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Chroniques d'Irydaë
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 Le remède de la tablette

Invité
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Le remède de la tablette EmptySam 25 Nov - 0:48
-Je ne fais qu'un avec l'eau, l'eau ne fait qu'un avec moi....
Entends mes paroles, toi qui est l'eau


Le vent souffle dans les hautes montagnes de Khurmag entre Foreal et Reoni, et dans le froid meurtrier, j'avance face aux vents. Cela faisait déjà quatre jours que je marchais dans la neige et le froid, psalmodiant un psaume en l'honneur de ma déesse Dalai.

- je ne fais qu'un avec la glace, la glace ne fait qu'un avec moi...
Entends mes paroles, toi qui est la glace


En ce jour de novembre 932, un froid mordant passait à travers la steppe, mais je ne sentais rien, rien hormis l'amour de Dalai me réchauffant le cœur. Je regardais alors le paysage que Dalai offrait à mes yeux, une immense masse neigeuse se mouvait dans le vent créant un balai de flocons et de glaces aussi harmonieuses que chaotiques dans le ciel éclairées par les astres luminescents, aurores aux mille couleurs et véritable guide de lumière.
Ce ne pouvait être rien d'autre qu'un signe envoyé par ma déesse, un signe me disant que j’approchais !

- Je ne fais qu'un avec Dalai, Dalai ne fait qu'un avec moi....
Entends mes paroles, toi qui est ma mère


Comme pour confirmer ma pensé, de vieilles ruines, en partie emprisonnées dans la glace, apparurent. Les murs de pierres noircies par le temps offraient un curieux mélange avec la blancheur immaculée de la neige.

- Dalai sois louée !

J'entrais dans les ruines, message des temps anciens, à la recherche de mon objectif. Le temple m'avait envoyé rechercher une tablette, artefact contenant, parait-il, un remède aux anomalies.

- Qu'es que... ?!

Des traces apparurent, la pierre fut cassée, la glace brisée, un reste de feu mort gisait au sol. J’entrais dans une grande demeure, sans doute un ancien temple à moitié prisonnier dans la glace. Je vis alors un spectacle aussi magnifique qu'horrifiant. Un mur de glace coupait la pièce en deux, et en son centre un trou béant creusé à la pioche saccageait l’œuvre de Dalai visant à protéger la relique. J'approchais alors l'antre creusé par les pillards et découvris l'inimaginable, une partie de la tablette était toujours emprisonnée dans la glace, l'autre fut brisé et volé !

- Je le tuerai ! Oh nom de Dalai, je tuerai le monstre qui a fait ça !

Une déferlante de colère accrue en moi telle une vague emportant toutes autres émotions sur son passage et la magie sortie, puissante, violente, de la vapeur se mit à monter dans le ciel, reste de glace et de neige portée à ébullition par la colère. Cela dura une bonne heure, une heure de rage !
La tablette était libre.

La colère enfin passée, je pris soigneusement la relique brisée et l’enveloppas soigneusement dans un  tissu sombre pour la protéger et la glissas dans le haut de ma tenue traditionnel.

Je sortis alors des ruines, Foréal était la ville la plus proche et c'est là qu'il se rendait.

Luka Toen
Luka Toen
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Le remède de la tablette EmptyDim 26 Nov - 19:20
Irys : 594730
Profession : Historienne et naturaliste à ses heures perdues, médecin officiellement
Guilde +2 (femme)
« Vraiment ? Vraiment Jean-Philippe, tu vas nous faire une scène ici ?! s’écria une Luka courroucée dans la désertique froideur de la neige. »

Le vent qui avait considérablement forci ces dernières heures emporta ses mots à des milles d’ici, arrachant à ses lèvres bleuies un nuage vaporeux. Dire qu’elle était glacée jusqu’aux os était probablement un euphémisme : nul doute que ses cellules même devaient hurler à la mort face à un tel traitement, recroquevillée sur elle-même à la manière d’un animal blessé. Où donc était passé son soleil, ses siestes estivales à la lumière des fenêtres et le doux son des cigales ? Son cher Zochlom lui manquait terriblement en cet instant, elle qui avait grandi parmi tout ce sable chaud et ces côtes d’eau tiède aux allures de paradis.

« C’est la troisième fois que tu me forces à descendre pour venir te régler ton compte, sale cabot entêté… »

Oui, vociférer lui procurait un gain non négligeable d’énergie supplémentaire. Elle rajusta sur son cou l’ample fourrure de Khyanalt dans laquelle ses vêtements d’hiver avaient été cousus, et déchaussa de sa selle pour la troisième fois en une après-midi. Jean-Philippe de son charmant nom, lui accorda un regard digne des plus grandes scènes de théâtre, poussant avec bouderie la neige qui entachait ses sabots. Elle ne put se souvenir de la raison qui l’avait poussée à prendre ces deux bestiaux pour voyager quelques jours auparavant, mais elle espérait qu’elle fut toujours suffisamment bonne pour ne pas étriper le fauteur de trouble…

« Arrête donc tes simagrées, ce n’est qu’une pente comme une autre par tous les Architectes. Si on m’avait dit que je m’apprêtais à acheter un cheval aussi capricieux… Regarde Benoîts, il obéit lui. »

Avait-elle déjà dit combien elle détestait les chevaux ? Des simulacres de dragon sans aile, sans écailles ni feu. Autant dire plusieurs handicaps sérieux et rien susceptible de faire briller ses prunelles. Elle n’avait toutefois pas eu le temps de s’attacher les services d’un Bukh, l’animal étant certes familier des milieux enneigés mais guère capable de prouesses de vitesse. Le Khoral arrive l’avait-on mise en garde. Une question de jours, d’une poignée de battements de cœur et l’entièreté de la zone serait impraticable et mortelle. Du moins, infiniment plus qu’elle ne l’était déjà ! Or, le temps était justement un luxe qu’elle ne pouvait se permettre. Elle regarda une nouvelle fois l’ancienne carte en peau séchée qu’on lui avait transmise, tout en resserrant les sangles qui maintenait son équipement sur Jean-François. C’était étrange. Elle avait l’impression d’avoir quadrillé la zone, mais quelque chose lui échappait toujours. Les fondations d’un temple de cette envergure ne pouvaient pas passer ainsi inaperçues, même à travers toute cette neige ! Il en subsisterait forcément quelques pierres, la base d’une colonne à demi ensevelie, effondrée…

C’est alors que sa semelle heurta un obstacle invisible, et qu’un grondement de mauvais augure vibra dans la glace sous ses pieds. L’instant d’après, le plateau entier s’effondrait comme une vasque trop remplie, emportant sa malheureuse victime dans un roulis de neige catastrophique. Le bleu du ciel se déroba à ses yeux, engoncée dans une matière de soie blanche gelée qui l’entraîna malgré elle cinq mètres plus bas, précédée par les échos de son cri surpris. Elle ne sut trop comment mais la terre finit pourtant par se stabiliser peu après, désormais étendue de tout son long dans un fatras de débris qui lui rappelaient…

« Le temple ! »

Elle dut faire un effort pour extraire ses jambes de la neige environnante, se retourner sur le ventre et se hisser sur ses pieds quelque peu flageolants. Si son cœur battait à présent la chamade de l’excitation causée par cette découverte, ses prunelles perçurent un mouvement à la périphérie de son champ de vision : il y avait là quelqu’un, ou quelque chose. Son corps trouva instinctivement sa position de défense, et elle regretta une fraction de secondes le port de ses moufles qui n’avaient ma foi rien d’impressionnant.

