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Chroniques d'Irydaë
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 La charité, l’hypocrisie et des cocktails. [Elenor]

Linia Ròng
Linia Ròng
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La charité, l’hypocrisie et des cocktails. [Elenor] EmptyMer 13 Nov - 22:05
Irys : 59992
Profession : Je fais des trucs, voyons...
Daënar -1
Les jours s'enchaînent comme une boucle éternelle. Chaque fois que quelqu'un fait un pas dans le Verso, il sait que sa routine commence : faire attention aux gens qui passent trop près, car beaucoup ici commence le métier de pick-pocket dès leur plus jeune âge, esquiver les sceaux ou les pots de chambre remplis de diverses déjections humaines jeter à la va vite dans le caniveau, pour la majorité sur le chemin d'une usine ou d'un commerce peu important, pour d'autres comme moi, trouver le meilleur moyen de gagner de l'argent rapidement, avec un minimum d'effort et un maximum de profit. Enfin, je pense en tout cas que c'est ce que la majorité des gens qui sont dans "mon monde" devrait faire. Piller, racketter ou encore braquer me semble bien trop fatiguant et peu lucratif. En effet, risque de se faire prendre, de se faire arrêter voir de tomber sur un autre gang et de devoir défendre sa vie EN PLUS du butin. Nan, l'organisation, le vol précis et méticuleux d'un endroit peu gardé ou trop gardé, c'est ça qui rapporte le plus derrière la vente d'un service de protection. Bon service qui veut aussi dire "Si tu n'acceptes pas, on brûle ta boutique" certes, mais il n'empêche qu'on protège réellement les commerces sous "contrat".

Pourquoi est-ce que je parle de ça ? Car aujourd'hui, la routine se brise, l'éternelle boucle de maillon chaîné s'arrête le temps d'une journée. Et j'ai tout prévus avec les filles. Trop de garde déployer en un seul point, car ils savent que la vie et la valeur des gens d'Alexandrie valent plus que celle de nous autres citoyens du Verso. Tout le monde s'attend à ce que certains tentent d'en profiter dans les quartiers, les gangs dirigeants surtout. C'est pour ça qu'on sera rapide et efficace. Certains Gangs vont attaquer trop tôt pour qu'on puisse faire quoi que ce soit, d'autres trop lent pour qu'on puisse passer à côté de l'occasion. Au même moment, vers 18h30, quand les gardes seront concentrés à la strate la plus haute du Verso, on frappera partout à la fois. Les quartiers les plus éloignés, nous viserons les cachettes des gangs bien trop gourmands pour laisser plus qu'une poignée d'homme sur place. Pour les quartiers les plus rapprochés, on volera directement les cibles importantes. Pour le peu qui sont sous notre contrôle, ils seront protégés jusqu'au bout par le reste.

Le fait de frapper partout à la fois est une idée pouvant paraître idiote : effectif réduit partout. Mais ne frappant que des cibles mal défendues, cela devrait passer, et donner l'illusion d'un Gang beaucoup plus important qu'il ne l'est, et donc attirer du monde à rejoindre nos rangs. Plus on aura de monde, plus on pourra se permettre d'être sélective. Amélia aime dire qu'il ne faut pas avoir une quantité quand on peut avoir une qualité, mais qu'il ne faut pas négliger la force du nombre quand on peut se permettre d'avoir une qualité moyenne avec autant qu'avant. Et si je veux faire on sorte qu'on règne en Reine des rues, il va nous falloir des plans plus ambitieux. Mais à la différence de May, je refuse d'établir des plans sans porte de sortie ou trop risqué en cas d'échec. On peut en faire en sorte de recruter des nouveaux membres en cas de pépin, voir de sauver ceux qui se font choper, mais personne ne peut remplacer Lorelei et Amélia.

Moi pendant ce temps, je serais avec les autres membres du dispensaire qui ont été choisis par mère pour l'accompagner à la récolte de fond. Je ne sais pas quel est l'étrange bourge des Astros qui a eut l'idée de faire un don aux différents établissements de soin du Verso dont notre dispensaire fait partie, mais son « originalité » m'arrange bien. D'une, je vais m'amuser un peu, malgré le « rôle » à jouer comme d'habitude. De deux, je sais que Duguay l'a fait pour m'empêcher de nuire ET de me nuire. Elle est parfois beaucoup trop maternelle avec moi, et quand je lui ai dit que j'aimerais venir, elle a sauté sur l'occasion de me surveiller de près tout en ayant l'espoir que ça me motive à être concernée par l'avenir du Dispensaire. En soit, je me sens concernée car je veux qu'elle vive dans un endroit chaud et qu'elle mange correctement jusqu'à sa mort, ou jusqu'à que j'ai les moyens de l'emmener avec moi en dehors du Verso. Et ça, seul le dispensaire et son travail là-bas peut le lui offrir.

Mais ce serait mentir que de lui dire qu’avec une intense introspection j’ai d’un seul coup eut la révélation : aider les aussi misérable que moi à vivre dans des strates inférieures, alors que je peux tenter de me battre moi-même pour en sortir et voir le monde, libre. Je me souviens de mon enfance au dispensaire, et certes à l’époque j’étais gentille, serviable, souriante… une vraie petite fée… une personne naïve qui ignorait tout de la souffrance à l’extérieur des murs et de la protection qu’offre les bras d’une mère, même d’une mère d’adoption. Donc autant jouer un semblant de comédie pour lui faire plaisir sans lui mentir non plus.

Et puis c'est surement marrant comme soirée. C'est un peu ingrat pour Lorelei et Amélia qui vont devoir tout gérer sans moi, mais bon, elles savent ce qu'elles font. Du coup, je me suis habillée comme pour aller au dispensaire… profitant de l'ouverture de la tenue pour retirer le justaucorps. Je sais que Duguay n'est pas du tout d'accord ni contente que je fasse ça, mais il faut savoir attirer le regard non ? Pour éviter de trop paraître « ouverte » j'ai cependant utilisé une technique que m'a apprise une courtisane : maquiller la peau visible pour camoufler un peu l'apparente « nudité » dirons-nous. Je trouve le mot fort pour juste une ouverture sur les côtés, surtout que c'est la robe qui est comme ça, même si certes, le justaucorps doit être porté avec. Mes pieds nues sont bandés comme toutes les autres membres, j'ai coiffé mes cheveux correctement pour qu'il tombe autour du visage et non d'un seul côté comme d'habitude et j'ai enfilé ma capuche. Enfin, le maquillage habituel pour avoir une peau blanche presque porcelaine et radoucir le visage avec un air faussement angélique.

Une fois prête, j'ai simplement suivi les autres à travers le Verso pour enfin atteindre la sphère supérieure. J'avoue n'y être presque jamais allez. Trop surveillé par rapport aux bas-fonds. Une fois sur place, nous sommes entrées dans un grand bâtiment aménagé pour l'occasion. L'intérieur était trop propre, trop riche pour le Verso, et les gens présents nous regardaient avec un mélange de complaisance et d'hypocrite pitié. Ils étaient satisfaits qu'on leurs rappels leurs vies fortunés et privilégier, dans le même temps ils faisaient aussi la compétition de l'Astrale le plus généreux et le plus compatissant de la salle. Je n'allais pas m'en plaindre, d'autant que les autres groupes de « médecin » du Verso ne sont pas mieux loties que nous. Je sais que certains d'entre eux vont égoïstement se mettre en compétition avec les autres, mais la majorité essayera le plus possible d'obtenir des dons « globaux ».

