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Chroniques d'Irydaë
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 L'envergure d'un dieu

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L'envergure d'un dieu EmptyLun 7 Mai - 19:15

Son regard vagabonde sur le splendide paysage qui s'offre docilement à la contemplation. La luminosité persistante de ce soir d'été baigne les terres suhurs d'une clarté rosâtre. Le vent chaud charrie les flagrances estivales et multiplie les caresses sur son visage. Elle ferme d'ailleurs les yeux pour mieux saisir les subtilités olfactives offertes par les plaines et les forêts du coeur-même de My'trä. Les instants de calmes sont bien trop rares pour être négligés. Zora les savoure à leur juste valeur. Ou du moins essaie-t-elle de le faire...

Un grognement l'arrache de sa semi-méditation. La fanatique baisse alors le regard sur le corps couché devant elle. Un soupir quitte ses lèvres tandis qu'elle imagine déjà la supplique que l'ancien souhaitait lui adresser. Il est déjà trop tard. Il se débat encore malgré les liens qui enserrent ses membres. Une lutte pour la survie bien inutile mais néanmoins malgré tout naturelle.
"Chuuuuuuut!"
Elle dépose son doigt sur la bouche bâillonnée de l'ainé avec une étrange douceur. Puis elle écarte les mèches blanchâtres et trempées de sueur qui sillonnent son visage. Sa paume s'attarde un instant sur la joue de son cobaye et la gratifie d'une caresse. Oublie-t-il que c'est lui qui est venu à sa rencontre? Il est désormais trop tard pour les regrets. La rouquine saisit une nouvelle fois la faux ensanglantée qui repose dans l'herbe et crée un quatrième sillon sanglant dans la chair tendre.

Elle néglige alors l'arme et les hurlements étouffés de l'homme et invoque les arcanes de Möchlog. Pendant de longues secondes, elle tente simplement de réitérer ce qu'elle a fait nombre de fois par le passé. Mais la blessure refuse obstinément de disparaître. Pourquoi n'est-elle plus capable de soigner les autres? Comment expliquer la disparition d'une partie de ses pouvoirs? Elle ne se sent pourtant pas moins puissante qu'auparavant. Sa magie semble même s'être renforcée. Et malgré tout elle n'arrive plus à distiller des soins basiques. Est-ce une punition infligée par la Divine Chouette?

De dépit, guidée par une peur naissante et un doute persistant, elle crée un bouclier qui vient enserrer la gorge de l'ancien. Les secondes s'égrainent, ponctuées par les spasmes et les gémissements. Puis les chants des oiseaux reprennent le dessus et emportent avec eux l'âme de l'impur. Il n'aura pas été aussi utile qu'elle l'espérait. Mais les gens proches de la mort et en quête d'un sursis ne manquent pas. Et il est tellement facile de manipuler ceux qui placent leurs espoirs en vous...

Zora lève les yeux vers les cieux, attardant un instant son regard sur les lunes jumelles d'Irydaë. D'une certaine façon elle s'attend toujours à trouver les réponses qui lui font défaut dans cette infinité qui la surplombe. Comme si cette dernière détenait la réponse aux espoirs et aux doutes qui submergent la plupart des créatures vivantes de ce monde. Et comme souvent, les cieux semblent indifférents aux sentiments qui rongent celles et ceux qui se tournent vers eux.

La rouquine se relève et s'écarte un peu du cadavre comme pour éviter une vision qui ne s'accorde guère avec la splendide nature qui l'entoure. Elle se prosterne ensuite sur le sol tapissé d'herbes et adresse une autre prière à Möchlog. La vision du dieu désapprobateur qu'elle a cru percevoir à Zochlom lors de l'exposition universelle lui revient en mémoire. Elle tremble et la chasse avec difficulté. Et si ce n'était pas la gaz qui était responsable de ce souvenir? Et si c'était bel et bien la Divine Chouette qui s'était manifestée ce jour-là?
"Ô Grand Möchlog... Que m'arrive-t-il?" souffle-t-elle. "Vous ai-je déplu?"
Elle n'a pas réussi à détruire Technologie. Même avec l'aide précieuse d'Althéa. Est-ce pour cela que l'Architecte lui inflige cette punition?


Dernière édition par Zora Viz'Herei le Ven 25 Mai - 11:33, édité 2 fois

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L'envergure d'un dieu EmptyLun 7 Mai - 21:20
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La plume est plus forte que l’épée, dit-on. Mais ce n’est que foutaise, non ? Libre aux hommes de croire ces affirmations. Mais ils négligent bien des équations. Paré de plumes est celui qui donne la vie. Paré de plumes est celui qui béni de sa magie. Paré de plumes est celui qui reprend son dû, de jour comme de nuit. Par les plumes on écrit, on diffuse, on calomnie. Par les plumes on réfléchit au sens de son existence. Par les plumes on lui pose ses questions. « Quel est le sens de tout ceci ? », « Vais-je devenir puissant ? », « Comment dois-je vous servir ? ». Vivez, tout bonnement. Chaque question trouve sa réponse dans le monde que les Architectes ont créé. Il ne fait que vous donner le moyen de voir ce dernier. Sa tâche peut paraître ingrate. Peut-être l’est-elle. Il n’élève pas les montagnes, ne creuse pas les océans, ne donne à personne la jouissance des sentiments. Alors pourquoi en nourrir autant pour Lui ? C’est évident. Pour les mortels, éphémérides, papillons octogénaires, Il est le plus important. Dans son plumage, tout le monde se trouve, tout le monde a sa place. Chaque plume est striée de vies mouvantes. Dans Son vol, certaines se détachent, se perdent, et ces vies s’éteignent, tout simplement.

