| | Invité
| Ven 2 Fév - 22:27 | | | Kashin Janvier 927 Alyvesha plie ses doigts dans ses moufles pour s’assurer qu’elle sent toujours ses extrémités. La fourrure a beau être épaisse, debout au milieu du vent, cela ne suffit pas forcément. Devant elle, le géant marche dans une congère en tâtant chaque pas devant lui à l’aide de son bâton de marche. Un brusque mouvement d’air manque de la soulever, mais les couches et surcouches de vêtements sont suffisamment bien attachées pour qu’elle n’ait qu’à tenir sa capuche sur sa tête. Et elle fait le pas suivant, en posant son pied dans la trace du guide. Pour s’occuper, il n’y a qu’à repenser, une fois de plus, à ce pourquoi elle est là… « Aly ? - Ouais, Jack ? - Anton. - Hm ? » Elle est allongée dans un hamac, en train de se balancer doucement en se curant les ongles à l’aide d’un de ses couteaux. Ses pieds bougent rythmiquement au pas d’une mélodie qu’elle est la seule à entendre, à imaginer. L’endroit est suffisamment exigü pour être rapidement surchauffé et sentir l’amoncellement de corps pas très bien lavés, mais c’est chez elle. Chez eux. « Anton a planté Charlie et est parti avec la caisse. - Hein ?! » Sous la surprise, elle sursaute et gratte trop loin. Elle porte aussitôt son doigt à sa bouche pour en sucer le sang et jeter un regard noir à Jack. C’est un autre des cadres de leur petit gang, un jeune homme dégingandé, comme eux tous. Mais il a les yeux rieurs, habituellement, et le sourire facile et attachant. Ça n’empêche pas de noter les cicatrices sur ses avant-bras et ses phalanges, les oreilles en chou-fleur et le nez plusieurs fois brisé. « Charlie ? - Cannée. Dans une ruelle. Quelqu’un qui la connaissait est tombé dessus par hasard et la nouvelle nous est parvenue. - Merde. - Ouais. - Et la caisse ? - Les gains. On devait les déplacer, tu te souviens. » Elle grogne. Elle se souvient. Et aussi pour combien il y en avait. « Il est parti où ? - Vers Kashin, avec un guide. Il a plusieurs jours d’avance. - Hm. - On fait quoi ? - On se venge. - Mais… - J’vais y aller. - T’es sûre ? Anton… - Raison de plus, grommelle-t-elle. » Il sautille un peu sur place. Toujours les instincts vaguement protecteurs, chez lui, alors qu’elle est son aînée de quelques années. Elle fourre quelques rechanges dans un sac, façon fourre-tout. Pour le reste, elle verra d’ici quelques heures. Elle attrape également une bourse bien remplie qui constitue une portion non-négligeable de leurs économies à tous. « Tu y vas comme ça ? - Bien sûr que nan. J’vais trouver un guide. - Mais… Tu ne penses pas que je devrais y aller, plutôt ? - Vaut mieux que tu t’occupes de faire filer droit ceux qui restent ici. » Il acquiesce d’un air à moitié convaincu. Tant qu’il aura un truc à faire, il ne lui traînera pas dans les pattes. « Et le guide ? - J’sais exactement à qui demander. - Tu veux que je vienne ? - Pas la peine. » Et quelques heures plus tard, elle poussait la porte de la forge qui… « Attention ! » Retour au présent. La rafale de neige lui arrive en pleine gueule et les cristaux lui piquent les rares micro-portions de peau qui ne sont pas cachées par les vêtements. Elle garde son pied en suspens au-dessus de la crevasse qui vient de s’ouvrir, puis saute souplement au-delà, sous le regard de son guide. Le ciel perd cette couleur légèrement plus clair qui sert de jour à cette période de l’année, pendant une poignée d’heures. Plusieurs jours déjà qu’ils marchent des heures et des heures en direction de Kashin, et les journées ne sont rythmées que par le bruit de la neige qui craque ou chuinte sous leurs pas, et les quelques mots qu’ils échangent vaguement. « Nous allons nous arrêter quelques heures, décide le guide. - D’accord, Eylohr. » Ils marchent encore un peu pour trouver un endroit à peu près plat où établir leur campement de fortune. « Combien de temps, déjà ? » Il hausse les épaules. Chouette.