Moi ? J'allais juste m'amuser et peut-être jouer de séduction pour en obtenir, mais je n'avais pas spécialement envie de faire ça. J'étais déjà un peu à l'écart de mes compères, dont autant continuer en me promenant un peu dans la salle, malgré le regard omniprésent de Duguay sur moi pendant que je déambulais en regardant un peu les riches décorations installées pour l'occasion. Et puis apparemment, on a quand même le droit de manger, même si je doute que le champagne et les autres alcools, soit pour nous…

Elenor Kingston
Elenor Kingston
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La charité, l’hypocrisie et des cocktails. [Elenor] EmptyMar 19 Nov - 23:42
Irys : 276165
Profession : Haute Générale commandant des forces navales de Daënastre
Daënar +3 ~ Tyorum (femme)
Il y avait de nombreux endroits où l’on pouvait s’attendre à croiser la Haut-Générale en charge des forces maritimes de Daënastre. Le Gladio Alchemist avait visité au moins une fois chacun des ports majeurs du continent depuis sa création et il ne se déplaçait quasiment jamais sans son capitaine, sauf peut-être pour venir l’accueillir après un voyage d’urgence qui avait demandé un transport plus rapide. De plus, même si elle préférait largement les salles de réunion stratégique et les ateliers d’ingénierie, elle ne dédaignait pas toutes formes de mondanités, loin de là. Notamment parce qu’Elenor savait qu’elles étaient le meilleur moyen d’obtenir que certaines choses soient faites. C’était de plus un domaine dans lequel, chacune à leur manière bien différente, sa mère et sa belle-mère avaient respectivement excellée et excellait encore et si elle avait surtout hérité de son père ça ne la définissait pas entièrement.
On pouvait donc la croiser en de nombreuses occasions différentes, aux quatre coins de l’U.N.E.. Mais il fallait reconnaître que même ainsi, son apparition à un gala de charité qui se déroulait dans le Verso, cette partie miteuse d’Alexandria perpétuellement plongée dans l’ombre, écrasée sous les Astraux et qui servait de repaire à ce que la ville abritait de pire, était des plus surprenantes. Elle y avait été invitée sans s’y attendre par l’un des riches mécènes des Astraux qui avait assisté aux démonstrations des derniers prototypes d’armement sur le Gladio Alchemist.

L’idée lui avait d’abord paru une étrange lubie, mais en s’intéressant à l’événement elle eut la surprise de constater que l’organisateur avait réussi à convaincre suffisamment de gens important de participer à cette excentricité pour que la chose devienne intéressante. Intéressante pour ses propres idées, cela allait de soi : de toute façon si le but avait vraiment été de récolter de l’argent, il aurait probablement été plus efficace de juste donner tout l’argent investis dans l’organisation, en particulier la sécurité, directement aux dispensaires.
Comme elle était bloquée à Alexandria en attendant son départ pour Roceas, suite à cette mystérieuse invitation, Elenor avait finalement accepté de participer. La soirée lui ferait une pause bienvenue dans son intense travail de préparation et planification en vue de son absence prochaine. Bon, qui disait gala disait robe, et l’idée avait failli la pousser à refuser mais elle s’était forcée. Elle s’était donc décidée pour une robe d’un rouge sombre qui laissait ses épaules nues et descendait jusqu’à couvrir ses pieds. Elle avait hésité à mettre un corset pour affiner encore plus sa silhouette mais avait décidé finalement que ce n’était pas nécessaire, se contentant d’une ceinture de soie noire pour marquer sa taille, dont la boucle reprenait l’emblème de la marine : une façon discrète de rappeler qui elle était. En accessoires la rejoignaient un magnifique collier de perles pour décorer son cou ainsi qu’un boa à la couleur blanc crème, ainsi qu’une ‘paire’ de long gant blancs : en vérite le droit n’était qu’une bande de tissu qui venait camoufler l’endroit où la chair et le métal de son bras se joignaient. Elle avait particulièrement soigné son maquillage et bouclé ses cheveux qui retombaient harmonieusement entre ses omoplates à l’exception d’une petite mèche qui venait décorer son front.
Comme toujours lorsqu’elle se préparait de la sorte, elle donnait l’impression d’avoir dix ans de moins.

« … je pense que l’U.N.E. devrait débloquer des fonds pour la création et l’entretien d’organismes de santé régionaux, chapeauté et surveillés par un organisme central, plutôt que de continuer à dépenser son argent de façon peu efficace et sans contrôle dans des organisations indépendantes et auxiliaires. »

Elle discutait ainsi depuis une petite dizaine de minutes avec d’autres invités. Au milieu des insipides ragots de couloir, la plupart des conversations étaient constitués de bourgeois qui frissonnaient ou s’enorgueillissaient de ‘s’encanailler’ à venir aussi bas -alors qu’ils étaient encore à plusieurs dizaines de mètres du véritable sol-. Mais de temps en temps une véritable discussion intéressante émergeait, sur la politique, le climat social ou économique et elle ne manquait pas d’y participer, sondant le terrain et émettant ses propres idées. Puisque la soirée était dédiée à des dispensaires, les décisions du gouvernement en matière de santé étaient fréquemment au cœur des débats et c’était tout naturellement qu’Elenor faisait part de ses pensées concernant une certaine guilde de médecin, à demi-mot toutefois pour ne pas brusquer de fervents soutiens.

Arriva à ce moment ‘l’attraction’ du gala quand les membres de différents dispensaires sélectionnés dans tout le Verso entrèrent dans la grande salle et commencèrent leur quête de philanthropes et de donneurs. Un petit théâtre se mit en place à travers toute la pièce, avec d’un côté les riches astraux qui jouaient les bons samaritains soucieux du petit peuple alors qu’ils ne pensaient qu’à leur réputation et de l’autre les médecins qui se montraient humbles et très touchés par la bonté de leurs hôtes alors qu’ils devaient crever d’envie de leur balancer leur verre de champagne à la figure. Elle se demanda lequel des deux camps était le plus naïf quant au rôle joué par l’autre mais il devint très vite clair que les habitants d’en dessous semblaient bien mieux comprendre ce qui se passait réellement. Trop bien peut-être, elle les plaignait un peu, l’ignorance était souvent plus douce à vivre.
De son côté Elenor avait déjà décidé exactement de combien elle donnerait à la cagnotte global, un généreux chèque qui ne manquerait pas de lui attirer une bonne image. Le premier qui viendrait s’adresser à elle aurait la joie de se croire capable de convaincre une jeune poupée bourgeoise -elle doutait qu’aucun habitant du Verso ne la connaisse- de donner une petite fortune.
Elle se détacha donc bien vite de ce spectacle qui n’avait pas vraiment d’intérêt pour elle et s’éloigna du point de mire pour s’approcher d’un buffet, avec la ferme intention de remplir à nouveau sa coupe de champagne trop rapidement vide. Elle se dit même qu’elle pouvait sans doute se permettre un brandy, après tout il semblait qu’une personne sur deux, même parmi les Astraux, ne comprenait pas qui elle était. Il faut dire qu’ainsi attifée elle ne ressemblait guère à ses portraits officiels que l’on pouvait parfois trouver dans les amirautés ou les photos qu’on retrouvait régulièrement dans les journaux.

Un observateur averti, en la voyant traverser la salle seule, tandis qu’un nombre important de personnes du Verso dont la sécurité ne savait finalement pas grand-chose s’y déplaçait librement, aurait pu trouver qu’elle faisait une cible facile pour un éventuel terroriste. Un observateur très averti n’aurait pas manqué le duo de serviteurs taillés comme des armoires à glace, le costume de l’un dissimulant à peine la présence de prothèses mécaniques importantes, qui s’arrangeaient toujours pour que l’un des deux ne soit jamais loin de la Haute Générale. Et lorsqu’exceptionnellement c’était le cas, une silhouette féminine bien plus petite, tapie sur les bords de la salle et portant un uniforme de la sécurité, se déplaçait alors avec une fluidité très militaire de façon à garder toute personne qui approchait Elenor dans le champ de tir de l’énorme revolver à sa hanche.
Ainsi couverte, Elenor se déplaçait en toute confiance avec à peine plus qu’un regard en coin de temps en temps pour vérifier qu’il n’y avait rien d’anormal mais jusqu’ici tout allait bien. Elle s’amusait toujours, dans ces moments, de voir Viktor interagir avec des inconnus : malgré ses presque deux mètres et autant de centaine de kilo -entre autre à cause de ses quatre prothèses mécaniques des plus massives- il agissait comme un véritable nounours et ne se départissait jamais de son sourire et de sa chaude voix grave qu’on aurait dit faite pour consoler les enfants malheureux. Butler, lui, avait cette discrète efficacité professionnelle qu’elle lui connaissait depuis toujours et qu’il avait aiguisé dans toutes sortes de situations tandis qu’elle était trop loin pour voir Solla mais elle n’avait aucun mal à l’imaginer mordiller son cure-dent avec un air blasé, comme à son habitude. Elle regrettait un peu de n’avoir pas pu amener Nathaniel, mais il était absolument pitoyable sous couverture : on ne pouvait pas rater le tueur dans ses traits. Elle avait même hésité à lui ordonner de se déployer dans les rues autour en cas de problèmes, tant il n’aurait pas fait tâche même dans les plus bas-fond du Verso, mais c’était un coup à provoquer un incident et la sécurité était déjà largement suffisante comme ça.

