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Chroniques d'Irydaë
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 L'ennemi de mon ennemi est mon ami. Ou devrait l'être...

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L'ennemi de mon ennemi est mon ami. Ou devrait l'être... EmptyJeu 19 Avr - 18:22

“Savoir craindre, c'est penser. Tenir, c'est faire front. ”

- André Glucksmann

Lorsque le mot enfant est évoqué, on imagine souvent une bouille souriante, un regard empli d'innocence ou des rires cristallins. Sa nature même inspire sympathie et tendresse. On les perçoit comme de frêles créatures qu'il convient de choir et de protéger des affres de l'humanité ou des vérités qu'ils ne sont pas encore aptes à affronter. Il y a du vrai dans tout ceci. Mais le portrait est alors bien trop simpliste.

Car il ne tient pas compte d'une évidence cruciale: un enfant est capable de s'adapter à son environnement. Ce dernier le forge et le guide vers l'un des multiples chemins permettant d'arpenter l'existence. Et toutes les voies ne mènent pas à l'épanouissement et au bonheur. En réalité la majorité d'entre elles vous condamnent d'une manière ou d'une autre. Et c'est certainement sur l'une de ces voies que les trois adolescents qui ont coincé Caprica se sont engagés. Malgré eux, sûrement. Pour ce que ça change...

La rue est un territoire. Et un territoire bien souvent occupé par des gangs, des mafias ou, comme ici, par une bande d'adultes en devenir. Ces derniers sont souvent les pires puisqu'ils doivent se contenter des miettes laissés par leurs aînés criminels pour survivre. Leur terrain se limite à une ou deux ruelles, le plus souvent. Moins on possède et plus on se bat pour le protéger. Caprica le sait bien. Elle sait comment ces choses-là fonctionnent. Et pourtant elle n'a pas vu venir le danger. Un relâchement coupable mais bien compréhensible. En ce moment, elle a d'autres soucis en tête que le respect des règles de prudence.

Elle tressaille lorsque la lame glacée d'une arme se pose contre sa gorge. Ce n'est pas qu'une forme d'intimidation. Caprica doit choisir ses prochains mots avec une grande prudence. En fait, pour être exacte, elle n'a pas vraiment le choix au final. Ces trois-là ne veulent entendre qu'une seule chose:
"J'vous rembourserai!" assure-t-elle. "Si vous m'tuez maintenant, vous n'aurez rien!"
S'il y a bien une vérité fondamentale, c'est que les morts ne remboursent pas leurs dettes. Le trio a tout intérêt à la laisser vivre. C'est un risque, certes. Mais aussi une réelle possibilité de retrouver les irys que l'adolescente leur aurait chapardés, selon eux. Tout ça parce qu'elle a volé une personne sur leur pathétique territoire. Les règles qui écrasent la rue n'ont pas grand chose à voir avec la justice.
"Le double!" propose-t-elle. "Dans une heure!"
"C'plutôt correct! Z'en pensez quoi vous deux?"
Celui qui lui tient le colle et l'empêche de respirer aussi aisément qu'elle le voudrait jette un regard à ses deux comparses qui lui répondent pas de signes de tête affirmatif. L'appât du gain est bien trop fort pour qu'il puisse refuser cette "proposition". C'était à prévoir. Et c'est d'ailleurs précisément là-dessus que Caprica comptait. Néanmoins ces trois-là ne sont pas du genre à se contenter d'une simple transaction. Leur stupide fierté ne saurait s'en satisfaire.
"M'kay. Mais on va quand même t'punir! Des fois qu'tu te dirais qu'tu peux nous faire un autre sale coup!"
Là, elle ne tente pas de négocier. Elle sait qu'elle n'y coupera pas. Les choses sur lesquelles on n'a pas d'emprise, il vaut mieux les accepter. Ça les rend un peu plus acceptables à défaut de les rendre moins douloureuses. La lame glacée quitte sa gorge pour se glisser jusqu'à la main gantée ancrée au poignet du jeune homme. Elle glisse à sa surface et provoque un son bien différent de la chair qui succombe à la morsure de l'acier.

Il se passe alors deux choses. La première, c'est que le donneur de leçon se rend compte que la main de l'adolescente qui transparaît à travers le cuir tranché est d'un blanc acre et surmontée de protubérances étranges. La seconde, c'est qu'un jeune homme apparaît à son tour dans la ruelle et capte l'attention des deux autres membres du trio.

Caprica passe son regard de l'un à l'autre et détaille un bref instant le nouvel arrivant. Un poids quitte sa poitrine lorsqu'elle constate qu'il ne s'agit pas de la chose qui la traque. L'inconnu est vêtu d'une manière qui suppose une certaine forme de richesse. Mais l'état des habits en question tend à prouver que ce n'est qu'une forme d'illusion sociale. On apprend à reconnaître les vrais riches des faux lorsque l'on vit du vol. Question d'habitude...
"C'quoi c'te merde?"
"Chef?"
"T'es une d'ces saloperies?"
"Chef?"
"Quoi?"
"Y'a un type qui nous r'garde!"
Il tourne à son tour le regard vers le nouveau venu et Caprica imagine fort bien les rouages qui se mettent en branle dans son crâne. S'en prendre à un adulte, c'est différent. Notamment parce qu'ils ont souvent les moyens de se défendre. Ces trois-là préfèrent les proies faciles. C'est aussi normal que lâche. On ne survit pas en s'attaquant à plus fort que soi.
"Dégagez-moi ça!"
"'Vec plaisir!"
Conclusion? L'adulte n'a pas été perçu comme une menace. Il est vrai qu'il n'inspire pas vraiment la crainte. Et par conséquence ils vont tenter de le plumer. Là encore, c'est normal. Ce n'est qu'une expression caricaturée de la chaîne alimentaire. À la place de l'inconnu, Caprica fuirait sans demander sans reste. D'autant plus que les deux criminels en puissance se sont maintenant saisis de deux barres métalliques. Il n'y a qu'à se baisser pour ramasser de quoi blesser son prochain dans des rues aussi malfamées...

Toujours est-il que cette irruption, qu'elle soit due au hasard ou à la chance, sert les intérêts de l'anomalie. Lorsque son tortionnaire reporte à nouveau son attention sur elle,  elle lui décoche un coup de genoux dans l'entrejambe. Largement de quoi le faire tomber sur les genoux et, dans un réflexe sûrement naturel, de couvrir son anatomie blessée de ses mains. À présent libre, Caprica ne se fait pas prier pour courir dans la direction opposée.

Elle s'arrête cependant nette quelques infimes instants plus tard. Une violente vague d'inconfort traverse son corps et lui annonce la présence d'un danger bien plus mortel que ceux qui hantent habituellement les rues. Elle ne le voit pas. Mais il est là, quelque part. À une distance suffisante pour que des sueurs froides lui vrillent l'échine. L'adolescente rebrousse aussitôt chemin, mue par la peur davantage que par la réflexion.

Elle dépasse le garçon à terre et se jette sur le dos de l'un de ses comparse, espérant que l'élan sera suffisant pour le jeter à terre. Il ne l'est pas. Et elle se retrouve ainsi bêtement perchée sur sa cible qu'elle entoure à présent de ses bras. L'autre se débat, évidemment. Et il l'écrase contre le mur sales en espérant lui faire lâcher prise. Mais l'anomalie est mue par la peur. Et la peur donne des ailes. Elle continue de s'accrocher avec une force qu'elle ne se devinait pas. De quoi offrir l'opportunité à l'inconnu de fuir à son tour ou de profiter de l'occasion pour déstabiliser le garçon qui le menace directement de sa barre métallique.

Caprica, elle, est bien loin de ces considérations tactiques à présent. Elle est animée par la terreur. Une terreur qui lui commande de lutter de toutes ses forces pour pouvoir fuir dans la seule direction qui lui semble viable. Mais pour ça, il faudra d'abord se ménager un passage. Avec l'aide de cet homme?

Phileas Graf
Phileas Graf
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L'ennemi de mon ennemi est mon ami. Ou devrait l'être... EmptyJeu 19 Avr - 20:10
Irys : 224957
Profession : Clerc de notaire
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Une idée reçue qui semblait circuler parmi les nantis d’Alexandria était que les quartiers populaires de la ville étaient une grande zone de non-droit où se réunissait la racaille et où il valait mieux ne pas mettre les pieds, histoire de ne pas courir le risque d’en ressortir les pieds devant.  Autant laisser la vermine s’entre-tuer sans s’en mêler, pas vrai?

Mais quiconque avait des contacts réguliers avec lesdits quartiers ne mettait pas bien longtemps à réaliser qu’une telle vision des choses ne faisait pas justice au microcosme complexe présent dans ces rues et ruelles.  Il y avait les coins où habitaient des ouvriers et petits artisans, et où on pouvait se promener sans trop de crainte de se faire dérober sa bourse.  Il y avait les coins fermement sous le contrôle d’une bande, où larcins en tous genres étaient monnaie courante, mais où régnait paradoxalement un certain ordre, la bande dominante étant intransigeante quand il s’assurait d’éviter la concurrence sur son terrain de chasse.  Et enfin, il y avait les véritables zones de non-droit, petites poches chaotiques où personne n’avait réussi à s’imposer en maître et que les forces de l’ordre laissaient à elles-mêmes.

C’est malheureusement dans une zone appartenant à la dernière catégorie que Phileas se trouvait en ce moment.  Par précaution plus que par réelle crainte, il avait tendance à éviter les ennuis de ce genre, mais aujourd’hui était un cas particulier.  Sa voisine devait en effet porter un paquet à sa soeur qui habitait dans le coin et, serviable comme toujours, le jeune homme s’était proposé pour faire le trajet.  Il était plus capable de se défendre qu'elle, ce qui voulait dire qu’il courait moins de risques.  Sans compter qu’après dix ans, il avait eu l’occasion de se frotter à quelques fauteurs de troubles et ceux-ci avaient appris que s’en prendre à lui coûtait plus que cela ne rapportait.  Il n’eut donc aucun ennui à l’allée, remit le paquet à sa destinatrice, et commença à revenir sur ses pas.

Le trajet du retour aurait pu se dérouler lui aussi sans histoires, mais ç’aurait sans doute été trop beau.  Au détour d’une ruelle, il se trouva tout d’un coup face à face avec trois garçons qui avaient apparemment des affaires à régler avec une fille plus jeune (et largement plus petite) qu’eux.  Que ce soit un instinct de grand frère dont il ne se débarrasserait jamais ou simplement un dégoût profond pour une telle lâcheté, le sort des trois malfrats en herbe fut assez vite scellé.  Phileas ne connaissait d’ailleurs pas leur visage, ce qui voulait dire qu’il devrait passer par une démonstration pour leur montrer qu’il ne plaisantait pas.  Voilà qui était embêtant, mais il n’y pouvait rien.

Il était en train de se demander quelle approche convenait le mieux face à un trio d’adolescents hargneux, quand leur victime décida de prendre la situation en main.  Avant que quiconque puisse agir, l’un de ses agresseurs était temporairement hors d’état de nuire et l’autre avait fort à faire pour se débarrasser de la petite diablesse accrochée à son dos.  Restait uniquement le dernier, qui avait jugé bon de s’armer qui plus est.  Ca restait jouable.

Son adversaire avait clairement grandi à la dure et n’en était pas à son premier combat de rue.  Le sous-estimer aurait été une grossière erreur, que le clerc ne commit pas.  En revanche, l’autre n’avait vu que sa mine soignée et le prenait sans doute pour une cible facile.  Là encore: grossière erreur.  Ne laissant pas à l’autre l’avantage de l’offensive, Phileas feinta à droite, passa à gauche et profita de l’élan qui emportait le voleur pour le déstabiliser pour de bon, récupérant au passage la barre en acier. Une fois que l’autre eut roulé au sol, il ne lui consacra pas plus d’attention et en quelques enjambées il gagna le dernier de la bande, au dos duquel la jeune fille était toujours accrochée.  De la main qui tenait la barre, il empoigna l’avant-bras de l'adolescent, de l’autre il s’employa à décrocher son assaillante.  Une fois cet objectif atteint, il poussa sans ménagement le voleur, qui dut faire quelques pas rapides pour conserver son équilibre.

