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Chroniques d'Irydaë
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 Hüsel Nyaltyn

Hüsel Nyaltyn
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Irys : 77986
My'trän +3 ~ Zolios (femme)
Hüsel Nyaltyn



Passeport


Nom : Nyaltyn
Prénom : Hüsel
Surnom : Colibri
Sexe : Féminin
Âge : 38
Métier : Primo-gharyn de Zolios
Communauté : My'trä - Zolios
Lieu de naissance : Quelque part dans la campagne autour de Losos



Aptitudes & possessions

  • Croyance : Süns
  • Magies affiliées : Magie du feu - Maîtresse

    Renforcement :

    Sur le plan magique, le renforcement d'Hüsel sur sa propre personne est la meilleure de ses maîtrises. Curieusement, ou plutôt, de manière extrêmement logique, au vu de son impulsivité hors norme, elle est extrêmement douée lorsqu'il s'agit de chevaucher la foudre. Elle accélère donc ses mouvements à une vitesse prodigieuse, accompagnant ses pointes subites d'un grondement électrique. En s'entourant de foudre, la primo-gharyn de Zolios devient ainsi l'une des combattantes les plus vives et rapides qui soit.

    En tant que primo-gharyn, elle est bien évidemment capable de projeter cette énergie en des gerbes foudroyantes, quand bien même elle préfère les asséner au corps-à-corps. Ayant une tendance à s'abandonner à l'instinct, les manifestations de ses pouvoirs sont souvent extrêmement violentes mais très peu contrôlées, ce pour quoi elle ne parvient que difficilement à rester en arrière et à couvrir l'horizon de longs éclairs. De toute manière, Hüsel ne saurait jamais se contenter de quelques petites lances lumineuses lancées un peu partout devant elle, il lui faut quelque chose de plus.

  • Armes et habiletés :

    Epée et bouclier :

    Le duo iconique du champ de bataille est également l'arme de prédilection de la primo-gharyn. En vérité, elle n'accorde que peu d'importance à l'épée, le bouclier, en revanche, est, lui, renforcé d'un solide blindage en métal de haute qualité sur l'intégralité de sa bordure. Hüsel tenait à ce qu'il soit extrêmement solide, elle avait brisé trop de ses protections à cause de l'usage ... singulier qu'elle en fait. C'était à dire que, contre des adversaire qui ne craignaient pas le tranchant d'une lame, il fallait trouver une alternative plus "fracassante". Alors, combiner sa vitesse avec le percutant d'une solide arme contondante semblait être une alternative plus qu'acceptable. Finalement, le trente-septième bouclier fut le bon ... pour l'instant, du moins.

    A mains nues :

    La primo-gharyn n'est clairement pas démunie lorsqu'il faut en venir aux mains, déjà parce qu'elle possède le même chargement électrique qu'une anguille frottée contre du feutre mal poli, mais également parce qu'elle inhibe extrêmement mal ses émotions hors du combat. Alors, lorsqu'elle a la chance de pouvoir se défouler, elle ne fait pas les choses à moitié et bien souvent le sang lui monte à la tête. Les conséquences de ces excès sont d'ailleurs communément sources de regrets pour elle.

  • Familiers/montures : Hüsel préfère rester maîtresse de ses gestes et pas, alors, à moins de devoir voyager, auquel cas la monture s'improvise, elle demeure le plus souvent à pied.

  • Autres possessions : Un extrait de sève d'hévéa séché, offert par son khorog, roulé en boule et qui sert à déverser un peu de sa frustration dessus lorsqu'elle est sommée de garder son calme.




Profil psychologique Les émotions sont la création de la déesse du feu, les renier, c'est perdre le plus précieux des cadeaux. Hüsel en est convaincue, non contente d'être une femme avec un véritable brasier dans les veines, elle est également une personne extrêmement expressive. On pourrait dire qu'elle a un tempérament d'Avril, selon l'humeur, il peut soit pleuvoir des trombes, soit faire grand soleil, et on ne sait jamais lequel viendra demain. Souvent, on le devine par les haussements de ton dans son bureau, ou au contraire, par les rires ou joyeuses intonations qui en émanent.

Hüsel est une meneuse charismatique, puisqu'elle parle avec sincérité. Chacun de ses mots vient du coeur, et, en tant que fidèle adoratrice de Süns, elle est également très sensible aux émois de ses homologues. Elle prend presque personnellement les troubles de ses citoyens, menant tant à des actions motivées par la bonté d'âme qu'à des expéditions sur des coups de tête. Il est extrêmement rare de voir la primo-gharyn rester de marbre face à qui que ce soit, si quelque chose lui plaît, lui déplaît, la contrarie, la flatte, ça se verra immédiatement sur son visage.

"Tenir en place" n'est également pas un principe que la fidèle du feu sait respecter. Impulsive au possible, hyper-active comme un éclair au milieu de nuages noirs, Hüsel n'est vraiment pas le genre de femme qui reste assise derrière un bureau à hocher de la tête avec lassitude. On dit par ailleurs d'elle, que de la voir assise est signe de tempête, plus encore lorsqu'elle joue avec son morceau de caoutchouc. Cela signifie qu'elle essaye de se tempérer, sans doute qu'autrement, elle regretterait les conséquences de ses réactions. Son khorog l'aide également souvent à garder son calme en intervenant à sa place lorsqu'il la voit tempêter.

Les émotions qui s'accumulent en la primo-gharyn restent souvent accrochés à elle sous une certaine forme, rancune, colère réprimée, gratitude en suspens, ... pour s'en libérer, le défoulement le plus commun est l'art du combat, auquel elle excelle. Cependant, à cause d'une tendance à libérer sa magie lors de "défoulements" avec d'autres personnes, le khorog lui a suggéré, en privé, de se débarrasser de ses émotions seule, sur des mannequins.

Etant nouvellement arrivée à son poste de primo-gharyn, Hüsel se sent encore extrêmement proche des habitants de Zolios, comme si elle vivait toujours parmi eux et non au-dessus. Etant, de base, majoritairement pacifiste, elle ne souhaite pas voir éclater un conflit entre My'tra et Daenastre. Cependant, si, un jour, les orientaux franchissaient la ligne de sa patience, nul doute qu'elle serait la première à réclamer justice pour son peuple. Ainsi, si elle devait personnellement entrer en guerre, ce serait plus par amour de sa nation que par haine de celle des technologistes.

Enfin, et sans doute l'un des points les plus marquants de la personnalité de la primo-gharyn, celle-ci possède une détermination si empreinte qu'elle en approche l'entêtement. Hüsel est tenace, d'une mauvaise foi extrême et elle déteste perdre, ce qui fait d'elle la primo-gharyn la plus dévouée à ses engagements, mais également celle qui s'y perd le plus.

Résumé des considérations d'Hüssel pour les autres régions :
Zagash : Méfiance/Froideur
Khurmag : Affection nuancée par leur égoïsme - Elle considère que le patriotisme exagéré des khurmis envers leur propre région les rend peu fiables quand il s'agit de se préoccuper du tout My'tra.
Suhury : Respect  
Kharaal Gazar : Affection



PhysiologieSur le plan naturel, Hüsel a des yeux marrons bien ordinaires, mais bercés dans une alcôve assombrie, incarnée par la profondeur de ses paupières et l'avancement de ses sourcils. Ses cheveux sont sensiblement de la même couleur, à quelques nuances près, mais rien de bien évident. Ces derniers lui tombent jusqu'au milieu du dos, voire plus bas encore, lorsqu'ils ne sont pas attachés. Pour ne pas qu'ils la gênent, la primo-gharyn les orne de différentes bagues, anneaux et autres, histoire d'avoir une vue dégagée à tout instant de la journée. Elle ne supporte pas que ses mèches lui tombent au milieu du visage.

Sur le plan physique, la gharyn de Zolios est une sportive endurcie. Un dos dessiné à la plume, des bras laissant apparaître les lignes de ses muscles et des mollets qui trahissent une fréquente habitude à courir. Sachant qu'en plus elle doit maîtriser la vitesse vertigineuse qu'elle atteint lorsqu'elle use de sa magie, il faut bien évidemment avoir des jambes d'une solidité extrême pour parvenir à l'endurer. Sa silhouette n'est pas excessivement grande, Hüsel étant plus vive et souple qu'elle n'est imposante. Elle approche approximativement les 1m72.

Ne tenant jamais en place, elle a bien souvent des manies qui la font constamment bouger, soit en battant du pied en écoutant des tambours imaginaires, soit en gambadant dans diverses démarches, plus ou moins précipitées. On suppose que ce sont ces besoins de mouvement qui lui ont valu son surnom de Colibri, référence à l'agitation du vol de l'oiseau.

