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 Elvira Hartmann, commandant du Barkhorn.

Elvira Hartmann
Elvira Hartmann
Elvira Hartmann, commandant du Barkhorn. Empty
Elvira Hartmann, commandant du Barkhorn. EmptyJeu 30 Juil - 5:30
Irys : 54992
Profession : Capitaine du "Barkhorn"
Daënar +2 ~ Alexandria (femme)
ELVIRA HARTMANN



Passeport


Nom : Hartmann
Prénom : Elvira
Surnom : A l’école d’officiers on la surnommait malicieusement « Cuillère d’argent », mais plus personne n’ose aujourd’hui prononcer de nouveau ce sobriquet devant elle.
Sexe : Femme
Âge : 25 ans
Métier : Capitaine du Barkhorn
Communauté : Daënastre - Ünellia
Lieu de naissance : Château Hartmann entre Ünellia et Hinaus, le 18 janvier 913



Aptitudes & possessions

  • Armes et habiletés : Revolver modèle Faucon et sabre d’officier. Elvira est habile pour plusieurs choses : Tirer, diriger un brick et son équipage, mais surtout se faire obéir et respecter. Elle maintient une discipline de fer sur n’importe quelle aéronef qu’elle commande et sait inspirer courage et volonté à ses troupes. Pour cela elle n’hésite pas à aller en première ligne, à se montrer tantôt sévère, tantôt souple, mais sans jamais perdre de vue son objectif : garder sa force de commandement et le respect de ses troupes au maximum en permanence. C’est l’ADN du capitaine d’aéronef, pour elle.
  • Familiers/montures : /
  • Autres possessions :  Une chevalière familiale, tellement épaisse qu’elle peut l’enfiler par-dessus un gant, ce qu’elle fait généralement. Dessus est représenté en relief le symbole des Hartmann : un griffon qui se tient debout.




Profil psychologiqueElvira fait partie d’une caste particulière de Daënastre : l’ancienne noblesse. Des personnages dont on entend généralement peu parler car la majorité fait profil bas dans un monde qui a tendance à les mépriser, mais certains parviennent tout de même à se garder une place confortable dans l’élite de la société daënar comme le Haut-Général Manfred de Richtofen. C’est d’ailleurs en s’inspirant de cet homme et de son parcours qu’Elvira a forgé une bonne partie de son caractère. Car son objectif, qu’elle n’affiche jamais en public, c’est d’atteindre le même niveau de puissance et d’influence que De Richtofen et les autres nobles bien placés, et c’est un but qu’elle poursuit depuis son entrée en école militaire.

C’est ainsi que l’on se retrouve avec une jeune femme avec un grand sens du devoir, mais qui n’est pas spécialement orienté vers sa patrie comme la plupart des militaires. Non, Elvira se sent plus de devoirs envers sa famille, l’ancienne noblesse déchue qu’elle représente, et plus généralement les personnes avec qui elle partage sa vie comme les hommes et femmes de son équipage. Les grands idéaux, la fierté patriotique, elle laisse ça aux bourgeois qui, selon elle, ont annihilé tout ce qui faisait la force et la beauté de Daënastre en fondant l’UNE. Paradoxalement, elle voue une haine viscérale envers les My’träns qu’elle n’hésite pas le moins du monde à traiter de sauvages, de barbares, d’autant plus depuis la dernière guerre. Elvira est donc rarement motivée par la bravoure, le courage, un idéal, une morale forte. Ce qui a toujours motivé notre commandante tout au long de sa vie c’est trois choses : la haine, l’ambition et la défiance. Défiance envers la bourgeoisie et les industriels qui dirigent le pays et qu’elle estime responsable de tous les mots et de la déchéance de Daënastre, mais aussi défiance envers tous ceux qui sont amenés à la sous-estimer, la mépriser ou la ramener à sa condition de « noble », mot qu’elle considère comme insultant car souvent utilisé comme une insulte par ceux qu’elle a croisé dans sa vie.

Au-delà de ça, de ce socle solide sur lequel Elvira a bâti toute sa personnalité, on peut rajouter quelques couches supplémentaires, par exemple son pragmatisme assumé. La jeune femme ne s’embarrasse que rarement de considérations morales lorsqu’il s’agit de combattre l’ennemi et même si elle a souvent envie de se donner bonne conscience en justifiant ses actes, on peut parfois hausser un sourcil en apprenant qu’elle a fui son aéronef en train de brûler en sautant avec un parachute, ou bien qu’elle n’hésite pas à vouloir éliminer ceux qu’elle estime gênants dans sa vision globale de l’autorité, l’accomplissement de la mission qu’on lui a confié ou même, plus rarement, qui est un obstacle pour ses intérêts personnels. On a donc affaire à une femme qui, bien qu’elle n’ait pas forcément eu le temps de le montrer, peut se révéler impitoyable et qui aura peu d’états d’âme à faire ce qui doit être fait pour accomplir ses objectifs quels qu’ils soient.

Pour terminer, laissons le mot de la fin à l’intéressée au sujet de la guerre civile qui se profile à Daënastre : « Ces histoires ne me concernent pas. Si je me bats contre ces rebelles, c’est parce qu’on me l’ordonne. Que ce soit eux ou le gouvernement qui sort victorieux de cette histoire, le résultat sera le même : Daënastre est en train de périr à petit feu, et je préfère pleurer son agonie que de débattre sur la forme qu’elle doit prendre dans le futur. Notre nation est morte il y a bien longtemps. »



PhysiologieElvira incarne à merveille l’idée que l’on se fait d’une fille de noble qui fait carrière dans l’armée. Elle n’a pas spécialement le physique que l’on attendrait d’un soldat du rang et c’est normal parce qu’elle n’est jamais passée par là et ce n’est pas ce qu’on attendait d’elle. Sortant d’une école d’officier, la jeune femme se distingue plus par sa prestance, son maintien et son charisme que par ses aptitudes physiques, bien qu’elle n’en manque pas pour autant. Habituée depuis des années à vivre au milieu des autres soldats sur les aéronefs, elle n’a rien de la bourgeoise précieuse, maniérée et qui tombe en poussière au moindre choc. Elvira porte sur elle les marques d’années de combats et de travail acharné. Déjà elle est plutôt grande avec son mètre soixante-dix-neuf, mais on peut remarquer plusieurs cicatrices discrètes sur son visage, ses mains et le reste de son corps, en tout cas si vous avez la chance de l’apercevoir un jour car la jeune femme n’est pas connue pour collectionner les amants.

Dans tous les cas, ce qui distingue la commandante c’est avant tout le charisme qui se dégage du personnage. Un charisme qui repose sur sa posture droite, son air à la fois sévère et inaccessible, sans pour autant lui avoir enlevé la féminité qui la caractérise depuis qu’elle est adolescente. Le ton de sa voix est souvent ferme et admet rarement les concessions, tandis que sa tignasse d’un noir profond et ses yeux tout aussi sombres termineront de convaincre le premier venu qui ne connaîtrait pas la carrière de l’officier. Toutefois, et malgré son air parfois patibulaire, Elvira est une militaire qui a la chance d’occuper un poste qui lui autorise de prendre soin d’elle. Ses uniformes sont toujours impeccablement portés, ses insignes briqués et lustrés, son visage légèrement maquillé et ses cheveux très bien entretenus. Un soin qu’elle applique tout autant à sa tenue dans le civil, où elle tachera de rester dans le rôle qu’elle incarne depuis toutes ses années : une femme forte, affairée et qui se doit toujours de dégager une aura imposant le respect muet de ceux qui la croise.



Biographie

Je m’appelle Elvira. Je suis né il y a un quart de siècle dans un vieux château, près de Lonfaure. Je viens d’un milieu que le peuple appelle, non sans dégoût, la noblesse. Pourtant, de noble nous n’avons plus que le nom. Voilà plusieurs siècles maintenant que l’Union des Nations Evoluées existe. Elle aussi n’a d’évoluée que le nom. Ma famille a été privée de ses titres, de ses terres, de sa dignité sans que jamais l’UNE ne reconnaisse les services rendus par les Hartmann à Daënastre, sans jamais que l’on n’admette que sans des grandes familles comme la mienne, descendants des premiers colons de ce continent, jamais Daënastre n’en serait là aujourd’hui. Et pourtant me voilà aujourd’hui, fille d’une noblesse déchue, promise à l’oubli.

