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Courants d’air EmptyVen 15 Nov - 20:33
25 Avril 932 - Cerka

Sans broncher, la grand-mère sortit de son porte-monnaie la contrepartie de ses soins, composée une poignée de monnaie et de quelques billets bien pliés. Elle s’était préparée à l’impact bien avant de venir, et elle le prenait avec acceptation. C’était normal, pour accéder aux médicaments. Alors que son aînée cachait ses inquiétudes, Maria, face à elle, ne savait que trop bien reconnaître qu’il s’agissait là d’économies de fond de tiroir. Sur quoi rognait-elle pour se soigner ? Sa nourriture ? Son chauffage ? Ses vêtements ? L’aide qu’elle donnait à ses petits enfants ?... Alors que son dû lui était tendu, la médecin avança la main pour le refuser, regardant dans les yeux sa débitrice. D’abord le doute et la crainte envahirent la concernée, puis tout à coup, lorsque Maria vint refermer les doigts fripés sur cet argent qu’elle ne prendrait pas, secouant la tête… une émotion intense réanima les épaules fatiguées. Maria ne disait rien, il n’en fallait pas plus.
Quelques instants passèrent, le temps que la vieille ne sèche ses larmes. Maria se redressa, partie pour raccompagner la septuagénaire à la porte de la salle d’attente. A cet instant, cette dernière lui attrapa la main. A l’intérieur se trouvait un billet symbolique.

_ Gardez-le. C’est pour tout ce que je vous dois.

De la libre, Maria vint recouvrir la menotte parcheminée qui la tenait. Des veines, saillantes, usées, sous une peau translucide tant elle était fine.  D’un sourire, elle l’encouragea ; et sentant la fraicheur de sa chair, elle lui répondit :  

_ Prenez-soin de vous. Couvrez-vous bien, et dès que vous le pouvez, mettez-vous au chaud. L’air est moins froid - il n’en est pas moins traitre.

Maria poussa la porte de la salle d’attente, dans l’idée d’aider à passer la marche trompeuse qui s’y trouvait, alors qu’une toux vilaine parvenait jusqu’à ses oreilles. Tiens, elle ne se souvenait pas de l’avoir entendue jusqu’ici… Au travers du rideau, tel un couperet, la voix de crécelle de son mentor, excédé toujours pour un rien, tonna :

_ MARIA ! (Il accentuait toujours la deuxième syllabe de son nom, avec l’accent qui était le sien.) Que t’ai-je déjà dit ?! LES EPIDEMIQUES AVANT ! Cette greluche qui tousse, j’entends sa MALADIE jusqu’ICI !! Elle va contaminer tout le monde !!

Et malgré qu’elle eût fermé la porte au moment où l’apostrophe avait débutée pour éviter l’étalage d’injures, le reste du cabinet avait dû l’entendre. Elle sentait bien la légère agitation qu’il avait provoquée, au travers du bois. Bien. Pour le coup, il allait falloir se jeter sur le malade avant qu’une chasse aux sorcières ne se lance dans la pièce d’à côté… L’air noir, Maria, qui cherchait son calme, s’était raidie, et son regard d’un sombre orage planait sur le plafond, imaginant un monde parallèle où elle aurait pu le poignarder pour se défouler.

_ Mais quel vieux bouc ! » Protesta tout bas la vieille, ce qui la surprit. La jeune femme constata que l’on prenait sa défense, et avec un sourire, vit la canne agitée vers le drap. La grand-mère, en se rebiffant contre ce qui attaquait sa bienfaitrice, rassurait Maria sur le fait qu’elle était encore vaillante. D’un geste de main, elle lui intima de laisser tomber.