Dernière édition par Alyvesha le Sam 3 Mar - 8:41, édité 1 fois |
| | | Eylohr Lothar
| Dim 4 Fév - 18:33 | | Irys : 401379 Profession : Terroriste en fuite - Hermite
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| | | Invité
| Lun 5 Fév - 19:54 | | | Alyvesha lève les yeux du morceau de viande qu’elle est en train de dévorer. Dans le froid, il faut garder ses forces, bien se nourrir. Et surtout profiter de la nourriture à peu près fraîche avant de devoir se contenter de rations faites de bœuf séché et de poisson salé. Elle en serait presque déjà déprimée si elle n’était pas toute entière à son objectif. Anton, Charlie et même Jack occupent ses pensées, pas comme son guide qui décoche à peine un mot. Ça lui va bien. Les peaux tendues permettent de bloquer le vent et amasser un peu de chaleur. La nuit sera courte mais devra être reposante. Elle est surprise quand la voix de basse de l’homme sonne à côté d’elle. Ça fait presque comme un grondement dans sa poitrine. Elle hausse les épaules. Toutes ces questions méritent bien réponse… ou presque. Elle prend une inspiration nasale. *** Après avoir fini de négocier le guide, uniquement guide, avec les moyens dont elle dispose, elle retourne à la planque. Jack l’attend toujours avec la mine inquiète, laisse les autres dormir. « Alors, ça s’est passé comment ? - Il a pris le contrat, évidemment. Au prix qu’on payait… - Si cher que ça ? - Tout, et encore quand on aura réussi. Si on réussit. - On a cet argent ? Demande-t-il d’un ton hésitant. - Queud’. P’tet si on rattrape Anton et qu’il a pas tout dépensé… - Ah… - Bon, j’ai des courses à faire, des renseignements à trouver, on part demain à l’aube. A tout à l’heure. » Il a un air inconsolable qui serait mignon si ça n’était pas mauvais signe pour leurs relations futures. Dehors, elle se dirige au trot vers les portes de la ville. C’est là que les équipages qui vont et viennent de la banquise se retrouvent, et que les guides font le gros de leur commerce quand ils n’ont pas une réputation qui leur permet d’être monnayés à prix d’or ou de sang, d’être cherchés chez eux ou dans des forges. Elle crache par terre. Heureusement, elle connaît encore des marchands, toujours des gens louches, invariablement. Elle pourra se procurer des fournitures nécessaires au voyage, à commencer par des fourrures capables de tenir l’aventure, contrairement aux frippes qu’elle porte à Aildor. Puis la nourriture, le couchage… Mais surtout, les renseignements. C’est finalement cela qui la mettra le plus sur la voie. Et rien ne vaut l’achat de quelques articles pour délier la langue d’un marchand véreux. Elle trouve exactement celui qu’elle chercher à l’endroit où elle s’attend à le voir. La quarantaine avec l’air d’en paraître soixante, la peau tannée et creusée par le vent et les frimas, il garde toujours les yeux plissés, et ils deviennent presque invisibles au milieu des pattes d’oie. Elle reprend son souffle et approche d’une démarche paresseuse. Elle a déjà été pressée pour réserver le guide. Elle n’a pas les moyens de payer à nouveau trop cher pour son empressement. *** Elle finit tranquillement de mastiquer sa viande et vérifie qu’elle ne laisse rien sur les os avant de les craquer et d’aspirer la moelle. Eylohr Lothar continue de manger. Le fait que sa question n’ait pas eu de réponse immédiate ne semble pas le déranger plus que ça. Tant mieux, manquerait plus qu’il soit aussi susceptible que les rumeurs le disent. Elle jette les fragments d’os dans les flammes. Ils seront encore là demain, pour des charognards qui tenteront leur chance. Il ne reste déjà rien. « Anton. C’est le nom du type que je cherche. La trentaine, taille moyenne, des bras comme mes cuisses. » Elle pause quelques instants et regarde son vis-à-vis. « Ouais, bon, j’sais que ça sonne pas très impressionnant. » Il hoche la tête, compréhensif peut-être. Tsah. « Le guide, c’est Ragan Terreult. J’connais pas grand-chose de lui. Juste qu’il fait les trajets vers Kashin, généralement avec des caravanes ou des chasseurs. » Silence. Long. « Ca te suffira pour retrouver sa trace ? » |
| | | Eylohr Lothar
| Mer 7 Fév - 20:54 | | Irys : 401379 Profession : Terroriste en fuite - Hermite
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- Il mangeait à l’envie la pièce de viande épicée et qui avait eu le temps de geler depuis leur départ d’Aildor. Les épices ajoutaient du goût. Et le froid conservait les chaires. Ce n’était pas plus mal. Afin de permettre ce voyage, une importante quantité de viande était transbahutée dans des sacs que le géant portait sur lui. Il s’acquittait volontiers de cette tâche harassante, car s’ils étaient perdus ou si un malheur arrivait, il aurait toute la nourriture nécessaire pour le chemin de retour. Et puis ça mange un bestiaux de ce gabarit !
Zyeutant la viande comme un charognard un cadavre, il croquait à pleine dent dans cette chaire chauffée au feu de bois, tandis qu’il attendait une réponse de la part de son interlocutrice. Celle-ci n’était pas bavarde, c’est le moins que l’on puisse dire. Les seuls moments où ses lèvres bougeaient, c’était pour manger, ou lorsqu’elle réfléchissait tellement que ses lèvres se mettaient à mimer les conversations et les mots de son esprit.
Finalement elle accepte de parler. Anton. Lui, c’est la cible. Ce nom était totalement inconnu au géant qui, lorsqu’il l’entendit, eu pour simple réponse une moue désabusée et un haussement d’épaule. Il ne manqua pas de réagir à l’évocation de la musculature de cet Anton. Les cuisses de la jeune femme n’étaient pas très impressionnantes, alors ce type ne le serait pas non plus.