Son tic le plus commun, bien évidemment, et ce, grâce à son khorog, est d'écraser son morceau de caoutchouc entre ses doigts. Niveau attitude, le moins que l'on puisse dire de la gharyn est qu'elle est très transparente, sourire, larme (en toute modération, mais tout de même), froncements, poing sur la table ... tout y passe. Une réaction beaucoup moins amusante, cependant, est lorsque, malgré elle, la primo-gharyn en appelle à sa magie qu'elle libère sans se contrôler, lorsqu'elle est vraiment en colère. Fort heureusement, c'est une réaction plus rare que toute autre.

Sa tenue vestimentaire dépend, quant à elle, des circonstances. En période d'été, elle n'hésitera pas à sortir avec des habits légers, préférant éviter les robes, jupes et toute autre frivole fringue réservée aux dames de cour. Elle déteste également les vêtements flottants ou qui se font emporter par le vent, c'est plus gênant qu'autre chose et Hüsel n'exclue jamais d'avoir besoin, à un moment inopiné, de toute sa mobilité.

En temps de guerre, la primo-gharyn privilégie le cuir clouté et les fourrures épaisses, tout ça est déjà bien assez lourd pour ne pas qu'elle veuille en plus s'encombrer d'armure. Toute la technique de combat de Hüsel reposant sur la rapidité et la mobilité, elle préfère largement garder un attirail plus léger quitte à s'exposer à des blessures.

Elle abhorre également le maquillage sous toutes ses formes. Les peintures de guerre, passe encore, c'est symbolique après tout, mais n'importe quel apparat soulignant cils, sourcils, lèvres ... la primo-gharyn est l'une de ces personnes qui ne supporte pas d'avoir le visage peint de quelconque manière. Qui voudrait avoir de l'encre sur la gueule ?! Elle ne comprenait tout simplement pas que l'on puisse ainsi vouloir devenir une palette à peinture.  



Biographie


Naissance, éducation, apprentissage …

Un bout de campagne reculé, à l’écart de la civilisation, et pourtant pas tant éloigné de Lozos. Tel était l’endroit qui avait accueilli les premières visions de la nouvelle-née, des arbres éparpillés, une colline surmontant la steppe. Une plaine au teint jaune blé s’éparpillait à perte de vue, laissant apparaître, en fond de paysage, les montagnes du Kharaal et les toits d’une ville postée sous l’horizon. Au milieu de rien d’autre que de l’herbe dorée, des tentes se dressaient par dizaines, installées méthodiquement en plusieurs cercles selon les familles, connaissances et affinités. Le clan de l’Ardor avait de nombreux principes, le respect et l’entente mutuelle au sein de la tribu en était une caractéristique essentielle. On séparait ceux qui n’arrivaient pas à s’apprécier, pour qu’aucun drame n’ait lieu. De plus, on postait toujours le khorog et le gharyn au centre de tous les regroupements, pour que, s’il y avait une dispute entre deux familles, l’un des deux puisse rapidement intervenir.

La famille Nyaltyn n’avait cependant que rarement besoin de se soucier de ce genre de détails. Pour leur ouverture d’esprit et leur esprit chaleureux, ils étaient appréciés par une vaste majorité du clan. Ceux qui les méprisaient, s’il y en avait, le faisait à voix basse. En matière de placement, ils occupaient toujours la même position, en face de la tente du gharyn. Le père de la famille Nyaltyn était un soldat, lié par l’amitié au second enfant du chef de clan, ils s’étaient pendant longtemps mutuellement protégés et avaient presque grandis ensemble. Il s’appelait Arùn, son ami et supérieur s’appelait Kajhor. Ils avaient survécu à l’enfer jusqu’en 894, à peine deux ans auparavant, quand les daënars avaient largués leurs pluies infernales sur le continent des Architectes. Ce fut un soulagement pour tout le clan lorsque la paix fut signée, ils avaient déjà perdu trop de monde pour vouloir continuer à se battre. Alors, pleurant leur mort et prêchant la détermination, la tribu s’était relevée et avait continué à avancer.

C’est donc en Juillet 896, dans la campagne profonde qui entourait Lozos, que naquit la première fille d’Arùn, sept mois après que ne naisse le premier fils du camarade de ce dernier. Kajhor nomma son enfant Küsel, et, en signe de profond respect et amitié, le nouveau père nomma sa fille Hüsel. Ses premiers cris firent sourire le khorog du clan, car pas de larmes, seulement des petits rires. Lorsque le paternel se présenta à la tribu, sa petite entre les bras, il l’amena au guide spirituel, qui, passant sa main sur la joue enfantine, murmura : « Prends bien soin d’elle, car elle aura un cœur d’or ». Arùn sourit, baissa les yeux et déposa un regard fier sur sa descendante. Il voulait qu’elle devienne une grande femme, une personne inspirée par la grâce des divinités, qu’ils brillent leur lumière sur elle. C’est donc en père aimant qu’il accueillit sa petite en ce monde.

Rentrant dans la tente, le jeune homme revenait voir sa femme qui venait d’accoucher. Avec un grand sourire aux lèvres, il s’approcha, et son visage raidit comme tombe une feuille d’automne. Les yeux clos de sa femme ne cachaient pas des pupilles en sommeil, les paupières serrées avaient étouffé la flamme de la vie qui brûlait en elle. Ce soir-là, les rires se nuancèrent de pleurs, et, dans le clan, personne ne savait si l’heure était à la joie ou aux larmes.

Bambine, Hüsel était déjà la plus malicieuse des enfants, rampant hors des tentes, se perdant dans les bois, causant ainsi une très grande partie du clan à la chercher toutes les deux nuits. Pour autant, son paternel ne lui imposa en rien une surveillance trop carrée, « je préfère la voir grandir heureuse et maline, que rigide et criarde », qu’il disait. Son pari marcha, d’une certaine manière. Laissant ainsi tant de liberté à son aînée, il en fit une véritable urne à émotions. On ne savait jamais laquelle allait sortir, si elle allait rire, si elle allait pleurer, une véritable partie de dés. Le gharyn de l’époque, le père de Kajhor, fut le premier à faire la réflexion : « On dirait bien qu’il va pleuvoir », lorsqu’un jour, la petite s’était mise à larmoyer sans aucune raison apparente. Ce dernier ne resta d'ailleurs pas bien longtemps à son poste, laissant à la place à son fils le plus âgé.

Hüsel n’avait que 5 ans lorsqu’elle pensa comprendre qui était Süns, ce qu’elle incarnait. Un immense oiseau dans le ciel, drapée de flammes, faisant rayonner en chaque personne une parcelle de soleil. Assise devant le khorog, accompagnée de Küsel, qui, à l’époque en était lui, rendu à ses 6 ans, elle n’écoutait que distraitement les leçons qu’il leur donnait. Les jambes de la petite remuait, pendant que le vieil homme leur enseignait les préceptes de leur déesse. Sensibilité, empathie, contrôle, maîtrise ! Généralement, à partir du troisième mot, la petite s’en était déjà retournée courir dans les bois, laissant le bon élève ; son meilleur ami, seul face à l’instructeur.

- Hüsel ! Où est-ce que tu crois aller ?

L’enfant s’arrêta net, ne profilant plus un pas en reconnaissant la voix de Kajhor. Se retournant lentement, elle déposa des yeux aussi innocents qu’une biche sur le regard rigide du encore jeune homme.

- J’allais ... me balader.

- Ah bon ? Te « balader » ? N’était-il point convenu que l’heure de la « balade » soit cependant placée après l’heure de la lecture ?
- … non ?

Il soupira.

- Que trouves-tu donc de si inintéressant aux leçons du khorog, dis-moi ?
- Ce n’est pas que c’est inintéressant … je crois juste qu’il y a de meilleures manières d’être en communion avec la déesse qu’en lisant des livres.
- Comme par exemple ?

Hüsel arrondit des yeux survoltés, tandis que, de ses mains, elle posa dans l’air la fondation de son point de vue.

- Süns est la maîtresse des émotions, pas vrai ? Et des émotions, quand le khorog nous en parle, eh bien je n’en ai pas ! Par contre, sortir du camp … ça c’est drôle !

Le regard entendu qu’elle lui asséna alors fit pouffer le père de Küsel, qui ne put le masquer que quelques secondes durant. Ce dernier jeta un regard par-dessus son épaule et dépassa alors la gamine, s’enfonça dans la steppe en l’invitant à le suivre. Il se percha sur une colline, observant le soleil au-dessus de la mer, et tapota le sol de sa main. Hüsel s’y assit, tandis que l’homme qu’elle considérait presque comme son oncle tendit la paume vers le ciel. Une boule embrasée y apparut.

- Eh bien ? Qu’est-ce que tu attends ? Fais-la bouger.


