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 Un matin comme les autres (En cours)

Garrett Catesby
Garrett Catesby
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Un matin comme les autres (En cours) - Page 2 EmptySam 9 Juin - 21:55
Irys : 739858
Profession : Ex-Inspecteur
Daënar +2 ~ Alexandria (homme)
Garrett était soudainement devenu un spectateur, laissant les deux jeunes femmes discuter pendant que son esprit fonctionnait à un plein régime. Il aurait presque pu prendre un verre et aller s’asseoir dans un coin. Il se contenta de relever la tête lorsque la Siffleuse parla de l’intelligence de la journaliste.

" Évidemment, sinon ce ne serait pas une amie. "

Catesby n’aimait déjà pas vraiment s’entourer de personne, alors si en plus il devait prendre des idiots… Par chance, Lauren était vive d’esprit, chose qui donnait encore plus de crédit à son hypothèse. Même si… Et bien Garrett espérait tout simplement ne pas avoir un sosie qui se promenait tranquillement en ville, éliminant deux ou trois personnes de temps en temps. Il fallait tout de même être assez intelligent, voire relativement tordu pour penser à se vêtir comme lui pour aller tuer un proxénète et le faire accuser. Sans doute trop intelligent pour que le commissaire ait pu mettre pareil plan au point. Ce gros plein de soupe avait seulement vu la une occasion de se débarrasser de l’inspecteur, et des problèmes qu’il pouvait causer lorsqu’il sortait son arme pour ouvrir le feu dans une ruelle.

Sans rajouter que si Yoren avait ouvert son claque-merde, autant dire que la liste de suspects potentiels venait de s’allonger de plusieurs dizaines de noms. Et rien que d’imaginer que le meurtre de Yoren n’était pas directement lié au commissaire, mais seulement dû à un pauvre connard profitant du rixe entre l’inspecteur et le proxénète, lui donnait envie de vomir. La chose deviendrait alors plus complexe, et même s’il pourrait dans ce cas prouver son innocence, il ne pourrait pas faire tomber le gros, et ça, ça l’ennuyait suffisamment pour lui faire tirer une mine plus sombre que d’habitude.

Et maintenant, il allait falloir questionner une pute, autant dire que la cherchait dans les bas quartiers était tout aussi que de chercher une aiguille dans une botte de foin.

" Agnès ? Une blondinette avec des boucles anglaises ? "

" Exact, tu la connais ? "

" Pas exactement. Mais j’ai pu la voir à moitié nue le jour où nous avons rendu visite à Yoren, elle était dans son bureau, et elle n’était pas là pour faire le ménage. "

La Siffleuse esquissa un léger sourire à cette remarque, cependant, il fallait faire attention.

" Laisse-moi la trouver, si tu t’en charges, ça va encore mal finir pour toi, si je trouve une information digne d’intérêt, je me débrouillerai pour te le faire savoir, toi, tu devrais surtout faire profil bas pour le moment, du moins jusqu’à ce que Maître Hill t’innocente. "

Donc elle était aussi au courant pour l’avocat, Garrett aurait donné cher pour avoir les mêmes informateurs qu’elle. Il restait cependant un point à éclaircir.

" Tu sais des choses sur le commissaire ? "

" Suffisamment pour te dire que c’est un pourri, mais vu ton flair, j’imagine que tu t’en doutes. Si tu allais me demander si j’avais des preuves de mes dires, je ne peux que répondre non. Il sait se protéger, et pour de nombreuses raisons la loi et de son côté. Mais si ces deux choses sont liées, il tombera comme les autres. "

Garrett acquiesça, mais jusque là rien de nouveau.

" Merci de ton aide. "

" Tu m’en devras une lorsque tu seras de nouveau inspecteur, de manière officielle j’entends. "

Lauren Hill
Lauren Hill
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Un matin comme les autres (En cours) - Page 2 EmptyDim 10 Juin - 8:51
Irys : 1011003
Profession : Journaliste / Reporter / Romancière
Pérégrins +2
À nouveau, je me plongeais dans le silence, écoutant avec attention la suite de la conversation tout en essayant de me remémorer le visage de la fameuse Agnès. Peine perdue, même si je revoyais clairement sa tignasse blonde, les autres détails m’échappaient totalement… Et pour cause, nous l’avions surprise dans une position plutôt explicite, je n’avais eu d’autres choix que de détourner le regard… Question de pudeur…

Descendre dans les bas quartiers dans le but de l’interroger ne me plaisait guère bien que je n’imaginais pas d’autres solutions. L’amie de Garrett avait beau se proposer, je ne savais pas si nous pouvions réellement lui faire réellement confiance. L’inspecteur lui semblait le croire et si je ne me trompais pas sur l’origine des regards de la blondinette, elle se souciait réellement de lui… Parce qu’il lui était utile ? Pour une autre raison ? Autant ne pas s’en préoccuper, cela ne me regardait en aucune façon et je devais me concentrer sur plus important.