En revanche, Ragan Terreult, voilà un nom qui parlait au colosse. Ce type était un guide qui s’accoquinait avec les caravanes des Khashins, et qui comptait aussi autour de lui quelques chasseurs. Souvent, lorsqu’il partait en expédition, il voyageait avec ses compagnons ce qui lui permettait de chasser, mais également de prendre le dessus sur ses clients lorsque ceux-ci se trouvaient dans des positions pas franchement avantageuses. Il n’hésitait pas à les dépouiller en plein milieu de ce désert glacial avant de les abandonner à leurs sors. Décidément, cet Anton n’aura pas de chances.
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Une demoiselle avec autant de cicatrice pouvait inquiéter n’importe qui. Même si l’inquiétude n’avait pas réellement étreint le cœur du géant, il n’en demeurait pas moins méfiant. Une fois payé, il se prépara. Armé d’un fusil à double canon à la cuisse droite, d’un gigantesque couteau à la cheville, de deux revolvers à la ceinture, chacun d’un calibre 44mm et d’une grande puissance, d’une petite épée également à la ceinture et, enfin, de sa gigantesque hache, il s’occupa de rassembler l’équipement nécessaire cette fois à l’expédition. Peaux, fourrures, nourriture, munitions, sacs de transport. Bref, tout était passé en revue.
Il donna ses ordres à ses employés et retrouva ensuite la commanditaire de cette expédition en dehors des sous terrains d’Aildor. Après un bref briefing où Alvy donna une direction grossière de vers où se diriger, ils prirent le chemin de Khashin sans savoir s’il y aurait un retour.
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C’était maintenant à la balafrée de poser une question, et celle-ci était on-ne-peut-plus claire : « Ça te suffira pour retrouver sa trace ? ».
Courte, mais précise et directe, cette réponse voulait à la fois demander si les renseignements étaient suffisants, et à la fois indiquer que les autres questions éventuelles, ou même toute autre interaction vocale ne trouveront pas ou peu de réponses. A ces mots, Eylohr eut envie d’exploser. Pour qui se prenait-elle ? Elle était là car c’était lui qui l’avait conduite jusqu’ici. Sans lui, elle serait déjà morte au moins 3 fois ! Mais cela pouvait peut-être s’arranger ?
Pour toute réponse, Eylohr souffla en un léger grognement sourd et grave, indiquant sa faible patience. Si Alvy avait été attentive, elle aurait même pu voir la lèvre supérieure se lever doucement pour laisser entrevoir une canine, signe de l’irritation profonde du géant qui faisait son possible pour se contenir.
Il prit une dernière bouchée, cassant l’os entre ses dents et crachant les morceaux brisés. Il aspira la moelle de façon assez bruyante et peu ragoutante, après quoi, il vérifia avoir tout mangé, et il jeta les os dans le feu. Assi sur son gros sac, devant ce qui lui servirait de tente, les coudes sur les genoux, il décrocha un sourire narquois à l’intrépide bout de femme.
- Ouais, ça m’ira. Répondit-il en levant la tête vers elle. On a quelques jours d’retard, donc va falloir s’bouger. Connaissant l’loustique, il est soit à la pitié de Chotgor, soit avec une caravane de nomade. On va crapahuter jusque là-bas, mais j’te préviens la donzelle, c’pas d’tout repos.
Sans attendre de réponses, il se leva, vérifia une nouvelle fois l’installation de cordes et des peaux ainsi que l’horizon. Les bêtes étaient peu nombreuses en Khashin, mais il fallait pouvoir prévenir leur arrivée. Aussi fallait-il s’assurer que rien ne viendrait les déranger. Les peaux avaient déjà pris la couleur blanche du manteau des montagnes et des plaines glacées, et le petit campement se fondait parfaitement dans le paysage, si on oubliait le feu de camp. Mais il ne durerait pas éternellement.
-Bon y à deux solutions. Où tu dors d’ton côté et j’espère qu’t’es bien emmitouflée, où on dort dans la même tente. La chaleur s’ra plus grande et on risqu’ra moins d’crever d’froid. C’toi qui vois. Avait-il dit tandis qu’il continuait sa ronde.
Attendant une réponse qui ne lui parviendrait peut-être jamais, il termina son tour de garde par jeter une grosse masse de neige sur le feu de camp afin d’éviter d’être vu par quiconque, et que ni fumée ni odeur ne puisse attirer un prédateur. Ceux qui règnent sur ces terres sont quasiment invulnérables. Aussi fallait-il éviter leurs routes… Finalement le géant s’enfonça dans sa tente extrêmement large et grande. Il fallait bien accueillir le bestiaux. Il s’occupa de remettre les fourrures en place ainsi que le peu de paille qu’il avait pu amener, et il se coucha sur le côté, recroquevillé afin de garder sa chaleur, et se prépara pour une courte nuit. En guise de bonne nuit, il lança à Alvy :
- Si tu viens, oubli pas de fermer la tente !
Pour ce qu’il en avait à faire de sa présence, tout ce qu’il voulait, c’était dormir.