Mes parents ont toutefois pu me fournir une éducation correcte. Certes, nous avons été dépouillés de la majorité de nos possessions, mais depuis des décennies il nous en reste suffisamment pour maintenir un train de vie digne de notre rang. Ainsi je fus emmenée très jeune dans des salons, des bals, des expositions pour me confronter au vrai monde, à leur monde. Un monde chatoyant, doux et musical. Mais que soit remerciée ma famille, on m’a aussi très vite appris l’histoire de notre peuple et de la glorieuse Daënastre ! On m’a conté le martyr d’Alexandre, l’épopée de Marc, la construction à partir de rien d’une nation puissante par des hommes et des femmes vigoureux et au cœur noble ! Mais j’ai aussi été éduquée sur nos origines : My’trä. Cette terre dévoyée, décadente depuis le premier jour, et dirigée par des tyrans. Des tyrans qui ont essayé de nous détruire car nous avons osé nous éloigner de leurs Architectes asservissants. Mais aujourd’hui, grâce aux exploits d’Alexandre et de nous, ses enfants, nous avons bâti un monde libre dirigé par la partie la plus éclairée de cette société nouvelle.

Puis l’UNE fut fondée par une bourgeoisie en manque de pouvoir, et là Daënastre amorça ce lent déclin qui l’a amené aujourd’hui à plier devant les sauvages de l’autre continent. Ah ça, que je ris en voyant le peuple saluer ce gouvernement corrompu, manipulé par des industriels qui font mourir les enfants d’Alexandre et Marc Ünen par centaines dans des mines de fer, de charbon et de magilithe. Ces gens ne savent pas à quel point la vie était plus délicieuse, plus douce sous le règne de cette « noblesse tyrannique » dont ils aiment tant se moquer. Et qu’est-ce qu’ils se sont moqués de moi quand j’ai intégré l’école militaire… Car cela faisait longtemps que les Hartmann n’avaient pas mis un pied dans l’armée. Mon père et ses parents avant lui savaient que s’ils y entraient ils seraient automatiquement relégués à des postes subalternes et avilissants, car la jalousie de ceux qui nous ont expropriée est tenace et ils ne manqueraient pas une nouvelle occasion de nous humilier. Pourquoi, alors, y suis-je allée moi ? Eh bien parce que certains descendants des grandes familles commencent petit à petit à reprendre leur destin en main, c’est le Haut Général Manfred de Richtofen et son prédécesseur qui était lui aussi de notre monde.

C’est pour suivre le chemin de gens comme eux que j’ai insisté auprès de mes parents pour aller à l’école militaire et poursuivre jusqu’à sortir de l’école d’officiers à mes dix-huit ans. Bien sûr, la vie là-bas n’a pas été simple. L’armée en elle-même n’est pas tendre avec les nouveaux arrivants, quels qu’ils soient. J’ai donc été souvent moquée, isolée, mal considérée, mais plus qu’un frein cela m’a permis de me dépasser pour qu’enfin on reconnaisse mes compétences alors que beaucoup de gens dans mon cas abandonnaient purement et simplement. En même temps je les comprends, la plupart étaient des enfants de riches magnas de l’industrie ou du commerce et avaient encore une demi-douzaine de carrières possibles s’ils partaient de l’école militaire. Moi je n’avais que ça, que cette voie-là et je n’imaginais pas en suivre une autre. J’avais besoin de me prouver, à moi, à ma famille et à nos amis que l’on pouvait être des Premières Familles et réussir dans un milieu aussi sévère et formaté que l’armée. Manfred de Richtofen le prouvait bien, lui, puisqu’au milieu de ma formation en école d’officier il a accédé au poste de Haut Général commandant de Forces Célestes. Je voulais suivre son exemple, littéralement. C’est la raison pour laquelle, lorsqu’il nous fallait choisir vers quel corps d’armée on s’orienterait, j’ai choisi l’aéronavale.

Avant mes seize ans je n’avais pratiquement jamais mis les pieds sur un aéronef. Ces machines sont tout bonnement extraordinaires et toute la fourmilière déployée pour les faire fonctionner est fascinante à observer. Mais j’étais avant tout ici pour me familiariser avec ces engins de combat, notamment les briks puisque ce serait sur ce type d’embarcation que je ferais mes premières armes. Comment manœuvrer un tel engin, les machineries turbinant à la magilithe qui le faisait voler, les canons, les harpons, chaque poste d’équipage, j’apprenais tout. Il était essentiel pour moi de comprendre ce monde, sinon je ne serais qu’un piètre officier une fois en poste. Il y avait trop de choses en jeu pour que j’accepte de n’être qu’un maillon rouillé de cette chaîne aux dimensions gigantesques. Je comptais bien grimper jusqu’à être à la tête des Forces Célestes, comme le général de Richtofen l’avait fait. En cela je l’admirais énormément, bien que je me sentais pousser un sentiment étrange de rivalité avec cet homme qui m’était pourtant bien supérieur en tout point. Une sorte de sommet inatteignable que mon corps me poussait pourtant à gravir.

Enfin, en 931 je sortais de l’école militaire d’Alexandria lieutenant des Forces Célestes, et j’ai été mis sous le commandement de Frollow, capitaine du Valrus. Ces années ont été riches d’enseignement pour moi, notamment parce que le commandant Frollow avait la décence de ne pas laisser transparaître ses opinions sur la « noblesse » devant moi. Nous étions juste deux professionnels et il m’apprenait tout ce qu’il pouvait sur le commandement sans que je n’aie à souffrir de brimades comme ça avait pu être le cas durant mes années d’école. Mais il me fit bien comprendre que si lui comptait bien me respecter malgré mes origines ce n’était pas forcément le cas de l’équipage qui chercherait n’importe quel prétexte pour saper mon autorité. Une sorte de bizutage comme j’en avais déjà vécu, mais cette fois-ci la hiérarchie leur imposait de m’obéir. J’avais enfin des armes à ma disposition, et pas seulement mon pistolet et mon sabre.

Les années suivantes furent donc pénibles, mais riches en épreuves et en enseignements. Cette fois-ci il était temps pour moi d’apprendre à commander des hommes, à les punir lorsqu’il était nécessaire de le faire, mais aussi à me lier à eux pour acquérir leur confiance et leur respect. Pour ce faire j’avais coutume de pas mal boire avec eux lorsque nous étions en quartier libre et je me livrais aussi à des jeux de cartes ou de dés. Des activités populaires dont j’ai longtemps eu honte, mais aujourd’hui je considère simplement cela comme une partie de mon travail, au même titre que tout le reste. Je n’y tire certainement pas de plaisir, mais ça n’a jamais été le but de ma carrière. Je devais atteindre les sommets par mes efforts, ma sueur et mon sang, parce qu’au sein de cette nation ingrate qui a relégué ses fondateurs au rang de parias c’était la seule manière que j’avais pour retrouver la place qui m’était due auparavant.

C’est également à cette période que je fus renseignée sur la géopolitique de Daënastre. Un domaine qui, même à l’école, ne me passionnait pas plus que cela, mais avec lequel j’étais bien obligé de composer si nous voulions être aussi prêts que possibles à la guerre qui s’annonçait. Car oui, un jour ou l’autre il nous faudrait bien finir le travail avec les sauvages de My’trä. La situation actuelle était, pour eux, une chance inespérée de continuer leur pathétique vie sous notre domination, juste retour des choses lorsque l’on connaît les atrocités qu’ils ont fait subir à nos ancêtres, mais ils ne semblaient pas très conscients de la chance qu’ils avaient. Depuis 932 on sentait la tension monter entre nous et eux. Des attentats meurtriers, des assassinats, des troubles divers fleurissaient dans les pages de la presse daënar et nous nous devions assister à cela, impuissants. Un sentiment que ni moi, ni mon commandant n’acceptions.

