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Chroniques d'Irydaë
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 :: Les terres d'Irydaë :: My'trä :: Zagash
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 Zygan VS Arianna (boucléééé ♥)

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Zygan VS Arianna (boucléééé ♥) EmptySam 7 Avr - 15:34
-Zygan. Tu peux m’aider à enfiler ça, s’il te plait ?
-Bien sûr. Je commence par quoi ?
-Le torse.

La my’tranne s’installa en face de lui, dos tourné, après avoir traîné une large pièce de plastron jusqu’à son partenaire. Elle s’était chargée seule de toutes les couches inférieures, pourpoint de cuir matelassé et chemise et gants cousus d’écailles de serpent de mer pour ne citer que les plus importantes, mais ne pouvait pas revêtir et boucler seule les épaisses pièces taillées dans une carcasse chassée de crabe géant qui constituaient le gros de son armure de plaques articulées. Alors, le nomade s’agenouilla, d’abord un peu confus, et finalement guidé par un autre my’tran plus habitué à assembler la toile de boucles et de sangles liant toutes ces protections dans l’ordre le plus pratique. De toute manière, il valait mieux s’y mettre à plusieurs pour ça. Et Arianna qui les aidait en ajustant sa position sans se lever de son siège… non, il ne se voyait pas le moins du monde porter quelque chose d’aussi lourd, ce sous aucun prétexte. Les quelques protections qu’il pouvait porter se résumaient à des brassards de cuir placées aux avant-bras, éventuellement renforcés de plaques d’acier quand il ne sortait pas d’une très longue période passée à l’écart de toute communauté suffisamment posée pour disposer d’une forge. En l’occurrence, il en avait bien, et même de facture récente, remarqua Arianna. Il avait rejoint un autre groupe que le leur il y a peu ; eux ne faisaient qu’un usage extrêmement marginal de métal travaillé, pour diverses raisons.

-Merci, fit la zagashienne en jouant de ses bras devant elle, renouant avec les poids qu’elle portait maintenant presque naturellement.
-On te met la cape, aussi ?
-Je ne sais pas… oh, allez, oui, s’il vous plait. Ca amusera la galerie. J’ai toujours l’air plus classe avec la cape. Ca donne un cachet fou.

Elle en parlait d’un ton très satisfait, étrangement. La fierté qu’elle éprouvait à revêtir tout son attirail, à avoir été choisie parmi tant d’autres guerriers de sa tribu pour ça… à s’être fait tailler sur mesure cet équipement ridiculement onéreux et à s’en montrer digne à chaque fois qu’on avait besoin d’elle, elle ne se privait pas de l’afficher. Ca, c’était un trait que le Farkas ne pouvait que discerner sans vraiment le comprendre, lui qui passait peut être moins d’un dixième de son temps auprès d’autres êtres humains. Mais bon. Au moins, Arianna n’en était pas à faire peur quand ses propensions à se dresser pour le bien de ses frères se manifestaient clairement.

-C’est surtout le casque qui fait peur.
-Il est génial, continua-t-elle en adressant un grand sourire au faciès désincarné qu’elle n’allait pas tarder à enfiler. Des fois, il y en a des qui me donnent des surnoms dans le genre du Spectre, quand je les intimide. C’est vraiment fabuleux.

Pas peur… ou pas trop peur, plutôt. Au moins, il n’y avait personne ici pour la lancer dans des tirades de bonne petite zélote convaincue de la suprématie du style de vie nomade et de la culture zagashienne. Ca aussi, ça le mettait mal à l’aise quand elle versait dedans.

-Vous êtes prêts ?
-Oui ! Mais je crois que Sorenza voulait parler à Zygan avant que l’on commence. Ou bien faire un discours, je n’ai pas trop compris.
-Euh… pour le moment, elle a plutôt l’air d’apprécier un bon verre avec les autres.
-Ah ?

En effet, il y avait de l’animation devant eux. En tout, ils étaient un peu plus de cent cinquante à s’être rassemblés pour regarder le spectacle, dans ce paisible coin de clairière vide d’obstacle qui permettrait aux combattants d’évoluer dans un large espace sans rencontrer de difficulté. Trois clans des Nerassa voyageaient ensemble aujourd'hui, accompagnés par une autre tribu des nomades d'Amisgal. Arianna, la meilleure guerrière des Torricelli, qui allait s’exercer une nouvelle fois contre Zygan, nomade d'une tribu amie. L’adepte du dragon leur offrait le privilège de contribuer à l’entraînement d’Arianna, qui se faisait toujours un plaisir d’apprendre personnellement quelles étaient les effets des attaques d’un magicien… pour peu qu’il n’y ait pas d’intention mortelle derrière.

En l’état, la Torricelli ne voyait là qu’une occasion de se confronter à un défi au-delà de sa portée, et surtout, de se placer dans une situation qui la forcerait à s’améliorer. Fidèle à son élément, Zygan resterait insaisissable, mais était avant tout là pour l’aider, au même titre que les autres.

En d’autres termes, elle s’attendait à en prendre plein la gueule, ce qui la motivait au point qu'elle en devienne impatiente. Et l’amusait d’autant plus. Elle savait que son ami essaierait d’y aller doucement avec elle, mais aussi qu’elle irait jusqu’à lui pleurnicher dessus pour qu’il y aille franchement. Et qu’à coté de ça, Sorenza, la vénérable chef du clan des Torricelli, saurait se montrer infiniment plus sèche et décisive pour lui ordonner de réellement la mettre à l’épreuve.

Il n’y avait que comme ça, qu’elle pouvait encore apprendre quelque chose.

-Ah, je crois que ça va commencer. Allez, viens, lève-toi.

Zygan n'avait pas vraiment besoin qu'on le lui dise, même si cela le tira effectivement de sa contemplation du chaleureux tableau de vie qui s'offrait devant lui. Mais au sein des zagashiens, même ceux qui avaient ramené des en-cas à boire et grignoter en attendant le combat se turent, marquant l'atmosphère d'un silence cérémonieux lorsque leur cheftaine se leva. Elle s'avança au-devant de l'étendue de peaux de bêtes, de coussins et de tapis où les siens prenaient leurs aise, puis bifurqua légèrement pour se mettre de profil face à eux, tout en faisant face à ses deux combattants.

Elle était d'un certain âge, la cinquantaine avancée, ce qui se voyait aisément dans les rides que portaient son visage et ses mains. La blondeur de ses cheveux tressés ne suffisait plus à masquer ses nombreux cheveux blancs. Mais elle se mouvait toujours avec l'agilité et la vigueur d'une personne dans la force de l'âge, entretenues par sa participation quotidienne aux chasses, pêches et cueillettes de son clan. Elle était vêtue d'une robe traditionnelle pour les tribus du littoral, agrémentée d'une coiffe de perles en bois peintes et de quelques autres accessoires attestant de son rôle sans s'encombrer d'autant, tant en termes de poids que visuellement.

Pendant un long moment, elle porta ostensiblement une main à son cou, où se tenait un grand pendentif à l'effigie d'un dragon sculpté dans de l'essence de chêne blanc, orné de perles et de petites plaques d'ivoire en guise d'écailles, de griffes et crocs. Un bijou façonné avec une minutie qui, soumise à un examen minutieux, forçait l'admiration même des experts en la matière. Et révélait la griffe de Galeone, le shaman des Torricelli, dont les créations d'idoles religieuses trouvaient des acquéreurs jusque dans les temples de Shuren et Kereeh, où étaient rassemblés les plus grands monuments à la gloire de Dalaï.

Ce bijou était un cadeau qu'elle donnerait à Zygan au terme de son séjour ici, à transmettre à la matriarche de son clan en guise de cadeau. Pour commémorer des siècles d'amitié dont on ne pouvait pas retracer l'origine, les Nerassa ne faisaient pas semblant.

Et... pour entraîner leurs guerriers saints aussi, ils ne faisaient pas semblant.

« Mes frères et soeurs! Aujourd'hui, je voudrais que nous portions honneur à notre ami, Zygan. Pour l'aide qu'il a toujours apporté, et celle qu'il va encore apporter à Arianna. Pour qu'elle puisse affiner ses talents et devenir une guerrière de Dalaï qui fera réellement honneur au nom de Nerassa, aux emblèmes de Zagash!