C’est vers Lui que chaque âme se tourne lorsque sa dernière heure sonne. Vers le ciel, les deux lunes, on Le cherche des yeux. Il est à l’origine de toute existence, ici-bas. Il doit forcément se soucier de leur bien-être, de leur bonheur ? C’est bien se tromper que de penser ainsi. Il n’a qu’une tâche à accomplir, qu’un seul destin à assouvir, celui de donner le sien aux créatures. Elles doivent naître, elles doivent mourir. Que rien ne commence s’il n’a pas déjà une fin écrite. La plume est plus forte que l’épée, alors ? C’est par la plume qu’Il écrit chaque histoire qui prendra place dans Leur œuvre. De la première ligne au dernier mot. Du premier trait traçant « Naissance » jusqu’au point final qui suivra « Mort ». Chaque récit a le même schéma. Aucune autre fin n’est possible. Ce qui est écrit entre ces deux mots, cependant, est livré à l’infini. L’infinité des vies, l’infinité des sentiments, des émotions. L’infinité des lieux, des créations. Chacun d’Eux est la croix d’une immense multiplication. Le résultat est sans appel. Bien que la plume place, par avance, le début et la fin de l’existence, c’est par l’épée que l’on taille cet édifice immense. C’est par l’épée que l’on s’éloigne du dernier acte, ou qu’on prolonge celui que l’on joue. C’est par l’épée que l’on coupe les planches de son cercueil, ou que l’on taille le marbre de sa crypte. C’est par l’épée que l’on décide sa vie. Par l’épée, on choisit. Par la plume, on subit.

Pourquoi donc, alors que Lui aussi est soumis à son plumage, s’adresse-t-on à Son jugement ? Il n’a jamais compris, et ne répond que rarement. Il n’est que Dépit, Sacrifice et Dévouement. Sa Tâche sera menée à bien, qu’il le veuille ou non. Mais il arrive parfois que, par ennui peut-être, ou par un choix tout sauf transparent, Il réponde aux Hommes. Les suppliants, les parvenus, les mourants. Il les écoute, les entends et leur répond. Cette nuit, pourtant, c’était différent. Rien de tout cela n’appelait son nom, et pourtant il tendit l’oreille. La folie s’exprimait-elle alors ? Seulement maintenant ? Sous-estimer le renoncement est une grave erreur. Il n’avait pas le cœur en fête, comme certains Autres, mais l’atteindre en devenait bien plus âpre et décourageant. Non. Il tendait l’oreille, car cette voix l’appelait avec puissance. Car cette voix Il la connaissait. Car cette voix Il l’écoutait. Depuis peu, cette voix avait attiré Son attention. La personne à qui elle appartenait, aussi. Mais Il attendait simplement le bon moment. Le moment où la plume traçant son destin ne saurait plus quoi écrire entre Doute et Dévotion. Une hésitation, prévue depuis sa naissance, qui faisait enfin son apparition.

Que cette plume se remette en action. Cette incertitude disparaîtra. Il y veillerait personnellement.

Sa main attrapa d’étranges filaments qui prenaient leur envol devant lui. Entre Ses doigts, ils arrêtèrent leur course et retournèrent dans son plumage, s’accrochant tant bien que mal aux autres fragments de vie solidement fixés. Le vieillard, que la demoiselle avait pourtant pris soin d’achever, se redressa alors. Aucun bâillon ne le retint, aucun sentiment ne l’anima. Il se contenta d’avancer, dépassant la jeune femme agenouillée. Sa gorge, pourtant broyée quelques instants auparavant, produisit des sons, des mots, une phrase entière.

« Viens, suis-moi. »

Les plaines de ce pays étaient vastes. Qui sait combien de temps le duo marcha ? Le fait est que, lorsque l’ancien stoppa net sa progression, la nuit était encore haute. Où s’était-il arrêté ? Devant une crevasse, une cicatrice sur le sol. Une longue cicatrice, de celle qui marquera Irydaë à tout jamais. Elle n’était pas large, mais profonde, très profonde. La lumière des deux lunes ne suffisait pas à en voir le fond. C’est ici que l’ancienne victime de Zora s’arrêta, à ses côtés. Et qu’il articula un dernier mot.

«  Saute. »

Immédiatement après, il s’effondra. Le sursit qu’Il lui avait donné s’arrêtait là. Obéir à cette voix allait sûrement être une épreuve difficile, réclamant un courage que la jeune femme saurait pourtant trouver, car dans cette cicatrice taillée par le temps, après une longue chute, une douce force l’arrêta. Sa force, dont il usa pour que Zora lui parvienne en vie, pour qu’elle puisse contempler l’endroit où il s’était établit. C’était une caverne naturelle, et qui n’avait de caverne que le nom. De la végétation mousseuse recouvrait intégralement son sol, ce dernier était strié de petits ruisseaux au courant doux. Il y avait même des arbres fruitiers, des buissons aux fleurs luxuriantes et colorées. Même des animaux vivaient là. Des petits rongeurs, des passereaux, ou des spécimens plus imposants comme une famille de chevreuils. Et Lui alors ? Lui était debout, au milieu de ce jardin d’Eden. Ses yeux suivaient la descente de la jeune femme, veillant à ce qu’elle ne se blesse pas. Une fois qu’elle avait les deux pieds posés sur le sol, Il n’était qu’à une demi-douzaine de mètres d’elle, la surplombant grâce au petit monticule sur lequel il était.

Sous la forme d’un vieil homme, voilà comment Il lui était apparu. Un vieillard à la chevelure d’argent et à la barbe fournie. Ce n’était, véritablement, pas gris, mais argenté, reflétant la lumière à l’origine incertaine qui baignait cette grotte. Son visage était certes un peu ridé, mais ne montrait aucun signe de fatigue, pas la moindre trace des affres de l’âge. Les rides ne provenaient que d’anciens sourires, d’anciens froncement de sourcils, de temps reculés, donc, où Il avait encore cœur à exprimer ces forces qui étreignent d’ordinaire les figures et les esprits. Tout, chez Lui, faisait se mélanger la Mort et la Vie. Des lignes couleur d’océan étaient tatouées sur son visage et de sa tenue on ne retenait que la blancheur de sa cape recouverte de plumes.