C’est ainsi que Frollow demanda à être muté, lui, son vaisseau et son équipage, à My’trä pour protéger nos colonies en cas de nouvel assaut des mages. Le voyage fut particulièrement long, le plus long que j’ai fait de ma vie, mais je commençais à m’habituer à la vie dans la promiscuité d’un brick. Je correspondais longuement avec ma famille ce qui me permettait de garder un lien bienvenu avec la civilisation et mes racines. Au bout de plusieurs semaines nous sommes enfin arrivés à My’trä. J’étais très stressée à l’époque, car je m’aventurais en territoire ennemi et c’est une pression que je n'avais jamais ressentie auparavant. Mais je devais faire bonne figure devant la troupe, ne pas confirmer leurs idées reçues du noblaillon qui s’enfuit à la moindre menace. Nous nous sommes finalement arrêtés à la mine de Seregos, dans la région du Gazar. Ici vivait toute une colonie arrivée après la guerre et qui avait besoin d’être protégée. Vous vous en doutez sûrement, mais notre arrivée fut accueillie avec grande joie par ces braves ouvriers. Cela faisait longtemps que je n’avais pas été au contact de civils, j’en étais contente. Le quotidien au sol était plus vivable que dans le ciel pendant des semaines.

Le commandant Frollow était tout aussi satisfait. S’il avait demandé à être muté ici c’était pour qu’on fasse notre devoir, disait-il, et qu’on protège ces gens. J’étais tout à fait d’accord avec sa vision des choses, mais dans mon for intérieur je savais que lui comme moi souhaitions aussi pouvoir saper les installations de ces sauvages avant le prochain conflit qui s’annonçait imminent. Mais quelles pouvaient bien être les installations stratégiques de ce peuple qui n’avait jamais évolué ? Ils ne s’encombraient pas de munition, de carburant, je doutais même qu’ils aient des ouvrages défensifs. J’estimais qu’il était plus sage que le vieux commandant et moi-même réfléchissions bien comme il faut à tout ceci avant de passer à l’action. La discrétion était également indispensable, car si jamais le gouvernement apprenait nos intentions nous serions fusillés dans l’instant. Mais nous devions agir, ces gens comptais sur nous pour apaiser leurs tourments et on ne pouvait le faire si l’on restait docilement plantés au milieu de la vallée à attendre que les mages nous attaquent.

Malheureusement, quelques semaines plus tard seulement je suis réveillé par le commandant qui m’explique qu’un important convoi passe près de notre position et que le neutraliser pourrait grandement affecter l’économie de My’trä et que le faire de nuit serait bien moins risqué. Abasourdie, je l’exhorte de revoir ses plans, qu’il est trop tôt pour penser à agir, que nous ne sommes pas prêts, mais il ne voulait tout bonnement rien entendre et m’enjoignit à le joindre dans cette opération. J’étais confuse, je ne savais pas quoi faire. C’est en me dirigeant vers l’embarcadère et le Valrus que, au milieu des membres d’équipage qui se préparaient car c’est ce qu’avait ordonné le commandant, son second, le Capitaine Clemor arrive à sa hauteur et lui demande nerveusement, lui aussi, de renoncer à ce plan qu’il jugeait dément. Frollow commença à hausser le ton, à menacer son second de l’accuser de désertion devant sa hiérarchie, et tout l’équipage commença à se réunir pour regarder la scène. C’est à ce moment que j’ai décidé d’intervenir.

- Commandant, arrêtez ! Nous sommes deux à vous déconseiller ce plan, c’est de la folie pure ! Pourquoi vous ne voulez pas attendre !


- Ce ne sont pas vos affaires, Hartmann ! Me répondit-il. Je vous demande simplement d’obéir à mes ordres et c’est votre devoir de le faire !

- Non, commandant ! Mon devoir c’est aussi de veiller à la vie de cet équipage et si nous décollons maintenant pour attaquer ce convoi, leur vie sera sérieusement en péril ! Le gouvernement nous accusera de trahison, on sera poursuivis et pendus ! C’est ça que vous voulez ?

Le commandant affichait des yeux ronds, je ne l’avais jamais vu ainsi. Il sembla réfléchir un instant avant de se retourner vers l’équipage et de l’exhorter à suivre ses ordres malgré tout.

- Vous tous ! Ecoutez-moi ! Ça fait des années qu’on parcourt le ciel ensemble ! Vous ai-je déjà déçu ? Ai-je déjà mis vos vies en danger ? N’écoutez pas cette…. Foutue noble qui veut juste s’assurer une bonne place chez son copain de Richtofen ! Moi je veux sauver notre pays, sauver Daënastre ! Alors, vous me suivez ?!

Une foutue noble… Même lui avait fini par m’appeler ainsi, alors que je pensais qu’il était au-dessus de cela. La troupe, quant à elle, acquiesça vivement au discours de leur vieux commandant et ils se précipitèrent dans le brick pour aller à la rencontre du convoi. Le Capitaine Clemor s’approcha de moi, alarmé.

- Il faut l’arrêter ! On risque la guerre s’il attaque ces marchands !

Pour être sincère, la guerre je n’en avais strictement rien à faire, depuis le début de cette histoire. Si je ne voulais pas suivre le commandant c’est parce qu’il ne comptait pas faire cela avec discrétion comme c’était prévu au départ. Je ne voulais pas risquer ma tête dans une opération suicide, voilà tout. Que ces sauvages nous déclarent la guerre s’ils veulent. On les a pratiquement écrasés il y a trente ans et nous recommencerons. Mais il est hors de question que je compromette ma carrière pour assouvir la volonté de sang d’un homme qui me traite de… foutue noble. Pourquoi ne voulait-il pas attendre, d’ailleurs ? On ne savait rien de ce convoi, si ça se trouve leur escorte de perfides mages était à-même de nous abattre depuis le sol. Qu’est-ce qui le poussait à vouloir faire ça aussi vite ?

Dans tous les cas, je ne savais pas s’il fallait agir ou le laisser accomplir sa folie. Puis l’idée me vint que, d’une part, je pourrais être considérée comme sa complice parce que je n’ai pas tenté de l’arrêter, et d’autre part si nous parvenions à empêcher cet incident diplomatique nous serions bien vus par notre hiérarchie, ce qui serait tout le contraire en cas d’attaque de ce convoi. Je me tournais vers le Capitaine pour l’informer de ma décision.

- Très bien, il nous faut stopper le commandant, mais comment ?

- Je… je pense que nous devons monter sur le Valrus et le tuer avant qu’il ne donne l’ordre de décoller. Annonça-t-il avec résignation.

- Le tuer ?! Mais… et l’équipage ? Ils vont nous étriper s’ils voient qu’on a assassiné le commandant !

- C’est pour ça qu’il ne faut pas le tuer dans son dos, il faut faire ça devant tout le monde, avec un duel. Un duel pour le contrôle du Valrus.

Un duel ? Un duel à mort ? On se croirait à Aildor, mais ça pouvait fonctionner. En effet le code du militaire nous imposait de contester les ordres et de lutter contre tout supérieur qui compromettrait, par ses plans, la sécurité nationale et celle du peuple de Daënastre. Et il est clair que si la guerre est provoquée maintenant par son acte déraisonné, toutes les colonies seront immédiatement attaquées par l’ennemi en représailles. Il nous fallait donc l’arrêter, mais je n’avais vraiment pas l’étoffe d’une combattante…

- Tu… tu penses pouvoir vaincre le commandant en duel ? Demandais-je alors.

- Je pense, oui. Il est âgé, mais suffisamment expérimenté pour que je doive rester sur mes gardes. Mais si je l’emporte, tu seras promue au grade de capitaine et moi à celui de commandant Valrus. Et à partir de là nous pourrons vraiment accomplir la mission qu’on nous a confié et protéger ces gens.


- Très bien, si ce n’est pas moi qui l’affronte cela me va parfaitement. Qu’est-ce que je peux faire pour t’aider ?

