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Chroniques d'Irydaë
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 L’amour du travail bien fait est la qualité reine de l’officier

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L’amour du travail bien fait est la qualité reine de l’officier EmptyMar 19 Déc - 1:20
C’était une matinée tranquille, à Prorig. Le froid avait épargné cette région centrale du monde, tout au plus l’air était-il plus humide et frais. Ce qui suffisait pour les faibles de constitution pour tomber malade. Mais comme de bien entendu, le simple fait de mentionner que le calme était à l’ordre du jour en matinée suffit à provoquer un drame le midi et une catastrophe le soir. Et en effet, sortant de la brume, un vapeur à aube, d’un modèle un peu suranné mais encore très utilisé pour le commerce maritime en Daënastre, ne manqua pas par son aspect de terrifier les passants et les débardeurs qui s’affairaient sur les docks.
    Et pour cause, il avait l’aspect d’un bateau fantôme. Ce n’était plus qu’une ruine. On repérait sur sa coque de des traces noires, indiquant qu’ici le feu avait fait son œuvre, des bouts de bois éclatés surgissaient dans des angles impossibles, des fêlures et trous nombreux avaient été colmatés avec des planches. Le navire penchait dangereusement vers l’arrière et avait un tirant d’eau bien trop faible, ce qui indiquait que sa cale était noyée. L’aube de bâbord était presque pulvérisée ; il n’en restait plus qu’un squelette qui tournait en produisant un grincement à vous glacer le sang. Les crachats de fumée qui sortait de ses cheminées témoignaient aussi du piteux état des moteurs.
    Le bâtiment en perdition fut escorté par les garde-côtes jusqu’à une forme de radoub. L’équipage, diminué de moitié, fut évacué et pour la plupart emmené à l’hôpital. On put tirer d’eux qu’ils avaient été attaqués pendant la nuit par des pirates, sur une petite embarcation a voile, silencieuse. Peut-être même y en avait-il eu plusieurs. La cargaison s’était naturellement envolée.

    L’incident avait fait grand bruit, dans la ville. La piraterie faisait presque partie du quotidien, certes, mais cette tactique discrète et utilisant d’archaïques navires à voile avait choqué tout le monde. Les témoignages des marins même étaient incohérents : certains parlaient de fusils, d’autres d’épées voire d’arcs, et une ambiance oppressante qui s’était installée à bord du navire, quand ils avaient attaqué, sans bruit. Ils avaient pénétré le navire, tué le capitaine et la moitié des marins, raflé la cargaison et foutu le feu. Il semblerait même qu’ils avaient utilisés des explosifs, au vu des dommages infligés. Il était cependant réparable, aucune pièce de menuiserie irremplaçable n’ayant été touchée.
    À vrai dire, l’incident avait fait tellement de bruit qu’il était remonté aux oreilles de l’antenne locale de l’armée. Des mois de négligence de la part des patrouilles, et voilà ce qu’on récoltait. Très soucieux de ne pas perdre leur place de choix dans le commerce continental, les milieux de négoce prorigois avaient fait pression sur les militaires pour qu’ils s’empressent d’afficher des résultats médiatiquement détonants. En clair, il fallait traquer du pirate, et en masse, et bien, et avoir des prises avant la fin du mois pour rassurer les actionnaires. Sinon, ça allait chier au niveau de l’État fédéré, et des têtes allaient tomber.

    Par un heureux hasard, il se trouvait justement que deux commandants de la marine étaient disponibles dans la région. Le premier, Von Richter, disposait de son propre bâtiment, ce qui était pratique car les démarches administratives visant à lui en adresser un devenaient inexistantes. Le second, Yssaé, n’en avait pas mais prenait un malin plaisir à remplacer les officiers mis sur le carreau suite à leur incompétence, pour ainsi redresser leurs équipages ramollis par la médiocrité de leur chef. Et en ces temps de chasse au fautif, il y avait du choix.
    Dans le port de Prorig, un Kriser – en plus de l’Allégeance – et quatre Chnalers, équipés de canons, avaient été affrétés. Les premiers seraient le fer de lance de la riposte, et les seconds les yeux et les oreilles de leurs compagnons plus gros.

    La rencontre entre les deux officiers se fit sur le pont de l’Allégeance. Yssaé avait tenu à visiter le navire de celui qui allait être son compagnon de route. Salut militaire, formules protocolaires.
    « Commandant von Richter. C’est un honneur. Splendide navire, dont vous disposez. Je n’oserais en dire autant, mais ce sera pour moi l’occasion de réexpliquer le sens du mot « discipline » à ces ruffians. »
    C’était là une mission banale, et pas une complexe intrigue. Pour une fois, donc, Yssaé avait été sincère dans ses compliments.

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L’amour du travail bien fait est la qualité reine de l’officier EmptyMer 20 Déc - 18:23

Une chasse aux pirates! Une mission nécessaire et... agréable. Une mission qui évoque à Tristan nombre de souvenirs. Parfois agréables, souvent douloureux et toujours nécessaires. Le passé semble à nouveau se mêler au présent. Une sensation étrange qui n'est pourtant pas pour lui déplaire: un peu d'action ne fera pas de mal à un équipage compétent mais qui pourrait choisir de se reposer sur ses lauriers. La violence apporte l'expérience. Et l'expérience, l'efficacité. C'est une occasion rêvée de rompre davantage encore ses hommes aux affres du combat. Et, ce faisant, de s'assurer qu'ils méritent bel et bien une place à bord l'Allégeance.

Les pirates, quant à eux, ne sont que de la vermine. Et on ne compose pas avec de la vermine. On l'annihile! Et on recommence encore. Encore et toujours. Jusqu'à ce qu'il n'en reste rien ou qu'elle décide d'aller hanter d'autres côtes. Un travail qui demande une vigilance et des efforts soutenus. Et qu'il est peut-être impossible de mener jusqu'à son terme. Il ne répond qu'à une certaine forme de logique héritée de la chaîne alimentaire. Les pirates s'en prennent aux civils et aux navires marchands. La marine daënar, elle, traque et coule les responsables. Un cercle vicieux que personne ne semble être en mesure de rompre...

