Aurore c’était de nouveau assise, les lèvres closes, ses yeux vibrants d’une intensité nouvelle. Pourquoi était-elle ici, pourquoi avait-elle cru bon de débattre ce qui n’était plus à débattre depuis longtemps. Pire que la guerre était-ce seulement possible ? A ses yeux c’était plus que probable, le pire, ne serait-il pas que les My’träns se liguent les uns contre les autres ? Un bref soupir avait franchi la barrière de sa bouche, alors que ses doigts venaient s’entrelacer dans ce bout de tissu qui constituait sa tenue vestimentaire. Il redoutait la guerre, voulait rassembler juste pour rassembler dire fièrement que le peuple My’trän était uni, uni dans la mort, uni dans les décisions. La rouquine n’était pas d’accord et l’avait signifié par un hochement de tête grave. Cependant, Aure n’avait plus rien à rajouter, préférant déplorer du regard les paroles des uns et les agissements des autres. Les murmures commençaient à s’intensifier, les grognements aussi. L’inévitable avait fini par se produire, une femme au fond du lieu de réunion s’était levée pour prendre la parole, c’était son droit après tout. Elle tenait des arguments, semblait déterminer à ne changer d’avis ni même de positions, si ses propos choqua visiblement les personnes présentes, ce ne fut pas le cas de la mage qui se contenta de rester silencieuse. Perdue.
Qu’il était difficile de donner son avis sans que celui-ci n’est de réelle répercutions, elle aurait dû le savoir cette femme, elle aurait dû prendre conscience du risque qu’elle prenait. Le trouble avait fini par être définitivement jeté, chacun attendant une réaction du dirigeant qui n’arrivait pas. Ce fut certainement la chose qui déçu le plus la jeune femme, cette passivité, ce calme à toute épreuve, comme-ci rien ne pouvait l’atteindre, comme-ci les arguments ou les inquiétudes soulevés ne l’interpellaient pas, ne feraient en rien changer cette décision. Cette réunion n’était qu’une pommade, un moyen de faire passer l’information tout en donnant l’illusion que le choix revenait au peuple. Jolie technique, il avait dû se tromper d’architecte à idolâtrer. Zaël venait de perdre le respect de la mage, sans même s’en apercevoir et certainement d’autres personnes autour d’elle. C’est une autre personne qui reprit la parole, sous l’émotion, la colère, l’incompréhension. Celle-ci même qui avait déjà fait entendre le son de sa voix peu de temps avant. Aure l’avait écouté, avait compris ses propos, en partageait bons nombres, sans pour autant venir l’appuyer. La fin de ses arguments avait fini par régner et avec eux une vague de panique provoquée certainement par cette illusion magique que la rouquine savait reconnaître. Aure s’éloigna gentiment des personnes sujettes à la panique, rejoignant le milieu/fond de la foule.
C’était bien un sentiment d’incompréhension, mais aussi de mépris qui avait fini par animer le bas ventre de la jeune femme, qui tout comme sa compère désormais en mauvaise posture était finalement venue applaudir, se faisant par la même occasion de nouveau remarqué.
- « Quel magnifique spectacle, digne de l’unité recherchée, je suppose. Félicitation, Gharyn. Je suppose que votre réunion s’achève ainsi. »
Ooooh qu’elle était amère, qu’elle était déçue de ce représentant, de celui pour qui elle ressentait pourtant en arrivant un profond respect. Peu de personnes avaient dû l’entendre, ou même la remarquer, l’animation était certainement trop importante. Peu importe, à ses yeux, tout venait de se terminer avec cette agitation. L’homme venait simplement de prouver à tous qu’il était incapable de prendre une décision seul et surtout de contrôler un débat pourtant simple. Les deux émeraudes s’étaient déposés sur la silhouette féminine qui avait provoqué certainement involontairement tout ce remue-ménage un demi-sourire sur les lèvres, au fond la rousse l’enviait un peu, au moins elle avait eu de quoi appuyer ses propos, ce qui n’était pas son cas. Pour la voyageuse, il n’y avait plus grand-chose à dire ou à faire, il était simplement l’heure de se mettre à l’écart de regarder ce pitoyable spectacle. Lentement, Aure s’était frayée un chemin dans les mouvements de paniques de la foule, cherchant à s’isoler un peu de tout cet amas humain qui l’empêchait de respirer. Qu’est-ce qu’il allait faire à présent le dirigeant, sortir de cette torpeur, ou rester là, juste observateur et non acteur de tout ceci ? Finalement ça pouvait potentiellement être encore intéressant. Qui sait.