La salle d’attente était, comme à ce genre d’heures, plutôt bien remplie. Il y avait de toutes les pathologies, et des visages qu’elle reconnaissait. Ceci dit, Phileas avait plutôt raison. Les poumons infectés qu’elle avait entendus, c’était du vite fait, et ça évitait la contagion. S’avançant entre les sièges occupés de la salle en forme de « L », tel un fantôme avec sa blouse aux ombres grises, son regard se mit à fureter tout autour, jusqu’à ce qu’une nouvelle toux ne vienne désigner la personne pour elle. N’ayant pas une minute à perdre, elle traça vers la désignée.

_ Vous. Avec les cheveux roses. Suivez-moi.

D’un pas sur le côté, elle tendit le bras pour ouvrir l’une des fenêtres qui donnait sur la rue, forçant d’un geste sec parce que le bois était vieux et rendait difficile son utilisation. L’air du nord s’engouffra dans la salle, faisant frissonner les malades. Face à leurs yeux ronds, Maria informa l’assistance d’un ton mêlant fermeté et pédagogie.

_Fermez-ça dans cinq minutes, pas avant. C’est pour éviter la contamination, et évacuer les germes dehors.

Au vu de la température, pour sûr, chacun allait être très occupé à regarder sa montre pour le futur proche. La médecin retourna dans son antre, s’attendant à ce que l’élue la suive. Une fois la porte de l’attente refermée, les deux femmes prient la moitié gauche de cette salle au plafond haut, qui se trouvait être délimitée par un rideau dressé. Au fond, se trouvait une constellation de vitres, formant une ouverture en demi-cercle ; mais il n’y avait nulle vue à admirer. Le paysage se constituait d’un mur gris, sale et sans fenêtres, dressé à quelques mètres de là. Une usine ou un hangar, sans doute. Le seul avantage, c’est qu’il n’y avait donc de regards indiscrets. Mais là où on aurait pu s’attendre à une bonne lumière, du fait que le cabinet se trouve au premier étage, l’inverse se produisait. Les rayons solaires ne se frayaient qu’un passage diffus au travers des carreaux crasseux. La salle était encadrée de bibliothèques qui comportaient autant livres que médicaments, outils anxiogènes de forme bizarre, et autres nécessaires au métier de la médecine. Une grande table transversale trouvait sa place avant la grande vitre, où étaient disposés les outils les plus fréquents, communs aux deux médecins. Au final, les lumières artificielles donnaient l’occasion de voir la sobriété de l’endroit, car passé l’architecture particulière du lieu, on remarquait tout ce qui manquait : la clarté, les moyens. Tout était vieux, tout ce qui fonctionnait encore était utilisé jusqu’à la corne. Le parquet grinçait fort et était fortement usé aux endroits de passage.
Avant de s’enclencher sur une quelconque consultation, Maria se retourna vers sa patiente pour la question qu’elle devait le plus haïr de son existence.

_ Sinon, bonjour. Vous avez de quoi payer ? J’ai juste besoin de jeter un coup d’œil.

La « procédure nécessaire » ... elle était déjà indiquée à l’intérieur du cabinet, accrochée à l’entrée sur le tableau d’affichage. Il fallait montrer ses ressources au début, pour faire patte blanche. C’était un commun accord sur lequel les deux praticiens étaient tombés à l’évidence, pour éviter de perdre un temps précieux pour tout le monde.

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Courants d’air EmptySam 16 Nov - 15:57
Un énième éternuement vint couvrir les bruits familiers des mécaniques dans l’atelier des Hawkes. Cela faisait plusieurs jours qu’Alex crachait ses poumons et la situation ne s’améliorait pas. C’était même le contraire, ses symptômes empiraient. La demoiselle posa l’outil qu’elle avait en main pour éviter les accidents et attendit que la crise passe. La manchote en profita pour s’éponger avec un de ces tissus qu’elle utilisait habituellement pour ses mains. Elle se mit ainsi quelques traces de cambouis sur le visage, mais la demoiselle s’en fichait bien. Al sentait une fine pellicule de sueur un peu partout sur son corps et elle n’aimait guère cette sensation moite. La jeune femme posa quelques secondes sa main sur son front, qu’elle trouva chaud malgré les frissons qui pouvaient parfois la parcourir. L’estropiée avait beau ne pas le vouloir, elle devait bien admettre qu’elle était tombée malade et qu’elle luttait avec une bonne fièvre.

