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 Il n'est pas de complot sans Faye.

Althéa Ley Ka'Ori
Althéa Ley Ka'Ori
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Il n'est pas de complot sans Faye. EmptyVen 25 Aoû - 8:33
Irys : 507592
Profession : Guérisseuse du Troisième Cercle
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Il n'est pas de complot sans Faye. 3jx4

Il n'est pas de complot sans Faye. Zwcp


« Faye ? C’est bien vous ?
- Une faille ? Dans mon plan vous voulez dire ? s’indigna une voix qui alliait à merveille ton mielleux et timbre strident.
- De quel plan parlez-vous ?
- Vous d’abord mademoiselle, quelle faille vous turlupine ?
- Oh une jolie rousse, grande comme cela et … c’est à peu près tout ? »

Althéa avait accompagné sa description d’un geste de la main rendu machinal par l’itération, et destiné à donner une idée plus approximative encore que ce qu’elle en avait de la taille de la Faye en question. Jeune femme à qui elle accordait par ailleurs le rang émérite de "mirage humain". Quoiqu’à bien y réfléchir, mirage eut probablement été un compliment, dans la mesure où celui-ci se caractérisait par une vision, ce qui impliquait inévitablement quelque chose de visible et d’observable. Faye était tout sauf visible et observable. On s’était joué d’elle pour sûr, il n’y avait nulle personne de ce nom sur tout le continent My’trän, elle en donnerait sa main à manger à Süns ! Pour être tout à fait honnête, elle exagérait, il y avait bien le grand-père d’une certaine Léanne rencontrée au hasard de ses trajets quotidiens dans le quartier Ouest de Darga, mais là avait avorté sa seule piste viable. Sa préceptrice demeurait introuvable, et ses préceptes le restaient d’autant plus.  

La guérisseuse la cherchait depuis si longtemps qu’elle jurerait avoir rencontré plus de rousses en quelques semaines que dans les quelques autres mille semaines et des poussières qui constituaient ses vingt années d’existence. Avait-elle jamais présumé les rousses en voie de disparition ? Quelle ironie ! Il en pullulait davantage que des pigeons en Suhury ! Vous pardonnerez la comparaison peu méliorative, mais courir après un moins-que-mirage avait eu raison de sa poésie. Cette tâche lui semblait dorénavant aussi agréable que de marcher pied nu sur des limaces malades.

« Ma pauvre, vous n’êtes pas sortie d’affaire si vous espérez trouver une personne avec cette description !
- Ne soyez pas si pessimiste, je vous prie. Après tout, elle est rousse, pas brune, ça ne peut pas si mal se passer que ça, rétorqua Althéa avec une assurance feinte.
- Je vous donne un conseil, ma chère ? Faites le tour des auberges, c’est là que les gens se rassemblent. Vous serez vite au courant si quelqu’un a aperçu une femme rousse de cette taille-là.  »

L’étrangère avait imité son geste de la main, rendant encore plus absurde sa description sommaire de la personne qu’elle cherchait pourtant avec tant d’acharnement. Cela la frappa soudain que toute la volonté du monde ne serait pas suffisante tant que les moyens manquaient. Il lui fallait croire en une volonté supérieure à la sienne pour persévérer ainsi. Or c'était le cas ! Althéa croyait en la transcendance de Möchlog, pour le reste il était suffisant de se laisser guider par l’instinct. A ses yeux, l’instinct précédait la destinée. Là, voilà de quoi raviver son optimisme.

Aussi, qu’avait-elle de mieux à faire que de venir à la rencontre de toutes les rousses qui avait le malheur de croiser son chemin pour mettre toutes les chances de son côté ? Son interlocutrice, par exemple, était certes un peu plus vieille que la vingtaine donnée à la véritable Faye, mais elle ne pouvait laisser passer l’opportunité ; il lui fallait aborder tout individu de sexe féminin et aux cheveux de braise qui fit cette taille-là environ, sous peine de rater une potentielle Faye.

Althéa voulut prendre congé de la rouquine actuelle, mais la discussion ne s’arrêta pas là. En échange de son conseil, la femme apostrophée crut bon de dévoiler à Althéa son fameux "plan". Il consistait en peu de mots à humilier l’amie de celui qui avait fait chavirer son cœur et espérer ainsi prendre sa place. Elle fut abasourdie de rencontrer en chair et en os l’archétype de la jalousie. Il est des personnes qui ne devraient exister qu’en mythes et en légendes. Althéa se vit toutefois contrainte à écouter ce plan aussi pernicieux que lacunaire jusqu’à son dénouement, en maudissant secrètement l’idiotie des hommes, et l’étroitesse de leurs ambitions. Son bon naturel (ou son authentique indifférence) la fit écouter docilement chaque partie détaillée des sornettes qu’elle déblatérait, et elle s’efforça même de commenter celles-ci avec toute la sagesse Möchlogienne dont elle était capable à cet instant de sa misérable aventure. Quoi qu’il en soit, son interlocutrice semblait plus encline à s’écouter parler qu’à entendre ses remarques.
Ah, les rousses ! Des êtres insaisissables dans tous les sens du terme.

***

Malgré tout Althéa se laissa convaincre par le conseil de l’idiote éprise. Elle n'avait guère d'alternative ; elle parcourait les rues du quartiers Ouest de Darga, celui dédié à Süns, depuis plus de jours que ses doigts ne pouvaient en compter. Elle connaissait cette ville sur le bout de ces mêmes doigts pour avoir arpenté ses rues pendant près de trois ans, mais ses rondes méthodiques n'avaient su déjouer les dons de dissimulation de Faye. De surcroît, elle envoyait des missives à raison d’une par semaine à son contact, Luka Toen, qui lui avait répondu la deuxième semaine en assurant que Faye logerait dans le quartier mentionné précédemment. Althéa n’aurait pas craché sur une précision améliorée de son emplacement exact. A vrai dire, ce quartier-là grouillait de monde, et de toute évidence c’était là qu’elle était la plus susceptible de rencontrer des rousses ! Pourquoi par l’Inconnu avoir opté pour ce quartier ! Et quel genre de personnes se donne rendez-vous sans fixer de point de rendez-vous ! Elle devait posséder le don de se fourrer dans des galères sans fins.

Le lendemain suivant sa rencontre avec une certaine rousse (il pouvait s’agir de tout jour de la semaine) elle se rendit donc dans la première taverne qu’elle vit, déterminée plus que jamais à trouver cette Faye. Elle se fondit dans le brouhaha de la salle commune, qui se transforma bientôt en un bruit de fond plus agréable que le pseudo-ménestrel qui s’époumonait dans un coin de la pièce. Elle s’approcha du client le plus proche.

« Bonjour camarade ! Vous n’auriez pas vu une rousse de…
- ’Tends, attends ! Tu m’payes à b’ire si j’te r’ponds ?
- Comment ?
- Argh, laiss’ moi b’ire en paix ! T’me f’tigues déjà…
- Hm, fort sympathique, ironisa-t-elle en tournant aussitôt les talons. Puisse Sûns sauver son âme. »

Elle s’éloigna de l’ivrogne, intérieurement en détresse. Peut-être n’était-elle simplement pas faite pour devenir une apprentie guerrière ? Elle avait fait suffisamment d’efforts pour pousser le destin en ce sens, Möchlog la voulait pure et dénuée de tout crime de sang, ne l’avait-il pas prouvé ? Cependant il lui fallait mener à bien une dernière tâche avant de retourner vaquer à ses occupations habituelles (car en effet, le chasse à la femme n’était pas partie intégrante de ces dites occupations). Il lui fallait à tout prix racheter les âmes du quartier de Süns. Et accessoirement, s’excuser pour avoir importuné toutes les rousses du quartier.
Dans le coin de la pièce, le barde scandait :

Mélinda, tu m'as oubliiiiééééé, délaissséééé,
Avec mon coeur tu t'en es alllééééée [...]


***

Le temple lui tendait les bras, chaleureux à l’image de son architecte. Quelle havre de paix, comme elle y avait aspiré ! Elle ne put qu’admirer l’architecture, portée par sa dévotion de Möchlog étrangement transposée à Süns pour ces quelques instants de contemplation. L’endroit lui donnait un sentiment d'apaisement qu’elle n’avait pas ressenti depuis une bonne poignée de jours. Il en résulta une peur irraisonnée qui lui fit freiner le pas aux abords du temple ; elle n’osa pénétrer les lieux. Ce culte n’était pas le sien, et elle aurait l’impression de trahir sa chouette tant aimée en posant un pied dans ce temple. Elle s’adressa à Süns sur le pas de la porte, agenouillée tout de même sur le pavé froid.

« Ô flamme indomptable, griffon de noir vêtu qui se doit de régner sur la basse-cour de Darga. Pardonne l’impolitesse des soûlards et l’indécence des cœurs pris. J’ai trouvé en moi la bienveillance requise à leur rédemption, je ne saurais qu’espérer que leur dévotion pour votre plumage les guide sur le chemin de la bienséance. »

Althéa porta sa main à sa tempe pour se gratter autant que se donner le temps de réfléchir à la situation. Elle lui sembla plus ridicule encore que d’interpeller toutes les rousses qui commettaient l’affront de marcher dans la même ruelle qu’elle. Süns se moquerait bien de ses paroles, elle qui niait tout autre architecte que Möchlog. Elle ajouta malgré tout en se remettant sur pieds :

« Et si une dénommée Faye se fait remarquer (une rousse de cette hauteur à peu près), n’hésitez pas à lui dire que je suis dans les parages. »

Sur cette jolie requête, Althéa s’étira de satisfaction, comme après avoir achevé un travail de longue haleine. Un sentiment de soulagement allégeait son cœur si torturé jusqu’alors. D’humeur joviale, elle afficha son sourire sincère des jours de printemps de Khurmag, ceux où l’on commence à se délester d’une couche de vêtements et où l’on se sent instantanément plus léger. Ses pas la menèrent sans effort jusqu’aux jardins adjacents au temple, et elle parcourut sans poids aucun les allées arborées parfumées par les fleurs colorées. Tout était propice à l’enchantement pur et simple !

Et puis au détour d’un chemin, le drame pointa le bout de son nez. Une rousse se prélassait, un air innocent sur le visage et profitant ostensiblement de la brise légère. Althéa poussa un soupir, partagée entre la fuite immédiate et le violent accostage. La deuxième option se détacha rapidement, la première allant ouvertement à l’encontre des préceptes de Möchlog, la seconde lui offrant l’opportunité de régler ses comptes avec les rousses. Il fallait bien prendre le destin comme il arrivait, n’est-ce pas ? Elle n’était pas venue en quête d’une rousse, et pourtant, celle-ci s’était bien matérialisée devant ses yeux. Elle ignorait son rôle, mais il était indéniable qu’elle en avait un ! Elle vint se camper devant la dame -ou le drame- dont elle ne douta pas une seconde qu’elle n’était pas celle recherchée.

« Ah, ne croyez pas m’avoir ! déclara-t-elle d’un ton calme seulement en apparence.  Vous vous appelez Faye ? Non, c’est bien ce qu’il me semblait ! Cachez donc ces cheveux que je ne saurais voir ! »


Dernière édition par Althéa Ley Ka'Ori le Ven 12 Jan - 15:38, édité 8 fois

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Il n'est pas de complot sans Faye. EmptySam 26 Aoû - 0:33
« Et laissez moi vous dire que vous êtes la femme la plus remarquable qu'il m'ait été donné de rencontrer. »

Faye releva à peine le compliment, bien trop perturbée par le poids des deux regards pesant sur ses épaules. L'un provenait d'abord de cet aimable casse-pied qui, depuis quelques minutes déjà, enchainait sérénades et louanges à son égard. L'opération semblait avoir pour finalité d'emmener dans ses draps une pauvre fille naïve dans l'espoir d'en faire son quatre heures, et s'il était difficile pour la Ju'äm de se laisser charmer par de telles avances, elle reconnu au moins à sa nouvelle connaissance un physique attirant qui aurait joué en sa faveur en d'autres circonstances. Le second regard, quant à lui, avait pour propriétaire une jeune femme rousse, plus âgée qu'elle même en apparence - statut d'anomalie hors compte - qui n'avait cessé de les observer depuis l'instant ou l'homme s'était installé au guéridon de Faye. Elle tabla d'abord sur une arriérée ignorant tout du contact humain et à qui les règles de la bienséance semblaient avoir échappé, mais quelques observations supplémentaires l'amenèrent à penser que la rouquine n'avait rien d'une folle ; aussi paria-elle finalement sur une femme ivre persuadée d'être devenue invisible aux yeux de tous ou bien sur une probable connaissance de son interlocuteur. Il n'allait pas être bien difficile de le confirmer...