La petite leva un sourcil, comme pour dire « Sérieusement ? Trop facile ». Elle tendit ses mains vers la sphère … rien ne se produisit, sans surprise. Alors, elle réessaya, toujours certaine que ce serait une véritable courtoisie une fois qu’elle aurait compris. Ce ne le fut pas, et, en punition d’avoir essayé de lui apprendre quelque chose qui lui aurait été utile, Kajhor fut condamné à rester toute la soirée avec elle, tiré par la manche par l’enfant à chaque fois qu’il disait qu’il fallait rentrer.

Ce rituel devint cependant coutume, puisque le père de Küsel fit passer le mot au père d’Hüsel. Disant que sa fille était bien meilleure élève en pratique qu’en théorie, il recommanda de directement lui enseigner l’art de la maîtrise du feu. Ce ne fut que pour son sixième anniversaire qu’Arùn accepta finalement de lui-même enseigner la magie à son enfant. Bien évidemment, pendant les trois premières années d’apprentissage, elle dut endurer les préceptes de Süns, indifféremment de son meilleur ami. Son père faisait cependant en sorte que la leçon soit adaptée à sa personnalité hyperactive. Il avait trouvé la clé pour faire en sorte que sa fille se tienne tranquille, parler d’elle. Bien sûr, pendant les trois premières années d’apprentissage, rien ne vint, mais durant le cours de son dixième printemps …

- Concentre-toi sur la flamme. – conseillait son père.
- Ça fait quatre ans que je me concentre sur la flamme. Ça change rien !
- Alors, il manque quelque chose, tu ne penses pas ?
- Je ne crois pas … laisse-moi réessayer.

Tout ça ne menait à rien, elle semblait incapable de la faire seulement se mouvoir. Küsel, son aîné et fils du fils du gharyn, savait déjà les faire danser. La frustration de Hüsel était immense, déjà parce qu’elle se sentait inférieure, mais aussi parce qu’elle se sentait incompétente. Quelqu’un, à son âge, avait déjà développé des capacités, et elle, elle en était toujours rendue au stade de l’inertie.

- Küs a déjà réussi, lui …

- Chacun sa méthode. Küsel a réussi parce qu’il est studieux, sérieux. Tu ne réussiras pas de la même manière qu’il a réussi.
- Pourquoi ?
- Parce que tu n’es ni sérieuse, ni studieuse.
- Mais je suis motivée ! J’ai envie d’apprendre, je veux apprendre ! Montre-moi !

Son père réfléchit, prenant un instant de silence pour contempler ses pensées. Une solution lui vint … tournant doucement les yeux vers son enfant, il demanda d’une voix basse.

- Je t’ai déjà parlé de ta mère ?
- … - silence. – Non … jamais.
- Ah … elle était … radieuse. Elle n’était pas magicienne, elle n’avait jamais trouvé d’intérêt à l’art de notre déesse. Pourtant, elle n’en était pas moins dévote. Elle était belle, douce, aussi souriante que toi. Ces belles risettes que tu nous montres, c’est d’elle que tu les tiens.

Tendrement, il passa un index sur la joue gauche de sa fille, sentant que ses paupières se chargeaient de larmes. Ses dents serraient ses lèvres, étouffant ses paroles en un lament difficilement audible.

- Quand elle a appris qu’elle était enceinte de toi, elle n’a pas cessé de sourire durant toute sa grossesse. Elle avait si hâte que tu naisses.

Hüsel vit alors son père éclater en sanglots pour la première fois. Elle-même sentit ses larmes lui monter aux paupières, jusqu’à s’écouler sur l’herbe des plaines qu’elle avait toujours arpentées. Avec une mine triste, elle posa sa tête contre le buste d’Arùn qui maintenait la boule de feu en dépit de son chagrin. De son autre main, il caressa le haut du crâne de sa fille, articulant alors.

- … fais bouger la flamme.

Bouleversée, Hüsel ne savait pas comment faire pour se concentrer … à ce point-ci, elle n’essayait plus de jouer par les règles, seulement de faire plaisir à son père. Baignée dans l’émotion, ce fut le seul engrais qu’elle trouva pour faire pousser sa motivation. Elle fixa la flamme, des larmes coulant hors de ses yeux … une ultime goutte tomba et un frisson lui parcourut le dos. Le feu se mit alors à vibrer, puis à danser lentement. Lorsqu’elle réalisa son exploit, la petite se couvrit la bouche, exultant à haute de voix avant de se jeter, toute joyeuse, sur son père.

Formation et maturité


Selon sa propre volonté, comme celle d’Arùn, la jeune fille poursuivit son entraînement, utilisant ses propres émotions comme catalyseur à sa magie. Avec cette méthode, elle apprenait toujours plus vite, mais elle voulait toujours plus. Au travers du feu qu’elle faisait se mouvoir, elle voyait une forme d’expression de ses sentiments, un autre visage, en quelque sorte. Elle n’avait l’impression d’être honnête avec le feu que lorsqu’elle le façonnait selon son humeur. Avec un peu d’entraînement, cependant, elle parvint à se détacher quelque peu de sa dépendance à ses élans de l’âme. Elle n’eut plus besoin d’être en colère, triste, heureuse au possible pour dompter les flammes, leur donner forme.

Dès ses douze ans, elle demanda elle-même à son père de la former au maniement des armes. La réaction première de ce dernier fut d’abord un sourire un peu moqueur, après tout, ils étaient en paix et elle, elle s’amusait à se faire des fantaisies sur la guerre. On n’explique pas les caprices d’une enfant, souvent, bien qu’elle fut plus une jeune adolescente qu’autre chose à cet âge-ci. En tout cas, sa volonté était nette, elle voulait apprendre à utiliser une arme et elle le voulait immédiatement. Son père la considéra un instant, avant d’accepter. Pendant les six années qui suivirent, la jeune femme apprit à manier les lames et les boucliers, joignant à son entraînement un apprentissage de la magie mené par le frère de Kajhor, gharyn de l’époque. Son art était singulier, mais correspondait parfaitement à la personnalité de la jeune femme. S’entourer de flammes pour accélérer le mouvement … pratique et meurtrier.

Elle avait laissé l’enfant de côté, grandissant en femme plus ou moins mûrie, mais ses émotions, jamais elle ne les avait abandonnées. C’était comme s’il y avait quelque chose dans son cœur, qui, s’il partait, laisserait une nature déformée dans l’âme d’Hüsel. Tout son entraînement durant, on lui avait répété que la maîtrise était la clé de voûte pour dompter le feu de Süns. Mais, même avec l’âge, elle n’y croyait rien. La déesse des émotions ne demanderait jamais à ses plus fidèles servants de contrôler son esprit. Dans la conception de l’apprentie, renier ses émotions, les réprimer, c’était renier la déesse. Elle se laissait aller, lorsqu’elle était seule, abaissant ses barrières et laissant la magie parler d’elle-même. Elle se sentait puissante, elle se sentait forte, toutes ces sensations, cette retenue dont les autres faisaient preuve, ça ne l’affectait pas. Pour cette raison uniquement, elle se sentait capable de dépasser tout autre fidèle du Griffon Rouge.

Un jour, dans les Kharaal, tandis qu’elle rentrait d’un de ses moments de solitude, l’adepte des flammes tomba sur une silhouette bien connue, avec laquelle elle avait grandi. Küsel, rendu froid par l’âge, était seul, lui aussi, légèrement à l’écart du camp. Une lumière singulière brillait au-dessus de lui, tandis que, devant un feu, il semblait se concentrer. Alors, Hüsel s’approcha, constatant que le feu qu’il avait créé correspondait à la taille d’un homme. C’était assez impressionnant … elle devinait également qu’il l’avait créé lui-même.

- Tu t’améliores énormément Küs !

Son compliment fit sursauter le jeune homme, qui, dans sa surprise, abandonna son emprise sur son incandescente apparition. Se retournant avec un ton sévère de reproche, il secoua la tête. Les deux mains devant sa bouche, la jeune femme articula deux yeux ronds confus. Elle tendit les bras vers son camarade, articulant doucement.

- Ma faute. Je suis désolée, vraiment désolée, je –
- C’est bon … qu’est-ce que tu veux ?

Il parlait comme si elle était un fardeau, elle pouvait le ressentir.

- Rien, je … voulais t’encourager. – ses yeux se baissèrent de honte. – C’était une grosse flamme !
- Arrête.
- Arrêter quoi ?
- Je sais que tu en fais des bien plus grandes que moi. Je les vois dépasser des dunes.

Hüsel ouvrit la bouche sans répondre, il l’avait piqué au vif, pris sur le fait. Accentuant son sourire, pourtant gêné, la jeune femme argumenta.

