L'ardeur d'Eoril [Pv Hüsel]

La vie se présentait presque bien dans cette nouvelle ville de l'autre côté de la mer. Chafouin avait réussi à se trouver des petits coins tranquilles vers le sud-est d'Eoril où planquer ses affaires. Et pour l'instant,  il passait la plupart de ses nuits à dormir dans des auberges. Mais il était plutôt serein, sa venue à Eoril lui rappelait un peu l'époque où il était arrivé à Prorig, sauf qu'en cette époque, il était parti de rien. Là il avait encore une petite richesse en prévision des jours les plus durs.

Mais pour l'instant les jours les plus durs étaient encore loins. Chafouin ne l'aurait pas pensé, mais cette ville était plus agréable que ce qu'il se serait attendu de prime abord. Certes le tempérament des habitants du coin était quelque peu particulier, ou plutôt énergique. Il y avait aussi évidemment les regards qu'il se recevait quand les gens se rendaient compte qu'il était daënar. Il avait d'ailleurs pris l'habitude de limiter le nombre d'armes qu'il emmenait avec lui. Gardant la plupart du temps ses armes à feu au chaud et ne s'armant que d'un couteau de chasse et de ses deux fidèles grappins. Ainsi que de vêtements de cuir plus typiques de la région. À partir du moment où il avait prit ces habitudes, le regard des gens avait quelque peu changé, mais il restait toujours son accent typique du sud de Daënastre et le mal de crâne que ressentait les personnes proches de lui pour trahir ses origines. Bien que, dans ces cas-là, afficher son air peu aimable suffisait souvent à faire fuir ceux qui le dévisageaient. Ah ça, les gens avaient toujours hésiter à lui chercher des noises à Daënastre et il comptait bien que cette même situation perdure ici, my'trän ou non.

Car pour l'instant tout allait parfaitement, presque jusqu'à lui faire oublier la raison première de sa venue ici. C'est vrai qu'il pourrait se faire oublier tranquillement ici. Enfin d'abord il faudrait effectuer quelques petits boulots évidemment, trouver quelqu'un d'important dans le coin, réussir à se rendre utile pour obtenir des faveurs, comme au continent quoi. Peux être qu'avec un peu de chance il en récolterait une belle baraque dans les vergers du nord de la ville. Chafouin sirotant des cuvés de vin en regardant des domestiques s'occuper de son domaine. Oui c'était une idée assez agréable à l'esprit du cendré, bien qu'il avait toujours préféré la bière.

Mais ça ne serait clairement pas pour tout de suite, le problème d'obtenir une rentrée d'argent régulière demeurait toujours. Et l'endroit était trop civilisé pour ne pas se passer d'argent comme dans la campagne my'träne. Cependant cette fois, à défaut de faire des choses légales, on ne se refaisait pas, il s'était au moins promis de tâcher de faire des choses moralement plus acceptable.

C'est pourquoi quand il avait entendu que des braves gens avaient besoin qu'on calme un peu les esprits échauffés. Il s'était porté volontaire, moyennant compensation évidemment. Il s'était rendu dans une taverne pour rencontrer un compatriote daënar. Évidemment il y en avait quelques-uns qui résidaient aussi à Eoril même si les temps n'étaient pas cléments pour eux. Et pourtant ce n'était pas faute d'avoir essayé de calmer la situation.

Le type, un certain Lanius, expliqua à Chafouin que ça ne craignait pas trop pour les daënars dernièrement, ce qui faisait office de reine à la région avait réussi à calmer les esprits. Pour un moment du moins, dernièrement, même s'il n'y avait pas encore d'actions trop violentes envers eux. Lanius craignait que les zoliens les plus agités, n'oublient qu'ils ne devaient pas laisser leurs émotions déborder jusqu'à connaître l'irréparable. Ce qui risquait d'arriver très prochainement selon ses dires. Un personnage qui avait, tentait plutôt en vérité, d'avoir une petite notoriété, haranguait régulièrement ses confrères my'träns à venir faire une « petite balade » dans les quartiers de la ville regroupant le plus de daënars. Pas besoin de préciser qu'il n’hésitait pas à cracher sa haine et que ses propos exacerbés par la haine ne convainquaient pas tant de monde. Mais dernièrement avec tout le bordel ambiant et les dernières histoires des mines attaquées, les esprits étaient un peu moins perméable à ses propos. Evar qu'il se faisait appeler cet homme-là.