La mécanicienne ne tombait pas souvent malade, son père non plus. Les deux avaient une constitution robuste et la demoiselle semblait bien décider à poursuivre son travail. Al se passa un peu d’eau sur le visage. En travaillant assit, elle n’aurait qu’à serrer les dents. La mécanicienne travaillerait plus lentement, elle sentait bien que son esprit était partiellement embrouillé, mais au moins elle continuerait de bosser. La demoiselle estimait qu’elle ne pouvait pas se permettre d’arrêter en ce moment, ils étaient trop juste pour le remboursement de ce mois-ci. L’estropiée se remit péniblement sur son atelier, pour reprendre ses outils et poursuivre son ouvrage.

« Pars voir le doc de suite. »


Philippe avait observé le cirque de sa fille et en était arrivé quasiment aux mêmes conclusions que cette dernière. Le père de la demoiselle n’était toutefois pas d’accord sur l’obligation de passer voir le médecin. Si Alex n’avait rien de grave, elle aurait déjà terminé de lutter contre la maladie. Vu l’état de sa gamine, elle devait avoir chopé quelque chose de plus sérieux. L’entêtée hocha négativement la tête.

« ça ira j’t’assures. »
« Avec une voix plus ferme t’aurais été plus convaincante. T’y vas tout d’suite ou j’t’y conduis par la peau du derche. »

Alex reposa les objets qu’elle venait de saisir et laissa échapper un léger soupire. Elle connaissait son père et savait qu’il était sérieux. Perdre un des deux mécaniciens pour le garage et la rentrée d’argent, ce n’était déjà pas bon. Devoir fermer complètement la boutique, c’était encore pire et le risque de ne pas pouvoir rembourser leur dette devenait trop important.

« J’me rends. »

Capitula la malade, avant de se lever, pour partir chercher quelques sous pour le médecin. Leur réserve hors remboursement avait bien pâti de sa dernière lubie. La demoiselle regarda le livre de compte et se demanda si elle avait bien fait de céder à son goût pour le pilotage et de remettre à neuf l’aéronef de sa mère. Lors de son premier vol d’essai elle avait trouvé que cette décision était la meilleure de sa vie. Maintenant qu’elle était malade et devait payer le médecin, la chanson n’était plus la même. La jeune fille secoua la tête et insulta mentalement la maladie qui la faisait broyer du noir et saisit quelques billets.

« A toute. »


Alex chemina lentement jusqu’au cabinet du docteur Phileas. C’était un grincheux à l’insulte facile pour un érudit, mais c’était un médecin efficace et surtout le plus proche de chez eux. Les yeux de la demoiselle se levèrent au ciel lorsqu’elle vit la salle d’attente bondée. La mécanicienne avait espéré pouvoir repartir rapidement chez elle pour se remettre au travail, elle pouvait faire une croix sur cette idée. Mal au point elle s’installa, ou plutôt s’écroula partiellement sur la chaise.

La patience était un élément qui fluctuait beaucoup chez Alex. Face à un problème mécanique ou pour trouver la pièce qu’elle voulait, l’estropiée pouvait en avoir une réserve quasi-infinie. Pour d’autres activités, comme celle de se trouver dans une salle d’attente pleine de malade, son seuil était drastiquement plus bas. Il n’y eu pas beaucoup de patients à passer avant elle, la résolution de la jeune femme pour voir le médecin fondait toutefois déjà comme neige au soleil. Heureusement, la fatigue l’emportait sur la mauvaise humeur, aussi même si l’envie de repartir titillait la manchote, elle ne se leva pas.
Alors qu’elle était prise d’une énième quinte de toux, la voix du doc aigri passa jusque dans la selle d’attente. Alex aurait rigolé si elle n’était pas en pleine crise.  La greluche, il n’y avait que ce médecin acariâtre pour traiter ses patients ainsi.
Etonnamment, ce fut une femme qui parcourut l’assistance à la recherche de la porteuse de germes. Alex n’avait pas mis les pieds au cabinet de Phileas depuis des années, aussi fut elle surprise qu’un homme aussi bougon puisse avoir trouvé une collègue qui accepte de travailler avec lui. La femme à l’aspect rigide et froid qu’elle voyait devait avoir des nerfs solides. Lorsqu’Al fut reprit par la toux, la nouvelle doc la désigna pour la suivre.