« Dites moi, l'interrompit-elle en pleine cacophonie, connaissez-vous cette personne qui nous observe depuis que vous êtes installé à mes cotés ? ». Elle désigna la concernée d'un geste discret de la tête.

« Pardonnez ? »

Le Don Juan eut besoin de tourner la tête pour l'apercevoir, et c'est une expression de gêne qui s'était emparée de son visage lorsque Faye le vit reprendre sa position initiale. Démasqué, pensa l'adepte de Süns qui ne pu s'empêcher d'esquisser un sourire, n'aidant en rien son partenaire à reprendre assurance.

« J'imagine que vous tentiez de me charmer malgré votre promesse à une autre Dame, et ce afin d'assouvir un besoin primaire et vous convaincre que vous êtes capables de plaire. Voilà qui est bien path... »

« Permettez-moi de vous dire que vous vous trompez, affirma-t-il en la coupant dans son élan. En réalité... C'est une femme qui semble s'être éprise de moi et qui souhaite, pour une raison que j'ignore, humilier mes amies. Elle est peu discrète. Allez savoir pourquoi elle raconte ses lubies à chaque nouveau visage qui à la mauvaise idée d'aller s'adresser à elle... Toujours est-il que l'information remonte toujours jusqu'à mes oreilles et je... »

« Ah ! ...» lança Faye, quelque peu décontenancée. « Et bien, je... C'est probablement une très jolie anecdote à écouter mais je me vois contrainte de vous abandonner ! »

Déjà relevée avant même d'avoir terminé sa phrase,  elle tourna bientôt le dos à sa nouvelle connaissance dont elle ne souhaita conserver qu'un éphémère souvenir. Bon courage ! lui cria-t-elle finalement après avoir passé l'encadrement de la porte, satisfaite d'échapper à d'aussi étranges individus et à la promesse d'une désagréable mésaventure.


►◄


« 'Tends, si j'résume... T'veux qu'j'dise à une bonne femme qui pass'ra probablement par ici qu'tu l'attends chez l'bon vieux Süns. S'ca ? »

« Oui. »

« Et c'ment qu'j'la r'connais moi la donzelle ? »

« C'est déjà la quatrième fois que je vous le répète ! C'est une charmante femme aux cheveux sombres, à peu prêt haute comme ca. » décrivit-elle en alliant ses paroles à un geste censé faire deviner une taille dont elle n'avait qu'une vague idée. Sa sœur l'avait pourtant bien informée des caractéristiques physiques de son amie, mais Faye ne semblait guère douée pour les retenir et son unique souvenir de la longue description jointe à ses récentes missives était celui qu'elle venait de confier à cet homme saoul, maladroitement choisit pour transmettre son message... Maladroitement ? Pas totalement  en vérité : cet individu, dont le fessier semblait s'être enraciné dans un siège salit par ses soins et reconnu volontiers de tous comme sa propriété, était un alcoolique perpétuellement présent dans l'enseigne de jour comme de nuit, ce présentait comme avantage de permettre à Althéa de tomber dessus à coup sur si elle se présentait ici. Et elle se présenterait ici, Faye s'en était assurée.

Quelques jours auparavant, le dernier courrier qu'elle avait fait parvenir à sa sœur contenait l'adresse et le nom de ce lieu. Il avait été difficile pour l'anomalie de simplement donner un rendez-vous fixé à l'avance du fait de la traque que lui menait son régisseur. La jolie rousse avait du changer maintes fois de positions, allant de villes en villes pour semer son poursuivant, mais elle s'assurait à chaque fois de réduire la distance entre elle et sa future connaissance afin de pouvoir être certaine de se retrouver, un jour, au même endroit qu'elle sans risquer une rencontre impromptue. Il s'agissait finalement d'un jeu de piste dont Althéa et le régisseur étaient les deux participants, et elle même une récompense.

Le soiffard, quant-à-lui, semblait la seule variable incontrôlable du scénario. Faye le priait depuis la veille de faire preuve de concentration et d'observer attentivement toutes les femmes correspondant au profil donné, ce qui n'était pas pour déplaire à cet homme dont la dépendance à l'alcool ne semblait pas être le seul défaut...

« Quand qu'c'est qu'tu l'attends c'te bonn' femme tu dis ? »

« Justement, soupira-elle, je n'ai aucune idée de quand, et c'est pour ca que j'ai besoin de vous. J'imagine qu'elle devrait arriver demain, après-demain tout au plus. » Le temps que mon message à Luka lui parvienne, pensa-t-elle. « Ne vous inquiétez pas, je viendrai vous rabâcher la même chose ce soir et demain également. »

« Tant qu'tu m'paies 'core à b'ire... »

Elle sortit une pièce de sa bourse qu'elle déposa sur le comptoir et prit congé de l'homme, s'empressant d'aller respirer une bouffée d'air dépourvue d'arômes d'alcools et de vomi en dehors de l'établissement. La suite du programme ? Une petite virée jusqu'au temple de l'un de ses vénérés Architectes, Süns, qui selon les dires des locaux était une pure merveille d'architecture ; un édifice à la hauteur du Divin qu'il honorait. L'endroit idéal pour se ressourcer après de longues marches à travers My'trä !


►◄


« Entends mes paroles, toi qui gouverne Zolios
Süns, Ô divine, Griffon d'ébène,
Tu m'écoutais jadis dans mes prières,
Une fois encore, exauce mes vœux
Et que ton feu rayonne, pourfende nos cœurs
Ainsi pourrons-nous des cendres renaître.
»

Faye inspira profondément, releva la tête, ouvrit lentement les yeux : pas un adepte ne rôdait dans les parages, pas un insecte ne se risquait sur le marbre, pas un oiseau ne cherchait à briser de par ses chants le silence qui régnait sur le Temple aux cotés de la Divine Süns... Connaissant le pouvoir destructeur des flammes, la situation se voulait cocasse et fit légèrement grimacer la Ju'äm, qui s'en excusa aussitôt auprès de l'architecte - étant seule en ces lieux, un mauvais geste serait forcément remarqué par celle-ci ! Elle se releva finalement et sortit de l'édifice, non sans un dernier regard en arrière afin d'en contempler brièvement les finitions.

Elle ne s'attarderait pas plus longtemps ; elle reviendrait ici demain, à n'en pas douter !

Ses pas la menèrent jusqu'aux jardins avoisinant le Temple dont elle contempla avec un sourire ravi les parcelles de fleurs. Fraîcheur et magie se dégageaient de cet endroit, en totale opposition avec ces lieux qu'elle s'obligeait à fréquenter en temps habituels ; très éloigné des tavernes, auberges et autres endroits malfamés auxquels elle s'était accoutumée... C'est alors qu'apparue à quelques mètres d'elle une silhouette féminine, bien plus captivante encore que ce rosier qui retenait l'attention de Faye depuis déjà quelques secondes. Elle appartenait à une jeune femme aux cheveux sombres, d'à peu prêt cette taille-là, qui semblait bien moins calme que le ton de sa voix ne le laissait présumer.

« Vous vous appelez Faye ? » avait-elle demandé à une étrangère. Ces quelques mots ne pouvaient être le fruit d'une pure coïncidence : par le souffle d'Amisgal, il s'agissait d'Althéa en personne ! La mage de feu accourut dans sa direction et lui épargna une réponse négative de la part de l'inconnue, qui profita de l'intervention de Faye pour s'éloigner d'elles. Alors, celle-ci salua l'amie de sa soeur d'une révérence et préserva sa salive en commençant les présentations.

« Je suis Faye... » Elle plaça sa main à hauteur de la tête de son interlocutrice, la comparant ainsi à sa tare de référence. « Et vous êtes Althéa. » confirma-t-elle un instant plus tard.

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Il n'est pas de complot sans Faye. EmptySam 26 Aoû - 20:02
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Le "drame " s’était raidi sur le banc, visiblement pétrifié par tant d’agressivité. En quel honneur cet énergumène venait troubler le calme relatif des jardins de Süns ? Tout véritable adepte du griffon ébène maîtrise à merveille la fièvre de l’emportement, et n’implose de fureur que lorsque toutes les circonstances sont réunies pour un tel désastre. Les plumes dont elles ornaient ses cheveux étaient blanches ; les adeptes de la chouette ne respectait donc rien à rien ! Elle avait pour seul tort de ne pas se prénommer Faye, et cela pourra vous sembler curieux peut-être, mais cette raison lui semblait bien insuffisante pour assaillir une inconnue sans histoire. Ce fut dans cette situation des plus périlleuses que la seule et unique Faye fit son entrée en tant que deux ex machina tant attendu et si inespéré à la fois.

La fausse Faye sauta sur l’occasion pour chercher le calme là où il y en avait, soit à une bonne lieue d’Althéa, maugréant malgré tout un mécontent « … me faire importuner de la sorte parce que je ne cache pas mes cheveux ! » que la chevêche entendit sans écouter. Son attention toute entière était portée vers la nouvelle venue, qui lui arrachait une émotion aussi proche du bonheur inconditionnelle que de l’incrédulité complète. Le mirage humain existait ? Comment vérifier une telle allégation ? Elle pouvait la voir, tout près, à quelques pas seulement d’elle, mais était-il même possible de la toucher ?

« Et vous êtes Althéa. »

Althéa cligna des yeux, s’extirpant de ses pensées, que les jours de " labeur" (c’est ainsi qu’elle les avait vécus) avaient probablement abruties. Faye avait placé sa main à hauteur de sa tête comme pour mesurer sa taille. Elle crut d’abord à une critique silencieuse de sa petitesse, mais une étincelle de discernement lui fit interpréter le geste autrement. Lorsqu’elle comprit la symbolique de son geste, elle explosa d’un rire soulagé. Elle se sentit obligée d’exécuter le même geste, plaçant volontairement sa main bien au-dessus du front de la jolie rousse.

« Luka vous avait bien donné un ou deux pouces de plus, elle vous connait moins que ce qu’il ne parait ! »

Althéa la prit alors par les épaules et la détailla sans gêne des pieds à la tête. Pendant un instant on eut pu croire qu’elle allait la serrer dans ses bras comme une vieille amie que l’on ne pensait pas croiser sur son chemin. Une fois son inspection réalisée, et après s’être arrêtée sur chacun de ses traits délicats et de ses courbes délicieuses, elle recula d’un pas et fit la révérence à son tour. Elle était palpable, c’était tout ce qu’il lui fallait vérifier. Il fallait pardonner sa méfiance, mais elle avait bien grandi dans un clan bercé par les illusions ! Celles de Khugatsaa évidemment.

« Passez outre mon impolitesse, je vous prie. Mais ma parole… il est plus difficile de vous trouver que de discuter avec Möchlog en personne ! On m’avait chanté vos louanges pour le combat armé, pas assez pour vos capacités de furtivité ! »

Ses mots étaient innocents, sans doute bien moins que ce qu’elle ne croyait, mais nul doute qu’elle mettait la difficulté de ce rendez-vous sur le compte du hasard et d’un sens de l’organisation contestable et pas d’une véritable nécessité à la discrétion pour son interlocutrice. Comme sa vision était biaisée, et par la même occasion bien plus propice à cette rencontre qu’une meilleure compréhension de la situation. Après tout, elle, Althéa Ley Ka’Ori, convaincue que les anomalies devaient périr, était subjuguée par la beauté de celle-ci, et était même emplie de joie à l’idée de l’avoir enfin trouvée. Quoi de plus ironique que le jeu de la destinée ?

« Que diriez-vous de marcher ! Je vous offrirai à boire avec plaisir si nos pas nous mènent à une taverne, mais j’espère avoir un contrat avec vous avant que cela n’arrive ! »

Payer un verre pourquoi pas, avec une alliée encore mieux ! Althéa rejeta sa cape en arrière, et s’élança dans la direction opposée de le fausse Faye. Les allées étaient nombreuses, mieux valait ne pas croiser celles arpentées par les âmes ennuyées par sa désinvolture.
Elle arborait à présent un calme olympien, non sans un certain bien-être apparent, mais qui contrastait grandement avec son effusion précédente. On sentait dans sa voix une ambition alimentée d’une motivation certaine et quasi-vitale.

