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Chroniques d'Irydaë
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 Terminus

Myrrhina Ribben
Myrrhina Ribben
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Terminus EmptySam 7 Déc - 14:00
Irys : 34995
Profession : Mercenaire
Daënar -1
Son visage à la fenêtre, elle essuyait les bourrasques, souriant malgré elle en voyant se rapprocher la cité verticale. Au-dessus de l'aqueduc converti en pont ferroviaire, les doigts du vent tirèrent la capuche en arrière et la chevelure en feu, libérée, déploya son étendard de conquête à l'extérieur du wagon.

Bientôt les trois murs se détachèrent les uns des autres. Myrrhina ressentit un émerveillement craintif, comme si elle avait vu quelqu'un marcher sur l'eau. Cette ville de l'horizon, qui, depuis les sommets de Péluse, avait l'air d'un volcan solitaire, environné dans son sommeil d'un essaim mécanique de mouches lentes, se métamorphosait de plus près. C'était une ruche de fumée et d'électricité, dont les tours les plus hautes semblaient traverser le rose et le bleu lumineux des ciels intercalaires pour rejoindre les longs nuages sombres s'effilochant dans l'altitude. Et les veines ferroviaires se jetaient dans la palpitation, quasiment visible, du cœur de la cité, comme les fleuves se jettent dans la mer, avec cette force lente et sûre d'elle-même. Elles soufflaient la poussière, en abandonnant des panaches sur les aqueducs, si bien que cette expiration régulière, qui parsemait le plateau, le noyait, par endroits, sous son brouillard fuligineux. Depuis les maisons s'accrochant aux arches de brique, en-dessous des rails, les volutes des cheminées se hissaient jusqu'aux moutons de fumée de la locomotive et se confondaient dans leur troupeau. Se plombant la nuque en regardant en l'air, Myrrhina admira, à hauteur de montagne, les aéronefs qui fendaient l'écume du ciel, lâchaient sur les villages leur lourde cargaison d'ombre et nageaient, dans le déclin du soleil, tels des monstres luisants de toile et d'acier.

Maintenant le train filait tout droit, le nez mugissant, vers le mur Marco. L'eau tomba avec le soir. Myrrhina résista aux premières rafales de pluie : elle voulait tout voir, rester le dos tendu, les mains sur la vitre et les cheveux liquides, sur la pointe des pieds, pour rassasier son âme de la vision mirifique d'Alexandria, le port d'attache des rêves s'en allant pour le ciel ; lorsqu'elle rentra la tête à l'intérieur, réentendit les cris d'enfants, les conversations sur rien, le boucan métallique de la vitesse et rattrapa la barre froide, entre les bancs inconfortables, sur laquelle les voyageurs recherchaient leur équilibre, elle emporta avec elle l'image de la cité. Pour la conserver bien vivante, elle ferma les yeux.

Bien qu'irrégulier, le bercement du train l'endormit jusqu'à la douce absence, en amont du sommeil, dans laquelle les esprits se déphasent de la réalité. Le brouhaha alentour redevint du silence. Il restait la sensation de vitesse. Elle eut l'impression de courir sur place, entravée dans l'eau du cauchemar, de courir les yeux fixés sur un rebord de falaise où deux hommes semblaient discuter tout en faisant, de la main, des gestes sur l'horizon, comme deux généraux jouant à l'avance leurs coups sur l'échiquier montagneux du paysage. Et l'un des deux généraux, Myrrhina le devina au poignard froid dont son cœur fut traversé, était Kléas Ribben. Pour ne pas revoir l'instant de sa chute, elle s'ébroua.

Bientôt le mur Marco remplit tout l'horizon. Le train ralentissait. Il traversa la muraille en s'engouffrant dans un boyau de nuit.

La joie de Myrrhina avait disparu. Les voyageurs s'impatientaient : la proximité du terminus semblait les avoir réveillés d'un long engourdissement. Ils se redressaient, faisaient les gestes saccadés de ceux qu'un après-midi d'immobilité a rendus maladroits, sortaient leur montre d'un gousset, l'y renfermaient, la consultaient de nouveau ; l'arrivée du train, à l'orée de la nuit, laissait trop peu de temps pour rejoindre la chaleur rassurante d'un foyer.