Maintenant que chacun des aspirants-voleurs avait été défait, ils faisaient tout d’un coup moins les fiers.  Ils se regroupèrent, l’un d’entre eux en boitillant (et Phileas soupçonnait que sa voix s’était faite un peu plus aigüe) et dévisagèrent l’étrange duo.  Un homme s’était placé stratégiquement entre eux et leur cible, et cet homme avait en main une barre métallique avec laquelle il faisait des moulinets assurés.  Qu’il aurait préféré un bâton en bois à la place de cet objet ne se voyait nullement dans ses mouvements.

"Merde, c’est l’Trappeur!"

Aaaah, apparemment un déclic venait de se produire dans l’esprit de celui qui devait être le chef de la bande.  Bien, ça lui faciliterait la tâche, ce qui était une bonne chose.  Il était loin d’être sûr de pouvoir faire face aux trois s’ils attaquaient de manière coordonnée.  Sa condition physique s’était détériorée depuis son arrivée en ville.

"Oui.  Dégagez et laissez-la tranquille à l’avenir."

Sa voix était calme, empreinte d’une assurance qu’il ne ressentait qu’en partie.  Un bluff osé, mais qu’était une confrontation avec ce genre d’individus sinon une partie de bluff continue?  La réputation était faite pour s’en servir, et il se trouve que Phileas s’était forgé la réputation d’être un type coriace.  Son pari fonctionna, et les trois malfrats déguerpirent sans demander leur reste.  Satisfait du résultat obtenu, il lâcha la barre de fer et se tourna vers la seule personne qui restait dans la ruelle.

"Est-ce qu’ils t’ont blessée?"

Toujours calme, sa voix avait désormais une chaleur qu’elle n’avait pas contenue quand il s’était adressé aux voleurs.  Le danger était passé, et il pouvait maintenant tranquillement se préoccuper d’évaluer l’étendue des dégâts.

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L'ennemi de mon ennemi est mon ami. Ou devrait l'être... EmptyVen 20 Avr - 13:57

“Il faut s'entraider, c'est la loi de la nature.”

- Jean de La Fontaine

Elle tente tout d'abord de résister à cette pression nouvelle, inattendue, sur son bras. Puis elle remarque que c'est l'inconnu qui en est à l'origine et pas l'un des garçons de la bande. Caprica hésite, observe un infime instant celui qui se pose en sauveur. Puis accepte la requête silencieuse et quitte son perchoir humain. Un choix judicieux puisque cela permet à l'adulte de repousser l'intéressé plus loin. Et qu'il offre à l'anomalie la possibilité de se mettre à l'abris derrière le rempart providentiel que représente cet homme.

Le groupe semble hésiter. Jusqu'à ce que le chef du trio reconnaisse leur nouvel adversaire. Le trappeur? L'adolescente n'a jamais entendu parler de lui. Pour sa défense, elle n'erre dans cette cité que depuis quelques jours seulement. Mais sa réputation semble suffisamment le précéder pour que leurs adversaires abandonnent leurs velléités offensives. Un problème de moins. Un problème parfaitement dérisoire à côté du véritable danger qui rôde quelques part dans les environs. Le vague soulagement que ressent Caprica ne saurait rivaliser avec la terreur qui ne cesse d'accentuer ses tremblements.

Elle devrait montrer sa reconnaissance à cet homme, elle le sait. Et pourtant elle est incapable de formuler le plus infime remerciement. Tout au plus d'adresser un signe de la tête à ce fameux Trappeur pour l'aide inespérée qu'il lui aura apportée. Pour ce qu'elle en sait, les gens n'aiment pas se mettre en danger pour des concepts aussi dépassés que l'entraide. L'individualisme est un dogme que bien peu sont prêts à renier. L'adolescente souhaiterait pouvoir s'attarder à apprendre à connaître cet individu singulier. Mais son regard se porte déjà sur la ruelle et l'échappatoire qu'elle représente.

Elle s'y engage bien vite mais la voix du Trappeur résonne à nouveau. Il... s'inquiète! L'anomalie marque un temps d'arrêt et se retourne brièvement pour sonder le regard de l'homme à la recherche d'une quelconque trace de moquerie ou d'hypocrisie. Il semble sincère, pourtant. Par réflexe, elle cache sa main gantée et l'éraflure qui laisse transparaître sa différence. A-t-il remarqué? Est-ce de la curiosité déguisée en préoccupation?
"Non, ça va! J'vais bien!" ment-elle. "Grâce à vous, d'ailleurs! Merci!"
Elle lâche ces quelques mots avec empressement avant de poursuivre sa route. Elle marque toutefois un temps d'arrêt quelques instants plus tard. Elle balaie la ruelle par dessus l'épaule du Trappeur à la recherche de la chose. Mais les frissons sont toujours là. Et la fine pellicule de sueur qui commence à envelopper son corps traduit à merveille la gêne oppressante qui ne cesse de s'accentuer.
"M'sieur? N'allez pas dans cette direction!" l'implore-t-elle presque. "Faites-moi confiance!"
Elle en sait trop peu sur les Régisseurs pour être certaine qu'il court un danger quelconque. Mais il l'a aidée. Et elle doute que l'envoyé des dieux apprécie une telle générosité. Il lui a sauvé la mise une fois. Elle ne peut que lui rendre la pareille. Que l'homme en ait conscience ou pas, Caprica tente bel et bien de lui sauver la vie. L'idée qu'une personne meurt à cause d'elle ne pourra que rendre les choses plus pénibles encore.

Alors elle lui fait un petit signe de la main comme pour l'inviter à la suivre. Pour l'heure ils doivent suivre la même direction pour quitter cette ruelle et rejoindre un carrefour ou une rue plus importante. Et dès qu'elle le pourra, l'anomalie ira de son propre côté. Afin d'éviter à l'homme des désagréments bien inutiles. Mais surtout pour gagner le droit de vivre quelques heures de plus.

Espérant que le trappeur tiendra compte de son avertissement et voudra bien la suivre, privilégiant ainsi l'instinct à la raison, elle poursuit sa route à une cadence redoublée. Elle a déjà perdu bien trop de temps...

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L'ennemi de mon ennemi est mon ami. Ou devrait l'être... EmptyVen 20 Avr - 21:41
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Loin de se douter de la véritable préoccupation de la jeune fille, Phileas mit sa tension qui transparaissait toujours sur le coup des événements récents.  Après tout, qui ne serait pas un minimum sous le choc après avoir été agressé par un adversaire supérieur en nombre et en taille?  Tout comme il attribua sa tentative de dissimuler ce qu’il supposait être une blessure à une méfiance chronique envers les étrangers ou son regard trop peu enfantin à une enfance interrompue trop tôt et trop brutalement.  Ou, comment être près du but et en même temps aveugle à l’élément principal du tableau.

Il la regarda donc s’éloigner à regret, inquiet qu’elle s’attire de nouveaux ennuis.  Quelque chose, sans doute un sixième sens, lui disait qu’elle était nouvelle dans le coin.  Le vouvoiement, peut-être?  Ou le fait qu’elle ait besoin de sa vue pour s’orienter, là où un gamin du quartier aurait pu faire le même chemin les yeux fermés?  Ou encore son isolement?  Les plus faibles avaient tendance à ne s’aventurer qu’en groupes dans ce genre de quartiers, et l’absence d’acolytes voulait dire que cette fillette n’avait pas encore forgé de telles alliances.  Il avait donc toutes les raisons du monde de se faire du soucis pour elle.

Ses réflexions furent interrompues par une nouvelle interpellation.  Apparemment, après avoir rendu plus ou moins clair qu’elle souhaitait se débrouiller toute seule, elle s’était ravisée.  Bien, voilà qui lui permettrait de garder un oeil sur elle.  Il se demandait bien sûr ce qu’elle reprochait à la direction dont il venait (une embuscade des trois racailles d’un peu plus tôt?  Peu probable.)  Mais il obtempéra et lui emboita le pas.

"Phileas, ‘monsieur’ c’est bon pour mes clients."

Techniquement, les clients de son employeur, mais on n’allait pas chipoter.  Il accompagna son nom d’un souvenir avenant, espérant qu’il parviendrait à convaincre cette fille qu’il était un allié et non un danger pour elle.  Car des alliés, elle en aurait besoin si elle voulait tenir bon dans cette ville.  L’isolement était une faiblesse qui n’apportait que des ennuis.

"Et toi, tu as un nom?"

C’est que l’appeler mentalement "la fillette" devenait lassant, à la longue, sans compter qu’elle avait l’air d’être aux environs de la quinzaine, ce qui rendait ce qualificatif assez peu adéquat.  À cet âge-là, "adolescente" convenait mieux.  Et puis bon, un échange de noms plus ou moins en bonne et due forme n’était pas forcément une mauvaise manière d’entamer la conversation.

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L'ennemi de mon ennemi est mon ami. Ou devrait l'être... EmptySam 21 Avr - 15:00

“Le moine en fuite n’échappe pas à son monastère.”

- Jean de La Fontaine

Phileas? C'est un joli prénom... Mais l'employer pour s'adresser à l'homme est tout simplement hors de question. Cela implique une certaine proximité là où les titres de politesse supposent le simple respect d'une règle tacite. L'anomalie ne peut tisser de liens avec d'autres personnes. Et elle le regrette profondément. Car elle est un animal sociable en cage, souhaitant aller vers ses semblables mais se confrontant aux impératifs de l'existence. Si tant est que ce mot soit adapté. Fuir, ce n'est pas vivre.

Elle regarde une nouvelle fois par dessus son épaule. Et comme à chaque fois, elle redoute que la chose se soit glissée dans son champ de vision. Cette perpétuelle possibilité continue de saper ses espoirs et d'alimenter ses craintes. L'adolescente s'est souvent demandée si la mort n'était pas préférable à la vie. S'il ne valait pas mieux s'abandonner à une réalité qui la dépasse et accepter la décision de ces dieux qui ne voient en elle qu'une erreur à corriger. Est-ce le courage qui lui donne la force d'avancer ou le déni? Et si elle s'arrêtait là, maintenant? Elle souffrirait quelques instants. Mais elle retrouverait son frère quelque part dans les nimbes qui succèdent à l'existence.

Mais elle trahirait alors une promesse qu'elle a faite quelques années plus tôt. Et puis l'instinct de survie est si puissant qu'il l'empêche de baisser les bras. Censé la préserver, il ne fait que l'ancrer davantage dans un monde qui n'a rien de bien attrayant. Un monde dans lequel chaque jour est un combat et où l'espoir repose sur ce qu'elle considère de plus en plus comme de la naïveté crasse. Les larmes roulent sur ses joues juvéniles. Tout ce qu'elle demande, c'est de pouvoir vivre. De mener une vie normale, aussi inintéressante que belle...

Caprica remarque alors que Philéas lui a dit quelque chose. Les souvenirs de ses mots résonnent encore dans son esprit et elle s'en imprègne. Elle chasse alors ses larmes d'un revers de la main. Les cristaux de magilithe visible à travers son gant creusent un sillon rosé sur son village. Mais elle ne s'en rend pas compte. Comment elle s'appelle? Elle suppose que ça ne coûte pas grand chose de le dire.
"Caprica, M'sieur!" répond-t-elle vaguement.
Si elle ne l'appelle pas par son prénom c'est tout simplement pour lui faire comprendre que leur rencontre n'est qu'un vague interlude dans le récit de leurs existences respectives. Elle envie alors cet homme qui, dans quelques instants, suivra une voie différente que la sienne. Il pourra rentrer chez lui et peut-être embrasser sa compagne et d'éventuels enfants. Dans une semaine, elle ne sera plus qu'un vague souvenir. Dans un mois, elle ne sera probablement plus rien. Et elle se surprend alors à espérer que lorsqu'elle ne sera plus, quelqu'un pensera encore à elle. Qu'elle continue de vivre dans les pensées d'une personne...