Dernière édition par Eylohr Lothar le Sam 17 Fév - 19:06, édité 1 fois |
| | | Invité
| Sam 17 Fév - 10:47 | | | Evidemment qu’elle allait venir, elle n’allait pas rester dehors à se geler les miches jusqu’à glisser façon glaçon jusqu’à Anton. La neige ne se transforme presque pas en eau en tombant sur ce qui reste du feu, et elle laisse le temps à Eylohr de se caler dans la tente, avant d’elle-même se lever fluidement. Elle commence à sentir des courbatures, rien de bien méchant. Ça se tassera tout seul sur les prochains jours. Elle s’étire, les bras levés au-dessus de la tête, et ses vertèbres émettent un craquement satisfaisant qui semble résonner bizarrement sur les étendues neigeuses. Vue de l’esprit. L’autre dort déjà du sommeil de plomb de celui qui sait que demain ne sera pas plus drôle qu’aujourd’hui, et a priori plutôt pire. Sans se faire prier, Alyvesha ferme le pli de l’ouverture et l’attache soigneusement pour ne pas qu’il s’ouvre pendant la nuit. Puis elle s’allonge dos à lui, en boule également, sous ses fourrures, et ferme les yeux pour sombrer comme une masse. *** Evidemment, à y parler, à y penser, elle rêve d’Anton. C’était un des premiers, le genre charmant garçon, un peu plus âgé qu’elle. Il est arrivé après leur quatuor mais bien avant que tout grandisse. Avant que ça aille mieux. Il a connu les années noires, à se battre pour survivre et non pas vivre. Repliés dans une cave insalubre, à dormir les uns contre les autres pour garder un peu de chaleur. A faucher des bouts de bois pour faire un maigre foyer. A échanger des histoires au coin du feu, à rire, à imaginer, à se projeter dans ce meilleur rêvé. Elle le revoit se passer la main dans les cheveux. Sales, qu’elle note bizarrement dans la brume onirique, mais ça n’a aucune importance. Ça n’avait aucune importance non plus à l’époque. Puis ça se mût. La chaleur de la famille devient la froideur du cauchemar, elle l’imagine en train de susurrer des mots doux à l’oreille de Charlie juste avant de lui planter un couteau dans le cœur. Non, pas le cœur. Sous l’aisselle ? Elle rejoue la scène, imagine un coup fatal, dix coups acharnés, une glissade, une tentative de résistance de Charlie. Puis son cadavre trainé dans un coin et abandonné là, au détour d’une ruelle glauque, à se faire recouvrir de neige et par les déchets que les passants jettent sans regarder. Elle se réveille en frissonnant, les frimas d’Als’Kohlyn en accord parfait avec le froid de ses rêves. Alyvesha se retourne, passe la main sur son couteau et se rendort. *** Le lendemain, il ne leur faut pas longtemps pour avaler quelque chose, rassembler leur maigre campement et reprendre la route. A nouveau, c’est la pénible marche dans la neige qui craque et s’enfonce parfois sous leurs pas. Le sol est blanc, le ciel est blanc, l’horizon est blanc. Dans cet univers aseptisé, ils forment les seules taches de couleur, leurs fourrures un peu plus sombres que le reste de la banquise. Derrière toutes les protections, il n’y a presque que leurs yeux qui ressortent, bleus pour le guide, noirs pour la jeune femme. Tout à coup, il se baisse en position accroupie et fait un signe derrière lui. Sans hésiter, Alyvesha fait de même et suit du regard la direction qu’il pointe de la main. Elle plisse les yeux, se concentre. Elle finit par repérer enfin une forme en mouvement, un peu différente du reste. « Tempête ? - Möst Möch. » Le nom est celui d’un genre de dragon extrêmement agressif. A choisir, Aly préfèrerait un bon blizzard que de tomber là-dessus. Puis il vire sur un battement d’aile et va pour s’éloigner d’eux avant de piquer sèchement. Quand il remonte, elle prend conscience de la sueur froide qui coule le long de sa nuque. Puis il s’éloigne enfin véritablement et elle relâche la pression de ses muscles et reprend son souffle, qui s’était automatiquement saccadé, en prévision de la fuite si elle s’avérait nécessaire. Si tant est qu’on puisse fuir un Möst Möch, tout du moins. Ils reprennent leur route. Plusieurs jours encore au moins. Elle veut cracher par terre mais a peur que la salive gèle entre ses dents. Vivement qu’ils arrivent quelque part. Elle n’est pas sûre qu’il reste grand-chose à manger. C’est possible de chasser, ici ? Sûrement, il y a des tribus… |
| | | Eylohr Lothar
| Sam 17 Fév - 19:43 | | Irys : 401379 Profession : Terroriste en fuite - Hermite
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| | | Invité
| Dim 18 Fév - 20:53 | | | L’énorme forme était à peine éclairée par le feu de camp. La nuit claire perpétuelle en faisait une grosse colline creuse, et la lumière ne rentrait qu’à peine à l’intérieur. Pourtant, c’était suffisant pour distinguer la présence d’au moins deux autres feux, des voyageurs sans doute, des pillards peut-être. A elle de jouer, mais jouer à quoi ? Les différents plans se succèdent dans sa tête, qui se finissent tous par la mort d’Anton.
Attendre dehors que le meurtrier sorte, pour aller pisser, pour aller chier, pour reprendre sa route après quelques heures de repos. Ramper doucement dans la neige derrière lui, le craquement de la poudre et de la glace masqué par le hurlement du vent et le crépitement des flammes. Le couteau qui s’enfonce sans anicroche dans la carotide, entre les côtes pour trouver le cœur, dans l’aine ? Les options défilent. Comme dans son rêve où il a planté Charlie.