Quand les portes s'ouvrirent, les gens s'élancèrent dans la gare en quête d'un fiacre. Par contagion, Myrrhina avança à leur rythme, en ne jetant qu'un regard de détresse en direction de la verrière, à l'extrémité du quai, où le dernier rouge du soir faisait courir la lumière d'un incendie. Elle eut l'impression de marcher longtemps, les yeux baissés sur la fatigue et les dalles lisses. Soudain l'air froid la saisit à la gorge : emportée par le flot de la foule, elle était désormais sortie de la gare. Un chapelet de halos s'alluma au long du boulevard.

Myrrhina avait reçu un conseil de Cobane Merk : rejoindre les bas-fonds, situés à l'intérieur du mur Cyrus, où croupissait la vermine ; et Myrrhina avait résolu de s'y cacher le temps de faire oublier les six meurtres de Péluse, en trouvant là-bas son gagne-pain. La carabine et l'arbalète en bandoulière, elle abandonna le boulevard, descendit un bout de rue enfoncé sous un porche et, levant la tête, envisagea un instant le lointain mur Sarah dans l'encadrement de l'arche.

Elle se mit en marche.

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Terminus EmptyDim 8 Déc - 18:55
Je déteste le Verseau, à chaque fois que j’y vais, il m’arrive des problèmes et cette fois-ci, je pense qu’il n’y aura pas d’exception, surtout que j’y vais pour tuer des gens. Alors que je suis en train de descendre via un des nombreux monte-charges, après avoir soudoyé un des gardes de la cité pour qu’il me fasse descendre avec toutes mes armes et sans me poser de question, je repense aux circonstances qui m’ont amené ici.

Tout avait pourtant bien commencé, journée normale à la caserne, lorsque je suis entre deux patrouilles, avec entrainement avec mes hommes, repas pris en commun et paperasse l’après-midi. C’est à ce moment précis que je reçois un message adressé à mon nom, sans nom de l’expéditeur, comme je suis curieux, je mets de côté mon travail pour l’ouvrir, et je lis alors le message suivant :

« Nous avons ta petite copine la serveuse, si tu veux la revoir vivante, soit à seize heure au 34 rue de Sarah, dans le Verseau, bloc B7 »

Je soupire devant ce message, car je n’ai pas de petite copine serveuse, mais je souviens avoir aidé une femme lorsque j’avais été bon un verre avec Garett Catesby, qui effectivement travaillais dans un bar. J’avais même indiqué que je viendrais souvent pour voir comment elle va et m’assurer que le patron avait gardé son vigile, d’ailleurs j’y suis passé hier et elle allait très bien, j’ai dû être filé lors de ma visite et ils ont appris pour ma promesse.

Je me demande qui a bien pu écrire ce courrier, de toute évidence, une personne qui m’en veut personnellement, mais j’ai tué ou mis hors d’état de nuire tellement de gens que la liste est très longue, trop longue pour la faire en moins de deux heures. Je me lève donc résigné, car de toute façon, je n’ai pas le choix, il va falloir que j’y aille, que je tue les ravisseurs et sauve la demoiselle en détresse. J’envisage un moment de faire appel à mes hommes, mais si je choisis cette option, je devrais demander l’autorisation de mes supérieurs hiérarchiques, car l’opération est dangereuse, mais j’abandonne vite cette idée, car je connais très bien la politique des forces armées, on ne négocie par avec les preneurs d’otages.

Je passe donc voir l’armurier de la base, Franck, celui qui conserve mes bébés, des grenades spécialement modifiées par un ami ayant de solide connaissance en chimie. Ce dernier me regarde avancer d’un pas déterminé et me demande en voyant mon air déterminé :

Laisse-moi deviné, tu as besoin du paquet, n’est-ce pas ?

Je réponds en hochant simplement la tête. Il enchaîne donc par une seconde question :

Tu veux le plein de munition également ?

