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 La gentillesse, c'est de l'amour donné par petites bouffées.

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La gentillesse, c'est de l'amour donné par petites bouffées. EmptyMer 4 Avr - 8:57

“Même pour être voleur, il faut apprendre dix ans.”

- Proverbe japonais

Il a neigé à Dyen cette nuit. Le spectacle est ravissant. Mais il est aussi annonciateur de temps difficiles pour ceux qui, comme elle, vivent dans la rue. L'adolescente a déjà été confrontée à la vision de corps figés par le froid lors des hivers précédents. Elle n'a jamais réellement su si elle devait plaindre ou envier ceux que le climat parfois cruel de Nislegiin a soulagé du poids de l'existence. Et elle n'avait jamais envisagé qu'elle puisse un jour partager leur sort.

Llhorak et les autres ont toujours veillé sur elle jusqu'à présent. En dormant les uns contre les autres, la bande a toujours réussi à repousser les assauts vicieux du froid. Mais aujourd'hui elle est seule. Par choix. Et elle redoute à présent que ce dernier puisse lui coûter la vie. Les décisions prises à la hâte ne sont que rarement bonnes. Mais à treize ans on a encore beaucoup de choses à apprendre. Comment faire preuve de sagesse quand on croit tout savoir et qu'on ignore tant de choses? Caprica regrette. Et elle a peur. Pourtant sa fierté l'empêche encore de retourner auprès de ceux qu'elle considère comme sa famille.

L'adolescente frissonne et s'emmitoufle davantage dans la vieille couverture rapiécée qu'elle porte sur les épaules. Elle récolte ensuite entre ses mains jointes le souffle chaud qui quitte ses lèvres. Ce faisant, elle pose le regard sur un groupe d'enfants à quelques mètres d'elle. Elle envie leurs rires et la joie qui s'exprime sur leurs visages tandis qu'ils se lancent des boules de neige. Pour eux, ce tapis blanc n'est représente rien de plus qu'une formidable source d'amusement. Pour elle, une menace aussi silencieuse qu'implacable. Certains ont de la chance. Et d'autres doivent se la créer...

Un bruit attire son attention. En face d'elle, à travers la fenêtre entrouverte, Caprica observe le boulanger retirer le pain de son fournil. La seule odeur attrayante de ces mets pourtant basiques suffit à faire grogner son estomac affamé. La salive inonde sa bouche. Ses papilles gustatives s'affolent. Et son instinct lui souffle de sauter immédiatement sur cette nourriture qu'elle n'a pas les moyens de s'offrir. Mais la prudence, mère de sûreté, lui commande d'attendre. La précipitation n'apporte jamais rien de bon. Le bleu qui figure encore sur sa joue est un parfait témoignage de cette évidence.

L'adolescente prend donc son mal en patience. Et ce n'est que lorsque l'artisan disparaît de son champ de vision qu'elle se risque à pénétrer dans son antre pour y dérober l'objet de ses désirs. Elle hésite un bref instant à emporter davantage mais se contente finalement d'une seule prise. Un pain suffira amplement à la nourrir pour une bonne partie de la journée. Et elle ne souhaite pas causer trop de tort à une personne qui travaille honnêtement pour gagner sa vie. Ce n'est pas parce qu'elle vole qu'elle doit être dénuée de principes.

Elle frisonne à nouveau lorsqu'elle repose le pied dans le rue et que la neige s'infiltre à travers sa bottine trouée. Une gêne rapidement effacée de son esprit lorsqu'elle mord à plein dent dans le pain. Sa mâchoire proteste brièvement lorsqu'elle sollicite des muscles trop rarement utilisés. Mais c'est bel et bien un sourire qui se dessine sur les traits encore juvéniles de l'adolescente lorsque la nourriture déploie toute sa saveur. Le bonheur tient parfois à peu de choses...