Convaincre le guide, Eylohr, de venir avec elle, de le trouver, de le tuer. Connaissant l’homme, il n’aurait probablement aucune difficulté, même si l’autre guide est présent. Seulement, comment le convaincre ? Elle n’a plus d’argent, n’en a déjà pas assez. Et elle n’a pas l’impression qu’il ait été très sensible à l’absence totale de charme qu’elle a pu montrer jusqu’à présent.
Non.
Donc, reste le plan le plus simple, peut-être le meilleur, en tout cas le plus praticable.
Elle se lève, s’époussette soigneusement, remonte sa capuche et son écharpe autant que possible jusqu’à cacher la quasi-totalité de son visage. Avec ça, elle devrait être totalement impossible à reconnaître. Avec son sac sur le dos, la sentinelle la regarde approcher sans tiquer outre-mesure : elle n’est pas réellement armée, vient a priori seule et en marchant… Sur la banquise, on connaît. On sait être solidaire.
A l’intérieur, la température monte perceptiblement : le cuir du Chotgor est suffisamment épais pour isoler et garder la chaleur. Trois petits groupes se sont répartis un peu partout, et les tenues sont un peu plus légères qu’au dehors, encore que pas perceptiblement. Une odeur étrange lui monte aux narines, celle de la carcasse là où elle est chauffée par les campements, mais après la brûlure du froid, cela ne lui semble pas particulièrement mauvais.
Elle avance un peu au hasard sur un trajet qui va lui faire longer chacun des feux pour pouvoir examiner les gens qui s’y trouvent. Rien au premier, trois personnes en cercles qui se font passer des morceaux de bœuf séché. Au second, une femme des tribus lui jette une œillade patibulaire avant de retourner à la sculpture d’une corne. La forme semble être celle d’un ours. Dur à dire à cette étape.
C’est entre le deuxième et le troisième feu. Elle sent un bras lui enserrer le cou, l’autre lui immobiliser le poignet droit. Elle se raidit mais ne bouge pas davantage. La forme serrée contre son dos est plus grande, plus massive. Un souffle chaud fait de la buée sur le côté de son visage.
« Je n’étais pas sûr que ce serait toi. - Anton. »
C’est sa voix, c’est lui, il l’attendait. Il savait.
« Je pensais que tu enverrais Jack, chuchotte-t-il. - De quoi ? - Mais si, tu sais… »
Sa main glisse vers sa maigre poitrine. A travers les fourrures, il ne doit rien sentir, mais elle non plus. Aly envoie son crâne en arrière de toutes ses forces, et rate le nez. Mais elle frappe la pommette avec suffisamment de force pour qu’il titube en arrière. Ils tombent tous les deux au sol, elle au-dessus. Elle en a profité pour se tourner un peu, et tombe le coude en avant.
Comme juste avant, les multiples couches de vêtements amortissent le choc, en sa faveur cette fois.
Ses mains montent immédiatement et il tente de lui assener un crochet qu’elle esquive en rentrant la nuque. Elle est encore à peu près plus rapide que lui, et essaie de se caler de sorte à pouvoir le marteler. Elle place enfin ses genoux quand il l’attrape et la soulève dans un râle d’effort, avant de la jeter sur le côté.
Elle roule, se rétablit en position accroupie, comme lui. Il lui saute dessus, mains tendues, pour la faire chuter sous lui. Anton sait qu’une fois qu’il lui aura mis la main dessus, par sa simple force et sa simple masse, il ne craindra plus grand-chose. Il est des choses contre lesquelles une jeune femme ne peut lutter. A moins de manger pour quatre, mais Aly n’en a pas les moyens.
Par contre, elle peut acheter de quoi rétablir l’équilibre pour bien moins cher. Le couteau jaillit de sa manche et cueille Anton au sommet de son saut, en plein dans l’estomac. Il l’écrase quand même, grogne. Son poids qui était son atout se retourne contre lui quand la gravité fait s’enfoncer le couteau jusqu’à la garde, et même un peu plus loin. Pour Aly, le pommeau s’enfonce entre ses côtes, elle expulse tout l’air de ses poumons de douleur.
Le premier coup de poing tape le menton, lui fait voir des étoiles. Elle a un goût de sang dans la bouche. Le suivant est moins ajusté, rippe le long de son crâne, la sonne encore. Le troisième fait faiblard, et elle arrive à remonter ses jambes jusqu’à son menton. Quand elle les déplie d’un coup sec, il vole en arrière, tombe sur le dos et porte les pognes à son bide. Sur son visage, de la surprise. Une sale mort qui l’attend, l’intestin.
Alyvesha n’a absolument pas pitié de lui. Elle fait passer sa langue le long de sa mâchoire, mais toutes ses dents sont encore solidement accrochées. En tout cas, autant qu’avant. Juste une vilaine coupure qui donne un goût de fer.