« Qu’est-ce que vous… »

L’individu – car c’était bien un être humain – se tenait à moins de deux mètres d’elle, un objet soigneusement emballé dans un carré de tissu. Il n’en fallut pas plus à Luka pour dresser mentalement le résultat logique qui s’imposait : cet homme était un pilleur de ruines et s’apprêtait à dérober le fruit de toutes ses recherches. Autrement dit, la possibilité d’un remède pour Faye.

« Je vous préviens, gronda-t-elle, ce temple est sacré pour les fidèles de la région… Je ne peux vous laisser vous enfuir en volant impunément les trésors sacrés des anciens. »

Ô combien se trompait-elle, perdant leur temps à tous deux pendant que les véritables coupables avalaient toujours plus de distance !


Dernière édition par Luka Toen le Ven 1 Déc - 23:59, édité 1 fois

Invité
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Le remède de la tablette EmptyDim 26 Nov - 21:46
Je ne comprends pas... J’étais là, dans la neige et voilà cette créature débouler de nulle part qui atterrit, se relève, faibli et se ressaisit dans une position de combat des plus douteuses. Mes pensé s’emmêlent, réfléchir, il me faut réfléchir !

Tout d'abord, analyser les mots qui sortent de sa bouche ! Mais elle n'est ni logique, ni pertinente ! « je vous préviens, ce temple est sacré... » je le sais ça, sinon je ne serais pas là ! Pour qui il me prend ? Ne voit-il pas que je suis un moine ? « ...enfuir.. » je ne prends pas, non-plus, mes jambes à mon coup, et j'en ai encore moins l'intention ! « ...volant impunément les trésors sacrés... » Dalai m'en est témoin, cette personne n'a plus toute sa tête ! Comment pourrais-je voler un trésor qui n’existe pas ? De plus je ne suis pas un voleur. Aucune logique dans les mots en eux-mêmes mais l’intonation de la voie ainsi que la gestuelle laisse présumer une offensive pour un but que j'ignore ? Sans doute, un bandit voulant récupérer mes possessions.

Étrange, ça tenue en surépaisseur, ces mouvements rigides et maladroits indiquaient tout de son inconfort ou inaptitude d'un terrain enneiger et au froid qui règne dans les montagnes. N'a-t-il pas chaud ? Moi qui ne ressens guère le froid malgré le léger habit de moine laissant mes bras nus à la morsure du vent. J’effectue un léger fléchissement des genoux, positionne mes bras dans le dos, il y a suffisamment d'eau autour de nous pour rendre inutile l'utilisation de mes gourdes. Une seule certitude, il ne pourrait jamais m'atteindre en cas d’offensive. Et je dois en finir vite pour retrouver l'autre morceau de tablette !

La personne s'ébroua, déterminée. La capuche en fourrure glissa légèrement, laissant voir le visage.
Choc !
C'est une femme ! Une femme dans un environnement hostile. Donc une femme forte et suffisamment inintelligente pour se débrouiller seul. Une femme tombée. Maladresse... ? Piège... ? La question du « pourquoi est-elle là ? » revient. Que cherche-t-elle ? A-t-elle besoins d'aide ? De secours ? Elle me fixe de son regard courroucé, je panique. Et les mots sortent de ma bouche comme le flot d'une rivière que je ne peux arrêter.

- La seule chose qui mérite d'être volée dans ces montagnes est votre cœur, jeune femme à la beauté rivalisant avec la splendeur de ces montagnes.

Dis-je, un sourire charmeur aux lèvres, une main sur le cœur, l'autre bras nu, tendant vers la douce créature une rose de glace finement ouvragée.

- Jamais je ne voudrais vous contrarier et j'en suis profondément navré si c'est le cas et vous pris de bien vouloir pardonner votre humble serviteur.

Luka Toen
Luka Toen
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Le remède de la tablette EmptyLun 27 Nov - 18:14
Irys : 594730
Profession : Historienne et naturaliste à ses heures perdues, médecin officiellement
Guilde +2 (femme)
Luka ouvrit la bouche, la referma sitôt après. Une demi-douzaine de possibilités franchit son esprit avant que la pointe foudroyante du scepticisme ne frappe son visage. Quoi ? C’était une blague… ? Était-ce bien cela ? Elle dévisagea durant un temps au moins aussi long que la création du monde son interlocuteur, puis ses prunelles firent la navette entre la rose de glace délicatement sculptée qu’il lui tendait et son air de véracité pure. Alors la révélation se fit, prodigieuse de surprise. Cet individu était sincèrement charmeur, un franc-tireur de la drague que son aspect de donzelle avait immédiatement stoppé dans ses velléités d’attaque. Elle l’avait bien vu, cet instant où ses genoux s’étaient fléchis dans une posture similaire à la sienne tandis qu’il ne dégainait aucune arme. Mais il avait renoncé – peu importe ce qu’il s’apprêtait à faire. Un professionnel du corps à corps comme elle ou un mage suffisamment aguerri dans ses capacités pour ne pas craindre d’avancer mains nues… ? A moins qu’il ne sache faire tournoyer ce bâton qu’il tenait mieux que sa langue. Elle tergiversa en son for intérieur, grimaçant à l’idée que ses gantelets et Kharan Shar devaient se trouver les Architectes seuls savaient où harnachés à Jean-Philippe, d’aucune utilité pour elle à l’instant T. Si elle ôtait ses moufles pour combattre, le froid la gagnerait aussi sûr que le soleil se levait au centre du monde, et la perspective de perdre un ou deux doigts ne l’enchantait guère. Il ne restait par conséquent à priori qu’une seule solution…

« Merci, finit-elle enfin par lui répondre avec lenteur, c’est très aimable à vous. »

Elle saisit délicatement son nouveau cadeau, l’impression très forte de participer au gag de l’année imprimée dans ses veines. Soit ce Monsieur était un très étrange voleur qui n’avait visiblement pas bien compris comment orchestrer son métier, soit elle s’était trompée sur toute sa carrière.

« Excusez-moi de passer directement aux choses sérieuses, mais il fait comme qui dirait très froid par ici. Aussi, très cher humble serviteur dévoué, une question me turlupine… Par la crête emplumée de Möchlog, que faites-vous ici ?! »

Histoire d’apporter de l’eau à son moulin, elle désigna des deux bras – pour être certaine qu’il comprenait l’incongruité de la situation – la vaste salle en ruine derrière eux. Après quoi pointa-t-elle un doigt curieux sur le petit paquet de toile qu’il tenait toujours prudemment contre lui :

« Et qu’est-ce que ceci ? S’agit-il de la fameuse tablette traitant des Anomalies, produite par une ancestrale tribu de Khurmag à l’âge d’or des My’träns ? »

Elle n’attendit guère de réponse : difficile d’être attentive lorsque l’on faisait déjà les cent pas, les bras croisés sous sa poitrine et deux doigts tapotant pensivement ses lèvres. Heureusement finit-elle par s’immobiliser avant de creuser une ornière dans la neige, effectuant un merveilleux volte-face pour se précipiter dans ce qu’il restait du temple. Une seule salle paraissait avoir en partie survécu aux affres du temps, baignée d’une lumière bleue cristallisée que son cocon de glace avait créé. Le tout lui rappelait vaguement les igloos dont certaines tribus d’Als’kholyn se targuaient, mis à part qu’il s’agissait d’une cavité entièrement naturelle probablement provoquée par un effondrement du terrain il y avait de nombreuses années. Les pierres subsistantes de la voûte avaient empêché la neige de recouvrir l’entièreté du site pour ne former qu’un grand tas au centre de la pièce. Elle le contourna d’un pas vif pour se pencher sur la stèle désormais vide de la tablette, confirmant ses soupçons… Il y avait mieux encore, puisqu’un reste de campement aux cendres encore tièdes trônaient dans un coin.