Et il se révèle parfois bien éphémère. Un cri résonne derrière elle alors qu'elle est sur le point de disparaître à l'angle de la rue. Elle se retourne par réflexe et ne peut que constater la présence de l'artisan qu'elle vient de voler. Caprica se met alors à courir de toutes ses forces pour échapper à une punition qu'elle imagine déjà trop sévère. Au jeu du chat et de la souris, la souris ne peut pas se permettre de perdre.

Mais, emportée par sa hâte et consumée par la crainte, elle commet une erreur et percute de plein fouet une personne. Le choc la fait tomber au sol et elle lâche son pain qui rebondit sur le sol avant de s'immobiliser un peu plus loin. La voleuse tente immédiatement de se redresser. Et, l'espace d'un bref instant, elle croit que ce revers n'est qu'un simple contretemps. Mais un second choc, plus violent, lui coupe le souffle et l'envoie valdinguer contre le mur qui jouxte l'allée.
"Tu croyais pouvoir t'en tirer?" s'égosille le boulanger qui se trouve désormais à sa hauteur. "Je vais te passer l'envie de chaparder, moi, tu vas voir!"
"S'il-vous-plaît..."
La supplique est parfaitement vaine et bien vite étouffée par un second coup. Le troisième s'écrase contre son arcade sourcilière et inonde bien vite le flanc de son visage d'un liquide carmin. Recroquevillée sur le sol glacial, les bras érigés en remparts pathétiques contre la fureur du lésé, Caprica attend la fin de cette douloureuse leçon. Une fin qui, d'ailleurs, se manifeste bien plus vite qu'elle pouvait décemment l'espérer.

Et lorsqu'elle ouvre l'oeil qui a été épargné par la fureur de l'artisan, elle comprend alors pourquoi...

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La gentillesse, c'est de l'amour donné par petites bouffées. EmptyDim 22 Avr - 16:26
Trois années s'étaient écoulées et pourtant, la plaie béante n'évoluait toujours pas vers une cicatrisation. Honte, malheur, déshonneur, damnation, trahison. Les reproches de la famille Gunnar vis-à-vis du frère benjamin étaient… Légion. Pour le peuple, pour la plupart des individus de Dyen, les Jeux de la Succession faisaient déjà partis des souvenirs. Pour d'autres, Aedrar Nathea avait vaincu Thorleif Gunnar lors des phases finales pour accéder au titre de Roi-Père de Dyen. Et pour un cercle restreint, très fermé, Thorleif Gunnar avait perdu contre Aedrar Nathea. Fallait-il en faire une montagne de la hauteur de celle de la cité-état draconique… ? Bjorn, son frère aîné, l'accusait honteusement d'avoir essayé de devancer leur paternel qui était toujours en vie, Einar Gunnar. En effet, Einar décéderait d'une maladie incurable deux années plus tard, soi en l'an 929. En attendant, il n'était pas seulement l'un des dragonniers les plus talentueux et récompensés de sa génération pour avoir participé au tulaan khonzo, la bataille vengeresse. Non, il était aussi un membre du Conseil de Dyen, l'un des plus vieux et les plus respectés. Bien sûr, certains diraient qu'à l'âge de soixante-ans ans, il n'était pas le plus à même de devenir le Roi-Père. Toutefois, dans la famille Gunnar, on voyait d'un très mauvais œil que le plus jeune frère de la famille ait tenté sa chance avant ses aînés. Hulf, quant à lui, nourrissait une haine à sens unique contre Thorleif car il lui reprochait d'être responsable de la mort de leur mère en couche.