Je hoche une nouvelle fois la tête, et après cette discussion riche d’enseignement, je ressors avec quatre grenades à ma ceinture et deux cartouchière remplis de balle pour mon revolver crotale. Grâce à mon long manteau en cuir, personne ne peut remarquer mon équipement, je ressemble à n’importe quel civil, et c’est ainsi que je me retrouve dans cet ascenseur. Pourtant dès que je sors de cette boîte de métal qui est l’incarnation même des différences sociales, je ne vais pas directement au lieu de rendez-vous, mais à la place je vais à une agence de mercenaire à quelques mètres de là. C’est en effet la solution que j’ai choisie, les ravisseurs s’attendant soit à une troupe de combat, soit à un homme seul et j’ai choisi de les prendre à contre-pieds, en engageant un assassin qui pourra m’aider à les éradiquer.

Je pousse la porte, jusqu’à me trouver dans une pièce sentant la nicotine dont de nombreux sofas, tous occupés par des individus très peu recommandable qui me fixent des yeux. J’ai déjà été dans des repaires de brigands plus sympas que cet endroit, mais sans me démonter, je passe devant eux, jusqu’à arriver au comptoir. Un manchot m’ accueil alors avec un grognement et je lui dis, alors, déposant une bourse remplie d’Irys sur la table :

Je cherche une personne qui n’a pas peur de tuer et disponible de suite, je paye la moitié maintenant et le reste une fois l’affaire terminé.


Voilà, je pense avoir tout dit, et j’espère vraiment que dans le ramassis de tueur que je vois ici, quelqu’un sera prêt à m’aider.

--------------------------------------------------------------------------------------------

A cinq cents mètres de là, au 34 rue de Sarah :

La ferme, j’ai dit la ferme ! Si je t’entends encore une fois, la Daenar, je te coupe la langue.


L’homme est très énervé, et ce n’est pas le seul, toute la petite troupe est sous pression, environné de machine, ils sont tous mal à l’aise, et la personne qu’ils doivent éliminer est en retard. D’ailleurs, l’homme qui a parlé, se tourne vers son chef et lui demande :

Il n’est toujours pas arrivé, tu es sûr que c’est bien sa petite amie ?


Ce dernier lui répond, d’un ton qui n’admet qu’on le contredise :

Oui, je te l’ai déjà dit, ce n’est pas pour rien qu’il va la voir à chaque escale, maintenant ouvre bien tes yeux, au moment où il arrive devant le portail de la cour intérieur, tu lui fais signe de se rapprocher et lorsqu’il est à portée, vous lui balancez tous ce que vous avez, c’est bien compris ? Je vais lui apprendre ce qu’il en coûte à s’en prendre à notre famille, les célèbres Daltons, il a tué mon père et mes frères, je compte bien me venger.


Dernière édition par Fabius le Mar 10 Déc - 21:10, édité 1 fois

Myrrhina Ribben
Myrrhina Ribben
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Terminus EmptyMar 10 Déc - 14:58
Irys : 34995
Profession : Mercenaire
Daënar -1
Myrrhina avait marché jusqu'à un parc couché sous le mur Sarah, qui exhalait, dans le soir de fin d'automne, un parfum de boue et de décomposition. Le vent fouettait la pataugeoire et les giclées de pluie, tout à coup rabattues sur le visage, dissuadaient de trop relever la tête.

À voir, dans un coup d'œil hors du capuchon, les bourrasques se ruer, décoiffer les arbres marcescents, s'engouffrer dans les tonnelles mortes, Myrrhina retrouva la chère hostilité du relief de Péluse, où les tempêtes sur les hauts plateaux formaient des trombes minuscules, s'élançaient en vagues sur les alpages, bondissaient dans les arches de roche en torrents invisibles. Sur le fil mince d'un sentier, qui s'égarait sur la ligne d'horizon, le soleil blanc de l'hiver jetait les matins sa clarté morne et profonde ; et sa chaleur retorse et intermittente, en deux ou trois heures, séchait la boue encroûtant les vêtements de chasse et crevait les bulles irisées de lumière, dont la rosée emperlait les touffes d'ilves. Considérant le mur Sarah, Myrrhina revit l'anneau horizontal de la cordillère entourant la vallée de Péluse, avec çà et là l'échancrure d'un col.