Zygan. Regarde bien ton amie. Nous avons placé une charge ambitieuse sur ses épaules, et elle la porte splendidement. Malgré les rôles importants qu'elle jouait déjà dans notre famille, elle a accepté d'endosser celui là, et de consentir aux efforts nécessaires pour se montrer à la hauteur de nos aspirations. Nous essayons de l'aider de notre mieux pour la préparer au pire de ce qu'elle pourrait rencontrer sur sa route. Et compte tenu de tes talents, nous plaçons de grands espoirs dans tes enseignements. Tu as tant à offrir. Chaque coup que tu lui infligeras aujourd'hui pourrait être un coup que quelqu'un d'autre lui infligera demain, avec l'intention de l'abattre. Alors s'il te plait, aide-nous de ton mieux à la préparer pour ce jour. Tu retiendras tes coups, mais eux ne le feront pas. Alors ne le fais pas. Attaque-la comme tu attaquerais un prédateur capable de te mettre à mort sur le moindre faux pas. Qu'elle en ressorte plus alerte, mieux préparée, avertie des pouvoirs dont disposent les bénis d'Amisgal. Mets ta bonté à l'oeuvre, et déploie toute ton adresse, ta ruse et ton ingéniosité face à elle. Nous te remercions tous. »

Ca n'avait rien de neuf, songea Arianna. Sorenza faisait toujours un discours de ce genre, avec quelques variations lorsque des évènements récents donnaient lieu à quelques références. Pas le cas ici, mais cette mise en bouche restait la bienvenue. Aussi ravie et impatiente qu'elle était de se mesurer à Zygan, elle devait garder en tête que chaque minute serait un temps précieux qui serait plus utile que les innombrables entraînements qu'elle réalisait avec les guerriers de son clan. Et elle même avait résolu de pencher dans ce sens.

En temps normal, elle n'utilisait que des pièces d'armure usées lors de ses entraînements. Pas de raison d'abimer les plaques neuves dans un tel contexte. Mais aujourd'hui, ça n'était pas le cas. Par égard pour son adversaire, pour se mettre dans un état d'esprit favorable, elle avait revêtu des plaques fraîches.

Seule son épée, qu'on venait lui apporter, témoignait de la fatigue. L'arme avait été méthodiquement émoussée pour ne pas faire trop de mal en cas de chocs - elle ne le couperait pas, bien que les chocs promettaient d'être dangereux s'ils étaient mal portés.

Mal portés, bien portés, peu importe. Ce n'était qu'une question de point de vue.

Elle n'était même pas sûre de pouvoir le toucher une seule fois, compte tenu de la nature de leurs pouvoirs respectifs.


Dernière édition par Arianna Torricelli le Dim 29 Avr - 0:06, édité 2 fois

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Zygan VS Arianna (boucléééé ♥) EmptySam 14 Avr - 13:49

Je n’ai pas écouté un seul mot du discours. A part un mouvement des yeux vers la chef quand elle prononce mon nom, le reste est assez habituel, de ce que je me souviens des fois précédentes. Toujours le même discours, pour vendre un peu le duel, le rendre intéressant, mettre en scène la meilleure guerrière de la tribu et les rapports avec d’autres. Sorenza doit même utiliser le même texte quand Aria fait des entrainements avec d’autres familles que la mienne. Je note quand même le pendentif orné d’un dragon. Un travail qui me rend un peu jaloux, vu que j’essaie également de sculpter le bois, surtout quand je suis seul au milieu de la nature. Il n’y a pas à chercher longtemps pour se rendre compte que mes efforts n’arrivent pas à la cheville de l’ouvrage présent. L’œuvre de la Shaman. Mais je m’en détache rapidement.

Non, mes yeux sont tournés en dedans, je respire calmement, détendu, et je me concentre.

Le monologue, après s’être échauffé, s’arrête enfin. Il y a comme un souffle d’anticipation un peu détendu. Pour être franc, c’est comme un pile ou face, impossible de savoir de quel côté la pièce va tomber. Surtout depuis son entrainement militaire. Elle doit avoir une magie plus offensive qu’auparavant, plus efficiente, aussi. Bon, enfin, j’ai moi aussi progressé dans quelques éléments, depuis la dernière fois. Une, deux années ? Peu importe. Les membres de sa tribu observent, tentent des pronostics, certains parient, même, histoire de rajouter un peu de tension.

Le côté arène totalement plane, sans décor, ne joue pas en ma faveur, mais c’est suffisamment grand pour qu’elle ne puisse pas me marcher dessus. Je prends une profonde inspiration et la sècheresse de l’air me convient plutôt bien. Je suis habillé comme d’habitude, tissu et cuir, ça fait léger par rapport à l’armure de plaques d’Arianna. Elle a même le casque qui sert à faire peur, et je ne vois que ses yeux qui brillent d’un enthousiasme non-dissimulé à l’intérieur. Elle aime trop ça, ha. Je détache la lance accrochée dans mon dos. C’est ma lance de chasse, celle à laquelle je suis le plus habitué. Lame aiguisée, mais on m’assure qu’à moins de viser un endroit mortel ou les joints de l’armure, ça ne risque rien. Je me rappelle d’essayer de retenir un peu mes coups quand même.

Je soupèse mon arme, fait quelques moulinets pour m’échauffer les poignets, les coudes, les épaules. Aria fait pareil avec son épée, une belle lame un peu émoussée. C’est que je n’ai pas de carapace, moi. Si elle me touche. En fait, ça sera comme quand on jouait à chat, étant petits. Je ne pourrai juste pas me cacher dans les fourrés, les arbres, ou n’importe quel décor. Mais ce n’était pas moi qui perdait. Après une petite minute à faire les malins pour les spectateurs, à agiter la main, et à jongler un peu avec nos armes, aussi bien pour le spectacle que pour se mettre dans le bain, on se fige, face à face.

Arianna tient son épée dans une main, les genoux légèrement fléchis, un peu penchée vers l’avant.

Je tiens ma lance au niveau du tiers, et la pointe repose par terre. Je suis droit, tranquille.

Nous sommes écartés d’environ cinq mètres. Mes lèvres sont sèches. Puis Sorenza lâche d’une voix perçante :
« Commencez ! »

C’est le signal. Aria abaisse son centre de gravité, lève sa lame devant elle et fonce vers moi. Du poignet, je lève ma lance pour que la pointe arrive pile au niveau de ses yeux. Elle évite d’une torsade de la tête et continue mais j’appuie le fer contre son épaule et pèse de mon poids pour décaler sa course tout en reculant. Elle se retourne, à trois mètres, et me fixe. Comme à notre habitude, nous allons probablement commencer sans pouvoir. C’est aussi une partie du jeu, et de l’entrainement du duel, d’être celui qui s’en sort sans faire appel aux Architectes en premier. Même si certaines actions ne sont pas forcément détectables.

Je la maintiens à distance avec ma lance et mon allonge, et elle cherche des ouvertures, parfois en s’aidant de l’épée, parfois en essayant d’écarter mon arme. Quand la lame frappe le bois de la hampe ou le fer de la pointe, je me contente de reculer de quelques pas, d’un saut, en modifiant ma prise après avoir cassé le poignet. La poigne est ferme, le poignet est souple, dirait mon oncle. Et on est accoutumé à ne pas faire de duel de force contre des créatures qui sont bien plus massives. Encore qu’avec Süns, l’explosivité… Mais je me distrais. D’ailleurs, un coup d’épée file droit vers mon épaule.

Je roule par terre et m’enroule autour de mon arme et me relève en prenant appui d’une main, poussant suffisamment fort pour me soulever du sol et glisser mes pieds sous moi. En position accroupie, je relève mon arme mais Arianna n’est déjà plus au même endroit. Sur ma gauche, elle m’assène un coup de pied que j’encaisse sans sourciller et que j’accompagne d’une roulade arrière pour accompagner et amortir la frappe. La guerrière poursuit son assaut, sait qu’elle doit rester au corps à corps. J’hésite à la repousser d’une décharge d’air mais je me retiens. Pour le moment, je n’en suis pas encore réduit à ça. Enfin, je crois.