- Mais je ne les contrôle pas !
- Et alors ? Tu as bien meilleur potentiel que moi. Le contrôle ça s’apprend, le talent … c’est les dieux qui en décident.

Il la dépassa sans rien rajouter, sa froideur rendait son homologue douteuse, voire triste. Elle ne comprenait pas vraiment pourquoi il était devenu ainsi, et elle se refusait d’admettre que c’était par jalousie. Le Küsel avec lequel elle avait grandi n’était pas comme ça, du moins, elle ne le connaissait pas ainsi. Le nouveau khorog, bien plus jeune que l’ancien, s’approcha de celle qui était désormais seule avec ses regrets, alors qu’elle s’apprêtait à rattraper le neveu du gharyn.  Partageant son regard sur celui qui s’écartait, il brisa le silence.

- Ne t’émeus pas de ses propres difficultés.
- Plus facile à dire qu’à faire.
- Il est frustré, parce qu’il est descendant de gharyn et que toi, qui n’es pas de son sang, tu parviens tout de même à le dépasser. Pour prendre la place de ses pères avant lui, il doit s’en montrer digne.

Hüsel ne répondit qu’en baissant les yeux avec une mine contrariée. La réaction égoïste de Küsel ne lui plaisait pas, mais elle comprenait sa colère. Le guide poursuivit.

- Notre lutte avec le clan des Joaris le met dans des états qu’il ne sait pas maîtriser. Ses émotions le dépassent et il se perd dedans.
- On se perd dans nos émotions même quand elles ne nous dépassent pas, khorog. Tout ce que vous dites n’est que du charabia de bonne femme.
- Parce que tu te sens perdue, Hüsel ?

Aucune réponse.

- C’est bien ce que je pensais. Ton lien avec la déesse est fort parce que ton âme est vive. Tu as bourgeonné dans l’émotion, et lui s’enterre dans son contrôle.
- Demain, les Joaris ont déclaré qu’ils nous attaqueraient si nous ne quittions pas leur terrain de chasse.
- Et donc ?
- Je veux me battre !
- Eh bien ? Bats-toi.
- Là est le problème, khorog, je ne vois pas de sens à me battre pour tuer.

Ce dernier acquiesça, patient. Il semblait adhérer aux propos de la jeune femme, mais sans vraiment l’exprimer. Après tout, les propos d’une personne telle que lui avaient de l’importance dans le clan, il ne pouvait pas se permettre de déblatérer ses pensées en toute liberté.

- Que-dirais tu alors, de te battre pour protéger les tiens ?
- Khorog, vous avez une idée en tête et vous ne m’en faîtes pas part, parlez peu mais parlez bien, je vous prie.
- Demain, tu te porteras volontaire pour un duel avec l’un des guerriers Joari. Si tu en sors vainqueur, tu auras gagné pour notre village. Si tu perds, …
- Je mourrai. – elle haussa des épaules. - Très bien, ça me va.
- Je ne peux pas demander à Küsel, il-
- Il est trop faible et il est le fils unique du prochain gharyn, j’ai très bien compris.
- Hüsel.
- J’ai dit que j’avais très bien compris, attendez-vous une réponse plus claire ?

Contrariée au possible, elle retourna sous sa propre tente, calme pour la première fois depuis des années. Elle n’était pas sûre de ce qu’elle venait de faire, une fois encore, elle avait répondu trop vite. Un engagement était un engagement, quand bien même elle avait peur de ce qui adviendrait demain. Alors, lorsqu’elle fut réveillée par les cris d’alarme des guetteurs. Elle prit son temps pour se préparer, prendre son épée, son bouclier, mais elle ne revêtit pas son armure. Ce n’était pas comme ça qu’allait la tradition.

Alors, lorsqu’elle rejoint les rangs alignés de son clan, elle ne se dérangea pas de se ranger entre ses compères. Elle avança à la suite de son père, puis à côté de Küsel qui lui attrapa l’épaule. Sans même le regarder elle dégagea sa main et s’avança jusque devant le chef de clan Zagashien. La frontière entre les Kharaal, Zolios et Zagash était fine, très fine à cet endroit, et l’arrogance des nordiques réclamait tout territoire qu’ils convoitaient comme le leur. Arùn rattrapa sa fille, lui empoignant le bras pour la faire se retourner.

- Qu’est-ce que tu crois faire ?! Retourne avec les autres !
- Je sais ce que je fais, laisse-moi !

Elle arracha son bras de l’emprise de son père et se retourna vers le clan des Joaris.

- Je demande un duel ! Le gagnant gagnera le droit de rester sur ces terres.
- Hüsel !!

Un rire émana hors de la gorge du chef de clan. Saluant de la tête la petite téméraire et tapotant du bord de sa lame le plus imposant des guerriers qu’il y avait en face. Le gharyn de l’Ardor s’avança avec un regard plein de reproches vers la jeune femme. Le père de celle-ci plaida contre cette décision.

- Gharyn, vous ne pouvez pas la laisser faire ça, c’est du suicide !

Il ne trouva pas de réponse pour le camarade de son frère, si ce n’est qu’une longue hésitation. En face, tout le monde avait hâte de voir le duel, en bons zagashiens, ils adoraient voir du sang couler en spectacle. C’était un clan assez primitif et rudimentaire dans ses mœurs après tout … après réflexion, le gharyn se tourna vers Hüsel, et, l’amenant face à son adversaire, il lui instruit sur un ton confiant.

- Ecoute-moi bien, ce gars-là, en face, il ne va pas s’attendre à ta vitesse, alors, sois rapide, sois très rapide, tu me comprends ? S’il te voit arriver, tu es morte. Il la prit par les épaules. – J’ai confiance en ton instinct. Toi aussi, crois-y.
- Gharyn ! – le père continuait à protester.
- J’ai foi en toi ! – insista le chef – Rends-moi fier. Rends-nous fiers.

Hüsel inclina le visage, signifiant qu’elle ferait au mieux. Et elle y comptait bien. Elle ne savait pas de quoi elle était capable contre un adversaire réel, contre un véritable ennemi. Il était plus grand qu’elle, plus solide qu’elle, plus massif. Elle était plus rapide, l’initiative, si exploitée par une main experte, était la seule condition à la victoire. En dépit de l’angoisse, la jeune femme ne tenait pas en place. Quitte à mourir, autant aller vite serrer la main de la Faucheuse. Plus maline … plus maline. Y aller à l’instinct, voilà l’essentiel, écouter l’intuition. Là, maintenant elle n’avait pas de plan pour le vaincre mais elle savait qu’elle le trouverait lorsqu’elle s’élancerait.

D’une étrange coordination, les deux jouteurs s’élancèrent presque en même temps. Une flamme s’embrasa sous son talon, grimpant à sa cheville, cerclant son mollet, puis sa cuisse, avant d’entourer tout son corps. En face, les gourdes des Zagashiens s’ouvrirent, se libérant de leurs étuis, convergeant en un jet uniforme vers le buste de Hüsel. Elle laissa ses pieds choir, s’agenouillant sur le sol, écorchant ses tibias sur le sable chaud. L’eau pressurisée lui passa au-dessus du nez, tout comme le visage de son adversaire qui la fixait tandis qu’elle glissait entre ses longues jambes. De sa main gauche libre, elle propulsa l’une de ses flammes courantes dans les yeux ignares, avant de lui entailler le mollet. Il poussa un grognement de douleur, avant d’essayer de se retourner. Créant un courant inversé dans ses flammes, la zholienne parvint à se propulser de nouveau vers le colosse et à lui enfoncer sa lame en plein milieu du buste.

Tous deux tombèrent. L’un sur le dos, l’autre sur son épaule droite. De longues secondes durant, aucun ne se mit à bouger, on distinguait, dans chacun des combattants, le manche d’une lame ressortant du buste, ou du flanc des deux. La jeune femme se mit à remuer, en grognant. Tentant de dégager l’arme de sa chair, elle lutta vainement pour l’en sortir. Se raclant la gorge d’un grondement rauque, elle se releva sur un genou, puis sur l’autre. Elle fronçait des yeux, tentant de dégager la douleur, avant de dériver son regard recouvert de mèches et de sable vers son père. Il était tétanisé. Tous, en face, gardaient un silence monacal. Le gharyn de l’Ardor fut le premier à le rompre.

- Notre représentante est victorieuse. Partez de NOTRE territoire.

La fierté des Zagashiens en prit un coup, mais ils emportèrent le cadavre, respectant leur propre honneur. Dès qu’ils furent partis, Hüsel se laissa tomber, geignant de douleur. Son père fut le premier à lui venir en aide, lui intimant avec de douces caresses sur la joue un simple mot d’ordre.