La mécanicienne se leva péniblement, en se disant qu’elle avait la chance dans cette histoire. En plus de ne plus devoir attendre, elle n’aurait pas à se peler les fesses. La jeune femme suivit la doc dans le cabinet, toujours autant défraîchit. Ils ne roulaient pas sur l’or pour des médecins, car ils avaient choisi d’exercer dans ce quartier. Un choix qui apportait un peu de respect chez une partie des habitants du coin, Alex comprit.
Elle demanda l’argent pour la consultation et la mécanicienne sortit les billets. L’estropiée n’avait pas mit les pieds chez le médecin depuis tellement longtemps, qu’elle ignorait les tarifs qu’il pouvait pratiquer à présent.

« Bonjour. C’est tout c’que j’ai sur moi. Si y’a pas assez, j’peux faire un allée-retour. J’m’appelle Alex Hawkes, et vous doc ? Vous bossez avec doc grincheux d’puis longtemps ? »

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Courants d’air EmptyDim 17 Nov - 17:20
Un coup d’œil, et les premiers symptômes de la malade lui sautaient déjà aux yeux. Le regard un peu flou, légères rougeurs, la façon de marcher… cela ne l’étonnerait de lui trouver de la fièvre. Cela avait tout l’air d’une bonne grosse crève, à confirmer avec l’examen. Maria baissa le regard un instant à l’argent qui lui était monté, en compta machinalement la valeur, avant de le rendre à la patiente.

_ Maria Blair. Cela fait… sept ans que nous travaillons ensemble. Le passe vite, huh ? ... » Elle lui esquissa un sourire, sous un jour un peu plus détendu, bien que sa voix soit du genre basse et monocorde. « A moins que je vous trouve quelque chose de plus grave que ce à quoi je pense, cela devrait suffire. Je vous laisse vous déshabiller.

Elle désigna d’un geste vague la table d’auscultation, entourée de rideaux, dont elle tira le latéral pour en permettre l’intimité totale. De son côté, la médecin fit un crochet par le lavabo pour un coup de savon, tournant momentanément le dos à sa patiente. Ils avaient fait installer l’enclenchement de l’eau par une manette au pied, ce qui était une bénédiction à l’usage. Son seul inconvénient, c’est que l’eau chaude mettait toujours du temps à arriver, et c’était souvent trop tard. Une pensée l’effleura… Dans trois ans, elle pourrait fêter sa décennie de cohabitation. N’était-ce pas incroyable ? En pensant à elle, au début de cette nouvelle vie, il était impossible de ne pas songer à Phileas aussi. Les deux avaient bien changé, surtout Phileas, en vérité. Ça, peu de gens le savaient. De l’autre côté du rideau, le bougon se faisait encore entendre, marmonnant. Maria arrêta son regard sur le thermomètre. Autant pour les patients que pour les praticiens, la température n’était pas flatteuse.
Alors qu’elle séchait ses mains de papier absorbant, elle se rapprocha du chariot sur lequel trônait les instruments dont elle allait avoir besoin. Maintenant qu’elle avait réglé tous les soucis d’ordre financiers, ou presque, elle pouvait se concentrer totalement sur son travail.

_ Nous allons tâcher de savoir ce dont vous souffrez, précisément… Avez-vous fait quelque chose en particulier ces derniers temps, avant l’apparition des symptômes ? Que faites-vous dans la vie ?