Chafouin avait donc proposé ses services pour voir s'il pouvait calmer ce bestiau. Ou à défaut, le refroidir pour de bon, il préférait largement la première solution, même si elle ne serait pas simple à mettre en place. Il commença donc à s'intéresser au bonhomme. Apparemment le type était assez connu. Il avait l'air de posséder plusieurs baraques même si Chafouin ne comprenait pas trop quelle était sa fonction, c'était assez trouble et il touchait un peu à tout, en fait peut être trop à tout pour être bien honnête. Le sujet méritait qu'on s'y penche pour peut être trouvé quelques cadavres dans le placard d'Evar, mais le temps manqua à l'homme cendré pour cela.

Une après-midi, un gamin informateur vint l'alpaguer en l'informant que le zolien comptait bien faire un raid avec quelques personnes qu'il avait réussi à influencer le soir même. Chafouin eut juste assez de temps de récupérer armes et affaires pour se préparer à la confrontation qu'il espérait la plus conciliante possible, mais cela semblait assez mal parti.

Alors que le soleil avait bien entamé sa descente, Chafouin se tenait accoudé contre un proche d'une petite taverne à consonance bien daënar. Il fumait tranquillement un reste de cigarette quand Evar fit son arrivé accompagné de quatre jeunes gens. Merde, il ne pensait pas qu'il aurait affaire à autant de jeunes, ça compliquerait les choses, quoique, il pouvait toujours en tirer parti. Le groupe n'avait pas l'air bien avenant, ça n’empêcha pourtant pas Chafouin de venir leur barrer la route. Il gueula bien fort le prénom du meneur, pour l'interpeller, Evar lui répondit tout aussi fort.

-C'est bien moi, qui le demande ? Fit-il avec une voix profonde bien que posée.

Le type avait d'ailleurs une coupe de cheveux blancs taillée de près et impeccable, il pourrait très bien faire un bon orateur, d'après ce que Chafouin pouvait en voir.

-Les gens du coin m’appellent Chafouin. Et les gens du coin me disent aussi que tu prépares un sale coup et que tu devrais t'en abstenir.

Le regard interrogateur disparut vite remplacé par un masque froid.

-Eh bien Chafouin, que c'est que cela peut-il bien te faire ? Moi et mes jeunes amis nous promenons juste.

Un de ces jeunes amis justement se pencha vers l'oreille d'Evar en lui faisant remarqué à juste titre que l'accent de Chafouin ne sonnait pas très my'trän. L'homme lui lança un regard furieux de s'être fait interrompre. Chafouin esquissa un sourire, assez amusé et pour appuyer l'argument du jeune qui montrait bien qu'Evar ne semblait pas tant s'y connaître que ça. Il dévoila les pans de ses habits où se dissimulait un holster et une crosse de revolver.

-Ton jeune ami a bien raison. Et je pense qu'il gagnerait à arrêter de te suivre maintenant et à rentrer chez lui, avec ses petits camarades.

-Tu n'as aucun ordre à lui donner daënar. (Marrant comme il avait rapidement oublié son nom.) Nous sommes venus ici, pour que je leur montre à quel point la vermine de ton espèce pollue les rues de notre belle cité, avec ses inventions qui horrifient les architectes.

-Hum, il vous a convaincu comment les jeunes ? Il vous a dit qu'on inventait des machines qui mangent la terre et qui crachent du feu par le cul ? Ou alors qu'on est remplis de matières toxiques parce qu'on bouffe le métal, non je sais ! On se faufile la nuit dans les chambres des enfants et on aspire leur lien avec les architectes grâce à notre vilaine technologie !? C'est ça hein j'ai bon ?

Bien que personne n'osa répondre, Chafouin en vit certain grimacer et même esquisser un sourire, mais ils se calmèrent vite quand Evar jeta des regards furieux pour vérifier si ses troupes étaient toujours bien disciplinées. Brave type, il ne semblait pas si convainquant que ça finalement.

-Je suis avec des jeunes inquiets de l'avenir de leur cité, et ils ont raison de s'inquiéter, quand nous voyons chaque jour des étrangers tels que toi qui paradent comme ci la cité leur appartenait déjà, fort de la magilithe qu'ils volent à notre terre dans leurs maudites mines...