Tristan retire la cigarette de ses lèvres et lâche un nuage de fumée qui disparaît peu à peu. Une brûlure dans la poitrine lui rappelle que ce geste n'est pas sans conséquence. Mais il l'ignore et garde le visage impassible qui doit caractériser un bon officier. Ses émotions, il les garde pour lui. Il les cache à ceux qui l'entourent en ce moment-même sur le pont supérieur du Krizer. Son regard, quant à lui, est rivé sur l'embarcation qui s'approche de son bâtiment. Ce n'est que lorsqu'il disparaît dans l'ombre de sa coque imposante que le capitaine quitte son perchoir.

Il arrive sur le pont et commence à le remonter tout en scrutant la tenue des hommes qui y sont alignés. L'accueil se doit d'être irréprochable. Peu importe le rang, le grade ou encore le sexe du visiteur. Toute personne n'appartenant pas à l'équipage de ce navire de guerre doit comprendre immédiatement qu'une discipline digne de la marine est appliquée à bord. Le Krizer, comme tous ses jumeaux affectés à la flotte, est une vitrine qui se doit de briller!

Les mains dans le dos, von Richter observe l'homme qui s'avance vers lui et répond au salut qu'il reçoit de la même manière, selon les us et coutumes en vigueur. Il ne répond pas tout de suite au compliment qu'il reçoit au sujet de l'Allégeance. S'il est fier de son navire? Évidemment! Mais mérite-t-il des félicitations pour autant? On n'a pas à être remercié alors qu'on se contente simplement de faire son travail. Le regard de l'homme se pose longuement sur son interlocuteur. Comme s'il cherchait à détailler pleinement son visage ou à lire à travers le regard qui lui répond.
"Bienvenue à bord de l'Allégeance, commandant Yssaé!" lâche-t-il avec formalisme. "J'apprécie votre enthousiasme, soyez-en assuré! Même si je doute que les pirates puissent un jour comprendre le concept d'un mot tel que discipline..."
La rigueur semble complètement absente du vocabulaire de ce que cette vermine ose appeler un équipage. Ces hommes et femmes ont décidé de s'affranchir des règles et donc de la discipline qu'elles supposent. Mais ils restent capable de comprendre les conséquences de leurs actes. Et les conséquences, justement, seront à la hauteur de leurs fautes. ce n'est pas une mission disciplinaire. L'escadron réuni dans le port de Prorig n'a pas d'autre vocation que celle d'apporter la mort dans les rangs des contrevenants.
"Quoi qu'il en soit, je ne m'attendais pas à recevoir votre visite!" s'étonne-t-il dans la foulée. "Souhaitez-vous m'entretenir d'un sujet qui ne peut être évoqué par radio? Ou pouvons-nous dès à présent prendre la large pour remplir la mission qu'on nous a confiée?"
Une telle perte de temps l'irrite. Et s'il accepte la présence d'Yssaé à bord, c'est avant tout parce qu'il n'a pas trouvé de raison décente pour la refuser. Mais cette rencontre est une perte de temps selon les critères du noiraud. Ce dernier n'a d'ailleurs qu'une seule envie: que le tonnerre mélodieux des canons se substitue au plus vite au bruit des mots.

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L’amour du travail bien fait est la qualité reine de l’officier EmptyJeu 21 Déc - 16:13
Amusant. Yssaé ne faisait pas mention des pirates, mais bel et bien de son propre équipage. Pourtant, son homologue avait compris l’inverse. Les pirates ne sont pas à mettre dans le droit chemin, mais à pendre. Ou à engager, c’est selon.
    Il n’y avait, du reste, nul besoin de se presser outre mesure. Les Chnalers embarquaient encore quelques matériels, et la révision à bord de son Kriser – le Vent d’Orkhig – n’était pas tout à fait finie. Les lieutenants d’Yssaé finissaient de vider les cachettes secrètes des membres de l’équipage de tout alcool, cigarette et revue érotique. À force, on ne lui faisait plus le coup, et connaître par cœur l’anatomie d’un bâtiment de la marine est le pré-requis pour tout bon officier qui se respecte.
    « Ma visite n’obéit simplement qu’à la courtoisie qui est de mise entre pairs… Et le respect mutuel n’est que bien imparfaitement transmis par les ondes. Vous savez, dans l’ancien temps, avant que cette technologue ne vienne au jour, enfin, du temps de nos parents, la coutume était de partager un verre avant chaque mission pour se souhaiter bonne chance. Je vois que vous êtes pressés mais n’espérez pas y couper à notre retour. »
    Chose assez rare pour être signalée, le ton avait été agréable, avenant, mais surtout, honnête. Ce colonel semblait être une personne tout à fait fréquentable, malgré sa particule et le mépris larvé qu’entretenait Yssaé de part son origine sociale envers tous les parvenus. Cette mission serait l’occasion de vérifier s’il méritait ces trois lettres accolées à son nom de famille. Et avec un petit sourire, le commandant s’empressa de le rappeler à son homologue.
    « Vous appartenez à une grande et noble famille. Et vous savez ce qu’on dit : le nom glorieux que l’on porte n’est en rien un marchepied ou une protection mais au contraire une obligation à être exemplaire pour ne pas lui faire honte. J’ai particulièrement hâte de voir ce radotage en action. »
    Et pour conclure ces salamalecs d’usage, Yssaé jeta un coup d’œil sur les quais, où on semblait avoir fini de décharger le poids excédentaire qui encombrait son navire.
    « Ah ! Il est temps que j’y aille. Sur ce, commandant. Je vous laisse commander l’opération. »

    Les dix navires purent enfin partir. La météo était clémente, mais on s’attendait à un peu de pluie et de brume d’ici quelques heures. Tant mieux  ; ça rendrait l’opération d’autant plus intéressante.