- Des cicatrices peuvent parfois naître de belles choses, tu ne trouves pas ?

Car c’était bien là où ils se trouvaient, tous les deux. Une cicatrice, celle faite par Delkhii sur la peau de ce monde. Et pourtant s’y trouvait un lieu si merveilleux et chatoyant qu’on souhaiterait parfois y vivre éternellement. Il posa ses yeux anciens sur le visage de celle qui avait sacrifié tant de vies pour arriver à cet instant de son existence.

- Tu voulais me voir. Pour quelle raison ? Qu'as-tu à me demander ?

Aucune fioriture, aucune marque laissant penser qu’il y avait encore des sentiments chez Lui. Pourtant, ils existaient toujours. Les apparences sont parfois aptes à tromper le jugement. Mais, de toute manière, était-ce vraiment important qu’ils pensent avec justesse ? L’épée peut être trompée par les apparences. La plume, elle, n’a pas cet inconvénient. Alors, cette question, posée plus tôt, a-t-elle vraiment une réponse si simple ? Comme chaque chose de l’existence, il est probable que non.

Apparence de Möchlog:

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L'envergure d'un dieu EmptyMar 8 Mai - 9:54

Ce n'est pas un être vivant qu'elle est en train de suivre. Ce n'est pas davantage une illusion ou un rêve resplendissant de réalité. Il n'est pas nécessaire de connaître un chemin pour l'emprunter. Et l'on n'a pas toujours besoin d'une destination pour avancer. Le présent est nimbé de mystères mais l'avenir, lui, est déjà écrit. Zora s'abandonne à cette conviction et parvient à repousser les appréhensions ou les doutes qui veulent l'en détourner. Elle est aussi docile que la marionnette de chair qui lui sert de guide. Et, tout comme elle, incapable de se soustraire à la toute puissance du destin.

Elle ne saurait dire combien de temps il lui aura fallu pour atteindre cette crevasse aux profondeurs insondables. Ni même si cette dernière existait quelques heures plus tôt. La rouquine découvre cette cicatrice dans le ventre de Delkhii avec un mélange de curiosité et de crainte. Et le bruit d'un corps qui s'effondre sur le sol tapissé d'herbes lui indique que l'attente est terminée. Les derniers mots qu'il a prononcés, quant à eux, ne laisse pas la moindre place à l'ambiguïté.

Son regard ambré se noie dans les ténèbres qui s'étalent à ses pieds. Est-ce ici que tout s'arrête? Est-ce maintenant que tout commence? Elle ferme les yeux. Le présent n'a jamais eu autant de saveur qu'en cet instant. Tout lui semble merveilleux. Même les cris dissonants des grillons n'ont jamais semblé aussi harmonieux. Est-ce lorsque l'on est sur le point de perdre la vie que l'on peut enfin mesurer toute l'étendue de sa valeur? Elle ne saurait dire s'il s'agit d'une punition ou d'une récompense...

La jeune femme fait un pas. Puis un autre. Ses orteils ensanglantés rencontrent le vide  avant de se recroqueviller contre la paroi rocheuse. Son corps refuse de s'abandonner aussi aisément au néant. Il semble vouloir combattre au nom de la vie qu'il abrite. Zora tremble et une boule douloureuse se forme dans sa gorge. Son estomac se noue tandis que son coeur s'anime avec une puissance insoupçonné. Pourquoi est-ce si dire de s'abandonner à la douce étreinte de la mort?

Elle se force au calme en opposant à son écrin de chair rebelle toute la puissance de sa foi. La terreur s'efface au profit des souvenirs. Althéa... Regrettera-t-elle sa disparition? En aura-t-elle seulement conscience? Leur amitié se soumettra-t-elle à l'appétit vorace de l'Oubli? Zora prend alors conscience que ce qu'elle craint, ce n'est pas la mort. Mais bien l'indifférence de ceux qui lui survivront. N'était-elle qu'une interlude parmi tant d'autres?
"J'aurais voulu avoir plus de temps..." confie-t-elle au vent. "Mais ma vie et ma mort vous appartiennent, Maître! Je vous offre l'une et l'autre avec dévotion!"
Pourquoi craindre ce qui ne peut être évité? Elle lève une dernière fois les yeux vers le ciel puis se laisse choir dans les ténèbres de la crevasse. Un sourire placide s'installe sur ses lèvres alors que l'obscurité l'enveloppe. Cette vie n'était pas si mal... Qu'en sera-t-il de la suivante?

L'envergure d'un dieu Separa10

Lorsque elle pose le pied sur le sol frais, elle sait déjà depuis de longues secondes qu'elle ne va pas mourir. Mais Zora n'est pas pour autant préparée à une rencontre qu'elle espérait pourtant depuis toujours. Combien de fois a-t-elle imaginé cet instant? Combien de fois l'a-t-elle rêvée? Et pourtant maintenant qu'elle a atteint un point crucial de son existence elle se sent bien incapable de formuler le moindre mot ou d'esquisser le plus petit des gestes. Ou même de croiser ce regard perçant,nimbé d'éternité, qui la dévisage. Elle se sent si frêle. Si... insignifiante...