-Ouais, c'est sûr que la cité en semble remplies de ces mines, et ces quartiers grouillent de mineurs. Dites les jeunes, vous pensez vraiment que cela vaut le coup de suivre cet homme ? Si j'me souviens bien vous seriez plutôt perdants à provoquer du grabuge dans cette partie là de la ville. La garde de la ville pourrait vous mettre bien à l'arrêt.

Les jeunes gens ne répondirent pas, la plupart devaient à peine êtres des adultes, facilement manipulable avec le bon vocabulaire et Evar devait bien le savoir. Avant que l'idée de Chafouin puisse faire le tour dans leur tête il s'avança vers lui et l'homme cendré crut voir un éclat métallique entre ses vêtements furtivement apparaître, mais ce qui l'inquiétait le plus, c'était les flammes qui se formaient au creux de sa main.

-Restez ici, je vais vous montrer comment on punit un hérétique comme ce daënar.

Pour la solution diplomatique, cela semblait perdu.

Il faisait beau et chaud, et la vie était aussi belle que l’on pouvait lui demander de l’autre, car c’était comme ça à Eoril, tout était beau et chaud. De la nourriture, en passant par la boisson, sans oublier de mentionner la compagnie que l’on peut payer pour un soir. La capitale de Zolios était définitivement l’endroit où il fallait aller si l’on cherchait un remontant, quelque chose pour se garder réchauffé, que ce soit du corps comme du corps. Qu’il pleuve, neige, vente, on avait toujours un coin de feu à épargner dans la cité des cendres. Et il y avait encore plus de chaleur à réserver chez les bonnes « auberges » pour le voyageur avisé et solitaire.

En bref, on aura établi mille fois qu’Eoril était la ville parfaite, mais toute perfection cache un défaut et chaque défaut a une source. Depuis le discours … dont on se passera de le qualifier de ce cher représentant de Zolios mêlé à celui de Zagash, la haine avait commencé à germer comme un parasite dans le cœur des habitants et maintenant, les effets s’en faisaient ressentir. Quand bien même Hüsel était parvenue à calmer les ardeurs générales, il y avait toujours quelques … vestiges de ces manifestations pour des cas isolés. Certains étaient d’ailleurs trop influents. Après tout, gagner de la popularité en nourrissant ses suivants à la colère, c’était plus facile qu’arracher la sucette à un gosse.

Quand bien même elle incarnait l’autorité dans cette cité, elle n’était pas omnisciente et avait dû trouver une solution pour pouvoir intervenir rapidement aux endroits où les violences étaient susceptibles de dégénérer. Et c’était dans ce contexte qu’Ev’Elch avait été recrutée. Ev’Elch était une jeune femme que Khyan avait rencontré lors de ses voyages dans le sud du continent, avant d’être khorog, il avait effectivement mené de nombreuses expéditions dans des contrées éloignées en tant que simple vagabond. Il avait rencontré la famille d’Ev’Elch à Dyen, après un très long voyage au travers du khoral. Le père l’avait hébergé et là-bas, il avait eu l’occasion de rencontrer leur fille, encore adolescente, mais bourrée du talent de télépathie. Adepte de Khugatsaa, elle avait grandi sous l’apprentissage spirituel de sa mère et martial de son père, devenant ainsi une excellente combattante à à peine 24 ans. Elle était un petit prodige destiné à apprendre plus encore.


Elle patrouillait donc aux alentours des quartiers compliqués, à regarder au travers de chaque fenêtre de son regard curieux et candide. Sabre en fourreau, elle gardait sa mission en tête, alerter la primo-gharyne au moindre conflit entre représentants des deux nations. Pour les crimes normaux, elle alertait simplement le responsable de la milice. La raison pour laquelle Hüsel voulait être impliquée elle-même dans les discussions qui seraient d’ordre diplomatique, était qu’elle ne faisait confiance qu’à elle-même pour porter la meilleure idéologie qui soit dans pareil débat. Celle de la paix. Ev’Elch était donc l’œil de la cité, celle qui veillait pour tout le monde, ici.

Son oreille remua alors, à l’entrée d’un établissement d’où des clameurs de colère retentissaient, et où une discussion embrasée semblait avoir lieu. La patrouilleuse, en bonne fouineuse qu’elle devait être, écouta plus attentivement ce qu’il se tramait là-dedans. « Hérétique », « daënar », bon, au moins, le discours avait pour mérite d’être clair. Dès qu’elle eut entendu ces mots, elle entra en résonnance avec la primo-gharyne, lui adressant ces mots.

