ZagashRégion privilégiée des fervents croyants en Dalai, elle s’étale sur l’une des superficies les plus spacieuses du continent. Il y fait pourtant très bon vivre et les ressources y sont fort riches pour les habitants… N’allez néanmoins pas croire que ces derniers s’en contentent : nous parlons bien ici du tempérament de Dalai après tout !
TopographieZagash s’étend sur une très large superficie au regard du reste du continent de My’trä. De fait, la région alterne entre une succession de biomes très différents les uns des autres, pourtant dotés d’un seul point commun : chaque parcelle de Zagash est veinée d’une quantité non négligeable d’eau vive. L’effet qui en résulte est assez étonnant et peut être comparé à celui d’une mangrove, mis à part l’aspect tropical. Rivières, ruisseaux et canaux quadrillent le territoire et façonnent sur celui-ci un filet extrêmement resserré de parcelles terrestres qui sont au final comme autant d’îles morcelées. N’allez pas croire néanmoins que l’atmosphère est continuellement humide, car ces courants d’eau sont rarement d’une taille assez conséquente pour inquiéter davantage que des semelles mouillées ! De la même manière, il n’existe quasiment pas de lacs sur Zagash. Les plus grands plans d’eau dormante peuvent former des étangs d’un à deux mètres de profondeur. Il semblerait que le tempérament houleux de Dalai soit en contradiction même avec une surface calme… De nombreuses légendes tendent à dire que ces divers ruisseaux et rivières ne seraient autres que les veines qui parcourent son corps. Ainsi, dans cette région, les profondeurs les plus à craindre sont souvent celles creusées par le courant tempétueux d’une rivière tout droit issue des montagnes : l’eau déboule avec une telle force que pierres et sable arrachent tout au fil des années.
A propos de dénivelé, il est à noter que la frontière Est de Zagash n’est constituée que d’une immense chaîne montagneuse qui sépare tout son territoire de celui de la région voisine, Kharaal Gazar. Appelée Tsagaan Oi par les habitants, ses sommets sont recouverts toute l’année de neige éternelle qui les rend pratiquement impraticables. La quantité de neige est telle que parvenue à une certaine altitude en descendant ses flancs, la glace souffre de la chaleur environnante et se transforme perpétuellement en une eau cristalline et froide. Cette eau dévale par la suite ces montagnes en une multitude de ruisseaux, qui se rejoignent tous au pied des Tsagaan Oi pour former la plus grosse rivière de Zagash. Le terme de torrent serait toutefois plus juste car la pression exercée par l’eau y est telle qu’elle a découpé dans le paysage toute une succession de cascades magnifiques dont les projections et le bruit s’étalent à des kilomètres de distance. Attention aux voyageurs téméraires, l’eau est si glaciale et dangereuse qu’il serait imprudent d’y poser un orteil.
Ce torrent parvient alors dans les plaines de Zagash, de magnifiques étendues à la végétation assez unique qui se déclinent dans une roche très calcaire. Oh, quelques collines existent bien entendu ici et là, mais elles n’ont rien des rondeurs de leurs consœurs à travers le reste du monde. La roche est régulièrement nue, striée d’arrêtes effilées et de flanc poussiéreux. Cette pierre sédimentaire se compose de grès, de gypse et de calcaire qui lui donne une consistance tantôt très dure, tantôt si friable qu’il est aisé de la réduire en grains entre les doigts. En règle générale les ruisseaux sont environnés de pierre dure car l’eau aura d’ores et déjà dissout tout le calcaire à proximité, qui pour sa part se trouve plutôt en hauteur ou hors de portée. Cette particularité a vraiment contribué à dessiner dans le paysage des lits d’eau fortement ancrés dans le sol, car l’élément a quelque peu sculpté à sa guise les environs. Heureusement pour nos yeux, ce sol très blanc et découpé est en partie adouci par la présence d’une végétation éparse. L’apport en eau se limitant souvent aux rivières alentours, la flore a dû développer de longues racines et toutes sortes de techniques pour résister au soleil : oliviers, pins, chênes, platanes, et autres buissons piquants pullulent dans cette zone.