Tandis qu’ils discutaient, je songeais à mes propres cartes placée sur le plan des versos, en particulier aux petits oiseaux, minuscules, mais tellement plus observateur que les adultes. Après l’enquête, je m’étais plusieurs fois rendue dans les bas-quartiers, afin de leur apporter un peu d’argent, de la nourriture aussi… Ces ruelles sombres, baignées dans une brume obscure, n’étaient pas sûres pour ces enfants, bien que ceux-ci avaient réussi à en faire leur domaine… Je ne pouvais assurer leur sécurité, je n’en avais pas le pouvoir, en revanche, j’avais de l’argent… Autant en faire profiter ceux ayant moins de chance et plus de besoins que moi.... Néanmoins, malgré leur jeune âge, ces enfants n’aimaient pas la charité, alors je leur avais proposé mon contrat habituel : des yeux et des oreilles attentives contre de bons soins… Toutefois, je ne me doutais absolument pas que cela pourrait servir aussi rapidement…

Je les laissais conclure leur conversation tout en portant ma main à mon sac, j’avisais l’heure à ma montre… Il n'était pas encore trop tard pour descendre chez les versos, même si je n’aimais pas m’y promener la nuit, seule, qui plus est… Néanmoins, je ne voulais pas perdre de temps, car plus on laissait l’affaire traîner, moins nous aurions de chance de découvrir le pot au rose et surtout, de le prouver…

Je pouvais aussi contacter quelques connaissances plus habituée à l’autre facette du premier quartier, celle située dans les auteurs, non loin des étoiles. Si le commissaire avait ses entrées, j’en possédais également quelques-unes, même, si je détestais l’idée d’y avoir recours…

-Simple question de curiosité. Si le commissaire est protégé, vernis et apparemment engraissé… Cela ne peut pas être uniquement dû à un cirage de chaussures en grandes pompes, n’est-ce pas ? interrogeai-je. Vous parliez d’arrangement à l’instant… Je me dis que ce doit être aussi le cas pour lui… Je me demande juste : avec qui ? Et qu’elle est la nature de cet arrangement ?

Vurkilber ? Son cher oncle gouverneur ? Quelqu’un d’autre ?

-Vous n’êtes pas sans savoir que les ordures intouchables ne manquent pas dans votre monde… Cela pourrait être n’importe qui...

-Allons, ne me faites pas croire que vous vous rendez dans ces horribles soirées mondaines simplement pour les petits fours et le champagne… Vous devriez bien avoir une minuscule idée...

-Il faut avouer que la nourriture y est délicieuse, mais il est vrai que j’ai bien mieux à y faire que de manger...Je ne me suis pas vraiment préoccupé de lui, même si je l’ai souvent vu tourner autour de personnes nettement plus intéressantes. Le gouverneur d’abord, même si je me doute que vous soyez déjà au courant de son affection pour notre cher dirigeant. Je l’ai aussi vu aux côtés de Bernhard Gärtner, un homme d’affaires ayant fait fortune dans les exploitations minières, vous devriez connaître son fils, il me semble… Daniel, si ma mémoire est bonne.

Connaître… Il s’agissait d’un bien grand mot, mon père représentait la compagnie du sien, nous nous étions donc croisés quelques fois lors de divers dîners pompeux… Bien que nos pères eurent l’idée fugace de nous fiancer avant de se raviser. Je ne l’avais donc pas revus depuis bien des années, ce n’était pas un ami, à peine une connaissance dont j’ignorais presque tout et dont je me fichais éperdument.

-Qui d’autres ? soupirai-je bruyamment, peu désireuse de relever ses insinuations ridicules.

- Neara, Feldmann, Engelmann et compagnie, simplement quelques milliardaires… Rien d’étonnant de tourner autour du buffet lorsque l’on a rien à se mettre sous la dent. Mais je ne pense pas que cela puisse vous apporter quoique ce soit.

-Non, en effet, pas sans fouiller en tout cas... répondis-je en notant les différents noms dans mon calepin.

J’avais l’étrange impression que quelque chose m’échappait, un détail important qui pourtant semblait imperceptible. Je n’aimais pas cela, sachant qu’il me faudrait attendre que mon cerveau ne se décide à le libérer lorsqu’il jugerait le moment opportun… Sale traître… Peut-être devrais-je aller fouiner dans les archives de La Tribune en quête de quelques articles oublié… Morts inexpliquées, affaires liées à ces noms richissimes qui seraient classées sans suite… Nul doute que la caserne de la milice devait renfermer bien plus d’informations que les locaux du journal et ses caisses poussiéreuses pleines de vieux journaux et articles jamais publiés… Néanmoins, je nous voyais mal nous introduire dans le bâtiment… À moins que Garrett ait quelques alliés à l’intérieur qui seraient prêt à se mouiller pour lui…

N’ayant plus aucune information à glaner auprès de cette femme, tout du moins, pour le moment, nous prîmes le chemin de la sortie quand la blonde nous interpella :

-Fais attention à toi, Garrett…

Je n’aimais pas ce genre de formulation, simplement parce que je n’ai jamais été fichue de les comprendre. Quelques mots facilement prononcés sans avoir réellement de sens… Même si cette fois, je comprenais bien que cette femme tenait à Garrett et le connaissait assez pour savoir qu’il ne resterais pas sagement assis les fesses sur son canapé en attendant que les autres ne le tirent de cette situation…

Une fois, dehors, nous nous dirigeâmes vers une rue un peu plus animée et surtout éclairée. Je retrouvais l’ambiance familière de la capitale entre de brouhaha des passant et le claquement des fers sur les pavés…

-Je pense que nous n’obtiendrons rien de plus ce soir, tu devrais en profiter pour te reposer… Après une telle journée, tu dois en avoir grandement besoin. Veux-tu que l’on se retrouve quelque part demain? La nuit porte conseil et je pense que nous y verrons plus clair demain matin. Je te souhaites une bonne nuit.