« D’ailleurs, laissez-moi aller droit au but, j’ai déjà attendu quelques semaines pour vous faire part de mon projet après tout. Luka vous a déjà mise au courant de mes ambitions je présume ; j’aimerais me joindre à vos aventures, quelles qu’elles soient. Vous êtes le genre de personne qui vit dans l’action, n’est-ce pas ? Je n’escompte pas vous êtes d’une grande aide, mais vos services ne demeureront pas impayés. »

Son regard glissa de l’allée qu’elles parcouraient pour se fixer dans les yeux clairs de Faye. Sa tête s’inclina naturellement sur le côté, et elle déclara d’un ton faussement dramatique :

« Et fait non négligeable en ma faveur, je connais une recette secrète pour soigner les maux de tête… »

Tenue approximative d'Althéa, avec la cape en noir brodée par ses soins ... et sans le poignard évidemment:


Dernière édition par Althéa Ley Ka'Ori le Ven 12 Jan - 15:37, édité 4 fois

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Il n'est pas de complot sans Faye. EmptyVen 1 Sep - 22:24
Bien courageuse, fût-elle, pour ne pas avoir abandonné ses recherches avec si peu de renseignements. Et visiblement faussés, pour ne pas alléger la tâche ! Combien d'individus n'auraient pas prit la peine de quitter le confort de leur vie avec la promesse de moitié moins de difficultés à affronter ? La persévérance semblait chez elle une remarquable qualité que la Ju'äm ne manqua pas de relever. Elle en vint à se demander si elle même n'aurait pas capitulé face à tant d'imprévus, ce qu'elle objecta après s'être remémoré quelques brides d'entraînements passés auprès d'un inconnu une décennie plus tôt, et la volonté dont elle avait du faire preuve pour parvenir à maîtriser un élément aussi indomptable que le feu...

Peut être se découvrirait-elle beaucoup de points communs avec cette jeune femme ? Elle disposait de bien assez de temps pour faire sa connaissance, aussi escomptait-elle mettre celui-ci a contribution...

« J'ai mis des années avant d'apprendre l'existence de ma sœur, et réciproquement. L'invisibilité doit être un talent inné dans la famille... » finit-elle par lui répondre après s'être vue doublement gratifiée pour ses "compétences". Elle eut alors une pensée pour ses parents biologiques dont elle n'avait jamais pu apercevoir le visage, abandonnée par ces derniers quelques temps après sa naissance. "Talent inné dans la famille", n'est-ce pas ?

L'adepte de Mochlög lui emboîta finalement le pas, proposant de s'arrêter dans une taverne si leur chemin les y menait. Voilà qui n'était pas pour lui déplaire ! Faye semblait avoir discerné chez elle un brin de folie - qui bien dosé peut rendre une personne attachante et inoubliable - mais l'excitation apparente d'Althea s'apaisa subitement, laissant place à un comportement à contrecourant de ce qu'elle avait laissé transparaître jusqu'à présent. Comme elle l'avait préalablement annoncé, elle alla droit au but : si Luka l'avait orientée vers Faye, ce n'était pas dans l'espoir de faire une simple rencontre amicale mais bel et bien pour quémander ses services. Il était ici question de combattre à ses cotés, sinon l'observer combattre, afin d'apprendre le béaba des arts qu'elle pratiquait. Quoi de mieux pour cela que de se joindre à elle lors de ses nombreuses péripéties - et lui faire profiter par la même occasion de ses propres compétences ? Faye, un sourire ravi, n'eut pas à réfléchir bien longtemps pour donner réponse.

« La solitude commençait à me peser ces derniers temps... » accompagna-t-elle d'un rire jovial. « Mais pensez-vous envisageable de nous accorder une journée de pause avant de débuter nos aventures ? Vous devez êtres exténuée après tant de marche, mieux vaut-il que vous preniez du repos... » fit-elle constater, soucieuse de bien être de sa nouvelle partenaire ; après quelques secondes de réflexion, elle se remémora le curriculum de sa camarade et s'arrêta brusquement, replaçant une mèche de cheveux égarée derrière son oreille afin de cacher sa maladresse. « Mais il serait bien condescendant de ma part de vous dire ce que vous devez faire, bien entendu. »

Faye dissimula sa gêne derrière un adorable sourire à son intention, bien consciente qu'une amitié naissante n'est que difficilement entachée par de telles bévues. Elle se remit finalement en marche aux cotés d'Althéa, observant celle-ci avec une attention toute particulière, captivée par la simplicité qui se dégageait de cette jeune femme et qui la rendait pourtant unique : belle mais discrète, douce mais forte, gracieuse mais sauvage... Tant d'adjectifs pour la qualifier en si peu de temps passés en sa présence !

Elle n'avait qu'une hâte à présent : en apprendre plus de sa camarade...

Althéa Ley Ka'Ori
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Il n'est pas de complot sans Faye. EmptySam 2 Sep - 21:11
Irys : 507592
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« La tristesse dans cette histoire, c’est d’en avoir une de sœur ! »

Sa voix était rieuse, mais pas moins destinée à relativiser les peines. Voire mieux, à les alléger. Il est fort probable qu’elle usa un peu de sa magie d’apaisement à cet effet, par mesure de sûreté plus qu’en réponse à un signe de faiblesse assumé de la part de Faye.
Ce n’était pas tant qu’un altruisme irrépressible l’ait frappée en plein cœur, mais plutôt que la tristesse d’autrui l’incommodait. Or un pressentiment tout naturel s'était emparé d'elle, éveillé dans son inconscient par les émotions tout juste perceptibles de sa voix. Deux émotions s’étaient dégagées, celles de l’incompréhension et de la rancœur inavouée. Elles lui chuchotèrent toutes deux de tempérer ses propos, et ce malgré son tempérament :

« Je plaisante, évidemment. Mais si vous ne deviez que la rencontrer à un âge avancé, c’est que les architectes l’avaient écrit et voulu de cette manière. Et qui sait combien une enfance commune peut réduire une fratrie à néant, ils vous ont probablement sauvé la mise ! »

Se sentit-elle concernée ? Pas suffisamment pour exprimer quelque affliction de l’âme, mais assez pour qu’une interrogation poigne dans un creux solitaire de son esprit. Elle la chassa aussitôt pour laisser la voix mélodieuse de Faye balayer toute impression de négativité, et accessoirement lui ravir les tympans. Non, décidément les Toen étaient des êtres plaisants qui rendaient viable à eux seuls sa quête inespérée d’aventure. Elle se permit un demi-sourire, très égoïstement soulagée par la tournure de la conversation. L’attitude de son interlocutrice était fort singulière ; elle la traitait avec un respect timide, lequel Althéa se garderait bien d’étouffer pour l’instant.

Faye la pensait épuisée, mais elle ressentait bien au contraire l’adrénaline que tout novice en la matière se voit porteur à la veille d’une aventure, quand bien même il s’agirait d’un jour de préparatifs ou de banal trajet à dos de poney. L’objectif primait sur tout désagrément, et lui procurait la sensation d’être reposée pour la semaine à venir !

« Ma foi je préférais la randonnée à l’ennui, même si la frontière entre les deux m’a semblé ténue à plusieurs reprises. De là à dire que cela m’a exténuée, tout de même pas. Je suis plutôt décidée à me divertir. »

Elle marqua une pause stratégique destinée à se donner quelques instants de réflexion. Les deux jeunes femmes quittaient à présent les jardins floraux de Süns via de splendides portails forgés, qui débouchaient tristement sur une rue pavée (le concept était sans doute de la paver de trous). La somptuosité du parc jurait scandaleusement avec l’apparente pauvreté qui régnait à l’orée du quartier. C’est souvent à la périphérie des villes que s’opèrent les brusques retours à la réalité. Des odeurs fétides s’échappaient de masses informes accolées aux murs des maisons étroites, et de misérables mendiants revenaient de leurs tours de manche depuis les artères menant au centre. Althéa dégagea un mouchoir de sous sa cape et s’en couvrit délicatement les narines, menant le pas à contresens du mouvement naturel des manants.

La guérisseuse avait bien quelques connaissances en ville avec qui se divertir, mais il lui semblait fort approprié de convier Faye à des festivités. N’était-ce pas le moyen le plus aisé de faire plus ample connaissance ? La rue suivante tombait nettement moins dans la débauche que la précédente. Elle s’autorisa à retirer son tissu pour reprendre la parole, non sans une certaine lueur de malice illuminant ses iris sombres :

« Pour être honnête… l’absence de mes frères commençant à me peser, j’aurais apprécié un peu de compagnie aux fêtes traditionnelles du centre-ville. Je pourrais vous vendre leurs faste par mille mots, sans jamais égaler ce que vous ressentiriez en vous y rendant directement. »

Il y avait peu de choses pour lesquelles Althéa s’extasiait ; au hasard, le chocolat à la violette et les fêtes traditionnelles de Darga. On les disait incroyables, elles étaient exceptionnelles, on chantait leurs merveilles, quand elles engendraient de véritables miracles. La foule qui s’y rendait était somme toute fort semblable aux braves gens que l’on rencontre quotidiennement, quoique habillés avec davantage de goût et plus soignés. Quelles meilleures prémices à une épopée qu’une soirée d’hommage aux architectes pour bénir leurs avenirs scellés ?

« Il s’agit un peu d’une invitation forcée, je vous l’accorde. »


Dernière édition par Althéa Ley Ka'Ori le Jeu 7 Sep - 22:36, édité 2 fois

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Il n'est pas de complot sans Faye. EmptyMer 6 Sep - 17:14
Le duo avait troqué couleurs et joie qui émanaient des jardins du temple pour la grisaille et la monotonie d'un quartier malfamé de Darga. A peine un pas y fut franchi que des effluves nauséabondes vinrent accueillir leur odorat, subtil bouquet de différentes émanations si agressives pour les narines que la belle Althéa dut se couvrir le nez afin de s'en préserver partiellement. Faute de posséder également un mouchoir, Faye ne l'imita pas, et quand bien même aurait-elle eut la possibilité de le faire, on aurait aisément pu parier sur les chances que la Ju'äm n'effectue pas un tel geste. Elle ne porta cependant aucun jugement envers sa camarade - il était parfaitement compréhensible de ne pas supporter ce genre d'exhalaison - mais elle n'aurait su se pardonner elle-même un tel agissement si le regard d'un des innombrables miséreux qui vagabondait dans ces ruelles venait à croiser le sien. Elle possédait cette qualité et ce défaut, cette "sensibilité" si développée qui la poussait à chaque instant à se projeter en son prochain ; hypersensibilité, lui avait-on dit ! Une incapacité à faire preuve d'apathie, le besoin d'aider ses semblables et la quasi-impossibilité de rester impassible devant une injustice, dans la mesure de ses compétences. La traversée s'avéra ainsi bien plus douloureuse pour son estomac, noué dés leur arrivée dans la zone pavée, que pour ses naseaux accoutumés aux odeurs fétides courantes dans les lieux qu'elle fréquentait.

Elle remercia intérieurement sa partenaire lorsque celle-ci détourna son attention à l'aide d'une proposition alléchante : une visite de la fête traditionnelle au centre-ville, pratique de Darga réputée jusqu'aux frontières de Suhury et plus loin encore ! Faye feignit l'étonnement, ses lèvres s'écartant légèrement pour mimer la surprise et l'intérêt. Devait-elle lui avouer que, durant les trente années de son existence, elle avait participé à plusieurs reprises à ces festivals ? Elle n'avait pas eu besoin que pareille proposition lui soit faite afin d'en découvrir la beauté, la popularité de cet événement étant déjà très grande quelques décennies auparavant... Ne pouvant conserver ce secret plus longtemps, elle esquissa son contentement et chantonna, telle une enfant, quelques vers dont elle avait conservé le souvenir :

« Plumes-au-bonnet et sourire-au-visage, pourpoints-de-soie mais souliers-d'un-autre âge... » entonna-t-elle mélodieusement, claquant entre elles la paume de ses mains et récitant les paroles d'une des musiques dansantes usuelles de la ville,  incontournable lors de cet événement !

Après quelques instants, sa mémoire lui fit finalement défaut et elle s'interrompit brusquement. Ses yeux se posèrent alors sur l'adepte de Mochlög à ses cotés, espérant ne pas avoir gâché par cette révélation la joie qui semblait l'avoir transcendée quelques secondes plus tôt.