Cette topographie se transforme progressivement en une végétation beaucoup plus dense au fur et à mesure que l’on avance vers l’ouest. Elle cède le pas à de grandes forêts de conifères et d’herbe tendre très propices à la vie. Tout ce qui y est planté pousse généralement à une vitesse fulgurante et sans le moindre apport extérieur. Les conditions y sont tellement excellentes qu’il est difficile de procurer un meilleur équilibrage en termes de soleil et d’eau. Néanmoins ces territoires boisés ne sont pas sans danger puisqu’ils attirent leur lot de prédateurs épanouis. D’autant plus que les sous-bois sont parfois tellement denses qu’il est ardu de s’y déplacer et ridiculement facile de s’y perdre à tout jamais. La plupart des habitants contournent le problème en suivant méticuleusement les cours d’eau qui arpentent ces forêts et qui finissent toujours par aboutir sur l’océan ou les Tsagaan Oi selon que vous en remontiez le courant ou non.
ClimatLe climat peut se diviser en trois catégories. La première, tout à l’ouest, est plutôt caractéristique d’une région froide. Les températures oscillent entre 15 et -6 degrés pour les jours les plus froids. Il lui arrive de monter autour des 20° lorsque le soleil est vraiment présent, mais cela reste assez rare. Si l’on peut exclure les intempéries climatiques propres aux régions polaires, les falaises qui longent la fin d’Irydaë et le néant sont perpétuellement recouvertes d’une certaine couche de neige. Il est arrivé deux trois fois depuis que les Hommes sont capables de s’en souvenir que la neige fonde et laisse voir la terre, et encore est-elle recouverte d’une irréductible pellicule de givre. A contrario, plus vous avancez vers l’est plus les températures se réchauffent. Les grandes forêts denses sont ainsi tout d’abord quasiment parées de tons blancs les trois quart de l’année, puis ne souffrent que du gel ou de températures assez basses en journée. La cime des arbres protège les sous-bois des intempéries et du vent, au demeurant assez violent le long des côtes.
Le centre de Zagash est du coup un parfait idéal de vie pour ceux qui aiment le juste milieu. La vie est florissante, l’eau coule à flots et de grandes parcelles de forêts ont même été abattues pour donner naissance à des rizières et autres cultures aisées avec un tel climat. Les quatre saisons sont équilibrées et alternent pluies rafraîchissantes, soleil chaleureux et périodes de neige en hiver qui égayent le paysage. Rien d’insurmontable en somme, et tout de très étonnant pour une région supposée être sous le joug de Dalai et de son tempérament. Enfin, le climat subit une dernière évolution à l’approche des Tsagaan Oi. Il faut savoir que cette immense chaîne montagneuse protège naturellement cette partie-là de Zagash des vents tout droit venus de l’océan au centre d’Irydaë. En revanche, les côtes sont régulièrement la proie de courants tempétueux verticaux que l’on dit issus d’Als’kholyn, et qui véhiculent la plupart du temps un sable très fin qui salit énormément et est assez gênant pour les yeux. Cependant, ce vent ne dépasse pas l’étendue des plages et des parcelles de terre proches, et il s’essouffle sans difficulté au bout d’une poignée de kilomètres. D’aucuns diront que l’affinité existante entre Dalai et sa sœur Amisgal n’est pas pour rien dans cet étrange tour de magie. Si l’on exclut le vent, donc, l’extrémité Est de Zagash est très aride et n’accueille que très rarement des pluies fortes. Le soleil est assez rude lorsqu’on y est peu habitué et les températures peuvent monter jusqu’aux 35° sans que cela paraisse anormal. Les cours d’eau omniprésents sont probablement la seule chose qui empêche tout à fait cette zone de devenir un petit désert sur le long terme.