Le duo arrive finalement à la sortie de la ruelle. Elle donne sur une rue plus large et plus fréquentée. L'endroit offre davantage d'échappatoires et ainsi des chances de survie supplémentaire. Mais l'avantage semble bien dérisoire. Observant des deux côtés de la rue puis à nouveau derrière elle, l'anomalie décide d'emprunter le chemin sur sa droite. Naine parmi les géants, elle compte sur la foule qui se presse en direction d'un spectacle de rue pour pour la dissimuler aux regards de la chose et de sa créature.

Toutefois quelque chose lui dit qu'il ne sera pas aisé de se débarrasser de Philéas. Il lui est venu en aide face au danger. Certains s'obstinent à vouloir venir en aide aux autres. Une intention des plus louables et qui éveille sincèrement la gratitude de Caprica. Là encore, ce n'est pas la première fois que quelqu'un souhaite la protéger. Les adultes ressentent parfois ce besoin lorsqu'ils sont confrontés à une enfant. Elle ne peut être sûre que c'est bel et bien le cas de ce sympathique jeune homme. Mais dans le doute...
"Merci pour tout!" lui glisse-t-elle alors, sourire forcé à l'appui. "Mes parents m'attendent, j'dois y'aller! La bonne journée à vous, M'sieur!"
Un mensonge innocent mais qui suppose qu'elle n'est pas seule. Et qui, la plupart du temps, suffit à dissuader les gens de s'imposer ou de mettre en oeuvre des idées largement réprouvées par la morale. On ne sait jamais à qui on a affaire. Et l'habit ne fait que rarement le moine. Caprica fait donc un dernier signe de la main au Trappeur et se hâte de fuir dans la direction qu'elle a choisit. Avec un empressement certain mais loin d'être feint.

Il se rapproche...

Ingrid & Sigurd
Ingrid & Sigurd
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L'ennemi de mon ennemi est mon ami. Ou devrait l'être... EmptyMar 24 Avr - 10:24
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Image de la régisseuse:

Une grande ville, bien plus grande que là où ça chasse a commencé il n’y a pas si longtemps. Le temps d’un battement d’œil pour elle, pour la créature qui la suit depuis des années, des dizaines de dizaines d’années. Le temps n’a pas d’effet sur eux ni le mouvement des sociétés. La ville a changé, des bâtiments se sont ajoutées d’autres ont été détruits. Mais la cité tend toujours plus haut, toujours plus serrée dans ces murs qui peinaient à se lever à son dernier passage. Du moins celui qu’ils appellent Sarah, c’était il y a plusieurs battements d’yeux, plusieurs chasses. Elle n’est pas impressionnée par cet entassement verticale ni n’a le sentiment d’être écrasée. Ce n’est qu’une démonstration de la faiblesse de ces gens déviants.

La traque ne sera pas facile. Un humain aurait probablement abandonné devant l’ampleur de la tâche. Pourtant Syriel, le nom que cette régisseuse se donnait depuis cinq ans par commodité et parce que chaque changement de proie était un peu comme une renaissance, n’en tirait aucune fierté. Elle n’avait toujours connu que cette boucle perpétuelle, cette chasse vouée à se répéter. Les lieux et les espèces pouvaient varier mais la finalité était la même : éradiquer l’erreur.

« Oui tu as raison. »

Sans regarder du côté de son compagnon, un alkhach, ni même parler, elle a répondu à son message. Autant commencer par le centre. Du sommet d’une tour ou du mur intérieur, ils pourraient déjà cerner la ville, en partie. Il fallait bien commencer quelque part. Dans les rues quelques uns regardent son gardien mais il n’est pas si rare dans cette région tempérée. Au nord c’est une autre histoire mais ici ce n’est guère le seul de son espèce. Elle même n'attire pas le regard, elle est encore habillé à la façon des habitants de Zochlom mais rien de choquant. Son physique n'a rien de tape à l'oeil. Elle compte tout de même prendre le temps de se changer à un moment. Les humains sont si attentifs à la manière dont leur interlocuteur sont vêtus ! Elle passera du beige au noir.

Alors qu’ils avancent chacun regardent attentivement les passants. Alkhach, parce qu’il n’a jamais eu besoin d’un nom, que « Syriel » n’a jamais ressenti le besoin de lui en donner, se sert également de son sonar pour mieux cerner cette ville grouillante de petits humains. Dans la masse de bruit, il ne reconnaît pas le bruit des pas de l’anomalie, pas encore. Sa silhouette n’a été que brièvement aperçue dans la ville du désert. Elle était pourtant si proche ! Au moins savent-ils que c’est une petite souris qu’ils chassent. Ils n’ont pas pu apprendre son nom, pas encore. Trop insignifiante dans la masse des humains. Son empreinte n’est pas assez forte dans les lieux qu’elle traverse.

Phileas Graf
Phileas Graf
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L'ennemi de mon ennemi est mon ami. Ou devrait l'être... EmptyMar 24 Avr - 10:26
Irys : 224957
Profession : Clerc de notaire
Daënar 0
À la vue des larmes, Phileas sentit son coeur se serrer.  Qu’est-ce qui pouvait bien les causer?  La peur?  Peut-être.  Mais pourquoi avait-il l’impression que l’expression dominante sur le visage désormais humide était la tristesse?  Ils sont nombreux les habitants d’Alexandria à avoir traversé des épreuves, et c’est à se demander comment l’empathie naturelle du jeune homme ne l’a pas encore écrasé.  Question de résilience, sans doute.

En d’autres circonstances, il aurait sans doute remarqué la légère éraflure laissée par le geste de Caprica.  Mais il avait l’esprit un peu trop préoccupé, et la blessure (qui ne méritait peut-être même pas ce nom) était trop bénigne pour vraiment sauter aux yeux.  En revanche, il nota qu’elle n’avait tenu aucun compte du fait qu’il venait de lui donner son nom.  Gardait-elle toujours une telle distance quand elle rencontrait un étranger?  Ou seulement quand l’étranger en question se trouvait être un adulte?  Pas étonnant qu’elle ait été seule face aux trois malabars…

"Joli prénom, c’est la première fois que je l’entends."


Une réponse facile, mais ça n’enlevait rien à sa sincérité.  Il pouvait se tromper, mais il se demandait si ce n’était pas un prénom étranger, ou alors propre à une région de Daënastre où il n’avait jamais mis les pieds.  Ca collerait bien avec le profil de nouvelle arrivante à Alexandria qu’avait Caprica.  D’où venait-elle?  Il le lui demanderait bien, mais il soupçonnait que ça ne servirait qu’à la braquer.  Elle avait apparemment décidé de ne donner que le minimum vital d’informations à son sujet, et ce seulement après une demande directe de sa part, et il respectait son choix.  

Ca ne l’empêcha pourtant pas d’être un peu pris de court par le mensonge de l’adolescente et sa hâte à lui fausser une nouvelle fois compagnie.  Vraiment, il avait beau réfléchir, il ne comprenait pas ses motivations: elle se dépêchait de s’éloigner de lui, revenait sur ses pas pour lui dire de quitter les lieux par une rue en particulier, et le quittait de nouveau avec une hâte plus qu’évidente.  Il la regarda donc s’éloigner, le front plissé par les nombreuses questions qui tourbillonnaient dans sa tête.  C’est d’ailleurs à cause de ces questions qu’une information plus importante dans l’immédiat mit un certain temps à percoler.  Elle allait passer devant les chiens d'Udo.  En courant.  Très mauvaise idée.

Caprica avait pris de l’avance et courait vite, mais Phileas aussi était capable de belles pointes de vitesse quand la situation l’exigeait.  Et il avait de plus grandes jambes.  En quelques enjambées, il eut rattrapé l’adolescente et il lui attrapa l’épaule pour la freiner.  Il aurait pu tenter de l’appeler, mais il doutait que ça aurait suffi à l’arrêter.  Il ne serrait pas fort, juste assez pour qu’elle remarque la pression et ralentisse son allure.

"Tête de pioche, tu vas finir par te faire tuer à force de courir sans regarder où tu vas."


Son ton de reproche aurait sans doute été plus à sa place dans une discussion avec un de ses frères et soeurs qu’avec une adolescente qu’il venait à peine de rencontrer, mais ses frères et soeurs étaient à des miles d’Alexandria.  Sans lui laisser le temps de répliquer, il la lâcha, et pointa du doigt le passage problématique.

"La ruelle là-bas est habitée par un type qui a tendance à attirer tous les chiens du quartier.  Ces chiens s’ennuient, sont assez mal nourris et entretenus et, surtout, très hargneux.  Passe devant eux en courant, et ils te poursuivront, ne fut-ce que pour s’occuper.  Tu ne serais de loin pas la première à te faire sérieusement blesser comme ça, et j’aimerais autant éviter."

Il espérait sincèrement que ce qu’il disait faisait son petit bonhomme de chemin dans la tête de mule qui lui faisait face.  Finalement, il laissa échapper un léger soupir.

"Bon, juste histoire de voir l’étendue des dégâts, tu comptais passer par où pour 'rejoindre tes parents'?"


Il était plus que sceptique au sujet de sa destination finale, mais ce n’étaient pas vraiment ses oignons.  Dans le meilleur des cas, il parviendrait à faire en sorte qu’elle atteigne cette destination en un seul morceau.

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L'ennemi de mon ennemi est mon ami. Ou devrait l'être... EmptyJeu 26 Avr - 4:23

“Tout est bruit pour qui a peur.”

- Sophocle

Phil représente un chapitre agréable dans un livre particulièrement glauque. Un chapitre à présent terminé, qui doit naturellement s'effacer au profit du suivant. Celui qui s'ouvre à présent est bien moins réjouissant et probablement dénué d'intervenants sympathiques. Ce qui laisse tout le loisir à Caprica de se concentrer sur les impératifs de sa survie. La concentration se lit d'ailleurs sur son visage tandis qu'elle se faufile à travers ses semblables vers une destination tributaire de la nécessité.

La chose est quelque part dans son dos, elle le ressent avec une certitude croissante. Avec le temps elle a compris que cela signifiait que la chasseuse se rapproche de la victime qu'elle incarne. Un rôle imposé par les dieux et qui semble dénué du moindre sens aux yeux de l'adolescente. Si les divinités d'Irydaë le souhaitaient, elles pourraient probablement annihiler les effets négatifs de la magilithe. Pourquoi s'obstinent-elles? Pourquoi laissent-elles leurs créations souffrir à cause de cette pierre? Est-ce de la cruauté ou de la simple indifférence?

Elle n'obtiendra pas de réponses à ses questions, elle le sait. Elle n'en a jamais obtenues. Les prières qu'elle a adressées au panthéon semblent s'être perdues dans l'immensité du monde. La science des daënars, pour ce qu'elle en sait, n'est pas non plus apte à apporter une explication. L'anomalie ne doit pas seulement se forger un avenir mais aussi une réalité. L'incompréhension est aussi sournoise que la créature qui ne cesse de la traquer. Et elle ronge l'âme aussi sûrement que la peur.

La jeune voleuse sursaute lorsqu'une main se pose sur son épaule et elle se retourne vivement, levant les bras au niveau de son visage. Une défense dérisoire mais soumise à l'instinct. Et il lui faut quelques longues secondes avant que la surprise laisse place à une forme de soulagement. L'adolescente baisse alors les bras et lâche un soupir qui exprime à merveille la crainte qu'elle a pu ressentir. Philéas n'abandonne-t-il donc jamais?