« … Comment expliquez-vous donc ceci si vous n’êtes pas un pilleur de ruines ? »

Pas de traces d’accusation dans sa voix cette fois-ci. Elle était à présent persuadée qu’il n’avait pas de mauvaises intentions, mais ne s’expliquait toujours pas ce qu’il faisait en ces lieux.

« Oh, et si vous avez des soupçons sur moi, ne vous inquiétez pas. Je me nomme Luka Toen, je suis historienne de profession, parfois un peu scientifique. Je mène disons… Quelques recherches nécessitant à tous prix les connaissances que renferme cette tablette. »

Illogique dans son attitude ? Peut-être, néanmoins c’était là la difficulté de son tempérament. Lorsque quelque chose avait attiré son intention, elle fonçait tête baissée sans se soucier de sauter incessamment du coq à l’âne ou de si son interlocuteur parvenait à suivre ses fantaisies…

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Le remède de la tablette EmptyMar 28 Nov - 16:05
Heureux, je regarde cette magnifique personne tendre la main vers la mienne pour récupérer la fragile sculpture que je lui tendais.
Elle me regardait d'un aire quelques peut intriguer et mal alaise mais la couleur légèrement rosée de ses joues et la dilatation, quoi qu'infime, confirmait que cette petite attention lui avait fait plaisir et la rassurait. Puis mon regard retomba un peu sur les lèvres de l'inconnu, le ton bleu violacé de celle-ci ne laissait aucun doute sur son opinion vis à vis du temps glacial qu'elle, contrairement à moi, devait sentir comme un coup de poing dans le ventre.
Un instant suffit pour commencer un exercice que j’avais pratiqué durant tout son séjour au temple, je me concentrai sur les restes du temple où j'avais trouvé la tablette et me mis à faire fondre la neige en eau et porté cette eau à ébullition, apportant une chaleur digne d'un des hammams les plus luxueux de tout My'tra et qui emplissait la pièce lassant échappé un léger nuage de vapeur.

« Merci », nouvel affluent de plaisir venant me réchauffer le cœur et par la même occasion la pièce. Sentiment que je ne pus analyser, car un ouragan de questions l'accabla de plusieurs sujets de réflexion.

Comment était-elle au courant pour la tablette et pourquoi l'intéressait-elle ? Était-elle ou connaissait-elle une anomalie ? Je la regardai faire une analyse de la situation avec délectations. Cette femme était un véritable livre ouvert, tout d'abord elle le regardant lui, puis sont champ de vision s'agrandi pour observer longuement la porte du temple et le tas de cendre au sol.

Nouvelle question que je répondis avec un petit sourire qui ne cachait en rien mon plaisir que j'avais à ne pas répondre directement.

- Je ne l'explique rien, je déduis les éléments passés et présents par la logique. Je vous propose d'en discuter plus simplement dans un lieu plus propice à vos besoins physiques.

Je me dirigeai alors vers les restes de la porte du temps, et tout en faisant tomber le haut de mon kimono sur mes hanches, je pénétrai l'antre de l'ancien temple.
La vapeur y avait pris place investissant le lieu d'une chaleur presque suffocante, levant les yeux vers le plafond, j’aperçus un morceau du toit pris par la glace que j'entrepris de faire fondre pour créer une cheminée de fortune et rendre la pièce plus vivable.
Puis j'attendis l'inconnue, assis en tailleur aux pieds de la stèle.

Luka Toen
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Le remède de la tablette EmptyLun 4 Déc - 14:41
Irys : 594730
Profession : Historienne et naturaliste à ses heures perdues, médecin officiellement
Guilde +2 (femme)
Prenez garde à ce que vous désirez, disait un vieux proverbe my’trän. La pièce s’était métamorphosée en un four grandeur nature qui s’apprêtait à avaler Luka d'une seule bouchée. Elle tira sur le col de ses vêtements d’hiver, mourant d’envie de se délester d’une ou deux couches de tissu pour apprécier plus pleinement cette ambiance de hammam du sud, la neige fondue dégoutant de sa fourrure et de ses longs cheveux flammes dans une humidité qu’elle n’était pas certaine de vouloir vraiment. Elle essora sa crinière d’une habile torsade, s’ébrouant comme un animal agacé dans le tintamarre de l’eau ruisselante qui régnait désormais en ces lieux. Cela partait d’un bon sens, mais elle ne put s’empêcher de songer aux dégâts irrémédiables qu’une telle magie risquait de provoquer sur la structure. Certes la pierre était résistante, mais le temple était ancien et pris dans la glace depuis plus d’années que ses visiteurs n’en avaient vécues. Nul doute que cette bulle de chaleur allait dilater et disjoindre les liants des murs, voire provoquer de nombreuses fissures de par le contraste saisissant avec le Khoral qui s’installait dehors. Déblayer un monument en ruine demandait du doigté et un savoir-faire exemplaire en archéologie…

Attristée, elle ôta l’une de ses moufles et passa sa main sur les anciennes gravures de la façade ouest. Des symboles en my’trän originel, rendus indéchiffrables par l’affaissement de certains morceaux au fil du temps. Une fresque débutait quarante centimètres plus loin, caractéristique d’une période où le peuple était heureux et souriant sous la surveillance des Dieux constructeurs. Etait-ce là un bout de bec de Khugatsaa… ? Elle s’arracha à contre cœur de ses études, consciente qu’elle n’avait guère le temps de les analyser pour le moment. Elle n’avait qui plus est aucun parchemin sous la main, impossible de réaliser le moindre frottage intéressant. Il lui faudrait revenir l’année prochaine lorsque la météo serait plus clémente, et prier pour que rien ne se soit dégradé entre-temps. Qu’importe ? Sa priorité allait de toute façon à Faye, et même si elle devait se faire violence, elle n’avait pas le luxe de s’enthousiasmer sur le savoir que renfermait potentiellement cet endroit…

« J’arrive dans un instant, marmonna-t-elle. »

Elle n’appréciait pas son unique réponse sibylline, puisqu’il refusait de toute évidence de partager ses informations avec elle. N’était-ce pas le bon moment pour lui expliquer justement ce qu’il faisait ici, lui montrer la tablette, et devenir un interlocuteur loquace ? Ou s’amusait-il à la voir se triturer l’esprit sur des réponses qu’elle n’avait pas ? Elle l’observa dégager une cheminée dans la toiture, promenant sur sa silhouette le jade attentif de ses prunelles. Soit il s’agissait d’un fidèle de Süns, soit d’un fidèle de Dalai. Autant dire le jour ou la nuit. Une autre hypothèse était plausible, mais de moins bonne augure pour Luka… S’il était un fidèle de Khugatsaa et tout ceci une simple illusion, il était probable qu’elle soit agonisante sous trois mètres de neige à l’heure actuelle, un sourire benêt sur les lèvres, convaincue d’être en vie dans un hammam trois pièces. Superbe manière de mourir.