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Courants d’air EmptyMar 19 Nov - 0:47
Le visage d’Alex refléta sa stupéfaction. Sept ans ! Elle n’avait pas mis les pieds chez le doc grincheux depuis aussi longtemps. Maria l’invita à se dévêtir et à s’installer. La mécanicienne ne put s’empêcher de répondre au sourire de la doc.

« Faudra que j’pense à venir plus souvent. »


L’humour serait sans doute mieux passé, si une crise de toux n’avait pas cassé l’effet et rendu la phrase difficilement audible. La manchote parvint tant bien que mal à se débarrasser de la majeure partie de ses vêtements et une la bonne idée de conserver son mouchoir. La fatigue et la fièvre la rendaient simplement longue à l’action et pas très dégourdit. Devant son habilité d’huître à marée basse, l’estropiée commençait à se faire une raison. Le boulot était fini pour aujourd’hui et peut-être même demain, sauf si la doc lui passait des médicaments efficaces. Dopée comme un cheval, elle ne serait plus que lente, non ?

Un frisson la parcourue. Celui-là n’était pas dû à la fièvre mais aux températures. En reniflant un peu, la demoiselle s’installa alors que Maria lui posait les questions d’usage pour trouver le virus qui s’attaquait à la demoiselle.

« Ch’uis mécanicienne. Si vous avez besoin de réparer ou personnaliser un truc mécanique, passez à l’atelier Hawkes. Vous s’rez bien reçu par p’pa ou moi. »

C’était devenue un réflexe, dès qu’elle parlait de sa profession, elle invitait généralement son interlocuteur à se rendre à l’atelier. La demoiselle ne savait pas si ce prosélytisme avait une grande efficacité, mais il était de toute façon gagnant. Une phrase gratuite de quelques secondes pouvait se permettre de ne pas ramener beaucoup de client.

« que’que chose en particulier…hum »

Il était évident que la demoiselle hésitait à dire la vérité. Son activité atypique se révélait être la participation à des courses d’aéronef sauvages. Évènement bien évidemment illégale. Le doc grincheux ne cafarder pas, il devait travailler avec quelqu’un d’aussi discret que lui. Après un soupire et une autre quinte de toux accompagnée cette fois de glaire jaunâtre qu’elle cracha dans le tissu qu’elle avait gardé à cet effet. Il n’y avait pas toujours ses sécrétions, qui n’étaient apparues qu’au fil des jours. Alex se décida à cracher le morceau et on ne parle pas ici du fluide précédent.

« J’regardais depuis plusieurs années des courses d’aéronefs sauvages. J’ai réparé et modifié l’vieux de ma mère et j’viens de faire les premiers vols d’essais pour participer en tant qu’pilote. »


Malgré la fièvre et la fatigue, il y avait une fierté visible de la part de la malade vis-à-vis de ce qu’elle décrivait.

« Vous mouchardez pas hein ? »


Demanda-t-elle un brin trop tard, pour se rassurer un peu et vérifier qu’elle ne s’était pas trompée dans son raisonnement.

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Courants d’air EmptyMar 26 Nov - 3:23
_ Vous faites ce que vous voulez de vos courses… tant que vous vous écrasez loin de mon cabinet. » Répondit-elle avec un léger sourire.

Sans plus attendre, Maria se saisit de son stéthoscope pour procéder à une écoute des poumons de sa patiente. Ce qui lui semblait plutôt bénin de premier abord lui fit regarder la pathologie sous un autre jour : la respiration sifflait, mais surtout, crépitait un peu. Elle raya alors l’angine immédiatement de ses pensées. C’était plus grave que cela. Avec cette toux, grasse, qui s’accompagnait de crachats… La mécanicienne semblait s’être choppé une bonne saloperie. Maria procéda à un rapide examen de la gorge, du nez, ainsi que des oreilles – heureusement, il n’y avait pas d’otite à ajouter au programme des réjouissances. Dans la globalité, tout était inflammé : elle se doutait que le vol avait dû sacrément affaiblir ses défenses immunitaires. Maria tendit le bras pour attraper le tensiomètre, et l’enrouler autour du bras valide. Encore heureux, la patiente en avait un vrai.
De l’autre côté du rideau, Phileas prenait en charge un autre patient.