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L’amour du travail bien fait est la qualité reine de l’officier EmptyDim 7 Jan - 17:05

Le respect entre pairs est nécessaire. La capacité à travailler en bonne intelligence, également. La réussite d'une mission, peu importe sa nature, repose d'ailleurs sur ce point. La courtoisie, quant à elle, est parfaitement accessoire. Il va de soi que Tristan n'a aucune raison de se montrer désobligeant envers son homologue. Mais il n'estime pas pour autant nécessaire de partager un verre en sa compagnie. Quel est l'intérêt de sociabiliser avec un homme qu'il ne croisera probablement plus lorsque cette mission sera terminée?

Il acquiesce toutefois vaguement comme pour entretenir le doute sur ses intentions à ce sujet. Et, surtout, pour ne pas s'éterniser sur un sujet qui n'a pas le moindre intérêt pour la bonne marche des opérations. Il exprime ensuite une forme de surprise contenue lorsque son invité évoque la famille dont il est issu. Et l'officier ne peut qu'approuver les dires de ce dernier. Il est vrai que le nom connu est davantage un poids qu'un véritable tremplin. Mais le noiraud estime depuis de longues années maintenant qu'il n'a plus à s'embarrasser de ces considérations. Il est Tristan avant d'être un von Richter. Avec tout ce que cela implique, évidemment...
"Du radotage?" relève-t-il, un sourire amusé au coin des lèvres. "Croyez-moi, commandant: si nous parvenons à repérer ces pirates alors vous aurez tout le loisir d'apprécier la petite leçon tactique que je m'apprête à leur infliger! Le spectacle sera à la hauteur de vos attentes, j'en suis certain!"
Et ce d'autant plus que son homologue lui laisse l'honneur de mener la danse. De quoi satisfaire pleinement le borgne qui ne manque pas de gratifier son hôte d'un sourire suffisant. Une certaine forme d'excitation remonte le long de son échine: le moment est venu. Il ne se sent jamais aussi vivant que lors d'un départ en mission. Sauf, peut-être, lors d'un affrontement entre deux navires en plein milieu de l'océan. Là où l'erreur n'est pas permise. Là où elle est synonyme de mort...
"Je vous souhaite un bon retour à bord du Vent d’Orkhig, commandant!"
Tristan reste encore un instant sur le pont comme pour s'assurer que l'homme quitte bel et bien son navire. Après quoi il se dirige d'une démarche parfaitement martiale jusqu'à l'arrière du navire. Quelques échelles plus tard, le voici assis dans son fauteuil de commandement. Il fait alors craquer ses phalanges puis sa nuque et tourne le regard vers le sous-officier en charge des communications.
"Ouvrez-moi un canal à destination de tous les navires de l'escadre!" ordonne-t-il. "Je souhaite leur adresser quelques mots avant que nous prenions le large!"
"À vos ordres!"
Évidemment... Le noiraud saisit une pomme à laquelle il arrache son intégrité d'un mouvement sec de la mâchoire. Ce faisant, le bruit ondulatoire d'une fréquence qui se règle annonce que son homme s'applique à contenter se demande. Un hochement de tête lui annonce qu'il y est parvenu - comment pourrait-il en être autrement? - et que la communication est établie. Tristan s'éclaircit alors la gorge avant de porter le micro à ses lèvres.
"Ici le commandant von Richter!" commence-t-il d'une voix assurée. "D'un commun accord, le commandant Yssaé et moi-même avant décidé que je mènerais les opérations lors de cette chasse aux pirates. Je sais que je n'ai pas besoin de vous motiver ou de vous rappeler les règles en usage lors d'une telle opération. Je vous dispenserai donc d'un long discours à ce sujet..."
Nul n'est sensé ignorer la discipline qui doit régner à bord d'un navire militaire. Ici, ce n'est pas l'académie navale. Ici, c'est l'active! Et à ce titre toutes les personnes à bord des différents bâtiments détachés pour cette opération n'ont pas besoin d'un quelconque rappel. Ceux qui contreviennent aux règles seront purement et simplement sanctionnés.
"Néanmoins j'attends que chacun et chacune d'entre vous agisse avec un professionnalisme exemplaire. Bien plus que vos navires respectifs, c'est Le Tyorum et Daënastre que vous représentez. Vous êtes tous dépositaires de riche héritage de la marine de guerre des Nations Évoluées! À ce titre, vous ferez honneur à ceux qui nous ont précédés! Nous allons débarrasser nos côtes de la présence de ceux qui, misant sur notre faiblesse, se sont mis en tête de s'élever contre l'ordre établi! Et nous allons le faire avec une telle violence qu'elle résonnera à travers les âges! Soyez fiers, camarades: aujourd'hui, nous réaffirmons nos prétentions sur cet océan de toute la force de nos coeurs et de nos canons! Une prétention juste, légitime et parfaitement incontestable!"
Un mouvement de la main à hauteur de son cou indique au responsable des communications qu'il peut couper la communication. Si Tristan pense ce qu'il vient de dire? À moitié! Et encore... Ces gens ne sont pas ses camarades mais ses subordonnés. Des ressources sacrifiables dans l'intérêt du plus grand nombre. Mais leur rappeler qu'ils forment pourtant un tout, un assemblage de rouages destinés à travailler ensemble, n'est pas superflu. De la motivation des équipages peuvent naître bien des prouesses. Les machines ont besoin d'huile ou de magilithe pour fonctionner. Les humains, eux, ont besoin de croire qu'ils font partie d'une grande famille. Risible. Mais néanmoins nécessaire...
"J'attends vos rapports, messieurs!" reprend l'officier à destination du personnel de pont. "Comment se porte mon bébé?"
Bien, semblerait-il. Du moins si il se fie aux différentes indications qui lui répondent sur l'état global de l'Allégeance. Le contraire l'aurait étonné, d'ailleurs. Et aurait été sanctionné avec la plus extrême sévérité. L'officier est néanmoins rassurer d'entendre que les différents départements sont au vert et suspendus à ses ordres. Tristan prélève un nouveau morceau de sa pomme avant de se relever pour rejoindre l'extérieur du pont. Il la jette alors à l'eau d'un mouvement nonchalant avant de s'allumer une cigarette qui attise le mal qui le ronge. Ignorant l'irritation qui lui arrache bien vite une quinte de toux, il observe les différents bâtiments de la flotte. Suite à quoi il revient s'installer sur son siège de cuir.
"Bien! Ordonnez au Vigilant, au Bouclier de Rathram, au Dominance et au Poing d'Acier de se déployer! Qu'ils restent en contact radio et nous signalent le moindre bâtiment bizarre qui croisera leur route! Transmettez au commandant Yssaé que je souhaite la présence de son Krizner sur mon tribord!" impose-t-il. "Navigation? En avant trois-quart! Faites-nous prendre le large puis dirigez-nous vers les coordonnées que l'amirauté nous a transmises!"
La puissante machinerie du Krizner s'anime alors et fait vibrer l'imposante masse flottante de métal. Elle ne tarde pas à fendre des eaux de plus en plus agitée tandis que le bon air marin se substitue aux effluves nauséabondes du port de Prorig.
"Il est temps de se mettre en chasse, Messieurs!"
Un sourire carnassier s'installe sur ses lèvres tandis que se regard commence à vagabonder sur l'océan qui se dessine à travers la baie vitrée de l'Allégeance. À en juger par les nuages menaçants qui s'amoncellent depuis le début de matinée au large de Daënastre, une tempête n'est pas à exclure. Tant mieux! À vaincre sans périls, on triomphe sans gloire...