Il me demanda simplement de calmer les hommes pendant que l’affaire se conclurait et, surtout, de s’occuper de la bonne gestion de la troupe après son duel, sachant très bien qu’il en ressortirait avec des blessures. Et c’est ce qui arriva. Nous avons grimpé sur le pont du Valrus et avons confronté le commandant, invoquant la haute trahison de Daënastre pour justifier d’un duel. Il accepta en me lançant un long regard méprisant que je lui rendis bien volontiers. J’étais fière de ce que nous allions accomplir aujourd’hui et je dois avouer que la promotion que le capitaine m’avait fait miroiter me motivait d’autant plus à en finir avec Frollow. On pourrait me reprocher mon intransigeance face à un homme qui m’avait toujours fait confiance et encouragé, mais j’avais bien vu que ce n’était qu’une façade lorsqu’il me ramena, devant toute la troupe, à ma condition de noble. Tandis que les deux hommes se préparaient pour leur affrontement, je réfléchissais à ce que j’aimerai qu’il advienne de l’équipage. Ils avaient suivi leur commandant dans un plan qui allait à l’encontre du bien de la nation, ils me méprisaient maintenant que Frollow leur avait rappelé mes origines donc avoir de l’autorité sur eux une fois ce vieillard mort serait très difficile. Mais je ne pouvais pas simplement demander à tous les faire exécuter pour trahison, ma carrière serait terminée après un tel aveu d’échec face à leur indiscipline.

Enfin bref, Frollow et Clemor combattirent face à face dans un duel au sabre qui dura fort peu de temps, mais fut assez brutal. Je ne vais pas cacher que j’ai grimacé plusieurs fois, par exemple lorsque le capitaine pris un violent coup de poing, avec la poignée du sabre en plus, au visage. Mais c’est finalement lui qui l’emporta en tranchant la gorge du vieux commandant qui s’écroula au sol, laissant le pont couvert de sang en plusieurs endroits. Voilà désormais le capitaine Clemor commandant de l’imposant Valrus. Je me suis précipité vers lui pour l’aider à se relever et l’emmener à la cabine du capitaine, sans pour autant l’accompagner à l’intérieur car la troupe avait besoin d’être surveillée. C’est ce que le captaine m’avait demandé de faire et c’est ce que je fis. Tous étaient restés sur le pont, certains se recueillant sur la dépouille du commandant, d’autre évitant scrupuleusement mon regard.

- Rassemblement ! Garde à vous ! Ils s’exécutèrent avec plus ou moins de bonne foi. Le capitaine Clemor est le nouveau capitaine de cet aéronef jusqu’à nouvel ordre de la hiérarchie supérieure ! Vous lui devez le même respect, la même obéissance et la même discipline que sous le commandement de Frollow ! Celui-ci vous emmenait tout droit dans une opération qui se serait terminée, au mieux, en faisant de vous des traitres à la nation, au pire vous y seriez morts ! Je suis la première à vouloir en finir avec ces mages, ces sauvages qui menacent nos braves colons à chaque instant, mais ce n’est pas ainsi que nous sauverons qui que ce soit, au contraire ! Donc je vous ordonne dès maintenant de reprendre votre activité normale, nous enterrerons dignement le commandant Frollow dès demain avec tous les honneurs qui lui sont dus. Toutefois, si un seul d’entre vous se permet de montrer des signes d’insubordinations jusqu’à la fin de cette mission, nous transmettront un rapport précis des derniers évènements à la hiérarchie et vous passerez tous en cour martial pour haute trahison ! Me suis-je bien fait comprendre ?!

Les soldats ne bronchèrent pas, excepté un. Le caporal Golper, un proche de la famille Frollow de ce que le commandant m’avait raconté. Je m’attendais à ce qu’il ne prenne pas très bien la mort de son supérieur, mais je ne m’attendais pas à ce qu’il dégaine son sabre et s’extirpe de la troupe avec une allure clairement menaçante.

- Des traîtres ? Les traîtres ici c’est vous, Hartmann, vous et le capitaine. Vous avez tué un commandant que tous ici on considérait comme notre père. Et vous, vous êtes qui, hein ? Une sang-bleu, une arriviste qui cherche juste à avoir une carrière confortable sans avoir une once de respect pour la vie de vos hommes. Ne me faites pas croire que c’est pour nous protéger que vous avez décidé d’assassiner le commandant… c’est pour vous protéger vous !

D’autres soldats tentèrent de retenir Golper, mais sans succès, il se rua sur moi, sabre au clair. Je n’avais pas vraiment eu le temps de réagir, mais j’avais déjà la main sur mon pistolet que j’ai dégainé dans un geste rapide, mais pas assez. Je reçus un coup de poing au visage qui me projeta contre des barriques environ un mètre à ma droite. Le soldat se rapprocha, prêt à m’embrocher, quand la porte derrière lui s’ouvrit brusquement et que le capitaine Clemor apparut, claudiquant, couvert de sang, mais son arme de poing à la main et prêt à abattre le caporal. Ce dernier hésita un instant, ce qui suffit à quelques soldats pour se jeter sur lui, lui ôter son sabre et le maîtriser. La confusion régnait sur le pont du brick. Certains soutenaient le geste de Golper, fustigeaient les soldats qui étaient intervenus, et d’autres hurlaient à la traitrise de leur camarade. Dans tous les cas, c’était une situation vraiment tendue. On força cependant le caporal à mettre les genoux à terre devant le capitaine qui avait toujours son arme à la main et regardait l’homme en reprenant sa respiration.

- Golper… Qu’est-ce que je dois faire à ton avis ? Te tuer ? Tous ces hommes sont prêts à s’écharper, car ils sont divisés entre le respect qu’ils me doivent et celui qu’ils ont pour notre ancien commandant. Je ne veux pas te tuer, même si tu viens de lever la main sur un officier ce qui te vaudrait clairement la pendaison.

De mon côté j’assistais impuissante à la scène. J’avais échoué à maintenir mon autorité sur cette poudrière et c’était à lui de gérer maintenant. Mais il était clair que s’il ne convainquait pas maintenant la troupe de nos bonnes intentions… je finirais éventrée en moins de quelques minutes. Le capitaine s’adressa ensuite à tous les soldats sur le pont.

- Soldats… je ne m’excuserai pas de ce que j’ai fait ce soir. Pour moi aussi le commandant Frollow était un mentor, un père, et je porterai son deuil au même titre que vous. Mais si j’ai pris le risque de mourir ce soir ce n’est pas pour ma carrière. Si je suis venu ici à My’trä, en plein cœur du territoire ennemi, ce n’est pas pour ma carrière. Ma carrière se serait mieux portée si je vous avais laissé suivre le commandant et que j’étais resté bien au chaud chez nous. J’ai suivi le commandant parce que je lui faisais confiance, tout comme vous, parce que je vous considère comme des frères et des sœurs et que je voulais vous protéger et rester parmi vous. Si vous voulez me tuer, moi et Hartmann, alors allez-y, mais vous signez votre arrêt de mort à vous, à tous ces colons que l’on laissera sans protection, et à vos frères qui se battront car ils ne seront pas d’accord avec vous. C’est ça que vous voulez ? Moi ce n’est pas ce que je veux et le lieutenant non plus ! Notre mission c’est de préservez votre vie. On le doit à votre patrie, Daënastre, à vos familles et à vous ! Et c’est bien ce que l’on compte faire donc je te le demande à nouveau Golper ! Est-ce que pour accomplir ma mission je dois te tuer maintenant ou est-ce que tu acceptes que je te ramène chez toi à la fin de cette mission, sain et sauf ?


De longs instants s’écoulèrent et le soldat rebelle baissa finalement les yeux. L’emprise de ses camarades sur son corps se relâcha et il se leva péniblement avec l’aide de ses amis et rejoignit les rangs. De mon côté, je me suis relevée seule, personne ne venant me prêter assistance. Le capitaine, lui, reprenait son souffle et balaya ses hommes du regard.

- Rompez, maintenant. Allez vous reposer, manger un peu et dormir. Demain nous reprendrons notre mission exactement où nous l’avons laissée. Je vous le demande en tant que supérieur, mais aussi en tant que votre frère d’armes : protégez-vous, protégez ces pauvres gens et rendez hommage au commandant Frollow.