« Pourquoi t’as fait ça, Anton ? » Il n’a plus de volonté de combat en lui, contemple juste ses gants tachés de rouge. « Je devais partir. J’ai essayé de… convaincre Charlie. - Mais pourquoi ? On formait une belle famille… - Ha. Haha… ha… Tu crois que je… voyais pas… entre toi et Jack ? Voir ce que j’avais… perdu… lui revenir… »
Elle est choquée, ne voit pas trop de quoi il parle. Elle enfonce ça sous ses autres pensées.
« Et l’argent ? - L’argent… Haha. Le guide a disparu… une nuit avec… et m’a laissé coincé au… milieu de nulle… part. Bonne… chance… on se re…verra… bientôt. »
Il choppe le surin, l’extrait de sa plaie, et se le plante dans l’œil. Pas très fort, il est affaibli, mais suffisamment pour toucher le cerveau. Hoquet de surprise. Puis elle lève les yeux, voit Eylohr juste derrière. Depuis combien de temps ? L’argent qu’elle lui devait… Elle a d’autres couteaux sur elle, jauge son attitude.
« Retrouver l’autre guide, propose-t-elle. »
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| | | Eylohr Lothar
| Dim 18 Fév - 22:24 | | Irys : 401379 Profession : Terroriste en fuite - Hermite
| - La donzelle hésite quelques minutes quant le géant lui intima l’ordre de prendre les choses en main. A en juger par ses rictus nerveux et son regard emprunt à une intense réflexion, elle doit chercher un moyen de pouvoir atteindre celui qu’ils cherchent, s’il était là. Toujours est-il qu’elle se leva d’un coup et prit le chemin du refuge à l’intérieur du Chotgor gelé. Au loin il vit la sentinelle accueillir la tueuse, geste tout à fait normal dans ces contrées isolées et rudes. Parfois, même la plus minuscule aide peut changer un destin du tout au tout. Puis, elle disparut.
Eylohr était resté caché derrière un amas de neige concassée avec une vue somme toute sympathique sur l’entrée du refuge, malgré le vent et les brouillards causés par la neige soulevée par les bourrasques. Il fallait être patient dorénavant. Après tout, il avait été engagé pour la mener jusqu’à ce fameux Anton, rien de plus. Il ne devait ni intervenir, ni se battre pour elle. Mais ça, c’était sur le papier. La bourse qu’elle avait donné au géant n’était pas très conséquente, mais apparemment, c’était tout ce qu’elle avait. L’espace de quelques instants il se remémorait le moment où elle était apparue à lui. Même si elle ne s’était pas montrée loquace ni agréable, Eylohr senti bien que la quête entreprit avait une grande emprise sur la demoiselle, bien plus que ce qu’elle voulait montrer. Pour une meurtrière, ce n’était pas normal d’être aussi impliquer émotionnellement, le préjudice et le choc de la trahison de cet… Anton, avait causé bien plus de dommage que ce que suggéraient les apparences.
Finalement, le géant se leva. De toute sa hauteur, il toisa le refuge qui avait avalé sa protégée depuis plusieurs minutes maintenant. Reprenant tous ses sacs sur son dos, il reprit son avancée lente et difficile jusqu’à l’entrée du Chotgor. La même sentinelle qui avait accueillie la donzelle se présenta devant le géant. Il était scotché. C’était souvent l’effet que faisait Eylohr. Puis les clameurs retentirent depuis les entrailles du Chotgor. Un combat avait lieu. Certainement cet Anton.
Eylohr et son nouvel ami prirent alors le chemin de l’intérieur afin de rejoindre la petite fête. Ils arrivèrent lorsque Alvy se tenait au-dessus d’un homme dont le sang maculait les entrailles et sa propre tenue. La dernière action qui eut lieu fut le coup de couteau à l’œil fait par le malheureux lui-même. Si Alvy avait visiblement gagné, elle avait légèrement souffert de l’affrontement. En effet, sa bouche était ensanglantée et un mince filet écarlate coulait depuis la commissure de ses lèvres. Sa main était placée sur ses côtes comme un bandage superficiel. Avait-elle été blessée ?
Alvy releva alors sa tête juste après avoir vu l’action d’éclat de ce fameux Anton. Mais visiblement quelque chose inquiétait la demoiselle. Et le géant devina presque quoi. Plusieurs groupes de nomades étaient là, c’est vrai, mais pas le fameux Ragan Terreult. Le guide engagé par Anton était introuvable.
Retrouvez l’autre guide ? Mais pour qui elle le prends ? Retrouver un guide dans ce désert glacé était comme chercher une aiguille dans une gigantesque botte de foin. Non, c’était une entreprise trop risquée pour qu’il accepte. Le géant glissa alors une de ses mains à la ceinture à quelques centimètres de l’épée qu’il portait, prêt à dégainer. Simple précaution, juste au cas-où.
-Non, r’trouver un type dans c’blizzard et ce désert blanc c’est signer notre arrêt de mort. Non, j’te suivrais pas la d’dans. On va rester ici une nuit ou deux, et on r’tournera à Aildor où faudra l’attendre et l’chopper. Il a du r’tourner en ville. Le géant restait loin d’elle. Si elle courait vers lui, il la transpercerait de part en part. Si elle lançait un couteau ou quoi que ce soit, il lui tirerait dessus avec un de ses revolvers. Prêt à réagir, le géant attendait de voir ce que la donzelle allait faire.