Je lui souris, bien que je n’avais pas réellement envie de le laisser, pour plusieurs raisons… Je n’aimais pas le savoir seul après tout ça… Et puis, je n’en avais tout simplement pas envie, avouons le. Néanmoins, la journée fut longue, éreintante et sacrément riche en émotions purement désagréables, peut-être préférait-il être seul pour réfléchir de son côté ou simplement souffler. Pour ma part, je devais encore mettre de l'ordre dans tout ceci, j’avais bien des idées de pistes, mais celles-ci partaient en tous sens, trop pour être réellement exploitables en l’état. Foncer tête baissée serait stupide et inefficaces, même, je brûlais d’envie de descendre voir les oisillons des versos… Une bien mauvaise idée en l’état… Il me fallait poser tout cela à plat avant de pouvoir simplement en parler à Garrett.

Garrett Catesby
Garrett Catesby
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Un matin comme les autres (En cours) - Page 2 EmptyDim 10 Juin - 12:36
Irys : 739858
Profession : Ex-Inspecteur
Daënar +2 ~ Alexandria (homme)
La Siffleuse avait raison, il y en avait des ordures intouchables, suffisamment pour donner envie à Garrett de changer de métier, pour lui, il n’y avait de rien de pire que de ne pas pouvoir faire tomber un coupable protégé par son rang ou un cercle de connaissances influente. Il suffisait de prendre l’exemple de Vurkilber, outre le passe-temps plutôt morbide, il avait frappé la journaliste, tenté de frapper l’inspecteur et consommait des substances pas vraiment légales. Mais il n’avait rien à craindre de la loi, d’ailleurs Garrett aurait parait que celui-ci n’était pas resté en cellule longtemps, sûrement moins que lui en tout cas. Autant dire qu’il se demandait bien ce qu’était devenu le blondinet, encore plus avec une ou deux dents en moins.

C’était toujours sympathique de voir comme la blondinette pouvait lâcher au détour d’une phrase une information sur quelqu’un, visiblement, elle était au courant de certaine chose sur la vie de Lauren, choses que Garrett ignorait, jusque-là, rien d’étonnant. D’une manière, l’ancien inspecteur lui faisait confiance, voilà maintenant plusieurs années qu’il connaissait la Siffleuse, et elle avait toujours su se montrer fiable et efficace lorsque le besoin s’en était fait sentir. En échange, il lui rendait service lorsqu’il le pouvait, ni plus ni moins, enfin, pas aux dernières nouvelles.

Une chose, cependant, le fit tiquer, la formulation : fais attention à toi, Garrett.
Venant d’elle, il ne pouvait pas s’agir simplement d’une demande, mais bien d’autres choses, un avertissement peut-être ? Quelque chose qu’elle n’aurait pas mentionné à voix haute, mais son regard parlait pour elle. Oui, plus qu’une demande, il s’agissait d’un en garde, ce qui voulait dire que toute cette histoire était des plus sérieuses, et que le hasard ne devait certainement pas en faire partie. Garrett hocha une dernière fois la tête en direction de la blondinette, puis sortit accompagné de la journaliste. Lorsqu’ils furent dehors, recroisant d’ailleurs le grand chauve toujours dissimulé dans la pénombre, ils se dirigèrent vers une rue plus « vivante », une rue où l’on avait moins peur de marcher seul.

" On dirait bien que l'on retrouve la civilisation. "

Perdu dans ses pensées, ou plutôt perdu à essayer de mettre dans l’ordre dans toutes ses nouvelles informations qui ne semblaient pas être liées. Agnès… Il fallait trouver Agnès, enfin.. Disons que la Siffleuse voulait s’en charger, et Garrett lui n’était pas décidé à s’asseoir sur une chaise en se tournant les pouces jusqu’à ce que l’on demande de se présenter gentiment à son procès. Mais s’il devait trouver quelqu’un, ce n’était sûrement pas maintenant qu’il allait pouvoir se mettre au travail. C’est en entendant la voix de la brunette qu’il tourna légèrement la tête dans sa direction.

" Bonne nuit ? Il me semble que je te dois toujours un verre non ? Et si ma mémoire est bonne, il est toujours posé sur une table. Enfin, ce n’est qu’une proposition comme une autre. "

À elle de choisir à présent, elle pouvait très bien continuer le long de la rue pour trouver un fiacre, chose qui ne serait pas compliquée puisqu’il en passait un toutes les cinq minutes, ou alors elle pouvait le suivre, et finir ledit verre.

Lauren Hill
Lauren Hill
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Un matin comme les autres (En cours) - Page 2 EmptyDim 10 Juin - 16:10
Irys : 1011003
Profession : Journaliste / Reporter / Romancière
Pérégrins +2
Sa proposition m’étonnait profondément, si bien que je ne pus que l’observer, la tête légèrement penchée sur le côté en essayant de décrypter ses mots… Garrett était difficile à comprendre, bien que je savais pertinemment que la subtilité n’était clairement pas son fort… Les hommes constituaient un mystère et celui-ci probablement plus que les autres… Autant dire que j’hésitais, ne sachant pas s’il s’agissait de l’envie de me voir rester ou simplement le besoin de s’acquitter d’une dette qui, pour ma part, n’existait pas.

-Tu sais que tu ne me dois rien, n’est-ce pas? m’enquéris-je afin de le pousser à être plus clair…

Je le connaissais assez pour savoir qu’il ne disait jamais rien sans raison, chacun de ses mots étaient prononcés avec une idée bien précise… Mais encore fallait-il trouver laquelle, à croire que nous ne parlions pas la même langue lui et moi… Je savais aussi que ce genre d’invitation ne faisait clairement pas partie de ses habitudes, et même si je m’étais quelque peu imposée pour la première, ce n'était certainement pas le cas pour cette fois.