Villes, villages Il est tout d’abord très important de comprendre que Zagash est une région extrêmement peuplée. Son territoire est parcouru d’une multitude de villages et de petits hameaux qui ne se différencient les uns des autres que par le biais de détails mineurs. Il faut savoir que toutes les villes, et nous comprenons bien toutes les villes dans leur intégralité et indépendamment de leur taille, sont construites à proximité direct d’un plan ou d’un courant d’eau. C’est une donnée vitale pour les habitants de Zagash et croyants de Dalai. Les populations locales sont fermement convaincues qu’une construction est maudite dès lors que ses fondations sont construites trop loin de tout élément aquatique. A contrario, ne faire qu’un avec une rivière ou les bordures de l’océan est signe de réjouissance et d’un avenir épanouissant. Ils se sont par conséquent aisément répandus à travers tout le territoire, en plus grand nombre sur l’entièreté du littoral, et de plus en plus épars au fur et à mesure que nous atteignons l’ouest. En effet, le tempérament des habitants les poussant continuellement à l’expansion de leur territoire, ils ont très vite perdu tout intérêt pour cette partie de la région qui ne peut s’agrandir d’aucune manière à moins d’affronter le néant : où se trouve alors l’intérêt d’y construire des villages… ? Seuls quelques irréductibles vivent là-bas, près des rivières bien sûr, et uniquement pour profiter des largesses de l’océan.
Il y a malgré tout quelques cités et villages qui sont dignes de curiosité et forment en grande partie le dynamisme de la région. La première d’entre elles se nomme
Nalan et se trouve sur les bordures de la frontière entre Zagash et la région privilégiée de Khugatsaa. Son histoire est très particulière car il s’agit d’une ville assez récente et qui n’a même pas toujours été sous la coupe des croyants de Dalai. Autrefois, il s’agissait d’un hameau qui était la propriété à part entière de la région voisine. Toutefois, colonisateurs nés et jalousant les immenses étendues dont disposaient leurs voisins, les Zagashiens entreprirent progressivement de rogner la frontière sur des kilomètres de distance. Cette avancée agressive de leurs forces armées fut justifiée par des coups méticuleusement montés pour forcer les croyants de Khugatsaa à être en porte-à-faux et à croire qu’ils leur devaient remboursement : de fausses attaques de caravanes furent organisées, de la contrebande, des erreurs politiques… etc. Tout fut fait pour que personne ne puisse vraiment intervenir au nom de la vérité et que les autorités à l’échelle de My’trä n’ait pas assez de preuves pour s’en mêler. Et plus particulièrement, la région sœur de Khugatsaa, celle de Süns, prochaine cible au tableau des Zagashiens pour prendre le pouvoir sur les autres tribus. Mieux valait d’abord attaquer le maillon faible de leur duo, le frère éternellement protégé et trop naïf pour prendre des décisions osées par lui-même. Le résultat de ce coup d’éclat fut bien évidement Nalan, une ville créée de toutes pièces pour narguer Khugatsaa, de laquelle ils forcèrent à l’exil tous les anciens habitants pour les remplacer par des Zagashiens extrémistes et modifier son architecture. La ville prône ainsi Dalai à l’excès et a été reconstruite dans le but d’augmenter considérablement leurs forces armées. Jeux de pouvoirs et entraînements militaires battent leur plein entre ses murs…
En termes de puissance, vient ensuite