Quelque part, elle s'en veut. Elle s'est laissée surprendre bien trop aisément. Une preuve évidente que ses efforts pour fuir le régisseur semblent bien dérisoires à côté de l'espoir qu'elle leur insuffle. Les propos de son sauveur effleurent ses oreilles mais leur pertinence semble bien relative. Peut-elle lui en vouloir? Comment pourrait-il comprendre qu'elle fuit quelque chose dont il n'a peut-être jamais entendue parler? Une chose à côté de laquelle une meute de chiens, aussi affamée soit-elle, n'est rien de plus qu'un vague sujet de préoccupation?
"Le danger ne s'trouve pas devant!" proteste-t-elle, inébranlable dans cette conviction. "Il est derrière!"
Elle se passe une main sur le visage et hoche la tête de dépit avant de reprendre son avancée. Elle ne se jette pas dans la gueule de canidés pour le plaisir ou par inconscience mais simplement parce qu'elle le doit? Les obstacles qui barrent son chemin ne l'inquiète pas, bien au contraire. Néanmoins le conseil est avisé. Et elle compte bien le suivre. Si elle venait à se faire mordre maintenant et que sa mobilité était altérée...

Elle s'autorise alors une brève pause. Un acte de folie dont elle est consciente mais... elle n'a pas vraiment le choix. L'altruisme dont Phil semble avoir été généreusement doté représente une menace. Il est hors de question de lui faire du mal pour tenter de le repousser. Mais elle n'a pas non plus le luxe de lui offrir une explication satisfaisante dans un laps de temps aussi court. Alors elle écarte avec une certaine gêne la lézarde dans son gant et dévoile le dos, cristallin, de sa main.
"Si vous m'suivez, vous allez aussi mourir! Vous comprenez?" espère-t-elle. "Vous n'pouvez pas m'aider! Et j'sais m'débrouiller seule! Alors... partez, s'il-vous-plaît!"
Caprica n'arrive cependant pas lui dire ce qui est pourtant un argument susceptible d'achever de le convaincre: il représente une gêne! On se montre trop rarement agréable avec elle pour qu'elle puisse prononcer de tels propos. Et son âme se fissure davantage lorsqu'elle prend conscience que les dieux lui ont tout pris. Et notamment le privilège de pouvoir côtoyer des personnes comme Philéas.

Elle serre les poings. Sa main épargnée par l'infection proteste contre ce traitement en tremblant. L'autre, elle, demeure impassible, détachée des sentiments de sa propriétaire. L'adolescente se jette à la taille de l'homme et l'enserre de ses bras. Un bref interlude de douceur dans un ouragan de violence. Elle se surprend à fermer les yeux tandis qu'elle prolonge plus que de raison ces adieux silencieux.

Elle fait alors ce qu'elle n'avait jamais fait jusque-là. Sa main valide détache un morceau de cristal de son homologue et, lorsqu'elle rompt l'étreinte, tente de le glisser dans la poche du veston de Phileas. Ce ne serait pas la première fois qu'elle se téléporterait ailleurs. Mais que ce soit auprès de l'un de ses congénères et non vers un quelconque lieu, ça, c'est inédit. Peut-être le reverra-t-elle si elle n'a pas d'autres choix pour fuir. Mais pour l'heure...
"J'vais par là!" lui indique-t-elle sobrement. "Et vous, où vous d'viez aller avant d'me rencontrer, d'accord?"
C'est une supplique davantage qu'un ordre. Elle ne peut pas lui imposer quoi que ce soit, juste espérer qu'il voudra bien accepter cette requête. L'anomalie lui décoche alors un signe de main avant de reprendre sa progression. Et, malgré sa peur, elle tente de garder en tête le conseil de Philéas. Elle ralentira lorsque les chiens seront sur son chemin. Et si la créature des dieux la rattrape, peut-être aura-t-elle la chance de revoir le jeune homme. Après tout elle n'est même pas certaine d'avoir réussi à glisser cet éclat magilithe dans la poche. Et si c'est le cas, elle espère qu'il s'en rendra compte suffisamment tôt pour éviter ses effets néfastes.

Ce qu'elle est loin de savoir, en revanche, c'est qu'en voulant sauvegarder le Trappeur, elle l'a transformé en leurre. Et qu'elle la peut-être condamné...
c'poil leurre:

Ingrid & Sigurd
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L'ennemi de mon ennemi est mon ami. Ou devrait l'être... EmptySam 12 Mai - 18:56
Irys : 754856
Rien, ni au sommet ni en bas. De toute façon, aller en hauteur n’est qu’un moyen de voir plus loin. Ici, étrangement, de façon arbitraire, une partie de la population s’est attribué le sommet : « les nantis ». La petite chose qu’ils traquent n’en fait pas partie. Du moins, ce serait fort improbable. Pour l’instant la régisseuse et son gardien se contentent d’être là. De faire pression pour que leur proie sorte du terrier. Bien sûr, pas sans rien faire, pas sans poser des questions aux petits vendeurs de journaux, aux enfants dans les parcs avant que des parents outrés viennent les récupérer, quant il y en a. Les jours passent sans que rien de notable n’arrive. La vie tourbillonne de façon habituel autour d’eux, les laissant indifférents.

Alors qu’ils déambulent dans les rues basses du premier quartier un peu plus d’une semaine après leur arrivée, Syriel sent que son plan fonctionne : sa cible est aux aboies. La question maintenant est : que faire ? S’approcher du marqueur tout de suite ou attendre encore ? L’ennui ne pèse nullement dans la balance, tout ce qui compte c’est l’efficacité. Le moyen le plus sûr de parvenir à ses fins. Elle s’est arrêtée en plein milieu de la rue, Alkhach immobile à côté d’elle. Des gens passent en grommelant à côté d’eux mais ils les ignorent. Qu’importe ces petits êtres ignares qui râle sur les êtres qui leur permettent d’avoir une existence paisible et ennuyeuse.

« Nous allons à la chasse ! »

Ses mots ne sont que pensé. Comme un, ils se remettent en mouvement suivant le lien qui les lies à l’objet crée par l’anomalie. Pas besoin de carte, tant pis si les bâtiments leur font faire des détours. Inutile de courir encore ou de trop se presser, c’est à la petite sourie de s’inquiéter. C’est sa vie qui touche à sa fin.

Les choses se compliquent alors qu’ils se rapprochent. L’objet a bougé, il doit être sur quelque chose, quelqu’un ou encore un animal. Ce n’est pas un point fixe et ils ne savent pas si l’anomalie observe « l’endroit ». Ce n’est pas le seul alkhach dans la ville, ils en ont croisé d’autres, ça ne lui sera pas suffisant pour les repérer. Elle même s’est changée comme prévue. Ses vêtements sont noires et sobre, comme ceux de la ville. Un chapeau discret orne même sa tête et dissimule son visage aux observateurs trop loin. Le duo se fond assez bien dans la masse sauf quand ils font des arrêt intempestifs. Eux-mêmes sont attentifs à leur environnement : si leur proie les remarque et s’affole, ils la verront, la repéreront. Au moins dans ce quartier, ils peuvent voir le ciel. Le monde n’est pas caché par les constructions. Ils s’avancent encore, leur proie semble s’être arrêté ou du moins, rester dans le même espace restreint. C’est un endroit résidentiel, ils ne vont pas pouvoir rester planté au milieu de la rue, même s’il n’y a pas spécialement de passage. En fait, cette absence de gens, accentue leur visibilité. La décision est vite prise : ils vont se loger dans cette rue. En face de l’endroit identifié comme la source. Une maison de trois étages, sûrement plusieurs habitants. Qu’importe. L’Alkhach reste dans la cour et s’assoie tandis que Syriel entre et va à l’appartement du rez-de-chaussée. Elle ouvre la porte de nouveau sans frapper. Il est encore assez tôt pour que personne ne soit là, ni ne remarque son utilisation de la magie pour forcer l’entrée. La porte derrière elle reste légèrement entrebâillée, elle ne peut plus fermer. Ignorant tout ça, elle va s'installer dans un fauteuil qu’elle place devant la fenêtre pour observer les allées et venues. Les habitants de ces lieux ne poseront pas de problème. Aucun souci ne vient obscurcir ses pensées.

Phileas Graf
Phileas Graf
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L'ennemi de mon ennemi est mon ami. Ou devrait l'être... EmptyMer 16 Mai - 21:57
Irys : 224957
Profession : Clerc de notaire
Daënar 0
Plus ça allait, plus Phileas s’interrogeait au sujet de Caprica.  Son comportement, ses réactions le prenaient constamment de court, lui donnant la très nette impression qu’il lui manquait une information cruciale pour comprendre qui était cette adolescente.  Mais il avait bien vu qu’elle se refermait aussitôt qu’il tentait de lui poser une question un tant soit peu personnelle, et donc il ne tenta pas sa chance une nouvelle fois.  Ca ne l’empêchait pas de se demander quel danger venant de derrière elle craignait tant.

L’action suivante de la jeune fille lui apporte une pièce de plus à ajouter au puzzle qu’elle représente, mais ne suffit pas à faire percuter le clerc.  Et pour cause: des Anomalies et du gardien qui les hantait, il n’avait entendu que de vagues histoires tout juste bonnes à jouer à se faire peur entre gosses pendant les longues soirées d’hiver.  Tout ce qu’il était capable de voir en ce moment, c’était que la main de Caprica avait un problème qui devait être soigné.  Etait-ce de cela qu’elle avait peur?  De le contaminer, que lui aussi soit infecté par cette maladie qu’il ne connaissait pas?

Il lui aurait bien posé de nouvelles questions, peut-être même lui aurait-il recommandé un médecin en qui il avait confiance…mais à nouveau elle le prit au dépourvu.  Son coeur déjà en train de gentiment tomber en morceaux reçut le coup de grâce d’un câlin inattendu.  Que pouvait-il faire sinon réciproquer le geste en y mettant toute la chaleur qu’il ne pouvait plus donner à ses cadets?  Dire qu’il était désemparé était un euphémisme.  Aussi, quand une petite main se glissa dans sa poche, il ne remarqua absolument rien.  Il était pourtant habitué aux pickpockets, mais Caprica avait très efficacement désarmé tout réflexe en la matière.  Elle le lâcha, s’éloigna à nouveau, et c’est tout juste s’il put lui lancer un encouragement somme toute très futile.

"Bonne chance!"

Il aurait aussi pu l’encourager à être prudente, mais à quoi bon?  Il soupçonnait qu’elle n’en était pas à son premier rodéo, malheureusement.  Il suivit la petite silhouette du regard jusqu’à ce qu’elle disparaisse de son champ de vision, espérant que la chose qu’elle craignait tant, quelle qu’elle soit, l’épargne.  

Suivant (enfin) le conseil qu’il avait reçu, il regagna son domicile.  Tout au long du chemin, son esprit distrait revint sur cette brève rencontre.  Heureusement, il connaissait assez bien le chemin pour pouvoir laisser ses pieds le mener mécaniquement à sa destination, et il y arriva donc sans encombre.  Il passa la porte de la maison où il logeait, salua au passage la maîtresse des lieux d’un hochement de la tête et gravit les trois volées d’escaliers qui menaient à la chambre qu’il louait depuis maintenant près de dix ans.  Pas bien grande, des murs à la peinture écaillée et située sous un toit à l’étanchéité douteuse, la pièce avait tout de même deux avantages majeurs: elle était abordable pour le clerc, et elle recevait un apport en lumière plus que généreux.  À travers la fenêtre qui perçait le toit, Phileas avait une vue imprenable sur le ciel qui surplombait la ville.