Alors pourquoi, en sachant tout cela, je continuais à me posais autant de question au juste? Après tout, je pouvais toujours accepter simplement puisque j’en avais envie...je ne me comprenais plus moi-même, tout devenait compliqué lorsqu’il s’agissait de Garrett Catesby, c’en devenait même déroutant… Mais tant pis, je savais pertinemment que je me tromperais plus d’une fois sur lui, sur ses intentions… Quitte à me casser la figure par la suite, autant le faire sans réellement me poser de question… Il ne s’agissait, après tout, que d’une proposition comme une autre, selon ses propres mots.

-Allons donc terminer ce verre. Il serait dommage de gâcher un aussi bon whisky, répondis-je finalement, souriante, tout en plaçant mon bras sous le siens.

Il ne nous fallut guère de temps pour rejoindre son appartement, même si cette fois, nous marchions plus lentement qu’à l’allée. Avec Garrett, les longs discours n'étaient pas nécessaires, si bien qu’avec lui, le silence, même prolongé n’avait rien d'oppressant… C’était même plutôt l’inverse. J’ai pourtant grandi dans un monde où le silence est synonyme d’ennuie, le manque de conversation se voyait reléguée au rang de défaut insurmontable vous devant d’être évincé des soirées mondaines pleines de “blabla” en tous genre. Dés l’enfance, l’on nous apprenait à converser ou à simplement entretenir une discussion pompeuse traitant de sujets souvent ennuyeux, mais qui avaient le don de vous faire paraître intelligent… Depuis toujours, je m’évertuais à fuir tout cela au point même de m’habituer à la solitude et au calme prolongé, mes plus grands moments de loquacité se déroulant lorsque je travaillais... Et constituait surtout à poser des questions.

Une fois encore, je me laissais donc guider en silence pour mieux songer à cette nouvelle affaire pour le moins épineuse qui nous attendait. Je ne savais d’ailleurs toujours pas par où commencer, peut-être qu’une fois que tout serait posé sur papier tout deviendrait plus clair… C’était souvent le cas. Étaler toutes les possibilités devant moi, noir sur blanc, me permettait de tout avoir sous les yeux et de pouvoir voir le problème dans sa globalité…

Cette fois, j’ôtai mon manteau sitôt la porte de l’appartement franchie pour ne pas lui donner l’impression d’être constamment sur le départ… Même si c’était bien le cas, question d’habitude. Mon verre attendait toujours bien sagement sur la table, s’affichant comme une excuse volontaire à ma présence ici… Je l’observais un instant, comme si le liquide ambré pouvait m’apporter quelques réponses silencieuses… Mais à l’évidence, le whisky n’avait strictement rien à m’offrir, pas même une migraine, à en juger par sa couleur uniforme.

Ne sachant pas réellement que faire ou comment agir, comme à chaque fois que je me trouvais avec lui, je me saisis de mon matériel d’écriture afin de commencer à noter les maigres informations récoltées un peu plus tôt… Ainsi que les brides de pistes exploitables… Une habitude acquise avec les années, tellement naturelle à présent qu’elle en était devenue presque rassurante… Une sorte de trouble obsessionnel du comportement qui me poussait à toujours tout noter… En particulier, lorsque j’étais nerveuse.

Une fois cela fait, je me sentais beaucoup plus à l'aise, un peu comme si l'on m'avait retirer un poids considérable des épaules. Je me tournais alors vers Garrett, toujours curieuse à propos de la blonde au cheveu sur la langue.

-Cette femme, qui est-elle au juste ? Comment sait-elle tout cela ? Je rêve d'avoir pareils informateurs...


Garrett Catesby
Garrett Catesby
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Un matin comme les autres (En cours) - Page 2 EmptyLun 11 Juin - 9:38
Irys : 739858
Profession : Ex-Inspecteur
Daënar +2 ~ Alexandria (homme)
" Je sais oui, mais cela ne change pas cette histoire de verre. "

Répondit-il en esquissant un sourire, il ne devait rien, facile à dire en tout cas, il avait encore du mal à réaliser le service qu’elle lui avait rendu, alors se mettre dans la tête qu’il ne lui devait rien… Cela semblait difficile comme idée. Finalement, la brunette décida qu’il était bien dommage de gaspiller du bon whisky, chose avec laquelle Garrett ne pouvait être que d’accord. Ils rentrèrent donc à son appartement, tranquillement. Maintenant plus rien ne pressait, il faisait nuit, de nombreuses étoiles brillaient dans le ciel noir et au furent et à mesure qu’ils approchaient du lieu de résidence de l’ancien inspecteur, la rue se faisait de nouveau toujours plus calme. Garrett restait silencieux, la journaliste aussi, étrangement ce n’était pas un silence malaisant, plutôt un silence agréable.

Au moins, le verre n’avait pas bougé, et l’appartement était à moitié rangé, c’était donc à moitié positif. Garrett retira son manteau et le jeta sur une chaise libre, même son chapeau vola sur la chaise. Il y déposa aussi son holster contenant l’arme à feu, ici, il ne craignait rien, enfin… Normalement. S’approchant de la table pendant que la brunette retirait aussi son manteau, il se resservit un fond de whisky, pas qu’il en avait véritablement envie, mais c’était pour lui tenir compagnie.