Elle voudrait formuler une réponse à la question du dieu mais elle est bien incapable d'accorder de manière cohérente ses pensées. Tout au plus est-elle capable de hocher la tête comme pour donner raison au postulat de la divinité. Comment oserait-elle d'ailleurs remettre en question des paroles divines? Et pourtant n'est-ce pas la liberté qu'Il semble vouloir lui accorder? Il sait probablement déjà ce qu'elle va dire. Peut-on blâmer l'artiste qui interpète le rôle qu'on lui a confié?
"Je crois..." hésite-t-elle avant reprendre avec plus de conviction. "Je crois que vous m'auriez dotée d'un destin différent si vous aviez voulu que j'adhère à cette idée, Maître..."
Elle Lui décoche un petit sourire contrit mais reste bien incapable de croiser Son regard. Que peut-elle répondre d'autre? Il ne s'agit pas d'approuver ou de désapprouver Möchlog. Tout au plus d'émettre l'opinion qu'Il a forgée pour elle. Pourquoi chercher à mentir à un être qui la connait mieux qu'elle ne se connaîtra jamais? Il n'est pas question de défiance mais de sincérité. Ici, en Sa présence, elle peut simplement être celle qu'elle est.

Cette évidence en tête, elle se prosterne devant le dieu. Un geste que la surprise aura retardé mais qui reste animé par le plus grand respect. Et qui lui offre l'occasion de reprendre davantage ses esprits. Là encore, elle ne peut que maudire cette passivité qui la retient alors que tant de questions lui viennent à l'esprit.
"Divin Möchlog... J'ai tué nombre de gens parce que vous le désiriez. J'ai lutté de toutes mes forces pour sauver mes frères et soeurs du danger représenté par les daënars. J'ai quitté les terres qui m'ont vue grandir pour affronter les infidèles sur leur propre continent." souffle-t-elle. "J'ai consenti à faire tous les sacrifices que vous exigiez. Et j'ai traversé toutes les épreuves que vous m'imposiez avec l'indéfectible désir de vous honorer..."
Son existence entière est dédié au Maître du Destin. Servir Möchlog est une récompense dont elle se satisfait entièrement. Et pourtant il semble désormais évident que la bonne volonté et les convictions ne sont plus suffisantes. Tout ce que Zora souhaite, c'est pouvoir contenter l'Architecte. Mais a-t-elle seulement les moyens d'atteindre ce but?
"Et présent je suis devenue l'ennemie de mon propre peuple. Technologie s'épanouit toujours de l'autre côté de l'océan. Les dirigeants de My'trä refusent de combattre à mes côtés. Et maintenant..." soupire-t-elle. "Et maintenant certains de mes pouvoirs déclinent!"
Ses poings se sont refermés sans qu'elle s'en soit réellement rendue compte. Un sentiment qu'elle connaît bien contamine ses pensées. Elle n'imaginait pas qu'elle serait capable de ressentir de l'amertume en présence de Möchlog. Pire encore: que cette dernière puisse être dirigée contre l'Architecte. Est-ce la récompense qu'elle mérite pour sa dévotion? La punition qui lui incombe pour avoir été celle qu'Il voulait qu'elle soit?
"Pourquoi me donnez-vous d'une main ce que vous me reprenez de l'autre?" finit-elle par demander. "Ne suis-je plus digne d'être votre servante?"
Elle ose finalement relever les yeux. Le regard de la mortelle, empli d'incompréhension, croise celui de la déité. Qu'est-elle réellement pour Lui? Un simple jouet parmi tant d'autres? Un jouet dont il aura fini par se lasser?

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L'envergure d'un dieu EmptyJeu 10 Mai - 4:30
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Il ne bougeait pas. Ses mains demeuraient jointes devant lui, tandis qu’Il dévisageait celle qui se proclamait comme sa plus fervente croyante depuis sa naissance. Bien que, parfois, on pouvait en douter, ce n’était pas Lui qui définissait lequel d’entre Eux un mortel allait vénérer. Le Créateur avait interdit qu’il assume ce devoir. Il n’en avait d’ailleurs aucune envie. Quelle valeur pourrait-Il alors donner à la dévotion d’une créature qu’il avait Lui-même choisi pour l’honorer, comme elle le disait si bien ? C’est ainsi que, bien que Son visage fusse incapable de montrer le moindre affecte, Il entendait bien tout l’amour que Zora avait pour Lui. Lorsqu’elle se prosterna, Il la suivit du regard, écoutant attentivement ses demandes teintées de peine.

Visiblement, la pauvre ne comprenait pas sa place dans ce monde. La solitude, qu’elle avait pourtant conquise avec tous ces sacrifices, lui pesait. Ces frêles épaules l’avaient toujours été, de toute manière. Sous une apparence de puissance, cette jeune femme cachait la fragilité creusée par son incompréhension. Depuis le début de sa vie de dévotion, elle n’avait cessé de conquérir, aveuglément, Son attention. Mais maintenant qu’elle l’avait obtenu, elle ne savait qu’en faire, car elle ne savait pas le but de cette vie d’adoration sans réserve. Elle n’avait pas cherché à comprendre le sens de son destin. Voilà pourquoi Zora se retrouvait devant Lui, aujourd’hui, avec une voix si perdue qu’elle s’en retrouvait brisée.

Mais… enfin ? était-ce du courage qui apparaissait maintenant ? Elle leva les yeux, subitement, croisant le regard doux de Celui à qui elle réclamait tant de réponses. Lui, ne réagit pas à cette soudaine montée de bravoure, motivée, certainement, par le désespoir de cette créature. Il lui avait promis des réponses, il s’emploierait à lui en offrir. C’était la seule chose qu’Il pouvait lui donner aujourd’hui. Pour la première fois de leur brève entrevue, Il bougea. Non, Il ne s’approcha pas de sa dévote, pas plus qu’il ne s’en éloigna. Il se contenta de passer la main sur la tête d’un des chevreuils évoqué plus tôt, et qui venait à Sa rencontre. Quelle douce ironie. Il Lui devait autant que Zora, et pourtant cet animal n’avait aucune crainte de Lui. Ni celle de s’approcher, ni celle de Lui demander quelque chose d’aussi insensé que des caresses. Pourtant, Il lui accordait. Peut-être était-ce précisément parce que cette créature, elle, ne demandait rien de plus que cela.