Il s’assit à son bureau, tenta de se concentrer sur une lettre qu’il devait envoyer, mais renonça bien vite.  Il avait la tête ailleurs, c’était indéniable.  Curieux comme il parvenait à s’inquiéter pour une personne qu’il avait à peine croisée.  Il poussa un soupir et laissa ses pensées vagabonder comme elles l’exigeaient.  Ce n’était pas la première fois qu’il rencontrait un enfant des rues, loin de là.  Et il en connaissait de bien plus jeunes que Caprica.  Alors pourquoi cette inquiétude particulière pour elle?  Sans doute parce qu’elle semblait n’avoir strictement aucun lien à Alexandria.  Pas d’adultes pour veiller sur elle, pas de coéquipiers pour assurer ses arrières…probablement même pas de lieu de résidence fixe.  Elle vivait dangereusement, et pire: elle fuyait quelque chose qui la terrorisait tant que ce mode de vie dangereux ne l’effrayait même pas...ou plus?

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L'ennemi de mon ennemi est mon ami. Ou devrait l'être... EmptyJeu 17 Mai - 7:05

“Vivre est une torture puisque vivre sépare.”

- Albert Camus

Elle se retourne après quelques mètres avant de se mettre sur la pointe des pieds pour tenter de discerner Philéas dans cette foule indifférente. Elle n'y parvient pas. Et conclue avec un certain optimisme qu'il aura finalement décidé d'écouter la voix de la raison plutôt que les conseils dangereux distillés par sa conscience. Caprica, évidemment, s'en réjouit. Mais sa gorge nouée prouve également qu'elle le regrette. Le jeune homme a réussi à gagner son affection avec une aisance particulière. Et elle ne le reverra probablement plus...

Son regard vagabonde encore un instant sur les personnes présentes. À la recherche de la Régisseuse cette fois-ci. Mais la créature envoyée par les dieux de l'Est pour la tuer n'est pas non plus visible. Un constat qui, pour le coup, lui insuffle uniquement un profond soulagement. La jeune femme prisonnière de son écrin de chair juvénile poursuit alors sa propre route et fend la foule avec la facilité que lui procure sa petite taille.

Elle parvient bien vite au niveau des fameux chiens indiqués par Philéas et devant lesquels elle ralenti l'allure. Caprica observe les molosses avec un mélange d'indifférence et de prudence avant d'avancer à portée de leurs crocs. Une morsure de canidés aussi massifs que ceux-là serait douloureuse, elle le sait bien. Et la condamnerait peut-être si elle compromettait au passage sa mobilité. Mais d'un autre côté elle a de la peine à considérer le risque représentés par ces chiens alors que les images d'un frère brûlé vif par un Régisseur viennent constamment la hanter.

L'adolescente franchit bien vite la zone critique. Les aboiements des molosses viennent bien vite couvrir ses bruits de pas alors qu'elle se remet à courir. Elle ralentit cependant quelques mètres plus loin lorsqu'elle prend conscience que l'étrange lien qui l'uni au morceau de magilithe déposé dans la poche de Philéas s'affaiblit. Un rappel supplémentaire de ce qu'elle a laissé derrière elle. L'adolescente sait qu'elle ne pourra bientôt plus se téléporter jusqu'au jeune homme si la distance qui les sépare s'accentue. Parallèlement, la distance qui la sépare de la chose qui la traque semble elle-aussi s'être amplifiée. Aurait-elle déjà réussi à l'égarer?

Surprise par ce qu'elle est tentée d'interpréter comme une réussite, l'anomalie finit par s'arrêter complètement. Que s'est-il passé? Se pourrait-il que la créature ait décidé d'abandonner? Cet espoir est bien vite balayé par la conviction que les Régisseurs ne baissent jamais les bras. Ce sont des chasseurs qui n'ont d'autres buts que celui de tuer les cibles que les cruelles divinités my'tränes leur ont assignées. Mais quoi alors?

Elle ferme les yeux et se concentre sur les deux signaux qui brillent dans son esprit. Il lui faut de longues secondes pour comprendre qu'ils semblent s'aligner sur le même point de sa boussole tandis que leurs intensités respective s'accordent peu à peu. Se pourrait-il que... Caprica commence à redouter à nouveau un problème qu'elle croyait pourtant résolu.
"Philéas..."
Le fardeau qui pèse sur ses épaules semble s'accentuer brutalement tandis qu'elle prend conscience que le Régisseur l'a visiblement confondu avec elle. Mais... pourquoi? La créature aurait pourtant dû se rendre compte que ce n'était pas lui lorsqu'ils se sont séparés. Veut-elle se venger de celui qui aura aidé sa proie? De ce qu'elle en sait, la vengeance ne fait pas partie du vocabulaire de ses choses. Elles se contentent d'accomplir le travail qui leur est dévolu sans prêter attention aux sentiments qui définissent la beauté ou la noirceur de l'humanité.

Les pièces du puzzle s'assemblent longuement. Et elle comprend alors que l'éclat de magilithe qu'elle a déposé dans la poche du jeune homme doit jouer un rôle. Si c'est l'impureté qui guide les créatures jusqu'à leurs proies, se pourrait-il que cette balise attire plus efficacement la chose à elle que la main argentée de l'adolescente. Ce serait étrange... Mais c'est l'explication la plus rationnelle qui lui viennent à l'esprit en cet instant.

Elle serre les dents et les poings tandis qu'une nouvelle sensation d'impuissance imprègne son être. Elle refait un pas. Un pas particulièrement difficile. Le second, lui, l'est tout autant. Tout comme le sont les suivants. L'adolescente s'arrête alors une nouvelle fois et appuie sa tête contre la paroi sale de la ruelle, quelque peu perdue sur ce qu'il convient de faire. Fuir et se trahir elle-même? Rester et mourir? Quelle solution est la plus digne? Laquelle aurait prise son frère?

La réponse, elle la connaît. Mais elle la terrifie à un point tel que Caprica n'arrive pas à l'accepter. Son poing s'écrase, rageur, contre le mur qui s'offre docilement à cette pulsion. Elle ne prête pas attention à la douleur qui ne facilite pourtant pas son concentration. Elle ferme une nouvelle fois les yeux et localise précisément le cristal, véritable extension d'elle-même. Et quelques secondes plus tard l'anomalie disparaît.

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La poche cède immédiatement lorsque l'adolescente réapparaît. Cette dernière jette des regards affolés autours d'elle et pousse un soupir de soulagement lorsqu'elle constate que la chambre n'abrite que Philéas pour l'instant. Ce dernier ne doit rien comprendre. Mais Caprica est bien vite écrasée par une pression qu'elle n'avait plus subie depuis Yeronkhii. La Régisseuse est là, quelque part en dessous d'elle. Séparée du duo reformé par quelques pitoyables murs qui ne représente certainement pas un obstacle pour elle.
"J'suis désolée!" lâche-t-elle d'une voix tremblante au jeune homme. "J'ne savais pas! J'l'aurais pas fait sinon!"
Ses pensées sont trop désordonnées pour qu'elle puisse prononcer autre chose que des excuses qu'il finira tôt ou tard par comprendre. Et la jeune femme n'a guère le temps de se préoccuper de la réaction d'un mortel qui, elle le suppose, est davantage surpris qu'irrité. Elle lui décoche alors un bref regard avant de se diriger vers la fenêtre et de l'ouvrir en grand. Elle retire alors son gant avec un empressement dicté par la peur. La créature bouge. Elle peut le sentir aussi clairement que le froid de l'hiver.
"Quand elle arrivera, n'faites rien! Surtout n'faites rien!" indique-t-elle à Phil tout en détachant un nouveau morceau de magilithe de sa main. "C'n'est pas à vous qu'elle en veut!"
Ses jambes s'entrechoquent avec une telle violence que ses genoux protestent. Elle a une peine phénoménale à armer son jet. La pierre voltige dans les airs avant de se soumettre aux lois de la gravité et de s'écraser au sol. Se téléporter est davantage compliqué maintenant que la terreur obscurcit sa conscience. Mais l'instinct de survie reprend bien vite ses droits tandis que l'adrénaline finit par lui offrir l'aide dont elle a besoin.

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L'atterrissage est plus douloureux encore que le précédent. Il lui fit un bref instant pour comprendre qu'elle se trouve au milieu d'un tas d'immondices ou le regard des passants étonnés par cette nouvelle apparition. Mais là encore, elle n'est pas capable de ressentir autre chose que de la peur ou entendre autre chose que les battements effrénés de son coeur. Elle se redresse aussi vite que ce sol aussi meuble que dégoûtant le lui permet.

Puis elle se met à courir comme elle ne l'avait jamais fait jusque-là. Est-il déjà trop tard?

Ingrid & Sigurd
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L'ennemi de mon ennemi est mon ami. Ou devrait l'être... EmptyJeu 24 Mai - 9:40
Irys : 754856
Les choses se précipitent plus tôt que prévu. La fenêtre de l’homme s’ouvre et une pierre, une magilithe, Syriel le sent, va valdinguer dans la rue. Dommage que l’ouverture ne soit pas face à la grande rue, mais sur le côté donnant sur une ruelle partiellement invisible pour eux. Du coup, elle ne peut pas voir la personne qui la jette, bien qu’elle n’en a pas besoin : vu ce qui émane de ce caillou, c’est forcément sa proie. La course va pouvoir débuter ! Sans se préoccuper de la grande fenêtre de l’appartement où elle se trouve, elle sort par là. Finalement, elle ne sera pas restée assez longtemps pour avoir à discuter avec les propriétaires de ce lieu. Tant mieux. Prestement, elle monte sur Alkhach bien plus rapide sur ses pattes qu’elle sur ses pieds. La calèche sur leur chemin se retrouve vite expulser du milieu, sans ménagement. Les cris du cocher comme de ses passagers n’atteignent pas la régisseuse. Ils croient avoir à faire à une my’tran, mais ça non plus elle n’y prête pas attention. Seule sa cible lui importe.  Pas la peine de faire des manières avec un être aussi inexistant aux yeux de la société. Personne ne s’en soucie. Personne ne viendra l’arrêter ou entraver sa course. Il n’y a aucun doute qui vient occulter sa détermination ou celle de son gardien. Ils ne font qu’un alors qu’ils se dirigent vers la rue perpendiculaire à la rue principale là où le projectile avait dû atterrir. Là où l’anomalie doit se trouver.

Entrée dans cette contre allée sombre, ils ralentissent. Non par prudence mais simplement parce qu’elle est d’apparence vide. Aller trop vite serait le risque de passer devant la petite crevette sans la remarquer, là, cachée dans les déchets qui jonchaient se passage peu usité. Un petit vent surnaturel commence à bouger tout ces détritus en même temps que le duo s’avancent. Ce n'est pas "utile", elle ne croit pas que sa cible puisse se dissimuler sous une feuille. C'est pour l'ambiance, elle a appris au cours de ses chasses d'humains qu'ils y sont sensibles. Pauvres petites choses victimes de leurs sentiments. Ce mouvement empêchera peut-être d'entendre un bruissement de l'anomalie, cependant ça vaut le coup pour la faire sortir de son trou.

« Je sais que tu es ici aussi sûrement que tu sais qui je suis. »

Elle ne cris pas, elle énonce juste un fait calmement. Ce n’est pas certain que sa proie soit encore là mais le vent porte ses mots. La petite chose les entendra et un peu plus de la peur meurtrière s’installera dans ses entrailles. Ce n’est qu’une question de temps avant que l’erreur fatale surgisse, comme toujours, et eux seraient là pour la cueillir, lui faire embrasser son destin. Les objets craquent sous le poids de l’Alkach qui les ignore, verres, papiers, choses inconnues…

Phileas Graf
Phileas Graf
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L'ennemi de mon ennemi est mon ami. Ou devrait l'être... EmptyJeu 21 Juin - 17:52
Irys : 224957
Profession : Clerc de notaire
Daënar 0
Qu’on ne s’y trompe pas: s’il devait décrire sa vie, Phileas la qualifierait très probablement d’"ordinaire", voire même de "monotone". Il passait le plus clair de son temps entre quatre murs trop resserrés, et le reste dans des rues qu’il connaissait entre-temps trop bien à son goût. Et pourtant, même le train-train bien établi de sa vie pouvait être bousculé à l’improviste par quelque chose qui démarrait de manière totalement anecdotique.