- Dors, trésor, dors. Ferme les yeux … ferme les …

Elle ne vit rien du reste, la vision qui s’ensuivit fut celle d’un drapé de tente qu’elle reconnaissait bien. C’était celle du gharyn. Ecartant faiblement des paupières serrées, la victorieuse commença à doucement relever la tête, avant qu’une main s’impose à son front, la ramenant à l’horizontale. Lorsqu’elle esquissa les premiers signes d’un semblant de conscience, elle fut accueillie par son père, le khorog et le gharyn. Elle reçut les félicitations de chacun d’entre eux, en plus d’une douloureuse accolade de son paternel, soulagé de ne pas avoir dû immoler le corps de sa fille. Une fois rafistolée, elle fut acclamée par son clan et, incapable de vraiment cacher la fierté que ça lui procurait. Entendant les ovations, elle ne put vraiment se retenir de verser quelques petites larmes vite essuyées. Elle s’en justifia d’ailleurs à son père.

- Le sable … ça pique les yeux.
- N’aie pas honte. En faisant ce que tu as fait, tu en as sauvé beaucoup. Mais. – il la regarda fixement dans les yeux – La prochaine fois que tu comptes faire quelque chose comme ça, consulte-moi.
- J’y penserai. Et je recommencerai.

Parce qu’un hommage pareil … c’était beau à en pleurer pour la jeune femme qu’elle était. Lorsque la nuit tomba, on leva une choppe en son honneur, lançant de riches festivités pour honorer cette terre qui était désormais leur terrain de chasse. Jusqu’à ce qu’un autre clan ne conteste ce fait néanmoins, ou jusqu’à ce qu’ils s’en exilent eux-mêmes. Tout le monde s’adonnait à la joie, enivrés par l’alcool et le ventre plein. Hüsel, sans doute la plus exultée de tous s’écarta un instant pour profiter d’un peu d’eau et de réflexion, seule. Kajhor la rejoignit cependant, n’ayant pas eu l’occasion de lui exposer clairement sa perception des évènements récents.

- Alors ? Fier de moi ?
- Extrêmement. C’était … stupide, irraisonné, naïf, hasardeux et complètement fou, mais … ça en valait la peine.
- J’espère bien ! Une épée dans le flanc, ce n’est pas doux !
- Ta première cicatrice, ha ! J'attends encore celle de Küs !

Il laissa son rire planer au coin du feu. Après plusieurs secondes de mutisme, le frère du gharyn se pencha vers elle.

- Risquer sa vie, ainsi, pour les siens, Hüsel, c’est une attitude digne d’un gharyn.
- Pourtant ton frère n’a pas bougé lorsqu’il en a eu l’occasion. – plaisanta-t-elle.
- Ah, oui … il y a un écart conséquent entre être un gharyn et agir comme un.
- Alors, il vaudrait mieux que je ne le devienne jamais. Echanger le combat contre des responsabilités, merci, mais je perds au change.

Kajhor ria une fois de plus, au grand plaisir de la jeune femme. Elle aimait ça, les émotions positives qu’elle procurait aux autres, c’était un sentiment réconfortant de savoir que l’on pouvait influencer ainsi autrui. Pas un seul instant n’avait-elle considéré que derrière la plaisanterie se cachait une proposition tout à fait sérieuse. Ce qu’elle vit, en revanche, du coin de l’œil, c’était le regard que lui adressait Küsel. Elle ne le vit qu’un instant, mais elle crut percevoir un véritable mépris derrière ses pupilles noisette.  

- Quoi qu’il en soit, - interrompit le père du dédaigneux en question – Tu t’es laissée emporter et quand bien même je suspecte que c’est ce qui t’a fait gagner, je serais plus ouvert à l’idée de te laisser recommencer si tu étais toi-même volontaire à un entraînement particulier.
- Particulier comment ?
- Demain, à l’aube, tu vas retrouver le khorog. Il te montrera ce dont tu as besoin pour devenir une véritable championne du clan. En tout cas, j’ai le sentiment que mon frère a apprécié l’hommage que tu lui as fait, en utilisant sa méthode.
- Elle est efficace.

La jeune femme vida sa choppe et s’enfuit sans plus de cérémonie sous sa tente. Lorsque les rayons de l’aube lui chatouillèrent le nez, elle clopina lentement vers le toit du khorog, qui était déjà levé et qui, bien évidemment, l’attendait de pied ferme. Il l’emmena non loin, dans une oasis entourée d’arbres verdoyants au teint chatoyant. La faisant s’asseoir en tailleur au centre du cercle naturel, devant la minuscule cascade, l’avatar ne lui instruit que de fermer les yeux. Après quelques secondes de silence, un fouettement retentit et vint lécher le dos nu de la jeune femme qui réagit avec une animosité naturelle.

- Qu’est-ce que tu fais ?!
- Maîtrise-toi ! – il asséna un nouveau coup.
- Que je me … ? Arrête !

Il continuait en dépit des ordres proférés par Hüsel. Au bout du quatrième claquement, quand bien même ils étaient plus frustrants que douloureux, elle finit enfin par laisser émaner d’elle une violente émanation de flammes que le khorog dissipa sans mal. Ce dernier restait toujours calme, même face aux respirations furieuses de la jeune femme.

- Il y a un ouragan dans ton cœur. Tu vas devoir apprendre à le faire taire, si tu veux pouvoir bien t’exprimer.
- Oh oui, me fouetter avec un bambou va certainement m’encourager à dresser cet ouragan ! Vous vous foutez de moi ?!
- Tu oublies bien trop souvent à qui tu parles, insolente ! Je suis le khorog de ce clan, je suis la voix de la déesse.
- La déesse n’a pas besoin de voix pour parler, et a encore moins besoin de me fouetter !
- La déesse, non, mais toi, oui. Tu as sauvé l’honneur du clan, hier, tu le sauveras encore demain, et après-demain, et dans plus longtemps encore … pourvu que tu apprennes à te maîtriser ! Je peux faire de toi la plus douée des magiciennes, si toutefois, tu te plies à mes exigences.

Grognant, l’apprentie se refusait à se résigner ainsi, en premier lieu, mais, après une ventilation de l’esprit bien nécessaire, elle se rassit finalement. Fermant les yeux et serrant les dents, elle siffla.

- Continuez.

Les claquements revinrent résonner entre les arbres, ponctués par des complaintes retenues entre les molaires forcées les unes contre les autres. Elle détestait ça, rester assise, se faire titiller par la claque la plus insupportable qui soit, être interdite de réagir. Au fil des années, elle devenait meilleure, tant pour ignorer la morsure bénigne du bambou, tant pour ne pas lui donner la réaction qu’il attendait. Elle affina ainsi ses pouvoirs, ajoutant à son arsenal d’émotion, le semblant de patience élémentaire qui devait habiter tout adepte de Süns. Cette coutume dura cinq ans durant, pendant près de cinq ans, Hüsel allait régulièrement se faire battre par le khorog du clan tout en devant garder un sang-froid inconditionnel. L’oasis porte encore aujourd’hui, des marques profondes de brûlures sur l’écorce des arbres.


Âge Adulte et responsabilités


Durant les années qui suivirent, la jeune femme put faire preuve de ses talents à de nombreuses reprises, ne participant à des batailles que très rarement. Un duel était toujours suffisant, pour les clans qui acceptaient du moins. Pour les autres, il fallait leur montrer que la tribu des Ardors ne se résumait pas à quelques duellistes passionnés. Ils étaient un clan ancien, après tout, une troupe puissante, avec une grande attache à leur déesse. Six ans après le duel qui avait fait d’Hüsel un membre respecté de sa communauté, le gharyn avait choisi de transmettre ce titre à son petit frère, Kajhor, sept ans durant, ce dernier le garda précieusement. La logique du clan voulait qu’après lui, vienne le tour de Küsel, son fils, premier et seul né de sa famille. La tradition voulait que le statut de chef soit transmis d’un père à son enfant pour que toujours les rennes de ce peuple soient entre les mains d’un sang de confiance.

La fille d’Arùn avait poursuivi son entraînement, selon la volonté de presque tout le monde qui s’y intéressait au sein du clan. Le nouveau gharyn tenait particulièrement à ce qu’elle continue de s’améliorer. Alors, lorsqu’il n’y eut plus personne pour lui apprendre quoi que ce soit de nouveau, la jeune femme dut se débrouiller seule, apprendre de par elle-même. Pour dépasser le niveau auquel se limitaient tous les autres, cela lui prit près de trois ans d’auto-formation intensive, très intensive. Ses flammes bleutées se révélèrent à elle comme un symbole d’amour du Griffon Rouge. Dès qu’elle en vit l’azur pour la première fois, elle rit aux éclats, remerciant mille fois sa déesse pour le présent qu’elle lui apportait. Mais il y avait quelque chose d’autre, une façade cachée derrière ces gerbes océanes. Une année supplémentaire fut nécessaire à la nomade pour comprendre que l’électricité était la clé de ce mystère, et une autre année pour s’y habituer.