- Madame, il semble y avoir une dispute entre daënar et my’tran, dans les quartiers est, à la « Faucille rouillée ». Je vais les calmer dès maintenant, j’attends votre arrivée.

Chose promise, chose faite, la patrouilleuse poussa la porte et vit des flammes ricocher au sein de la paume d’un homme qui en faisait face à un autre. Tous deux avaient le crin grisonnant, s’agissait-il donc là d’un règlement de compte entre vétérans ? Quoi qu’il en fût, elle avait bien fait d’intervenir dès maintenant. De sa voix fluette, mais pas moins délestée d’autorité, la garde commanda.

- Eteins-moi ces flammes sur le champ ! La primo-gharyne est en chemin et elle ne tolérera pas pareil abus !
- La primo-gharyne ? J’emmerde cette démago !
- Ah …

Reprenant sa communication télépathique, la jeune femme expliqua.

- Madame, l'agresseur dit qu’il vous emmerde, il s’agit d’Evar … encore.

C’était lassant à la fin ! Il s’agissait toujours de lui au moindre soulèvement ou manifestation déplacée ! Il ne faisait rien dans les règles et menait ses brebis par le chanvre et le fouet. Bref, c’était un individu respecté par certains mais exécrable aux yeux de l’état. Le pauvre daënar en face de lui était mal tombé. Alors, la jeune patrouilleuse, fronçant les sourcils, interrogea de la voix la plus imposante qu’elle le pouvait.

- Expliquez-moi ce qui se passe, maintenant !

Ev’Elch n’avait vraiment pas l’air contente.

Chafouin hésita presque à dégainer pour abattre l’homme d’un unique tir. Mais c’était un mauvais réflexe à avoir, faire tonner une arme à feu ici, c’était s’assurer de se faire remarquer pour de bon. À vrai dire, il ne savait même pas la peine qu’il encourait ici s’il se faisait prendre après avoir abattu un homme, peine de mort ? Cela aurait été la suite logique certainement, mais il ne connaissait pas bien encore la justice my’träne, espérant qu’elle était moins expéditive, il ôta la main de son revolver pour la mettre en avant en signe d’apaisement, du moins à première vue. Il pouvait tout aussi bien la refermé aussi sec pour appuyer sur le bouton du grappin et le projeter directement dans le crâne d’Evar, la solution lui allait tout aussi bien.

-Recule Evar, dernière chance avant que ça ne dégénère et que tu sois perdant.

Le my’trän esquissa un rire, peu impressionné par sa mise en garde visiblement.  Chafouin se prépara au pire, c'est alors qu'une autre voix retentit dans la rue, de l'aide ? Enfin, ce n'était pas trop tôt pour gérer ce cinglé. Chafouin découvrit une jeune femme portant une tenue de garde d'Eoril, à enfin du bon, l'homme cendré fit cependant bien attention de dissimuler son arme à feu dans ses vêtements. Chafouin fut cependant quelque peu déçu de la façon dont la garde gérait la situation, elle n'avait pas réussi à calmer Evar semblait-il. M'enfin, l'homme ne semblait pas détenir un grand sang-froid non plus. Il devait déjà voir que la situation commençait à lui filer doucement entre les doigts, sa gueulante contre la primo-truc là, c'était une façon d'impressionner les jeunes qui le suivaient, de manière à réaffirmer son autorité.  Il fallait que Chafouin trouve un moyen de les mettre à l'écart de ce règlement de compte.

-Maître Evar a raison, les daënars doivent être punis !

-Oui ce n'est certainement pas Hüsel Nyaltyn qui va l'impressionner !

Bon, ils méritaient peut-être un peu de plomb dans la tête finalement, mais Chafouin doutait qu'il arrive à justifier son envie d'en foutre un ou deux à terre pour les tabasser, justifiable auprès de la jeune garde. Un problème s'ajoutait à la liste des emmerdes à prévoir, des groupes de passants commençaient à s’arrêter aux abords de la confrontation.  À la grande joie d'Evar et au désespoir de Chafouin, qui espérait une affaire vite réglé, cependant l'arrivée de cette garde pouvait changer la donne. Elle avait parlé d'une primo, primo quoi déjà ? Chafouin avait déjà entendu ce terme par-ci par là, mais il n'avait pas bien compris à quoi il faisait référence, c'était sans doute une sorte de shérif du coin.  Et la jeune devait être son acolyte, devant demander des comptes avant l'arrivée de sa supérieure, ça se tenait oui. Chafouin décida de répondre avant Evar.