Alors que ma main était quasiment au bout de la hampe de ma lance, je saisis cette fois des deux mains vers le milieu, pour m’en servir comme d’un baton. Beaucoup mieux pour se défendre au contact. Et le bois est suffisamment solide et travaillé pour résister à plusieurs coups d’épée. Là, la lame est émoussée et je le sais, donc je me demande si ce n’est pas un peu de la triche… Le premier choc résonne dans mes épaules, mais je le pare. Elle manie également son arme à deux mains maintenant. Le deuxième coup sonne contre le fer de ma lance, et j’utilise la garde pour guider son arme vers le bas.

Mécaniquement, l’autre côté remonte et se dirige droit vers son casque. Même matelassé, c’est le genre de touche qui peut occasionner de gros dégâts et totalement destabiliser l’adversaire. Surtout avec un champ de vision un peu restreint par le heaume. Elle rentre la tête, lève l’épaule, et me rentre dedans. Collés l’un à l’autre, je manque de trébucher en arrière mais je plante l’embout de mon arme dans le sol et m’appuie dessus pour sauter en arrière, plus loin. J’inspire profondément, mon cœur bat plus vite, un peu de sueur coule dans ma barbe, je prends la température de l’air. C’est toujours bon.

Et, ironiquement, après une légère crise, nous sommes revenus à la situation initiale.

Je reprends ma posture de lancier, envoie quelques estocs pour reprendre tranquillement mon souffle, et sépare ma concentration. Le fond de l’air reste sec, s’assèche encore. C’est bien à ça que j’ai utilisé le discours de la matriarche, à me concentrer pour qu’il y ait le moins d’eau possible dans l’arène. Comme ça, quand Arianna décidera d’utiliser ses facultés, la quantité d’eau sera drastiquement réduite. Et je ne doute bien qu’elle y sera réduite la première. Elle ne va pas réussir à se rapprocher sinon. A moins que je la laisse bêtement attraper ma lance, juste sous la garde.

Comme j’étais déjà en train de me rétracter, je tire plus fort, et elle en profite pour se rapprocher d’un bond. L’épée décrit déjà une orbite en diagonale. Si je la prends comme ça, autant arrêter le combat tout de suite, j’aurai une belle fracture ouverte à l’épaule. Ma main gauche lâche la hampe et, aidée légèrement par les pouvoirs d’Amisgal, semble couler dans l’air qui se sépare pour la laisser passer, voire même être poussée. Enfin, je le sens mais ça ne se voit pas. Avec l’accélération, le tranchant de ma pogne tape dans l’avant-bras d’Arianna, et bloque son attaque.

On est tellement près l’un de l’autre que ni lance ni épée ne peuvent donner la pleine mesure de leur potentiel. Dans un combat contre une femme, généralement l’homme est plus lourd mais moins rapide. De manière vaguement amusante, c’est totalement l’inverse, ici. Comme elle n’a pas encore repris son équilibre, je peux facilement glisser un pied derrière le sien et lui faucher les jambes. Cependant, là où elle devrait tomber sur le dos comme une tortue qu’on retourne un peu cruellement, elle se tord en l’air, tombe sur le bras, roule pour m’empêcher de planter ma lance, qui trifouille piteusement le sol à la place.

J’hésite à lui sauter dessus à mains nues, élimine rapidement cette option et essaie de frapper les jointures de l’armure, mais ses mouvement font que la pointe ne fait que glisser sur les plaques d’armure lisses, usées, mais diablement protectrices. Elle se relève en encaissant un coup bénin sur la nuque, de toute façon protégée, et se remet en garde. Retour à la case départ, mais la situation a légèrement changé.

Je lève une paume.

« J’ai craqué le premier.
- Ah. M’semblait bien, mais j’étais pas sûre. »

Je suis salement déçu, ça m’apprendra à être un peu distrait.

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Zygan VS Arianna (boucléééé ♥) EmptyDim 15 Avr - 3:42
Enfin.

-Maintenant, chanta presque Arianna. Attaque.

Sur cette incantation, le peu d'eau qui perlait dans l'herbe s'éleva dans les airs, s'amoncelant en un mince filin clair qui... ne parvenait même pas à atteindre le volume d'un doigt. Il n'y avait rien du tout. Surprise, la zagashienne essaya de capter davantage de liquide, étendant son emprise dans sa petite sphère d'influence à la recherche de...

Rien.

-Zygan?
-Mmh?
-Connard, fit-elle en explosant de rire.

L'herbe était désespérément sèche, au même titre que l'air. Une aberration pour la région vu la récurrence des pluies fines qui tombaient plusieurs fois chaque jour. Elle ne remarqua pas tout de suite que le temps était anormalement ensoleillé pour ce qu'ils avaient eu cette semaine, avec presque aucun nuage dans le ciel, et une atmosphère qui lui rappelait parfaitement ses brèves incursions en Zolios - le soleil les dardait agressivement de ses rayons, l'atmosphère était beaucoup moins agréable compte tenu de la chaleur qui montait. Même sa carapace lui pesait davantage qu'en temps normal, elle qui y était habituée au point de ne presque plus en souffrir d'inconfort. Tant de petits détails on ne peut plus négligeables qui ne la frappaient que maintenant, tous ensemble, et allaient cruellement se venger de cet affront. Les détails importaient, c'était même l'essentiel des talents qu'Amisgal apportait à ses ouailles. A l'inverse de Dalaï, qui ne versait que dans le concret - brutalement efficace- quand elle se manifestait.

-Je n'ai même pas remarqué. Depuis quand c'est comme ça?
-Je vois pas de quoi tu parles.
-Héhéhé. Je le savais. T'es vraiment une horreur.
-...

Pas d'eau, pas de pouvoir. Ou presque. À nouveau, elle approcha du nomade et de son arme, essayant d'en coincer la hampe dans la garde de son épée pour passer ses défenses. Réussi. Il lutta un instant, mais fut vite perturbé par le jet d'eau brûlante qui se jeta sur sa barbe - même avec si peu de matière, elle restait dangereuse. Un autre choc la frappa au visage pour tenter de la dévier, mais en vain, elle campa sur ses jambes. Arianna s'avança à nouveau, pour réduire la distance et se jeter sur lui, l'écraser sous son poids et le prendre à la gorge pour gagner le corps à corps à la lutte. Elle lâcha sa propre arme, empoigna celle de l'autre pour le faire lâcher prise, et... se retrouva incapable de poursuivre lorsqu'il se dégagea d'un seul bond sur six mètres en arrière.

Ils restèrent un instant à se toiser, tous les deux désarmés, sans que lui ne le soit vraiment. Elle non plus, d'ailleurs. S'il venait au contact, elle le clouerait au sol. Mais il n'allait pas le faire. Il ne ferait que s'éloigner.

Sans le lâcher des yeux, elle posa un genou au sol, s'emparant de la lance qu'elle cala sous son bras. Le vent s'était déjà levé en bourrasques furieuses, battant la prairie et les bois adjacents aux feuillages tous marqués par son rythme. Au centre, Zygan, à l'apparence tranquille, mais entièrement consacré à animer l'espace. Lui non plus, ne la quittait pas des yeux. Elle eut toutefois le temps de reprendre son arme et de la ranger dans son fourreau, profitant du répit que lui accordait l'autre.

A moins que, finalement, ce ne soit elle qui ne commette une erreur en le laissant employer ses pouvoirs. En guise de sommation, Zygan illustra ses talents en tendant le tranchant de sa main en direction d'un arbuste. Et lorsqu'il l'abaissa, ce dernier se fendit aussitôt, traversé de part en part par une distorsion de l'air, comme on pouvait en observer au-dessus d'une flamme. Mais il n'était pas question de chaleur ici, simplement de... quelque chose que seul un fidèle d'Amisgal avait une chance de cerner. À nouveau, le jeune homme tendit le bras en l'air - vers la guerrière, cette fois. Qui se prépara à encaisser une attaque invisible, bombant le torse sans savoir quoi mieux faire. C'était là que se trouvait sa meilleure protection, aussi contrintuitif que cela puisse paraître. Mais le choc ne vint pas. Le my’tran resta immobile, jaugeant sa cible en sachant pertinemment qu’il ne lui infligerait pas le moindre dommage de la sorte. Il pouvait la brusquer, oui – un claquement d’air à hauteur de son visage ou d’un de ses membres la désarçonnerait certainement. Mais l’effet tenait plus de la taillade que d’autre chose, et c’était précisément ce que les plaques de chitine étaient faîtes pour prévenir comme attaque. Il se fatiguerait pour rien, à faire ça.