Quand il s’était éloigné (à regret) de Caprica, il s’attendait très honnêtement à ce que leurs chemins ne se recroisent plus. Et, si ses pensées vagabondaient en ce moment et retournaient sans cesse à cette brève rencontre, il s’attendait néanmoins à reprendre le contrôle de son esprit indiscipliné tôt ou tard et à reléguer la jeune fille à l’état de souvenir.

Il ne s’attendait pas, par contre, à ce que la poche de sa redingote cède sans crier gare, et encore moins à ce que Caprica apparaisse de nulle part. La surprise lui coupa le souffle en même temps que la parole, et c’est tout juste s’il parvint à éviter de tomber de sa chaise. Il avait beau être flegmatique, certaines choses arrivaient à vachement le secouer, et une apparition inexplicable sous son nez (littéralement, vu là où son invitée surprise avait atterri) faisait partie de ces choses.

Mais pas le temps de bégayer une question. Le discours confus de la jeune fille n’aidait pas vraiment Phileas, dont le cerveau commençait à peine à assimiler le fait qu’il venait d’être témoin de quelque chose de magique. Oui, magique. Comment expliquer l’inexplicable autrement? Ca expliquait sa peur d’être découverte: dans le climat actuel, mieux valait ne pas être un mage à la merci des nombreux Daënars en quête d’un bouc émissaire capable de payer pour l’attentat commis durant l’Exposition de Wilson. Mais qui était cette "elle" que Caprica craignait tant? Et pourquoi la fenêtre, elle n’allait quand même pas sauter? Qu’est-ce que…?

Et voilà qu’elle avait disparu, laissant un Phileas encore plus perturbé qu’avant son dernier coup d’éclat. Enfin, il parvint se lever et à se rendre à la fenêtre dans l’espoir d’apercevoir…il ne savait pas quoi, mais il avait besoin d’air, ça c’était sûr. Son regard balaya machinalement la ruelle qui courait sous sa fenêtre et faisait (malheureusement) office de dépôt d’immondices à bon nombre de personnes. Raison pour laquelle il était préférable de garder la fenêtre fermée en été…mais ils étaient encore loin de la chaude saison, fort heureusement pour son nez.

Un mouvement en contrebas attira son attention. Se pouvait-il que…? Pas de doute possible, cette petite silhouette en train de fuir comme si sa vie en dépendait était bel et bien Caprica. Décidément, elle avait le chic pour faire apparition quand il ne s’y attendait plus. Il la suivit du regard jusqu’à la perdre de vue, puis son oeil fut attiré par un autre mouvement, plus lent celui-là. Une personne, homme ou femme il avait du mal à le déterminer, montée sur un alkach. C'était la seule autre présence dans la ruelle récemment quittée à toute vitesse par Caprica, se pourrait-il que ce soit cette femme qui lui inspire une telle terreur?

Qu’il n’y ait aucun doute à ce sujet: Phileas n’avait pas la moindre idée de ce à quoi il venait d’assister ni de ce à quoi rimait cette étrange traque. Tout ce qu’il savait, c’était qu’une adolescente bien trop jeune pour mourir était en sérieux danger. Et qu’il n’était peut-être pas trop tard pour changer la donne. Bon, par contre, si la magie entrait en jeu, il avait intérêt à aller chercher du renfort avant de tenter sa chance.

Trouver un milicien ne lui prit pas beaucoup de temps: il connaissait assez bien les horaires de patrouilles de chacun, depuis le temps qu’il vivait dans la ville. Milicien qui fut d’ailleurs assez vite convaincu de dévier de l’itinéraire habituel quand il entendit qu’une mage menaçait une jeune adolescente. Bon, Phileas n’avait pas jugé utile de préciser que ladite adolescente était probablement une mage elle aussi. Caprica avait assez d’ennuis comme ça.

Une fois à l’entrée de la ruelle dont l’alkach et sa cavalière avaient déjà parcouru un bon bout, le représentant de l’ordre fit signe à Phileas de rester où il était. Sans doute ne voulait-il pas s’encombrer d’un civil dans une situation qui pouvait dégénérer sans crier gare. Le jeune homme obéit donc à l’injonction silencieuse, restant planté à l’entrée de la rue.

"Hep! Vous là, arrêtez cet alkach!"

Ce qu’il comptait faire si la mage ne coopérait pas, le clerc n’en savait rien. Ou si elle usait de ses pouvoirs (quels qu’ils soient) contre lui. Son seul espoir était que le pistolet accroché à la ceinture du milicien puisse équilibrer un tant soit peu les rapports de force si cela s’avérait nécessaire.

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L'ennemi de mon ennemi est mon ami. Ou devrait l'être... EmptyLun 2 Juil - 10:22

“Notre salut et notre perte sont en nous même.”

- Epictete

Étrangement, les paroles d'un homme qu'elle a connu par le passé lui reviennent en mémoire. Erkhan n'était pas exactement un homme bon. Mais il était juste! Il fut l'un des seuls à accorder un travail honnête à l'enfant qu'elle était quelques années plus tôt, à Dyen. Oh, rien de bien transcendant. Tanner la peau des animaux qu'il chassait était un travail pénible et qui ne laissait que peu de place à la variété. Mais pour autant qu'elle le sache la paie était correcte. Suffisante pour s'acheter de quoi manger et avoir l'impression d'être une vraie composante de la ville. C'était bon pour l'estomac et davantage encore pour l'estime,.

Et puis Caprica avait ainsi l'occasion d'en apprendre un peu plus sur la faune que l'homme chassait ou tout simplement sur les événements qui parfois se déroulaient hors de la ville. L'adolescente n'avait jamais quitté Dyen avant la mort de son frère. Par peur de l'inconnu autant que par crainte de ne pouvoir y rentrer à nouveau. Elle vivait l'extérieur par procuration d'une certaine façon. Même si, dans le fond, les récits d'Erkhan glorifiaient avant tout de glorieuses chasses et tournaient logiquement autours des animaux qu'il ramenait. Que ce soit la réalité ou non, elle n'avait de toute façon guère les moyens de le vérifier. Le chasseur jouait probablement sur ce détail.

Toujours est-il qu'il lui a souvent expliqué qu'il y avait deux types d'animaux: ceux qui fuient pour survivre et ceux qui cherchent leur salut en se cachant. Dans un terrier, par exemple. La seconde option prenait sens aux yeux de Caprica dans la mesure où elle appliquait elle-même cette méthode pour échapper aux ennuis jusqu'à ce qu'ils disparaissent. Et pourtant à entendre l'homme c'était un choix stupide puisqu'il suffisait alors d'enfumer le terrier ou la grotte de la proie pour l'inciter à sortir et à se jeter dans la gueule du loup. Et à présent qu'elle se retrouve elle-même coincée dans cette ruelle, adossée à un mur marquant le début d'une petite cour intérieure et la cachant pour l'instant aux regards inquisiteurs de ses poursuivants, l'anomalie a l'impression de commettre la même erreur fatidique...

Elle se penche en avant en joignant ses mains à ses genoux pour mieux reprendre son souffle. Le manque de nourriture et la fatigue pèsent sur son endurance. Elle tente de calmer sa respiration haletante et de la rendre parfaitement inaudible. Et pourtant elle suppose que cette précaution est bien dérisoire face à la menace qui s'avance à présent dans l'allée. Les bruits de sabots se mêlent à la mélopée des déchets soulevée par un étrange vent. Et annoncent l'arrivée de la fin. Curieusement, la peur se mêlent à présent à une forme d'acceptation. Et cette acceptation lui procure une forme de bien-être qu'elle ne s'attendait guère à ressentir au vue des circonstances. Est-ce que les animaux, lorsqu'ils se jettent dans les griffes de leurs bourreaux, ressentent la même chose?

Elle lève les yeux vers le ciel bleuté qui la surplombe avec indifférence puis les baisse sur le sol pavé qu'elle foule de ses chaussures trouées. L'endroit qui la verra brûler n'est pas aussi beau que ce que son imaginaire lui a suggéré au fil des années. Caprica voyait souvent un endroit boisé ou à la rive d'une rivière au chant doux lorsqu'elle songeait au lieu qui la verrait trépasser. Ce qui, dans le fond, est plutôt étrange puisque sa survie dépend avant tout de la masse humaine dans laquelle elle doit se fondre. Devait? Même l'anomalie qu'elle est est un peu attristée à l'idée de joncher le sol comme les autres déchets environnants. Mais peut-être que c'est un endroit tout indiqué pour une personne frappée par la malédiction des dieux? Pouvait-elle décemment s'attendre à mieux?
"Hep! Vous là, arrêtez cet alkach!"
Cette phrase autoritaire, prononcée par une voix qu'elle ne reconnaît pas, lui insuffle à nouveau de la force. Elle n'est pas seule. Et cette fois-ci elle ne fera pas l'erreur de protéger le nouvel intervenant de la fureur du Régisseur. L'égoïsme, c'est triste, augmente vos chances de survie. Et dans une situation aussi critique elle ne peut guère offrir à l'inconnu l'aide dont il aura probablement besoin en détournant l'attention du tueur sur elle. L'idée se contente donc de lui effleurer l'esprit tandis que le vent toujours présent dévoile une plaque ronde jusque-là cachée par un tas d'immondices.

Le salut incarné par une plaque d'égout? L'image du terrier caresse fugacement ses pensées mais elle n'y prête guère attention. C'est la seule option qui semble viable dans la mesure où poursuivre son avancée dans la ruelle la placerait inévitablement dans le champ de vision de la Chose. L'anomalie tente donc d'allier précipitation et discrétion tandis qu'elle se jette vers ce probable échappatoire. Mais la porte de fonte est lourde. Terriblement lourde. Probablement trop, d'ailleurs. L'adolescente jette des regards alentours et, animée par une peur qui amplifie sa force, use de ce petit couteau à beurre tordu qu'elle vient de saisir pour se ménager une sortie.

La plaque se soulève brièvement avant que l'outil cède. Elle s'est empressée de glisser ses doigts entre le sol et la fonte et ne prête guère attention à ses doigts malmenés, presque écrasés, par le poids de cette porte de sortie. Elle puise au contraire dans ses craintes pour déployer une force dont elle ne se serait jamais pensée capable. L'énergie du désespoir? Elle fait glisser la plaque sur le côté, juste assez pour pouvoir se faufiler dans les ténèbres nauséabondes que cette dernière cachait.

L'échelle est suintante mais elle n'y prête guère attention. Du moins, jusqu'à ce qu'elle glisse et se retrouve sur les fesses dans une vase dégoûtante. Le Régisseur a-t-il entendu sa chute? Remarquera-t'il la plaque d'égout déplacée, qu'elle n'est guère eu le temps ou la force de remettre en place après son passage? Ou peut-être que l'inconnu qui lui a demandé de s'arrêter réussira à suffisamment capter son attention pour lui faire gagner quelques précieuses secondes?

Les questions l'assaillent tandis qu'elle progresse dans cet environnement insalubre et dangereux, guidée par une conviction qui écrase toutes les autres: ce qui se trouve devant ne pourra jamais être pire que la chose qui se trouve derrière...

