lors d'opération militaire telle que celle-ci, me rendant compte que nous serons sur place dans une heure, et je rejoins alors le pont principal. J’y retrouve le chef des commandos, accompagné de tous ses hommes, parfaitement équipé avec leurs lourds manteaux blancs et leurs fusils réglementaire Mark Vulcain. Ils sont également tous équipés comme le reste de l’équipage servant à bord de l’aéronef d’un poignard.

Perceval me tend sans un mot un manteau de la même couleur que celui qu’il porte et j’attends ainsi l’arrivé des deux militaires des forces Boréales. Il fait déjà très froid et je commence à greloter, je sais que le temps de marcher dans la neige, je serais frigorifié, ayant toujours détester la neige, depuis mes dix ans, sans que je sache pourquoi. Après il faut dire qu’attendre sans bouger est la pire des tortures pour moi et je souhaite de tout mon cœur que la porte s’ouvre sur les deux femmes, le plus vite possible.

Lorsque l’action va arriver, mon humeur va s’améliorer et je penserai plus qu’à la mission, mais en attendant, je compte bien demander au prochain My’tran que je vois, de prendre des otages sur une plage de sable blanc, la ville de Prorig dans le Tyorum serait parfaite, on pourra ainsi combattre en maillot de bain, et boire des cocktails tout en se tirant dessus. Parce que là, c’est complètement isolé, je ne vois que des montagnes et de la neige à perte de vue, ce lieu semble complètement abandonné et si la carte n’avait pas indiqué le contraire, je n’aurais jamais pensé que des hommes auraient pu vivre dans des contrées aussi inhospitalières. Franchement, les plages me manquent.

En revenant dans leur chambre, Kate se jeta sur le lit du bas qui appartient à Feliwen, celui de Kate est au dessus mais elle à la flegme de monter.

-Ahhh, c’est bon on a un peu de temps pour se détendre avant de partir.

Féli quand a elle, posa son fusil contre le mur et alla s’asseoir au bureau. Elle prit une feuille blanche et commença à dessiner. Kate se leva du lit pour aller voir se que Féliwen dessina sur cette feuille. Elle reconnu la carte qu’elles avait étudier avec le capitaine. Quelque chose l’intrigua.

-C’est quand même bizarre de construire une base dans une vallée, c’est pas pratique de se battre dans une cuvette.

Laissant Féliwen à sa carte, Kate s’occupa de nourrir son petit compagnon qui lui vole autour d’elle pour lui faire comprendre qu’il a faim. Au pied du lit se trouva son sac. Catherine  fouilla dans ses affaires à la recherche des graines de Boki. Peu ordonnée, elle sortit son équipement d’observatrice, puis ses vêtements, une trousse de secours, ses munitions,sa gamelle,etc…. Pour enfin sortir d’un geste fier comme si elle avait trouvé un trésor, le sac de nourriture de Boki.

-Je l’ai ! Allez Boki, à la soupe.

Elle pris le petit récipient posé sur sa tablette de lit et versa la nourriture pour oiseau. Boki tout content se posa sur le rebord et commença picoré sous les yeux affectueux Kate. Laissant finalement ce dernier casser la croûte, Kate redescendit et face à ses affaires qui étaient toujours par terre, elle se décida à ranger.

Allez, on va ranger ça proprement sinon Féli va encore me gronder ^^.

Cette motivation ne durera qu’un instant car au final, elle remit tous dans son sac sans organiser. En forçant un peu elle pu refermer son sac. Elle ne garda sur elle que son équipement pour l’opération : sa veste chaude de camouflage blanc, ses revolvers de dotations qu’elles ne quittent jamais (comme Féli avec son fusil), son écharpe blanc en laine (car celui de dotation est moche), son matériel d’observatrice.

Une heure avant le début de l’opération, Kate et Féli allèrent au briefing du capitaine pour obtenir les derniers détails sur l’exécution du plan. A leur arrivée dans la pièce, les vingtaines de soldats du groupe de commando jetèrent un œil vers elles. Que devait penser des soldats aguerris à la vue de deux jeunes filles frêle qui sont là pour les appuyer lors de leur opération.

Kate ma vieille, c’est le moment de faire tes preuves, faudrait pas passer pour des branquignoles devant eux.

Le capitaine fit les présentations officiels au membres du groupe en appuyant sur nos compétences afin que tous soi conscient qu’on est dans le même bateau et qu’ils peuvent compter sur nous lors de cette mission.

Un moment d’hésitation se fit sentir par les soldats mais fut vite dissiper par leur chef qui confirma les propos du capitaine à notre égard. Le briefing dura 20 min, aucune question ne fut posée, tout était clair pour chacun d’entre nous sur les objectifs et le déroulement de la mission au sol. L’erreur n’était pas permise, la vie des otages comme les notre sont en jeux.

Une fois la configuration du terrain assimilée, je prends cinq minutes pour souffler. J'esquisse un sourire en coin et m'appuie sur ma main en observant Kate tentant de nourrir un Boki beaucoup trop pressé de dévorer son repas.

Je note au passage qu'elle n’a toujours pas rangée son sac. Sa manière d'être aussi désorganisée contraste avec ma manie d'avoir chaque chose à sa place. Il nous a souvent été dit que nous nous complétions.

Un jour peut-être...