- Les réponses à tes questions, tu les connais déjà. Mais… si je dois vraiment te les dire à haute voix, je vais le faire.

Cette fois, Son regard perçant de rapace nocturne se posa sur elle, toujours prosternée, toujours si désespérée.

- Sais-tu ce qu’est un iceberg, jeune fille ? En as-tu déjà rencontré sur ta route ? C’est un énorme morceau de glace, flottant à la surface, dans les mers du nord. Tous les navires des peuples mortels les craignent, car le secret de ces morceaux de glace… c’est qu’ils sont bien plus vastes sous la surface qu’au-dessus.

Et tandis qu’Il expliquait son image, petit à petit, Zora pouvait se rendre compte qu’autour de Lui, depuis Sa cape, d’étranges fils s’envolaient, s’éloignaient de lui. Des fils blancs, mais qui grisonnaient à mesure qu’ils s’éloignaient, indéfectiblement.

- Toutes les vies de ce monde, depuis la tienne jusqu’à celle de la plus simple fourmi, peuvent tenir sur mon plumage. Mais la somme de toutes les vies disparues, elles, ne tient que difficilement sur les murs de cette caverne.

Des yeux, Il suivit les différents fils qui partaient des plumes sur Son dos, invitant ainsi la jeune femme à en faire de même. Tous noircissaient fatalement, devenant aussi sombres que le charbon, et se fixaient ensuite sur les parois de la grotte, au côté d’une infinité d’autres filaments immobiles, striant à jamais cet endroit. D’éternels témoins de ce Cycle dont Il était le protecteur. C’était un spectacle à la fois fascinant, mais également terrifiant par son ampleur. Lui, face à cela, ne voyait que son Destin. La tâche que le Créateur lui avait confiée. Rien de plus. Mais, peut-être qu’en voyant cela, la dévote comprendrait mieux pourquoi elle avait fait tout ceci.

- Tu te sens lésée car tu n’arrives plus à protéger la vie ? Mais, en as-tu seulement envie, jeune fille ? Tu l’as très bien dit toi-même. Tu es née pour apporter la mort. Tu n’as fait que cela de toute ton existence.

Cette fois-ci, c’est elle qu’Il regardait. Avec toujours cette même indifférence dans les yeux, cette même douceur dans la voix. Lui ne changeait pas le moins du monde en cet instant, mais Il sentait que l’esprit de Zora, lui, se mouvait autant que le plumage qui parait son apparence humaine.

- Regarde ma cape. Regarde ces murs, maintenant. Cet immense iceberg qu’est le Cycle a autant besoin que l’on se préoccupe de la partie émergée que de l’autre. Es-tu réellement peinée de ne plus pouvoir protéger ma cape ? Ou cherchais-tu seulement la preuve que tout ce qui habille cette caverne existait vraiment ? Tu as passé ton existence à meubler ces murs. Voilà pourquoi tu es venue me voir, le désespoir aux yeux. Si je t’avais appris que tout ce pourquoi tu t’es battue n’avait aucune valeur, tu te serais donnée la mort, tout simplement.

Maintenant, Il lui faisait complètement face. Solennellement. Son explication avait été dite lentement, méthodiquement, afin de se graver dans l’esprit de la jeune femme. Rappelons que Sa mission, cette nuit, était de faire taire toute hésitation dans son esprit, car sinon la plume régissant son existence ne pourrait se remettre à écrire convenablement.

- Relève-toi, jeune fille. Tu n’as aucune raison de vouloir t’occuper de ces plumes blanches. Tu ne l’as jamais souhaité. Continue sur ta sombre route. Peu de gens connaissent son existence, car ils sont rares ceux qui la cherchent, en réalité. Toi, tu as décidé, depuis ta naissance, que ce serait la tienne, je me trompe ?

Il lisait en elle comme un livre ouvert. Etait-ce là l’apanage de tous ceux de Son espèce ? La possibilité de deviner, par avance, ce que pensent ceux qui révèrent Sa forme ? Encore une fois, d’âpres questions, mais probablement que non.

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L'envergure d'un dieu EmptyMar 15 Mai - 10:18

Elle décoche un regard au chevreuil qui bénéficie des caresses de Möchlog. Une pointe de jalousie irrationnelle se propage en elle. L'expression d'une vérité qu'elle a du mal à accepter: elle n'est pas la seule à bénéficier de l'attention du dieu. Il se préoccupe de chacune de ses créations spirituelles. Elle n'est que l'une d'entre elles. Peut-être élue, certes. Mais elle ne représente malgré tout qu'un pion parmi tant d'autres. Une pathétique étincelle sur la longue route de Son éternité. Une plume comme il y a en tant d'autres sur sa cape. Et bientôt, peut-être, l'un des innombrables filaments qui maculent les parois de ce refuge divin...

La rouquine écoute avec fascination les explications de la Chouette. Les mots caressent ses oreilles et imprègnent son coeur. Peu à peu, lentement, elle se redresse et trouve le courage de soutenir le regard de son dieu avec l'espoir d'y trouver une vérité qui semble la fuir. Toutes les choses qu'elle a faites jusqu'à présent n'étaient-elles qu'un simple préambule à sa destinée? Un soupir quitte ses lèvres tandis qu'elle baisse la tête. Elle a l'impression d'avoir déjà vécu plusieurs vies. Et pourtant elle est passée à côté de l'essentiel.
"Je tuais pour honorer la vie!" souffle-t-elle. "Mais je ne faisais que servir la mort..."
Ses frêles poings se serrent. Et pourtant ce n'est pas de la colère qu'elle ressent. Plutôt une amère déception... Pourquoi lui a-t-il fallu temps de temps pour comprendre une évidence qui brillait pourtant de simplicité? Elle n'est que la partie immergée de l'une de ces montagnes de glace évoquées par le dieu. Une créature promise à l'obscurité des profondeurs, privée de la beauté du ciel et de la clarté des étoiles. Plusieurs sentiments s'emmêlent avec une violence évoquant l'une des vagues destructrices de Dalaï ou les tremblements de colère de Delkhii.