Cependant les passes s'ouvrant dans le mur Sarah lui parurent trop gardées. Myrrhina avisa un pavillon d'entretien du parc, où l'on remisait l'outillage. Il était très précisément le moment du jour où, jadis, son père et Myrrhina arrêtaient la traque et, trouvant un surplomb de roche où établir le campement, déroulaient les matelas sur le sol, les lissaient du bras le temps d'égaliser leur rembourrage et déployaient les couvertures, sur lesquelles se rajoutaient leurs lourds manteaux de chasse. On s'afférait à de menus travaux, dans le silence de la montagne, ou bien Myrrhina, allongée sur le dos, les bras sous la tête et les yeux dans la constellation, ne rêvant à rien, laissait retomber l'énergie de son corps, sans savoir si elle était heureuse ou triste. Il était aussi très précisément le moment du jour où, plus tard, dans le salon miteux de l'hôtel des mineurs, sur une banquette en bois sombre, elle étudiait le nombre et la disposition des invités ; derrière eux, circulait l'anticipation fantomatique d'elle-même, en filigrane sur les murs moisis, les mains transparentes se posant tout près, sur l'épaule, de l'endroit du cou qu'il faudrait frapper. Elle envisageait déjà les pas sans écho, les pas subliminaux d'un assassin muni d'une corde de piano, qu'elle esquisserait tout à l'heure, en direction de la table des négociations, sur un signe de Cobane Merk. Finalement, la différence entre les deux traques se réduisait à l'heure de la chasse et la noblesse du gibier.

Myrrhina avisa tout à coup la bouche d'égouts sous ses pieds. Se débarrassant de l'arbalète et de la carabine, elle fit un brusque effort pour la soulever ; réussissant à la glisser de côté, Myrrhina jeta un regard dans la direction du mur Sarah à travers les fenêtres sales, se harnacha à nouveau, puis se faufila à l'intérieur du souterrain.

Ce fut d'abord facile. Autour d'un ruisseau, deux berges se répondaient l'écho d'un clapotement lent, traversé de temps à autre d'un goutte-à-goutte de fond de caverne, qui jetait une fraîcheur sur les épaules. La lueur brumeuse et froide des lampadaires s'écoulait à travers les grillages sous la voûte en plein cintre ; elle éclairait les flèches sur les parois, dont la peinture emmagasinait la lumière. On y voyait assez pour réussir à s'orienter.

Mais sous le mur Sarah, les choses se compliquèrent. Myrrhina abandonna le tunnel le plus vaste, qui paraissait longer le mur, pour rejoindre, en empruntant des voies transversales, les souterrains du mur Cyrus. D'abord un chuintement lui accapara l'oreille ; puis se fut un bourdonnement infini, qui s'écroula, au bout d'un quart d'heure, en cataracte d'eaux usagées. La berge, en s'étrécissant, tomba au long du déversoir. Lorsqu'elle eut descendu les degrés sur lesquels, par deux fois, son pied dérapa, Myrrhina n'y voyait plus, si bien qu'elle écarquilla les yeux volontairement, comme s'il eût été possible de les forcer à transgresser l'épaisseur de ténèbres, mais ils ne s'accoutumaient plus à l'obscurité. Dans les nuits transparentes de la haute altitude, elle avait cru développer la nyctalopie des félins, dont les regards s'embrasent lorsqu'ils fixent, dans l'obscurité, des cibles lointaines. Mais il lui fallut tâtonner, la main sur le mur, le pied hésitant, tout au long d'une coursive où la dureté de la pierre, en avançant, laissait la place à un relief moelleux, d'un froid d'algues, semblable à un corps de reptile endormi, qui dégageait l'âcreté d'un cadavre englouti dans de la vieille urine.

Accompagnée d'un entrechoquement d'eaux visqueuses, lourdes d'immondices, dont certaines semblaient vivre encore, elle endura le piétinement nauséeux, respirant à peine et retenant les larmes qui lui venaient de l'odeur irritante et du désarroi. C'était la marée basse de son courage : elle avait l'impression d'avoir quitté Péluse et d'avancer au ralenti sur l'immensité d'un rivage nocturne encombré de détritus, d'ombres maléfiques, de carcasses d'animaux, pour rejoindre un bouillonnement où s'achèverait l'impasse de son voyage, sans tombe et sans souvenir.