Finalement elle arriva au niveau du buffet et demanda qu’on lui serve un brandy à un serveur qui attendait derrière la table, avec une raideur à faire pâlir d’envie ses propres fusiliers. On lui tendit un verre dont elle but une gorgée, savourant l’arôme de la liqueur contre son palais, avant de reposer le verre sur la table et de sortir une cigarette de son étui. Elle la tapota distraitement sur le dos de sa main d’ivoire pour tasser le tabac et parcourt la salle autour d’elle du regard. Celui-ci accrocha une jeune femme qui portait la tenue d’un des dispensaires et qui s’était largement éloigné du gros de l’agitation, comme elle. Il y avait quelque chose de bizarre dans sa tenue et il lui fallut un moment pour comprendre que ouvertures sur le côté de sa robe ne donnaient sur un aucun sous-vêtement mais laissaient largement voir le corps de la sœur.

« Je n’étais pas au courant qu’ils avaient embauchés des prostituées pour mettre de l’animation. » marmonna-t-elle tout en portant la cigarette à ses lèvres et en l’allumant.

Elenor n’était pas spécialement prude, assez loin de là même, mais elle respectait les convenances. Souvent à la lettre d’ailleurs. Elle récupéra son verre et reporta son attention sur la salle, cherchant du regard les personnes les plus intéressantes avec qui elle pouvait espérer avoir une conversation intellectuellement satisfaisante et, surtout, éviter de devoir raconter une énième anecdote militaire.

Linia Ròng
Linia Ròng
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La charité, l’hypocrisie et des cocktails. [Elenor] EmptyDim 15 Déc - 19:38
Irys : 59992
Profession : Je fais des trucs, voyons...
Daënar -1
Je continuais de déambuler dans la salle. Attirant le regard de certains et certaines, repoussant celui d'autres, j'aimais l'idée que pour une fois, ils étaient obligés de regarder "le bas du panier" et de percevoir une certaine jalousie de leur part. Je savais prendre cet air innocent qui me vas si bien, une expression presque angélique, enfantine.

En marchant pas loin d'un des serveurs bien habillé, je pris à la dernière seconde un truc... nommons-le ainsi, au goût très prononcé, et j'entendis les plaintes de certaines bonne fefemme à leur mari sur le fait que j'osais toucher la même nourriture qu'eux avec mes mains de "pauvrette". Je tournais sur moi-même juste après l'avoir "piqué" pour l'enfourner dans ma bouche, mais à la fin de ma rotation, je suis tombée nez à nez avec Duguay et ses sourcils froncés. Elle ne fit même pas l'effort de faire un signe, se contenant de me bloquer le chemin pour me forcer à retourner avec les autres.

Mains croisées, comme si je me promenais dans la rue en position de suppliante, je retournais donc avec le groupe, en attendant que leur petite fête commence officiellement. L'hôte, évidemment, c'était Amelia qui me l'avait apprit, se DEVAIT presque d'arriver en retard, pour capter l'attention dès qu'il poserait le premier pied.

De l'impolitesse et du gâchis de temps, si précieux pour ceux qui ne possède rien d'autres, à mon sens. Une provocation de plus des Astraux envers les Versos. Tous ici aiment prendre leur temps sur pleins de choses, et certes, je suis patiente et calculatrice, il m'arrive même d'avoir si bien prévu les choses que lorsque tous attendent le bon moment avec une certaine tension, moi, je me permets de m'allonger jusqu'au moment fatidique. Mais jamais je ne perds un temps que je peux rentabiliser sous prétexte que "J'en ai assez pour me le permettre". Même si j'avoue parfois envier l'idée d'avoir du temps à perdre.

Puis lorsque l'hôte sera là, je pourrais m'éclipser du groupe une nouvelle fois, donc son retard ne fait que me porter sur les nerfs. Entre les gloussements des riches, les regards de travers des pervers qui aime se sentir supérieur en admirant le bas-peuple ou ceux des jaloux et des jalouses de voir des gens si fiers malgré leur pauvreté, et parfois bien plus jolie qu'eux, il n'en faut pas beaucoup pour me chauffer et me donner encore plus envie de jouer la provocation. Mais l'autre point, c'est qu'il faut que je fasse en sorte de ne pas attiser non plus un mouvement de colère, au risque d'être mise dehors. Un jeu subtil en somme, et je suis sûrement bien plus subtile qu'eux. Même s'il faut faire attention dans un nid de vipères, et que le verbe et l'apparence sont leurs armes de tous les jours.

Et c'est évidemment à ce moment précis où les gens commençaient à s'impatienter que le bruit des pas de l'hôte sur le bois de la petite estrade prévu à cet effet se font entendre. Tout le monde se tourne vers lui, moi y comprit. Il faut reconnaître à cette technique l'efficacité. Puis, après les quelques secondes de ravissement devant la fin de cette attente, j'analyse un peu notre charmant et charitable Astral. Grand, cheveux châtains court, dans la quarantaine tout juste atteinte, un costume plus cher que la majorité des convives, mais restant sobre, un port altier et surtout un binocle accrochée à son cou par une chaînette en argent. Une opulence propre à quelqu'un de là-haut, pour sûre. On sent que tout est contrôlé, le moindre de ses gestes, sa tenue, tout. Et à la différence de beaucoup... eh bien moi ça ne m'empêche pas de vivre.

Je restais discrète et confiante en mes talents pour me déplacer subtilement, discrètement. Et c'était assez facile pour ce qui est des riches, tous l'air hagard ou ennuyé devant cet homme si "supérieur" et doué pour parler. Surement un politicien. En plus, il maniait aussi le geste à la parole comme un véritable magicien. Ses mains faisaient des mouvements presque hypnotiques, et il s'amusait parfois de petite boutade envers des gens qu'il reconnaissait. De ce que j'ai compris de son discours que je n'écoutais que d'une oreille distraite, il était un bon ami du Gouverneur. Comme... presque tout le monde se vantait de l'être ici ? Et puis bon, à quoi bon écouter des gens qui sont nés et éduqués pour mentir, comme le dit si bien Amelia.

-" Nous sommes ici tous conscients des problèmes des citoyens de notre ville ! Nous vivons, nous autres, correctement. Nous avons nos problèmes certes, et nous avons tous travailler dur pour en arriver là." Premier mensonge. "Vous tous connaissez bien le dur labeur dans notre société, le mérite que nous possédons ne nous définis pourtant pas." Encore des mensonges, vu qu'ils ne vivent tous que par l'apparence, et le mérite ? Le mérite de quoi ? De leurs parents ? "Pourtant, il n'est pas question de nous ce soir." Bien sûr, pour ça qu'on commence par parler... de vous. "Nous sommes ici pour ceux qui n'ont pas nos avantages et privilèges. Certes, ils sont sûrement moins éduqués de prime abord. Mais regardez ces hommes et femmes, ici présents. Tous essayent du mieux qu'ils le peuvent d'aider leurs prochains, de faire le travail de médecin, de gardien des démunis, de sauveur des orphelins ou encore d'améliorer la vie des plus pauvre, malgré qu'eux même soit peu aisé." J't'emmerde... Bref.