Elle s’accroupit près du campement abandonné, roulant entre ses doigts habiles un morceau de cendre. Outre qu’elle était à présent humide, l’intérieur était encore tiède d’une activité passée. Au vu de la température qui régnait à son arrivée, les pilleurs avaient dû déserter la zone à peine quelques minutes avant l’arrivée de son mystérieux inconnu. Peut-être même que le bruit étouffé de ses pas avait alerté les malfrats, les forçant à battre en retraite… ? C’était étrange. A plusieurs contre un, animés par l’appât du gain, l’affrontement aurait été logique ! Or ils étaient repartis le plus librement du monde, sans avoir rien gagné ni obtenu de cette expédition, Staèl détenant la tablette ? Non, quelque chose ne collait pas. Elle fronça les sourcils, haussant la voix pour se faire entendre de son partenaire du jour par-dessus le ploc ploc incessant du temple :

« Cet endroit contenait-il d’autres trésors, à part la tablette ? »

Elle se releva d’une souple détente, le rejoignit à l’entrée en deux enjambées. La lumière crue du jour réverbérée par la neige l’étourdit un court instant, fauchée par le froid glacial du vent qui n’avait encore cessé de s’amplifier. C’était peine perdue. Jamais la moindre marque ne subsisterait dans un environnement pareil, une trace de semelle rapidement ensevelie par le souffle d’Amisgal.

« Qu’y a-t-il droit devant… ? »

Elle n’attendit pas sa réponse, la carte de la région gravée dans son esprit avec l’habitude conférée par une vie passée sur les routes.

« Forëal. »

Il n’y avait rien derrière eux à des milles – elle le savait, c’était précisément de là qu’elle venait -, et le Khoral approchait tel un cheval lancé au triple galop qui bientôt dévasterait toute vie à la ronde. Pour deux ou trois humains dont la mission venait d’échouer, quel était le plan de secours… ? Ils n’avaient d’autre choix que de se rabattre sur la ville la plus proche, faire le compte de la situation et de leur équipement, puis d’aviser. Autrement dit, Luka misait sur un 80% de chance de les retrouver à Forëal !

« Vous savez quoi ? Une ville conviendrait tout à fait à mes besoins physiques. »

Elle porta sa dextre à ses lèvres et émis un long sifflement nuancé. Elle remit alors sa moufle, revigorée par la perspective de tirer tout cela au clair, et n’eut pas à attendre plus de deux minutes avant qu’un hennissement encourageant ne franchisse le hululement du vent pour annoncer l’arrivée de ses chevaux. Collé l’un à l’autre, ils ne paraissaient pas avoir souffert de son absence, bien que ses affaires soient présentement recouvertes d’une fine couche de poudreuse.

« Vous savez monter à cheval ? »

Pas folle pour autant, elle récupéra ses possessions les plus importantes du dos de Jean-Philippe pour harnacher le tout sur Benoits, sa monture principale. Elle ne le connaissait guère, il restait absolument capable de disparaitre en pleine nature avec son équipement… Perdre un cheval lui importait peu, se retrouver sans eau ni nourriture dans cet enfer, beaucoup moins.

« Il s’appelle Jean-Philippe. Mauvais nom, je sais, mais c'est excellent pour la mémoire. Mettons-nous en route, vous avez quelques explications à m’offrir que j’ai hâte d’écouter… »

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Le remède de la tablette EmptyLun 4 Déc - 17:04
En quoi nommer un animal Jean-Philippe pouvait être bon pour la mémoire !? C'est la question que je me pose en montant sur la monture. Ayant vécues les premières années de ma vie dans l'aristocratie, évidemment que je savais monter à cheval, évidence même, qu'au nord ce trouvait Foreal. Et comme je dois mi retrouver au plus vite, une monture serait un gain d'énergie par rapport un surf de glace, et même si l'animal était moins rapide, dépenser de l'énergie serait stupide au cas où je tomberais sur le blasphémateur. Mais une dernière dépense d'énergie était nécessaire avant le départ. Je fis faire volte face à Jean-Philippe et me concentras.

- Je ne fais qu'un avec l'eau, l'eau ne fait qu'un avec moi.
Entends mes paroles, toi qui est l'eau
Je ne fais qu'un avec la glace, la glace ne fait qu'un avec moi.
Entends mes paroles, toi qui est la glace
Je ne fais qu'un avec Dalai, Dalai ne fait qu'un avec moi
Entends mes paroles, toi qui es ma mère


Montant tel un baume protecteur, la glace grimpa le long des murs du temple, le figeant et le protégeant de toutes dégradations telle une armure de cristal figé dans le temps. Chose faite, je fis avancer la monture vers le nord où Foreal m'attendait. Pendant le chemin, quelques éclaircissements s’imposaient.

- Comment connaissez-vous l’existence de la tablette ? Et pourquoi la cherchez-vous ? La tablette n'appartient à personne et il est de mon devoir de la retrouver et de la protéger afin de la ramener en lieu sûr.

La neige et le vent ralentissaient les chevaux dans ce décor vertigineux de bleu et de blanc. Et la neige effaçait rapidement les traces des deux destriers, présage que je ne trouverais aucune trace du pilleur. J'observas donc la demoiselle sur sa monture, la rapidité qu'elle avait fait preuve pour déplacer ses affaires d'une monture à l'autre exprimait avec clarté le manque de confiance qu'elle portait à mon égard. Mais peu m'importe, l'important était de retrouver l'autre fragment de la tablette et la rapporter au temple.

Luka Toen
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Le remède de la tablette EmptyMar 5 Déc - 18:40
Irys : 594730
Profession : Historienne et naturaliste à ses heures perdues, médecin officiellement
Guilde +2 (femme)
Elle l’observa faire de ses grands yeux curieux, retournée sur sa selle pour ne pas perdre une miette de ce spectacle étonnant. Plusieurs années passées au contact des My’träns et la moindre démonstration magique la saisissait toujours autant, un instant subjuguée par ces forces surnaturelles capables de dévider des montagnes et plier l’océan sous une caresse. Ainsi, il s’affiliait à Dalai. Nul autre Architecte n’aurait pu manipuler la neige et la glace pour reformer la gangue de protection autour du temple, et elle commençait à croire avec conviction qu’elle ne mourrait pas d’ici peu en proie à une illusion. Qui était-il… ? Le mystère qui régnait autour de son identité était décidément une sacrée épine dans son pied, ne cessant de la gêner aux entournures dès qu’elle s’essayait à un mouvement. Enjoignant sa monture à attaquer la pente, elle prit le temps de réfléchir à ce qu’elle comptait lui dire. Elle n’était ni dissidente ni hostile aux My’träns, mais ses recherches sur les Anomalies pouvaient constituer à elles seules un péché. Dès lors que l’humain tendait à comprendre le sacré, un nombre incalculable de tabous se dressait souvent sur sa route… Que dire pour qu’il ne la confonde point avec une ennemie, elle qui n’avait pour unique désire que la compréhension de cet univers et des lois qui le régissaient ?

« J’ai appris son existence grâce au hasard principalement. Il est vrai que je cherchais un artefact de ce type dans les archives des Cercles de l’Aube, mais finalement… C’est une vieille dame sur un marché d’Eoril qui m’a vendu une carte menant à cette tablette, après l’avoir confondue durant des années avec un torchon usé. »

Elle grimaça au souvenir de cette terrible hérésie, regrettant l’insouciance et l’ignorance des citadins. Nombre d’œuvres d’art étaient notamment régulièrement passées au crible de leurs erreurs, utilisées au mieux comme paillasson, au pire revendues pour une Irys cinquante en décoration d’étable.

« Votre devoir de la ramener en lieu sûr… ? »

Elle lui adressa un regard en coin fort explicite, mais n’approfondit pas davantage sa pensée :

« Hé bien considérez que mon devoir personnel est de récolter et réunir les connaissances oubliées qui parsèment Irydaë afin qu’elles servent un jour aux jeunes générations. La transmission de l’histoire est primordiale pour un peuple si l’on veut savoir où l’on va. Je suis médecin vous savez. Si je peux aider la société à ne plus souffrir de la présence des Anomalies… Ces recherches sont importantes. »

Elle laissa l’ambivalence de ses propos trouver son chemin dans l’esprit de son interlocuteur. Qu’il soit favorable à l’extermination des Anomalies ou tout au contraire à leur guérison, il était libre d’opter pour sa version de l’histoire sans que cela n’entache la crédibilité de Luka. Qui était, bien sûr, entièrement pour la voie pacifique du sauvetage.