« Je suis ravie que vous me forciez à vous y suivre, pour ne rien vous cacher. Le goût des légendaires brochettes de khippogin commençait à me manquer... » avoua-t-elle, savourant ce plat local dans son imaginaire. « C'est la première fois que je m'y rend accompagnée, aussi devrions rester proche l'une de l'autre, à moins que vous n'escomptiez me chercher une fois encore ? »

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Il n'est pas de complot sans Faye. EmptyVen 8 Sep - 16:44
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Une fois l’étonnement passé, Althéa se joignit promptement au chant entamé, et les heureuses demoiselles se mirent à scander en cœur :

Bandit-sans-peine et courtois-du-village, balourd-du-coin et talentueux-page,
Venez à la fête, vivre des amourettes,
Vanter les minettes, viser des comètes,
Voir des belettes, vendre des violettes,
Vouvoyer une serviette, vexer une courgette,
Valser sur une trompette, vomir votre luette,
Et enrichir les malhonnêtes, en l’honneur des architectes !


Althéa s’était prise au jeu, trop heureuse de reconnaître les vers chantés et d’en connaître les vers suivants. Elle n’avait pas quitté Faye des yeux si ce n’est pour ponctuer la chanson d’accès de rire et s’assurer de surcroît qu’elle ne percutait aucune victime malencontreuse de leur humeur festive. Ce fut au cours de ce moment de joviale communion qu’elle se résolut à tenter coûte que coûte d’entrer dans ses faveurs.

Ses motivations vous échapperont sans doute. Certains aspirent à s’épancher en confidences, à pouvoir user d’une épaule sur laquelle s’appuyer, d’autres à disposer d’un compagnon de misère, ou de relations influentes. La guérisseuse ne recherchait qu’une seule et unique chose ; la connaissance, animée par son trait de caractère le plus poignant, la curiosité. Qu’est-ce qui poussait les autres à se lier d’une amitié fusionnelle ? Comment faire confiance à qui ne partage pas son sang ? Et plus que tout, si deux personnes n’avaient pas grandi et mûri côte à côte, sur quel support se forgeait une telle relation de complémentarité ? Il lui semblait incongru que deux individus de différentes origines fassent même l’effort de se trouver des bases communes.

Mais elle était déterminée, et c’était sans doute la seconde fois en deux décennies qu’une aspiration prenait forme et se cristallisait dans son esprit pour rejoindre celle intitulée Reconnaissance de mon frère.

Le temps de finir leur chanson, que quelques passants avaient gaiement repris sur leur chemin, et la clameur des festivités les enlaça de sa chaleureuse étreinte. Elles distinguaient déjà des ivrognes qui n’avaient guère attendu la nuit pour descendre une bouteille, des familles propres sur elles qui comptaient leurs enfants, des my’träns de haute importance qui circulaient d’un air pédant, et quelques jolies dames qui marchaient sur leurs traînes.

« Croyez-moi, je vous ai suffisamment cherchée pour une vie entière ! Allons donc du côté des scènes, et tâchez de me suivre, autrement, je vous retrouverai, et je me vengerai comme il se doit ! »

Althéa entraina sa nouvelle comparse jusqu’aux lieux mentionnés, où se déroulaient les spectacles les plus éblouissants de ces quelques jours de festivités. La foule se faisait de plus en plus dense alors qu’elles s’enfonçaient dans le quartier de Möchlog. Les places avaient été aménagées pour l’occasion, habillées par mille estrades. Une en particulier semblait amasser un auditoire important, et Althéa fit des coudes pour se frayer un chemin vers elle, Faye à sa suite. Une bonne femme rouspéta lorsqu’elle se fit un peu bousculée, et Althéa rétorqua d’un ton sec :

« Ne me faites pas croire que vous n’avez pas fait la même chose pour arriver jusqu’ici. »

La scène se laissait à présent deviner. En son centre, un ballet d’art et de feu mêlés avait lieu. Des danseurs, drapés de quelques morceaux de tissus pour les filles et d’étoffes tout en longueur pour les hommes, virevoltaient au rythme d’un orchestre qu’Althéa aurait jugé compétent, mais que le fin musicien aurait déploré pour ses quelques dissonances.

Sur l’estrade, des couples se joignaient puis se séparaient dans des explosions de flammes qui détonnaient au rythme des tambours. Les hommes n’étaient pas moins souples que les femmes, bien au contraire ! Ils enchainaient sauts périlleux et sauts majestueux, accompagnant chaque mouvement d’une traînée de flammes tandis que leurs partenaires faisaient fuser des étoiles filantes enflammées. Althéa dut se rapprocher de l’oreille de Faye pour couvrir le vacarme de sa voix tranquille. Elle savait pertinemment qu’il y avait plusieurs lectures à son interrogation, mais c’était là un aspect qu’elle chérissait tout particulièrement.

« Il parait que c’est votre domaine d’embraser le public, vous n’voudriez pas rejoindre leur troupe ? »

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Il n'est pas de complot sans Faye. EmptyJeu 14 Sep - 18:20
Althéa se prit au jeu avec facilité ; il n'y eut alors besoin de rien de plus pour stimuler la part de fillette qui demeure en Faye ! Les deux compères battirent ensemble la mesure dans une synchronisation presque parfaite. Elles avaient échangé tout du long un regard complice, ne se quittant des yeux que pour éviter d'éventuels obstacles et s'assurer qu'elles suivaient le bon chemin - quand bien même une oreille un tant soit peu attentive aurait suffit à repérer la bonne direction ! Lorsque les derniers vers furent prononcés, la Ju'äm s'abandonna à un rire sincère qui laissait aisément deviner la voie que semblait emprunter leur début de relation : une amitié franche et épanouie, agréable.  

Elle se rendit bientôt compte que leurs pas les avait guidés, le temps de pousser la chansonnette, jusqu'aux premiers ateliers de braderie qui pullulaient autours du principal centre d'intérêt des festivités. C'est vers ce dernier que l'adepte de Möchlog paraissait vouloir l'entraîner, sans même se laisser séduire par ces alléchants arômes de nourritures qui torturaient d'ores et déjà les narines de la jolie rousse à chacune de ses respirations. Elle se jura de revenir lorsque les pulsions de joie de son amie seraient calmées.

Quelques bousculades, plusieurs dévisagements et de nombreuses insultes plus tard, le duo arriva enfin devant une scène installée pour l'occasion : on y trouvait nombre d'artistes compétents parmi lesquels des danseurs, athlètes et autres acrobates de tout genre mais également un orchestre dont il fut difficile de déterminer le talent tant le brouhaha de la foule en masquait la qualité. Néanmoins, cette même foule n'en semblait pas le moins du monde gênée et hormis quelques éternels mécontents, la quasi-totalité des individus présents - dont Faye - exaltaient d'allégresse et de satisfaction. Elle observa comme s'il s'agissait de la première fois les flammes parcourir l'espace, leurs propriétaires jouant avec elles comme si elles n'avaient été que de simples jouets et les spectateurs, dont l'écrasante majorité n'était pas constitué d'adepte de Süns, s'amusaient de cette vision positive d'un élément pourtant si dévastateur...

Après s'être rapprochée suffisamment pour se faire entendre, Althéa choisit cet instant pour s'adresser à Faye. La Ju'äm, enthousiasme à revendre, prit les paroles de la jeune femme au mot et, comme mise au défi, lui rendit en guise de réponse un sourire malicieux. L'écartant d'une pousse sans réelle force, elle profita de l'espace autours d'elle pour se replacer afin de faire face à la scène et concentra son attention sur les danseurs flamboyants, attendant le moment propice pour agir... Lorsque celui-ci arrive enfin, la femme subtilisa l'art de chacun d'entre eux afin de le faire revenir dans sa direction sous la forme de rouleaux de flammes, faisant s'accroupir instinctivement la populace qui cru d'abord à une attaque d'un adorateur du griffon d'ébène. Faye - identifiée comme la fauteuse de troubles - fut bien entendu l'une des rares personnes à rester debout ; elle profita de sa liberté de mouvement nouvellement acquise pour se repositionner à nouveau, tirant profit de l'espace libéré pour manipuler au mieux ce qui ne paraissait pour le moment qu'un grossier panache de flammes. Pourtant, lorsqu'il fut à sa portée, elle divisa admirablement le tout en deux sublimes déflagrations parfaitement égales qu'elle fit s'envoler verticalement. Alors semblèrent-elles s'entremêler, sans pourtant jamais se toucher, et elles ne furent de nouveau qu'une seule et unique flamme qu'au moment ou Faye le jugea propice. La boule de flamme gigantesque demeura immobile au dessus des spectateurs, désormais plus admiratifs qu'effrayés, et c'est par un mouvement brusque que la responsable du tumulte la fit exploser en un milliers d'étincelles, remplissant le ciel de milliers de flammèches qui n'eurent pas à attendre de toucher le sol pour se consumer.

Faye ne sembla nullement inquiétée par le lourd silence qui s'était imposé depuis son intervention. La foule s'était tue sans requérir à un consentement mutuel et l'orchestre n'avait semble-t-il pas jugé correct de continuer à interpréter sa musique. Pendant quelques secondes, tous les regards se dirigèrent simplement dans la direction de la belle rousse et ce n'est finalement que grâce à l'intervention d'un inconnu que le calme fut brisé.

« C'était excellent ! » cria-il sans qu'elle ne puisse l'apercevoir.

La foule, comme libérée par ces simples mots, offrit un tonnerre d'applaudissements, sifflements et autre tapages festifs et Faye distingua difficilement les compliments qui lui furent adressés. Un des artistes sur la scène lui fit également signe d'escalader les marches pour le rejoindre ce dont elle ne se fit pas prier. Un sourire jusqu'aux oreilles dressé sur le visage, elle ne pu difficilement cacher sa satisfaction et se contenta de tirer une révérence pour saluer son public, ne manquant pas de fixer un instant Althéa pour lui certifier qu'elle ne l'avait pas oubliée.  « Au moins, elle n'aura pas à me chercher... » pensa-t-elle avec ironie.

« C'était.. Waw. » se contenta de commenter l'homme à ses cotés, visiblement encore surprit par cette intervention non planifiée. « Savez-vous également danser ? Permettez moi de vous demander de nous faire une démonstration. » demanda-t-il alors sans attendre réponse.

Il recula, saisit la main de la jeune femme et plaça une main dans son dos sans consentement, avant d'indiquer à quelques musiciens - par un geste de la tête - d'accompagner leur danse.

En avant la musique !:


Ainsi, le spectacle sembla reprendre un court normal, et Faye se laissa entraîner par les mouvements de son partenaire sous les yeux de centaines de spectateurs claquant des mains au rythme de la chanson. Après quelques secondes et de maladroits écrasement de pieds, la danseuse réussit finalement à se synchroniser et accompagna son partenaire sans trop de difficultés, guidée principalement par celui-ci. Aussi, lorsqu'elle sentit qu'elle en avait la capacité, elle choisit de rendre le spectacle un peu plus impressionnant en embrasant partiellement certaines parties de son corps par instant, captivant ainsi l'attention de la foule pour mieux dissimuler ses faibles prouesses de danseuses. Puis, l'homme jugea opportun de faire basculer la demoiselle en arrière lorsqu'elle n'y fut pas préparée ce qui provoqua irrémédiablement la chute de celle-ci au sol et le fou rire de la horde agglutinée autours de la scène. L'homme se confondit en excuses tandis que Faye riait à gorge déployée, bien plus impressionnée que blessée. Elle se releva en empoignant le bras de son partenaire et tout deux saluèrent la foule dans un mouvement identique. Alors, son regard se posa à nouveau sur Althéa.

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Il n'est pas de complot sans Faye. EmptySam 16 Sep - 19:00
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Lorsque Faye scruta la foule de ses yeux enjôleurs en quête d’une Suhur particulière, cette dernière avait quitté son emplacement supposé depuis plusieurs minutes déjà.  Elle avait certes assisté au grand spectacle, lequel elle avait indirectement provoqué ; comment détourner son regard de la magnificence des flammes ? Faye avait subtilisé l’attention des spectateurs aux artistes sur scène. Loin de s’en formaliser, ils demeurèrent tout d’abord immobiles puis improvisèrent un accompagnement volontairement effacé. Althéa avait plié les genoux et couvert sa tête, effrayée par les lames incendiaires qui s’étaient propulsées droit dans sa direction. Ce fut donc dans un instinct de survie des plus rationnels qu’elle prit ses distances.

Bien vite son regard fut toutefois attiré par la colonne de flammes et la spirale doublée qu’elle dessinait. Le mouvement de la foule lui fit perdre l’équilibre, et elle dut s’extirper d’entre deux soldats Suhurs qui la compressaient (et la dépassaient d’un bon pied par ailleurs) pour être à même de reprendre une inspiration salvatrice ; juste à temps pour assister au bouquet final du spectacle. La kyrielle d’étincelles se réfléchirent dans ses iris, qui n’exprimaient à présent qu’émerveillement et ivresse. Non pas celle que l’on attribue à l’alcool et ne fournit qu’une maigre chaleur réconfortante au creux de l’estomac, mais plutôt l’euphorie qui vient après avoir trop peu rêvé pendant trop longtemps lorsque l’on assiste à une merveille du monde.