Assit face à elle, il la regarda calmement écrire, mettant sans doute sur papier tout ce qu’il venait d’apprendre, sans compter les évènements de la journée. Il suffit à Catesby de cligner des yeux pour imaginer les titres des futurs journaux : un inspecteur aux arrêts.
Oh ça, il en était sûr, il en aurait parié son appartement même. Enfin… C’était dans l’ordre des choses, cette fois personne n’irait s’arranger pour faire taire cette histoire, il n’avait certes pas vu l’ombre d’un journaliste, mais il se doutait, il savait au fond. Puis la question de la brunette le sortit une nouvelle fois de ses pensées.

" Tu ne la connais peut-être pas de vue, mais son surnom te seras peut-être familier, « la Siffleuse » te dit quelque chose ? "

Il se tut quelques instants, jaugeant la réaction de la brunette.

" Je ne pourrais pas te dire qui elle est, car je ne connais que ce surnom, en rapport avec son cheveux sur la langue comme tu dois t’en douter. C’est une… Connaissance ? Amie ? Je ne sais pas vraiment comment la décrire. Tout ce que je sais, c’est qu’elle est est au courant de presque tout ce qu’il se passe en ville, elle a des informateurs partout, même dans la haute sphère. D’ailleurs, tu ne l’as peut-être pas vu, ou alors tu ne t’en souviens pas, mais elle était là, à la soirée de Vurkilber. Elle me rend service et je lui rends service en échange. "

Il lorgna le fond de son verre avant de tremper ses lèvres dans le liquide.

" Voilà tout ce que je sais d’elle. "

A vrai dire il en savait un peu plus, jusqu'à son prénom, Anna. Et il se connaissait plutôt bien puisque que Garrett avait abattu son frère dans le passé. Heureusement, la Siffleuse connaissait les agissements plutôt étrange de son frère, mais elle avait tout de même plutôt mal prit la mort de son frère. De temps en temps, il lui arrivait d'en reparler, tentant de mettre de la distance entre cette histoire et elle. Garrett lui, n'aimait pas en parler, tout simplement. Il ne jugeait pas utile de dire ça à la journaliste, enfin, elle n'avait pas besoin de savoir pour cette petite histoire. Par chance, la siffleuse n'avait pas eu de petit saut d'humeur en présence de Lauren, sinon, il aurait du s'expliquer.

Lauren Hill
Lauren Hill
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Un matin comme les autres (En cours) - Page 2 EmptyLun 11 Juin - 16:11
Irys : 1011003
Profession : Journaliste / Reporter / Romancière
Pérégrins +2
Non, décidément, même après avoir entendu de ce bien délicat sobriquet, le nom de “la siffleuse” ne me disait strictement rien… Preuve que celle-ci savait se montrer discrète et prudente, deux qualités indispensables pour espérer survivre dans le milieu de la pègre, en particulier en tant que femme… Je ne savais donc pas dans quelles affaires cette jolie blondinette traînait, ni jusqu’où s’étendait son influence… Mais il était évident que la demoiselle savait beaucoup de chose sur beaucoup trop de monde à mon goût et autant l’avouer, cela me mettait plutôt mal à l’aise.

- Et bien...navrée de te décevoir, mais ce nom ne me dit strictement rien…Je ne sais malheureusement pas tout, bien que j’adorerai cela, plaisantai-je en buvant une gorgée du liquide ambré qui m’attendait depuis un bon moment.Que fait-elle au juste, mis à part de se renseigner sur la vie des habitants de la cité ?

Loin de moi l’idée de me servir de ces informations contre elle, la Siffleuse pouvait être un atout non-négligeable dans cette affaire. Mes questions n’étaient finalement que la manifestation de ma curiosité habituelle. Même si l’idée qu’une femme inconnue en sache autant sur moi me déplaisait fortement, je ne pouvais qu’admirer son sens de l’organisation et peut-être m’en montrer légèrement envieuse…

Apparemment, les deux échangeaient quelques services… Probablement une information contre un coup de main que j'espérais légal, ou tout du moins, qui s’en rapprochait… Même si mon instinct me disait que ces “services” ne seraient certainement pas aussi gentils que ce que je pouvais espérer. Je ne doutais pas de la bonne volonté de Garrett, loin de là… Je ne le voyais pas non plus s’attaquer volontairement à un innocent, même pour un renseignement crucial… L’inspecteur me rappelait les funambules, ces acrobates qui marchaient le long d’un vulgaire fil pour impressionner les spectateurs les observant bien en dessous d’eux… Voilà comment je le voyais, un homme bon aux valeurs certaines, mais qui évoluait sur une corde raide, penchant tantôt d’un côté, tantôt de l’autre, sans pour autant tomber… Pourtant, il suffisait parfois d’une erreur, d’un mauvais choix pour finalement basculer… Et pour être franche, cela me terrorisait.

-Je ne me souviens pas l’y avoir vu, je l’avoue. Il faut dire que cette soirée fut bien étrange… Courir après un suspect alors que le coupable était présent...Dire qu’il était juste sous mon nez et que je lui ai parlé, bon sang… Bref, j’étais bien trop ailleurs ce soir-là pour pouvoir la remarquer.