« Je n’ai donc en aucun cas l’intention de m’approprier ce trésor de la culture my’trän, simplement de la traduire pour ne garder avec moi que les connaissances que cette tablette contient. Et vous, quelle est votre ambition ? Vous ne vous êtes toujours pas présenté si je puis me permettre. »

Pour la première fois depuis leur rencontre, elle l’encouragea d’un charmant sourire. Après tout, ils étaient partis pour deux jours de voyage au minimum, et il était dans son tempérament de s’ouvrir naturellement aux autres. Comment apprendre d’eux s’ils ne daignaient se décrocher un seul mot en quarante-huit heures à cause de bouderies d’enfant ?

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Le remède de la tablette EmptyMar 5 Déc - 21:00
Un long silence s'ensuivit. Parler du temple était prohibé, surtout aux Laics, ce que la jeune femme devait être vue les yeux exorbités qu'elle avait quand j'ai protégé le temple grasse à la magie de Dalai. Parler de Ma famille serait un moindre mal, mais mieux valait rester prudent et garder la surprise en arrivant à la demeure familiale. De plus, l’évocation du Cercle de l'Aube m'intrigue, et les  secrets du temple doivent être préservés à tout prix. Qu'elle lise la tablette ne pose aucun problème, par contre, il faudra par contre en tenir le conseil informé.

- Je me nomme Staèl, et comme le montre mon apparence, je suis un moine. Mon ordre et moi cherchons à protéger les savoirs anciens, et fair en sorte qu'il ne tombe pas dans de mauvaises mains. Je suis arrivé trop tard cette fois-ci, les pillards on dut briser la tablette et en ont emmener une partie dans leur fuite, partie qu'il me faut retrouver à tout prix.


J'ai exécuté la tirade sans un regard sur cette jeune femme. Les choses les plus simples sont souvent oubliées.
Je laissas le vent soufflet dans une bourrasque plus forte que les autres, pour continuer à sa retomber.

- Mon frère vit à Foreal, il nous aidera à trouver les pillards et à récupérer l'autre fragment.


Le soleil déclina lentement à l’horizon, teintant le ciel de couleurs allant du violet à l'orange. La neige était encore prédominante dans cette zone des montagnes, et la nuit sera fraîche, sûrement trop fraîche pour sa compagne pour qu'elle continue d’avancée de nuit.

- La nuit arrive, faisons halte pour monté le camp.


Ajoutant aux paroles le physique, je descendis de la monture, pour tendre les bras. La neige se mit à gondoler et format un igloo pour deux ou trois personnes.

Luka Toen
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Le remède de la tablette EmptyLun 11 Déc - 22:58
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Guilde +2 (femme)
Ah. Voilà donc où était le fin mot de l’histoire. Ces scélérats s’étaient saisis d’une partie de la tablette avant que les pas de Staèl ne les forcent à prendre la fuite. Un choix raisonnable compte tenu qu’ils s’en sortaient avec une moitié non négligeable, qui vaudrait d’ores et déjà un certain pesant d’Irys au marché noir. Luka laissa filer un long soupir désabusé sur ses lèvres glacées, renfrognée dans sa selle. Pourquoi les choses s’obstinaient-elles toujours à se complexifier ? A tous les coups les informations subsistant sur le morceau de Staèl n’étaient pas celles qu’elle cherchait, la mention d’un remède probablement embarquée par ces truands de seconde zone. Elle se remémora le chemin accompli pour venir jusqu’ici, les risques pris face au Khoral et la probabilité qu’une telle chance ne se représente un jour… Elle coula un regard oblique au paquet qu’il tenait toujours précieusement contre lui, soudain impatiente de mettre un terme à cette attente, et tout autant récalcitrante à connaître la vérité.

Néanmoins, tout n’était pas perdu. Staèl ne venait-il pas de faire mention d’un possible frère, aubaine miraculeuse, de toute évidence un homme capable de retrouver les coupables d’une telle hérésie ? Elle s’accrocha à cette pensée et sut immédiatement qu’il lui faudrait en être par tous les moyens. Historienne, médecin, scientifique, elle serait ce que bon leur semblerait tant qu’ils acceptaient sa participation à l’enquête. Et une étude approfondie de la tablette une fois complétée, bien entendu. Cette prise de décision la rasséréna, et elle put saluer dignement la présentation de son compagnon d’aventure :

« Hé bien, enchantée Staèl. Notre rencontre n’a pas débuté sous ses meilleurs auspices mais nous avons apparemment les mêmes convictions dans la vie. Enfin, du moins, votre ordre semble avoir une excellente philosophie. »

Ils avancèrent longuement. Le soleil suspendu à mi-hauteur de ce ciel opacifié par les embruns glacés, une mi pénombre permanente qui agaçait les nerfs tant on ne savait plus à quel domaine appartenait le jour, à quel domaine appartenait la nuit. La température de toute façon restait la même, très en-dessous du thermomètre et mortelle pour quiconque se montrait trop imprudent. Luka comprit rapidement que Staèl ne mentait pas quand il assurait être originaire de cette région : il guidait son cheval sur les sentiers sûrs avec le naturel des gens habitués depuis l’enfance à évoluer en terrain enneigé. Tout le contraire d’elle à vrai dire, qui ne vit aucun scrupule à placer sa propre monture légèrement en retrait de la sienne, beaucoup plus en sécurité des traitrises de la glace qu’il savait si bien esquiver.

Ils s’arrêtèrent en début de soirée – autrement dit tôt car à cette extrémité du monde, la nuit tombait vite et aussi drue que la neige -. Staèl n’eut qu’un geste à faire pour leur créer un abri tandis que Luka déchaussait, les doigts rendus gourds par l’inactivité. Elle résista pourtant à son envie folle de se jeter à l’abri du vent et prit le temps de desseller les chevaux puis de brosser rapidement leurs poils… Il n’y avait rien de pire pour une monture qu’un reste de transpiration gelé dans la nuit, atteignant rapidement les organes d’un froid irrémédiable. Elle vérifia leurs sabots, les recouvrit chacun d’une couverture de laine et prit soin de poser son bric à brac à l’intérieur de l’igloo. Alors, exténuée, elle s’accorda enfin une once de répit.

« Je dois avouer que votre maîtrise de la glace se révèle drôlement pratique. »

Elle farfouilla dans l’une de ses sacoches de cuir pour en extraire de la viande séchée et quelques herbes dans une bourse.

« J’ai de quoi nous faire de la soupe si cela vous intéresse. »

Oh, il devait à coup sûr posséder ses propres ressources pour un homme trouvé aussi loin de toute civilisation. Mais la politesse était là, et ne pouvait lui être reproché. Il avait façonné l’igloo, elle produisait leur pitance… Tout ce qu’il y avait de plus équitable. Elle fit donc fondre de la neige sur un feu et s’attela à la production de sa mixture. Ma foi à ses yeux cela n’avait rien de mauvais – ce n’était point la grande joie, mais l’apport nutritif était calculé pour correspondre à ses besoins lors d’un voyage. Plus qu’un repas et une nuit, et ils auraient bientôt l’occasion de profiter d’un véritable confort…

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Le remède de la tablette EmptyVen 5 Jan - 20:07
Après une nuit agréable. Je me suis levé tôt au matin et en prenant garde de ne pas réveiller Luka, je sortis de l'igloo. Le soleil commençait à ce levé doucement dans l'horizon de bleu et de blanc, teintant le ciel de reflets ors et orangers. Sur se décore majestueux, j'entrepris de rallumer le feu et faire chauffer le reste de soupe de la veille en y ajoutant de mes réserves pour le petit déjeuné. La belle toujours endormie, je pus entreprendre ma méditation matinale.