Il s’engouffra ensuite de nouveau à l’intérieur du brick et je le suivis sans même jeter un regard sur les soldats. Ils devaient probablement pester vers moi en silence. Une fois dans la cabine du capitaine avec Clemor je m’assis à côté de lui tandis qu’il stoppait le flux de sang qui s’écoulait de son nez avec du tissu. Nous avons tous les deux poussé un long soupir.

- Merci de m’avoir défendu, j’ai failli à la mission que tu m’avais donné.

- N’importe qui se serait retrouvé dans la même situation. Ce vaisseau est une véritable réserve d’explosifs et dès demain je vais faire un rapport à la hiérarchie.

- Pourquoi cela ? Tu ne leur avais pas assuré que tu tairais toute cette affaire s’ils restaient disciplinés ?
Demandai-je.

- Oui, mais ils ne le sont clairement plus. Ce n’est qu’une façade, un masque et ils n’attendent que le bon moment pour revenir et essayer de nous éliminer à nouveau. Je vais devoir demander au commandement des Forces Extérieurs, pas très loin d’ici, si je dois prendre les mesures qu’il faut.

- Tu veux dire… les faire exécuter ?


- Oh que non, tu es trop extrême, Hartmann. Je vais demander qu’ils soient tous dispersés dans d’autres équipages. Le commandant Frollow a fait ce qu’il faut pour obtenir la fidélité inconditionnelle de ses soldats, ils sont plus fidèles à lui qu’à leur propre patrie. Alors je ferais en sorte de briser cette grande famille trop turbulente, pour le bien de Daënastre. Ils ne se reverront jamais.

Si j’ai passé autant de temps à vous décrire cette nuit si particulière, c’est parce qu’elle a complètement forgé qui je suis devenu en tant que soldat et en tant qu’officier. Je me suis surprise à développer une grande admiration pour le capitaine Clemor. Il était tout ce que je rêvais d’être, c’était un modèle, encore plus que le Haut Général de Richtofen. De Richtofen était exemplaire, puissant, valeureux, mais Clemor… Clemor lui était terriblement intelligent et savait exactement ce qu’il fallait faire pour atteindre ses objectifs. Si je voulais atteindre la renommée de notre Haut Général, c’était véritablement Clemor que je voulais imiter. A l’avenir j’ai donc tâché, en tout temps, de me demander comme il agirait face aux difficultés que j’ai rencontré.

Car j’en ai rencontré d’autres, des difficultés. Déjà, lorsque le rapport du capitaine arriva au Q.G des Forces Extérieures, il fut immédiatement promu commandant, comme convenu, et moi capitaine. Et, comme il le réclamait, l’équipage du Valrus fut purement et simplement dissout et l’aéronef entreposé dans un hangar le temps de lui trouver une nouvelle équipe. De mon côté, à l’instar de tous les membres du Valrus, j’ai été séparé des autres et même du commandant Clemor qui obtint une place au Q.G des Forces Extérieures en attendant de lui trouver un nouvel aéronef pour le mettre à sa tête. Je suis rentré sur le continent, prenant plusieurs mois de permission avant d’intégrer un nouvel équipage en tant que capitaine, celui du Scarboro commandé par le commandant Triari. Visiblement, une certaine réputation était arrivée aux oreilles de ce commandant et de son équipage, car j’ai très rapidement acquis leur respect et leur obéissance. Un jour, j’ai même demandé au capitaine pourquoi j’avais ce sentiment d’un respect acquis trop vite, il me répondit ainsi :

- Les nouvelles vont vite, vous savez. On raconte que l’équipage qui vous a défié là-bas a été démantelé, tous ont été séparés de leurs frères et sœurs d’armes avec qui ils avaient tout partagé pendant des années. Aucun équipage ne veut subir ce que ces soldats ont eut comme punition, alors ils se tiennent à carreau.

J’étais à la fois satisfaite et emprunte d’une certaine amertume. Même si j’avais obtenu de la renommée, de l’obéissance, c’était pour des actes bien futiles. Je n’étais pas apparue comme une héroïne, ou une commandante sévère autant que compétente. J’étais juste celle qui avait demandé à sa hiérarchie de punir tout un équipage. J’étais une enfant à leurs yeux, pas une véritable commandante. Il fallait que cela change, vite.

L’année 934 commença alors et je réfléchissais toujours à un moyen de vraiment briller au sein des Forces Célestes. J’avais multiplié les méthodes : participer aux entraînements avec les soldats, manger avec eux parfois, travailler très dur pour être appréciée de ma hiérarchie et ça fonctionnait, mais je sentais que cela restait encore fragile. En parallèle de ces efforts conséquents, j’ai continué de correspondre avec ma famille que j’étais revenue voir durant ma permission et avec le commandant Clemor, là-bas à My’trä. Je m’inquiétais parfois pour lui, mais surtout je me demandais souvent s’il m’avait oublié. Et je continuais de me poser la question, et parfois de la lui poser directement, « mais qu’est-ce qu’il ferait à ma place ? ». Et il me donnait des conseils, m’encourageait, me disait que j’irais loin dans les Forces Célestes. Je voulais le croire…

Et finalement, l’occasion de me distinguer apparut, comme une opportunité magnifique. Mon commandant avait pour mission d’escorter une personnalité politique importante, le primo-gouverneur de Skingrad en personne. Un homme souvent menacé car ayant déclaré une guerre ouverte à tous les coupe-jarrets qui sévissent dans sa crasseuse cité. Mais nous devions justement l’emmener loin au nord, à Hinaus où des prototypes d’armures assistées l’intéressait pour équiper sa police, ce qui pourrait permettre d’enfin pacifier les rues. Mais pour cela il fallait traverser tout le continent, y compris des zones moins protégées où les célèbres pirates des cieux se faisaient plaisir sur les aéronefs de toute nature, excepté les militaires. Enfin, la plupart du temps. Et je ne sais pas si c’est de la malchance ou son contraire, mais lorsque ce fut le Scarboro et son escorte qui furent chargés de protéger ce personnage durant sa traversée du pays, nous nous sommes frottés à une flotte pirate plus conséquente qu’à l’accoutumée. Rien de bien inquiétant, surtout des frégates qu’il nous était facile d’abattre avec notre artillerie bien que le vaisseau en sorte bien abimé. Mais ce ne fut en réalité qu’une mise en bouche, puisqu’après une énième vague de ces chasseurs, nous avons été confrontés à un brick, exactement comme notre propre embarcation.

Autant dire que nous n’étions pas vraiment préparés, mais qu’à cela ne tienne. Je n’étais visiblement pas la seule membre de l’équipage à avoir envie d’action, à défaut que je devrais me contenter de diriger les opérations plutôt que de me jeter dans la mêlée. En effet, malgré les coups de canon nous ne parvenions pas à suffisamment endommager la coque ou le ballon de leur vaisseau et nous avons été rapidement contraints à subir un abordage. La bataille fut dantesque et elle nous poussa même, le commandant et moi, à nous battre avec nos hommes pour protéger le gouverneur. Ce dernier, à notre grande surprise, demanda à ne pas avoir de garde rapprochée pour que nous ayons plus de force de frappe afin de repousser l’assaut. Une décision salvatrice s’il en était car nous surpassions ainsi numériquement les pirates qui battirent bien vite en retraite. Mais avant cela le commandant Triari et moi-même avons eu droit à notre moment de bravoure puisque le capitaine des pirates en personne tenta de s’en prendre à moi avant que le commandant ne vienne à ma rescousse. Motivée à ne pas laisser quelqu’un me sauver comme une princesse en détresse, comme la dernière fois, je me ruais alors sur le capitaine afin de l’éliminer avec des coups de sabre bien placés. Autant dire qu’une fois leur chef mort les forbans n’avaient plus tellement le moral pour continuer l’attaque et prirent la fuite, non sans essuyer quelques coups de canon ravageurs au passage.