À une heure incalculable, elle entrevit la lumière à l'extrémité du tunnel. Marchant à pas précautionneux jusqu'à cet espoir, Myrrhina arriva jusqu'à un élargissement dans lequel luisait un rocher mauve, à l'intérieur d'une gousse de métal, dont le lampadaire improvisé trônait, tel un feu de camp, au milieu d'un ramassis d'ombres lépreuses, semblables sous leurs capuchons aux ministres d'un culte noir. La lumière inhabituelle encerclait les visages d'un tremblotement de bougie, jetant tantôt un éclat de soir languide, tantôt un reflet glauque de fond de rivière, sur les petites formes tassées de misère et d'ennui. L'un des réprouvés vit Myrrhina, lui jeta un regard de batracien, qui s'ouvrit jusqu'à avoir l'air exorbité, à la façon d'un bivalve, et, sans mot dire, il lui indiqua de l'index l'un des corridors sur sa droite. Elle obtempéra aussitôt.

Il coulait au sol un filet d'eau, qui grimpa jusqu'à la moitié de la botte au fur et à mesure qu'elle descendait. Puis, dans l'agrandissement d'une couronne de lumière terne, elle émergea à l'air libre, ou plutôt dans la puanteur répulsive d'une vasière de déchets, qui formait une mare excrémentielle au fond d'un puits d'immeubles. Au milieu de la mare et tournée vers l'égout, un panneau indiquait : "Bienvenue au Verso" ; dans la dernière lettre, quelqu'un avait tiré une balle. Au bord de la mare, un vieillard ricanait, comme s'il était au spectacle, de la moue grimaçante de Myrrhina, aveuglée de lumière fade et toute imprégnée d'un parfum pourri, qui pataugeait dans la cuvette de boue chaude et nauséabonde. Instinctivement, Myrrhina attrapa la carabine en bandoulière, qui lui battait le flanc, pour la pointer sur le vieux débris ; mais il la gratifia d'un sourire sarcastique et baragouina, avec sa bouche édentée, quelques sons indistincts, tout en montrant le bout de la rue, d'un pouce envoyé par dessus l'épaule.

Elle n'eut aucun mal à trouver l'endroit. Au pied du vertige des Astraux de Cyrus, tout le Verso croupissait dans sa bauge de vermine ; et là, au bout de la rue, dans les vapeurs d'alcools mélangés qui flottaient jusqu'au-dessus du vieux pavage imprécis, un établissement bruyant lançait des lueurs de repaire. En voyant son arme, le vieil homme avait dû la cataloguer parmi la faune interlope des contrebandiers, des monte-en-l'air, des meurtriers de ruelle et des gorilles analphabètes, qui se proposaient à la location dans les tavernes louches. Comme elle approchait, Myrrhina aperçut une silhouette en discordance avec l'endroit. Un jeune homme à la carrure athlétique et aux cheveux soignés, vêtu d'une sorte d'uniforme, évoluait dans le dépotoir d'un air résolu qui lui donnait une dignité de parade en contraste avec ce vivier de rebuts qu'était le Verso.

Il entra. Myrrhina attendit un instant. Fixant les losanges multicolores de verre teinté de la devanture, elle entendit le calme à l'intérieur se faire et une voix s'élever. Elle entra à son tour ; l'éphèbe, en déversant d'une bourse un tas d'Irys sur la table à côté de lui, réclamait l'aide d'un assassin.

Le cœur de Myrrhina bondit : c'était l'opportunité. L'attention de la salle, en se fixant ailleurs, lui laissa la seconde de liberté qu'il lui fallait ; tirant la dague à double tranchant de son étui de cuisse, elle s'approcha à petits pas rapides, se regroupa, puis s'élança dans le dos de sa cible. Son bras gauche, en poussant l'ensellure, empêcha l'autre de faire volte-face ; et la main droite lui colla le plat de la lame en travers du cou.

« Ça m'intéresse. »

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Terminus EmptyMar 10 Déc - 21:35
A peine ai-je posé la bourse sur le comptoir que je sens un corps que je dirai féminin se presser contre moi, ce qui est une bonne nouvelle, et une dague se poser sur ma gorge, ce qui est une mauvaise nouvelle. Puis une seconde plus tard, c’est une horrible odeur qui arrive à mes narines, et c’est difficile pour moi de respirer, je sens même pendant un court moment que je vais vomir, mais j’arrive à me retenir, sans doute parce que si je bouge, la dague va m’entamer le cou.