Son regard se noie dans les filaments qui ne cessent de fuir la cape de Möchlog. Une cape qui reste cependant toujours aussi fournie en plume. Un constat qui lui fait davantage prendre conscience de son insignifiance. Et curieusement le vacarme de ses émotions cesse pour laisser place au silence de l'ataraxie. La fanatique a toujours servi son dieu avec une dévotion absolue. Le destin qu'il lui a offert ne change rien à la donne. Elle restera une marionnette servile jusqu'à ce qu'elle quitte à son tour le divin plumage pour rejoindre les murs de la grotte.
"Je ne dois pas sauver Irydaë mais la condamner..." lâche-t-elle, exprimant davantage un cheminement de pensées que le désir de nourrir la discussion. "Je ne maîtrise plus les arcanes de la vie parce qu'elles ne s'accordent plus avec le rôle que vous m'avez accordé. Leur maîtrise était un passage obligé vers quelque chose de plus grand. Quelque chose de plus sombre. Et de plus... adéquat!"
Les réponses à tes questions, tu les connais déjà. Cette phrase dont la dieu l'a gratifiée prend tout son sens. Elle a toujours étouffé ses désirs pour contenter ceux de la Chouette. Pourtant les premiers servaient les seconds. Il ne faut pas interpréter la volonté divine. Il faut la vivre. Elle ne servira jamais mieux Möchlog qu'en cédant aux pulsions qui dévorent son être. Zora n'a qu'à se laisser guider par ses envies pour enfin honorer véritablement Möchlog. Un poids terrible quitte les épaules de la rouquine tandis qu'un rire léger franchit le seuil de ses lèvres. C'était pourtant si simple...

Les choses prennent une nouvelle perspective. Les my'träns, les daënars ou les pérégrins ne sont plus que des concepts vides, dénués de sens. Il n'y a que les vivants et les morts. Les plumes et les filaments. Elle sait qu'elle ne parviendra pas à éradiquer la vie. Ce serait comme détruire une partie de Möchlog lui-même. Et elle doute que la déité l'ait dotée d'un destin pouvant menacer le sien. Néanmoins elle peut lui faire une promesse. Une profession de foi.
"Je répandrai l'obscurité et la maladie sur tous les continents. Les morts se dresseront pour disputer le monde aux vivants. J'écraserai tous ceux qui se dresseront contre ma détermination et votre volonté. Ma dévotion, je le jure, clairsèmera votre plumage." affirme-t-elle avant de reprendre, un sourire au coin des lèvres. "Je crois qu'il faudra agrandir cette grotte, Divin Möchlog..."
Elle ne sentait pas capable de prononcer le moindre mot quelques instants plus tôt. Et voilà qu'elle se laisse aller à plaisanter avec une légèreté semblable à celle d'une enfant. Zora est excitée. Pressée de pouvoir enfin servir son dieu avec justesse. La nécromancie n'était qu'une perspective parmi tant d'autres. Un rêve qu'elle caressait avec l'espoir qu'il deviendrait un jour réalité. Et elle sait à présent que cet art sombre est sa destinée. L'outil qui lui permettra d'accomplir le devoir sacré que Möchlog lui a confié. Néanmoins les pouvoirs ne s'acquièrent pas autrement que par l'étude et la pratique. La magie est trop subtile pour être innée...
"Où puis-je apprendre les arcanes sombres, Maître?" s'enquit-elle. "Où puis-je trouver un nécromancien?"
Aucun mortel n'est digne de recevoir l'enseignement d'un dieu, elle le sait bien. L'idée-même que la Chouette puisse perdre davantage de temps avec l'une de ses innombrables plumes ne lui effleure même plus l'esprit. Il lui a montré le chemin. Mais elle doit maintenant gagner en puissance avant d'être digne de l'arpenter.

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L'envergure d'un dieu EmptyDim 10 Juin - 17:17
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Même s’Il ne lui avouerait sûrement pas, Il surveillait cette impétueuse femme depuis un moment maintenant. Pourquoi Elle en particulier ? Parce qu’Il avait rarement l’occasion de voir des mortels si dévoués à Sa cause qu’ils en devenaient particuliers. Beaucoup d’humains Le vénéraient, cherchaient Sa protection, Son appui, Son amour. Mais bien peu d’entre eux s’abandonnaient totalement à cette tâche en oubliant complètement le monde dans lequel ils vivaient. Ils avaient créé ce monde pour que la vie s’y épanouisse, alors tomber sur une de ces créatures qui se moquait complètement de cela pour ne plus se consacrer qu’à Eux, c’était particulier. Particulier, pas enviable. Il n’avait pas beaucoup plus de considération pour ce genre de fidèle que pour les autres. La raison pour laquelle Il s’intéressait en particulier à eux, c’était qu’il fallait en garder le contrôle. Les pouvoirs qu’Ils confiaient aux mortels pouvaient être d’une puissance terrifiante, détruire ce monde qu’ils s’échinaient à construire.

Zora semblait être de cette espèce, indubitablement. De ceux qui, pour obtenir Leur attention, étaient prêts à tout détruire. Ils étaient un peu comme des enfants, toute proportion gardées. Pourquoi les enfants font des âneries, se mettent en danger ? Pour attirer l’attention de leurs parents, bien entendu. Il ne se sentait particulièrement père de toutes les créatures d’Irydaë. Sinon, il faudrait partager ce statut avec tous les Autres et ce serait bien peu productif. Non. Toutefois, Il ne pouvait nier sa responsabilité. Il donnait de tels pouvoirs à ceux qui le vénéraient. Il s’était imposé de ne pas apparaître à un trop grand nombre d’entre eux pour ne pas susciter encore plus de folie. Il devait maintenant guider cette jeune mortelle sur un chemin où elle ne risquerait pas de tenir la promesse qu’elle faisait avec tant d’entrain.