_ Parlez-moi de vos symptômes, dans le détail. » Demanda-t-elle en pressant la pompe de son outil. « Et vous toussez de quelle couleur, et depuis combien de temps ? Est-ce que vous avez des douleurs, ou des étourdissements ? Et la fièvre ?

Maria haussa légèrement le sourcil en voyant la tension qui n’était pas des plus vaillantes, puis retourna son regard sur sa patiente, gardant pour elle une expression neutre afin de ne pas affoler son auditoire. Si son écoute ne la trahissait pas, l’amatrice d’aéronef avait dû avoir des difficultés à travailler ces derniers temps à cause de sa condition. Les poumons devaient lui faire mal, elle devait peiner à respirer et la fièvre de la journée devait être plutôt difficile à supporter. Dans le pire des cas, s’il s’agissait bien d’une pneumonie, la patiente allait devoir prendre son cas véritablement au sérieux. Entre tous ces symptômes, il restait à vérifier à combien s’élevait cette fièvre qu’elle avait pressentie. La médecin tendit un thermomètre à la malade et lui indiqua de se le mettre sous le bras.

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Courants d’air EmptyLun 2 Déc - 22:28
La réponse de la doc fit sourire l’estropiée, qui lui répondit sur le même ton de l’humour.

« J’f’rais gaffe Doc, promis. »

Rassurée sur le silence du médecin, Alex se laissa manipuler sans difficulté. Seules les quintes de toux incontrôlables résonnèrent le temps de l’auscultation. Maria avait l’air concentré et sa patiente ne souhaitait guère biser cette dernière, nécessaire pour poser un diagnostic correct. La brune lui posa pas mal de question alors que la manchote sentait l’appareil enroulé autour de son bras se gonfler pour le serrer. La mécanicienne ignora la sensation désagréable, provoquée par le tensiomètre, pour se concentrer sur l’ensemble des réponses aux questions de son interlocutrice.

« J’uis plutôt fatiguée et je mange moins que d’hab, du coup l’boulot avance pas vite et le mal de crâne qui s’pointe de temps en temps arrange rien. »

Commença la demoiselle avec une voix plutôt monocordes. Ces symptômes ne l’inquiétaient pas vraiment. Elle ne tombait pas souvent malade, mais cela lui était déjà arrivé. La pilote avait plutôt l’habitude de forcer avec les rhumes et autres maladies. Elle prenait quelques jours pour dormir si vraiment les désagréments devenaient trop importants, ce qui n’arrivaient pas souvent.

« Au début, la toux me raclait la gorge, mais j’crachais rien. Ça a changé d’puis que’ques jours, c’est plus gras et les molards sont arrivés. Des jaunes comme c’lui de t’à l’heure. Avec des douleurs un peu partout dans les muscles et une plus importante. »

La demoiselle à l’esprit embrouillée cherchait ses mots. Incapable de les trouver, elle abdiqua et désigna son torse au médecin.

« Par là.»

C’était l’évolution de la maladie et l’aggravation de ses maux qui avaient poussé son père à lui ordonner de venir ici. Maria lui tendit un thermomètre et lui indiqua où elle devait le placer. La mécanicienne s’exécuta et ajouta.

« Pour la fièvre, ce machin va être plus précis. J’pense en avoir d’puis que’ques jours, mais j’ai rien pour la mesurer. »

La tête du médecin restait d’une neutralité absolue. Alex préférait savoir la vérité sur son état, aussi elle demanda.

« Avec vot’e tête de poker, j’peux pas d’viner. Ça vous paraît sérieux ? »

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