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L’amour du travail bien fait est la qualité reine de l’officier EmptyMer 10 Jan - 16:17
Un discours des plus classique, mais qui remplissait bien son rôle d’introduire avec la pompe requise une mission aussi peu glorieuse que de faire du nettoyage en haute mer. Ce n’était pas vraiment affronter des Mÿ’Trans, on peut le dire. Yssaé. à bord de son Vent d’Orkhig, s’assura une ultime fois que tout était prêt à la manœuvre, et donna les ordres adaptés. Son bâtiment suivrait diligemment l’Allégeance. Un nom amusant, soit dit en passant. si le nom de son vaisseau devait refléter les ambitions politiques de son capitaine, Yssaé aurait nommé le sien le Chasse à la corruption, ce qui n’aurait pas manqué d’être des plus amusant en paradant devant l’amirauté ou ces gens du parlement.

    Loin de ces considérations, dans le golfe de Laurgal, un gros transporteur à vapeur et voile, d’un modèle qui avait ses marques d’archaïsme mais disposait néanmoins d’un puissant moteur qui assurait sa rapidité, fuyait aussi vite qui les vents et le combustible le lui permettait. Il sortait d’un accrochage violent avec des pirates, mais c’était une victoire à la Phyrrus car ses deux escorteurs avaient été vaincus et capturés, et étaient en ce moment en route vers un petit port franc de la campagne du sud d’Ünellia, ou il seraient sans aucun doute revendus au prix fort.
    Le cargo avait cru bon de continuer le voyage, car après tout, Lorgal n’était pas loin, mais un autre équipage pirate allié au précédent l’avait pris en chasse et forcé à détourner son cap. Il se dirigeait vers le sud, espérant perdre son adversaire en utilisant les brumes qui sévissaient en mer entre Prorig et la péninsule qui marquait l’extrémité sud du golfe de Lorgal.
    Ce cargo était trop faiblement armé, mais rapide. Ses adversaires, au contraire, une petite dizaine de navires égalant ou dépassant à peine le Chnaler, modéraient leur vitesse pour ne pas faire exploser leur moteur mais étaient parfaitement capable de tenir tête à des bâtiments militaires de même gabarit. Ils comptaient à la fois prendre leur cible par l’usure, et car ce n,est jamais une tactique très intéressante, sur la présence d’une autre flotte encore, qui elle se dirigeait droit sur le cargo.
    Cette manœuvre surprenamment élaborée avait été rendue possible par l’adoption par ces pirates de deux technologies aussi éloignées l’une qui l’autre : l’oiseau voyageur, communément utilisé en Mÿ’tra, et le télégraphe. Le premier permettait aux navires de communiquer avec la terre et le second à des pirates restés sur terre d’informer d’autres équipages prêts à partir de la situation et de la localisation des proies. On était à un tout autre niveau de génie militaire. Restait à voir comment la ruse pourrait battre la force pure en combat singulier.

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L’amour du travail bien fait est la qualité reine de l’officier EmptyVen 19 Jan - 10:59

Un choc ébranle le navire lorsque le projectile le percute de plein fouet et dépose sur le blindage une traînée incandescente. Le Krizner réplique aussitôt, tirant une bordée droit sur le vaisseau qui a eu l'impudence de lui tenir tête. Des éclats de bois s'élèvent dans les airs tandis que le bruit des explosions couvre les cris des blessés ou des mourants. L'épaisse fumée consécutive à la salve masque un instant le bâtiment pirate. Puis une clameur s'élève à bord de l'Allégeance. Tristan quitte son fauteuil de commandement avant de se précipiter sur la passerelle tribord. Il constate alors que l'adversaire penche sérieusement sur le flanc. Un signe évident qu'il est en train de couler!

Une tête de mort viendra prochainement s'ajouter à celles qui ornent déjà la coque du navire. Mais la bataille est loin d'être gagnée même si l'avantage penche lentement en leur faveur. Les deux Krizner forme à présent le marteau et l'enclume de leur formation tandis que les bâtiments plus modestes de la flottille harcèlent les pirates, leur décochant des tirs et se mettant hors de portée avant que l'adversaire puisse leur retourner le feu. Une tactique conventionnelle mais diablement efficace.

L'Allégeance et le Vent d’Orkhig forment ainsi l'ossature daënar. Deux véritables tours au milieu des navires plus petits mais également plus maniables. La puissance de feu est à l'avantage des militaires mais la maniabilité est l'apanage des pirates. Le fait est que la première l'emporte peu à peu sur la seconde. Il convient maintenant de réduire au silence cette pathétique flotte rebelle qui ne démérite pourtant pas. Et c'est là que les choses se compliquent. Car si la bataille sur mer est une chose, celle qui se déroule sur le pont des navires est bien différente. Et les forbans semblent bien décidés à aborder leurs adversaires.