Finalement lorsque nous sommes revenus sur terre, la plupart de l’équipage reçut de nombreuses félicitations et médailles pour avoir porté un énorme coup à la piraterie aéronavale. Moi-même je reçus l’étoile vermeille et la médaille du dévouement que je porte encore aujourd’hui fièrement sur mon uniforme de cérémonie. De plus, j’ai eu les félicitations personnelles du Colonel Ferrel, en charge de notre base. On me sous-entendait également que j’étais maintenant dans le collimateur de l’Etat-Major pour de futures promotions. Voilà, j’avais enfin atteint un de mes objectifs : me distinguer, sortir de cette masse informe et dénuée d’ambitions. J’avais atteint le haut du panier de mon grade et je ne comptais pas m’arrêter là. Le reste de l’année 934 et une bonne partie de l’année 935 fut donc passée en consolidation de mes acquis. J’ai continué de me lier à l’équipage du Scarboro qui me voyait désormais comme un membre à part entière sans pour autant négliger l’autorité que j’avais sur eux. Enfin un plan se déroulait plus ou moins sans accroc et je pouvais m’enorgueillir de fournir un travail fiable et efficace à-même de satisfaire ma hiérarchie.





Dans la vraie vie ?


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SUITE DE L'HISTOIRE

Mais peu avant l’été 935 ce fut le choc : l’annonce d’une deuxième guerre contre My’trä. Un continent que j’avais bien connu et sur lequel j’avais protégé des compatriotes était maintenant en guerre contre nous. Difficile de dire qui avait vraiment enclenché tout ceci. Les journaux de la région affirmaient que les sauvages de l’autre continent avaient massacré toute une colonie sans ménagement et par surprise. Un acte qui, résolument, allait réveiller la ferveur daënar contre ceux qui n’avaient finalement jamais cessé de nous tourmenter depuis que nous nous sommes extirpés de leur emprise. Une guerre juste, donc, et que j’allais mener de manière noble, au moins on ne m’appellerait plus de cette manière pour rien. Très vite, il fut ordonné au Scarboro de suivre les aéronefs du Haut-Général de Richtofen jusqu’à My’trä pour escorter la flotte qui emmenait les troupes et les protéger d’éventuelles attaques aériennes. Le voyage se passa presque sans encombre, en tout cas pour les forces aéronavales, et une fois à My’trä notre mission fut claire : bombarder tout l’arrière-pays pour éviter l’arrivée trop rapide de renforts tandis que les forces au sol s’occupaient de conquérir et pacifier ce pays de vauriens.

Et notre mission fut accomplie, encore une fois, sans vraiment d’encombres. Les positions des mages n’étaient pas difficiles à ravager, car ils possédaient peu de moyens de contrer notre magnifique puissance de feu. Je dirais même qu’ils faisaient des adversaires encore moins valeureux que les pirates de l’air, car eux au moins savaient se servir de nos technologies. Toutefois, lorsque l’on se reposait sur la terre-ferme on était informés de l’état de l’offensive et l’armée était bloquée devant Busad car ces indécrottables sauvages savaient bien se défendre avec l’aide de leurs divinités archaïques. Et pendant ce temps nous continuions notre mission en faisant pleuvoir les bombes sur les villes et villages même si, à l’instar de leurs camarades des steppes, les habitants de la capitale protégeaient habilement leur cité avec un bouclier magique que l’on essayait tant bien que mal de faire tomber à force de feu nourri. Nous avions également ordre de ne pas attaquer les régions de Zolios et Khurmag car les indigènes de ces pays avaient des moyens plus efficaces de nous contrer.

Et nous nous sommes acquittés de cette mission pendant plusieurs mois jusqu’à ce qu’on nous rappelle au Kharaal Gazar. En effet, malgré nos efforts les renforts de l’ennemi arrivaient enfin face à notre armée toujours bloquée aux portes de Busad qui était pourtant à moitié détruite, mais toujours debout. Bien entendu, nous avions ordre de nous impliquer au maximum dans cette bataille décisive, mais il s’avérait que les sauvages jouaient avec nos nerfs en se rendant invisibles grâce à leur magie perfide et en tendant des embuscades aux forces au sol. Nous-mêmes ne pouvions survoler la zone sans prendre le risque d’être abattus par leurs effroyables sorts de flamme. C’est ainsi que j’étais condamné à voir notre armée s’épuiser en marches infructueuses et en manœuvres inutiles avant qu’enfin l’ennemi ne consente à donner le coup de grâce à nos forces amoindries. En tant qu’officier des Forces Célestes j’eus l’autorisation d’intégrer un régiment d’artillerie pour ne pas risquer bêtement de mourir au front, mais je tentais tout de même de négocier pour pouvoir embarquer sur un des rares aéronefs qui soutenait notre armée depuis le ciel, sans succès.

Ainsi, et à ma grande colère, nous avons été vaincus par ces félons de magiciens et avons été contraints à la retraite. Une retraite d’autant plus difficile que ces fils de catin nous harcelaient sans arrêt, faisant leur possible pour tuer un maximum d’entre nous. A la manière de Marc Ünen il y a mille ans, nous devions fuir ces terres maudites, poursuivis par une force démoniaque qui ne voulait que notre perte. Et c’est avec amertume que le Scarboro et son équipage rentra à Daënastre, brûlant toutefois d’une envie de vengeance que l’on espérait proche. Malheureusement nous n’étions pas prêts pour ce qui allait nous arriver.

En effet, et contre toute attente, les My’träns débarquèrent quelques mois plus tard sur nos côtes pour nous envahir. Je ne voulais tout simplement pas y croire. Comment diable pouvaient-ils traverser le monde avec leurs embarcations aussi rudimentaires ? Qui leur avait insufflé l’audace de s’en prendre à ceux qui les avaient écrasés il y a trente ans et dont ils avaient triomphé par je ne sais quel miracle ? C’était tout simplement surréaliste d’autant plus que le pays était secoué par des troubles politiques, une bande rebelle cachée dans les montagnes et qui prétendait renverser l’UNE toute entière. Bien qu’au fond de moi je prêtais doucement l’oreille à ces douces promesses, j’avais un devoir à accomplir : la défense de Rathram.

Une défense qui fut un véritable désastre puisque la ville de Cerka fut prise sans que nous parvenions à repousser l’envahisseur. Je peux dire que d’ors et déjà le moral de la troupe était relativement bas. Le commandant lui-même ne savait pas vraiment quoi faire car dès l’instant où Cerka est tombé tout le continent était ouvert et on ne savait plus vraiment sur quel front il fallait le plus agir. De plus les rebelles commençaient à causer de plus en plus de troubles. Triari, lui, accusait le coup car il prenait de l’âge et n’avait été que très peu confronté à la première guerre contre My’trä dans sa jeunesse. Et de toute manière absolument personne dans l’histoire de Daënastre ne pouvait affirmer avoir vu de ses yeux des envahisseurs prendre leurs villes et le désespoir que cela engendra dans la population. De mon côté je n’avais pas non plus le moral, mais une sorte de résignation m’étreignait le cœur et me poussait à continuer mon travail. Une sorte de sentiment réconfortant aussi. Ici dans cet aéronef, à plusieurs centaines de mètres du sol, nous étions en sécurité en quelques sortes. A l’abri du monde, de ses troubles et ses massacres. Tandis qu’en bas les pillages devaient sonner aussi fort que les combats, nous nous étions entourés par le silence lorsque le commandant n’avait pas reçu l’ordre de tenter de bombarder telle ou telle position ennemie, généralement sans grand succès.

Et nous enchaînions ainsi les phases de repos attristantes et les offensives peu fructueuses. Malgré tout un certain espoir lattant apparaissait dans le cœur des soldats puisqu’il semblait que l’ennemi ne profitait pas de sa victoire sur nous pour envahir le reste du continent. Une dernière preuve, s’il en fallait une, que ce peuple était trop primitif pour ne serait-ce que développer des stratégies. Ils venaient en pillards, finalement, pas en guerriers. Et des pillards il y en avait d’autres, accostant à Vereist et ravageant tout sur leur passage, profitant de la confusion de la guerre pour porter un autre coup dur à notre nation. Des vautours, tous ces sauvages n’étaient que des vautours qui venaient se rassasier sur le corps mourant d’une nation qu’ils osaient à peine approcher quelques mois plus tôt tant notre puissance dépassait leur compréhension. C’était à la fois terriblement déprimant et presque satisfaisant, comme une funeste prophétie qui se réalise. Celle d’un état sclérosé et gangréné qui paye aujourd’hui les dettes qu’il devait depuis longtemps à son peuple et au monde, qu’il nous devait à nous.