Le premier jour de Mai 928 se levait, tandis qu’un jeune garçon courrait à en perdre haleine sur l’herbe recouverte de sable du nord de Zolios. Il traversa des tentes, des dunes, avant de finalement arriver sur un terrain marqué de profondes entailles, comme si l’on avait fait glisser un tronc sur plusieurs dizaines de mètres. Des vrombissements retentissaient également au loin. L’enfant appela.

- Dame Nyaltyn !

Un grondement grave comme la foudre lui répondit, tandis que, s’arrêtant tant bien que mal devant le petit, Hüsel haletait et transpirait. Elle avait encore du mal à contrôler la vitesse à laquelle l’électricité la faisait aller, mais elle se doutait qu’avec plus d’entraînement encore, elle parviendrait un jour à complètement se maîtriser. Le gamin lui tendit une gourde qu’elle ouvrit et vida sans aucune autre cérémonie. Sèchement, elle demanda.

- Qu’est-ce que tu veux, petit ?
- Le gharyn et le khorog veulent vous parler.
- Hm. Merci.

Elle déposa la gourde entre les petites mains, et, balançant son bouclier sur le dos, elle s’en retourna à l’amas de tentes. Kajhor, Arùn, le khorog, même Küsel qui se tenait en face des trois précédents ! Tout le monde de la haute sphère était là, réuni comme s’ils annonçaient le début d’un nouveau monde. La jeune femme devina donc, par le ton de reproche qu’arboraient les traits de son ancien meilleur ami, qu’elle était en retard. Tant pis. Le khorog débuta.

- Merci d’être venus, vous deux. Vous vous doutez bien qu’il était temps que nous abordions une question que nous redoutions tous d’élucider. La succession au gharyn. Kajhor, si tu veux bien ?
- Küsel, mon fils. Tu ne seras pas gharyn.

Le concerné garda un ton sérieux, mais tout de même vexé par la révélation qu’il avait pourtant vue venir. Sa comparse, elle, se contenta de regarder ailleurs, devinant la suite.

- Hüsel, ici présente, sera ma succession au titre de chef de ce clan et de toutes les âmes qui le composent.
- Sauf votre respect, père, Hüsel est incontrôlable, imprévisible et instable …
- Instable ? – releva l’intéressée en levant un sourcil.
- … elle ne possède aucune des qualités pour diriger une communauté, sans parler de son incapacité à se maîtriser et son impulsivité inconvenante.
- Hüsel est une femme de cœur, avec beaucoup de bonté et d’empathie qui te font souvent défaut … mon fils.
- Mais enfin, père, c’est une déjantée !

Une lueur bleutée faucha le jeune homme indigné hors de sa posture, le plaquant jusqu’à l’une des caravanes qui remua sous l’impact. Avec un avant-bras placé sous la gorge de celui-ci, la jeune femme donna raison au fils de Kajhor en le gardant sous un regard tant blessé que contrarié.

- Qui est une déjantée ?
- Hüsel ! Lâche-le.

Elle s’exécuta presque à contre-cœur, Küsel n’était plus le gentil garçon avec lequel elle avait grandi. C’était extrêmement décevant. Elle le laissa donc tomber au sol, après lui avoir libéré la gorge.

- Je ne deviendrai pas gharyn. – répondit-elle.
- Pardon ?
- Je ne veux pas être gharyn ! Je ne le serai jamais ! C’est bien compris ?

Elle releva son homologue par le col, avant de s’en aller sans ajouter plus de politesse à ses courtoisies déjà fortement fleuries. Pendant de longs mois, Khajor attendit avant de léguer sa place, ne souhaitant voir se tenir sur son trône que la fille de son vieil ami. De longs mois durant, ils essayèrent de la persuader qu’elle était promise à cette place, à peut-être plus encore ! Jamais elle ne se laissa amadouer, à chaque fois qu’on lui demandait pourquoi elle s’obstinait, elle répondait qu’elle n’était qu’une idiote gouvernée par son cœur, qui n’avait rien à faire à la tête d’une communauté.

Alors, un soir, son père revint la voir. Son attitude décidée laissait sous-entendre la nature de la discussion qu’ils allaient avoir tous les deux.

- C’est toujours non.
- Tu m’en diras tant. – il soupira. -  Ta mère voulait devenir gharyn.
- Je croyais que ma mère n’était pas magicienne, quel mensonge vas-tu donc inventer pour enfin m’arracher un « oui » ?
- Tout ce qu’il faudra pour qu'enfin tu le dises.
- Père, je n’ai pas l’esprit d’une stratège, d’une dirigeante ou de je ne sais quoi. Sois réaliste, un peu et arrête de projeter tes rêves sur moi.
- Tu sais d’où te viennent tes émotions ?
- De la déesse.
- Quand tu as réglé nos conflits claniques, à la frontière de Zagash, qu’est-ce que tu écoutais ?
- … mes émotions.

Son père pencha le visage.

- Les émotions sont la voix de la déesse, Hüsel, et la déesse ne se trompe jamais. N’aie pas peur de ce que tu seras une fois gharyn, contente-toi de demeurer celle que tu es maintenant. Tout se passera parfaitement bien …

Un silence vola.

- Pourquoi est-ce que tu tiens tant à me voir gharyn ?
- Parce que My’tra mérite une personne comme toi. Si tu ne le fais pas pour toi, fais-le pour ton peuple.

Il lui taquina le nez du bout de l’index et sa fille fit mine de le lui mordre. Ils rirent tous les deux …

…et le lendemain matin, Hüsel devenait gharyn du clan de l’Ardor.

L'épreuve de l'esprit

- Pourquoi est-ce que tu voulais tant m’y faire participer ?
- Aucune raison en particulier … un instinct, pour ainsi dire, gharyn.
- Hmhm. On va retravailler sur ton intuition, Khyan.

Khyan Altyn, le dernier khorog en date de la tribu de l’Ardor, un sage au sang-froid incomparable et qui savait toujours comment trouver les mots justes pour ne pas faire exploser sa gharyn. Il n’avait pas un métier facile, le pauvre, mais il y était compétent. C’était lui qui l’avait amenée ici, aux épreuves pour choisir le prochain primo-gharyn. Une floppée d’autre candidats étaient présents, eux aussi. Khyan devinait qu’il allait devoir motiver Hüsel, d’une manière ou d’une autre, pour qu’elle puisse vraiment l’emporter.

- Bien gharyn, écoutez-moi. Qu’attend-on d’un primo-gharyn ?
- Pourquoi est-ce que tu me fais un interrogatoire maintenant ? L’épreuve commence dans cinq minutes à peine.
- J’insiste.
- … de la puissance, de la sagesse, de la bienveillance, du patriotisme …
- Je veux dire, qu’attend-on d’un primo-gharyn que l’on n’attendrait pas forcément d’un simple gharyn ?
- Une maîtrise parfaite. – conclut-elle.
- Exactement, mais de quoi ?
- D’absolument tout.

Elle commençait à taper du pied, c’était bon signe. A avoir cotoyé sa gharyn de près, Khyan était parfaitement au fait d’à quel point il était important de l’agiter avant toute chose. Sous le couvert de ses émotions, Hüsel devenait une véritable flamme de détermination, prête au pire et qui tenait à la victoire.

- Gharyn, vous souvenez-vous de quand je vous ai recommandé de vous tempérer ?
- Certainement le pire conseil que tu m’aies donné, mais oui, je me souviens.
- Eh bien, oubliez tout le temps de cette épreuve.
- Pardon ?!
- Regardez autour, tout autour de vous. Tous ceux qui sont ici arborent les mêmes traits ; un sérieux implacable, une maîtrise parfaite.
- Aw, des futurs primo-gharyns à n’en point douter … ils sont mignons.
- Justement, Hüsel, il ne peut y avoir autant de primo-gharyns réunis au même endroit. Si j’avais un conseil à vous donner, abandonnez la maîtrise, comptez sur autre chose.
- Autre chose comme quoi, exactement ?

Elle souriait, c’était un très bon présage, le signe infaillible qu’enfin il avait réussi à lui faire apprécier l’éventualité d’une victoire. Elle était têtue, après tout, mais pas moins extrêmement facile à échauffer.

- Soyez vous-même.
- Ho ho ho … avec grand plaisir !