Un ennemi se glisse ainsi à l'arrière de l'Allégeance. Les grappins fusent et déjà les premiers pirates se hissent à bord du Krizner et fusent sur les premiers défenseurs. Le chant des lames succède à celui des armes à feu. Des corps s'écroulent dans les deux camps. Tristan observe la scène depuis la passerelle, retenant à peine son irritation. Voir ainsi son bébé foulé par des pirates lui donne de l'urticaire. Il dégaine ainsi son sabre et son goliath avant de prendre la direction des combats. Il marque néanmoins une pause lorsque l'officier tactique l'informe d'un imprévu:
"Capitaine! Nous avons repéré une seconde flotte pirate qui se dirige vers nous!"
"Distance?"
"Moins de deux miles!"
"Transmettez aux commandant du Dominance et du Poing d'Acier les coordonnées de leurs renforts et ordonnez-leur de se porter à leur rencontre. Nous irons les épauler dès que nous en aurons terminé ici!"
Il soutient le regard qui croise le sien. Son subalterne sait visiblement ce que cela signifie: les deux navires et leurs équipages seront sacrifiés pour le bien de l'opération. La stratégie navale est semblable aux échecs. Pour gagner, il faut savoir sacrifier quelques pièces. Prétendre gagner sans la moindre perte relève, au mieux, d'une douce utopie. Toujours est-il que l'ordre n'est pas discuté. Et après le léger flottement qui règne dans la pièce, les ordres sont transmis par radio au Dominance et au Poing d'Acier.
"Allez! Montrons à ces enfants de putains ce qu'il en coûte de s'en prendre à l'UNE!" hurle-t-il en arrivant au niveau des combats. "Pas de quartiers!"
L'officier jette en regard en direction du Vent d’Orkhig. Comment se passent les choses du côté d'Yssaé? Ne pouvant guère faire plus qu'espérer que son homologue tient la dragée haute aux pirates, Tristan lève son arme et lâche un tir à bout portant dans le visage du premier adversaire qui se porte à sa rencontre...

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L’amour du travail bien fait est la qualité reine de l’officier EmptyMar 23 Jan - 18:05
N’ayant absolument rien à prouver, et cure des avis de ses collègues, Yssaé avait adopté une tactique bien plus prudente, qu’on pourrait presque qualifier de timorée, mais qui avait l’avantage ne causer le moins de pertes possibles. Yssaé tenait en effet à sa petite réputation, qui était de vouloir risquer le moins possible la vie de ceux sous son commandement, et de sacrifier de son temps et de son énergie personnelle en tactiques complexes plutôt que des moyens et des vies – pour des résultats souvent plus modestes, il est vrai.
    Ça faisait partie de son délire de prudence. Tous les chnalers qui escortaient son kriser avaient été détachés au secours de ceux que Ritcher venait d’envoyer au casse-pipe, et quand les pirates attaquèrent, de façon presque mesquine, l’Allégeance se trouva en première ligne ; Yssaé ayant spécifiquement demandé à ce que son propre bâtiment reste en retrait.

    L’équipage attendait, prêt à combattre. La manœuvre d’Yssaé était franchement étrange. Elle consistait en faire le grand tour, presque hors de portée du feu ennemi, mais tout en délivrant soi-même des bordées, fin de faire croire qu’on était toujours là. Le principe, pourtant, les contournements, c’est qu,ils doivent rester le plus discrets possibles pour bénéficier de l’effet de surprise. Les pirates se regroupèrent donc hors de portée du Vent d’Orkhig, c’est à dire… droit sur le navire de Ritcher, qui fut pris d’assaut par des vagues ennemies sans cesse renouvelées.
    Assez clairement, Yssaé avait utilisé l’Allégeance comme un gros appât pour concentrer tous ces navires au même endroit, puis les immobiliser dans un combat qui serait bien plus âpre qui prévu, étant donné que le commandant Von Ritcher n’était pas n’importe qui, puis profiter de sa vitesse pour débouler à toute trombe en alignant les pirates ainsi immobilisés.
    Et c’est exactement ce qui ce passa. En une grosse demi-heure, la plupart de la flotte pirate prise entre deux feux avait été envoyée par le fond suite aux tirs répétés des deux krisers. Les deux navires se mirent enfin bord à bord, et Yssaé envoya de ses propres troupes anéantir les dernières poches de résistance qui déambulaient dans l’Allégeance.

    Dès que la fumée fut retombée et les derniers corps renvoyés à la mer, Von ritcher reçut une communication radio.
    « Agréable petite mise en bouche, vous ne trouvez pas ? Félicitation pour la pugnacité de vos troupes, et votre courage au combat. J’ai un respect plus que prononcé pour ceux qui combattent aux côtés des leurs., et non depuis l’arrière. Je vous suis pour aller anéantir la seconde flotte. »

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L’amour du travail bien fait est la qualité reine de l’officier EmptyJeu 25 Jan - 16:01

Un semblant de calme règne à présent sur le pont de l'Allégeance tandis que les derniers navires ennemis, en flammes, s'apprêtent à rejoindre le fond de l'océan. Le calme avant la tempête. Ou, plutôt, entre deux tempêtes... L'une des flottes adverses appartient désormais au passé. Mais la suivante s'apprête à rejoindre la fête avec l'impétuosité d'une vague entendant disputer le contrôle du monde à la terre ferme. Mais pour l'heure les blessés de la flotte daënar sont pris en charge. Et les prisonniers que cette dernière à faits attendent le bon vouloir du seul maître à bord.

Tristan remonte le long de la rangée de captifs derrière lesquels des soldats se tiennent pour prévenir toute velléité de révolte. Il les observe de son oeil valide avec un mépris qui ne peut leur échapper. Il marque de temps à autre une pause devant l'un ou l'autre sans aucune réelle raison apparente. Il cherche simplement à imprimer davantage de nervosité à ceux qui ont choisi de se détourner des lois. Pour certains, les plus jeunes, cela semble fonctionner. Quelques larmes roulent sur les joues des plus fébriles. Mais les plus âgés, ceux ayant vraisemblablement le plus de bouteille dans le périlleux exercice de la piraterie, se contentent d'accepter leur sort. Sans doute s'y sont-ils préparé depuis longtemps.