Je suis coincé, et je ne bouge plus, entendant que la personne qui tient sa vie entre ses mains est intéressé par ma proposition. Je lui dis alors :

Je suis enchanté de faire votre connaissance, mais vous auriez pu manifester votre volontariat d’une autre manière, moins… coupante ?


Puis je m’adresse au dirigeant des lieux :

Une de vos recrues est d’accord pour m’accompagner, si vous voulez bien lui demander d’arrêter de me menacer, l’affaire est conclue et je laisse la première bourse ici.

Je vois l’homme a comptoir me regarder avec des grands yeux avant de me préciser :

Monsieur, je suis désolé, mais cette demoiselle ne fait pas partie de nos habitués, nous n’avons pas coutume de menacer ainsi nos clients ! C’est une question d’éthique ! Pour une somme modique, nous sommes prêts à vous en débarrasser.

En jetant un regard à droite, je vois en effet que des mercenaires se sont levés, prêt à en découdre. Toutefois, je risque d’être la première victime si la situation s’envenime, et je réponds donc calmement :

Je vous remercie pour votre proposition, mais ce ne sera pas nécessaire, je vais faire affaire avec cette jeune femme, toutefois, afin de ne pas vous avoir fais perdre votre temps pour rien et pour vous remercier de votre gentillesse, je vous laisse ma bourse, afin que vous payiez une tournée générale au bar d’en face à toute les personnes présentes.

J’entends un grand vivat poussé par plusieurs gorges devant cette argent facilement gagné, et même le maitre des lieux quitte son comptoir pour profiter de cette aubaine, non sans emporter mon argent au passage. Comme je ne peux pas me retourner, je ne sais pas si tous les mercenaires sont bien partit, mais comme je n’entends plus rien, j’imagine que oui.

Je pose donc doucement mes mains sur les mains de la personne qui me menace et je lui dis d’une voix douce :

Je vous propose de quitter ces lieux, de vous faire enlever cette odeur pestilentielle, et de discuter, le tout dans cet ordre. Mais avant de faire tout cela, il va falloir que vous baissiez votre arme.

Myrrhina Ribben
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Terminus EmptyMer 11 Déc - 1:33
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Profession : Mercenaire
Daënar -1
Myrrhina avait déjà apprivoisé le flottement instantané dans lequel baigna la scène à la suite de son irruption. Du temps de Cobane Merk, c'était justement là, dans la suspension du temps, qu'elle intervenait, crawlant à travers les fractions de seconde, en mettant à profit la chute libre de la stupeur ; rien ne bougeait, les visages se convulsaient de surprise et, chez les plus rapides, d'horreur, tandis qu'elle égorgeait les statues immobiles, sous leurs masques de tragédie.

Ici néanmoins sa dague à double tranchant n'entama pas la chair. Myrrhina attendit la réaction de la salle en regardant les mercenaires se lever finalement, comme s'ils s'arrachaient à la profondeur de l'instant pour ramer en direction de la surface. Ils s'attroupèrent à la façon d'un anneau de visages goguenards se formant dans la salle commune d'un pénitencier, lorsqu'une altercation indifférente, explosant au milieu d'eux, les sort de l'incurable ennui de l'existence. Alors qu'elle reculait légèrement, de manière à fermer l'angle mort, dans son dos, par les losanges translucides de la devanture, le jeune homme entre elle et sa lame eut le temps de se ressaisir.

« Je suis enchanté de faire votre connaissance, mais vous auriez pu manifester votre volontariat d’une autre manière, moins… coupante ? »

Ensuite et d'un ton mondain, il apaisa les spectateurs, de son bagout tranquille et de son argent. Son aisance en faisait l'un de ces hommes, malgré son jeune âge, en capacité de rétablir les situations simplement par les mots appropriés. Laissant les soiffards se disputer la bourse, il glissa à Myrrhina :

« Je vous propose de quitter ces lieux, de vous faire enlever cette odeur pestilentielle, et de discuter, le tout dans cet ordre. Mais avant de faire tout cela, il va falloir que vous baissiez votre arme. »

Pour Myrrhina, ceux qui impressionnaient l'auditoire en enfilant leurs mots sur un collier restaient tous de vains bavards ; son père, enfermé dans son mutisme, ne l'avait pas accoutumée aux joutes verbales, les sentiments s'exprimant chez lui, lorsqu'ils sortaient, d'une façon discrète et bourrue, comme honteux d'eux-mêmes. Cependant le jeune homme, qui venait d'enrichir la cohue en ne manifestant nul dépit de sa perte, entourait son baratin d'une franchise et d'une sollicitude en phase avec l'instant, qu'elle eût pu comparer à la magnétique empathie du dompteur de chevaux, lorsqu'il réussit à calmer les juments sauvages.