Ensuite, l’année 938. La dernière de cette guerre, marquée par un dernier désastre pour notre nation. Les mages se dirigeaient au sud vers le Tyorum. Enfin ils se lançaient à l’offensive, mais face à eux nous étions prêts. Ils avaient eu la bêtise de nous sous-estimer, de penser qu’ils pouvaient attendre des mois durant sans que nous nous préparions à leur prochaine attaque. Nous étions proches d'Alexandria, ville fondée en l’honneur de celui à qui Daënastre devait tout, fondée par son fils en personne, ne tomberait pas en ce jour funeste. Du moins c’est ce que je pensais. Mais mon orgueil me porta un coup fatal cette fois-ci. Je pensais que, malgré nos déboires, cette bataille serait victorieuse. Nous étions dos au mur, enragés, et c’est dans ces moments que la race daënar est à son meilleur. Tout l’équipage, moi et Triari y compris, étions galvanisés, prêts à enfin montrer à ces sauvages ce que c’était que l’art de la guerre. Et nous étions plutôt bien engagés au départ. Notre brick bombardait les rangs des mages et il y avait tant d’aéronefs dans le ciel qu’ils ne pouvaient pas tous nous abattre et devaient subir notre feu.

Malheureusement nous avons été confrontés à une menace inconnue. Une botte secrète que ces scélérats s’étaient bien gardés de dévoiler jusqu’à l’utiliser contre nous : des assassins. Des assassins capables de voler avec leur perfide magie jusque sur les ponts de nos vaisseaux et de massacrer ceux qui s’y trouvent, ou tout du moins de forcer l’appareil à atterrir en urgence, voire à s’écraser. Une plaie que nos ennemis ont pensé à nous infliger que lorsque la pression de nos aéronefs serait insoutenable. Bien sûr, la plupart des équipages surent correctement se défendre contre ces petits groupes isolés, mais pas le Scarboro… et tout cela par ma faute.

En effet l’équipage se défendit correctement contre l’attaque, mais pas assez à mon goût et celui du commandant Triari. Nous fîmes donc irruption sur le pont pour mettre un terme à cette mascarade et reprendre la bataille. Mais ces gens n’étaient pas des guerriers, c’étaient des assassins, et rapidement une longue dague vint se ficher dans le crâne du commandant sans qu’il ne puisse faire quoique ce soit pour se défendre. Le temps sembla s’arrêter, l’homme avec qui j’avais partagé ces dernières années de carrière, toute la guerre, avec qui j’avais fini par me lier d’amitié même si jamais plus une relation sera aussi forte qu’avec le commandant Frollow, cet homme était maintenant étalé à mes pieds, abattu comme une vulgaire vermine rongeant le grain dans le moulin. L’homme qui venait de le tuer me dévisagea, le visage froid et pâle. Il me terrifiait, mais j’étais aussi terriblement en colère. Et tandis que le combat faisait rage partout sur le pont, je me suis mise à hurler.

- Toi ! Je te provoque en duel !! Si je l’emporte, vous déguerpissez ! Sinon… Vous ferez ce que vous voulez de moi et de cet équipage.


Même malgré leur culture inférieure, j’osais espérer qu’il reconnaissait la valeur d’un vaisseau entier de prisonniers. Ils pourraient nous échanger contre bien des choses, y compris la pitié de Daënastre une fois que leurs forces au sol se seraient faites écrasées. L’assassin n’esquissa pas la moindre grimace, pas même un sourire, et se contenta de se placer en face de moi, en posture de combat, armé de son sabre alors que la cohue toute autour se calmait. Le sort du navire se jouait sur ce duel, il n’était plus nécessaire de se battre pour nos subordonnés respectifs. Je dégainais ma propre lame, me préparant à donner tout ce que j’avais pour préserver la vie de mes hommes. Les premiers échanges commencèrent. Beaucoup de jaugeage, d’analyse de l’adversaire et de ses failles. Le guerrier que j’avais en face de moi était expérimenté, impitoyable. Ferais-je le poids ? Nos lames se croisèrent, mais même mon sabre d’officier ne faisait pas long feu face à sa lame plus épaisse et solide. Je devais jouer sur l’esquive et les feintes pour espérer vaincre.

Malheureusement, la perfidie de l’ennemi n’a jamais vraiment connu de limites et une explosion au niveau des moteurs à magilithe me fit instantanément comprendre que tout ceci n’était finalement qu’une diversion de ces malfrats. La panique se répandit immédiatement parmi l’équipage qui, paralysés par la peur, ne purent que très peu se défendre face à leurs adversaires à la fureur redoublée. L’équipage du Scarboro se fit décimer, purement et simplement, et j’ai bien failli y laisser ma tête aussi. L’aéronef entamait, de surcroît, une descente rapide vers le sol. Je n’avais pas le choix, je devais quitter le navire. Daënastre avait encore besoin de moi, d’être défendu et je ne pouvais laisser ma lignée s’éteindre avec la chute du Scarboro. Je me ruais donc tant bien que mal dans la cabine, m’attachant en vitesse le harnais qui me fixait à un des parachutes et me préparant à sauter par une porte de secours. Malheureusement, j’avais été suivi par le lâche qui s’était servi de notre duel comme diversion et avait assassiné le commandant. Mais je n’avais pas le temps de tergiverser, j’ai sauté dans le vide, sentant le parachute se déployer au-dessus de moi et je me dirigeais vers une forêt à quelques kilomètres de là.

Je ne pouvais même pas voir le Scarboro sombrer, mais j’espérais au fond de moi que ces scélérats s’écraseraient avec lui. Après de très longues minutes de descente, je parvins enfin à m’écraser péniblement dans la canopée des grands chênes. Je devais maintenant sortir d’ici au plus vite pour retourner au combat, ou je serais accusée de désertion. Mais cette effroyable journée n’avait pas fini de me tourmenter. J’entendis un bruit sourd, des mots, des voix, leurs voix, celle de l’assassin et ses acolytes. Ils m’avaient poursuivi jusqu’ici. Ils avaient pu fuir l’aéronef en flammes. Quelle horreur que cette magie… Et quelle erreur que celle que j’avais commise. J’imaginais qu’ils pourraient s’en sortir, mais pas me poursuivre aussi loin. Que devais-je faire ? Me rendre ? Ça jamais. Me battre ? Peut-être devais-je m’y résoudre. Après tout ce vautour me devait un duel. Mais il ne jouait clairement pas dans les règles. Si tu ne pouvais te résoudre à te battre à la loyale, alors je ne te ferais pas ce cadeau.

J’étais au pied d’un arbre entouré de buissons. Je faisais de mon mieux pour ne pas râler de douleur, soupirer, ou même respirer trop fort afin de ne pas attirer leur attention. Ils semblaient clairement me chercher, mais eux aussi accusaient un combat récent et un atterrissage difficile. L’un d’entre eux, ils étaient trois, semblait même disputer les deux autres pour retourner abattre des aéronefs, que je n’avais pas tant de valeur que cela. En d’autres lieux cela aurait blessé mon égo, mais présentement je réfléchissais simplement à un plan pour les éliminer définitivement. Vous avez défié Elvira Hartmann, exterminé son équipage, tué son commandant, détruit son vaisseau… Vous allez payer. Finalement je n’avais pas spécialement à réfléchir, je possédais quelque chose qu’ils n’avaient pas, dont ils pouvaient seulement rêver et qu’ils ne pourraient combattre : mon pistolet Frelon. Tandis que la conversation grimpait dans les tons, l’un d’entre eux tourna vivement la tête dans ma direction, entendant sûrement le bruit de mon arme, mais c’était trop tard. Une balle se ficha dans son abdomen, ce qui le fit reculer, se mettre à genoux, puis chuter au sol. Je n’avais pas le temps d’admirer mon œuvre, je ne savais pas comment il réagirait, mais il me restait encore quelques balles que je ne devais pas gaspiller.