La responsable de cette joyeuse représentation fut invitée sur scène, et Althéa ne sut réprimer un sourire fier. Elle serait vue comme l’amie d’un prodige ! Elle aurait crié « elle est avec moi ! » si les applaudissements tonitruants et l’orchestre avec sa mélodie arythmique n’avaient pas étouffé toute velléité de hurler. A défaut, elle se rapprocha du mieux qu’elle put de l’estrade, son avancée facilitée par sa petite taille mais certainement pas par sa force de projection ! Faye achevait sa danse avec un charmant adepte de Süns, et elle était forcée de l’admettre : elle était sublime ; et elle avait sublimé le spectacle de sa présence.

« Faye ! appela Althéa, alors que son amie parcourait la foule d’un air confus. Reviens ici avant que je te perde de vue ! »

La plaisanterie devenait récurrente ! Il ne lui sembla pas moins nécessaire de l’avoir à portée de main. Faye accepta de délaisser sa place d’honneur pour descendre aux côtés d’Althéa. Celle-ci attrapa son bras comme pour l’entraîner hors de la foule, mais Faye sembla résister. La guérisseuse se retourna vers sa compagne avec étonnement, auquel elle répondit par un sourire fort déplaisant tant il annonçait quelque fourberie. La rousse lui attrapa la hanche et força sa main dans la sienne avec une douceur résolue, et entama les pas de danse nouvellement appris.

« Non vraiment, ce n’est pas ce que j’entendais par "aventure", protesta Althéa d’un ton sec. »

Mais sa partenaire de danse ne semblait pas en avoir cure, puisqu’elle poursuivit ses lancers de jambe, forçant Althéa dans ses écarts. Elle se fit réticente pendant ce qui sembla être une éternité, par principe autant que par gêne ; elle, danser avec une partenaire ? Ses joues avaient rosi et elle priait Möchlog pour que la lumière du crépuscule soit insuffisante à dévoiler les couleurs sur ses pommettes. Elle connaissait nombre de danses traditionnelles Khurmis, mais aucune qui se dansât exclusivement en couple. Pourtant, Althéa n’eut pas le cœur de lui faire défaut plus longtemps. Elle analysa quelques pas supplémentaires, tentant tant bien que mal de suivre ses mouvements, et s’appliqua maladroitement à les reproduire. La danse se fit désordonnée et lente au premier abord, puis elle gagna en vigueur et en rythme. C’est ce que l’on désigne comme "prendre son pied".

Dans leur folie dansante, et gaieté de leurs pas, elles heurtèrent un autre couple et se rendirent bientôt compte que la foule s’étaient joints à elles. La danse n’avait plus lieu uniquement sur scène, mais également sur les pavés ! C’était la magie des festivités de Darga, telles que même les architectes ne sauraient la manier.

« Hey, salut toi… ! Ça te dirait pas un p’tit verre… ? Dans ma piaule, dis donc ? J’suis aussi bon au lit qu’tu l’es avec les flammes ! »

Un jeune romantique stimulé par ce qui devait probablement constituer son tout premier verre de cidre s’était accroché l’épaule de Faye. Althéa répondit à son impulsivité la plus primaire et lui asséna un coup en pleine face comme elle n’en avait probablement jamais délivré. Son inexpérience devint évidente lorsqu’elle secoua sa main meurtrie, et souffla sur ses jointures endolories. Sa partenaire de danse la regardait avec surprise, et elle crut nécessaire de se justifier, feignant un calme que ses phalanges ne prônaient guère :

« Quoi ? Il nous a interrompues, j’ai bien le droit de lui rendre la pareille ! »

Althéa s’écarta alors de l’estrade, prenant garde à ne pas perdre Faye. Il ne fallait surtout pas rater un autre numéro de ces festivités. La ville en regorgeait par milliers, au risque de noyer le public dans la quantité autant que le perdre dans différents degrés du qualitomètre. Elle fit halte pour leur payer quelques beignets de Sorogh, et son regard se retrouva inexorablement attiré par une couleur pourpre vif sur l’étable voisine du vendeur de confiseries. Althéa en demanda aussitôt un pot, et se retourna vers sa victime :

« Chacun son tour, tu m’as fait danser, je te peinturerai ! »

Peu de ses fréquentations l’auraient reconnue ce soir-là. Le fait est qu’Althéa lâcha prise. Son masque de cynisme s’était dissout, et les émotions affluèrent dans son cœur qu’elle ouvrit sans hésitation aucune. Ces sensations étaient aussi belles que nouvelles, et allégeaient son coeur pour la première fois depuis bien longtemps. Elle songea que la soirée était réjouissante, sa nouvelle partenaire ravissante et qu’elle avait plus que mérité sa part de bonheur au cours des deux dernières décennies.

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Il n'est pas de complot sans Faye. EmptyMer 25 Oct - 16:08
Encline à porter assistance au jeune homme qui l'avait invité à partager sa couche, Faye se ravisa lorsqu'elle constata que le coup avait probablement plus impacté Althéa que sa cible elle même. La chevêche agita sa main dans le but d'en faire disparaître la douleur ; la flamboyante ne la quitta pas des yeux et bien qu'elle ne tolérait pas la violence gratuite, aussi insignifiante soit elle, la justification qu'apporta son amie suffit à la convaincre de ne pas lui en porter préjudice. Mieux encore, elle se contenta de lui renvoyer cet énième sourire dont elle avait le secret avant de se laisser emporter loin de l'estrade sans mot dire. « Au fond, pensa-t-elle, mieux vaut-il que cet homme soit frappé par elle maintenant que par moi plus tard ! ».

La belle la lança dans une course effrénée à travers les centaines de personnes venues assister aux festivités sans qu'elle ne puisse deviner vers où les guidait leurs pas. Elles s'arrêtèrent finalement pour déguster quelques mets qui ravirent les papilles des deux gourmandes avant que l'adepte de Mochlog ne décide de peinturlurer son visage, douce vengeance que l'anomalie accepta de subir sans broncher. C'est ainsi qu'elle se retrouva affublée de plusieurs traits horizontaux pourpres sous les paupières sans pour autant que son charme n'en subisse de conséquences : tout au plus semblait-elle retombée dans l'adolescence, et son hilarité n'avait pas pour conviction d'en persuader du contraire !

« Je me sens seule désormais... Tu permets ? » demanda-t-elle sans attendre de réponse.

Saisissant à son tour le pot, elle effleura du doigt son contenu et vint soutenir le visage de sa partenaire à l'aide de sa main inoccupée. Avec une assurance mêlée de douceur, elle appliqua le baume sur ses joues toujours rosies par les précédents événements et y dessina deux paires d'yeux ouverts. Son méfait accomplit, elle s'éloigna de quelques pas avant de prendre de faux airs de contemplation, brisé aussitôt par un rire qui fit tourner quelques têtes autours du joyeux duo.

« Désolée, je n'ai jamais été douée en dessin... » s'excusa-t-elle en essuyant une larme nichée au creux de son œil. « Mais tu restes très charmante, je te rassure, tu me voles sans aucun doute la vedette ! D'ailleurs, que... »

Faye s'interrompit brusquement et la joie présente quelques instants plus tôt sur son visage fondit comme neige au soleil. Elle resta de marbre quelques secondes avant de tourner la tête dans une direction sans qu'elle ne puisse en justifier la raison. « Il y a quelque chose là bas. » pressentit elle simplement, et un sentiment de curiosité mêlé de peur s'empara d'elle. Althéa la prendrait à coup sur pour une folle désormais, une lunatique au mieux !

« Je... J'ai sentis quelque chose. » avoua-t-elle avant que son amie ne l'interroge. « Un appel à l'aide, comme si l'on attentait à la vie de quelqu'un. Comme si... »

Son cœur manqua un battement. Non, il n'y avait plus de pressentiments : c'était désormais une certitude ! Quelque chose se tramait non loin d'ici, et par Dieu Süns quelles raisons Faye pouvait le ressentir... Alors, persuadée qu'elle n'aurait pas besoin de se faire prier pour être suivie par la jeune femme, elle s'élança à vive allure dans cette "direction" vers laquelle son instinct la guidait, bousculant au passage de nombreuses personnes qui l'injurièrent de tout les noms. Son amie n'aurait au moins qu'à suivre les insultes...

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Il n'est pas de complot sans Faye. EmptyLun 30 Oct - 16:06
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Althéa admira son travail ; elle avait tenté au mieux de reproduire les peintures tribales de son enfance, mais sans l’appui bienfaiteur d’un pinceau, les traits en étaient ressortis plus grossiers que dans sa mémoire. Ma foi, elle ferait mieux une fois qu’elle serait mieux équipée ! Ces symboles feraient l’affaire pour la soirée, d’autant qu’elle jugeait avoir été fidèle à la représentation mentale qu’elle s’en était faite.

Elle prit goût au jeu, et laissa sa nouvelle amie étaler la peinture sur ses joues de ses doigts délicats, lui dévouant une confiance aveugle. A sa décharge, le contact était agréable et trompeur. Ses mains semblaient dessiner à la perfection les contours d’un symbole qu’elle ne parvenait guère à deviner seulement par le toucher.
Pourtant Faye semblait quelque peu déçue du résultat. Althéa la gratifia tout de même d’un sourire reconnaissant. Elle attendit que les couleurs s’imprègnent à son épiderme, puis elle plaqua une main sur sa joue et observa l’empreinte de l’œil qui était apparu sur sa paume.

« Pour une première fois, c’est pas mal ! l’encouragea-t-elle avec douceur. »

Mais son commentaire, qui se voulait rassurant, n’eut pas l’effet escompté. Le visage de Faye se décomposa, et une détresse soudaine déforma ses traits pourtant si délicats. Inquiétée, Althéa s’empressa de reprendre :

« Non vraiment, je t’assure ! C’est vraiment un bel … (elle jeta un coup d’œil furtif au dessin, tentant de détermine ce qu’il représentait) œil ? acheva-t-elle d’une voix presque interrogative. »

Faye lui fit alors part de son ressenti, et elle s’en trouva égoïstement soulagée de ne pas être la cause de son tracas. Elle ignorait comment réagir dans le cas probable où elle vexait un jour une amie dont elle désirait la sympathie avec autant de ferveur qu’elle désirait celle de Faye.

« Hey, ce n’est pas grave, tu veux qu’on s’éloigne ? »

Sa comparse lui jeta un regard choqué, et elle comprit sa méprise. Elle avait tenté le coup, mais il semblait que la fête était bel et bien terminée.

« Je plaisante, Faye, je te suis. »

Les deux jeunes femmes s’engagèrent dans les petites rues transversales aux grandes allées surpeuplées, et la clameur festive se dissipa dans l’air ambiant comme une goutte d’eau lumineuse dans un océan d’obscurité. L’anxiété de Faye lui était contagieuse, et elle ressentit bientôt une tension remonter le long de son échine. Elle douta que se précipiter à la rescousse d’un individu mal en point dans des ruelles sombres fût un scénario qui connût un dénouement heureux.

Elles aboutirent sur une impasse étroite, et Althéa regretta que les instincts de Faye eussent vu bon. Un homme gisait à terre, et une quantité de sang inquiétante teintait le sol poussiéreux d’un vif écarlate. Althéa se précipita à ses côtés, et s’agenouilla près de lui, sans prendre garde au liquide poisseux qui imbiba aussitôt ses vêtements. Elle avait beau avoir semblé indifférente plus tôt, elle était à présent toute impliquée dans sa tâche, emprisonnée dans un dévouement remarquable. Elle mit en veille les parties indemnes du corps blessé pour limiter les dégâts de celles endommagées, et tenta au mieux de retenir la faible énergie vitale qui l’animait encore.

« Je… Ca ne sert à rien… peina-t-il à déclarer, grimaçant sous l’effort. »

Althéa avait évalué ses chances de survie, et elle les savait déjà plus que minimes. D’expérience, elle estimait à environ un sur mille ses chances de survie, aussi elle balaya la remarque d’un bref hochement de tête ; il lui restait une chance, elle ferait en sorte de la saisir. Elle continua donc à prodiguer ses soins, se méprenant visiblement sur les dires du blessé puisqu’il crut bon de préciser, de sa voix hachée :

« Même si vous me sauvez… la secte me tuera… »

La guérisseuse lança un regard suppliant à Faye. Elle ne parvenait à se concentrer tout en démêlant les propos entrecoupés et incohérents de l’homme qui agonisait sous ses mains. Elle espérait que son amie parviendrait plus ou moins à le distraire, afin qu’elle puisse s’occuper de sa survie davantage que de ses délires !