Sans vraiment savoir quoi, Arianna devina que quelque chose le gênait. Alors, elle agit comme toute bonne combattante de Dalaï et chargea lance tendue, convaincue que l’attente n’était pas la réponse. Mais c’était peine perdue – pour chaque pas qu’elle faisait, l’adepte de l’air glissait aisément de deux mètres sur le sol, conservant largement ses distances sans qu’elle puisse ne l’atteindre. Quand elle accéléra, il redoubla d’autant – et la cueillit cette fois d’une entaille dans la jambe, la fauchant complètement dans sa course. Un instant plus tard, il était déjà sur elle, allongée sur le dos, à tenter de lui reprendre la lance. Et pour l’obliger à lâcher prise, la frappa à deux reprises au visage de son pied jusqu’à ce qu’elle cède. Avant même qu’elle ne puisse l’attraper rageusement pour le tirer à elle, il était à trois mètres de hauteur, arrachant des éclats de surprise à l’assemblée devant un tel saut.

L’espace d’un instant, elle reposa au sol, bras tendu vers Zygan, complètement dépassée tandis que l’autre resta suspendu au sommet de son inertie.

Puis il lui chuta dessus, les deux pieds en avant, propulsé par un autre courant d’air pour gagner en puissance. Elle hurla sur le choc – même avec ses deux bras mis en croix pour amortir l’impact, la douleur fut terrible. Son cri fut tel que Zygan n’insista pas au-delà, préférant s’éloigner pour reprendre correctement sa lance en main et en enchanter le fer, ce qui lui prit quelques instants. Ce n’était qu’un prétexte, pourtant. Il n’avait tout simplement pas eu le cœur de brutaliser Arianna au-delà de ce qu’il estimait tolérable, et s’en voulait même déjà de lui avoir infligé ça.

Et pourtant, elle s’était déjà relevée, arme en main, en posture impeccable. Tellement endurante qu’il en eu un frisson – pour les rares fois qu’il avait eu à infliger ce traitement à un animal, jamais la bête n’avait pu s’en remettre aussi vite. Mais elle, on aurait pu croire qu’elle était aussi fraîche qu’au début.

Elle changea néanmoins son approche, commençant à le contourner sans oser l’approcher. Il comprit tout de suite ce qu’elle faisait : ratisser les alentours à la recherche de la moindre source d’eau qui pourrait l’assister contre lui. Son influence était d’environ cinq mètres de rayon, elle le lui avait déjà précisé plusieurs fois. Et rien qu’avec ça, elle avait pu amasser de quoi s’ouvrir une fenêtre d’action. Hors de question de la laisser faire tranquillement ; c’est pourquoi il se rabattit tout de suite face à elle en traversant l'espace de sa course irréelle, lui barrant le passage à la pointe de sa lance. Pointe ornée d’une aura à peine perceptible, faîte d’une mince pellicule de brouillard, faute de plus descriptif, qu’il prit soin de présenter à la vue d’Arianna. En fait, il alla jusqu’à tout expliquer.

-Pour être sûr que tu saches. Amisgal peut aiguiser le tranchant d’une arme. Je ne veux pas te blesser. Ne viens pas t’embrocher sur ma lance.
-Aucun risque. Ca ne passera pas mon armure.
-Ca passera ton armure, justement.

Ca, il insista longuement sur chaque syllabe pour le dire. Que ce soit sans équivoque. Elle devait le savoir, pour ne pas faire de folies.

-Tes lames d'air ne passent pas ton armure.
-Ce n'est pas une lame d'air. Une lame d'air ne se base pas sur un tranchant existant. Alors que là, je renforce un tranchant existant.
-Haha. Héhéhé. Bon d’accord. Fais-moi voir, dans ce cas.

Elle ne le croyait pas, mais se laissa volontairement aller à tester ce qu’il disait. Ce qu’elle fit aurait été complètement impensable dans tout autre contexte : se présenter à lui, garde baissée, l’invitant à frapper librement sa poitrine. Un petit jeu qui l’amusait beaucoup, comme souvent lorsqu’elle jouait avec les lignes rouges.

Mal à l’aise devant tant d’imprudence, mais aussi par ce qu’il ne voulait absolument pas infliger à son amie, il lui effleura timidement le bras d’une arête de son arme, y laissant une estafilade bien assez éloquente pour prouver son propos. Ce qui porta ses fruits. Arianna prit son temps pour inspecter l’entaille, jouant de ses doigts gantées sur sa carapace balafrée comme pour mieux la sentir. Elle resta un moment silencieuse, emmurée dans des considérations qu’elle avait maintenant beaucoup de mal à faire cheminer dans sa conception de ce que devaient être les choses. Et ça, c’était quelque chose qu’elle n’aimait pas du tout. Et elle ne riait plus. Dans sa tête, revêtir son armure la blindait complètement, elle devenait redoutable - la guerrière Nerassa d'excellence. Les dagues n’avaient plus le moindre espoir de la blesser autre part qu’aux jointures, les épées ricochaient ou se brisaient sur ses plaques tandis qu’elle encaissait les impacts et portait ses attaques en même temps. Les flèches, les carreaux, les cailloux projetés à la fronde ne devenaient que des gênes qu’elle avait tout le loisir d’ignorer pour aller submerger leurs porteurs. On lui avait même garanti que les balles des armes les plus répandues des daenars ne feraient que la secouer au même titre que les autres projectiles, sans avoir le moindre espoir de la blesser au-delà d’une vilaine commotion pour les tirs les plus dangereux.

Alors là, que quelqu’un soit capable de faire ça – que Zygan soit capable de faire ça, lui qui n’avait même pas le millième de ce qu’elle avait fait en matière d’entraînement – la perturbait vraiment. Ca n’était pas qu’injuste, c’était même écœurant. Elle ne l’acceptait pas. Ou ne le tolérait pas, plutôt. Qu’il soit immensément plus rapide, ou agile qu’elle, sans souci. Qu’il puisse complètement ignorer ce qui faisait la fierté de ses atouts et talents…

Eh bien, qu’importe sa vision et son petit confort, c’était incontestable. Il venait de le faire, elle ne le nierait pas. Et ce fut le ton lourd, sur un rythme beaucoup plus mesuré qu’elle lui demanda :

-Vous pouvez tous faire ça ?
-Non. Seulement une partie. Les adeptes. Et encore… moi, c’est une de mes spécialités. Très utile pour la chasse.
-Je vois ça. J’imagine.

Oui, elle ne plaisantait plus. Maintenant, elle imaginait réellement ce qu’elle aurait pu faire contre un autre que Zygan – quelqu’un qui userait des mêmes atouts, mais avec l’intention de l’abattre.

Pas grand-chose, probablement.

De son mieux, plutôt. Suffisant ou pas, elle n’avait pas le choix.

-Qu’est-ce que tu me conseilles ?

Arme en main, elle avait recomposé sa posture. Aucune faille devant la moindre attaque. Si la lance s’approchait, elle pourrait la dévier, peut-être même l’attraper et conclure à nouveau sur une longue empoignade. Même s'il tentait de la contourner par derrière ou en lui sautant dessus, elle pourrait réagir. Sur ce point, elle gardait largement l’avantage sur l’adepte de l’air.

-Quoi que tu fasses, ne te fais pas toucher. Pas sur un point vital, en tout cas.
-J’imagine que je me ferais embrocher comme un lièvre à rôtir.
-C’est… un peu ça, oui.

La vision le traversa fugacement, ce qui lui arracha une grimace. La zagashienne pouvait si facilement parler de choses si terribles… et lui ne faisait que redouter encore plus de la frapper d’un geste non mesuré. Tuer des bêtes était une chose. Blesser un homme, ou une femme, ou quelqu’un qu’il appréciait sincèrement pesait bien davantage sur sa conscience et toute son empathie. Même un simple entraînement impliquait un cortège d’accidents qui ne seraient pas sans séquelles.

-Bon, dans ce cas… je vais faire attention. Merci pour la démo’.

Découvrir ses limites, dépasser ses limites…

Respecter ses limites. C’était sans aucun doute ce qui posait le plus de mal aux guerriers de zagash. Comme beaucoup de traits, l’empressement et l’abandon dans l’action portaient leur lot de qualités et de défauts affiliés.