De mon côté, je me déplaçais en même temps que je jetais des coups d’œils derrière moi ou vers lui. D'une, j'avais encore faim. Donc il fallait que je retrouve ces petits trucs qu'ils appellent "amuse-bouche". De deux, il était hors de question que je reste au milieu du groupe comme une simple mise en valeur immobile et silencieuse. De trois... c'est barbant la politique et les jeux qui l'entourent. Je trouve ça important en un sens, car nous faisons un peu ça à notre façon en bas. Mais de manière plus concrète. On n'essaye pas de n'avoir QUE l'air plus fort. On le fait pour le devenir réellement. L'apparence nous intéresse guère, ni même la route. C'est uniquement le résultat. Si on doit passer pour les derniers des clodos pour arriver tout en haut, on le fera.

-" Pardon... excusez moi..." Sont des formules qui remplacent mes habituels : pousse-toi, dégage. En réponse, au lieu des plaintes scandalisés, de simple regard sans réellement se pousser, me forçant parfois à me glisser entre eux. Moins de monde que dans une rue bondé du Verso pourtant bien plus compact. Magnifique. Ils aiment tant que ça se toucher entre eux ? Surement. Je suis même sûre que certaines femmes regardes plutôt les jeunes hommes ou les maris des autres plutôt que le leur, même quand elles tiennent leurs bras.

Puis à force de jouer des coudes, ce qui devait arriver arriva. Une femme, grosse, il faut le dire ainsi, me bloquait la route. Alors, n'étant pas du genre à me démonter, j'ai tenté de passer quand même. Son verre s'est renversé sur son HORRIBLE robe doré qui la boudine et laisse ses bourrelets apparents. Comme il était sûrement hors de question de se saisir de moi elle-même, un moustachu m'attrape par l'épaule et me gifle. Sans mot dire, il m'a saisi par les épaules et la gifle est partit, venant faire légèrement rosir mes joues presque aussi blanche que la neige. Pendant une seconde, quelqu'un d'attentif aurait put remarquer le regard de la tueuse, celle qui pourrait à tout moment saisir le plateau de bouffe pour lui frapper la gorge jusqu'à ce que les bords arrive à arracher la peau ou bien l'étouffer. Je remets mon visage en face d'eux, sa grosse pouffant légèrement. Ils ne savent clairement pas à quoi ils venaient d'échapper.

-" Vous allez vous excuser. Nous avons des valeurs ici. Pour vos... cochonneries habituels, retournez dans votre banlieue." Très fin pour quelqu'un qui se dit charitable de notre sort.

-" Pour ? Ne pas pouvoir passer lorsque je demande poliment ? Dans ce cas, je suis vraiment désolé d'être bien élevée malgré mon origine. "

Il relève alors sa main, me menaçant d'un revers.

-" Comment osez-vous ?!"

Je le regardais froidement, yeux dans les yeux, et il semblait hésité un instant. Ce fameux instant qui fait tout basculer dans la rue, qui m'aurait permit de justifier de lui planter maintenant mes ongles dans les orbites, le rendre aveugle, puis lui arracher l'oreille avec les dents pour lui montrer ce qu'est un combat de rue sauvage. En plus, j'ai déjà vu des gens faire ça, et moi, je n'ai jamais pu essayer d'arracher l'oreille de quelqu'un avec les dents. Bon en général, ce n'est pas l'oreille entière qui part, mais un petit morceau, mais n'empêche ! Ou le nez... le nez aussi c'est rigolo. Bref, là, je devais rester immobile et le laisser me frapper pour garder l'image de la sainte et gentille fille de dispensaire se faisant maltraiter. C'était sûrement la meilleure méthode.

Elenor Kingston
Elenor Kingston
La charité, l’hypocrisie et des cocktails. [Elenor] Empty
La charité, l’hypocrisie et des cocktails. [Elenor] EmptyMer 1 Jan - 23:06
Irys : 276165
Profession : Haute Générale commandant des forces navales de Daënastre
Daënar +3 ~ Tyorum (femme)
Elenor s’était décidé à écouter les ragots habituels de ce genre de soirée pour passer le temps. Cela lui permettait également de se mettre à jour sur ce qu’il se passait parmi l’élite d’Alexandria, elle qui n’avait que rarement l’occasion de passer du temps dans la ville la plus importante de l’U.N.E. même si l’avouer était toujours un peu pénible à son cœur de skinaroise. Ce qui se passait dans les tours des Astraux pouvaient impacter tout Daënastre, il n’était donc pas tout à fait inutile de se tenir au courant des derniers potins : une réputation qui se fissurait pouvait à terme avoir des conséquences qui éclipseraient largement les simples bruits de couloirs qui l’avaient prédite.
L’arrivée de leur hôte mit toutefois fin à cette activité et elle l’accueillit avec un bref soulagement tout en sachant que le discours qui allait suivre ne serait pas forcément plus intéressant. Finalement il se révéla plutôt agréable : elle avait beaucoup moins de mal à comprendre comment il avait pu convaincre autant d’astraux de son projets désormais qu’elle avait eu l’occasion de l’écouter parler, leur brève rencontre sur le Gladio Alchemist où il n’était pas le centre de l’attention ne lui avait pas autant donné l’occasion de déployer son éloquence. Et pourtant elle se surprit, alors que le souvenir remontait en surface, à se rendre compte que son invitation et la brève plaidoirie concernant son idée lui étaient restées parfaitement en mémoire.

Des éclats de voix attirèrent son attention sur sa gauche, où elle eut la surprise de retrouver la sœur qu’elle avait déjà aperçue, facilement identifiable à sa tenue légère, pour le moins. Apparemment elle venait de renverser le verre d’une bourgeoise qu’Elenor reconnut rapidement, puisqu’on lui avait présenté en début de soirée : Sophia Keller, qui avait héritée de la fortune bâtie par son grand-père négociant en denrées alimentaires brutes. La voir là n’avait donc rien de surprenant puisqu’elle faisait partie des gens qui nourrissaient presque littéralement le Verso, par les importations de nourritures qu’elle gérait. L’homme à ses côtés était inconnu d’Elenor, surtout qu’il lui tournait le dos pour gifler la responsable de l’accident.
La lueur qui traversa le regard de cette ‘sœur’ fut si brève que la Haute Générale se demanda si elle ne l’avait pas imaginé : une étincelle meurtrière qui lui rappelait celle qu’elle pouvait parfois apercevoir chez Nathaniel. Cela suffit néanmoins à l’intriguer et elle s’approcha du trio au moment où l’homme allait saisir au revers la joue de la jeune femme :

« Mademoiselle Keller, puis-je vous suggérer de retenir votre tumultueux compagnon ? »

Visiblement vexé qu’elle se permette ainsi d’intervenir, l’homme en question se retourna vers elle et commença, d’un ton dur et sec habitué à commander :

« Ce n’est pas une gamine telle que vous qui va nous dire comment...
-A votre place je réfléchirais à mes prochains mots avec attention, major. »

Sa voix était froide, aussi affûtée qu’un rasoir et elle avait prononcé le grade du militaire comme si celui-ci était insignifiant. Grade qu’elle n’avait pu identifier que grâce à une relativement discrète médaille à sa poche de veste, puisqu’il n’était pas en uniforme. Son attitude si sûre d’elle stoppa instantanément le moustachu qui la regarda avec plus d’attention, tandis qu’elle dardait sur lui un regard intense, presque venimeux sous ses sourcils froncés. Il dut la reconnaître à ce moment puisqu’il sembla soudain rapetisser de plusieurs centimètres tandis qu’il pâlissait à vue d’œil et baissait les yeux.
Elenor ne laissa pas le temps aux deux spectatrices de cet étrange duel de comprendre de quoi il en retournait et reprit sa conversation comme si elle n’avait pas été interrompue, parlant à voix suffisamment basse pour que la scène reste discrète au milieu de la soirée :