« Je ne vais pas te tuer : tu as l'air de chier de l'or ! » lui murmura Myrrhina. Puis, sortant à reculons, Myrrhina libéra le jeune homme, en restant toutefois dans son dos. « Allons-y. »

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Terminus EmptyVen 13 Déc - 14:06
J’ai l’air de chier de l’or ? C’est vraiment ce que la jeune femme vient de me dire ? Ce n’est pas vraiment une expression du Verso, et après être sortit du bâtiment des mercenaires, je me retourne et vois en effet, que la jeune femme qui m’a menacé n’est manifestement pas d’ici. Ses vêtements, même s’ils sont sales, font très provinciaux.

Je vois qu’il s’agit d’une femme, jeune comme je l’avais deviné à sa voix, avec une chevelure de feu, assez fine et pourtant semble tout le temps prêt à frapper, ce qui indique une enfance pas facile. Sa tenue est fonctionnelle et semble prête pour le combat. Je me dis que j’ai pris la bonne décision en la choisissant, même si avec le recul, c'est plutôt elle qui m'a choisis et je n’ai pas vraiment eu mon mot dire, et je lui indique d’une voix calme :

Je vais donc me présenter, je suis Fabius Solar, comment dois-je vous appeler ?


Après avoir entendu sa réponse, je lui montre un cireur de chaussures quelques mètres plus loin et je lui propose :

Comme prévu, je vous offre le nettoiement de vos bottes, car sinon l’ennemi vous sentiras avant même de vous voir.

Je n'ajoute pas, que je risque moi aussi de défaillir avant d'arriver à notre but à cause de l'odeur. Je donne ensuite une pièce au garçon, suivit rapidement d’une deuxième, en lui précisant :

La première c’est cirer les chaussures de la jolie dame, la deuxième c’est pour garder des secrets.


Je vois l’enfant hocher la tête, et je lui souris en retour, dans le Verso, on apprend très vite à tenir sa langue, afin d’éviter les ennuis. C’est donc sans problème que je détaille le pourquoi de ma demande de mercenaire :

J’ai besoin d’une aide, car une ou des personnes ont enlevés celle qu'ils prennent pour ma petite amie, et menacent de lui faire du mal si je ne vais pas les voir. J’ignore qui ils sont, car j'ai de nombreux ennemis, mais il y a de fortes chances, pour que ce soit des My’trans. Je souhaite donc que vous m’assistiez dans son sauvetage, le but est bien sûr qu’elle ressorte saine et sauve de cette opération.

Je souris à la mercenaire, avant de lui donner la deuxième bourse que j’avais prévu pour payer la fin de la mission, et je précise :

Je suis un assez bon combattant, mais j’ai besoin d’aide sur ce coup-là. Comme promis, une somme équivalente vous attendra en fin de mission. Est-ce que vous avez des questions ?

Je ne lui demande pas d’où elle vient, ni pourquoi elle fait ce métier, car cela m’intéresse assez peu, de plus, il y a une possibilité que mon interlocutrice meurt lors de cette mission, j’essaye donc de ne pas trop m’attacher. Je me souviens alors d’un cours de l’académie militaire où le professeur nous avaient mis en garde en ces termes : « Le grand secret pour n’être pas sensible à la perte est de ne s’attacher à personne ».

Myrrhina Ribben
Myrrhina Ribben
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Terminus EmptyLun 16 Déc - 17:26
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Profession : Mercenaire
Daënar -1
Il la dévisagea avec cet air circonspect, toujours surmonté d'un haussement de sourcils, qui vient aux gens trop polis lorsqu'ils sont confrontés aux façons sauvages de leurs contemporains. Néanmoins son rictus se fit approbateur ; quoiqu'il flottât toujours sur son visage la crispation du dégoût.