A elle de composer au mieux avec ses maigres atouts pour reprendre l'avantage. Même le fait de ne pas être invincible n'allait pas la retenir d'essayer. Zygan ou qui que ce soit, ça n'y changerait rien.

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Zygan VS Arianna (boucléééé ♥) EmptySam 21 Avr - 12:07
Je suis franchement inquiet.

J’hésite à retirer un peu du tranchant de mon arme, mais Arianna n’apprendrait plus grand-chose. Et c’est peut-être, justement, ça qu’elle doit apprendre. Que son armure ne la rend pas invincible. Qu’elle ne peut pas cogner sur l’adversaire en encaissant tout et n’importe quoi et en tablant sur le fait que l’ennemi aurait plus mal, prendrait davantage de dégâts, serait moins hargneux. Encore que moins hargneux, ell peut tabler dessus, j’en suis quasiment sûr.

La pointe de ma lance dessine des petits cercles pendant que nous nous jaugeons. Au moins, elle ne me fonce plus autant dessus. Même avec des soigneuses affiliées à Möchlog, la portée pédagogique de l’éventrage est assez limitée. Et, surtout, dans un combat, armes réelles ou non, personne n’est à l’abri d’une erreur, d’un concours de circonstances qui peut mener à un trépas impromptu. Comme Talou, contre Navi. Elle ne s’en est jamais remise, et pourtant, c’était trois fois rien… Une mauvaise chute, une glissade dans la boue, et une lance qui s’enfonce droit dans le cerveau par l’orbite gauche. J’avais treize ans, et elle ne peut plus tenir une arme sans trembler et éclater en sanglots. C’était il y a douze ans.

Arianna est vraiment comme certains de ces monstres au cuir très épais, à écailles ou carapace. Ils sont invincibles ou presque dans leur écosystème, à quelques rares exceptions de la chaîne alimentaire près. Donc ils grognent, ils ruent, ils se jettent sur leurs cibles. Puis ils saignent et meurent. Maintenir le tranchant de ma lance tout en me déplaçant ne me demande pas tellement d’efforts, donc je glisse sur la terre sèche sans trop de difficultés, en tournant autour de la jeune femme et en écartant toutes ses tentatives d’attaque. L’éclat fanatique de ses yeux est effrayant, et elle cherche la moindre ouverture.

En fait, je pense qu’elle se fatigue bien plus que moi comme ça.

Mais d’un autre côté, je l’ai toujours connue inépuisable ou presque.

Après un énième entrechat, cela fait bien cinq minutes que nous jouons au chat et à la souris. Le soleil tape bien, et elle doit cuire dans son armure. Le monde s’est étrécit à l’arène et à la personne qui s’y trouve, le reste ayant été éliminé comme statique et extérieur. Donc je suis un peu surpris quand la voix de Sorenza, comme un coup de fouet, me tire de ma concentration farouche.

« Zygan ! N’oublie pas ta charge ! Frappe aujourd’hui pour qu’elle vive demain ! »

Je tourne la tête en direction des paroles, et ça ne loupe pas : Arianna fonce comme une dératé, écarte ma lance d’un coup d’épée et arme la frappe revers. Je passe en-dessous en me laissant chuter en arrière, sur le dos. Le choc contre le sol n’est pas amorti mais j’ai pu m’y préparer. L’inertie de la course fait avancer Arianna, et je peux lui faucher les chevilles. Maligne, entrainée, elle peut se permettre de me tomber dessus, coude en avant. Mais j’ai déjà roulé plus loin, et c’est couvert de terre et de brins d’herbe que je me relève. Pas le temps de s’épousseter.

J’utilise ma lance comme impulsion première, et je bondis à trois mètres du sol pour m’écarter de cinq.

Arianna pousse un soupir qui résonne presque dans son heaume, puis elle tend la main et émet quelques syllabes qui me restent inintelligibles. Deux tentacules d’eau se rassemblement, et prennent consistance sous mes yeux. Je reprends une inspiration, la langue à moitié sortie, qui confirme ce que je vois et crains. La sècheresse artificielle que je maintenais jusque-là s’est estompée suffisamment pour permettre à la disciple de Dalaï de manifester son pouvoir le plus offensif. Et, de mémoire, l’eau peut se déplacer dans une zone de trois mètres environ ? Cela restreint encore mes possibilités de fuite, et l’arène ne semble finalement plus si grande.

J’ai trop l’habitude des grands espaces, en fait.

Elle avance doucement, concentrée sur mes mouvements. J’essaie de me décaler sur la gauche, mais tel un reflet l’eau, elle se déplace sur sa droite, tout en continuant d’avancer. Quelques mètres derrière moi, je sais qu’il y a la délimitation de notre zone de combat, et que tricher n’a pas vraiment d’intérêt. A part si Arianna veut s’entrainer à courser un type qui fuit, mais pour le coup elle n’a aucune chance. La prairie est trop dégagée, aussi. Bah, trop tard pour se plaindre, j’aurais dû demander qu’on fasse ça en forêt, ça lui aurait fait les pieds encore plus. Si je perds, je ferai…

Arrivé à trois mètres et quelques, le premier tentacule claque dans l’air, se dirige droit vers ma tête. La lame de ma lance, couverte d’une pellicule d’air tranchant qui tremble dans la lumière du soleil, intersecte la trajectoire et brise le lien qui lie l’eau à Aria. Le second tentacule frappe horizontalement, au niveau des genoux, et je saute au-dessus sans l’aide d’Amisgal pour l’esquiver. Puis le fouet d’eau se forme et c’est cette fois la jeune femme qui est au contact. A peine un pied au sol, je pare un coup d’épée avec la hampe et recule d’un pas sous le choc.

Les deux tentacules aqueux tournent autour et fouettent l’air, ou bloquent mes mouvements quand j’essaie de me dégager latéralement. On forme comme une danse, Aria campée au sol avec l’eau qui circule et se condense autour, moi virevoltant et tranchant dès que je le peux. Heureusement que le Don me permet d’être plus vif, plus agile. Puis on cherche tous les deux des gestes qui reviennent, des failles, et il n’y a plus que le bruit de nos respirations et des armes qui s’entrechoquent. La jeune femme réussit systématique à bloquer ou éviter le fer de ma lance et encaisse sans sourciller quand je frappe du bois sur son armure, avec un son sourd. Et à part un peu de déséquilibre, la masse-même fait que je ne peux pas la destabiliser ainsi.

A nouveau, les tentacules attaquent à deux hauteurs différentes, horizontalement, suivies de près par l’épée. Je saute entre les deux, mais Arianna s’y attendait, change la trajectoire d’un des fouets. En l’air, je n’ai pas d’appuis, donc j’éjecte un brusque courant d’air qui me repousse tout en parant son épée, maintenant quelque peu ébréchée à force de parer le fer renforcé de ma lance. Maintenant à cinq mètres, je prépare mes genoux à un atterrissage serein.

A ma grande surprise, un tentacule me suit jusque-là, alors qu’ils s’étaient restreints à trois mètres depuis le début du combat, et se referme autour de ma cheville pour me tirer vers sa maîtresse. Dans l’immédiat, déséquilibré et sur le point de manger un magistral coup d’épée, je me contorsionne en l’air pour me tourner et balayer l’espace d’un coup de lance tranchant. Le fouet est coupé et Arianna est obligée de sauter en arrière sous peine de se faire couper au niveau de la poitrine. Je retombe soigneusement sur la pointe des pieds, une main au sol pour me stabiliser.

« Pas que trois mètres, hein ? »

J’entends son sourire et sa fierté dans sa voix.

« Je pensais réussir à te prendre par surprise avec ça.
- Le stratagème était bon, que je reconnais.
- Pas assez, rétorque-t-elle. »

J’éclate de rire alors que l’humidité ambiante tombe en chute libre et que le tranchant d’air divin de ma lance s’estompe un peu car ma concentration est ailleurs. Je vois ses yeux qui se plissent dans la visière du casque, et elle jette un regard aux deux tentacules, qui semblent moins… liquides ? Cette fois, c’est moi qui avance vers elle et qui cible immédiatement ses assistants pour les dissoudre et revenir à l’état initial du combat, la remettre en difficulté. Elle essaie de les dégager, de les faire reculer, voire de les protéger, mais j’ai bien plus d’allonge avec ma lance.