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Il n'est pas de complot sans Faye. EmptyMar 9 Jan - 16:23
Plumes et Flammes s'étaient élancées dans une course effrénée qui aboutit rapidement à un cul-de-sac, une impasse adjacente à la ruelle qu'elles venaient d'emprunter qui dénotait des lieux visités jusqu'alors de par son absence de couleurs et, de fait, de gaieté. En ce lieu, seul le contenu rouge vif s'écoulant des veines d'une carcasse agonisante jurait avec l'ambiance qui s'y imposait. Faye demeura hébétée tandis que la chevêche s'accroupissait aux cotés du mourant afin de lui prodiguer les premiers soins mais, visiblement impuissante devant une tâche d'une telle ampleur, les deux échangèrent un regard et Faye devina aussitôt les intentions de la soigneuse : elle ne pouvait se donner au maximum pour tenter de sauver la vie de l'homme s'il perturbait constamment sa concentration, aussi la Ju'äm décida-t-elle de se lancer dans une conversation afin que l'homme redirige son attention vers elle. Peut être pourrait-elle également glaner quelques informations sur son ravisseur par la même occasion...

« De quelle secte parlez-vous ? Qui vous a agressé ? » demanda-t-elle, résolue à connaître le coupable.

L'homme, grâce aux soins de l'adepte de Möchlög, semblait avoir reprit un semblant d'énergie mais l'écoulement continu de sang provenant de sa blessure trahissait l'absence d'évolution positive de son état de santé : sans ce précieux liquide, il ne survivrait pas très longtemps et les compétences de la belle Althéa ne pourrait rien y changer.

« J'ai essayé de les interrompre... On ne peut plus les arrêter. »

« Répondez. Qui donc ? » insista Faye, intriguée.

« Il s'est enfui... Quelques secondes avant votre arrivée. Il m'a poignardé, m'a regardé me vider lentement de mon sang... Il a souhaité m'achever. Il a soudainement prit la fuite, au delà du mur... L'impasse, derrière... »

« Althéa, maintient le encore quelques instants ! Allez à l'essentiel : un nom, une adresse, une information utile ! »

« Je ne... Sais... Pas. Je les ais trahis. Mais je pouvais pas... Arrêter. Arrê... »

Un dernier râle s'empara de lui avant que sa tête ne bascule brutalement sur le coté, laissant les deux femmes en présence d'un cadavre, d'une marre de sang et d'une multitude de questions. Faye observa quelques instants de plus le corps sous ses yeux avant de lever les mains, fixant la paume de celles-ci d'un air ahuri.

« Süns est sage, forte, puissante, mais elle n'accorde certainement pas ce genre de capacités... » pensa-t-elle à voix haute, décontenancée. Elle réussit cependant à écarter ces nombreuse autres questions qui trottaient dans sa tête pour revenir à la situation gênante dans laquelle elles s'étaient toutes deux empêtrées. « Il faut avoir de sacrées motivations pour assassiner un homme à une heure comme celle-ci et avec tant de monde autours. Il a parlé d'une secte, de trahison, "d'arrêter" quelque chose. Nous sommes d'accord qu'une personne mourante n'a pas grand intérêt à mentir. J'ai le pressentiment que quelque chose est en train de se tramer dans cette ville, et si des individus sont prêts à autant de risque pour empêcher l'un des leurs de parler, cela n'augure rien de bon... »

Althéa Ley Ka'Ori
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Il n'est pas de complot sans Faye. EmptyMar 16 Jan - 0:41
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Althéa écoutait d’une oreille distraite les dires de son patient improvisé, versée dans son œuvre, dévouée à son architecte. Les mains plaquées sur la plaie béante dans le maigre espoir d’en resouder les pans et d’empêcher le flux du fluide vital, elle lui insufflait sa magie de renforcement et de guérison à la fois, submergée par sa douleur, ne sachant déterminer ce qui prévalait entre l’urgence de refermer la blessure et celle de maintenir son organisme en état d’éveil. Petit à petit, en dépit de ses efforts, elle le sentit lâcher prise en même temps que le sang passait la frontière de ses mains, faisant fî de la pression qu’elles exerçaient contre son abdomen. La volonté propre du mourant n’était pas étrangère à cet abandon charnel, à ce départ spirituel. Sa sensibilité frémit au dernier souffle qu’il expira et ainsi trépassa son supplice.

La guérisseuse retira ses mains de l’étoffe trempée d’écarlate, et referma spontanément ses doigts sur ses paumes. Le liquide poisseux colorait sa peau pâle de teintes vives et indélicates. Gênée vis-à-vis de Faye plus qu’attristée par la vie qui lui avait littéralement glissé des mains, elle ramena ses bras sous sa cape en quête de son mouchoir pour épargner cette vue abjecte aux yeux de son acolyte. Machinalement, elle récitait à voix basse les quelques paroles funéraires dédiées à Möchlog et au défunt.

    « C’est si lugubre d’initier une amitié par un assassinat… déplora-t-elle. »


La chevêche s’était saisie du tissu brodé qu’elle avait employé plus tôt à couvrir ses narines, et elle s’évertua à tâcher l’immaculé de sa fibre avec un rictus de révulsion. Ce dernier démentait quelque peu sa familiarité avec les visions gores de sa profession. Mais elle haïssait le sang, et les cadavres plus encore, les années n’avaient eu aucune emprise sur ce fait. Elle respectait plus que tout l’œuvre de son architecte, mais dans la mesure où l’homme n’était plus, son cadavre lui paraissait comme délaissé par la chouette, retourné à la nature immobile et inintéressante. Pourtant cette part de la nature devait être criblée d’indices, et peut-être même constituait la clef d’un grand mystère, de ce meurtre entre autres. Aussi elle s’accroupit à nouveau à son flanc, et fouilla sans retenue ses poches, avec la méthode qu’on lui connaissait. Elle ne trouva rien d’utile lors de son inspection, si ce n’est des objets forts banals, et bien incapable de l’ériger au statut d’homme susceptible d’être tué.

    « Je présume… Je dirais qu’il ne voulait pas nous impliquer personnellement dans son infortune ? Ou peut-être que s’il en révélait trop à autrui, ses proches auraient subi les représailles de cette secte ? »


Sa main tenant encore le mouchoir voulut le remettre à son emplacement habituel, à l’intérieur de sa cape, mais elle se retint à la dernière seconde au souvenir de l’humidité écœurante qui l’alourdissait encore. Ce geste fut comme un déclic dans son esprit, et elle se rappela que les objets les plus chers étaient toujours portés au plus près de soi. Elle entreprit donc d’écarter les lambeaux déchiquetés du pourpoint de l’homme, exposant à ciel ouvert les cavités sanglantes de ses viscères. Faisant la moue, elle évita cette horreur du regard pour se concentrer sur les éventuelles poches intérieures de ses vêtements. Elle obtint une lettre imbibée de sang et probablement illisible qu’elle jeta devant elle sans plus de considération (une lettre de sa dulcinée à tous les coups !), et fronça les sourcils en voyant une blessure bien moins récente que le coup au ventre en travers du muscle pectoral.

    « Nous ferions mieux de partir, Faye, rester ne nous mène nulle part. J’ai les mains enduites de son sang, si l’on nous surprend dans une telle posture, j’aurai peine à prouver mon innocence. Il avait sans doute un tatouage à la place de cette plaie au torse, je perçois une partie de l’encre sous l’épiderme, mais impossible d’en tirer quoi que ce soit, encore moins de faire le lien avec la secte dont il parle. Il n’a rien d’autre qui évoque de près ou de loin les raisons de son meurtre. Alors sauvons notre peau à défaut d’avoir pu sauver la sienne. »


L’appréhension imprégnait sa douce voix de tremblements incontrôlés, faisant surface au moment où on les attendait le moins. Elle altérait son jugement de façon certaine, mais son corps entier lui enjoignait de prendre la fuite sans plus tergiverser et elle peinait à ne pas se soumettre à ses appels. Son regard était presque suppliant lorsqu’il se plongea dans les iris émeraudes de la jolie rousse.

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Il n'est pas de complot sans Faye. EmptyLun 22 Jan - 20:46
Peu de temps après qu'il eut perdu la vie, la guérisseuse s'accroupit auprès du macchabée afin d'en examiner minutieusement les poches. Son manque de réserve dans l'accomplissement de la tâche étonna la flamme qui, de sa hauteur, contemplait sa nouvelle amie inspecter le cadavre avec une expertise frôlant le suspect. Se rappelant avoir en sa compagnie une membre des Cercles de l'Aube, elle finit par oublier l'étrangeté de ses gestes et s'inquiéta plus de l'absence d'indices "justifiants" le meurtre qui venait d'avoir lieu quelques instants plus tôt. Faye passa alors une main sous son menton et observa les alentours en quête d'une éventuelle indication leur ayant échappé, mais l'endroit ne semblait avoir été choisit que par pur coïncidence - outre l'absence d'animation évidente qu'il offrait à l'assassin...


« J'imagine que ses proches subiront des représailles où non indépendamment de ce qu'il nous aura révélé, désormais. Mais il me semble effectivement qu'il ne souhaitait pas nous impliquer dans l'histoire qui lui a couté la vie. » répondit-elle à sa camarade avant que celle-ci ne reprenne à nouveau l'inspection.


La seconde fouille entreprise par Althéa fut récompensée par la découverte d'un objet qui attira l'attention de la flamboyante, bien qu'il fut par la suite jeté sur le corps sans que l'adepte de la chouette n'y porte un quelconque intérêt : elle semblait bien trop préoccupée par les risques que les deux partenaires encouraient si quelqu'un venait à tomber sur elles. Et le sang présent sur la chevêche ne ferait que l'inculper davantage... Lisant l'inquiétude dans son regard, Faye n'eut pas à se faire prier pour écouter son amie et prendre la poudre d'escampette. Ramassant au passage la lettre maculée de sang, elle attrapa la belle noiraude sous le bras et s'engagea parmi la foule à proximité comme si rien n'était arrivé. Restant à proximité pour se faire entendre de sa camarade, elle ouvrit alors la lettre et entreprit d'en décoder le contenu rendu partiellement illisible.

Dans une première lecture, elle distingua régulièrement le mot "inconnu" qui semblait ici désigner une personne - même s'il rappela d'abord à l'adepte quelques mythes concernant sa bien aimée Süns. En poursuivant, le mot "réunion" attira particulièrement son attention, et bien plus encore lorsqu'elle découvrit une série de chiffres parfaitement conservés qui ne pouvaient indiquer qu'un horaire, très certainement lié à cette fameuse réunion. Enfin, elle s'esclaffa lorsque ses yeux, habitués à déchiffrer les anciens écrits des ruines My'trans, lui permirent sans difficulté de décoder l'information essentielle qu'elle recherchait alors : un lieu ! Voilà qui répondrait à tout les questionnements des deux femmes, à n'en point douter.


« Sous le regard... Möchlog... Frontière des corrompus - rah, je haïs quand les gens parlent en devinettes ! » fit-elle en secouant la tête. « Cela dit ensuite "Le symbole ne vous est pas Inconnu". »


Marchant jusqu'alors pour s'éloigner de la foule, elle s'interrompit brusquement et agrippa de sa main libre le bras d'Althéa, le regard toujours fixé sur le morceau de papier.