« Une correction trop prononcée sera remarquée et colportées, surtout à une telle occasion. A n’en pas douter les dispensaires sont appréciés dans le Verso et ils ont tendance à protéger les leurs : il sera trop tard pour les regrets quand les commerçants fuiront vos distributeurs pour éviter des représailles. » Elle s’avança un peu plus près et poursuivit un ton plus bas, si bien que même le major et la ‘sœur’ devaient avoir du mal à l’entendre : « Et puis franchement regardez sa tenue ? Vous pensez vraiment qu’elle n’est qu’une infirmière parmi les autres ? Je suis prête à parier qu’elle est le plaisir coupable de quelqu’un ici. Vous pensez vraiment que ça vaut la peine de se fâcher pour une simple flûte de champagne renversée sur une robe qui, entre nous, ne vous vas pas du tout. »

Elle s’écarta d’un pas et soutint le regard outrée de Sofia Keller en y répondant par un sourire sans joie. Finalement la négociante lâcha prise, vaincue par les arguments et l’assurance de la Haute Générale. Elle se détourna, non sans relever le menton et se redresser de toute sa taille -et de toute la masse qu’elle représentait- ce qui fit grincer des dents Elenor. Son compagnon s’empressa de la suivre et Elenor s’en désintéressa bien vite pour détailler la jeune femme désormais face à elle.
Si l’on exceptait l’absence de vêtements sous la robe qui aurait empêché qu’elle soit à moitié nue, elle avait la même tenue que ses consœurs qui parcouraient l’assistance. C’est donc le visage qui retint son attention et il fallait admettre qu’elle était très jolie. Si bien qu’Elenor se demanda si son argument totalement inventé ne pouvait pas avoir un fond de vérité, elle n’avait aucun mal à l’imaginer en courtisane d’un nanti.

« Si vous voulez vous pouvez me remercier, et puis ensuite vous pourrez me parlez de votre dispensaire et me convaincre de participer à la cagnotte qui se prépare. »

Il y avait bien une pointe de cynisme dans ses paroles mais elle adressa quand même un sourire, chaleureux celui-ci, à la jeune femme avant de finir sa coupe de champagne. Elle s’apprêtait à faire signe à un serveur quand un plateau se matérialisa à son côté, tenu par Butler et accueillant quelques coupes, une assiette d’amuse-bouche -elle en prit un- et un unique verre de brandy dont elle s’empara avec une joie née de la surprise. Butler, toujours déguisé en serviteur, proposa également le plateau à Linia et Elenor remarqua qu’il en profitait pour la scruter, sans doute à la recherche de signe trahissant une arme ou quelque autre menace.
Quand Linia eut fait son choix, Elenor signifia, avec une très légère insistance, à Butler qu’il pouvait les laisser et celui-ci s’exécuta comme n’importe quel autre serviteur, reprenant sa routine.

Linia Ròng
Linia Ròng
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La charité, l’hypocrisie et des cocktails. [Elenor] EmptyMar 4 Fév - 18:44
Irys : 59992
Profession : Je fais des trucs, voyons...
Daënar -1
Malgré ma féminité et ma fragilité apparente, pendant un court laps de temps, encore une fois le temps d'une étincelle, comme celle sortant des outils de métallurgie lorsqu'ils se frottent contre l'acier. Lorsqu'elle s'approche, cette nouvelle arrivante, la manière dont je tourne rapidement le corps, épaules presque en retrait, laisse deviner l'habitude de se battre en esquivant les coups. C'est très fugace, bien plus que le regard, et il faut vraiment avoir l’œil sur moi, s'y connaître en combat et non dans la fanfaronnade nommée "art martial". Cela ne m'empêche pas de regarder la femme venir avec un regard plein d'une fausse compassion, une fausse naïveté, fragilité, longuement travaillée et perfectionnée. Même Duguay avait du mal à voir à travers ce masque et pourtant elle connaissait en partie la vérité. En partie.

En parlant de cette inconnue, première chose surprenante : elle arrive à être plus petite que moi. C'est assez rare pour être remarquée. Habillée d'une robe serrée, épaule nue, j'ai d'abord pensée à l'amante d'un bourge ostentatoire, je sais qu'en Haut, ils aiment se pavaner avec des belles femmes, quitte à payer pour les avoirs mariés. Mais aucun signe de bague. Peut-être simplement une mangeuse de richou. Autre confirmation, le rapide coup d'oeil autour d'elle me fit découvrir au moins un "porte-flingue" comme on dit chez nous. Elle se fait discrète certes, mais elle est discernable à sa manière de bouger et de regarder vers ce qui entoure cette femme et non elle directement.

Mais la vraie question, c'est : qu'est-ce qu'elle veut celle-là ? Me défendre ou enfoncer le clou ? C'est pour ça que je prends l'air encore plus fragile et innocente, reprenant un sourire désolé en fixant l'homme qui vient pourtant de me gifler et que j'aurais déjà brisé dans d'autres circonstances, sûrement en demandant à Amelia de le maintenir poignet en arrière pendant que Loreleï coule du métal fondu dessus, les soudants une fois pour toute. Je l'aurais fait supplier, pour que son regard hautain se transforme dans celui du pauvre con qui se rend compte de la force d'une foule face à la minorité, quand tous regardent et ne disent rien. Je l'aurais peut-être gardé en vie, pour en faire un symbole à ceux qui m'emmerde. Une chaîne autour du cou, nourrit par sa grosse. Si seulement on pouvait mettre Alexandria à feu et à sang le temps d'une nuit... mais bon, je ne repars pas sans vengeance, jamais, et personne ne semble avoir remarqué la montre à gousset glissé de sa poche droit dans ma main pour finir dans ma manche ample. "Keller". C'était donc le nom de la grosse. Et l'homme est donc Major. Pendant un instant, la scène fut irréaliste. Un petit bout de femme face à un homme, lui tenant tête, et l'homme prenant petit à petit l'air d'un gamin qui comprend sa bêtise et panique de la punition. T'en fais pas bouffie, si un jour quelqu'un doit te faire la peau, c'est moi. Je n'oublie jamais un visage, et personne ne peut me frapper impunément.

Dans tous les cas, on parle de moi. C'est évident à la manière dont la grosse Keller et cette nouvelle arrivante me regarde en parlant plus bas. Cela ne me déplaît pas forcément. J'aime autant être discrète sur certaines choses qu'être le centre de l'attention, même si on parle de moi en mal. Baissez les yeux sur le peuple, il ne vous rendra que le mépris que vous lui adressez. Levez les yeux vers les Astres, ils vous puniront de votre affront. Ainsi pense chacun des deux mondes. Mais moi, je préfère imaginer qu'on lève et qu'on baisse ce regard sur moi, et que je les ignore allègrement. Le plus beau pied de nez à cette ville d'apparat, où même l'emplacement de la population est agencé comme une architecture somptueuse : ce qui est beau et présentable à la vue de tous, ce qui est utile mais ingrat, dans la cave. Tout nous différencie avec cette nouvelle arrivante. Se battre pour obtenir ce que l'on veut, c'est différent de se battre pour éviter de perdre le peu que l'on possède, et ça, elle ne le comprendra sûrement jamais. Mais pour le moment, sa pitié m'arrange bien. S'il avait fait plus d'esclandre, Duguay m'aurait encore passé un savon... Par contre, me prendre de haut et me parle d'un air condescendant est rarement une bonne idée.