Les estocs se suivent en chaîne. Je darde et darde, et darde encore jusqu’à en transpercer un, qui tombe en fine pluie au sol, et se fait immédiatement absorber par le sol sec et l’herbe cassante. Enfin, l’autre s’évanouit aussi mais Aria en a profité pour ramener l’affrontement au corps à corps vraiment proche. Je ne peux pas dire que je sois intéressé, alors je glisse au sol jusqu’à retrouver une distance de deux mètres qui convient davantage à mon style et mon arme. Et la bénédiction d’Amisgal revient onduler au bout de ma lance.

A partir de là, l’affrontement prend un tour plus complexe pour Arianna. Elle peut difficilement parer avec son épée, qui commence à être abîmée là où elle était simplement usée, et mon arme peut se permettre de ne pas cibler que les jointures de son armure. Armure qui justement commence à être creusée sur les bords, quand Aria esquive d’un cheveu pour se ménager des ouvertures. Mais je tourne autour d’elle en l’asticotant de ma pointe, jamais proche, toujours suffisamment équilibré pour une retraite expresse.

Cela dure quelques minutes de plus, de la sueur me coule dans les sourcils et le cou et la barbe, et si la guerrière évite toutes les blessures, elle ne parvient pas à trouver d’échappatoire. Elle qui voulait un affrontement difficile pour voir ses lacunes et progresser, la voilà servie. Elle saute à droite, à gauche, tente de rassembler à nouveau de l’eau pour constituer une attaque ou une diversion ou quelque chose, mais l’air est définitivement trop sec, au point que ma salive sèche même sur ma langue à chacune de mes inspirations.

« Arianna ! »

A nouveau, perçant le monde que nous nous sommes constitués à deux, la voix de Sorenza retentit. Nous nous détendons un peu, écoutons en reprenant nos souffles, nos esprits.

« Pour ton rôle de protectrice, le sang que tu as versé et que tu verseras à l’avenir, qu’il soit tien ou non, nous te faisons don de cette Amulette. Toujours la bénédiction de Dalaï sera avec toi ! »


Dernière édition par Zygan le Sam 28 Avr - 21:06, édité 1 fois

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Zygan VS Arianna (boucléééé ♥) EmptySam 28 Avr - 18:49
-Ca suffira comme ça. Pense-tu pouvoir le battre, peu importe les efforts que tu feras ?
-Non, répondit-elle sans hésiter. Il est beaucoup trop rapide pour ça.
-Pense-tu pouvoir survivre, s’il essaye réellement de te tuer ?
-Peut être. Il a l’air de s’épuiser… beaucoup plus vite que moi. Même s’il a l’avantage.
-Et pense-tu que tu serais capable de nous protéger, si c’était nous qu’il essayait de tuer ?
-… absolument pas. Je n’aurai même pas le temps de me rendre compte de quoi que ce soit, et encore moins de vous atteindre pour l’en empêcher.
-Bien. Alors, quoi ? Qu’est-ce que tu vas faire ?

La my'tranne resta silencieuse, cette fois. Elle ne pouvait rien faire, ce qui n’allait pas l’empêcher de continuer à se débattre autant que possible pour… lui courir après sans avoir le moindre espoir de quoi que ce soit, certainement. Il était beaucoup trop vif pour ça. Et elle n’avait pas d’eau. Il pouvait facilement priver les mages de leurs pouvoirs, et c’était indubitablement ça qui la pénalisait le plus dans le duel.

Mais ça, c’était quelque chose que les personnes d’expérience apprenaient rapidement. Et bien qu’ils n’aient pas donné vie à des guerriers d’exception dans leurs rangs, les Nerassa avaient eu l’occasion d’en côtoyer beaucoup plus qu’à leur tour au fil de leurs voyages et de leurs rencontres. Maintenant, ils avaient décidé d’entraîner leur propre championne, et c’était un effort collectif qui ne dépendait pas que d’elle. Ils feraient ce qu'il faut pour l'aider.

-Tu en as peut être conscience, poursuivit la cheftaine, tu t’en es bien sortie. Privée de magie ou presque, tu pourrais t’en sortir. Beaucoup de mages plus puissants que toi ne pourraient pas en faire autant. Maintenant… tu as fait l’expérience de la difficulté, et je pense que ce sera suffisant. Nous pouvons changer ça. Pour que tu nous protèges et attaque en notre nom, nous devons t’équiper. Nous t’avons fourni des armes et une armure, ainsi que ton entraînement – tout pour que tu sois forte, à la hauteur de nos voeux. Et si tes pouvoirs ne sont pas suffisants pour que tu puisses satisfaire à tes obligations, alors ce sera simple : nous te devons également des pouvoirs. Galeone doit t’aider.

Un peu plus loin dans l’assemblée, le shaman des Torricelli se leva. Un jeune brun au teint clair, d’un an l’ainé d’Arianna, à peine plus haut qu’elle et sensiblement plus chétif. Un ami de toujours, qui avait lui aussi entretenu quelques liens avec Zygan. Et c’est avec une certaine déférence mêlée d’un empressement maladroit qu’il traversa la foule pour venir jusqu’à elle, portant dans ses bras une grande pièce de broderie aux motifs religieux dans laquelle était enveloppé une petite tablette, un peu moins grande qu’un livre. Une gravure faîte de bois sur laquelle on –il, vu la qualité de l’ouvrage- avait sculpté un dragon et une raie, tous deux lovés autour d’une succession d’emblèmes zagashiens inscrits au centre de l’ouvrage. Ca et là, des fragments d’ivoire, de coquillages et de perles renforçaient le cachet de l’ouvrage sans le surcharger visuellement.

C’était une amulette que Zygan reconnaissait très bien, pour avoir aidé, la veille, à en achever la création lorsque le shaman avait eu besoin de lui pour parfaire et attiser la magilithe contenue dedans. Il savait ce que c'était, même s'il ne s'était pas attendu à ce que l'arme soit testée contre lui. Trop tard pour abandonner, malheureusement.

Arianna resta un moment silencieuse, prenant le temps d’apprécier le cadeau qu’on lui faisait. Dalaï et Amisgal, les deux seules architectes ayant un pouvoir sur l’eau. Son regard détaillait tour à tour la tablette, le jeune homme, et les rangs de ses frères - et chacun devinait l'expression de son visage à la lenteur de ses mouvements, au temps qu'elle passait muettement à graver ce tableau et ce qu'elle ressentait dans sa mémoire. Dans son coeur, corrigea Zygan.

-Allez, vas-y, indiqua gentiment Galeone. Utilise-la. Tu vas pas être déçue. Avec ça, tu ne manqueras jamais d'eau. Vous ne manquerez jamais d'eau. On hésitait avec d'autres trucs - te rendre très rapide, notamment, mais... tu es celle qui conduit nos guerriers au combat. Alors te voir faire ça... ca me semble... adapté?
-Ah. Je crois que j'ai compris. Dame des cieux, hein?
-Ouais, ricana le shaman.

L'atmosphère s'alourdit sur le champ, se gorgeant d'une humidité qui vira rapidement au delà de la normale. Bien vite, des nuages s’amoncellèrent au-dessus de la prairie et des bois alentours, pour enfin abreuver toute la zone d’une pluie soutenue. Alors, le shaman s'accroupit devant elle, harnachant la tablette sur sa ceinture, à hauteur de sa hanche, avant de s'éloigner. Elle était maintenant preparée. Tout le monde la regardait, la plupart bienveillants, d'autres plus intrigués de voir ce qui se passerait. À elle de montrer ce qu'elle pourrait maintenant faire.

-D’accord. Et maintenant… on reprend. C'est bien ça ?
-Quand tu veux, approuva Zygan.
-Fais attention. Cette fois, ça pourrait être moi qui vais te mettre à l'épreuve.
-Je sais.

Il avait beau avoir l'habitude d'évoluer sans couverts sous la pluie, il n'était pas à l'aise. La protection d'Amisgal et de Suns le protégeaient du froid... mais ce qui le faisait frissonner était d'une toute autre nature. Arianna paraissait sensiblement plus imposante, d'un seul coup. Même sa voix...