Kereeh. Cette grande cité a été bâtie sur les flancs des Tsagaan Oi, en basse altitude, et sous la forme de balcons successifs. Magnifique par bien des aspects, elle est la preuve incarnée d’une autre tentative des Zagashiens d’imposer au monde leur soit disant perfection. Il n’est pas anodin qu’une aussi belle cité ait été soigneusement placée dans le dos même de Kharaal Gazar et de ses Ô combien haïs croyants en Delkii. La jalousie qu’éprouve Dalai envers ce dernier n’est plus à prouver, et à l’image de leur Architecte ses croyants n’ont pas pu s’empêcher de provoquer leurs voisins : puisqu’il était impossible de coloniser Kharaal Gazar à cause de la chaîne montagneuse, il fallait bien asseoir juste sous leur nez une source de pouvoir conséquent. Pour eux qui n’ont qu’aridité et maigres oasis –du point de vue des Zagashiens bien sûr-, Kereeh est une source absurde d’oisiveté, d’eau en surplus, et de gâchis obscènes dignes de faire bondir le plus passif des croyants en Delkhii. En effet cette cité entoure amoureusement une succession de splendides cascades qui s’écoulent jusqu’à la vallée en contrebas. Chaque balcon est de fait un grand bassin d’eau, de nénuphars et d’oiseaux multicolores, qui accompagne sa cascade à l’étage inférieur, plus large encore. Les habitations sont réparties d’un côté et de l’autre de l’eau, que les habitants peuvent traverser à l’aide d’élégants ponts. Le tout est construit dans une pierre très blanche et lisse, accompagnée de marbre et de mosaïques presque à l’excès. Car si la ville est belle et attire bon nombre de touristes et voyageurs fortunés, elle n’est pas franchement conçue pour la vie quotidienne et ne fait qu’importer toutes ses ressources des autres villes de la région. Il s’agit donc davantage d’une station balnéaire ensoleillée dont l’esprit tourne très vite à la concupiscence, l’avarice et à la jalousie amère.
Dans un tout autre domaine, la cité d’
Ariun est connue à travers tout My’trä pour son étrangeté et ses particularités architecturales. Il s’agit ni plus ni moins que d’une ville entièrement construite… Sous l’eau. Cela pourrait sembler tout à fait absurde aux profanes, mais pour les Zagashiens la construction d’Ariun fut d’une absolue logique et un devoir même en l’honneur de Dalai. En effet, l’Architecte étant très réceptive aux prières de ses croyants et régulièrement présente à leurs côtés par un biais ou un autre, ceux-ci lui vouent un amour transcendant et une confiance aveugle très gratifiante. Pour la remercier de ses bienfaits, ils décidèrent très vite de bâtir une ville entièrement à son image et sous la surface de l’eau pour lui servir de demeure si elle le désirait. Il s’agit par conséquent d’une immense cité complètement déserte dont les fondations ont été posées au cœur d’une charmante crique à l’est. L’eau y est très chaude, les coraux et la faune sous-marine impressionnants et diaprés. Il est possible d’atteindre le sommet des premières tourelles d’Ariun dès deux à trois mètres sous la surface, les derniers murs de la ville se situant déjà dans l’océan même, aux alentours de 30 à 40 mètres sous l’eau. Le tout est à la fois magnifique et étrangement angoissant, une cité fantôme dans laquelle l’océan a totalement pris ses aises, dotée d’une architecture aux grandes arches, coupoles richement décorées et colonnes torsadées. Cet endroit est considéré comme un temple sacré par les habitants de Zagash, un lieu de recueillement et d’harmonie avec Dalai. Il est toutefois possible de le visiter car quelques bâtisses se sont construites tout autour sur les berges de la crique afin que les manipulateurs d’eau puissent organiser des visites à toutes heures du jour et de la nuit : ils vous accompagneront avec grande fierté et plaisir au moyen d’une bulle d’air soigneusement entretenue qui vous permettra de déambuler dans les rues d’Ariun. Faut-il que vous soyez prêt à les écouter se vanter des heures durant, car ils ne tariront pas d’éloges sur leur Architecte… Si aucun témoin direct n’a encore vu un tel phénomène, les rumeurs disent que Dalai viendrait parfois savourer la prestance de ces quartiers.