Les postulants furent appelés aux terrains des épreuves, et, au grand étonnement de la gharyn, elle fut emmenée dans une pièce sombre, où l’on ne distinguait même pas les pans des murs. Un grand silence se mit à régner, quand, dans l’obscurité, apparut une silhouette qu’elle reconnaissait … son père qui la tenait dans ses bras, elle, bébé. Son visage d’adulte s’illumina d’un grand sourire, tandis qu’elle visualisait une scène de sa petite enfance dont elle-même se souvenait à peine. Son rire s’effaça lorsqu’elle vit le corps sans vie de sa mère qui venait de lui donner naissances. Des larmes contre lesquelles elle ne luttait pas vinrent couleur le long de ses joues.

Durant de longues, très longues heures, elle demeura assise, à regarder des épisodes de sa vie qu’elle reconnaissait de sa mémoire. D’aucun elle ne détourna le regard, à aucun elle ne dissimula l’état de son cœur lorsque passaient les images, revenaient les bruits. Plongée dans son passé, elle était comme en symbiose parfaite avec celle qu’elle avait été, qu’elle est devenue. Aucune trace de lutte, n’était visible sur ses traits, elle était en colère, triste, joyeuse en fonction des situations évoquées, mais pas une seule fois sembla-t-elle faillir à la tentation d’étouffer ses émois. Et ce, jusqu’à ce qu’elle revienne dans la pièce sombre, dans la réalité et qu’on lui somme de sortir.

De tous les participants, à la lumière du jour, elle était la seule à avoir des yeux trempés de larmes. Tous les autres avaient gardé un visage de marbre, et ceux qui n’étaient pas restés jusqu’à la fin avaient échoué l’épreuve, ayant succombé à leurs émotions. Lorsqu’elle eut sorti de la pièce, on lui posa une simple question.

- Tout s’est-il bien passé ?
- … allez me chercher l’illusionniste responsable de tout ça.

Lorsque ce fut fait, qu’on eut amené devant elle le magicien talentueux qui avait sondé sa mémoire et l’avait recréé dans la salle sombre, elle le regarda fixement dans les yeux, munie de son regard ému aux larmes. Sans aucun préavis, la gharyn attira ce dernier dans ses bras, le serrant contre elle comme si elle n’avait jamais connu meilleur ami que cet étranger. Lorsqu’elle s’écarta, elle lâcha avec un sourire aussi tranquille qu’un ciel de printemps.

- Merci.

Elle s’écarta alors pour rejoindre Khyan, attendant que l’examinatrice ne les convoque pour rendre son verdict. Lorsqu’ils furent appelés, elle et son khorog, ce fut devant d’immenses jardins, perchés sur un balcon avec une femme en robe richement ornée, qui tenait un parchemin entre ses doigts.

- Hüsel Nyaltyn. C’est un plaisir de vous rencontrer.

- Egalement. Vous êtes ?
- Breadd Melsynn, examinatrice des épreuves pour le poste du primo-gharyn. J’ai, ici, un rapport qui dit que vous êtes restée jusqu’à ce que se termine l’illusion, et, en sortant, vous aviez les paupières rouges et avez demandé à voir le mage de Khugatsaa responsable de cette œuvre afin de … l’enlacer ?
- C’est vrai.
- Le connaissiez-vous donc ?
- Non, pourquoi cela ?

La femme parut intriguée.

- Pouvez-vous, s’il vous plaît, m’expliquer le raisonnement qu’il y avait derrière ces réactions ?
- Rien.
- Rien ?
- Rien.
- Aucun raisonnement ?
- Non.
- Expliquez-moi.
- Les émotions sont un cadeau de Süns, pourquoi aurais-je besoin d’un raisonnement pour les ressentir et pourquoi devrais-je les masquer ? Quand j’ai vu tous ces gharyns, qui, gardant une face de marbre, sont ressortis comme ils sont entrés, je n’ai pas pu m’empêcher de me demander « seraient-ils pareils face au passé de leur propre peuple ? »  J’ai pleuré, j’ai souri, j’ai grogné dans cette pièce, parce que je sentais que c’était ce que j’avais envie de faire, il n’y avait rien d’aussi froid qu’un « raisonnement » dans la manifestation de ces émotions. C’est ce que je suis, à prendre ou à laisser.
- Pardon, Hüsel, mais vous réalisez bien que prendre des décisions requiert une tête froide, n’est-ce pas ?
- Bien sûr qu’elle le sai- commença Khyan.
- Non, je ne crois pas. Les émotions sont l’expression de la déesse, comme disait mon père, et la déesse jamais ne se trompe.

Breadd sourit, attendrie, bien qu’hésitante devant une sincérité aussi désarmante. Elle tendit une main courtoise, et invita le duo à sortir avec un simple adieu.

- Merci beaucoup d’être venus.

On laissa aux décisionnaires le temps d’étudier les profils, d’analyser les gharyns et il sembla que les émotions du Colibri firent forte impression, puisqu’une grande majorité des voix jetèrent leur dévolu sur elle. Certains avaient critiqué le manque de tenue de cette gharyn, mais une plus grande majorité avait trouvé en elle une véritable analogie des émotions que le Griffon Rouge peut susciter dans l’âme humaine. Pour son exemplaire humanité, Hüsel fut cordialement invitée à régir Zolios en tant que primo-gharyn, l’une des premières à savoir que le contrôle des émotions devait passer par l’acceptation de ces dernières.





Dans la vraie vie ?


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2 Septembre 935 - Bureau de la primo-gharyn, palais d'Eoril

Plusieurs conseillers étaient réunis dans la salle qui servait de vestibule politique privé à la maîtresse de la cité. Plusieurs problématiques avec le culte nouvellement propagé du "Dieu-Roi" avaient mené à de sempiternelles discussions sur la légitimité ou non de pareille pratique. Le silence se fit soudainement, lorsque, pressées par l'impulsion de paumes affolées, les portes du bureau s'ouvrirent en grand. Derrière le battant se dévoila le primo-khorog.

- Primo-gharyn.
- ... j'ai le dur sentiment que tu as une mauvaise nouvelle à m'annoncer. Dis-moi que je me trompe, Khyan.

Le primo-khorog laissa tomber une liasse de manuscrits sur la table, les lâchant devant les yeux d'Hüsel comme si les mots sur ces papiers avaient le poids du monde caché entre leurs lignes.

- Les zagashiens ont annoncé qu'une de leurs flottes a été anéanti par les technologistes. La guerre a été déclaré, My'tra tout entière part emprunter le sentier de la vengeance.

La teinte rosée de la dirigeante blêmit comme fond la neige, affichant succinctement une expression de désarroi. L'angoisse s'étouffa alors sous la dureté d'un regard glacial, tandis que relevant son visage, la meneuse grogna.

- Qu'ils l'empruntent. Zolios n'entrera pas dans ce conflit.

Une multitude de protestations s'élevèrent dans la salle, les témoins présents s'offusquant d'une décision qui pourrait passer pour une véritable trahison aux yeux de My'tra tout entier. Khyan, lui, était tout aussi perdu, refuser la bataille, ce n'était pas le genre de la primo-gharyn qu'il connaissait. Un poing tombant sur une table et une chaise renversée par le redressement brusque de la concernée acheva les rumeurs de l'assemblée.

- Et le premier qui osera contester cette décision ira expliquer à toutes les familles éoriles pourquoi leurs proches ont dû aller se faire tuer à cause d'une guerre causée par deux agitateurs insensés !

Aucun commentaire ne fut fait.

- Sortez tous.

Le seul à ne pas suivre cet ordre fut le primo-khorog, qui, au lieu de prendre la direction de la porte, fit l'exact opposé en rejoignant sa consoeur au balcon qui donnait vue sur toute la cité et bien plus loin encore.

- Tu es sûr de-
- Je suis sûre de ne pas vouloir donner satisfaction à deux fanatiques, oui. Il n'y aura pas de sacrifice de la part de Zolios, nous n'avons rien à donner à ceux qui souhaitent mourir.
- Laisse donc le destin te surprendre, tu réaliseras la vérité, mais il sera déjà trop tard.
- Ton ton ne me revient pas.
- Ce n'est qu'un avertissement Hüsel. Ne laisse pas ta colère étouffer tes autres émotions.

Et il recula hors de la salle, fermant les deux portes et laissant la dirigeante seule avec son paysage.

23 Avril 936 - Salle du Conseil de la Convergence

Cela faisait deux semaines que des négociations fertiles avaient été mises en place au sein des cinq régions. Chaque primo-gharyn, primo-khorog et représentant des régions auprès du Conseil était présent pour discuter de la stratégie à aborder, des plans à formuler pour contrer avec efficacité. Les discussions fusaient et Hüsel, conviée à ce rassemblement était venue sous l'impulsion de Khyan qui souhaitait la voir changer d'avis. Après quinze jours de débats, elle avait commencé à prêter main-forte aux débats qui avaient lieu, aux stratégies mise en place, l'éventualité de mobiliser des zoliens fut même envisagée.