-" Je doute que ce pauvre hère m'aurait fait tant de mal, une colère vite arrivée en pensant que j'insultais sa somptueuse et charmante fiancée, mais je vous remercie de votre intervention, cela aurait peut-être pris du temps avec l'alcool qui coule à flots ici, beaucoup trop pour la santé. Et vous voulez discuter avec moi ? Je crains de ne pas être la plus qualifiée pour vous convertir à notre cause, je ne suis qu'une aide-soignante. "

L'arrivé d'un serveur me prit un peu par surprise, un léger étonnement amplifié sur mon visage, comme un être délicat le ferait, mais intérieurement, je me méfiais. En plus de la "gardienne" de la gente de dame dans la pièce, une arrivée si soudaine et étrangement bien marqué ne laissait peu de doute : soit j'étais surveillée par quelqu'un ici, soit c'était elle. Je ne pris rien sur le plateau, malgré une terrible envie de dévorer quelques amuse-gueules. En refusant, je porte la main au niveau de ma poitrine pour m'incliner un peu, un signe de remerciement envers quelqu'un dont on partage la douleur du fardeau. En me penchant et ramenant mon bras vers le bas, j'accroche la chaîne de la montre à gousset à la ceinture et glisse le reste de l'objet à l'intérieur de la robe par le côté. Encore une fois, le mouvement est fluide, imperceptible presque, et la seule chose qui dépasse de la robe et de la ceinture est un crochet si petit et fin qu'il en est presque invisible. Plus tard, j'accrocherais la montre dans ma jarretière pour éviter qu'elle ne frappe ma cuisse. Je me redresse et tends la main vers la petite femme, une main douce et délicate, quelques bandages de main, l'habitude des "soeurs" du dispensaire, comme au pied, de porter des bandages ainsi pour se couvrir en toute circonstance. Mes yeux sont souriants et mon visage angélique, bien que peut-être un peu douloureux, ne cherchant pas à cacher le fait que la gifle fut assez puissante.

-" Linia Ròng, jeune bénévole. Et vous êtes, autre ma sauveuse ? "

La question semble sûrement anodine et uniquement courtoise. Mais il me faut un nom et son titre, pour comprendre pourquoi j'ai l'étrange impression d'être souvent épié par des gens. Soit elle est importante, soit c'est une femme de quelqu'un d'important, soit c'est moi le problème, et si j'ai été repérer, ça peut vouloir dire deux choses : un manque de vigilance de ma part dans le meilleur des cas. Dans le pire des cas, la milice avait prévu de s'en prendre aux différents clans et gang du Verso en sachant qu'il y aurait ce soir des guerres plus violente, et que possiblement, des membres du notre, c'est fait attraper et ont vendu la mèche. Dans ce cas, il me faudra faire preuve d'astuce pour sortir d'ici sans me faire choper. Il faut donc que j'identifie la cause de ce mal-être. Surtout que, bien que grossièrement cacher pour quelqu'un comme moi qui emploie souvent cette technique, la Porte-flingue sait clairement ce qu'elle fait, ce n'est donc pas une milicienne. Et le serveur était beaucoup trop discret, me surprendre est difficile quand je suis aux aguets, pour n'être qu'un serveur ou un milicien lui aussi. Il y'en a peut-être d'autres comme ces deux là, et c'est ça le vrai problème.

-" Et si besoin, nous pouvons discuter ailleurs, car ici il y aura bientôt beaucoup de bruit à nouveau. "

J'évitais bien évidemment de regarder en directement du serviteur ou de la dernière position de la femme qui se la jouait oiseau de proie furtif. Cela rend généralement ce genre de personne nerveuse, surtout lorsqu'ils sont difficiles à trouver dans une foule, car ils savent reconnaître quand on les cherche du regard, même en mimant le fait de parcourir la salle des yeux. Non, au lieu de ça, je continue de fixer la femme droit dans les yeux.

Elenor Kingston
Elenor Kingston
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La charité, l’hypocrisie et des cocktails. [Elenor] EmptyVen 7 Fév - 23:13
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Profession : Haute Générale commandant des forces navales de Daënastre
Daënar +3 ~ Tyorum (femme)

« Juste une aide-soignante, n’est-ce pas ? »

Elle laissa glisser les mots à la manière de son regard sur les ouvertures de la robe.  Elle ne savait pas exactement qui était cette jeune femme -l’eue-t-elle sût qu’elle aurait mis fin à cette conversation- mais elle avait du mal à la croire aussi innocente qu’elle se prétendait. Cette tenue associée à son jeu d’infirmière modèle lui donnait l’impression d’une personnalité autrement plus exotique bien cachée derrière, sans compter cette lueur qu’elle avait aperçue dans son regard, et il se trouvait qu’elle n’avait présentement pas beaucoup mieux à faire que d’essayer de la découvrir.
Il fallait de plus qu’elle ait bu une certaine quantité d’alcool pour trouver un intérêt dans un jeu aussi futile et, surtout, qui impliquait qu’elle parle autant à une personne. De sujets non scientifiques ou militaires par-dessus le marché. Elle hésita d’ailleurs pendant un instant à faire machine arrière, à rompre le contact, mais ce qu’elle ne pourrait par la suite que qualifier de pulsion autodestructrice la poussa à rester, en même temps qu’elle levait son verre pour boire une nouvelle gorgée.

Tout en lui tendant une main qu’Elenor n’hésita presque pas avant de serrer, la sœur lui demandait son nom, ce qui confirmait à la Haute-Générale son anonymat. Celle-ci s’oublia un instant dans la contemplation des yeux de son interlocutrice : elle avait un regard très particulier, ce bleu tirant sur le gris lui évoquait les mers les plus traîtresses, quand elles se préparaient à vous engloutir sans crier gare. Elle qui avait aussi un regard très particulier, qu’elle soulignait le plus souvent avec son maquillage contrairement à Linia, elle savait voir derrière les artifices.
Quand elle se rendit compte de son absence, elle se reprit avec un petit raclement de gorge avant de répondre. L’idée de cacher son importance lui traversa l’esprit et elle la trouva étrangement amusante, presque irrésistible.

« Elenor Kingston. Je travaille pour la marine, je suis une passionnée d’ingénierie navale. »

Techniquement on ne pouvait lui reprocher d’avoir menti. Elle avait simplement omis une partie de la vérité. Il n’était pas impossible toutefois que son nom suffise, elle restait connue de quiconque s’intéressait à l’armée de l’U.N.E. mais elle ne pensait pas que c’était le premier centre d’intérêt de la population du Verso. A tort ou à raison, elle s’en rendrait probablement rapidement compte.

« Ailleurs ? Mais où ça donc ? Enfin, pourquoi pas, mais laissez-moi le temps de signer un chèque pour les dispensaires, je n’ai pas l’envie de chercher quelqu’un qui y mettra un peu plus du sien que vous. »

Elle attira l’attention de l’un des domestiques qui se promenait dans la foule avec une petite écritoire sur laquelle reposaient une plume et quelques feuilles afin de noter la somme remise et signer. Il ne s’agissait pas de reconnaissances de dettes officielles qu’il aurait été trop faciles de voler mais davantage d’un engagement informel qui se trouverait concrétisé dans les jours suivants devant des notaires. Ceux qui refuseraient à ce moment d’honorer leur générosité proclamée en entendraient parler pendant longtemps.
Le domestique s’approcha et peina à se baisser assez pour qu’Elenor soit à l’aise. Elle inscrivit, de son écriture claire et académique, une somme de plusieurs milliers d’irys qui ferait surement parler d’elle dans les semaines à venir. Elle avait décidé bien à l’avance de donner autant et il ne lui vint pas à l’esprit que cette somme était extrêmement élevée pour quelqu’un qui se présentait comme une ingénieure talentueuse, au plus. Elle reposa la plume et se tourna vers Linia :

« Bien, maintenant j’accepte de vous accompagner à un endroit moins bruyant, à supposer que vous en trouviez un, bien sûr. »

Elles s’éloignèrent donc du centre de la salle, où se situait encore la majorité des gens bien qu’ils s’écartaient progressivement désormais que le moment du discours était passé. Elenor en profita pour échanger son verre qui s’était inexplicablement vidé contre un autre plein. Finalement elles se retrouvèrent au bord de la salle, non loin des grandes fenêtres qui donnaient sur une de ces rues profondes, semblables à des à-pics rocheux, qui faisaient toute la particularité du cœur d’Alexandria. Elles étaient aussi isolées du reste de la salle que la soirée le permettait, et Elenor se fit distraitement la réflexion que ça les rendaient d’autant plus visibles.