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| | | Invité
| Sam 24 Fév - 22:55 | | | Il veut rentrer à Aildor. Il n’a peut-être pas compris. C’est probablement ça. Elle n’aura pas l’argent. Ne pourra pas payer la seconde moitié. Elle ne range pas son couteau après l’avoir récupéré, mais ne s’en sert pas pour menacer directement. Elle cherche les mots, mais ses yeux n’arrêtent pas de tomber sur Anton. Enfin, son cadavre… Pourtant, elle en a vu, dans des coins sordides, dans des bars, à moitié bouffés, dépouillés. Ils sont rarement en bon état, rarement très impressionnants. Anton, c’est pareil, il ne ressemble plus du tout à celui de ses souvenirs. Il s’est comme qui dirait dégonflé. Il semble maigre, petit, désarticulé. Puis son expression…
Elle fixe son regard sur son guide.
Lève les mains. Ouvre la bouche, la referme. Se lance.
« Nan mais… L’argent pour te payer, c’est Anton qui l’avait. Tu vois ? Sans ça… Voilà. »
Mais il ne réagit pas, fait simplement un feu de camp le plus loin possible des autres. Avec méfiance, Aly range ses armes après les avoir essuyées sur les vêtements du défunt. Elle lui ferme les deux yeux, aussi, un dernier geste pour ce qui reste de lui. La paupière de celui qui est crevé colle un peu davantage, ça la gêne plus que de raison. Elle va pour flanquer un dernier coup de pied à la carcasse mais s’abstient.
Quand elle rejoint le camp fait par Eylohr, elle s’asseoit de l’autre côté des flammes, et remonte les genoux jusqu’à son menton, qu’elle enserre ensuite de ses bras. Ses yeux noirs fixent le géant, mais son expression ne laisse rien paraître. D’après ce qu’elle sait de son caractère et de sa notoriété, il est plutôt sanguin, donc le fait qu’il se maîtrise montrerait plutôt qu’il ne va pas la tuer sauvagement dans les étendues glaciales ? Il pourrait la prendre en traître, comme le guide d’Anton.
Pas son genre, puis elle ne représente clairement pas un danger pour lui, même dans un face-à-face.
Ils grignotent sur le pouce et il va se coucher dans la tente pendant qu’elle regarde le bois se consummer. Elle devrait dormir aussi, mais elle a besoin de ce temps calme pour faire son deuil. Certes, elle n’était plus avec Anton depuis un paquet d’années, mais il était là tout ce temps. Plus de dix ans. Même après le coup dur de sa trahison… C’est bien pour ça qu’elle est celle qui y est allée, régler leurs comptes. Pour ça qu’elle n’a pas laissé Jack. Il s’en serait sûrement mieux sorti, au demeurant. Mais…
Elle se remémore leur rencontre, dans le renfoncement d’une forge. Le mur y était sensiblement plus chaud, et n’était pas bâti droit, donc il bloquait un peu la neige. Elle venait de quitter le clan de sa mère, de faire sa fugue. La liberté avait été grisante, au début, puis la nuit l’était devenue nettement moins, seule dans des quartiers pire que mal-famés. Blottie contre ce mur, donc, elle avait rapidement été rejointe par un jeune homme aussi esseulé qu’elle.
Elle avait passé la moitié de la nuit avec la moitié d’un œil fermé, et la main pleinement serrée sur son poignard, des fois qu’il bouge. Lui avait été aussi méfiant, à garder une main sous sa couverture en permanence. Ils étaient endormis côte à côte au petit matin, épuisés par la tension. Elle a un léger sourire à ce souvenir. Ils avaient été inséparables, ensuite.
Puis ce qui lui revient, c’est l’odeur de sa peau, dont elle se souvient encore clairement, et comment elle se blottissait entre ses bras… Quand il ne reste que des braises du feu, ses yeux sont toujours aussi secs qu’au début et elle se lève dans un craquement de genoux avant d’aller dormir. Ereintée comme elle est, physiquement et émotionnellement, il ne lui faut pas longtemps pour sombrer dans un sommeil sans rêve.
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| | | Eylohr Lothar
| Dim 25 Fév - 17:54 | | Irys : 401379 Profession : Terroriste en fuite - Hermite
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- Alyvesha semblait en prise avec des pensées bien difficiles à dominer. Ses yeux étaient sans cesse attirés par le cadavre de feu Anton, l’objet de cette longue, très longue traque dans ce froid glacial et ce vent dont la morsure était intenable. La donzelle semblait comme perdue et le regard qu’elle adressa au géant portait toute son incompréhension quant aux instants précédents ce moment fatidique. L’argent. Il est vrai que l’or est le nerf de la guerre, la source de pouvoir et d’une grande influence dans ce monde matérialiste. Enfin, pour ceux qui vivent dans les péchés et le vice.
- J’m’en fou d’ça ! J’pourrais pas dépenser c’t’argent si j’fini crever dans s’désert de glace ! Alors on r’brousse chemin, et une fois à Aildor, on r’trouve ce merdeux et on lui arrache les boyaux. T’me paiera s’moment-là.