-Prends la fuite si tu veux arrêter. Ou mets toi à plat ventre et ne bouge plus. Je serais attentive.
-On ne vend pas la perruque de Bobol...
-Ouais. Je sais.

Elle, c’était tout le contraire. La pluie, l’humidité, cette vive sensation de fraîcheur oppressante qui mordait dans ses chairs, ça la revigorait. Elle se sentait à l’aise. Comme un poisson dans l’eau. L'eau suintait sur les pores de sa peau, la purgeant de toute la sueur qui cascadait depuis le début sous ses couches protectrices. Son second souffle venait de tomber.

-J'ai de l'eau. Mais tu restes trop rapide pour moi. Alors, je vais devoir faire quelque chose dont je n'ai pas l'habitude. On va voir si ça marche.

Et elle rangea son arme, levant les bras en crochant des doigts pour mieux asseoir son emprise son élément. Deux, trois, cinq longs serpents faits de pluie prirent aussitôt naissance autour d’elle, évoluant dans l’air en s’autorisant des accélérations qui faisaient froid dans le dos. Tous étaient aussi épais que le tronc d'un petit arbre, soit bien davantage que les minces filins qu'elle avait l'habitude de tisser. Et deux rentrèrent l’un sur l’autre à l’une de ces occasions, dans un fracas qui déchira l’air avec le même claquement qu’aurait eu un coup de fouet asséné par une force prodigieuse. Deux seconde plus tard, les masses d’eau s’étaient reformées, mêlées l’une à l’autre dans un plus gros amas qui évoluait de la même manière. Et la chose s’élança au-devant d’Arianna lorsque celle-ci décida enfin de progresser jusqu’à Zygan, maintenant qu’elle avait affermi son contrôle sur ses masses de fluide.

Cette fois, le nomade n'essaya même pas d'esquiver - il fusa au plus vite sur le coté pour mettre autant de distance que possible entre Arianna et lui même. Il devait la contourner, l'inciter à ce que toutes ses masses d'eau convergent vers lui, créer une ouverture dans le dos de la my'tranne, et l'abattre d'un seul coup. En priant pour qu'il soit plus rapide que les serpents volants. Heureusement, il n'eut pas à louvoyer bien longtemps autour d'elle pour qu'elle se décide à tout jeter dans son sens - c'était une approche que les zagashiens choisissaient très souvent. Il avait pourtant pris soin de conserver ses distances.

Le premier projectile donna l'air de s'ancrer dans le sol juste à cinq mètres d'Arianna, donnant vie à un large tentacule qui frappa brutalement - bien au delà de la distance qui fermaient normalement le champ d'action de la Nerassa. Mais lui n'était déjà plus là. Il était plus de dix mètres en avant, porté dans le dos de la zagashienne par un arc de cercle impossible, et fonçait sur elle à une vitesse prodigieuse maintenant qu'il concentrait toute sa magie là dessus. Et pourtant, il fut mis en retraite.

Les masses d'eau bougeaient bien plus vite qu'elle. Étaient plus réactives, également. Et pouvaient répondre à des attaques qu'elle ne donnait même pas l'impression d'avoir vu. Surprenant, quand on voyait les efforts qu'elle fournissait pour les faire se mouvoir. Il n'avait pas le temps d'essayer de comprendre comment elles agissaient. Il n'avait pas besoin. Il était plus rapide.

Zygan frôla les deux masses qui lui barraient le passage et réapparu au devant d'Arianna, glissant sur le sol dans une succession inhumaine de petits bonds. Lance en main, il se jetta sur elle, usant de toute sa magie pour...

-Brûle.

... la frapper en plein cœur, et la clouer au sol par le poids de sa charge. Il avait réussi, et vaincu Arianna. Mais n'eut même pas l'occasion de s'en rendre compte. Zygan hurla de douleur, lachant son arme pour se replier ventre à terre dans l'herbe grasse, terrassé par la couche de gouttelettes qu'elle venait de faire bouillir sur son corps. Juste avant qu'il ne l'atteigne.

Ça n'avait duré qu'une fraction de seconde. En dépit de tout ce qu'elle risquait, elle n'avait pas eu le coeur de vraiment le faire souffrir. Ce qu'il venait de subir ne constituait... qu'une très brève mise en garde. Elle savait qu'il ne risquerait rien, que ce soit sur l'instant ou en termes de séquelles... elle aurait préféré ne pas le faire. Non pas qu'elle ait hésité. Elle s'en voulait simplement d'avoir été trop lente pour agir avant lui.

Elle était morte, blessée à hauteur de poitrine. La lance avait déchiré sa carapace et la couche d'écailles en deçà comme si c'était du beurre. Et l'aurait traversée de part en part si Zygan n'avait pas eu de retenue.

Mais même là. Elle avait vraiment besoin d'un soigneur.

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Zygan VS Arianna (boucléééé ♥) EmptySam 28 Avr - 23:37

J’arrête de me rouler par terre, ça ne fait qu’empirer la douleur. A la place, j’enlève mon haut un peu troué par l’eau bouillante et je laisse la pluie ruisseler sur mon corps. Elle est froide, assez froide pour rafraîchir les brûlures. Une technique tout à fait vicieuse, et je m’en souviendrai à chaque fois que j’affronte un mage de Dalaï. Je tressaille quand une goutte tombe sur un des cercles rouges de souffrance, mais sinon j’arrête de bouger, et j’essaie de me concentrer sur les pouvoirs que Süns m’octroie. Il doit bien y avoir moyen de rediriger la chaleur vers l’extérieur, comme je le fais d’habitude pour ma température corporelle…

Assis avec les avant-bras posés sur les genoux, je souffle doucement en regardant les deux soigneurs du clan Nerassa se précipiter auprès d’Arianna. Je suis sûr que le coup n’est pas mortel, j’ai donné un mouvement du poignet pour que ça parte vers la droite. J’ai senti distinctement les couches d’armure s’écarter de la voie, puis la peau, et quand mon coup a dévié, de l’os, probablement ? Je jette un regard soucieux et j’oublie un peu ma petite douleur de pas grand-chose à côté de ce que j’ai planté à mon amie.

Elle est allongée par terre dans une petite mare de sang. Trois mages de Möchlog sont accroupis à ses côtés, et murmurent entre eux en apposant leurs mains un peu partout, mais surtout sur ses blessures. Ils l’ont inclinée sur le côté pour pouvoir toucher les deux bouts de la plaie, et de là où je suis, je distingue bien la tranche que j’ai découpée. J’ai évité le cœur, mais pas de beaucoup, et à cause de la brûlure qu’elle m’a infligée pour m’empêcher d’attaquer, c’est pas sorti très proprement. Je vois un bout de côte qui dépasse, blanc là où ce n’est pas rougi.

Mais l’action des deux soigneurs du clan, aidés par un des spectateurs un peu performant, participe d’emblée à la remettre d’aplomb. Je vois l’os se remettre en position, se ressouder sous mes yeux, à la vitesse qui est celle des miracles. Puis la peau frétille, tremple, repousse, et recouvre bientôt des vaisseaux et des os remis d’aplomb. Je pousse un soupir de soulagement et reprend enfin conscience de mes bobos à moi, surtout quand…

« … Hého ?
- Hein ? »

Je lève les yeux vers mon voisin direct, une nana accroupie et totalement jeune, la vingtaine peut-être. Elle n’est pas du clan Nerassa, et vient donc probablement du public.

« Choc traumatique pour avoir transpercé votre adversaire ?
- Ah, non, pas du tout. Je regardais juste si elle allait bien.
- Ne t’en fais pas, je ne sais pas pour les deux autres, mais mon maître est un adepte de Môchlog. »

Elle dit avec un air de fierté qui donne du volume à sa voix un peu suraigue. Je souris avec joie.