« Je m'appelle Fabius Solar, dit-il. Comment dois-je vous appeler ? »

Ces formalités surprirent Myrrhina. Comme elle ignorait la frontière entre les mœurs de la ville et les habitudes du jeune homme, elle adopta le parti le plus spontané chez les déracinés : se taire et tout trouver normal. Quant à son nom, lui aussi, il fallait le taire.

« Rhina. »

Avisant un petit cireur de bottes, son interlocuteur le paya, achetant le service et le silence, avant de se lancer dans ses explications. Bien qu'elle eût l'habitude d'entretenir sa tenue elle-même, Myrrhina accepta l'offre. Elle encaissa la bourse et, tout en fixant le va-et-vient de la brosse, elle écouta Fabius, les lèvres légèrement pincées, comme s'il lui venait une réticence ; elle conserva néanmoins sa résolution d'éviter le faux-pas.

Lorsqu'il eut terminé, le cireur de bottes sembla avoir un instant d'hésitation, mais se reprit bien vite. Il flottait, tout autour du réverbère, une brume en suspension dans le soleil rose et jaune du halo. Les sols surélevés s'intercalaient, l'un après l'autre, entre la bauge et les Astraux, si bien qu'il était impossible de reconnaître, en levant la tête, le moment de la nuit. Myrrhina avait tout à coup la sensation de l'écrasement, comme si elle n'était pas sortie de l'égout, mais simplement rentrée, au bout d'un couloir de fourmilière, à l'intérieur d'une chambre aux dimensions plus importantes, dont les murs seraient tapissés d'alvéoles. Sa fatigue et sa faim lui infligèrent un bref étourdissement.

« À quoi ressemble la fille qu'il ne faut pas tuer ? »

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Terminus EmptyMar 17 Déc - 0:29
Rhina ? C’est la première fois que j’entends un prénom pareil, sans doute un pseudo pour cacher sa véritable identité. Le principal c’est qu’elle semble m’écouter avec attention pendant mon briefing improvisé et me pose à la fin une bonne question, à laquelle je lui réponds, en essayant d’être le plus précis possible :

Elle est très brune, cheveux courts, yeux verts et peau blanche, petite, avec un tatouage d’étoile dans le coup.

Voilà, j’ai fait de mon mieux et je m’apprêtai à me mettre en route quand je la vois un peu tituber. Je me demande vraiment d’où vient cette fille venue de nulle part avec ses expressions venues de la campagne et son nom bizarre, mais je n’ai pas le temps pour cela, je vais devoir risquer ma vie, il faut donc que ma partenaire soit au maximum de ces capacités, ce qui n’est clairement pas le cas.

Je pars donc acheter à un vendeur ambulant, deux pain avec de la viande au milieu, payant un supplément pour être sûr que ce n’est pas un rat burger, et j’en tend un à la jeune femme, en lui précisant :

Celui là est pour vous, je suis déjà en retard de deux heures sur l’horaire prévu, ce ne sont pas quelques minutes qui changeront grand-chose à l’affaire. De plus, je ne compte pas foncer tête baisser, nous devons examiner de plus près cette bâtisse, afin de savoir contre combien d’ennemis nous devoir combattre et leur armement.

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A quatre cents mètres de là, au 34 rue de Sarah :

Ça fais deux heures maintenant, je te dis qu’il ne viendra pas !

L’homme semble très énervé, mais pas contre la Daenar qui a renoncé à vouloir expliqué l’affaire et qui se tait, toujours aussi effrayé. Il s’en prend plutôt à son chef, le responsable de toute cette affaire. Cela fait des heures qu’il est debout, sursautant à chaque silhouette qui passe dans la rue et il est épuisé par toute la tension qu’il a accumulé. IL essaye donc une nouvelle fois de le convaincre.

Emportons la jeune femme afin de nous amuser un peu avant de la tuer, ce sera notre vengeance !

Le responsable de toute cette affaire regarde son subordonné dans les yeux pour lui dire :

Si je t’entends encore une fois, dire que tu veux abandonner, je te tue de mes propres mains, c’est bien compris ? Je veux voir ce fils de Khipogin souffrir et demander grâce, une fois que je l’aurai achevé, vous pourrez vous amusez avec elle, autant que vous voulez.


Notre cible:


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