Le borgne s'arrête devant un candidat qui semble lui convenir. Notamment car il semble être le plus réceptif à l'effroi de sa situation. Il adresse alors un signe de tête au subalterne qui en a la garde et ce dernier gratifie le captif d'un coup dans le dos pour le pousser à s'éloigner du groupe, le suivant alors de près. Il sera maintenu en vie et interrogé. Son apparence faiblesse psychologique devrait faciliter la tâche des soldats qui le questionneront. Quant aux autres...
"Montrez à ces messieurs le chemin de la sortie!" ordonne-t-il à leurs gardiens. "Ces déchets n'ont déjà que trop pollué mon pont!"
Le fond de l'océan accueillera ceux qui supposaient dominer sa surface. Des cris s'élèvent, réprimés par des coups de crosse ou étouffés par l'eau tandis que les chutes se succèdent. Certains se débattent et tente de briser les liens qui leur garantissent une mort qui n'a rien d'enviable. Mais tous finissent par quitter le pont du Krizner. Tristan ne s'intéresse pas davantage à une scène qui est devenue banale au fil des années.

Il rejoint ainsi le poste de commandement de son bébé au moment où une communication provenant de son jumeau arrive. L'officier lâche un reniflement de dédain lorsque les compliments d'Yssaé parviennent à ses oreilles. Puis il saisit le combiné des mains de l'homme chargé des transmissions.
"Je suis ravi d'apprendre que vous respectez ceux qui osent regarder leurs adversaires dans le blanc des yeux, capitaine! Mais peut-être pourriez-vous songer à les imiter?" crache-t-il avec un semblant de retenue. "Et puisque vous m'avez si gentiment permis de commander l'opération je vais vous rendre la pareille en vous permettant d'expérimenter le courage! Vous allez donc avoir l'honneur d'ouvrir la voie à nos navires et d'attirer le feu sur votre bâtiment, cette fois-ci!"
Les troupes que son homologue lui a dépêchées ont été utiles, il ne saurait le nier. Mais elles n'excusent rien la lâcheté dont il a fait preuve en souhaitant rester en retrait. La stratégie agressive du borgne ne lui convenait peut-être pas. C'est son droit. Mais son devoir, lui, lui commande de se plier aux ordres du commandant de l'Allégeance. D'autant plus que son navire est en meilleur condition que celui de von Richter.
"Exécution!"
L'officier relâche sans la moindre douceur le combiné sur le bureau de son subalterne et lui fait signe de couper la communication. La seconde flotte pirate sera bientôt au contact. Le Dominance et le Poing d'Acier, sacrifiés pour faire gagner du temps au gros des forces daënars, ne sont plus que des épaves en flammes. Il convient de les venger avec la plus extrême violence. Tristan visse une cigarette au coin de ses lèvres et l'allume avant de reprendre sur la fauteuil qui trône au centre de la salle.

Le grand nettoyage continue...

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L’amour du travail bien fait est la qualité reine de l’officier EmptyLun 29 Jan - 16:05
    Depuis le pont de son navire, Yssaé put assister à la scène d’exécution de son homologue. Ça ne lui fit pas tirer la moindre expression. On ne put en dire autant de ceux qui servaient sous ses ordres. Certes, ils étaient des pirates, mais aussi des prisonniers désarmés s’étant rendus. Devinant l’agitation des siens, et voulant montrer que sa sévérité allait avec sa justice, Yssaé demanda à ce qu’on envoie une vedette repêcher ces pauvres gens. Les cellules à bord d’un krizer sont bien assez vastes pour accueillir ceux qui tombaient de L’Allégeance.
    Et puis, on pourrait toujours tirer des informations de ces pirates sur leurs amis en échange de clémence. Yssaé eut tout de même un pincement au cœur en voyant que son rôle serait celui du bon flic, et non celui du mauvais flic. C’était sûrement lié au fait que, contrairement à ce fanatique de Tristan, l’intérêt et le pratique primait sur toute autre considération.

    Le voilà qui maintenant demandait à ce que le sale tour qu’avait joué Yssaé soit fait en réciproque sur le Vent d’Orkhig. Allons bon. Un acte puéril. La manœuvre qu’avait adopté Yssaé n’était, dans le fond, que la démonstration que des tactiques moins coûteuses en hommes existaient. Par radio, Yssaé demanda à ses navettes qui récupéraient déjà les pirates de faire le tour des embarcations qui prenaient l’eau et de rafler tous les canons. Il y avait une belle quantité d’épaves, ici, et il serait fort dommage de ne pas profiter des ressources qu’elles contenaient.
    D’autant plus que ce n’était non pas deux mais sept Chnalers qui avaient été envoyés sur les pirates pour ralentir leur progression. Le temps n’était donc pas une denrée en quantité critique.

    Le plan d’Yssaé était assez simple. Dès que la flotte pirate se montrerait, le Vent d’Orkhig les attendrait, immobile, et ayant disposé la majorité de ses canons sur le même côté, en plus de ceux récemment récupérés. Une seule salve ferait de forts dégâts, briserait la première vague d’assaut, et leur moral. Pour ce qui était de L’Allégeance, Yssaé envoya une communication rapide à Tristan.
    « Je vous conseille de vous dissimuler dans ce nuage de brouillard, à 345° nord-est. La flotte pirate arrivera sûrement à 14° nord. Dès qu’ils m’auront en visuel, ils chargeront. Je ferai l’enclume… Et vous, cela va de soi, le marteau qui les prendre par derrière. Bonne chance. »
    Un conseil, façon de parler. C’était un ordre à peine dissimulé. Si jamais Tristan se décidait à n’en faire qu’à sa tête, alors Yssaé devait trouver un plan de secours pour diminuer les pertes. Ce serait contrariant.