Je fis tomber ma tunique au sol ainsi que mes bottes, je me retrouva torse et pied nue dans la neige, m'imprégnant du froid de la montagne et de l'amour de Dalai, les yeux clos, trois inspirations profondes, et j'entrepris d'entrer dans le Klan'Pay, danse de méditation aux mouvements lent et précis enseigné au temple en prière aux architectes, à contrario des autres Klan'Pay, celui de Dalai était à la fois équilibre et chute, harmonie et chaotique, comme bercé dans les remous de l'océan, représentation de la Déesse.

Quand Luka sortie de l'igloo, je stoppa ma méditation et tout en me rhabillant entrepris les civilités d'usage.

- Bonjour, bien dormi ? J'ai préparé un petit déjeuner, quand tu auras fini nous pourrons reprendre la route.

Celui-ci terminer et les chevaux chargés, nous reprîmes la route vers Foreal. Le trajet fut plus agréable que la veille, le vent était tombé et le soleil réchauffait légèrement l'aire ambiante et donnait une bonne visibilité et après une pause pour se restaurer et reposer les chevaux à midi, nous atteignons la ville tôt dans l’après-midi.

En traversant la ville, j'observais Luka et les réactions qui se lisaient sur son visage tout au long de la traversée et surtout en s’arrêtant devant l'immense demeure familial, un manoir dont la grandeur et le magnifique pouvait se résumer en un mot

« Puissance »

un mot retranscrit en nom gravé sur le grand portail de fer forgé

« Arafin »

Je me tourna vers Luka et lui dit d'un ton enjoué,

- Bienvenue chez moi.

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Le remède de la tablette EmptyDim 7 Jan - 23:30
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Profession : Historienne et naturaliste à ses heures perdues, médecin officiellement
Guilde +2 (femme)
La nuit fut un profond coma obscur. Repliée sur elle-même en chien de fusil pour préserver sa chaleur, Luka s’était enroulée contre ses maigres possessions. Mais ni la dureté de la selle qui lui servait d’oreiller, ni la perspective de dormir avec un inconnu ne firent obstacle à son sommeil : elle dormit avec la profondeur des âmes fatiguées et abimées par le froid. Elle ne se réveilla qu’une heure ou deux après l’aube, les doigts gourds et les lèvres glacées. Malgré la tiédeur relative de la journée, grâce en était à Amisgal, un pays glacé ne pouvait guère changer sa nature… Elle manqua déchanter au sortir de l’igloo lorsque ses yeux se posèrent sur la peau nue de Staèl. Sacré nom d’un Yamaany, n’avait-il pas peur d’attraper la mort ?! Elle ne guérissait pas les pneumonies ! Gelée dans l’os rien qu’à l’idée d’être à sa place allant seins nus dans la pampa, elle grommela une imprécation effrayée et s’empressa d’aller ramasser ses affaires. Khurmag n’était décidément pas fait pour elle, bien qu’elle ne puisse nier la beauté des lieux lorsqu’il faisait beau.

Ils chevauchèrent à nouveau la journée durant, beaucoup plus vite que leur résultat d’hier. La neige se tassait bien sous les sabots, la montagne prenait un chemin plutôt régulier et surtout les vents effrayants du Khoral leur offraient une jolie accalmie. Le calme avant la tempête… ? Elle n’en doutait pas, si elle devait en croire ce qu’elle avait lu sur le sujet. Les premiers mois du Khoral étaient les pires.

Ils atteignirent les contreforts de Forëal tandis que le jour perçait encore les nuages. Les falaises sculptées étaient écrasantes à leur hauteur d’humains, une ville entièrement façonnée dans la montagne comme tout autant de maisons rocheuses. Les mines de cette cité étaient réputées pour la qualité du métal qu’elles fournissaient, et les pierres précieuses se vendaient une fortune sur le marché.

« Forëal le Cristal Blanc, lâcha-t-elle dans un souffle subjugué, se dévissant la nuque pour mieux observer les tourelles minérales. »

Elle n’était jamais venue par ici malgré ses incessants voyages. Reoni, oui, mais Forëal était un tantinet trop reculé pour être aisément accessible, surtout en plein hiver. Et cette saison était bien tout ce qu’il y avait par ici, une omniprésence de neige la quasi globalité de l’année… Cela n’avait pourtant pas découragé les habitants qui s’étaient façonné un véritable cocon de vie.

« Je n’imaginais pas ça de cette façon. C’est une ville très touristique ? »

Elle parlait pour ne rien dire, comme à son habitude, se posant des questions à haute voix tout en les résolvant par ses observations. Il n’y avait pas mieux pour donner du grain à moudre à sa curiosité !

« Bienvenue chez moi. »

Elle sauta de sa selle, posant une première semelle dans les rues dégagées. La masure était bigrement imposante et l’architecture même traduisait une famille richement dotée. Eux n’avaient jamais dû craindre l’hiver et la faim, de ces My’träns de la haute société qui régissaient les environs. S’agissait-il d’une lignée ancienne ? Peut-être des proches de l’actuel dirigeant de Forëal, un Gharyn ou un Khorog en personne ? Elle tourna un regard intrigué sur Staèl, n’hésitant pas une seconde pour traduire sa pensée :

« Quelles activités mènent votre famille pour être si confortablement installée ? »

Beaucoup de gens auraient pu prendre cela pour de l’impolitesse ; chez Luka ce n’était guère plus que de la spontanéité. Elle était curieuse, et n’en démordrait pas, notant soigneusement dans un coin de son esprit le nom des Arafin.

« Vous êtes Khorog, Gharyn peut-être ? »

Il était bien jeune, mais savait-on jamais. Elle était elle-même une sacrée exception en la matière.

« Doit-on s’annoncer… ? »

« Il sait qu'on est là. »

Odilon Arafin
Odilon Arafin
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Le remède de la tablette EmptyMer 10 Jan - 21:16
Irys : 19999
Profession : Homme politique, chef militaire.
My'trän +2 ~ Khurmag
Le soleil se levait enfin, ses rayons commençaient à éclairer le grand bureau d’Odilon. Spacieux et bien décoré, des étagères chargés de livres, quelques tableaux, une cheminé, des tapis élégants, des vitrines présentent des objets anciens et un grand bureau en bois sombre et lourd, chargé de documents et de lettres soigneusement rangés et organisés. Derrière le bureau se dressait le haut et confortable fauteuil d’Odilon.
Cela faisait déjà plusieurs heures qu’il travaillait à la seule lueur des bougies, comme tous les jours, et un mal de tête commençait à se faire sentir. Il leva les yeux sur la lettre qu’il écrivait au Gharyn tout en se tenant le front de son autre main. Encore une histoire de vol dans les stock de la ville, c’était la troisième fois ce mois ci et Odilon sentait sa patience se diluer rapidement. Il jeta un coup d’œil par la fenêtre qui donnait sur la ville. Un belle vue qui annonçait le début du Khoral. La neige et le vent se renforçaient à mesure que les jours se succédaient. De là où il se tenait, il pouvait voir tous le domaine familial ainsi que l’ensemble du quartier résidentiel de la haute société. Le domaine se situé en haut de la ville, orienté sud-est, seul de palais du Gharyn était plus prestigieux et plus haut, mais plus récent et financé par la famille Arafin il y a longtemps.