Enfin, arrive bien sûr la capitale de Zagash. Nommée
Shüren elle se situe sur la pointe nord de la région, en plein centre de celle-ci et sur le littoral. Elle s’étale en partie sur la terre ferme et sur les champs verdoyants alentours, et d’autre part sur la plage de sable blanc et l’océan qu’elle recouvre tendrement. Presque entièrement sur pilotis, elle ne souffre pas des vagues et propose à ses habitants un immense port artificiel qui s’étend loin en eau profonde pour les plus grandes embarcations. A l’intérieur même des murs c’est un système de canaux qui est utilisé en guise de transport : chaque habitation possède sa barque et évolue d’un point à un autre soit par le biais de courants rapides, soit par leurs propres pouvoirs de manipulation aquatique. Shüren possède ainsi un très gros ascendant que ce soit sur les plaines cultivées de la région ou la zone de pêche très fertile de l’océan. Sa position centrale lui permet également de dominer et diriger aisément les autres villes de Zagash, tout en empêchant chacun de remettre en cause sa position dominante. C’est la plus massive de toutes en terme de superficie, et si son centre ne fait qu’un ou deux kilomètres, ses quartiers habités s’étendent sur d’immenses distances le long du littoral.
Pour conclure, on mentionnera les colonies jumelles de
Koëln et d'
Umlaüt, uniques dans la mesure où en dépit de leur taille que les traités limitent à quelques milliers d’habitants, il s’agit des deux seules concessions portuaires accordées aux Daënars pour permettre le rapatriement de leur magilithe depuis Zagash jusqu’à leur mère-patrie. Nées du refus des My’träns de voir les envahisseurs installer leurs entrepôts au sein de Shüren, les deux colonies sont soumises à des conditions drastiques limitant leur développement à un périmètre prédéfini, ainsi qu’à toute une ribambelle de règles d’apparence complètement arbitraires dictées pour s’assurer qu’ils n’offenseront pas Dalaï et ses adorateurs en bafouant leurs coutumes. Ou juste pour les entuber, à mieux regarder certaines.
Koëln, située sur le littoral nord-est du pays, à distance respectable d’Ariun pour ne pas offenser les autochtones, dispose d’un climat favorable quoique régulièrement soumis aux caprices des vents océaniques. Umlaüt se trouve pour sa part dans le creux de la baie au nord-ouest de Zagash, ce qui la soumet à un climat beaucoup plus froid, mais lui offre une place privilégiée à proximité de la bordure du monde.
Ici, rien à voir avec les énormes murailles protégeant habituellement les cités de Daënastre : à l’exception de quelques tours de guet disposées çà et là aux abords des villes, elles n’ont eu le droit de construire ni remparts ni forteresse pour contribuer à leur défense, tout juste des casernes à vocation purement logistique. De même, ne disposant que de parcelles limitées pour pouvoir chasser, pêcher et cultiver la terre, les colons sont dépendants du commerce avec les zagashiens et des importations avec l’extérieur – notamment le Tyorum et Hinaus, très impliqués dans leur fonctionnement- pour pouvoir satisfaire à leurs besoins. Tout ici est fait pour leur rappeler qu’ils pourraient être rayés de la carte en une journée si le besoin s’en faisait sentir. La moindre des choses, estiment les zagashiens qui ont créé la surprise lorsqu'ils proposèrent d'eux mêmes les emplacements de ces ports au conseil de la convergence, négociant par là-même qu'il n'y en aurait pas d'autres chez eux.
Sans surprise, les pieds-à-terre daënars font parfois l’objet de sabotages, de dépravations voire d’attaques de plus grande envergure qui peuvent aussi bien toucher leurs foyers que leurs entrepôts ou leurs navires eux-mêmes. Un comportement que les traités conduisent Zagash à désapprouver ouvertement, au point de régulièrement dépêcher des soldats sur place pour contribuer à maintenir l’ordre – ce qu’ils font en effet, même s’ils n’y mettent pas l’ardeur qu’on leur connait. Pour leur part, les guildes de Daënastre ont tout de même pris soin de déployer d’excellents éléments de l’armée et de leurs milices personnelles pour compléter la défense de ces ports.