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L’amour du travail bien fait est la qualité reine de l’officier EmptyMar 13 Fév - 17:06

Les ordres, aussi clairs soient-ils, sont toujours sujet à interprétation. Du moins est-ce ce que certains officiers se plaisent à croire. Le plus souvent, lorsque ça les arrange. Le borgne tapote du doigt sur son fauteuil de commandement, son autre main s'affairant à marier ses lèvres et la cigarette glissée entre ses doigts. Son regard, sévère, est rivé sur les navettes qui récupèrent les hommes jetés à la mer. Ceux-là même qu'il avait condamné au trépas. L'idée de couler ses pathétiques embarcations lui effleure l'esprit. Durablement. Il hésite d'ailleurs depuis plusieurs secondes à donner un ordre qui aurait un effet positif indéniable sur son bien-être. Mais désastreux sur sa carrière. La marine ne coule pas ses propres bâtiments. Pas sans une bonne justification, du moins. Et il aurait bien du mal à justifier la perte du Vent d'Orkhig.

Et pourtant il hésite encore. Jusqu'à ce que la radio crache la voix devenue bien désagréables du commandant Yssaé. Ce dernier se permet d'ailleurs au passage de lui délivrer un conseil. Une suggestion qui à un intérêt tactique indéniable mais qui sonne comme une forme de condescendance. Et là encore, une bataille se livre entre l'ego et le devoir. Le second finit par l'emporter et Tristan fait un signe de tête affirmatif au navigateur qui s'empresse alors de diriger le Krizner vers le banc de brouillard. Une chose après l'autre!

~~~~~~~~~~

Le fracas de la bataille inonde la zone de bruit. Bien que l'épaisseur de la brume l'empêche de voir quoi que ce soit, il imagine fort bien la violence de l'affrontement. Le métal qui ploie et finit par céder, les flammes qui entendent le dévorer. Le sang qui coule et macule le ponts des différents navires. Les cris, la peur ou l'espoir de ceux qui perdent et gagnent leurs duels. Oui, cela lui coûte de rester en retrait. Son coeur lui commande d'entrer dans le feu de l'action et de faire tonner le canon. Mais sa tête, elle, lui ordonne de rester en retrait.
"Commandant?" s'étonne l'un de ses hommes.
Il ne répond pas. Son visage s'illumine brièvement lorsqu'il tire sur sa cigarette. Ses traits apparaissent un bref instant dans la pénombre tamisée du pont, figés par l'indifférence. Chaque seconde coûte la vie à des hommes. À des pirates, notamment. Ce qui est parfaitement réjouissant. Mais également à des hommes valeureux. Des hommes qui, pour certains, naviguent à bord du bâtiment d'Yssaé. Un constat douloureux et... étrangement réjouissant.
"Commandant?"
"Je vous avais entendu la première fois, lieutenant..." fait-il remarquer à l'officier tactique. "Vous recevrez vos ordres en temps voulu! D'ici là, foutez-moi la paix!"
L'incendie qui dévore une partie du pont, bien que mineur, constitue l'argument qu'il lui fallait. Ne convient-il pas de régler ce problème avant de se lancer une nouvelle fois dans la bataille? C'est du moins le soucis qu'il évoquera si on venait à reprocher une forme d'inaction. Mais ce qu'il souhaite par-dessus tout c'est qu'Yssaé paie son manque de combativité lors de la première bataille. Que son vaisseau souffre. Que lui et ses hommes aussi. Peut-être même qu'il perde la vie. La marine n'a pas besoin de couards dans ses échelons supérieurs. La purge par la violence est indéniablement plus efficace que la déjection par le haut!

~~~~~~~~~~

Quelques minutes supplémentaires s'écoulent. L'habitude, elle, persiste. C'est ainsi une énième cigarette que le capitaine achève avec indifférence dans son cendrier. Il lâche une dernière bouffée enfumée avant de se relever et pousser un léger soupire. Il observe alors le pont noircis et savoure l'absence de flammes. Il se tourne alors vers l'homme à la barre du mastodonte d'acier.
"En avant toute! Cap au 240°!" ordonne-t-il. "Il est temps de régler définitivement le sort de ces pirates!"
Quelques instants plus tard, la silhouette effilée du Krizner surgit de la brume et fond sur l'adversaire. Le temps de noter l'état des différents navires de la flottille daënar - ou tout du moins l'état de ceux qui sont encore à flot - et l'Allégeance se faufile entre deux bâtiments adverses. La surprise est totale et joue parfaitement à l'avantage du navire étendard des forces de l'UNE. Les canons, eux, répondent docilement à l'invitation des artilleurs. Un flot de métal ne tarde ainsi pas à dévaster la coque et le pont des deux vaisseaux adverses...


Dernière édition par Tristan von Richter le Mer 7 Mar - 6:16, édité 1 fois

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L’amour du travail bien fait est la qualité reine de l’officier EmptySam 17 Fév - 16:59
Encore une fois, Yssaé avait fait preuve d’une prudence et d’un souci de préserver le sang de ses troupes qui était remarquable. Toutes les vedettes que pouvait déployer le Vent d’Orkhig avaient été équipés de câbles et placés sur le bord du krizer qui ne recevrait pas de combats. Le plan était somme toute très simple ; retarder autant que possible l’abordage des pirates, leur seule chance de faire mal à son navire bardé d’acier, en reculant autant que possible pour augmenter la distance à parcourir, et le nombre de volées qui pouvaient être tirées.
    De même, les artilleurs avaient reçu des instructions précises. Ils devaient autant que possible éviter de détruire les vaisseaux pirates, et se contenter de les immobiliser en ciblant les moteurs. Moins de tirs seraient ainsi nécessaires pour le même résultat ; rendre les navires ennemis incapables de l’aborder.
    De plus, contrairement à son homologue, Yssaé jouait comme à son habitude plusieurs coups à l’avance et sur plusieurs tableaux politiques. Avoir une réputation de clémence en épargnant et emprisonnant ces criminels plutôt que de les envoyer par le fond allait ainsi lui attirer une réputation bonne pour sa hiérarchie et les milieux interlopes qui fournissaient des mercenaires qu’il est toujours utile d’avoir avec soi plutôt que contre soi.
    Yssaé connaissait parfaitement la valeur politique de la morale et de la vertu, et entendait bien ne pas se laisser aller à une enfantine soif de sang.