« J'ai très envie d'en apprendre plus sur ce... Ce meurtre... » fit-elle à voix basse lorsqu'elle observa le visage de certains individus se tourner dans leur direction. « Mais la ville est grande, je doute que nous arrivions à trouver le bon endroit. Il y a tellement de possibilités, plusieurs pourraient correspondre et il n'est pas impossible que la "réunion" nous échappe... La lettre parle d'un symbole. Un symbole... Je ne peux pas m'empêcher de penser au tatouage que tu as vu. Althéa, que dis-tu d'aller jeter à nouveau un coup d’œil ? Rien qu'un tout petit ! » supplia-t-elle empreinte d'une moue de chiot battu qui contrastait avec la raison de ce chantage... « Tu pourras rester à distance puisque tu as aperçu le motif du tatouage, où du moins ce qu'il en restait... J'irai seule, tu m'attendras simplement dans les environs. »

Althéa Ley Ka'Ori
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Il n'est pas de complot sans Faye. EmptyMer 31 Jan - 13:31
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    « Tu ne feras rien de tel. C’est tout simplement insensé. »


La voix de la chevêche avait claqué plus fort que désiré, et elle reprit une profonde inspiration destinée à calmer son léger emportement. Elle se surprenait à des élans protecteurs à l’égard de Faye qu’elle redoutait de détailler dans l’immédiat. Il n’était pas de son ressors de protéger quiconque ! Néanmoins une sensation caressante, venue tout droit d’une enfance perdue mais bercée par la douceur, emplissait à nouveau son cœur et la ramenait à son bonheur originel. Une tentative échouée de sourire déforma ses lèvres, et elle la masqua en les mouvant pour prononcer les paroles suivantes :

    « J’irai moi-même. Si l’on me voit, je prétexterai que j’ai accouru à son secours, mais qu’il était déjà trop tard. Tu ne verras rien du tatouage avec tes yeux de toute façon, l’encre est enfouie sous la blessure, il faut sentir son corps pour avoir une idée de la figure qu’elle dessine. »


Après un dernier regard, traduisant plus de confiance qu’elle n’en ressentait en son for intérieur, la guérisseuse s’élança dans la ruelle, le cœur battant la chamade, mais les mouvements sereins pour ne pas trahir ses desseins. Ou son dessin, puisque c’était ce qu’elle quêtait ! Agenouillée près de la dépouille, qui commençait à se raidir, elle approcha une main hésitante vers la blessure aperçue plus tôt. L’encre était ancrée bien en-dessous des couches superficielles de sa peau, mais le coup porté avait malmené sa netteté.

De sa main libre elle sortit son carnet, et à défaut de pouvoir déballer son nécessaire d’écriture, elle reproduisit les contours en rouge sang, de celui de l’assassiné. Vous la connaissez, elle ne s’attarda pas plus que nécessaire. Le souffle court d’appréhension, elle se fit violence pour rester quelques secondes de plus auprès du mort, à souffler doucement sur les tâches de sang dessinées. Son doigt ensanglanté fit un point rouge sur la couverture, qu’elle n’avisa qu’en fermant le carnet. Agacée, elle l’enfouit néanmoins dans sa sacoche et sortit tranquillement de la ruelle pour rejoindre Faye. La foule était si dense qu’elle put s’y fondre comme si elle en avait toujours fait partie intégrante. Elle était bien inconsciente des quelques regards curieux qui détaillaient sa cape bien atypique.

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    Elle entraîna Faye loin de la scène de crime avant de lui révéler enfin ce qu’elle avait pu tirer du cadavre. Elle présenta ainsi sa découverte à la rouquine, l'air désolé de lui offrir un art aussi lugubre. Le sang pas tout à fait sec avait formé son reflet écarlate sur la page d’en face, donnant au symbole une portée épidémique, contagieuse, comme un mal qui s’infiltrait, régnait dans le sang et le crime. Alors que Faye s’imprégnait du symbole, Althéa s’empara de la lettre pour la détailler de ses propres yeux. Faye semblait lui accorder une certaine importance et peut-être qu’un deuxième regard apporterait plus de précisions sur la question. Elle s’avoua vite vaincue toutefois, la plupart des mots étaient rendus illisibles par le carmin, et elle ne comprenait pas grand-chose à ce qu’elle parvenait à déchiffrer.

Malgré tout, in mot tentait tant bien que mal de s’extirper de l’étreinte d’une goutte de sang, mais ne parvenait guère à se révéler tout à fait. Une syllabe, "fle", terminait nettement le mot, et une lettre effacée lui assurait que le tout finissait même par "efle". Persuadée qu’elle n’en tirerait rien, elle redoubla d’efforts pour se contredire.

    « TREFLE ! ... Mes excuses, s’affligea-t-elle sarcastiquement auprès d’un couple qu’elle avait fait sursauter dans son émoi. Ce mot dit trèfle. Et si les corrompus étaient les politiciens… ? On les appelle comme ça parmi le peuple, non ? Alors il faudrait se trouver à la frontière du cœur de Darga ? Il a une forme de trèfle à quatre feuilles…. Cela me paraît très bancal. Et puis, c’est si grand ! Longer les remparts prendrait des heures, surtout lorsqu’on n’a rien à quêter, si ce n’est une similitude avec un symbole occulte. »

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Il n'est pas de complot sans Faye. EmptyVen 2 Fév - 16:43
La jolie chevêche sembla insister, à raison, pour prendre la place de Faye afin d'identifier clairement le tatouage inscrit sur la peau du macchabée. Elle s'était imposée d'une voix ferme mais non moins agréable qui eut pour effet de provoquer une douce sensation de familiarité chez la rouquine, comme si les deux jeunes femmes avaient partagé bien plus d'instants que cette première rencontre. Elle lui répondit par un sourire, celui dont elle seule avait le secret, avant d'approuver sa décision.

« Fais attention à toi Althou. » se permit-elle, espérant dédramatiser quelque peu la situation. « Essaie de ne pas nous ramener d'autres d'embrouilles en chemin... »

Son amie jeta alors un dernier coup d'œil autours de leur duo et, quand il fut clair qu'elles n'étaient pas observées, s'éclipsa en un instant pour rejoindre le cadavre abandonné un moment plus tôt. Dés lors, le poids de chaque seconde sembla peser sur les épaules de la flamboyante dont l'inquiétude n'avait commencé à germer qu'en voyant disparaître sa future disciple. Tout va bien se passer se répéta-t-elle en continu, pourtant à demi-convaincue par ses propres propos... Pouvait-elle alors se douter que Möchlög, peut être joueur, avait décidé d'entremêler finement leur destin de façon à ce qu'il leur soit impossible d'être séparées par un événement si "banal" - du moins, autant que peut l'être le meurtre d'une personne pour les individus de leur espèce... - ?

« Reviens... Reviens... »

Bras croisés, mordillant sa lèvre inférieure, la notion du temps lui était désormais inconnue et chaque paire d'yeux qui se posaient sur elle qu'ils soient bienveillants ou non lui provoquaient un frisson fort désagréable. Elle baissa la tête à de nombreuses reprises espérant ainsi échapper aux regards inquisiteurs des - trop - nombreux passants puis, enfin, fut rassurée de voir la belle faire irruption de la ruelle qu'elle venait d'emprunter. Sans mot dire, celle-ci conduisit l'adepte de Süns loin de la scène sanglante afin de partager ses trouvailles à l'abri des oreilles indiscrètes. Elle ouvrit alors un carnet jusqu'à une page tachetée de sang où se dessinaient deux formes semblables, la couleur désormais violacée bien plus prononcées sur la plus grande d'entre elles. Faye devina qu'il ne s'agissait là que de l'effet tampon du à la précipitation de sa partenaire. Elle se permit, après s'être vu confié le dessin, d'examiner plus en détail le symbole unique qu'Althéa avait tenté de reproduire le plus fidèlement possible, mais il ne semblait pas faire écho dans ses souvenirs. De son coté, la chevêche s'exclama suite à la découverte d'un nouveau mot, "Trèfle". Ce dernier trouva instantanément beaucoup de sens chez elle, mais elle sembla néanmoins bien déçue du manque cruel d'informations en leur possession...


« Le cœur de Darga pourrait effectivement être ce que désigne le mot trèfle. La lettre précisait également "sous le regard de Möchlog". Cela pourrait signifier que la sphère au centre de la ville nous aidera d'une certaine façon à trouver le lieu que l'on cherche ! » fit constater Faye avec émerveillement, tout cela résonnant comme un jeu d'enquête dans son esprit. « J'ose penser que le symbole, s'il n'est connu que des individus de la secte, doit cependant être visible de tous et qu'il n'est pas improbable qu'un habitué du secteur concerné l'ait déjà aperçu. Néanmoins, se renseigner à l'aide de celui-ci pourrait être à double tranchant... Et si l'on tombait par malheur sur l'un de ses membres ? » songea-t-elle subitement. « Quoi qu'il en soit... »


Déposant un peu de salive sur le bout de son doigt, Faye entreprit de nettoyer la tâche de sang qui s'était incrustée sur la couverture, ne laissant sur celle-ci qu'une légère différence de couleur qui passait bien plus inaperçue pourvu que l'on ne soit pas trop méticuleux... Rayonnante malgré les enjeux de leur situation, la jeune femme tendit son bien à la chevêche et attrapa sans son consentement sa douce main pour venir la déposer sur le carnet. Alors conserva-t-elle celle-ci à l'abri de la sienne, bien plus chaude que la température habituelle d'un humain.


« C'est peut être une question idiote à poser à une guérisseuse, mais tu vas bien ? Je t'ai imposé énormément de choses tout à coup, je pourrai comprendre si... » Elle s'interrompit un moment, comme si les prochains mots qu'elle allait prononcer la dérangeait d'une quelconque manière. Elle poursuivit finalement. « Si tu décidais de t'en aller. »

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Il n'est pas de complot sans Faye. EmptyJeu 15 Fév - 13:23
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Le surnom sonna comme une douceur, un sourire arraché sur ses lèvres immobiles. Althou. Bien après qu’il fût prononcé, alors que le cadavre avait été inspecté une seconde fois, et qu’elles circulaient bien loin de la ruelle où il reposait, ce nom attisait encore en elle une sorte de joie infantile. Althou. Elles s’étaient présentement mises en chemin vers le centre décisionnel du quartier de Möchlog, et la guérisseuse avait le pas léger que confèrent les compagnies agréables et la promesse d’une intrigue. Althou. Aussi, lorsque Faye lui rendit son carnet, et s’apitoya de quelque épreuve qu’elle lui aurait fait souffrir, Althéa y répondit par une perplexité heureuse.

    « M’en aller ? Pas de si tôt ! Je n’avais pas prévu d’entrer dans le vif de l’aventure aussi prématurément, mais je serai la dernière à dire que cela me déplaît. »


La tendresse de sa voix tranchait sans doute avec l’atrocité du meurtre auquel elles avaient assisté bien malgré elle, mais elle excellait à exprimer l’aspect impudique et insensible de la chevêche. C’était là la norme des guérisseurs Suhurs, n’est-ce pas ? Vénère la vie autant que la mort, car ni l’une ni l’autre ne mérite ton mépris, en cela que leur importance est égale à Möchlog. Non, en réalité, le seul choc émotionnel potentiel avait été effacé depuis qu’elle avait pu ôter son regard des chairs ouvertes du défunt. Une fois cette vision passée, ne restait plus aucune séquelle. Elle serra la main dans la sienne, doucement, et elles reprirent leur trajet.

La lune suivit sa traversée, la fête battait son plein, et les deux jeunes femmes suivaient les remparts, un peu vainement. Le mystère s’épaississait d’heure en heure, à mesure que la pénombre enlaçait la capitale. Une lumière bienvenue l’éblouit toutefois, attirant son attention par-delà les murailles. Ses iris ambrées reflétaient le cœur de Möchlog, éclairé par les nombreux brasiers dont étaient pourvus la place principale. Si elle fut touchée de cette présence, elle ne fit guère le lien avec le regard de Möchlog dont mentionnait la lettre. En revanche, les deux individus qui s’engouffrèrent devant elle dans une rue étroite l’interpelèrent par le signe discret qui ornait leurs tuniques.

Un coup de coude plus tard, elle désigna à la jolie rousse la direction des deux silhouettes qui s’éloignaient déjà, n’osant éveiller la suspicion en le faisant remarquer par la parole. Elle entraîna Faye à leur suite, désignant le carnet qu’elle tenait toujours dans la main dans le cas où elle n’aurait pas saisi son agitation, et son intérêt subit pour le couple – ce qu’elle doutait fort, au vu de la perspicacité de sa nouvelle amie. Ils bifurquèrent dans une rue à angle droit, et Althéa passa la tête avant de leur emboîter le pas.

    « On les… "interroge" ? »


Un murmure tout au plus, à se demander s’il était audible pour Faye tant sa voix était éteinte. Ces individus étaient inespérés, et les mèneraient peut-être vers la clef d’une énigme, vers un indice pour le moins. L’occasion était d’or, et l’opportunité éphémère.

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Il n'est pas de complot sans Faye. EmptyVen 9 Mar - 0:14
Bien qu'il lui paru égoïste de vouloir entraîner la belle Althéa vers d'aussi sombres mésaventures, la flamboyante ne pu que se réjouir de la réponse qu'elle formula. Son cœur s'accéléra soudain, son corps s'échauffa, la douceur des mains de sa partenaire au contact des siennes ne fit qu'accentuer la vague de sentiments qui la transcendait en l'instant. Quelque chose, soudainement, lui fit comprendre que la brunette, dans un avenir proche, occuperait une place prépondérante dans sa vie ; mais pouvait-elle seulement se douter que celle-ci déciderait d'emprunter une voie opposée à ses propres convictions ?