- Allez-y ! Venez finir ce que vous avez commencé, scélérats ! Hurlais-je à couvert derrière l’arbre.

Et je passais ensuite rapidement ma tête à découvert pour voir où ils se trouvaient. Visiblement ils étaient prudents et savaient qu’il serait plus simple pour eux de se ruer sur moi pour m’empêcher de viser correctement plutôt que d’élaborer une tactique d’encerclement. Le comparse de l’assassin s’était même désigné pour le couvrir en se mettant devant lui, tant et si bien que je ne pouvais que l’abattre en premier avant d’engager le corps à corps avec le meurtrier de Triari. J’essayais de lui tirer dessus, mais il frappa du poing dans mon avant-bras ce qui me fit lâcher mon arme. Je n’avais plus le choix, il fallait que je le combatte au sabre. Après quelques parades et esquives j’ai tenté un coup d’estoc, mais il se décala sur le côté et me punit véritablement d’un coup de genou dans les côtes. Presque par réflexe, je répliquais d’une puissante droite aidée par le garde-main de mon sabre. Il recula, visiblement furieux, et repartit à l’assaut. L’affrontement perdit grandement de sa superbe, ce n’était plus que de sales tentatives d’estocades infructueuses, mais des coups de poing et de pied qui, eux, atteignaient toujours leur cible, nous faisant tousser, hurler, saigner. La seule chose qui me permit de prendre l’avantage ce fut un pas de côté malhabile qui me permit de lui taillader la cuisse profondément. D’ores et déjà le voilà condamner, mais il avait encore la rage de vaincre et se rua sur moi. Comme un geste de survie final, je l’imitais, lame en avant, et fini par empaler son abdomen sur ma lame qui se brisa sous le choc, me faisant tomber dans la boue, blessée et couverte d’hématomes.

Mais j’avais gagné. J’avais remporté le combat contre ces barbares, les assassins du commandant Triari, de tout mon équipage. Après de très longues minutes où je me sentais incapable de bouger, je parvins à me relever après plusieurs essais et à poser les yeux sur mon adversaire. Il demeurait là, le visage enfoncé dans la boue épaisse, retournant à la fange de laquelle ils naissent tous. J’étais victorieuse… Mais il me faudrait le prouver une fois rentrée au Q.G. Son sabre ferait l’affaire. Je l’attachais donc à ma ceinture, vérifiais qu’il n’avait rien sur eux qui pourrait m’être utile, puis je démarrais une errance plus inconsciente qu’autre chose. Mon crâne, non, tout mon corps me faisait souffrir, et mon esprit semblait s’échapper de mon corps pour échapper au délire. Et je suivais les chemins qui se présentaient à moi, tentant vaguement d’aller vers les voies les plus larges pour trouver une route et ainsi me rapprocher de la civilisation. Une civilisation qui, je ne le savais pas encore, était passée au bord de l’effondrement total.

En effet après plusieurs jours de marche, me ravitaillant dans des cabanes et maisons abandonnées par des familles fuyant la guerre, j’achevais finalement ma course à un relais postier à cheval. Il y en avait encore quelques-uns à Daënastre, car les chemins de fer n’allaient pas dans chaque recoin du continent, et c’était une véritable bénédiction que de tomber enfin sur d’autres êtres humains. Les journées suivantes sont un peu floues dans mon esprit. Je sais que j’ai fini par être de retour chez moi, dans le château des Hartmann avec mes parents. Ces derniers s’occupèrent de moi, visiblement heureux de me savoir saine et sauve et ils laissèrent plusieurs fois sous-entendre qu’ils étaient fiers de ce que j’avais accomplis. Au milieu de l’été, je finis par recevoir la visite d’une estafette des Forces Célestes. Ces derniers avaient appris, par ma famille sans doute, que j’avais survécu au crash du Scarboro et ils me demandaient de me rendre au plus vite au quartier général de toutes les forces aéronavales, à Alexandria. Deux semaines plus tard j’étais suffisamment rétablie pour répondre à cette invitation et je découvris une capitale de Daënastre absolument détruite par les mages qui se sont quand même retirés du continent pendant que je vadrouillais, délirante, dans les bois.

Tout le plan des Versos avait été ravagé, pillé, carbonisé par l’ennemi et une bonne partie du mur Sarah et de ce qui se trouvait derrière avait été tout aussi dévasté. Seul restait vraiment intact le sommet du plan des Astraux, le quartier caché derrière le mur Cyrus et ses boucliers magithèques déployés pour l’occasion. C’était là-haut que je devais me rendre car c’est là que se trouvait l’Etat-Major de Daënastre où les officiers et les officiers supérieurs étaient le plus souvent convoqués pour des affaires importantes. Mais je n’avais pas idée d’à quel point ce qui me menait ici était important. En effet, je fus accueillie par un des généraux de division de Forces Célestes en personne qui me remis une autre médaille, la médaille du courage, pour avoir combattu ces assassins dans la forêt au péril de ma vie pour venger mes hommes, mais je fus aussi promue au grade de commandant. Une nouvelle qui aurait dû me transporter de joie, mais nous étions tenus de modérer nos élans émotionnels. Et puis j’avais aussi une sorte d’apathie qui ne me quittait plus depuis que le Scarboro s’était écrasé et que j’avais défendu ma vie dans la forêt. Mon corps portait encore lui les cicatrices de ce jour terrible et je n’arrêtais pas de penser à ces images horribles de mes camarades mourants, du commandant Triari gisant à terre, et de ces assassins qui s’en sont pratiquement tous sortis hormis ceux qui ont eu la bêtise de me poursuivre.

Malgré tout, j’ai exprimé plusieurs fois ma reconnaissance pour cette promotion. En effet avec le grade de commandant m’a été assigné un brick tout neuf, qui n’était même pas encore sorti du chantier naval, le Barkhorn, et dont l’équipage serait recruté dans les prochaines semaines et je pouvais même participer personnellement à ce recrutement. On m’assigna également un capitaine, Georges Nooman, que je devais rencontrer plus tard. Dans tous les cas, me voilà désormais commandant de mon propre aéronef. De nombreux défis nous attendaient car avec le départ des My’träns pointait une nouvelle menace dans les montagnes à l’est : la rébellion. Une rébellion que la célèbre Haute Générale Lokamine avait même rejointe. Après une guerre meurtrière avec les barbares de My’trä, nous voilà en proie à une guerre civile.

Décidément ce pays ne connaîtra plus jamais la prospérité d’antan.



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Elvira Hartmann, commandant du Barkhorn. EmptyMar 4 Aoû - 12:59
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Administrateur
Liste des réputations d'Elvira Hartmann
Réputation principale : Ünellia (positive)


Réputation auprès de Daënastre

RÉGIONS
RÉPUTATIONS
POINTS
Ünellia--------
7.501/30.000
Le Tyorum--------
0/30.000
Rathram--------
0/30.000
Vereist--------
0/30.000
Hinaus--------
0/30.000

Réputation auprès de My'trä

RÉGIONS
RÉPUTATIONS
POINTS
Suhury--------
-2.501/30.000
Zagash--------
-2.501/30.000
Zolios--------
-2.501/30.000
Khurmag--------
-2.501/30.000
Kharaal Gazar--------
-2.501/30.000
Nomades d'Amisgal--------
-2.501/30.000
Nomades d'Orshin--------
-2.501/30.000

Réputation auprès des Pérégrins

GROUPES
RÉPUTATIONS
POINTS
Zochlom--------
0/30.000
Nislegiin--------
0/30.000
Als'Kholyn--------
0/30.000
Monde du Crime--------
0/30.000
Cercles de l'Aube--------
0/30.000
Ordre de la pénitence--------
0/30.000
Les Vigilants--------
0/30.000
Les Danseurs du Crépuscule--------
0/30.000
La Flamme Noire--------
0/30.000

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