- La voie que tu vas suivre est dangereuse, jeune fille. Ne t’imagine pas que ma puissance suffira à te mettre à l’abri du courroux de l’humanité. Les Autres aussi peuvent donner d’impressionnants pouvoirs. Es-tu seulement prête à y faire face ?


Son regard n’exprimait aucune inquiétude. La vérité c’était qu’il ne s’inquiétait pas. L’avenir qui se traçait petit à petit sous ses yeux le mettait à l’abri de toute surprise, de toute fantaisie. Ce n’était pas pour Lui, cette sensation malsaine qu’est l’étonnement. Il se contentait d’accomplir Son Destin, Sa Tâche, comme à chaque fois. Chaque siècle passé, chaque monde créé par Bolgokh, il en avait vu le début et la fin avant même qu’ils ne sortent de l’esprit du Créateur. Et aujourd’hui, Sa mission lui imposait de calmer les ardeurs de Zora. Etait-ce trop espérer qu’imaginer qu’elle allait l’écouter, lui ?

- Je suis le gardien d’un équilibre. Vous, ceux qui me vénérez, vous partagez cette responsabilité avec moi. Je ne l’ai pas choisi, mais c’est le cas. Garde cela à l’esprit, jeune fille. Le monde n’est pas destiné à n’être que désolation, ou prospérité. Garde-toi de répandre la mort où elle n’a pas sa place. Ton esprit te fera savoir quand il sera bon de tuer, et quand il sera bon d’épargner.

Sa voix c’était modulée, pour la première fois depuis le début de leur échange. Il voulait tout particulièrement que ces mots-là se gravent en elle. Mais maintenant, cet échange touchait à sa fin. L’un comme l’autre avait trouvé, grâce à lui, quelques réponses à des questions bien réelles ou potentielles. La dernière qu’Il formulerait sonnerait la fin de cette discussion et le retour à la réalité de Zora. Mais, à son réveil, qu’elle considère tout ceci comme un rêve ou une expérience bien réelle, les yeux de la Chouette serait désormais posé sur elle. Ils seraient invisibles, insensibles, mais implacables. Rapportant méticuleusement à Leur possesseur chaque faits et gestes de cet élément particulier.

- La Nécromancie t’intéresse alors ? Une magie qui te procurera puissance et influence, mais aussi souffrance et solitude. Un pouvoir que tu es destinée à posséder.

Pour la première fois de toute cette entrevue, Il se rapprocha d’elle. Lui qui était une entité statique, par nature, se contentant de voir le monde évoluer autour de Lui, grâce à Lui, sans jamais prendre part à sa danse, Il faisait un mouvement vers l’avant. Cela avait un but bien précis. Le temps devait reprendre son cours et ce geste marquait symboliquement cette réalité. Un pas après l’autre, Il avançait, plus proche de Zora que jamais. Elle devait ressentir Sa voix comme un brouhaha assourdissant, désormais, frappant ses tempes d’une puissance qu’Il ne cherchait pas à contenir. Il se préparait à la renvoyer d’où elle venait. Si une légère amnésie la frappait alors, autant qu’elle se souvienne au moins de cette réponse qu’elle était venu chercher avec une telle détermination.

- Cherche Vithis.

Et Sa main fit un geste vif, alors. Inexplicable, comme s’Il essayait d’attraper quelque chose devant lui. Mais Zora ne l’aura probablement pas vu, car ce geste signait son basculement dans la torpeur. Il en avait terminé avec elle. Son pouvoir, qu’Il avait tenu à contenir dans cette enveloppe de chair pour ne pas risquer de bouleverser cette créature mortelle, était destiné à se libérer d’une manière ou d’une autre. Son travail devait reprendre. Sa Tâche n’était pas terminée. La jeune femme se réveillerait sur les plaines de son monde, sans aucune connaissance du temps passé hors de ce dernier. Plus aucune trace de Son passage, du chemin menant jusqu’à Lui. Plus rien, rien d’autre que Ses mots qui reviendraient rapidement à elle. Il avait remis les rouages du Destin en place, effacé l’incertitude qui planait sur le futur de cette créature. A elle, maintenant, de poursuivre son chemin.

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L'envergure d'un dieu EmptySam 30 Juin - 10:26

Les premiers rayons du jour caressent doucement le visage de la rouquine. Elle fronce légèrement les sourcils comme pour repousser les assauts de la lumière qui perturbent son sommeil dénué de rêves. Quelques mots inintelligibles quittent ses lèvres, couverts par le chant matinaux des oiseaux alentours. Puis elle ouvre doucement les yeux. Il lui faut quelques secondes pour que sa vision s'affine et que les pièces de sa mémoire épargnées par Möchlog s'assemblent pour former un tout suffisamment cohérent et acceptable. La rouquine se redresse alors vivement, délaissant sa première vision de la journée: un visage partiellement décharné et pourtant étrangement familier.

Comment s'est-elle retrouvée là? Elle sonde le passé à la recherche d'une réponse satisfaisante. Elle n'a pas bu, elle en est certaine. Elle ne le fait jamais lorsqu'elle est seule. Ses choix de vie lui imposent une vigilance constante. Cela fait bien longtemps qu'elle ne s'abandonne plus au paradis artificiels, par ailleurs. Et pourtant l'ivresse est la seule explication qui lui semble rationnelle. D'autant plus qu'elle pourrait aisément expliquer son mal de crâne ou la sécheresse qui sévit dans sa gorge...
"Qu'est-ce que tu regardes, toi?" lâche-t-elle au cadavre. "Tu n'as pas non plus une tête des grands jours..."
Le mort lui répond par le silence qui sied tant à ceux qui ne sont plus de ce monde. De quoi pousser la rouquine a orienter la colère née de l'inconnu vers autre chose. Son regard vagabonde un instant sur les environs à la recherche d'une personne susceptible de la mettre de bonne humeur. Mais elle est seule dans cet endroit familier mais qu'elle n'arrive pas à situer précisément malgré ses connaissances poussées sur la région. Les plaines de Suhury sont vastes.