Les rapports familiaux entre Thorleif et les autres protagonistes étaient donc au plus mal mais il avait la chance de pouvoir compter sur elle. Non, on ne parlerait ni d'épouse ou encore de concubine mais plutôt de sa petite sœur, Freyja. Elle était sa cadette de deux années et n'avaient pas la même mère. Cela valait à Freyja le même traitement de la part de ses autres frères : du mépris et du dégoût. Einar, quant à lui, feintait une certaine indifférence. Quelque part, il était responsable puisqu'il avait lui-même planté la graine mais moins il voyait ses deux plus jeunes enfants, mieux il se portait. De plus, Freyja n'avait pas la force physique naturelle de ses frères et elle ne ressemblait pas à Annhild, leur mère. Sur le fil, elle fut donc arrachée à un monde dans lequel elle aurait pu y mourir. Celui des pauvres, des pestiférés, des inutiles, des rebuts de la société. Toutefois, Freyja semblait en avoir pleinement conscience puisqu'elle partageait des valeurs bien différentes de sa famille. Elle partageait sans compter, venait en aide aux nécessiteux et était capable de s'émouvoir assez facilement. De plus, l'injustice insupportait la sœur de Thorleif au plus haut point. Freyja vivante, elle était l'assurance que Thorleif ne suive jamais un chemin sombre car il aurait toujours une raison de vivre, quelque chose de précieux à protéger en dehors de Nitthog, son dragon noir de poids moyen aux écailles noires.

« Je suis contente de passer la journée avec toi, Thorleif. »

Comme d'habitude, Dyen connaîtrait un hiver rude. Dans ces moments-là, Thorleif et Freyja étaient satisfaits d'être des nobles et de jouir d'une grande richesse. Malgré les tourments familiaux, ils n'avaient jamais connu le froid ou la faim.

« Si Père nous surprenait ici bas... »

« Père est un vieil homme trop occupé pour passer du temps avec ses enfants et petits-enfants. Quant à ce gros nigaud de Hulf, il ne se promènerait pas sans son grand frère adoré au milieu du peuple... »

« Mais je te l'ai dit cent fois, nous ne sommes pas responsables de la misère du monde… Tu ne peux pas aider tout le monde, Freyja. »

« Je sais mais… Je rentre d'une longue course à My'trä. Tu sais, Thorleif, je n'ai pas ta chance ni celle de mes autres frères. Je n'ai pas votre talent inné. Je ne suis qu'une coursière et soigneuse de dragons… Dyen ne retiendra jamais le nom de la fille d'un homme qui la reconnaît à peine. Toi, tu peux encore faire quelque chose, il n'est pas trop tard. Tu te morfonds depuis trois ans parce que tu as perdu une bataille ! J'en ai assez de te voir comme ça, mon frère ! ... »

Thorleif demeura parfaitement stoïque face aux accusations de sa sœur, il n'osait pas la regarder et préférait se perdre dans le vide ambiant parce qu'il savait parfaitement au fond de lui qu'elle avait raison. Il avait la chance d'être un des dragonniers les plus prometteurs de sa génération et d'être un excellent élément de son ordre. Thorleif était même au centre d'une formation de poids moyens et il avait à ses côtés des compagnons capable de sacrifier leurs vies pour lui en temps de guerre. Pourtant, Freyja semblait ne pas réaliser à quel point le mal-être parvenait à le gangrener de l'intérieur et à le rendre fade et insipide par moment. En l'état, il était condamné à vivre dans l'ombre de ses frères et il était bien incapable de quérir le soutien de leur paternel. Même dans une famille noble, des inégalités pouvaient rendre une vie très compliquée.

« Regarde là-bas, Thorleif ! »

Freyja pointa du doigt une direction à quelques mètres d'eux seulement. Il y avait une petite fille, au sol, acculée contre un mur, en train de se faire réprimander assez lourdement par un adulte. Thorleif analysa la scène d'un regard et repéra sans trop de mal la baguette de pain qui trônait sur le sol humide. La petite fille devait certainement être une voleuse des bas quartiers et le boulanger était en train de faire lui-même justice. Et alors ? Se demanda-t-il. Elle ne mourrait pas pour ça.