Ingrid & Sigurd
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L'ennemi de mon ennemi est mon ami. Ou devrait l'être... EmptyMer 4 Juil - 11:33
Irys : 754856
Un bipède l’interpelle. Un stupide bipède. Incapable de se rendre compte à qui il s’adresse. Que alkach, n’est pas une quelconque bête mais son Alkach, le gardien qui va où elle va. Il est loin, elle est proche de sa cible, selon toute logique elle l’ignore. Ça n’a pas l’air de lui plaire puisqu’il récidive. Bien ignorant dans quoi il fonce tête baissé.

« Je vous ai dit de vous arrêter ! »

Il y a une légère trace d’inquiétude, de tension, dans sa voix. Sûrement à cause des mensonges de Phileas et du vent non-naturel qui lui lèche les chevilles. Face au silence de l’inconnu, de la présumée my’tranne, il ne tient pas longtemps avant de porter son sifflet à ses lèvres afin d’alerter les miliciens aux alentours ; puis à sortir son arme, un Crotale à dix coups, et recommencer ses admonestations tout en avançant doucement vers l’interpellée. Il regarde de temps en temps vers le civil s’assurant de sa présence. Après tout, c’est à cause de lui qu’il est là. Autrement, le milicien aurait pu continuer sa routine : attraper des pickpockets, tirer des oreilles, rien de bien méchant.

« Je vous le dit une dernière fois... »

Ses yeux se tournent vers le seul autre témoin de la scène, paniqué, il ne pouvait plus parler ou respirer. Il a beau ouvrir la bouche aucun air ne semble disponible. Personne n’est encore là pour l’aider. Alors qu’il tente la seule chose possible pour le libérer, viser la tête de la responsable, il se voit obligé de lâcher l’arme, sa main est en feu. À l’autre bout, Syriel impassible continue de chercher, là où ses vêtements ne la couvre pas on peut voir ses tatouages qui billent.

Elle n’a pas vu le manège de sa proie avec la plaque. Cette dernière est chanceuse, a eu un bon timing. Mais la chance est éphémère en plus d’être une compagne bien volatile. Alors qu’il n’y a encore personne, que les renforts ne font qu’arriver en courant du mauvais côté pour entraver la progression de la régisseuse. Les deux nouveaux s’époumonant sans efficacité alors que Syriel saute à la suite de sa sourie laissant l’Alkach suivre depuis la rue. Il peut gérer sans problème les braillards à l’extérieur si jamais ils devenaient ennuyeux. Mais il suit l’exemple de sa maîtresse, il les ignore. De toute façon, là les deux jeunes s’occupent d’évacuer celui qui étouffe en espérant le sauver. Ce qui est bien inutile puisque le sort c’est estompé dés que la mage s’est jetée dans les égouts.



1 : la voie est libre pour partir, la plaque se retrouve dissimulée par un journal
2-5 : la voie est libre pour partir, et les renforts distraient l’attention du régisseur
6-13 : tu te fais mal en tombant, ça ralentit ta progression et les renforts distraient l’attention du régisseur
14-19 : Remarque la plaque mais les renforts empêchent l’accès
20 : Remarque la plaque et personne ne l’obstrue

Résultat : 20



HRP:

Phileas Graf
Phileas Graf
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L'ennemi de mon ennemi est mon ami. Ou devrait l'être... EmptyVen 3 Aoû - 23:07
Irys : 224957
Profession : Clerc de notaire
Daënar 0
Le milicien avait une bonne dose de cran et une sacrée conscience professionnelle, Phileas lui devait bien de reconnaître ça. Il aurait pu battre en retraite quand son premier rappel n’avait eu aucun effet, se dégonfler, attendre que les renforts arrivent avant de retenter sa chance… Tout ça, il l’aurait pu, mais il n’en fit rien. Il réitéra son ordre, puis encore…et l’inévitable quand on contrariait une mage arriva: la magie de l’interpellée frappa sans prévenir. Et les apparitions et disparitions intempestives de Caprica pâlissaient en comparaison avec la scène à laquelle le clerc assistait, impuissant. Il était figé sur place, son cerveau et son corps immobiles, incapables de réagir à la scène qui se déroulait sous ses yeux. Mais en même temps, comment réagir à une situation où on était si désavantagé que ça en devenait grotesque? Que faire contre quelqu’un qui pouvait d’un simple regard faire étouffer et brûler tout gêneur? Rien, c’était la réponse, et c’était aussi exactement ce que Phileas parvint à faire.

L’arrivée, tardive et assez peu utile, des deux renforts parvint enfin à tirer le jeune homme de la torpeur dans laquelle il semblait avoir été plongé. Plus de trace de Caprica, mais à en juger par la direction que venait de prendre sa poursuivante, la jeune fille avait dû tenter une sortie par les égouts. S’il avait cru en une quelconque puissance supérieure, Phileas l’aurait sans doute implorée de veiller sur les pas de la fugitive. Mais ce n’était pas le cas, alors il se contenta d’espérer de tout coeur et de s’en remettre au sort. Il ne pouvait plus rien pour elle, maintenant: il avait pris trop de retard et il était maintenant plus que clair qu’il était impuissant contre la magie.

"Vous, là! Qu’est-ce qui lui est arrivé?"

Ah, apparemment les deux nouveaux-venus avaient compris que c’était pour le moment peine perdue que d’essayer de tirer quelque chose de leur collègue, encore suffocant et en plein était de choc. Phileas lui-même, pourtant simple spectateur et habituellement difficile à secouer, eut besoin d’un moment pour faire le tri dans la scène à laquelle il venait d’assister.

"Il a été étouffé et brûlé à distance par une mage."

C’était sans doute la phrase la plus absurde qu’il ait jamais prononcée, et sa voix n’avait rien du calme qui la caractérisait d’habitude. Incrédulité, restes d’une peur panique plus puissante qu’il en avait jamais ressentie, soulagement d’être encore en vie…  Des émotions puissantes et contradictoires se disputaient la place d’honneur dans son esprit, ce qui ralentissait considérablement toute réflexion rationnelle. Il comprenait mieux l’instinct qui poussait Caprica à aller de l’avant, peu importe les conséquences, tout sauf devoir retourner sur ses pas et croiser ceux de la chasseresse. Comment diable s’était-elle retrouvée à devoir fuir un tel danger? S’agissait-il d’un règlement de compte comme il en existait entre les gangs de la capitale? D’une tradition d’outre-mer qu’il ne connaissait pas? D’un pur et simple coup de malchance bête et méchante?

C’est en levant la main droite pour se pincer l’arrête du nez, un geste automatique quand il était perturbé, que Phileas remarqua que ses doigts tremblaient. C’était assez embarrassant, un tel aveu de faiblesse, mais en même temps ô combien naturel. Il était un trappeur, un clerc, et quelqu’un de plutôt débrouillard au demeurant. Mais ce qu’il venait de voir avait brutalement fait voler en éclats quelques-unes de ses certitudes, et il avait besoin de respirer un peu pour y voir plus clair. Sauf que quelqu’un venait de dire quelque chose qui était arrivé dans ses oreilles sans daigner faire le chemin jusqu’à son cerveau.

"Pardon, vous disiez?"

L’effort qu’il lui fallait faire pour se concentrer sur ses interlocuteurs lui semblait surhumain, mais il devait le faire. Maintenant n’était pas un bon moment pour tomber dans le mutisme.

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L'ennemi de mon ennemi est mon ami. Ou devrait l'être... EmptySam 22 Sep - 10:36

“La malchance est une circonstance atténuante que la vie donne aux ratés.”

- Constantin Ier

Dans cette vase nauséabonde, le moindre pas est compliqué. L'adrénaline et la peur se mêlent pour lui donner une énergie nouvelle, animée par le désir de vivre et l'instinct de survie. C'est sans doute pour cette raison qu'elle continue d'avancer à un rythme plus ou moins raisonnable. Et pourtant elle a l'impression de faire du surplace. De fuir quelque chose qu'elle ne peut pas fuir, qui se rapprochera toujours inexorablement d'elle jusqu'au moment où il sera trop tard. Aujourd'hui marquera probablement sa fin. Elle en est consciente. Mais loin de l'accepter. Il lui reste encore une chance, si infime soit-elle. Et que peut-elle faire sinon s'y accrocher avec l'énergie du désespoir?

Pourtant son corps lui impose lentement ses limites. Ses pas se font moins fermes, plus hésitants. Et elle est bien vite forcée de joindre ses mains à ses genoux, penchée en avant, pour reprendre son souffle. Le manque de nourriture et de sommeil s'allient pour dresser un rempart invisible qui l'empêche de poursuivre. Elle tente de calmer sa respiration tandis que son coeur bat si fort qu'on dirait qu'il tente de bondir hors de sa poitrine. Puis un bruit résonne en écho contre les parois sales du tunnel. Quelqu'un est à son tour entré dans les égouts. Et malheureusement elle n'a que peu de doutes sur son identité. Son subconscient lui hurle la présence du Régisseur. Et l'anomalie doute que la vase et l'eau jaunâtre recueillant les défécations humaines soit de nature à le retarder, lui.
"Fous-moi la paix!" hurle-t-elle à l'obscurité. "J'n'ai rien fait de mal!"
Sa voix se répercute en écho dans l'obscurité. Elle sait que sa demande sera ignorée. Et pourtant elle se sentait obligée de lâcher ces quelques mots. Comme pour avoir l'impression de tout avoir tenté. Et, peut-être, d'avoir une chose de moins à regretter lorsque l'heure fatidique sera venue. Pourtant ce courage bien relatif ne tarde pas à se dissiper pour laisser place à l'habituelle terreur. Un sentiment qui ne la quitte plus depuis de longues années maintenant mais qu'elle n'a jamais réussi à apprivoiser. Peut-être seulement dompter les sentiments qui naissent au coeur de votre âme? Que faire sinon les subir?

Caprica poursuit sa route avec difficulté tandis que des larmes roulent sur sa joue sans qu'elle s'en rende réellement compte. Une simple réaction logique traduisant le maelstrom de sentiments qui l'assaillent. Puis elle arrive à une jonction faiblement éclairée par les rayons du soleil filtrant à travers la bouche d'égout qui la surplombe. Gauche? Droite? Elle observe les deux chemins nimbés de ténèbres sans parvenir à prendre une décision. Mais qu'est-ce que ça change, finalement?

Elle opte pour la droite et au bout d'une dizaine de mètres, peut-être plus, l'un de ses pas se perd dans le vide et elle bascule en avant. Elle glisse sur une distance qu'elle n'arrive guère évaluer avant d'atterrir au centre de ce qui semble être un grand puits destinés à recueillir les eaux usées provenant de plusieurs tunnels différents. Elle disparaît sous la surface un bref instant avant de remonter à la surface. Elle s'accoude alors au rebord avant d'être prise d'une quinte de toux inextensible. Ses yeux la brûlent et ses papilles gustatives protestent vigoureusement contre le goût horrible qui s'est installé dans sa bouche. Elle tente de se calmer, de ne pas donner davantage de pistes à exploiter au Régisseur. Mais son corps l'ignore et proteste d'une manière parfaitement naturelle et pourtant si dangereuse.

Au bout d'un moment l'anomalie remonte sur la petite corniche et laisse sa main valide glisser le long du mur humide, l'usant comme un repère à suivre. À présent complètement plongée dans l'obscurité, la peur ne tarde pas à gagner en puissance. Ce qui la pousse à s'engager dans le premier tunnel qu'elle retrouve. Ce dernier semble plus large que les autres si elle se fie au bruit de l'eau qui bouillonne avec violence à ses côtés. Avec un peu de chance, elle trouvera peut-être une sortie en le suivant? Quel autre choix a-t-elle que d'avancer à l'aveuglette de toute façon. Ce qui l'inquiète ne se trouve pas devant mais bien derrière...
"Juste un ou deux jours d'plus, s'il-vous-plaît!" demande-t-elle dans un murmure aux dieux. "C'tout ce que j'demande!"
Pour l'instant, du moins...