« Bon, alors, satisfaite ? Je me demande bien pourquoi le bruit vous dérange autant. Tant que j’y suis… la coupe de votre robe, c’est pour avoir moins de tissu à laver ? Je dois avouer que ça m’a surprise la première fois que je vous ai aperçue. »

Linia Ròng
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La charité, l’hypocrisie et des cocktails. [Elenor] EmptyVen 20 Mar - 19:03
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Profession : Je fais des trucs, voyons...
Daënar -1
Je regardais la femme dans les yeux, penchant la tête de côté. Beaucoup de gens aime comparer cette manière de faire avec celle des Tairakhs ou encore des Aitahs, une observation à la fois étrange par la curiosité expressive qui s'en dégage, mais aussi dérangeante par l'instinct de prédation que je dégage, si on écoute Loreleï. La pause entre ses phrases est trop longue, ce qui me pousse à me pencher légèrement en avant, un geste furtif et à peine marqué. Puis, lorsqu'elle reprend enfin, je ne bouge pas de cette position prise. C'est une façon comme une autre de faire comprendre à quelqu'un qu'il était en train d'envahir l'espace personnel en envahissant le sien. Cela suffit généralement à faire reculer d'un pas l'interlocuteur. Et tout en faisant, je relâche la pression sur sa main. Mes doigts glissent à travers ceux de la blonde qui me fait face, presque comme un souffle qui caresse la peau, délicat et chaud au contact.

Puis, après ses présentations en tant que simple membre des forces navales de l'UNE, mon esprit passe en revue les livres d'Amelia parlant justement de l'UNE. Rien d'intéressant ne me revient en tête, mais je sais à peu près le genre de discussion qui peut arriver maintenant avec cette personne et les gens de sa "caste". Et ce qui est sûre, c'est qu'elle est bien trop riche pour être simple membre de la marine.

-" Enchantée, mademoiselle Kingston. L’ingénierie n'est pas vraiment mon fort, alors l'ingénierie navale encore moins. Surtout qu'ici vous êtes plutôt dans la ville des "nuages", même si vous vous trouvez dans la partie de l'orage permanent. "

Je ne mens pas. C'est Loreleï qui adore tous ses trucs d'ingénieur. J'en connais très peu sur le rayon, même si je veux pouvoir faire voler ce Brik anéanti, l'aspect technique revient à Lore, et l'aspect financement à Amelia. Moi, je m'occupe du reste. Mais encore une fois, cela me donne un avantage : je sais feindre l'intérêt quand Lore parle de calcul savant, supposément capable d'expliquer pourquoi les oiseaux vols et pas nous. Alors quelqu'un faire la même chose pour m'expliquer pourquoi les bateaux pourtant lourd, arrive à flotter sur l'eau, ce sera pareil. Et pendant ce temps de réflexion, j'aperçois l'endroit parfait ; je devrais pouvoir la faire marcher jusqu'aux fenêtres qui surplombent le Verso. Comment faire comprendre à quelqu'un ce que représente une ville sous la ville autrement ? Quitte à être surveillée par Duguay, autant faire ce qu'elle attend de moi... un petit peu.

Je reviens sur la fameuse Elenor, qui appelle un serviteur pour pouvoir écrire. Je ne peux m'empêcher de grimacer légèrement en voyant avec quel dédain elle attend qu'il se penche et l'utilise comme pupitre d'écriture. Bien sûr que nous sommes capables, dans le Verso, d'utiliser les autres comme des outils. Mais ce n'est jamais aussi "gratuit" que ça. Cette manière de vivre et de faire, c'est tout ce qu'Amelia a fuit, et je comprends pourquoi. J'arrive à reprendre un visage gentil, doux et souriant quand elle revient vers moi et je l'emmène alors petit à petit vers les grandes fenêtres, comme les gens reprennent leurs discussions maintenant que le discours est fini, un léger brouhaha parcourant la salle. Il y a même un air de musique, dont je ne puis reconnaître les instruments le jouant, qui vient se rajouter aux restes.

-" Le bruit me gêne, car je vis dans le bruit. Le bruit des tuyaux gigantesques qui permettant aux Astraux d'avoir de quoi fabriquer leurs armes et leurs nefs, le bruit des gens qui grouillent, qui survivent et meurent, le bruit de tous les mensonges qui sont lancés. Le silence est un luxe."

J'admire la vue de haut. Je ne vois que rarement les endroits que je foule d'un point de vu aussi surélevé. C'est pour cela que je veux que le Brik vol. Je veux qu'Amelia et Loreleï puisse comme moi, baisser les yeux pour une fois, et non être constamment en train de les lever vers... le plafond de notre monde. Baisser les yeux aussi est un luxe...

-" Pour ce qui est de NOS robes, j'ai simplement manqué de temps pour enfiler mon justaucorps, et je n'allais quand même pas venir complètement nue. Ensuite, que savez-vous des tissus à laver ? En vous regardant et je ne parle pas que de votre style, on devine facilement que vous ne les laver que rarement vous-mêmes. Que savez-vous de la difficulté de laver des taches de sang d'un tissu blanc ? Si vous êtes de l'UNE, je présume que vous avez au moins autant de sang sur les mains que nous autres... sauf que vous n'y avez jamais réellement plongé les mains ni même gratter votre peau pour l'enlever, car ce sang, vous n'y faites jamais attention. "

Je replonge mon regard dans le sien. Il est évident qu'elle peut y déceler un petit côté rieur. Me moquerais-je d'elle ? Ou suis-je amusée par la situation, par la leçon de vie à quelqu'un de si "érudite" ? Mais dans tous les cas, je suis sincère sur le fond : qui sont tous ses Astraux qui pensent pouvoir nous comprendre quand même écrire se fait avec l'aide d'un serviteur ? Et je profite aussi du moment pour glisser doucement la montre dans ma jarretière, en me penchant un peu comme je parle plus bas.

-" Mais après tout, qui suis-je pour comprendre quelqu'un qui ressent le besoin d'aider les plus pauvres sans raison apparente alors qu'il semble plus s'ennuyer ici qu'être réellement venu par charité ? Peut-être cachez-vous des cadavres dans vos placards et que vous ressentez soudainement le besoin d'avoir la conscience tranquille... Dans ce cas, effectivement, vous comprenez maintenant ce que ça fait de frotter avec ses ongles pour décrocher le sang des autres de vos mains. "

Je me remets droite en lui adressant un clin d'oeil avant de regarder à nouveau vers le Verso. Je me demande où en est la bande ? Le plan a-t-il réussi ? Quelqu'un s'est-il fait prendre ? Et dans ce cas, vont-elles bien en bas ? Je me mordille la lèvre inférieure de frustration : oui, j'avais envie de venir ici, mais finalement, j'ai l'impression d'être impuissante devant une situation que je ne maîtrise plus, ayant dû laisser la main aux autres...