« Tu ne fais rien ?!?! Thorleif ! C'est une enfant ! ... »

Freyja fulminait et regardait son frère avec beaucoup de colère. Comment pouvait-il se contenter de regarder une enfant se faire battre par un adulte ? Ce n'était pas son frère, ça ! Celui qu'elle connaissait depuis sa plus tendre enfance n'avait jamais hésité à prendre sur lui ses bêtises de jeune fille et à prendre les coups de leur père à sa place pour la protéger.

« Que veux-tu que je fasse ? Il n'y a pas un milicien aux alentours… Ce n'est pas à moi de... »

Il en était trop. Freyja ne pouvait pas en supporter davantage, ses joues devinrent rouges sanguines.

« Est-ce que tu te moques de moi ?!?! Tu n'aurais jamais laissé Père lever la main sur moi, coûte que coûte ! Tu… Je ne te reconnais plus ! ... »

Les yeux de Freyja devinrent très humides, elle se retenait de pleurer tant la situation la plongeait dans un profond désarroi. Elle ne mesurait plus ses mots, ils quittèrent ses lèvres sans même s'en rendre compte. A bout de souffle, elle murmura à demi-mot.

« … Quelqu'un qui se comporte ainsi est indigne de devenir le Roi-Père de Dyen... Si tu ne fais rien, j'y vais moi-même. »

Les yeux de Thorleif s'écarquillèrent subitement. Il ressentit comme une sorte d’électrochoc au-delà de la sensation de prendre une douche froide. Comment pouvait-il lui dire cela maintenant ? Il grinça des dents car au fond de lui, il savait qu'elle avait entièrement raison. Soudainement, le dragonnier empoigna avec un brin de délicatesse l'épaule de Freyja et la dépassa. Pouvait-elle vraiment espérer quelque chose venant de son frère aujourd'hui ?

Comme à son habitude, Thorleif portait son armure de plaques et ses pas résonnaient très lourdement dans la neige. Il sentit comme de la fureur en lui, la colère était en train de monter. Thorleif fusillait du regard le boulanger qui était en train de maltraiter la jeune adolescente.  

« Toi. »

Il empoigna avec virulence l'épaule du boulanger pour le forcer à se tourner vers lui et à perdre du champ de vision la petite fille. Thorleif grommelait, pauvre boulanger, il allait se souvenir de ce court mais très intense moment. Soudainement, le dragonnier serra son poing droit et vint décrocher une violente droite en plein milieu du visage de l'homme pour l'envoyer valdinguer en arrière. Prendre un tel coup d'une main gantée en plaques de plein fouet, il s'en souviendrait un long moment.

« Lève une seule fois la main sur une enfant devant moi et je te briserai en mille morceaux, est-ce que je me suis bien fait comprendre ? »

Bien sûr, sonné comme il était, le boulanger fut bien incapable de répondre mais il y avait fort à parier qu'il retiendrait cette dure leçon. Sur le plan éthique, rendre justice soi-même n'était pas vraiment digne d'un membre de l'ordre des dragonniers mais comme disait l’adage, pas vu, pas pris ! Il s'empressa ensuite d'attraper Caprica par le col et la souleva du sol jusqu'à la faire atteindre son propre visage. Pauvre petite, était-ce à son tour de subir le courroux du dragonnier en colère ?

« Je vais te présenter quelqu'un. C'est grâce à elle si tu t'en sors aujourd'hui. Tu as intérêt à te tenir à carreau, c'est compris ? »

Thorleif réprimanda du regard Caprica. Il ne pouvait pas cautionner ouvertement sa tentative de vol mais il n'était pas suffisamment insensible pour livrer une enfant dans le besoin à la milice locale. De toute manière, il savait que Freyja l'en empêcherait et elle savait se montrer très persuasive lorsqu'il s'agissait de le faire ployer, à son plus grand damne.

« Thorleif ! … Tu avais vraiment besoin de le frapper comme ça… ? Enfin… Pour cette enfant, je suis contente que tu l'aies fait, je dois dire. »

Freyja rit de bon cœur et rejoignit son frère ainsi que Caprica. Elle adressa un regard rassurant et un sourire plein de douceur à l'égard de la jeune adolescente.