-C'est une simple querelle de voisinage. Ce bon Evar se plaint qu'il y ait trop de daënars, qu'ils pillent les ressources de My'trä ect, rien de bien nouveau donc. Cependant, il comptait bien faire un exemple de comment nous devrions être traités dans le coin. Sans plus de preuves ou d'explications forcément.

Cette fois l'homme fulminait, il n'aimait pas vraiment la façon dont Chafouin voyait les choses et comptait bien le faire savoir.

-Et vous pensez que j'agis mal ? Il réalisa que d'autres gens étaient venus voir ce qui se passait. Mes amis ! Rappelez vous le Tulaan Konzo, rappelez vous les mines ? Qui n'a pas souffert d'une façon ou d'une autre de l'occupation des envahisseurs ? Et nous devrions accepter d'en voir de plus en plus s'installer ? Créer leurs mines abominables qui défigurent la surface de My'trä ? Deux mois plus tôt, la Primo-Gharyn a choisi le chemin de la passivité. Elle a choisi de collaborer avec l'envahisseur au lieu de le rejeter à la mer. Je dis qu'elle n'est pas digne de nous représenter, et que si elle ne fait pas son travail, je le ferai à sa place.

-Ça suffit Evar, continue et on s'occupera de te foutre dehors nous aussi.

Chafouin faillit ne pas réagir à la boule de feu qui quitta le poing d'Evar, son premier réflexe fut de décoller vers une des maisons en bois  pour se mettre à l'écart du feu de ce malade. Mais ce fut que quand le grappin fut planté dans un mur et qu'il se fut accroché qu'il remarqua qu'Evar avait bien réussi à enflammer ses amples  vêtements my'träns. Il réalisa que s'il restait là, non seulement il prendrait feu, mais le bâtiment avec lui, il faisait particulièrement sec et chaud en cette journée. Il prit ce qui lui semblait la meilleure décision sur le coup, décrochant son grappin il se laissa tomber sur le sol et arracha littéralement la partie en flamme de son vêtement qu'il jeta sur la terre en contrebas.

Tombant lourdement sur le sol, il s’effondra en poussant un cri de douleur, il n'avait pas eu le temps d'amortir sa chute et sa jambe gauche le foudroya de douleur, il était quasiment sûr de s'être cassé quelque chose. Mais son coup avait payé, le feu n'avait pas pris et la jeune garde était venu maîtriser ce fumier d'Evar. Il était agenouillé au sol et regardait Chafouin avec une haine palpable dans le regard. L'homme cendré se releva difficilement et fit un pas, il faillit retomber immédiatement. Il avait besoin de se poser c'était certain.  Mais au moins la situation était globalement sous contrôle.

Cependant il se rendit compte qu'arracher ses vêtements avait aussi mis son holster à nu, tout le monde pouvait voir qu'il était armé.  Ok ça la foutait mal, mais de toute manière c'était lui qui avait été attaqué non ? Il avait droit à une défense. Evar réussit alors à se dégager une main de libre avait de tirer le manche de l'arme que Chafouin avait bien identifié avant. Ce fumier l'avait effectivement planqué dans ses habits, cependant, il ne chercha nullement à planter la garde ou à lui lancer la lame dessus. Il balança le couteau aux pieds d'un des jeunes qui l'avait suivi et d'un regard dur le fixa ainsi que Chafouin. Ne lui laissant aucun doute sur ce qu'il devait faire.

Ce qui se passa dans la tête du jeune fut un mystère, mais il ramassa le couteau en vitesse en affichant un air paniqué, il regarda Chafouin qui murmura d’arrêter sa connerie. Mais le my'trän se mit à lui foncer dessus en agitant son arme. Là il se trouvait dans une situation délicate, il ne pouvait dégainer une arme assez vite pour garantir un coup non létal et avec sa jambe blessée, il n'était pas en mesure de le maîtriser facilement.

Ou bien plus simplement, s'il voulait survivre, il lui fallait tuer.