Elenor Kingston
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La charité, l’hypocrisie et des cocktails. [Elenor] EmptyMar 11 Aoû - 22:52
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Daënar +3 ~ Tyorum (femme)
Elenor contempla un instant l’étrangeté de cette ville artificiellement souterraine, qui en cumulait les défauts sans réussir à en avoir les avantages. Elle avait déjà eu l’occasion de prendre de la hauteur sur les choses - une expérience toujours exotique pour elle – lors des quelques occasions qu’elle avait eu de se trouver sur un aéronef, ou tout simplement à la proue d’un navire particulièrement imposant, mais Alexandria lui offrait le même point de vue tout en lui donnant cette impression d’avoir les deux pieds sur terre.
Mais en y réfléchissant le Verso était encore plus impressionnant que l’Astral. Les balcons des astraux ne donnait finalement aucune sensation que l’on aurait pu avoir en se tenant au bord d’une falaise suffisamment haute. Terriblement haute si l’on voulait être honnête mais c’était finalement une expérience relativement ‘banale’. Alors que se retrouver face à cette gigantesque caverne était quelque chose que seuls une poignée d’explorateurs particulièrement chevronnés auraient pu envisager vivre si Alexandria n’avait pas été bâtie. Elle goûtait l’ironie de cette vision qui aurait pu être une merveille si elle avait été naturelle et était devenue un enfer pour des centaines de milliers de gens. Mais à ses yeux seule trouvait grâce la prouesse d’ingénierie.

« J’essaie d’imaginer. Les bateaux et la mer peuvent être bruyants aussi mais les marins que j’ai croisé qui viennent d’ici m’ont toujours donné l’impression de les préférer. Je n’ai jamais eu l’occasion de discuter du sujet cela dit, donc je ne saurais expliquer pourquoi. »

Elle haussa légèrement ses épaules nues, faisant onduler le boa crème qui les ornait. Son doux visage se fronça comme si elle avait avalé de travers quand Linia l’invectiva. En temps normal elle n’aurait probablement pas laissé passer la chose mais l’alcool et son propre reflet de gamine vexée allégèrent son humeur. Elle se tourna vers la sœur, la regardant de sous ses paupières légèrement closes, un sourcil délicatement arqué et le coin de ses lèvres se relevant dans un rictus presque imperceptible.

« Mais c’est que vous mordriez ! » le ton était mi-amusé mi-vexée, qu’on la prenne de haut de la sorte lui était visiblement resté en travers de la gorge malgré l’absurdité de la situation qui la faisait rire intérieurement : « Mais au risque de vous décevoir j’ai un petit plus de sang sur mes mains que vous ne semblez le penser. C’est pourquoi j’ai opté pour l’ivoire, ça se nettoie très facilement. »

Elle avait prononcé la dernière phrase sur un ton très grinçant, en même temps qu’elle tirait une cigarette de son étui avec sa main droite, ce qui mit en exergue la mécanique qui la composait, les rouages cliquetant légèrement tandis que les doigts se pliaient délicatement pour venir déposer le fin cylindre roulé au bord des lèvres d’un rouge éclatant. Elle en proposa également une à son interlocutrice qui l’accepta.
La cigarette dansa légèrement au milieu de la flamme de son briquet quand elle l’alluma, ce qui était le signe qu’elle commençait à avoir bu un peu plus que de raisons. Mais n’ayant aucune envie de s’arrêter elle demanda à un serveur qui passa à côté d’elle de lui apporter un brandy, et celui-ci partit en emportant le verre qu’elle avait abandonné sur le rebord de la fenêtre.

« Ma conscience va très bien, je vous remercie de vous inquiéter pour elle. Bien vu toutefois, je ne suis pas exactement là par pure charité. Après tout si tout ce qui m’intéressait c’était de donner de l’argent, je n’avais pas besoin de me déplacer sur toute une soirée pour ça. Comme d’habitude avec nous autres, il s’agit de politique. »

Elle leva les yeux au ciel comme si le sujet l’indifférait, ce qui n’était pas totalement faux : ça n’avait jamais été qu’un moyen pour elle et elle ne tirait aucun plaisir particulier de ces artifices. Ce qu’elle voulait c’était un monde qui tourne bien, si elle devait porter une robe de temps en temps et s’ennuyer dans une soirée mondaine, elle était prête à faire ce sacrifice. Et puis parfois, comme ce soir, elle se trouvait une étrange distraction qui ne l’ennuyait pas. Pas encore tout le moins.

« En plus de cela, si donner de l’argent peut couper ne serait-ce qu’un tant soit peu l’herbe sous le pied de ces prétendus bienfaiteurs pacifistes sur leur satanée île, ça rajoute un petit plaisir personnel. »

L’espace d’un instant son regard s’était fait aussi dur qu’à son habitude et l’on aurait pu y reconnaître l’implacable amirale pourchassant un ennemi. Puis l’acier fondit et elle retrouva son petit air oscillant entre amusement et ennui qu’elle arborait depuis un moment. Le serveur revint et elle attrapa le verre en le remerciant. Avisant les mains vides de son interlocutrice, Elenor eut une petite moue dépitée.

« Vous ne voulez pas prendre un verre ? Que je ne me retrouve pas à boire seule, pour une fois. »

Elle avait pensé les derniers mots sans intention de les prononcer mais ils s’étaient échappés entre ses lèvres, à peine un murmure, sans qu’elle ne s’en rende compte. Elle but une gorgée et reprit sur sa lancée.

« Vous savez, je ne crois pas que vous êtes venue pour récolter de l’argent, ou en tout cas que vous soyez juste une infirmière de plus. Déjà à cause de votre tenue, je ne vois pas comment on peut être suffisamment en retard pour ne pas mettre ce qui va en-dessous, ou à la rigueur ne mettre que ce qui va en-dessous. »

Tout en disant cela son regard remonta le long du corps de Linia, avec une lenteur légèrement trop prononcée bien qu’il était difficile de dire si celle-ci, ainsi que le léger rose qui commençait à peine à colorer ses joues, avait à voir avec la quantité d’alcool qu’elle avait avalé ou d’autres raisons.

« J’en déduis que vous avez au moins une idée derrière la tête, même si je ne sais pas encore laquelle. J’ajouterais également que vous ne faites aucun effort pour récolter des dons, ce ne doit donc pas être votre motivation première à être là. Mais c’est surtout le regard que vous avez lancé à ce pauvre major qui m’a mis la puce à l’oreille, il ne sait pas à quoi il à échapper. »

Elle parlait à voix basse, ne souhaitant pas attirer l’attention de qui que ce soit – et surtout pas d’un trio de chaperons qui se baladaient dans la salle et risquaient d’outrepasser ses consignes s’ils les trouvaient trop dangereuses. Ses yeux scrutait pensivement le liquide ambré dans son verre tout en continuant sa petite déduction, qui n’était visiblement rien de plus qu’un jeu à en juger par le ton léger et la façon très tranquille qu’elle avait de tirer sur sa cigarette.

« Si je prends en compte votre petit discours de tout à l’heure je suppose que vous avez effectivement pas mal de sang sur les mains – nous avons donc un point commun même si je ne fais que rarement cela directement – et qu’il est loin de provenir uniquement d’opérations chirurgicales. N’essayez pas non plus de me faire le coup de la petite obligée de se défendre dans la rue : j’ai côtoyé mon lot de tueur, ce n’était pas le regard d’une victime que j’ai vu tout à l’heure. »

Elle s’arrêta un moment pour contempler de nouveau le Verso qui s’étendaient en-dessous d’elle.

« Si je devais deviner je dirais que vous avez plus à voir avec la pègre qui donne tant de mal à la police de la ville. Vous n’êtes pas assez musclée pour jouer les gros bras et vous ne me semblez absolument pas capable d’être suffisamment soumise pour être une prostituée. Ça laisse encore pas mal de possibilités mais vu votre répartie, je vous vois mal suivre les ordres sans discuter. Je pense qu’il y a de bonnes chances que vous soyez celle qui en donne. Je vous imagine aussi assez bien jouer avec un couteau ou un pistolet. Après tout vous ne devez pas avoir pu venir ici ainsi déguisée sans avoir au moins un petit rôle à jouer dans un dispensaire et j’imagine que l’on trouve toujours une utilité aux connaissances d’anatomie basiques dans une bagarre de rue. »

Elle se retourna vers Linia, avec un regard qui la défiait de dire qu’elle s’était trompée, bien que son aplomb habituel soit un peu fragilisé, sans doute émoussé par le flot auquel elle s’abreuvait depuis le début de la soirée.

« Alors, à quel point j’ai eu bon ? »

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