Peu à peu, je revenais vers Ünellia. Mon périple touchait à sa fin et j'en avais appris bien plus que ce que je ne pensais sur la magilithe. Mon apprentissage autodidacte m'avait mené jusqu'à Klumpen, ville que j'étais bien contente d'avoir quittée. Maintenant, il ne me restait plus qu'à voir de la magilithe à l'état impure mais pour cela, il fallait me rendre dans les mines de Celeist et c'était bien trop loin pour moi ! J'avais déjà trop voyagé et mon travail me manquait. Le manque de sous dans ma bourse me rappelait aussi à la maison. Il me restait pile assez pour rentrer.
Après quelques jours de voyage à cheval, j'étais enfin arrivée à destination et j'étais vraiment contente de ne plus avoir à supporter l'odeur de crotins et de paille que je laissais dans mon sillage. La vie de nomade n'était définitivement pas faite pour moi mais tant que les voies ferroviaires ne seraient pas plus sûres ni moins chères, ni plus complètes, je serais condamnée à monter à cheval. Enfin, je me plaignais mais j'étais bien contente de chevaucher seule au milieu d'immenses paysages absolument magnifiques. J'avais tout le loisir de réfléchir, de me poser et d'avancer surement. Ce temps passé au milieu des montagnes n'était que bénéfique pour moi et j'étais grisée par cette liberté qui me serait bientôt reprise. Tout ça me changeait d'Alexandria et je comprenais enfin pourquoi ma mère avait voulu vivre loin de tout, en Vereist. A cette pensée, mon coeur se serra : je doutais que cette plaie douloureuse ne se referme un jour.
Il n'y avait pas grand chose à visiter à Widerstand, c'était loin d'être une ville touristique. Ville portuaire située le plus au nord de Daënastre, elle était si difficile d'accès que j'avais souvent voulu faire demi-tour mais je n'avais pas d'autre choix d'itinéraires. Je ne savais pas vraiment où aller, cherchant seulement un lieu où me reposer. J'avais été assez mal reçue dans la première taverne et j'étais repartie, furieuse, en fusillant tout le monde d'un regard noir. Je devais vraiment faire peur car les gens s'écartaient sur mon passage. Je me rendis compte plus tard que mon allure était loin d'être avenante et qu'en plus de ça, je puais le cheval. Les raisons du refus étaient toutes trouvées. Avec un soupir, j'arrivai à la conclusion qu'il allait être difficile de trouver un lieu convenable où dormir.
Mes pas me menèrent au port et le son de la mer m'apaisa mais je ne pus malheureusement pas rester longtemps, le vent balayait la côte et si je n'étais pas obligée de supporter, je n'allais pas me l'imposer. J'aperçus un bateau se présentant comme une taverne et m'engouffra dedans, contente de trouver un refuge. A l'intérieur, c'était très beau et des colliers pendaient un peu partout. J'étais surprise par ce détail et en m'approchant, je m'aperçus que ce n'était pas des bijoux ordinaires et j'étais bien placée pour le savoir. La pierre était de la magilithe. Mon âme de joaillère ressortit et mon objectif premier de trouver un lit sortit de ma tête. Au diable mon allure, mes cheveux emmêlés, il fallait que j'examine ces étranges colliers de magilithe.