Tout était ancien ici et l’architecture du lieux été prévu pour trois points essentiels : perdre les importuns dans le dédale de couloirs et de salles, impressionner les visiteurs, puis à capter la lumière du soleil tout le long de la journée. Il y avait aussi un complexe souterrain comme toute grande demeure digne de ce nom à Forëal, avec les stocks de biens marchands de la famille. Le bureau d’Odilon était tout en haut de la propriété Arafin, il jouxtait la bibliothèque et le salon d’étude.
La demeure formait un "U", le bâtiment principal orienté plein sud, composé entre autre du grand Hall (décoré des sévères portraits des ancêtres Arafin), des salons ainsi que du hall des festivités. L’aile-Est contient les chambres à couchés de la famille Arafin, des invités, d’autres salons et salles diverses dédié à la vie de tout les jours. L’aile Ouest elle concerne les lieux d’études, de discussions, la bibliothèque (de grande taille), les salons dédiés aux œuvres d’arts et les bureaux d’Odilon, situé dans une partie qui ressemble à s’y méprendre à une tour.
Dans la cour pavé au centre du domaine, entre statues et buissons taillés, se trouve une vaste fontaine sculpté, représentant les mythes et légendes principales des My’trän. Lorsque la saison est clémente, la fontaine fait jaillir de l’eau cristalline, mais en cette période froide, et comme chaque années, l’eau gelé est sculpté pour représenter un personnage prestigieux de l’histoire familiale.
L’écurie et le chenil se trouve juste à côté du portail en fer forgé à l’entrée, un lieux séparé du reste du domaine mais néanmoins protégé du froid et des intempérie.


Odilon parcourait ainsi la propriété de son regard vigilant, rien ne lui échappait d'ici, puis il appela d’une voix sonore l’Intendant de Maison :

- Deldys !

Celui ci entra quelques secondes plus tard avec sont flegme habituel.

- Oui monsieur ? Il vous faut quelque chose ?

Deldys était un très vieil homme, qui était entré au service familial du temps de l’arrière grand-père d’Odilon. Il était très vieux, mais d’une vigueur presque miraculeuse. On avait pour habitude de dire à son propos qu’il enterrerait la Mort en personne avant de périr lui même. Il était fin, les cheveux blanc, les yeux brun et vifs, le visage ridé et les mains usés. Habillé de ses habituels vêtements d’Intendant. Les gens faisait souvent l’erreur de le sous estimer, mais le vieil homme était un bon acteur et sa mémoire sans faille n’avait d’égale que son talent.

- Oui, il me faut un autre thé, et quelque chose pour me faire passer mon mal de crâne.


Deldys prit un air mécontent.

- Monsieur, vous travaillez trop tôt. Vous allez vous rendre aveugle à lire et à écrire avec ces pauvres chandelles ridicule ! Si vous continuez ainsi vous devrez vous le faire vous même votre thé !


Odilon observa le vieil homme mécontent sortir de la pièce. Il était habitué à se faire remonter les bretelle sans ménagement par l’intendant. Cet homme s’était bien plus occupé d’Odilon et de son frère au quotidien que leurs propres parents ne l'avaient jamais fait. Et malgré les années qui passait, il avait toujours gardé le même tempérament envers ses deux petits protégés. D’ailleurs en y pensant, que faisait son frère ? Sans doute en train de fureter à la recherche de touristes dans les villes voisines, ou pire.

- Au fait, tu as des nouvelles de Staèl ?

Le vieil intendant se retourna, et dit d’un air qui oscillait entre moquerie et reproche :

- Vous lisez toutes les lettres que vous envoient les notables de cette villes, mais jamais celles de votre unique frère ?


Odilon fit en soufflant :
- Je n’aime pas lire les éternelles histoires sentimentales de mon frère, c'est toujours la même chose. Et puis il ne m'écrit jamais de lettres.

- Je crois que vous exagérez là Odilon. J'en sais quelque chose puisque c'est moi qui vous apporte votre courrier.
Puis il se retourna pour partir et ferma la porte en souriant.


Odilon s’assit à son bureau en chassant le chat qui s’y était installé entre temps et se saisit d’une autre lettre. Une réclamation ? Une trahison ? Un autre problème de sécurité dans la ville ? Des histoires de vols ? Toutes ces nouvelles était intéressante et source de profit d’une manière ou d’une autre, mais l’attitude du Gharyn commençait sérieusement à énerver Odilon. Il faut vraiment que les choses change dans cette ville.
Il se saisit de la lettre, se leva de son bureau et marcha dans la pièce jusqu’aux étagère. Derrière les vitres se trouvait les collections personnelles d’objets ancien d’Odilon. Armes, pièce d’armures, bijoux ou autre artefacts. En tant qu’amateur d’Histoire de son pays et de son peuple, il aimait contempler les quelques trésor du passé qu’il avait put rassembler. Le reste de la collection se trouvait dans la bibliothèque et dans la salle d’étude ainsi que dans une salle exclusivement dédié à cet office.

Il réajusta son col et lut avec une grande concentration la lettre qui s’annonçait déplaisante à la vu du nom du destinataire.
Quelques minutes plus tard, il entendit des pas dans le couloir, au moins trois personnes, et la porte s’ouvrit sur Deldys, un plateau dans les mains avec une théière et trois tasses.

- Odilon, votre frère est rentré. Et il n’est pas seul.

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Le remède de la tablette EmptyVen 26 Jan - 19:13
Je nous fis traverser les jardins d'entrée à pas vif, et ouvris en grand la porte principale du manoir. Derrière, des dames de services occupées à leurs diverses besognes s’arrêtèrent pour nous dévisager quelques instants puis s’empressèrent de nous saluer bien bas avec respect.
Dans le hall, en bas du grand escalier de bois noir, Deldys venait à notre rencontre, un léger sourire sur le coin des lèvres.

- Bon retour chez vous monsieur, j'espère que vous avez fait bon voyage ?


- Merci Deldel, mon frère est là ?


- Monsieur Odilon est dans ses appartements à l'étage. Il va être ravi de votre visite, il ne parle que de vous. Vous pourriez faire un effort et lui faire parvenir plus de nouvelles qu'une lettre tous les deux-trois mois !

- Oui, je sais. Je suis un frère indigne qui ne donne jamais de nouvelles, mais la paperasse m’ennuie et en plus il ne veut jamais venir avec moi dans mes quêtes !

- Je crois que vous exagérez là Staèl. Vous savez bien que votre frère a de lourdes responsabilités.

C'est à ce moment que le regard du Majordome se posa sur Luka, un regard transperçant et critique. Le genre de regard que porte un père sur la nouvelle conquête du fils prodigue et aduler.
Une conquête obligatoirement indigne du fils.

- Je te présente dame Toen, Luka Toen. Elle m'accompagne lors de ma quête sur la tablette.

- Oui....  je me doute que cette jeune femme a été RAVIS de votre rencontre.
Deldel avait prononcé cette dernière phrase d'un ton amère. Suivez-moi, je vais vous conduire à Monsieur Odilon.

Deldys claqua des mains et une servante apporta un plateau d'argent où avait été déposées trois tasses et une théière chaude. Et nous conduisis aux appartements de mon frère.