« Qui es-tu, jeune fille ? D'où est-ce que tu viens ? Tes parents ne sont pas avec toi ? Mais tu es blessée ! Tu vas venir avec nous, il faut te soigner ! Est-ce que tu peux la reposer sur le sol, Thorleif ? »

Au fond d'elle, Freyja connaissait déjà certaines réponses à ses questions. Caprica n'avait certainement plus de parents, peut-être même était-elle orpheline depuis son plus jeune âge. A nouveau stoïque, Thorleif reposa Caprica sur le sol et observa Freyja du coin de l’œil. Il le savait mieux que quiconque, Freyja serait incapable de l'abandonner dans la rue sans la savoir en sécurité. Une rude journée ne faisait donc que commencer...

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La gentillesse, c'est de l'amour donné par petites bouffées. EmptyMer 25 Avr - 19:28

“La charité est injurieuse à moins qu’elle n’aide le destinataire à s’en affranchir.”

- John Rockefeller

Les coups cessent brutalement lorsqu'une nouvelle voix se fait entendre. Caprica reste encore un instant recroquevillée comme si cette accalmie était trop belle pour être vraie. Mais l'écho d'un choc lui parvient et est aussitôt suivi d'un bruit de chute. Elle s'autorise alors un regard et constate que le boulange est tombé au sol. Elle découvre ensuite une paire de pieds et finalement l'homme imposant à qui elle appartient. Il semble de son côté si elle se fie aux paroles qui filtrent jusqu'à son esprit embrumé à cause du choc.

L'adolescente remet toutefois en cause la pertinence de cette considération lorsqu'elle se retrouve soulevée du sol comme une chose insignifiante. Soumise à la poigne de l'inconnu, à la fois surprise et apeurée, elle ne peut que vainement tenter de résister. L'étau est si puissant qu'elle abandonne d'ailleurs bien vite l'idée de s'en soustraire par la force. Elle se contente alors de poser ses mains en appui sur le poignet de celui qui s'est posé en sauveur mais semble avoir mué en geôlier. Le fait est qu'elle n'a ainsi pas d'autre choix que celui d'écouter l'homme.

Et ce dernier lui recommande - la menace? - de se tenir tranquille. L'oeil inondé de sang, le souffle encore court, Caprica ne peut rien esquisser d'autre qu'un vague mouvement positif de la tête. Ses pensées sont encore contaminées par l'adrénaline et son corps, lui, tremble comme s'il n'arrivait pas à se débarrasser du choc inhérents à la pluie de coups. La jeune voleuse cherche alors du regard la fameuse personne que l'inconnu souhaite lui présenter. Et elle n'a pas à attendre longtemps avant qu'une femme s'immisce d'elle-même dans son champ de vision réduit.

Si l'homme semble guidé par des instincts belliqueux et trop souvent masculins, la nouvelle arrivante, elle, détonne par la douceur qui teinte sa voix ou ses propos. D'instinct, Caprica se sent immédiatement proche de cette demoiselle. Ne serait-ce que parce qu'il semblerait que son salut réside dans sa capacité à gagner le coeur de celle qui semble commander cet étrange duo. Et au vue des circonstances l'adolescente ne peut que se réjouir de ce qu'elle perçoit alors comme une vérité. Le dénommé Thorleif semble bien moins apte à faire preuve de compassion...

La voleuse est alors assaillie de questions et elle décide de jouer la carte de l'honnêteté. Quelque chose lui souffle qu'elle ne gagnera rien à faire preuve de défiance envers ces gens qui sont venus spontanément à son aide. Tout en sachant qu'elle était dans son tort. Un tel altruisme est trop rare pour être récompensée par le mensonge. Et puis Caprica ne peut décemment pas cracher sur de l'aide alors que cela fait des jours maintenant qu'elle est privée du soutien de ses amis et évolue seule dans les rues de Dyen. La solitude couplée au froid n'est pas un gage de survie, elle le sait bien.