ArchitectureL’eau est l’essence même de l’art architectural de Zagash. Chaque ville est construite de manière à pouvoir la promouvoir, ne pas altérer ses courants et être source de mouvements perpétuels. Une eau stagnante n’est pas digne de Dalai et de sa puissance incommensurable ! De fait, les villages sont tous bâtis sur pilotis car ils englobent dans leur organisation une rivière, un ruisseau ou encore l’océan lui-même. En général, les habitations sont placées de part et d’autre de sorte à ne pas gêner le flux de l’eau. Puis, à partir de ces artères centrales, sont creusés des canaux artificiels où les croyants font dériver des cours d’eau pour quadriller entièrement toute la superficie de la ville et ne laisser aucune rue, fut-elle mineure, sans son apport en eau. Il faut savoir qu’ils n’aiment que très peu se déplacer sur la terre ferme, et encore moins par le biais de montures terrestres. Pour eux, la force des courants est l’unique réel moyen de transport qui vaille le coup, et ils s’en servent brillamment pour joindre un bout à l’autre de leur région en un rien de temps.
En général les bâtisses sont assez solaires. Ils n’utilisent pas ou peu le vitrage, et apprécient de creuser dans leurs maisons des fenêtres aux circonvolutions très travaillées à ciel ouvert. Ils peuvent alors contempler la pluie tomber lors des intempéries, et savourer le bruit de l’eau même au cœur de leur intimité. En contrepartie les toits sont suffisamment avancés pour laisser une large place sèche sur le parvis et ne pas laisser rentrer l’eau de pluie. De même, ils disposent de lourdes tentures dont ils se servent quand les températures sont basses ou pour se protéger des regards inquisiteurs des passants. Ils peuvent également dans le pire des cas installer de larges panneaux de bois amovibles qui servent de volets. Les bâtisses sont en pierre blanche et polie la plupart du temps, dans un style tout en coupoles, arc-de-cercles et mosaïques. Les fondations, elles, sont rigoureusement carrées, afin de signifier que l’eau est un élément profondément ancré et solide à sa base, puis seulement prend diverses formes selon ses humeurs : le toit et les tours sont l’objet d’une grande créativité.
HabitantsLes habitants de Zagash sont détestables à bien des égards. Il ne s’agit pas d’une population très aimée, bien que leurs idéaux rencontrent certains échos auprès d’une grande partie des My’träns. Beaucoup trop d’autres croyants connaissent leur caractère et leurs tendances à la violence avant tout autre recours… Ils sont fortement semblables à Dalai dans leur manière de vivre. Ils ont pour conviction ferme que toutes les tribus ne devraient en composer qu’une, et, mieux encore, que leur Architecte surpasse tous les autres en termes de puissance et de magnificence. Ils ne comprennent réellement pas ce qu’on peut trouver aux autres Architectes, ni comment on peut être assez aveugle pour ne pas s’incliner tout entier devant l’océan. Ils ont ainsi énormément de difficultés à accepter une autre manière de vivre que la leur et sont très fermés aux mœurs étrangères et à tout ce qu’elles peuvent engendrer. Par conséquent, il n’est pas étonnant de comprendre pourquoi ce sont des colonisateurs nés extrêmement territoriaux. Exactement comme l’eau ne cesse de rogner la terre et gagner du terrain, ils ne cessent de lorgner les régions avoisinantes et à plus large échelle le reste du monde. C’est une obsession qui prime continuellement sur leur politique, et ils n’hésitent pas à recourir à la force pour récupérer ce qu’ils considèrent leur revenir de droit. Il ne faut toutefois pas confondre avec une réelle volonté de méchanceté : ils réagissent ainsi tout à fait naturellement et sans haïr le moins du monde les autres My’träns. Pour eux, c’est simplement que leur peuple devrait être uni sous la même bannière, exactement comme des parents obstinés chercheraient à remettre dans le droit chemin leurs enfants égarés. C’est pour cette raison principale qu’ils font encore l’effort de prendre des « pincettes » politiques lorsqu’ils tentent de récupérer des bouts de territoires par-ci par-là auprès de leurs voisins… A savoir que cette « délicatesse » forcée ne s’applique pas du tout à Kharaal Gazar ni aux croyants de Delkhii. Annoncez que vous venez tout droit de cette région ou faites-en l’éloge, et vous vous heurterez à une terrible discrimination et violence de la part des Zagashiens. A l’extrême inverse, les habitants de Suhury sont très appréciés. La mentalité véhiculée par leur Architecte Möchlog prônant une certaine indifférence, Zagash ne s’est jamais sentie menacée par sa voisine qui est pourtant la région la plus puissante de My’trä. Bien au contraire : Dalai ressentirait même un certain respect à l’égard de son frère, qui est toujours resté insaisissable et mystérieux envers le reste de la famille. Cela lui confère une certaine aura d’autorité accentuée du fait que Suhury se fiche bien que Zagash cherche à rogner du terrain tant que cela n’est pas le sien. Tout pour que les deux régions soient en parfaite entente !