Nous sortons enfin de notre cabine afin d'assister au dernier briefing avant le début de l'opération. Emmitouflée dans ma tenue de combat boréale, je porte à l'instar de Kate une écharpe un peu plus claire que celle fournie par notre régiment. Mon fusil Hermès peint en blanc à l'épaule, je revérifie ma quantité de poudre attachée à ma ceinture. A ses cotés se trouve une autre pochette contenant des morceaux de tissus prédécoupés, prêt à l'emploi. J'en ai juste assez pour une vingtaine de balles. Après ça, je devrai découper un morceau de quelque-chose. Dans mon sac sont rangées deux grenades à blanc, qui peuvent être utile pour faire voler un nuage de poudreuse.

Les regards lancés lors du briefing ne sont guère rassurants. Devoir compter sur deux jeunes filles alors qu'on est soi-même un soldat aguerri, il y a de quoi en faire rire plus d'un. Mais le Capitaine a confiance en nous, et leur a bien fait comprendre. A nous de leur montrer ce dont les troupes de la Général Lokamine sont capable.

Il nous reste une trentaine de minute avant le saut. Tout juste de quoi enfiler nos extensions sur les flancs de nos bottes. Elles donnent certes une allure de grenouille, mais je ne me vois absolument pas m'en passer dans ce genre d'environnement. Mes gants en cuire rembourrées sont la dernière touche, accompagné du lacet de nos capuches. Un fois fin prêtes, une bande au niveau de nos yeux n'est plus que la dernière chose visible. Et nous ne parlerons pas de Kate et ses lunettes.

Alors que le vaisseau réduit progressivement sa vitesse, nous sommes équipées d'harnais et de cordes. Une vingtaine de mètres nous séparent du sol. Heureusement que le temps est dégagé pour le moment. J'admets ne pas être hyper à l'aise avec cette situation, mais c'est à ça que nous avons été entraînées. Je descends les quelques premiers mètres en m'aidant de la forme du navire, prenant garde à ne me transformer en pendule. Dès lors que je passe sous la quille, le vent m'enveloppe entièrement, cherchant à mordre chaque partie exposée. La descente se fait relativement en douceur, comptes tenus des circonstances et dépendant du point de vue de chacun. Je suis néanmoins un peu plus rassurée lorsque mes pieds touchent le sol.

Kate atterrit à quelque pas et nous nous déployons rapidement. L'heure tourne et nous devons rapidement éclairer la zone afin de déterminer ce qui nous attends.

Les deux femmes sortent pile à l’heure, comme je m’y attendais et elles portent un manteau bien plus chaud que le mien, il faut vraiment que je m’en procure un identique, car je suis transis par le vent glacial. Comme elles ne disent rien, je ne dis rien non plus et c'est en silence que nous arrivons à proximité de leur fameux nid d’aigle où elles vont devoir descendre.

Conformément aux instructions, mon second nous arrêtent à la verticale de l’endroit désigné et je vois les deux femmes, qui ne semblent pas connaître la peur, descendre comme de vraies professionnelles le long du filin et toucher terre dans un temps records. Je ne peux malheureusement pas les féliciter car nous sommes pris par le temps et nous continuons vers le second lieu de débarquement.

Le vaisseau reprend son vol stationnaire et c’est à mon tour de descendre, accompagné de Perceval Garlick et de ses commandos. Comme d’habitude, j’ai cette pointe d’adrénaline lorsque je m’élance dans le vide, même si j’ai déjà réalisé cette opération des centaines de fois. Je touche terre, enfin plutôt la neige sans problème et je suis soulagé de voir que tous mes membres d’équipage sont également indemnes, les multiples entrainements les ayant habitués à ce genre d’exercice.

Nous commençons immédiatement notre progression et je suis bien vite frigorifié, mais je me console en me disant que les rafales de neige qui rendent difficile notre progression nous masquent également à d’éventuels observateurs. C’est donc au bout d’une longue heure de marche que nous sommes en vue des remparts de l’ancien monastère et je dois avouer que celui-ci n’est guère impressionnant.

Il est en effet à moitié en ruine et il ne reste que deux bâtiments debout. Pour le moment, je ne vois aucune sentinelle et nous nous approchons très prudemment du bâtiment le plus proche qui est également le plus petit. Je divise mon groupe en deux, la première moitié sous la direction du chef des commandos qui attaquera dès qu'ils entendront des coups de feu, et la seconde dont je prends le commandement direct, me suis jusqu’au plus grand bâtiment.

Je m’arrête brusquement car à quelques dizaines de mètre de moi, je vois un groupe de trois individus, emmitouflé dans des vêtements traditionnels My’tran et qui sont réunis autour d’un feu. Leurs armes, deux lances et un grand marteau de guerre sont à portée de leurs mains et je peux voir qu’elles sont très bien entretenus, j’ai devant des guerriers sans aucun doute. J’ordonne à mes hommes de rester derrière moi et nous attendons, c’est maintenant aux deux tireurs d’élite de jouer. Lorsque les premiers coups de feu vont retentir, nous attaquerons le plus grand bâtiment, en abattant tous ceux qui se mettront sur notre route, en espérant que les deux femmes pourront nous couvrir.

Je suis étrangement calme et je sens que mes hommes le sont aussi, nous sommes tous des vétérans habitués au combat, vainqueur de nombreux affrontements, notre équipement, notre entrainement, tout à conduit à cet instant et nous sommes prêt pour notre entrée, la colère des forces célestes va s’abattre sur les preneurs d’otages qui ont osé s’en prendre à notre nation.