Quelques rumeurs avaient circulé à l'oreille de la primo-gharyn, le murmure d'un soupçon qui confirmait une suspicion que lui avaient glissés les événements précédant la guerre. L'un des conseillers, côtoyé en aparté par Hüsel, avait laissé entendre, que, d'après son opinion, la guerre avait été escomptée, voire peut-être même initiée par les deux principaux acteurs de la cause mathilienne. La dirigeante d'Eoril le prit au mot, croyant dur comme fer à cette rumeur dont les fondations lui paraissaient du plus tangible.

Et au bout du quinzième jour, Kimnas, le déchu de Zolios aux yeux de la dirigeante, revint, épaulé par un vieil homme qu'il appelait "prophète". Lorsqu'il entra dans la salle du conseil, le silence se fit et le premier mot sortit de la bouche du maître de cérémonie.

- Bienvenue, mes frères.

Hüsel se leva bruyamment, scrutant le précédent khorog d'un regard rempli de dégoût. Sans s'arrêter de le regarder, et sous l'oeillade inquiète de Khyan, elle s'indigna.

- "Bienvenue" ? Ha ! "Bienvenue" ?! Oui, bienvenue ! Bienvenue aux deux personnes qui ont renforcé la paranoïa de la population, bienvenue à ceux qui ont allumé les brasiers de la guerre, bienvenue à ceux qui ont poussé notre peuple à la violence ! Oui, soyez les bienvenus ici, là où l'on s'affaire à réparer vos erreurs ! Alors, venez, asseyez-vous et venez nous dire ce que vous avez prévu pour nous ! ALLEZ ! Oh, prenez ma chaise ... je ne reste pas une seconde de plus au sein d'un Conseil qui tolère des rats de votre genre.

- Primo-gharyn, rétorqua-t-il, votre mépris me peine, mais ...

- Zolios ne se battra pas. Merci, Kimnas, vous m'avez rappelé pourquoi je refusais d'intégrer cette guerre en premier lieu.

- Quelle raison pourrait donc vous pousser à trahir My'tra ?! Hm ?

- My'tra s'est parjurée elle-même, lorsqu'elle a décidé que vous ne méritiez pas la potence, sale traître ! Zolios ... elle secoua doucement la tête. ... ne se battra pas.
- Calmez-vous Hüsel, cette guerre est une décision politique que tout le monde ici ou presque a approuvé. Katakan et Kimnas n'ont fait que soutenir la décision de la majorité.
- "Cette guerre" n'a pas été approuvée par Zolios.

Refusant d'en entendre plus, elle quitta la table du conseil, elle quitta les lieux et quitta la région pour revenir à Eoril demeurant dans sa cité tandis qu'à Busad, le siège était déjà installé.


4 Octobre 936

Appuyée sur son balcon, la primo-gharyn regarde en direction du Nord. Le ciel y était éclairé comme illuminé par la lueur brisé d'un millier de chandelles vacillantes. Là-bas l'orage tonnait, mais il n'y avait aucune place pour la déesse des émotions. Süns était restée à Zolios. Le primo-khorog entra une fois encore dans le bureau, il s'arrêta net sous le regard déprimé de sa supérieure.

- Je peux revenir plus tard, s'il le faut.
- C'est bon. Je ne vais pas te frapper, Khyan.
- Parfois, je me le demande ...

Il n'arracha à la dirigeante qu'un maigre sourire qui fana aussi vite qu'il était apparu.

- Tu hésites à faire intervenir Zolios.
- J'hésite depuis des mois.
- Alors pourquoi sommes-nous encore là, Hüsel ?
- Parce que si nous y allons, ce sera aux côtés d'un ennemi que je hais encore plus que les daënars. Je ne peux pas infliger cette offense à notre dame. Je ne peux pas sacrifier mon honneur en envoyant mon peuple mourir aux côtés d'hérétiques.

Son confrère soupira. Après quelques secondes de silence, il glissa.

- Si tu ne peux pas le faire pour toi, alors fais-le pour ton peuple. Une fois que les daënars auront gagné, il n'y aura plus de place pour le moindre Architecte en ce monde, à cet instant alors, je pense que Süns ne pourra effectivement jamais nous le pardonner.

Il crut voir une étincelle de résolution dans le regard de la dirigeante.

- Emmène-les se battre pour My'tra, montre à nos ennemis la puissance de notre espoir. Là-dehors, tout ce qu'attendent nos frères, c'est de voir la foudre s'élever dans le ciel. Notre foudre. Notre colère.

Instantanément, la primo-gharyn se releva, des larmes glissant entre ses paupières érigées par la chaleur d'un brasier nouveau qu'elle sentait naître en son coeur. D'une voix tremblante, elle ordonna.

- Et merde ... va faire sonner le clocher ... Zolios va partir en guerre, après tout.

Fin Octobre 936 - Bataille de Busad

Les armées zoliennes arrivèrent par le sud, à la suite du gros de l'armée de la coalition. Montés sur des salkhis, ils prirent à revers le premier escadron qu'ils perçurent à l'horizon. Hüsel était l'une des premières à rejoindre le front, chevauchant la foudre au travers des rangs technologistes, animée par des mois de frustration et de sentiments de lâcheté, elle se sentait devenir la fureur incarnée de sa déesse. Sa foudre n'avait jamais tonné aussi fort, ses pieds, jamais foulé le sol aussi vite. Durant la bataille elle croisa le fer avec le haut-général de Richtofen à qui elle parvint à arracher une jambe. Elle en aurait fini si une pluie de plomb venue du ciel n'avait pas couvert le chef daënar. Grâce à sa magie elle se replia en vitesse au sein des rangs alliés, attendant la prochaine opportunité pour retourner au front sans risquer de se prendre une balle.

Lors de la retraite daënare, la primo-gharyn fut l'une de ceux qui essayèrent de poursuivre leurs opposants, lorsque l'orage de bombes leur coupa la route. Pris dans leur élan, aucun ne put réagir à temps lorsque l'un des projectiles faucha tout un groupe de fantassin, à proximité d'Hüsel. Sonnée par l'impact dont elle était pourtant assez éloignée, elle se propulsa hors du champ de mort en se laissant porter par sa propre foudre qui la tira au loin sur le sable brûlant. Couverte du sang de ses propres citoyens, elle garda de cette bataille un souvenir amer de la technologie daënare.

Année 937

Hüsel fut l'une des premières volontaires à participer à l'expédition punitive menée vers Cerka. Mais une fois l'acte accomplie, elle vit la vanité, le déshonneur, la bassesse de ses propres semblables qui perpétuaient les mêmes actions que quelques mois plus tôt, ils étaient les premiers à appeler "monstrueuses". Dès la fin du siège, lorsqu'elle vit que toute cette trame n'avait servi qu'à satisfaire sa soif de revanche, elle revint sur le continent my'tran, ne se reconnaissant pas dans cette image de destruction pour la punition.

Ayant cependant renoué quelques liens avec le Conseil depuis leur intervention à Busad, la primo-gharyne se laissa convaincre par ses confrères de laisser les adeptes de Süns qui le désiraient, rester sur le continent technologiste pour contribuer à la cause. Elle ne rentra qu'avec une petite compagnie. Elle était déjà à Eoril lorsque la nouvelle de l'escapade des illuminés de Bolgokh se répandit. Vouant une haine immense à ce culte, elle fut l'une des premières dirigeantes à réagir. Le culte du faux dieu devint une pratique illégale au sein d'Eoril, car jugée incitatrice à la violence et en grande partie responsable du dernier conflit qui avait abouti en la destruction de la moitié du continent. Ne souhaitant jamais voir se reproduire pareil bouleversement, un arrêté fut donné et la pratique sectaire de ce culte devint formellement interdit au sein de la capitale.

Année 938

Devant l'augmentation de citoyens qui se laissent de plus en plus convaincre par le discours de Kimnas et Katakan, notamment nourri par son interdiction, la gouvernance de la cité décide de laisser une période de maintien à cette loi nouvellement mise en rigueur, le temps que soit créé un ordre de miliciens missionnés pour garder la paix au sein des rues.

La loi est donc levée, le culte de Bolgokh redevient permis, mais toutefois étroitement surveillé par l'autorité des Auroriens, un ordre de soldats dévoués à la déesse Süns chargé d'empêcher tout débordement, tout débâcle similaire à celui qui a allumé les brasiers de la guerre en 935. Bien que cet ordre est censé faire preuve d'une certaine ouverture d'esprit et impartialité, sa composition exclusivement fidèle à la déesse des flammes fait débat au sein de la communauté éorielle. La dureté de certaines interventions entraîne également de nombreuses plaintes de certains citoyens qui se jugent innocents, mais leur discours n'atteint nullement la primo-gharyn, anormalement froide depuis son retour de la guerre.

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