Autant dire que ce bal ne m'avait guère laissé de bons souvenirs, non pas que je les appréciais en général, mais celui-ci s’était tout de même soldé par un remarquable bleu sur ma mâchoire qui commençait à peine à disparaître et le meurtre d’une prostituée à qui j’avais promis mon aide, non loin de mon hôtel… Autant vous dire que l’on ne me reverrait pas de si tôt dans l’une de ces soirées mondaines, même si celles-ci se déroulaient rarement de cette façon…

- Si son aide est réellement efficace et que l’on arrive rapidement à te sortir de là… Je lui emballerais ma robe dans un joli paquet, puisqu’elle semblait l'apprécier, raillai-je avant de prendre une nouvelle gorgée et de m’appuyer sur le dossier de ma chaise. Honnêtement, je ne sais pas par où commencer… Toute cette histoire est si… étrange.

J’observais mes “notes” constituée surtout de diverses bulles reliées ou non aux autres en fonction des liens plus ou moins logiques qui se seraient détachés de la conversation… Ce qui ressemblait, en somme, au foutoir qui semblait régner en maître dans mon crâne. D’ailleurs, la plupart de ces fameuses bulles se retrouvaient isolées, sans aucun lien visibles avec les autres tant il manquait d’information valable… Tout cela tenait finalement de la supposition, ce qui en soi, ne pourrait être que frustrant.

-J’ai aussi quelques connaissances, côté verso, je pensais leur rendre visite demain, déclarai-je en faisant tourner mon verre vide sur la table. J’essaierais également de trouver quelques renseignements sur le commissaire, sur son passé notamment, l’on ne sait jamais… Et puis, voir qui sont ces personnes aux chaussures étincelants, grâce à lui… Et surtout en quoi il peut leur être utile… Je commence à me dire que cela doit ressembler à ton arrangement avec la siffleuse… Tu sais, un service contre un autre. Qui sait, peut-être déranges-tu plus de personne que ce que l’on croit.

Après une journée pareille, j’étais totalement épuisée… Je n’avais d’ailleurs même pas pris le temps de manger et je n’avais toujours pas faim… Voyant tout ce qui se profilait devant nous, une bonne nuit de sommeil ne serait certainement pas de trop.

-Bien, lançai-je en me relevant. À moins que tu aies besoin de moi ou que tu te rappelles de quelque chose d’important, je pense qu’il est l’heure pour moi de rentrer dormir… Chose que tu devrais faire également, tu dois en avoir grandement besoin.

En un même mouvement, j’attrapais mes affaires, reposant sagement sur le dossier de la chaise sur laquelle j'étais assise. Je rangeais soigneusement mon matériel à sa place, dans un recoin protégé de mon sac avant de me diriger, sourire aux lèvres, vers Garrett qui se trouvait toujours assis à sa place. Doucement, je déposais un tendre baiser sur sa joue avant de descendre vers ses lèvres.

-Douce nuit, inspecteur, murmurai-je avant de m’en retourner à ses lèvres pour prolonger un peu plus le moment avant de partir.

Garrett Catesby
Garrett Catesby
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Un matin comme les autres (En cours) - Page 2 EmptyMar 12 Juin - 10:44
Irys : 739858
Profession : Ex-Inspecteur
Daënar +2 ~ Alexandria (homme)
Donc elle n’avait jamais entendu parler d’elle ? Très bien, d’une certaine façon cela prouvait que la Siffleuse -a défaut de contrôler ses sauts d’humeur- était capable de rester discrète, Garrett était même surpris que la journaliste n’est pas entendu ne serait-ce qu’une rumeur sur la blondinette, après tout, c’était sans doute mieux ainsi. Croisant ses bras sur son torse, Catesby s’enfonça un peu plus dans sa chaise.

" Et bien, je n’en sais trop rien, et je ne lui demande pas, certaines fois elle se révèle être une aide précieuse, en particulier lorsque l’on souhaite savoir quelques choses. Mais je ne suis pas dupe, si elle se cache ainsi, c’est pour une raison, soit elle fait dans l’illégalité, soit, elle est gênante pour certains. "

Personnellement, il aurait plutôt penché pour la deuxième option, la Siffleuse savait que malgré un certain jugement un peu différent des autres, Garrett ne pouvait pas permettre qu’elle finisse comme son frère, donc pour éviter de finir comme lui, elle se tiendrait tranquille. Savoir des choses pouvait être dangereux, bien plus dangereux que de se promener avec une cible peinte dans le dos. Il y avait donc fort à parier que la mort de la blondinette permettrait à certains de dormir sur leurs deux oreilles, donc elle se cachait. La brunette se mit soudainement à repenser à ce fichu bal, et au fait qu’elle avait discuté avec Richard. Elle s’en voulait, mais comment aurait-elle pu savoir ? L’homme était comme tous les autres, et avoir des tendances psychopathes n’était pas forcément une chose que l’on pouvait voir sur un visage, non, il ne fallait pas qu’elle s’en veuille pour cela.

" Lauren, ne t’en veux pas, j’étais là aussi, il était sous mon nez. Nous n’étions pas allés à ce bal pour attraper un journaliste, mais bien Vurkilber, il aurait pu nous passer dix fois sous le nez que la chose n’aurait rien changé. "

Ce qui été fait pouvait difficilement être changé, il ne servait rien de remuer le passé, en ajouter des « si » à chaque pensée, avec des « si » on peut refaire le monde, mais est-ce pour autant utile ? Sûrement pas. Il profita que la conversation s’oriente de nouveau sur la Siffleuse pour balayer les dernières pensées concernant le bal et le blondinet pompeux.