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Le remède de la tablette EmptyMar 6 Fév - 20:16
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Les lèvres finement plissées, Luka oscillait entre le désir manifeste d’ausculter les lieux et l’envie irrésistible de jouer le jeu du dénommé « Deldel ». Un péché mignon qu’elle se savait posséder, aimant bigrement les personnes âgées surtout si elle pouvait les titiller. Et ce majordome au comportement fort impoli ne prêchait pas pour sa paroisse ! Elle étouffa donc un fin sourire en détournant immédiatement la tête, tout en faisant semblant d’admirer une façade. Ses relations avec Staèl commençaient à peine à se réchauffer vers quelque chose d’un tant soit peu plus civilisé, elle n’aurait pas voulu affecter ses positions par un rire trop ouvertement porté. Mais diantre, elle ne s’était pas trompée sur la nature de son guide ! Deldel se conduisait avec elle comme il s’était probablement conduit avec les multiples conquêtes du jeune homme - qui semblait d’ailleurs aussi pur et romantique qu’une neige de noël et une paire de violons au coin des chandelles. Se sentant aussi peu concernée qu’une étrangère de passage, Luka prenait le parti de s’en amuser follement… Deldel ignorait en effet l’ironie saisissante de ce quiproquo.

« Ravie de vous rencontrer, lui répondit-elle pourtant avec un franc sourire et la joie d’une enfant devant un parfait chocolat banane. »

D’accord, peut-être bien qu’elle le cherchait un brin… Mais comment résister ? Il n’y avait rien de plus délectable dans la vie que d’opposer un bonheur frontal et total aux ronchons amères. Surtout lorsqu’ils sont supposés vous accompagner durant un temps indéterminé, car voilà à présent qu’il les guidait parmi les couloirs du manoir, secondé d’une menue servante visiblement chargée des ravitaillements. Luka laissait errer ses prunelles sur la beauté de cette demeure dont l’âge se devinait dans la multitude d’objets entreposés. Elle n’avait aucun doute quant au fait que plusieurs générations s’étaient succédé ici pour embellir les finissions, limer les parquets et recueillir patiemment une richesse qui ne pouvait être que familiale. Les lieux n’étaient pour autant pas froids et lui rappelaient tout au contraire une forme de musée vivant : ses yeux de connaisseuse reconnurent ici et là un tableau pour le moins encensé par son temps, et d’autres plus discrets que seul un passionné ou un chercheur serait susceptible d’approuver. Les hommes qui vivaient là étaient par extension des hommes de goût lettrés.

On les fit pénétrer dans un cabinet d’étude spacieux, peut-être le bureau du maître de maison. Luka, qui n’était pas une fille de roturiers contrairement à ce que Deldel puisse en penser, se glissa dans un coin ni trop en retrait ni trop en avant afin de laisser pleine amplitude aux présentations de Staèl. Elle se tourna toutefois vers leur hôte, ploya légèrement la nuque puis porta la main à son front avant de l’éloigner paume vers le ciel. Près de l’âme. Une salutation ancienne utilisée par le Conseil de la Convergence et les hauts pontes my’träns, dont la valeur était preuve d’un grand respect. Un sourire appréciateur sur les lèvres, elle arrima alors ses prunelles à ce nouveau personnage qui ne pouvait être autre que le fameux frère d’Odilon.

« Merci de nous recevoir en ces lieux, je me nomme Luka Toen et j’accompagne votre frère depuis peu. Il semblerait que nous ayons une « urgence » à vous transmettre. »

Ébouriffée de neige, néanmoins fort ravie de découvrir dans les étagères des objets qu’elle appréciait et une bouffée de connaissance à proximité, elle échangea un regard de connivence avec Staèl : voilà un sujet intimiste que « Deldel » de son surnom mignon ne pouvait leur dérober. Oh, il allait écumer de frustration le pauvre bougre !

Elle fut également surprise de voir combien les deux frères se ressemblaient peu. Ce n’était pas uniquement une histoire de physique, mais une ambiance particulière et divergente qui émanait d’eux. Peut-être y avait-il une relation privilégiée entre eux, cependant ils semblaient exhaler des nuances aussi différentes que le jour et la nuit. Si Staèl avait tout d’un jeune premier qui ne peut tenir en place et aime l’aventure, Odilon arborait une attitude plus mature qui poussa Luka à lui donner davantage que son âge. Il siégeait dans sa demeure comme une arme antique, le regard et les gestes mesurés d’un homme expérimenté dans un domaine public. Était-ce lui le Khorog ou Gharyn… ?

Odilon Arafin
Odilon Arafin
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Le remède de la tablette EmptyMer 7 Fév - 20:41
Irys : 19999
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Odilon ne leva pas immédiatement les yeux de la lettre qu'il lisait. Concentré, il ne cachait pas la frustration que lui inspirait le contenu du document qu'il étudiait. Il entendit la porte s'ouvrir et la voix de Deldys qui annonçait quelqu'un mais il n'écouta pas . . . encore un pique assiette sans doute, l'un de ces habituels représentants des marchands des grandes familles ou les agaçants courtisans du Gharyn. Face à la vitrine, il inspira et tourna la tête, changeant radicalement de visage en essayant d'oublier sa migraine et en chassant sa colère momentané.

- Ah ! Mon frère et revenu, avec une amie en plus de cela, je ne m'attendais pas à te voir aujourd'hui, tes visites se font rares.

Odilon se tourna alors vers l'inconnu. Il lui adressa un sourire poli et civilisé, celui qui est réservé aux visiteurs inconnus, tout en l'observant attentivement.

- Mademoiselle, je vous souhaite une bonne matinée, qui s'annonce radieuse, pour la saison . . . Le voyage a dû être difficile j'imagine, j'espère que vous n'avez pas eu de mauvaises rencontres sur le chemin.

Odilon s'éloigna de la vitrine pour s'approcher de son bureau et s'assit sur son fauteuil. Il leva la tête vers les nouveaux venus, et s'écria joyeusement, en désignant les deux sièges molletonner que Deldys plaça devant l'imposant bureau sombre :

- Allons, venez donc ! Prenez place. Faites comme chez vous.

Deldys s'empara alors du plateau que tenait la domestique, d'un geste qui trahissait l'expérience et sans attendre que Staèl et l'inconnu ne se soient assit, distribua tasses, cuillères, thé, sucres et petits gâteaux, le tout dans une élégance et une rapidité étonnante. Après quoi il inclina la tête et il disparu avec la domestique en refermant la porte derrière eux.
Odilon lui, rangea sa lettre dans un tiroir de son bureau, et demanda d'un air calme et désintéressé:

- Qu'est ce qui vous amène dans notre merveilleuse ville ? Vous resterez quelque jours ici bien sûr ? Si vous avez froid et faim, le petit déjeuner doit être prêt j'imagine. Oh et vous êtes couverte de neige, je manque à tout mes devoirs, allez donc devant l'âtre si telle est votre désir.

Odilon se leva pour réveiller un peu le feu qui commençait à s'éteindre lentement, pour lui rendre sa vigueur en deux coups de tisonnier.

- La saison froide peut être une dure épreuves pour les étrangers qui ne connaissent pas le Khoral. Et ce dernier prend son temps alors faite de même. Détendez vous et réchauffez vous.


Odilon reprit sa place derrière son bureau, se saisit de sa tasse de thé et dévisagea son frère et la jeune femme. Une petite amie ? Non, elle semble trop distante physiquement pour cela. Une partenaire alors ? Une amie ou une associée ? Visiblement ils sont là pour une affaire urgente . . . Ils ont dû épuisé leurs montures pour parvenir à Forëal à temps.  Cette Luka à l'air éveillé, elle est observatrice. Intéressant. Sur ces pensées, il jeta un regard à son frère, avant de le reporter sur Luka Toen, toujours avec le même sourire polis et courtois.

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