« Ils sont aussi équipés, sinon nous n’aurions jamais fait ce duel à armes réelles.
- Je me doute. Zygan, c’est ça ?
- Oui, mais… ? Que je réponds d’un air surpris.
- Oh, les spectateurs en parlaient. Je vais regarder tes brûlures. Mon professeur m’a dit que c’était un bon entrainement. »

Je ne sais pas à quel point je suis motivé à servir de cochon d’inde à une apprentie, mais mes maigres velléités de désaccord sont balayées quand elle pose ses petites mains fraîches sur mon torse et qu’une énergie revigorante passe dans mes muscles un peu endoloris par le combat. Puis ça semble se concentrer sur les points de douleur, et les apaiser. Novice, adepte ? Peut-être quelque part à la frontière entre les deux. Juste devant moi, Arianna est aidée à une position assise tandis que les autres s’épongent le front pour retirer la pluie qui leur tombe dans les yeux. Vrai que…

J’hésite à éloigner les nuages, mais un regard vers le ciel me fait dire qu’il n’y en a plus pour très longtemps, et puis ça ferait peut-être mauvais genre de retirer la pluie pour des adeptes de Dalaï ? Encore que personne ne m’en tiendrait rigueur, et le public pourrait arrêter de se blottir sous des étoffes cirées ou des arbres manifestement pas faits pour ça. Non, puis je suis un peu las, en fait, donc je n’essaie pas. Ça me rappelle cette histoire d’un adepte fatigué qui voulait calmer la pluie et a provoqué une tempête monstrueuse… Sa tente a été frappée par la foudre. Morale : ne pas trop faire le malin.

Sorenza s’approche de nous d’un pas digne. Les gouttes volent autour sans la toucher et nos soigneurs respectifs nous aident à nous redresser, puis nous lever. Le public, plus nombreux qu’au départ, se rapproche pour entendre l’adresse que la cheftaine va faire. C’est que le spectacle était plutôt sympathique, à voir les expressions des gens. Certains sont aussi soulagés que tout se termine bien, je suppose.

« Zygan, Arianna ! Vous vous êtes bien battus. Zygan, toute la tribu Nerassa te remercie pour l’aide que tu as apportée à notre guerrière, Arianna Torricelli, que ce soit par le passé, ou à l’instant. Nous espérons que cette expérience te sera également profitable, et pour nous en assurer, ainsi que célébrer l’amitié entre nos peuples, nous te faisons ces dons. »

Le shaman, Galeone, quelques pas derrière elle, approche alors. Il tient entre ses mains… Pas mal de trucs. Il m’adresse un clin d’œil avant de prendre la gravité qui correspond à sa charge. Dignement, il tend d’abord deux magilithes sculptées en forme de flocons dans une monture en bois. Le pourtour dessine des stalactites et des stalagmites, avec de la neige stylisée. Pas besoin d’être un génie pour comprendre qu’il s’agit de pierres renfermant un sort de froid, probablement pour maintenir au frais des denrées rares. C’est Galeone qui prend la parole maintenant.

« Ces deux pierres permettront à ton clan de protéger leurs biens contre la morsure de la chaleur. »

Gagné. Puis, tandis que je jongle à moitié pour les mettre dans une main, il me tend les deux suivantes, déjà. Il cache un sourire en coin et je sais qu’il le fait exprès. Sorenza aussi le sait, et n’a pas l’air de goûter la plaisanterie, à voir ses yeux sous son expression paisible et heureuse. Les pierres sont un peu plus grosses, sensiblement plus raffinées. Celles-là, c’est des adeptes qui les ont faites, et…

« Ce don-là vous permettra de ne jamais manquer d’eau : que ce soit la terre ou l’air, elles parviendront toujours, pour peu que la Faveur de Dalaï les habite encore, de vous fournir de quoi vous rafraîchir, vous désaltérer, laver vos blessures. Que la Bénédiction de Dalaï soit avec vous. »

Tous les membres du clan répètent la dernière phrase, qui fait comme un grondement sourd. Je les prends avec les deux autres et les garde près de mon corps. C’est un cadeau royal pour juste une joute d’entrainement, surtout que c’est les Nerassa qui ont tout fourni. Et quand je vois Sorenza lever à nouveau la main à son collier je comprends que ce n’est pas fini. Et, comme pressenti, elle détache l’amulette à son cou avant de me la tendre. Elle est toujours aussi belle qu’auparavant, et si elle n’est effectivement pas chargée de magie, elle constitue un beau cadeau.

« Nous t’offrons également cette sculpture en l’honneur d’Amisgal, que vous pourrez utiliser comme bon vous semble, et espérons que l’avenir trouvera ton clan prospère. »

Je la prends d’une main maladroite sous son regard bienveillant, et je m’incline poliment pour la remercier. Quand je lève la tête, je me rends compte que je dois dire quelques mots aussi. Je tourne ma langue dans ma bouche et…

« Sorenza. Galleone. Arianna. A vous, tous les membres du Clan Nerassa, en tant que représentant des Farkas, je vous remercie sincèrement et vous assure de notre amitié continue et profonde. J’espère que nos chemins, bien que souvent séparés, se croiseront aussi souvent que possible, et que vous trouverez toujours de l’eau à vos sources. Qu’Amisgal vous garde. »

Ça suffit pour faire passer la crise et tout le monde se tourne maintenant vers Arianna, qui est quand même la star du jour.

« Arianna, tu t’es battue bravement, et si le combat était difficile, tu as néanmoins su faire preuve d’adaptabilité, d’adresse, et d’imagination. Cette démonstration nous prouve une fois de plus que nous avons eu raison de te nommer Guerrière de la tribu, et nous espérons que tu sauras continuer à te montrer digne de cette charge. La route est longue, et celle de notre grande famille l’est encore davantage. »

La jeune femme, revigorée par les soins, la pluie, le fait de ne plus porter son énorme armure et son heaume, hoche la tête avec le regard brillant. Dur de voir si elle a les larmes aux yeux, avec ce qu’il reste de pluie.

« Je saurai me montrer digne de votre confiance, jure-t-elle solennellement, probablement pas pour la première fois. »

Puis Sorenza claque dans ses mains, et se retourne pour retourner à sa tente, la tente principale de leur tribu. On leur emboîte le pas benoîtement, et quand je me retourne pour ramasser ma lance dans l’herbe, je me rends compte que quelqu’un s’en est gentiment chargé pour moi. On commence à peine à marcher que le soleil crève enfin les nuages, et que chaque goutte d’eau se met à scintiller dans la lumière de l’après-midi. On voit même un arc-en-ciel et le pétrichor m’apaise à chaque inspiration que je prends.

Tout est bien.

Comme le temps s’est éclairci après la décharge magique, on relève les auvents de la tente pour profiter de l’air, étonamment doux pour la saison. Et nous nous allongeons ou asseyons sur des coussins sous la toile, pour grignoter des petits plats délicieux, des fruits, et boire un peu de vin coupé à l’eau. Ou juste de l’eau, pour certaines. On échange les nouvelles, on rigole, et surtout, on se repose. J’ai à peine le temps de mentionner le fait qu’il me faille deux couteaux, un pour dépecer et un kukri pour toutes les tâches du quotidien qu’ils me tombent dans les mains. Je paye, évidemment.

« Tu comptes faire quoi, maintenant, Zygan ? »

C’est Aria qui m’adresse la question. Ça fait plusieurs jours qu’on est ensemble, d’abord pour le contrat de chasse, et ensuite et avant, les jours que j’ai passés en compagnie de l’ensemble du clan. Et si voir tous ces gens que je connais depuis mon plus jeune âge est sympathique, ça commence déjà à me démanger…

« Je vais reprendre ma route, je pense. A cette période de l’année, ma famille doit se trouver un peu plus au sud. Je devrais les rattraper au niveau du Carrefour du Laurier, si je ne traine pas trop.
- Si tu ne traines pas ?
- Je vais partir demain matin, je pense.
- Ah. »

Elle cache à peine sa déception à ce que je reparte déjà, mais elle a l’habitude. La solitude de la nature me manque, et ma famille un peu aussi.

« Puis des cadeaux pareils, il faut que je me dépêche de leur apporter, pour qu’ils aient le temps de préparer la riposte. »

Mon sourire adoucit la réponse, et la conversation est habilement réorientée sur un terrain moins douleureux par Sorenza, experte en psychologie zagashienne. De notre position, on voit le soleil se coucher et colorer l’horizon d’oranges, de rouges, puis de violet. Un banquet commémoratif doit être donné, et je sens que je vais m’esquiver tôt, pour partir à l’aube le lendemain matin. Reste que c’était bien sympathique. Je me demande quand sera la prochaine fois que je passerai quelques jours avec eux, mais c’est une question à laquelle seule la route a la réponse.

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