Si les habitants sont imbus d’eux-mêmes, ont une tendance à la vantardise et n’acceptent aucune remise en question de leur soit disant « incroyable pouvoir », il ne faut pas non plus les voir comme des gens forcément agressifs. Ils le sont si vous appuyez sur leurs cordes sensibles –et vous vous prendrez un cinglant retour de vagues-, mais dans la plupart des autres cas il est tout à fait possible et agréable de faire un séjour dans leur contrée. Ils ne sont pas hostiles à tous les étrangers et voient leurs venues comme une occasion de leur prêcher la bonne parole et de faire leur publicité. Si vous êtes en mesure de passer outre leurs discours moralisateurs, vous saurez apprécier tous les bienfaits d’une région qui a tout à offrir. Brossez-les dans le sens du poil et vous deviendrez très vite un membre à part entière de la famille ! Les Zagashiens sont ainsi capables d’être d’une générosité affolante quitte à vous couvrir de mets tous plus délicieux les uns que les autres et à vous prêter une confiance servile. Tant que cela n’entre pas en contradiction avec la philosophie de Dalai.
CommerceZagash s’adonne fort bien à certaines cultures. Elle privilégie les denrées qui nécessitent le moins d’entretien possible et poussent en grand nombre dans des terres très humides. Les rizières de Zagash, par exemple, sont connues à travers tout My’trä et l’on dit que leur riz a un on-ne-sait quoi de différent d’un riz standard. Les habitants le cultivent massivement aux portes de Shüren et dans toutes les plaines qui s’étendent alentour, rasant plusieurs arpents de forêts pour augmenter la surface de terres fertiles. De la même manière, grâce à l’eau toujours, il est commun de trouver dans chaque village un moulin hydraulique de plus ou moins grande taille dont les pales sont utilisées pour moudre les céréales, extraire l’huile de noix ou de colza ou encore la création de papier. Vous l’aurez sans doute compris, ses sources de revenus sont en partie dues à l’expertise de matières premières qu’elle fait importer des autres régions pour façonner des produits dérivés. Le papier, tout particulièrement, est l’une de ses plus importantes spécialisations car elle fournit au reste du continent un parchemin de grande qualité pressé par les moulins les plus raffinés. Les codex cousus avec un tel papier se vendent toujours une véritable petite fortune sur le marché. Enfin, bien sûr, la plus évidente et la plus importante de ses activités, loin devant toutes les autres, est le secteur de la pêche. En véritable osmose avec l’océan et ses bienfaits, on ne trouve pas meilleurs marins qu’à Zagash ! La presque quasi-totalité des villes sont construites sur le littoral justement pour pouvoir bénéficier de leur propre port qu’elles exploitent sans commune mesure. Des kilos indécents de poissons et de crustacés traversent chaque jour la contrée à destination des autres régions ou des habitants plus reculés. C’est une activité si appréciée que les Zagashiens en ont fait un sport de haute voltige : il est commun que les jeunes se livrent très tôt à de violentes joutes en pleines tempêtes déchaînées pour voir qui rapportera le plus de poissons ou saura le mieux faire voler son embarcation entre les vagues. Heureusement, leurs aptitudes sont telles qu’il est très rare qu’ils ne reviennent pas sains et saufs. On dit de toute façon qu’un Zagashien apprend à nager et évoluer sur un bateau avant même d’apprendre à marcher et parler.