Puis, Eylohr fit demi-tour sans même attendre une éventuelle réponse et s’occupa de dresser le camp et un feu, le tout, en étant assez éloigné des autres aventuriers. Le feu berçait alors l’antre d’une douce chaleur que les autres foyers s’occupaient de raviver de plus belle. Tandis que la demoiselle était assise et recroquevillée sur elle-même, le colosse commença à manger afin de se restaurer après toutes ses péripéties. Il avait décidé de rester là pour le moment, et il en serait ainsi.
Eylohr réfléchissait. Il connaissait le guide fugitif que de nom, mais connaissait les quartiers qu’il fréquentait le plus à Aildor. Comme pour beaucoup, il s’agissait des quartiers des auberges et des filles de joie, ses sources de revenus étant bien plus variées que seulement les expéditions polaires. C’était par là qu’il fallait commencer. Fouiller les lieux, se montrer patient, chercher des informations quitte à faire parler, soit l’or, soit le sang.
Sans doute sera-t-il plus aisé pour les deux compagnons d’infortune de trouver les mercenaires et les hommes de main de ce Ragan Terreult mais ils mèneront forcément à celui qu’ils cherchent. Il suffit d’avoir des arguments. Et le géant sait comment faire pour soutirer des informations.
Très vite, il s’abandonna à une nuit plus longue que les précédentes et s’employa à se reposer afin d’entamer le voyage de retour. Même s’il avait fait part de ses intentions, et du fait que rien ni personne ne le ferait changer d’avis, ce serait à celle qui avait commandité tout cela de prendre l’ultime décision. Après tout, elle pourrait très bien ne pas vouloir écouter les conseils d’un guide chevronné. Auquel cas, il saurait repartir seul. Peut-être lui laisserait-elle quelques vivres pour qu’elle puisse continuer, elle aussi ?
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| | | Invité
| Mer 28 Fév - 19:16 | | | Il n’en démord pas, il est impossible de retrouver un guide dans les étendues glacées de Khashin. Effectivement, tout est frappé du bon sens, et même au travers du voile que la fatigue pose sur sa capacité de réflexion, elle s’en rend compte. C’est la suite du plan qui suscite davantage son intérêt : Eylohr connaît ce guide, peut-être pas personnellement mais en tout cas de nom. Et il est logique que le type reviennen à Aildor pour trouver de nouveaux clients, de nouveaux pigeons, de nouvelles victimes, tout ça un peu mêlé.
De toute façon, elle ne peut pas partir seule : elle est loin d’avoir les capacités de traquer sur la banquise. En fait, elle n’est même pas capable de survivre à un trajet, et c’est bien pour cela qu’elle a pris un guide. Quelqu’un qui va sonder la neige, éviter les crevasses, qui connaît la faune, et surtout les coins à éviter. Quelqu’un aussi qui connaît les us et coutumes des rares habitants de Khashin.
En fait, songe-t-elle en avalant son morceau de bœuf séché, elle n’a juste pas le choix. Elle fait passer le tout d’une gorgée de thé déjà tiédi par le froid ambiant. Puis quand Lothar commence à ranger la tente, les fourrures, et à faire l’inventaire des vivres qui leur restent, elle fait de même. En plus, comme cela, elle pourra lui payer son dû. Elle s’en passerait bien, mais il a trop sale réputation.
Pas qu’il soit capable de les trouver, elle et son gang, dans les dédales d’Aildor, mais vivre épiée… Elle a déjà donné, et l’expérience ne lui a pas beaucoup plu.
Autour d’eux, la carcasse du monstre laisse filtrer un peu la lumière. Les autres groupes de voyageurs ont déjà changé. Chacun vit à son rythme quand on ne peut pas se fier au cycle du jour et de la nuit. Certains dorment, d’autres préparent leur prochain trajet, et il y a même un nomade en train de commercer. Aly lui prend un peu de nourriture pour remplir son escarcelle, au cas où. De toute façon, avec la fatigue, son paquetage lui paraît déjà bien trop lourd, alors ça de plus ou de moins… Autant avoir de quoi se nourrir.
« Ouais, rentrons à Aildor. Faut retrouver le guide, c’lui qu’aura l’argent. Puis j’suppose que ça fera pas d’mal à votre réputation de se débarrasser d’un escroc notoire. Pas bon pour le travail. »
Alors qu’ils quittent la Pitié de Chotgor, elle jette un dernier regard en arrière : des jours de trajet à travers la neige et le blizzard, en compagnie aussi taciturne qu’elle-même, pour tuer un homme, un pan de ses souvenirs, et repartir, le même voyage en sens inverse en même compagnie. La vie est rude. Anton a été abandonné sur le bord du chemin, et la neige qui est tombée suite à sa mort a déjà dû le recouvrir. Pas de charognard, elle pense, pour dénicher son cadavre. Dans tous les cas, cela lui importe peu, et importe encore moins à la victime.
Plus qu’à boucler cette affaire. Ils s’en occuperont après être rentrés.
Quand elle crache, son glaviot devient un glaçon avant même de toucher le sol, et elle se met en marche derrière le géant.
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| | | Eylohr Lothar
| Ven 2 Mar - 23:47 | | Irys : 401379 Profession : Terroriste en fuite - Hermite
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