    La flotte pirate attaqua en grand nombre, mais avec une certaine orthodoxie. Le plan de tir en reculant se passa bien. Le Vent d’Orkhig entraîna les pirates sur plusieurs kilomètres, ce qui leur fit perdre de nombreux bâtiments et un temps précieux. Et comme l’Allégeance tardait à se montrer – il serait beaucoup de dire que Yssaé s’y attendait, mais ça ne fut en tout cas pas une surprise – Yssaé eut même le temps de faire manœuvrer son navire pour le faire se décaler légèrement. En clair, son krizer était entre celui de Tristan et la flotte pirate. La manœuvre était évidente : son impétueux collègue ne serait pas tenté d’abattre les pirates immobilisés en premier avant de venir l’aider, car les plus proches étant ceux qui pouvaient encore combattre.
    La bataille fut plus aisée que la précédente. Les canons daënars firent des merveilles. Il y eut une tentative d’abordage réussie sur le Vent d’Orkhig, mais Yssaé la repoussa, sans pour autant y participer directement. Il avait une bataille entière à coordonner et ne pouvait pas se permettre de participer aux premières lignes. Qui plus est, le temps de la noblesse daënare qui montait en première ligne et se faisait tuer dès le début de la bataille, qui était une immense mêlée générale plus qu’un exercice militaire, était bien passé. Les chefs se devaient d’être surplombants, et de pouvoir contrôler les événements la tête froide. C’était en tout cas ce à quoi aspirait Yssaé.

    Sitôt que les affrontements furent terminés, sans attendre que la fumée ne retombe, Yssaé utilisa la poussée supplémentaire de ses escorteurs qui remorquaient son navire et ajoutaient ainsi leur poussée à la sienne pour atteindre les bâtiments pirates immobilisés et les arraisonner. Il fallait être plus rapide que l’autre psychopathe qui préfèrerait les envoyer nourrir les poissons. Les cellules du Vent d’Orkhig furent vite pleines à craquer. Une bonne chose de faite.

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L’amour du travail bien fait est la qualité reine de l’officier EmptyMer 7 Mar - 7:18

Les bras croisés dans le dos, le regard résolument rivé sur les vestiges de bâtiments soumis à l'appétit patient de l'océan, Tristan écoute avec attention les rapports qui viennent clôturer une journée fort productive. La victoire est totale. Mais elle était également prévisible. Quant aux pertes nécessaires pour l'obtenir... Chaque homme ou femme qui quittera le pont de l'Allégeance enveloppé dans un drapeau aux armes de la marine de l'Union représente un échec. Et une fierté. L'équipage s'est bien battu. Il a fait preuve de la bravoure que l'on attend de ceux qui honorent l'uniforme qu'ils portent.

Le borgne regrette simplement que ce constat ne puisse s'appliquer à celui qui prétend être son homologue mais qui s'acharne à sauver la vie de ceux qui se sont dressés contre l'ordre établi. La vision des corps jetés à la mer se mêle à celle, désagréable, des pirates qui montent docilement sur le pont du Vent d'Orkhig. Leur seul présence est un affront à la mémoire de ceux qui sont tombés en ce jour pour défendre la nation. Et le cadet des von Richter ne se fait guère d'illusions sur ce qui motive une telle clémence...

Tristan connaît trop bien ces gens qui prétendent défendre l'Union mais qui se bornent à défendre leurs seuls intérêts. De l'hypocrisie cachée sous de nobles sentiments. Il s'acharne à fuir ces pourritures. Et la plupart du temps, il y parvient. Yssaé, tout méprisable qu'il soit, ne sera bientôt plus qu'un vague souvenir. L'homme retournera bientôt à terre et les flots seront débarrassés de sa présence. Cette pensée redonne un peu de baume au cœur à l'officier.
"L'incendie sur le pont numéro deux a été maîtrisé. Il semblerait toutefois que les régulateurs de pression aient été endommagés et l'ingénierie se penche en ce moment-même sur le problème. La voie d'eau dans la soute numéro trois a également été contenue et les pompes fonctionnent à plein régime. Mais d'après les premières estimations nous devrons probablement envisager des réparations en cale sèche!"
Un soupire quitte les lèvres du borgne. Qui dit cale sèche dit séjour forcé à terre. Une perspective qui lui déplaît au plus haut point. Mais à laquelle il ne pourra pas se soustraire s'il entend pouvoir reprendre la mer avec l'assurance que l'Allégeance encaissera un autre combat comme celui qui vient de s'achever.
"Le chef Harper vous informe également que nous ne sommes plus en mesure de naviguer à pleine puissance. Son équipe fait ce qu'elle peut pour nous assurer une source d'énergie convenable mais il insiste pour que l'on coupe l'alimentation des zones non-vitales du navire."
"Autorisation accordée! Qu'en est-il de nos communications?"
"L'antenne a été épargnée et est parfaitement fonctionnelle! Nous sommes en mesure d'émettre et de recevoir!"
"Excellent!" glisse le borgne. "Je souhaite parler au plus vite à l'amirauté! Faites-moi savoir lorsque nous serons assez proches de côtes pour établir une communication!"
La victoire n'est pas la seule chose que le commandant de la flottille détachée par l'Union rapportera à ses supérieurs. Il convient de leur signaler les initiatives douteuses d'Yssaé. Qu'il approuve ou non ses choix, l'homme a fait preuve d'une trop grande témérité en sauvant des hommes condamnés à mort par Tristan. Les considérations personnelles sont une choses. Se dresser volontairement contre son supérieur en est une autre. Les huiles agiront en conséquence. Lui, désormais, il s'en lave les mains.
"Prenez les dispositions nécessaires pour que nos navires endommagés puissent être remorqués. Nous retournons à Fort Feslberg!"
L'officier quitte alors la passerelle pour rejoindre le pont les cadavres alignés respectueusement sur les flancs de ce dernier. L'heure de la vengeance viendra bien assez tôt. Mais pour l'heure il convient d'honorer les morts...

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