Ingrid & Sigurd
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L'ennemi de mon ennemi est mon ami. Ou devrait l'être... EmptyVen 5 Oct - 19:11
Irys : 754856
Sa collègue est avec le milicien choqué, assis au sol pour reprendre ses esprits ; c’est donc naturellement lui qui doit s’occuper d’interroger ce témoin-suspect. Il n’y aura pas de laisser passer si jamais leurs supérieures apprennent qu’ils n’ont pas été extra-rigoureux malgré l’implication d’une my’tranne. Il regrette d’ailleurs d’avoir été impliqué dans cette affaire, au moins n’a t’il pas été le premier sur les lieux.

« Alors ?! Vous connaissez cette mage oui ou non ? »

La patience n’a évidemment pas sa place dans une situation aussi critique. Il jette de temps en temps un regard vers l’entrée de la ruelle où tout c’est passé, histoire de vérifier que personne ne revient pour leur jouer un mauvais tour. Il n’a pas vraiment de sympathie pour cet homme, le fait qu’il ne doit guère être plus âgé que lui ne créé pas de lien. En fait, son allure de « petit » scribouillard tout nerveux l’agace plus que de raison. Il faut dire que tout le monde est petit à côté de lui, mais c’est un détail.

« Vous pratiquez la magie ? Ou êtes originaire de là-bas ? »

Le ton est clairement suspicieux. Comment expliquer sinon cette rencontre musclée avec une my’tranne ? Impossible que ce soit une simple coïncidence. En fait, le mieux, pour assurer ses arrières est d’amener ce type au poste. Comme ça il ne sera pas seul pour l’interroger, Liam pourra être pris en charge et il finira sa journée pépère.  

« Il peut marcher ? »

Sa collègue fait un simple signe de tête pour le confirmer et les voilà tous en mouvement. Personne ne demande l’avis de Phileas bien sûr. Le milicien l’incite fortement à les suivre tout en lui faisant des reproches.

« Vous ne m’avez pas dit votre nom encore ni comment tout ceci est arrivé. Les détails peuvent attendre que nous soyons au poste, mais j’ai besoin de votre identité monsieur. »


Rien que des rats croisent sa route. Êtres bien plus parfaits que l’aberration qu’elle poursuit. Mais ça ne l’aide pas. Son gardien en haut ne perçoit rien, ici le flaire de n’importe qui serait brouillé tout comme l’ouï avec tout ses échos et les petits bruissements de ses habitants. Pas de trace non plus dans l’eau sale. Syriel est si proche de sa cible et pourtant… Encore un embranchement et aucun moyen de savoir lequel des trois est le bon. À défaut d’autre chose, trois boules enflammées parcourent ces tunnels avant que la régisseuse ne s’engouffre dans celui du milieu.


1 - 16 : malgré les bruits tu as su semer ton régisseur
16 – 19 : le régisseur te suit toujours
20 : le régisseur a gagné du terrain

Résultat : 14


Phileas Graf
Phileas Graf
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L'ennemi de mon ennemi est mon ami. Ou devrait l'être... EmptySam 6 Oct - 10:07
Irys : 224957
Profession : Clerc de notaire
Daënar 0
Si Phileas s'était attendu à la moindre sympathie de la part du milicien, il en aurait été pour ses frais. Heureusement, ce n'était pas le cas, et il ne s'offusqua donc pas de la brusquerie de l'homme et de ses soupçons non dissimulés. À vrai dire, l'idée que lui, Phileas Graf puisse connaître personnellement une mage, voire même pratiquer la magie lui-même, était si ridicule qu'il aurait pu en rire s'il n'avait pas risqué de se faire accuser d'insulte à un représentant de la loi dans l'exercice de ses fonctions. Il préférait toutefois éviter de rendre sa délicate situation encore plus précaire.

Il répondit donc d'un ton posé qu'il voulait coopératif que non, il ne connaissait pas cette mage et non, lui-même n'était pas originaire de My'trä et n'y avait jamais mis les pieds, pas plus qu'il ne pratiquait la magie. Il ne mentionna pas Caprica, soupçonnant que la fillette avait déjà assez d'ennuis comme ça (et elle n'était à ses yeux qu'une victime collatérale de l'affaire, pas un suspect potentiel). Et puis, de toute façon, la milice se souciait en général assez peu des gamins qui hantaient les rues de la ville, sauf quand il s'agissait de les attraper pour l'un ou l'autre petit méfait.

Et voilà qu'ils étaient partis vers le poste. S'il avait su... Non, même s'il avait su il n'aurait sans doute pas changé ses actions d'un iota. Le visage encore presque enfantin de Caprica lui avait trop rappelé d'autres visages, si familiers même si cela faisait une décennie qu'il n'avait plus posé les yeux dessus. Une décennie... parfois cela lui semblait avoir duré une vie entière... Ses pensées furent interrompues par le milicien, toujours assez peu aimable.

"Mon nom est Phileas Graf. Je suis clerc dans l'étude de maître Geier et j'habite à deux rues d'ici."

Il espérait que donner ces quelques détails supplémentaires serait une preuve de bonne volonté suffisante pour vaincre quelque peu l’agressivité du milicien. Après cette réponse, il se tut à nouveau en attendant leur arrivée au poste. Cette arrivée ne tarda d'ailleurs pas, et Phileas fut entraîné dans une pièce qui pouvait aussi bien servir pour une déposition... que pour un interrogatoire. Voilà qui n'était pas une perspective très réjouissante. Maintenant qu'ils étaient dans un lieu plus propice à un échange qui (malheureusement) pourrait durer longtemps, le clerc se mit en devoir de faire un récit relativement complet des événements.

"J'ai repéré cette mage depuis la fenêtre de ma chambre et, étant donné que je n'ai pas d'armes ni l'entrainement nécessaire pour neutraliser un individu capable d'utiliser de la magie, j'ai fait appel à votre collègue. Il a sommé la mage d'arrêter son alkach deux fois sans obtenir la moindre réaction. C'est à ce moment-là qu'il a sifflé pour appeler des renforts et dégainé son arme. Il a interpellé la mage une troisième fois, et c'est là qu'elle s'est retournée et j'ai l'impression qu'elle l'a étouffé à distance. Il a essayé de tirer sur elle, mais sa main a pris feu et il a lâché son arme. C'est là que vous êtes arrivés et la mage s'est enfuie par les égouts en laissant son alkach sur place."

Il avait dit la vérité et rien que la vérité, même s'il n'avait pas dit toute la vérité. En ce qui le concernait, c'était tout ce que les miliciens devaient savoir. Ah non, il y avait autre chose. Un détail qu'il n'avait pas remarqué dans le feu de l'action et qui resurgissait maintenant.

"Pendant la confrontation entre la mage et votre collègue, j'ai eu l'impression qu'elle... brillait, même si je ne sais pas comment ça se fait. C'est peut-être un effet d'optique ou c'est lié à sa magie, je ne sais pas."

Et maintenant il avait vraiment dit tout ce qu'il avait à dire. Il se tut et regarda les miliciens. L'avantage du trajet jusqu'au poste était qu'il avait eu le temps de récupérer un semblant de calme et une bonne partie de son flegme. Ses mains ne tremblaient plus et il ne cillait pas en plantant ses yeux dans ceux du milicien qui l'avait jusque là assailli de questions. Il attendait la suite, sachant qu'il avait sa conscience pour lui, quoi qu'il arrive.

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L'ennemi de mon ennemi est mon ami. Ou devrait l'être... EmptyMar 9 Oct - 7:08

“Les bonnes choses n'arrivent que lorsqu'on renonce à les espérer”

- Paul Auster

Les efforts semblent à présent moins pénibles même s'ils n'en restent pas moins éreintants. Caprica ne sait pas réellement si elle peut s'abandonner à l'espoir. Et pourtant elle en est pratiquement certaine: elle gagne du terrain. La présence de la créature se fait moins pesante. Au contraire de la peur qui lui donne inlassablement la force de continuer à progresser parmi les déchets charriés par les eaux usées. Le visage de l'anomalie reste crispé mais une esquisse de sourire semble à présent vouloir s'y installer. Doit-elle le laisser faire?

Finalement vaincue par la manque de nourriture et une fuite soutenue, l'adolescente s'autorise une brève pause. Ou plutôt, ne peut faire autrement que s'arrêter. Elle joint ses mains à ses genoux immergés et se penche en avant en tentant de calmer sa respiration haletante. Son coeur semble vouloir bondir hors de sa poitrine. Son propre corps a-t-il décidé de se liguer davantage contre elle?

Elle vacille et se rattrape in extremis à la paroi ruisselante de crasse. Elle n'a plus la force... La peur, nourrie par cette évidence, revient à la charge avec plus de violence. Ce serait tellement ironique de se faire attraper maintenant à cause de sa propre faiblesse...

La chaleur semble brusquement augmenter. Caprica y voit là l'une des conséquences de cette course folle. Mais lorsqu'elle ouvre les yeux et qu'elle découvre une luminosité qui malmène sa vision maintenant habituée à l'obscurité, elle comprend qu'il n'en est rien. Un réflexe la pousse à plonger dans les eaux malodorantes. La sphère enflammée la dépasse en laissant dans son sillage quelques flammes bien vite vouées à la disparition.

L'image inscrite au fer rouge dans sa mémoire, celle de son frère brûlé vif par un Régisseur, resurgit immédiatement dans les pensées de l'anomalie. Est-ce ainsi que la créature souhaite la faire disparaître elle aussi? Tente-t-elle de lui faire passer un message? Est-ce de la cruauté ou un simple hasard? Les Régisseurs échangent-ils seulement sur leurs victimes?
"Saleté!" souffle-t-elle. "T'abandonneras donc jamais?"
La réponse, malheureusement, elle la connaît déjà... Le fait est que le souvenir que les flammes auront ravivés sont accompagnés de la promesse qu'elle a faite à son frère: elle ne mourra pas! Les forces lui reviennent peu à peu, animées par cette simple pensée. Le pouvoir de l'esprit sur le corps ne cessera probablement de l'étonner. Est-ce également une forme de magie? Elle ne peut guère s'attarder sur la question, pressée qu'elle est. L'adolescente reprend donc sa progression.

Elle songe brièvement à Philéas. S'en est-il tiré? Une énième boule se forme dans son ventre. Et s'il était mort par sa faute, lui qui s'est montré si gentil avec elle? Accepter sa propre mort n'est pas une chose aisée. Mais accepter que d'autres meurent à cause de sa condition est peut-être pire encore... Elle aimerait temps pouvoir s'assurer qu'il se porte bien! Ou du moins qu'il est toujours vivant. Là encore, elle sait qu'elle n'en aura pas l'occasion. Elle ne peut rester à Alexandria. Plus maintenant.
"Les vrais dieux n'font pas souffrir les innocents..." murmure-t-elle aux ombres, s'adressant toutefois aux déités qui souhaitent sa mort. "Même vous, vous d'vez avoir une sorte de coeur!"
Elle tente avant tout de se convaincre que c'est le cas comme pour alléger le poids de ses inquiétudes. Mais une nouvelle clarté l'arrachent bien vite à ses sombres pensées. Une autre sphère de flammes? L'inquiétude se dissipe bien vite lorsqu'elle perçoit la lumière pâle du soleil dans la fraîcheur de l'hiver. Le courant d'air qui glisse contre sa peau lui arrache un frisson. Il fait tellement froid...

Pourtant elle n'hésite même pas une seule seconde avant de plonger dans l'eau glacée dans laquelle les égoûts se déversent. Elle nage ensuite de toutes ses forces jusqu'à l'autre rive. Combien de temps peut-elle tenir dans une rivière si froide? Elle a une vague idée de la réponse si elle se fie à l'engourdissement qui s'empare déjà de ses extrémités dénuées de cristaux.
*Un problème après l'autre...* songe-t-elle.
La vie n'est-elle donc qu'une histoire de survie?

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