" Elle sera sans doute ravie, du moins, j’imagine. Étrange ? Oui, j’aurais plutôt dit qu’il s’agissait d’un « foutu bordel », mais étrange fonctionne aussi. J’ai l’impression que plus les choses avancent, plus elles se complexifient. "

Et là, il fallait bien avouer que la brunette avait raison ? Quelle piste fallait-il suivre ? Laisser la Siffleuse recueillir des informations ? Tenter de le faire soi-même ? L’ancien inspecteur soupira, encore une histoire qui ne se finirait pas en quelques jours.

" Il est bien connu que j’ai une tête d’emmerdeur, mais… Fais attention, chercher des renseignements, c’est bien, mais il ne faudrait pas que tu finisses à devoir te cacher dans des ruines comme la Siffleuse. "

Devait-il la laisser partir ? Il n’en savait trop rien, même s’il n’avait pas vraiment envie. Il la laissa s’approcher.

" C’est ça, viens donc me forcer à me mettre au lit. "

Lorsqu’elle l’embrassa, presque dans un réflexe, Garrett vint placer ses mains sous les fesses de la brunette, la tira doucement sur lui pour la forcer à être plus proche de lui. Loin d’être un geste brusque, il s’agissait plutôt d’un contact doux, tout aussi doux que le baiser qu’ils partageaient.

Lauren Hill
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Un matin comme les autres (En cours) - Page 2 EmptyMar 12 Juin - 14:23
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Pérégrins +2
Si je m’en voulais pour Richard ? Oui et non, il me serait bien impossible de me décider… Après tout, nous ne savions que peu de chose lors de ce bal et Richard Reynaud n’était alors qu’un simple journaliste comme les autres, ni plus, ni moins. Comment pourrais-je m’en vouloir d’une chose sur laquelle je n’avais aucun pouvoir ? Néanmoins, cela n’enlevait pourtant rien au fait que Richard était présent lors du bal, qu’il s’était comporté d’une façon bien curieuse en comparaison de ses habitudes, chose qui m’aurait mis la puce à l’oreille si je n’avais pas été totalement absorbée par Anston… Je ne m’en voulais pas, je regrettais simplement de m’être laissée aveugler, même si, finalement, cela n’aurait probablement strictement rien changé à la suite des événements.

La mise en garde de Garrett m’arracha un sourire sincèrement amusé. Non pas que j’aimais le fait de m’attirer des ennuis, mais cela arrivait pourtant… Pas toujours, fort heureusement, néanmoins, je ne faisais pas le genre de métier où l’on se trouvait bien à l’abri dans un bureau à remplir quelques tâches administratives, comme certain l’aurait souhaité… Je savais parfaitement où je mettais les pieds et donc, je me montrerai aussi prudente que possible, même si l’on ne peut jamais réellement être à l’abri de quelques mésaventures. Mon métier comprenait forcément quelques risques, tout comme le siens. Ne jamais utiliser mon véritable nom pour mes articles, me faire payer en liquide sans jamais apparaître sur aucun registre du personnel, représentaient également un moyen de préserver ma sécurité, même s’il s'était déjà avéré que, les choses se compliquaient sans que l’on ait pu le prévoir.

Je préférais garder tout cela pour moi, évidemment. Généralement, les gens acceptaient assez mal cette facette-là de mon métier. On me jugeait téméraire, imprudente… Comme s’il me fallait me trouver au bord du gouffre pour me sentir vivante. Il n’existait pourtant rien de plus faux, et même je pouvais concevoir, peut-être même comprendre leur point de vue, eux parvenaient très rarement à comprendre le mien. Je ne m’en formalisais pas, à quoi bon après tout ? Je préférais seulement éviter le sujet afin de m’épargner quelques conversations qui n’apportaient jamais rien de bon.

Et puis… Ce n’était pas vraiment le bon moment. Je ne comprenais pas réellement comment les choses aboutissaient ainsi entre nous. Une simple attirance, une envie soudaine, autre chose ? Je n’en savais strictement rien et je préférais ne pas y penser.

-Te forcer à te mettre au lit? relevai-je en haussant un sourcil en affichant une moue taquine avant de murmurer doucement à son oreille :Tu ne voudrais pas non plus que je te borde, si ?

J’accompagnais mes murmures d’un baiser sur le coin de sa mâchoire avant de m’en retourner à ses lèvres. Le fait est que j’appréciais ces moments-là avec lui qui me semblaient de plus en plus naturel, malgré quelques maladresses. Il était bien étrange de constater que nous nous comprenions bien plus facilement gardant le silence qu’en parlant… Les mots paraissaient bien inutiles dans ces moments-là, presque de trop.

J’aimais simplement sentir ses lèvres sur les miennes, tout comme j’aimais sa façon de me ramener vers lui, en une étreinte qui se faisait toujours plus douce. Je me laissais donc aller contre lui, relâchant les affaires que je tenais encore pour pouvoir l’enlacer à mon tour. Il n’y avait là aucun empressement, simplement une bien étrange tendresse venant de je ne sais où et qui avait le don de me faire perdre tout sens de la réalité pour ne voir que lui.