Ainsi, lorsque le guerrier relâche sa poigne et lui offre l'opportunité de fouler à nouveau le plancher des vaches, l'adolescente fait de son mieux pour retrouver au plus vite son souffle et contenter la curiosité de celle qui a chapeauté son sauvetage. Elle décoche un vague regard à Thorleif et se décale de manière à se retrouver plus proche de celle qui incarne la providence.
"Moi c'est Judith, M'dame!" se présente-t-elle, révérence malhabile et mensonge préventif à l'appui. "J'habite dans la cité. 'Fin, plutôt dans ses rues en fait. Je n'sais pas qui sont mes parents ni même s'ils sont encore vivants. Et pour la blessure, c'pas grave! C'pas grand chose!"
Information immédiatement démentie par la douleur qu'elle ressent lorsqu'elle dépose ses doigts à la surface de la plaie. Elle a souvent pu observer son propre sang mais jamais en une si grande quantité. La voleuse tire alors un chiffon sale de sa poche et l'appose délicatement sur la source de la cascade carmine. Elle sait qu'elle aura besoin de soins et qu'elle n'est pas en mesure de se les dispenser seule. Mais la prudence ou une fierté naissante et mal placée l'empêche d'accepter immédiatement cette idée. Idée qui, au passage, lui semble particulièrement dangereuse.

Malgré tout il fait froid. Et le pain qu'elle a volé repose à présent dans le sol boueux de Dyne. Elle jette un regard désolé en direction de sa pitance et hésite un bref instant à la ramasser. La terre ne doit pas avoir si mauvais goût, non? Et puis elle mangerait à peu près n'importe quoi. D'autant plus que dans cet état elle ne se sent guère capable de voler à nouveau. Et puis elle attire trop l'attention avec le haut de ses vêtements tâché de sang. Parfois, il vaut donc mieux privilégier la survie à la méfiance.
"Si j'vous suis vous n'allez pas m'livrer à la garde, hein?" s'inquiète-t-elle, levant le regard vers le guerrier. "C'n'est pas un piège?"
La confiance est le luxe de ceux qui peuvent croire en elle. L'adolescente ne l'a que trop rarement vu porter ses fruits pour envisager l'absence d'arrières-pensées. Elle ne voit pas pourquoi la dame l'aurait sauvée pour ensuite la livrer à la milice. Mais la logique n'a pas réellement sa place dans les rues. Et puis elle ne prétend pas savoir comment pensent les gens aisés. Leur monde est bien trop éloigné du sien pour qu'il puisse être ne serait-ce que familier.
"Vous vous appelez comment, vous?" demande-t-elle à la femme. "C'votre garde du corps, lui?"
Elle lève le regard vers Thorleif comme pour confirmer que c'est de lui qu'elle parle. Elle ne sait que penser de lui. Il l'a sauvée, certes. Mais c'était sur les recommandations de sa maîtresse, semble-t-il. Et quelque chose lui souffle qu'il n'aurait peut-être pas agi de cette façon s'il avait été seul à croiser sa route. Un ami? Un ennemi? Ce qui est sûr, en revanche, c'est qu'elle ne peut décemment pas lui reprocher ses actes. Qu'ils soient volontaires ou non...
"Merci, M'sieur! Si j'peux j'vous rendrai la pareille un jour!" lâche-t-elle doucement avant de reporter son attention sur la dame. "Mais j'n'ai rien à vous offrir en r'tour, aujourd'hui..."
Si ce n'est de la gratitude. Mais cette denrée-là n'a pas une grande valeur marchande, malheureusement. Caprica caresse machinalement et du bout du des doigts la bague ornée d'une petite pierre laiteuse. Comme si elle craignait que le duo l'exige pour son aide. Et dans la foulée elle repense à son frère et aux deux autres garçons de la bande. Que font-ils en ce moment? Accepteraient-ils l'aide de ces gens, eux?

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