Faye n'ajouta rien. Elle se contenta d'arborer ce sourire devenu habituel et emboîta le pas de sa jeune acolyte. Autours d'elles, tous demeurait aussi festif et mouvementé qu'à l'accoutumée. Personne - ou presque personne - ne semblait se douter qu'à quelques mètres d'ici gisait un cadavre dans une flaque de son propre sang, qu'un meurtrier en liberté courait toujours dans les ruelles de la ville et que deux enquêtrices amatrices semblaient s'être soudainement mis en tête de percer le mystère qui entourait cet assassinat. Scrutant les alentours à la recherche d'un indice qui pourrait les mener à une piste, la Ju'äm n'aperçut pas les deux silhouettes vêtues de tuniques arborant un signe qui n'échappa pas aux yeux d'Althéa - malgré la discrétion de ce dernier. Sans même un échange verbal, le duo l'identifia comme celui recherché et passa immédiatement en filature, suivant sans trop de difficultés les deux individus qui ne semblaient envisager à aucun moment la possibilité d'être épiés.

Sa nouvelle amie décida de la questionner sur la suite du programme. Faye comprit sans grand mal qu'elles passeraient à coté d'une occasion de mettre la main sur des informations essentielles si ces deux hommes venaient à leur échapper. Il fallait agir maintenant, il n'y avait nul place pour la réflexion et se montrer convaincantes allait être essentiel pour obtenir ce qu'elles étaient venues chercher ! La rouquine dépassa sa partenaire en l'invitant, d'un geste du bras, à prendre quelques distances. Elle n'avait aucune idée de la future réaction des deux inconnus et, dans le doute, mieux valait-il s'attendre au pire...

La guerrière s'approcha bruyamment d'eux pour attirer leur attention puis, lorsqu'ils furent retournés, leur adressa un geste poli de la tête.


« Messieurs, pardonnez moi de vous accoster ainsi. J'ai pu remarquer que vous faîtes partis des "notres". » commença-t-elle, plongeant alternativement ses yeux dans les leurs. « Vous devez sans doute vous souvenir de moi, vous rappeler ma voix peut être ? Je suis nouvelle. »

« On te connais pas. Fou le camp d'ici ! » reçu-t-elle en guise de première réponse.

« Attends deux secondes Jacob. » intervint le second homme, visiblement plus intéressé. « J'ai aucune idée de qui est cette gonzesse mais elle semble connaître notre signe et prétend même faire partie des notre. »

« Et donc ? »

« ...Et donc, aussi naïve qu'elle semble l'être, cette fille en sait déjà beaucoup trop sur nous. Mademoiselle ? » adressa-t-il enfin à la rousse afin d'attirer une attention déjà parfaitement acquise. « Puisque vous êtes l'une des notre, j'imagine qu'il ne vous sera pas difficile de me citer la devise de notre secte ? »



Bien qu'elle fut préparée à ce genre de questions, Faye demeura hébétée quelques secondes. C'est finalement un rire qui sortit de sa gorge après d'intenses moments de réflexion. Les deux individus échangèrent aussitôt un regard traduisant leur mécompréhension ; le moins patient des deux décida, assez subitement, de s'approcher de la Ju'äm afin d'attraper violement son bras. La plaquant contre le mur le plus proche, il sortit un surin de l'une de ses poches et approcha celui-ci du cou de sa future victime. Il n'attendait qu'un signal de la part de son partenaire pour trancher la gorge de sa proie...


« Vous ne sortirez pas d'ici sans une réponse. Sans la bonne réponse, s'entend... » ajouta-t-il simplement, bras croisés sur son torse.

« Je... Je crois savoir. » mentit-elle.

« Si vous voulez bien cesser de nous faire perdre notre temps. Je ne me répéterai pas : quelle est notre devise ? »

« Deux pour le prix d'un ! »


Faye profita de l'incompréhension de ses agresseurs pour agir et administra un violent coup de genou en direction des parties génitales de son adversaire le plus proche. Le voyant plié en deux au sol sous l'effet de la douleur, elle devina qu'il était hors d'état de nuire pour quelques instants ; le second, malgré sa stupeur, réussit à reprendre contenance et tenta de frapper la femme au visage par un crochet du droit. Elle interrompit l'attaque à l'aide de ses deux paumes puis vint se saisir du bras de l'homme avant de décider d'une température convaincante pour réduire à néant sa volonté de combattre. L'individu tenta bien de se soustraire de sa poigne, mais la souplesse et la rapidité de sa tortionnaire l'empêchèrent de s'en défaire. Bientôt, il sentit son membre chauffer et ses gestes devinrent de plus en plus imprécis, bien trop maladroits pour faire lâcher prise à la jeune femme, quand bien même ils auraient atteint leur cible. Devant son évidente impuissance, il finit par tomber à genou aux cotés de son ami tout en suppliant l'adepte de Süns de l'épargner. Clémente, elle décida de le mettre également hors combat en lui assénant un puissant coup de pied au visage, projetant l'individu à terre ainsi qu'une partie de ses dents...

La tâche accomplie, elle s'étira longuement et adressa un sourire satisfait à Althéa.


« Je ne suis pas une bonne menteuse. » trouva-t-elle nécessaire de préciser.

Althéa Ley Ka'Ori
Althéa Ley Ka'Ori
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Il n'est pas de complot sans Faye. EmptySam 2 Juin - 12:08
Irys : 507592
Profession : Guérisseuse du Troisième Cercle
My'trän +3 ~ Suhury (femme)
Tout le temps de l’altercation, Althéa s’était tenue prête à intervenir, ne serait-ce par le biais d’un bouclier protecteur ou d’un renforcement subtile de la fibre guerrière de sa comparse. Elle s’était figée au son du rire cristallin de la rouquine, de la même façon que les deux nigauds avaient échangé un regard hébété et crétin. La seconde qui suivit fut celle des regrets et de la prise de conscience. La chevêche elle-même, pourtant dans la confidence des intentions de sa compagne, n’eut pas le temps de réagir proprement. Elle lui insuffla une vague d’énergie, mais elle aurait été bien incapable de savoir si elle fût réellement utile. Les deux acolytes se retrouvèrent à terre en moins de temps qu’il ne fallait pour le dire. A la déclaration contrite de Faye, elle eut un sourire démentiel qu’elle mua froidement en chaleureux contentement sous le couvert de la pénombre grandissante.

    « Je peux m’occuper des mensonges, si tu continues à te battre avec autant de grâce que tu ne danses. »


Ce partenariat insolite lui paraissait plus évident qu’elle ne voulait bien l’admettre. Elle se savait bien différente de la douce jeune femme qui l’accompagnait, mais elle ne pouvait nier cette proximité qui les avait frappées comme un coup de foudre amical, une rencontre insolite et inespérée dont les mécanismes s’enclenchent sans effort. Sans plus attendre, elle s’approcha d’un pas circonspect, et fouilla les assommés. Elle fit chou blanc ; pas de missive à dénicher ou d’indice supplémentaire. Il faudrait agir à l’instinct, et cette perspective suffisait à la rendre euphorique.

    « Enfilons leurs tuniques, et tâchons de trouver leur maudite devise ! Cette histoire m’intrigue, et m’effraie à la fois… »


Sa voix était montée d’une demi-octave, mais elle rectifia le tir aussitôt, occupant ses mains à débarrasser le corps inerte de son vêtement. A son plus grand étonnement – et pourtant elle eût pu s’y attendre - un tatouage identique au symbole de la tunique parait la poitrine de l’infortuné. Elle fut heureuse de constater qu’il ressemblait en tout point à l’esquisse qu’elle en avait faite. Une idée lui traversa l’esprit, un trait de génie elle l’espérait. Ses doigts décrivirent une vague au-dessus de la peau noircie, créant un halo doré et effacé autour de son mouvement, alors qu’elle tentait d’en extraire les particules métalliques de l’encre. Lorsqu’elle fit surface, elle la récupéra sur sa paume, et l’appliqua juste au-dessus de son cœur. Elle entreprit alors de l’imprégner à sa propre peau avec force de grimaces et de froncements de sourcils, tentant d’en faire une réplique la plus fidèle possible à partir du dessin du carnet plutôt que de se confier à sa mémoire. Le résultat fut relativement probant, bien que les pourtours étaient anormalement rouge vif pour l’heure. L’air espiègle, elle se tourna vers sa comparse.

    « Veux-tu le même chef-d’œuvre sur ta poitrine ? On pourra raconter que le premier soir de notre rencontre, nous sommes allées festoyer et se tatouer sans préméditation ! Ça sonnera comme une erreur de jeunesse à relater à nos petits-enfants. »


Son ton dissimulait très mal son ironie. Elle n’était pas une habituée de ce monde-là, celui des activités primaires et sans intérêts, et préférait s’en voir dissociée. Elle était faite pour de plus grands desseins, neutraliser une secte par exemple. Toutefois elle prenait goût à cet art qu’elle jugeait barbare jusqu’à présent ; elle réalisait maintenant qu’un tatouage définitif, à la gloire de Möchlog, ne serait pas pour lui déplaire. Quel meilleur moyen de dédier son corps et son âme à son architecte que de le marquer irrémédiablement en son honneur ? Elle sourit derechef à la rouquine, et attendit son aval avant d’entreprendre quoi que ce soit qui pût défigurer ce corps svelte et grâcieux.

Quelques instants plus tard, elles s’avançaient dans la direction empruntée par les deux badauds, lesquels reposaient paisiblement derrière le muret d’une maisonnette vidée de ses occupants pour la soirée de festivités. Un binôme similaire à ceux-là les salua au croisement de deux ruelles en avisant leurs tuniques, et Althéa leur rendit leur salut. Puis elles leur emboîtèrent le pas, et se laissèrent guider jusqu’à une bâtisse d’apparence abandonnée, dans laquelle les deux membres de la secte s’engouffrèrent malgré tout. Le binôme salua de concert leur camarade qui gardait l’entrée, et la chevêche haussa un sourcil à l’incongruité de leurs paroles.

    « Que le chaos règne, et l’Inconnu amène.
    - Que le chaos règne… l’inconnu Amen ? fit-elle avec un aplomb feint, en prenant la place de la jeune femme devant elle.
    - Je ne reconnais pas vos visages. Et c’est quoi ces peintures ?
    - Nous sommes les nouvelles recrues, mentit-elle, ignorant sciemment sa question désobligeante. »


La guérisseuse laissa entrevoir le tatouage encore rouge vif sur sa peau, comme pour souligner le qualificatif “nouvelles".

    « Ah ouais, on m’a parlé de vous, allez voir un I avant de rejoindre le rassemblement, la salle tout au bout du couloir. »


Coup du destin, les deux jeunes femmes entrèrent sans encombre. Visiblement d’autres recrues étaient attendues pour la soirée, et elles étaient arrivées avant. Restait à glaner le plus d’informations possibles avant qu’elles ne fassent leur apparition. Poussées par le regard du vigil, elles se dirigèrent docilement dans la direction indiquée, jusqu’à parvenir à une salle où l’on pouvait lire sur une plaque :


Accès réservé I & M
O s’abstenir
(sauf sur invitation)


    « On nous a invitées à rentrer ici, en quelque sorte, chuchota-t-elle malicieusement. »


Althéa frappa à la porte, confiante en sa bonne étoile. Aucune réponse ne fut donnée, aussi elle frappa une seconde fois, une montée d’adrénaline infiltrant progressivement ses veines. Encore une fois, personne ne répondit. Elle actionna la poignée, et fut presque surprise qu’elle cède sous sa poigne. La pièce était entièrement vide de monde. Elle entraîna sa rousse à l’intérieur, prenant soin de fermer derrière elle, et entreprit aussitôt d’examiner les lieux, en quête d’indices complémentaires sur les desseins de cette secte étrange avec laquelle elles fricotaient. Leur devise ne lui disait rien qui vaille, mais n’en expliquait que très peu à ses yeux. Elle soupira brièvement face à l’ampleur de la tâche qu’elles s’étaient fixée. A la fin de son expiration, ses poils se hérissèrent d’effroi au bruit de talons claqués dans le corridor.

    « Quelqu’un arrive, cachons-nous ! hurla-t-elle dans un murmure.»

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