La rouquine reste de longue seconde immobile, la vie se manifestant uniquement dans les mouvements de ses yeux emplis d'incertitudes. Elle finit malgré tout par prélever quelques gorgées d'eau dans sa gourde avant de reporter son attention sur le cadavre. Les souvenirs finissent par revenir peu à peu. Elle l'a tué. Les plaies régulières sur son torse témoignent de son travail. Celles qui sont encore visibles sur ce tableau décomposé, du moins. Elle a l'impression que c'était hier. Mais l'état du corps laisse plutôt penser que cela fait une dizaine de jours. Était-elle inconsciente aussi longtemps? L'idée la fait frémir...

Elle se plaque soudainement les mains sur les oreilles pour atténuer quelque peu le puissant grondement du ciel qui retentit. Un geste qui lui fait prendre conscience de deux choses: que le ciel est parfaitement dégagé et digne d'un étouffant mois d'été, pour commencer. Et ensuite que son acte est parfaitement inutile puisque le bruit semble être le fruit de son esprit. Une peur fugace l'étreint: s'agit-il des prémices de la folie? Après tout ne vient-elle pas de s'adresser à un cadavre?

Le bruit tonne à nouveau avec la même intensité et à l'identique. Elle comprend alors qu'il s'agit de mots et pas d'une simple détonation fantôme alimentée par le délire. Ou, du moins, pas seulement. Zora sonde son corps à la recherche d'une quelconque blessure ou de toute autre explication. La perte de sang pourrait expliquer cette fébrilité dont elle est peu coutumière. Mais elle ne trouve rien d'anormal si ce n'est de légers tremblement. Des tremblements animés par une forme d'excitation et non par la peur, d'ailleurs. Du moins est-ce la conclusion à laquelle elle parvient en prenant conscience de l'étrange plénitude qui se mêle désormais à ses doutes.
"Rassure-moi: toi et moi, nous n'avons pas..." s'enquit-elle en s'adressant à nouveau à ce qui fut un homme autrefois. "Non, hein?"
Un sourire fugace naît sur ses lèvres tandis qu'elle cherche à atténuer l'incompréhension par l'usage d'un humour douteux. Mais la voix tonne à nouveau et lui arrache un cri alliant surprise et douleur. Il lui faut de longues secondes pour trouver la force de se redresser. Les premiers pas évoquent ceux d'un enfant marchant pour la première fois. Puis ils retrouvent l'assurance les caractérisant habituellement. Elle ne sait pas où elle va. Mais elle ressent néanmoins le besoin irrépressible de quitter cet endroit. Comme si quelque chose la poussait à poursuivre un chemin dénué de destination logique.

L'envergure d'un dieu Separa10

Elle se redresse vivement, les yeux grands ouverts. Un éclair vient sublimer l'obscurité de la nuit et accompagne de son chant les trombes de pluie qui inondent My'trä. L'eau ne l'a pas empêchée de s'endormir. Pas plus que le vent puissant qui balaie la paroi rocheuse sous laquelle elle a temporairement élu domicile. La disciple de Möchlog pose ensuite les yeux sur la chouette qui l'observe avec indifférence depuis sa branche, insensible à la furie des éléments.

Zora se tient alors la tête tandis que les souvenirs resurgissent des tréfonds de sa mémoire. Elle n'arrive pas à leur donner un sens susceptible de s'accorder avec la logique. Une silhouette la dévisage. L'endroit dans lequel elle se trouve est baigné par les ténèbres et échappe à sa perception. S'agit-il du ciel? Du ventre de la terre? Peut-être d'une île? Les lieux ne lui évoquent rien sinon le néant.
"Cherche Vithis"
Elle comprend maintenant les mots qui lui étaient adressés, d'une manière ou d'une autre, par Möchlog. L'a-t-elle rencontré? Difficile à dire où le réalité semble s'être liée à la réalité l'espace d'un instant au cours des derniers jours. Zora néglige les autres possibilités pour s'adonner à celle-ci, si plaisante. Les mots prononcés par le dieu sont peu à peu accompagnés par d'autres qui forment lentement les vestiges d'une discussion. Un sourire absent et quelque peu malveillant trahit l'émotion qui envahit la rouquine. Oui, c'était bien Möchlog!

Maintenir l'équilibre. Apporter la mort là où elle doit s'épanouir tout en laissant à la vie le loisir de s'exprimer en d'autres endroits. Nécromancie. Puissance, souffrance, solitude et influence. L'étrange danse de sa mémoire lui insufflent différents sentiments qui la tiraillent. Mais elle a compris l'essentiel. Et elle sait à présent ce qu'elle doit faire. Ce qu'Il attend d'elle. Que faire si ce n'est s'abandonner à la Volonté de l'Architecte? Elle ne sait pas ce qu'est Vithis. S'agit-il d'une personne? D'un lieu, peut-être?

Peu importe! Elle trouvera Vithis. Il la guidera comme Il n'a jamais cessé de le faire. Et elle Le servira avec toute la puissance de sa foi. L'avenir n'a jamais semblé aussi radieux qu'en cette nuit sombre. La fanatique ramasse à la hâte ses affaires et ses armes, bien décidée à suivre le chemin que son dieu à tracé pour elle. Elle marque néanmoins une courte pause devant l'animal sacré qui ne cesse de la dévisager avant de s'incliner devant lui. Puis elle disparaît parmi les ombres.

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