Garrett Catesby
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Un matin comme les autres (En cours) - Page 2 EmptyVen 15 Juin - 11:44
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En réalité, il ne voulait pas que Lauren parte, il ne voulait pas se retrouver seul, pas maintenant. Il avait passé tellement de temps dans une certaine forme de solitude, qu’il avait oublié la sensation des caresses, des baisers… La sensation même de pouvoir avoir une relation avec quelqu’un, autre qu’une simple relation professionnelle stagnant au stade du bonjour-au revoir. Bon, il ne se voyait pas encore prendre un repas avec la belle-famille. Même si vu certaines insinuations

" Mh… C’est une option. "

Répondit-il dans un souffle, souffle qui se glissa dans le creux du cou de la brunette. Ses gestes se faisaient naturellement, un peu comme s’il avait toujours su quoi faire, et surtout à quel moment il fallait les faire.

Toujours contre les lèvres de la journaliste, ses mains glissèrent doucement sur ses hanches, les laissant alors errer jusqu’au bas du chemisier de celle-ci et d’en ouvrir avec précaution les premiers boutons. Il s’arrêta alors à la moitié du chemisier, glissant ses mains dans l’ouverture, flattant d’abord le plat du ventre de la brunette. Ayant quitté ses lèvres l’ombre de quelques secondes, il en profiter pour venir déposer quelques baiser sur l’angle sa mâchoire, puis descendre lentement dans le creux de son cou.

Il était cependant possible d’apercevoir une petite lueur taquine dans le regard de l’ancien inspecteur, une chose assez rare, suffisamment pour le souligner. Signe qui prouvait que la brunette avait de l’importance à ses yeux. Il ne parvenait pas à mettre un mot sur cette relation, disons qu’il sentait comme une sorte de connexion avec elle, parfois, il lui suffisait d’échanger uniquement un regard avec elle pour la comprendre.

Pour le moment, il était clair que leur relation était bien mieux que le jour de leur première rencontre, au moment où lui pensait qu’elle n’était juste qu’une foutue journaliste inutile, et où elle pensait qu’il n’était qu’une brute de décoffrage. Au final, tous les deux, s’étaient fourvoyés sur l’autre.

Il aimé profiter de chaque seconde lorsqu’il était contre elle, ne sachant pas combien de temps ce contact pouvait durer, ou tout simplement s’il y en aurait d’autre. Lauren finirait par devoir quitter la ville, changer de lieu de vie et trouver de nouvelles choses sur lesquelles il était possible d’écrire des articles.

La ville n’avait pas vraiment les moyens d’apporter grand-chose, si ce n’est de nouveau crime et de nouvelle enquête. Bien que, si jamais cette histoire se révélait être une affaire de corruption comme Garrett le pensait, elle aura l’opportunité d’écrire un article incendiaire, même s’il ne la laisserait sans doute pas faire.

Lauren Hill
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Un matin comme les autres (En cours) - Page 2 EmptySam 16 Juin - 9:02
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Profession : Journaliste / Reporter / Romancière
Pérégrins +2
Un baiser après l’autre, toujours plus doux, plus profond. Une invitation sous forme de caresse provoquant une série de frissons chargés d’électricité s’insinuant malicieusement jusque dans ma colonne vertébrale. Une lueur irrésistible dans ses yeux couleurs chêne qui m’éveilla tout autant que le contact de sa peau sur la mienne. Il n’en fallait guère plus pour perdre pied, pour me faire oublier tout, jusqu’aux raisons qui m’avaient conduite jusqu’à lui ce jour-là. L’affaire avait beau être grave, en cet instant, je n’en avais que faire. Seul Garrett comptait, tout comme mon envie de me perdre avec lui une fois encore. Ses baisers me coupaient toute envie de réfléchir, de me noyer dans quelques pensées empreintes de doute. Ses caresses m’ôtaient toute inhibition. Ses regards achevaient de briser doucement toutes les barrières qui s’étaient érigées depuis longtemps autour de mon cœur le faisant battre à un rythme bien plus rapide que d’ordinaire.

Garrett comptait évidemment pour moi, sans quoi, jamais je ne me serais préoccupée de son sort. À notre rencontre, il n’était qu’un gradé de la milice alexandar au caractère discutable aimant l’abus de pouvoir. Ses propres barrières m’apparaissaient à présent, bien qu’elles toute aussi floues que la nature de mes sentiments pour lui. Je n’en savais pas plus quant à la nature des siens, bien que je me sentais unique dans ses bras, mais peut-être n’était-ce pas le cas pour lui. Je ne saurai dire, et puis… Pour l’heure, tout cela n’avait aucune espèce d’importance.

Baignée dans toutes ces douces sensations, je me laissais aller à l’imiter. Lui rendant chaque baiser, chaque caresse jusqu’à passer mes mains sous sa chemise pour parcourir lentement les courbes de ses muscles encore invisibles car cachés sous un tissu qui était alors de trop. Calquant mes gestes sur les siens, j’entrepris de déboutonner chaque barrière nacrée, du bas vers le haut jusqu’à ce que plus aucun bouton ne barre la route à mes baisers. Je laissais la chemise glisser lentement le long de ses épaules aussitôt recouvertes de mes baisers.


*****


Je passais donc la nuit avec lui, m’éveillant bien après le soleil, allongée tout contre Garrett. Soupirant d’aise, je plaçais ma tête dans le creux de ses épaules, posant une main lasse sur son torse. Je ne pourrais pas m’attarder, la journée qui se profilait devant moi allait être chargée et difficile. Pourtant, je n’avais nullement envie de me presser, simplement pour profiter encore un peu de cet instant de paix. Le calme avant la tempête, disait-on. À croire que rien ne pouvait jamais être aussi simple que ce moment.

Lovée contre lui, mon esprit était pourtant déjà ailleurs, remettant en place les idées de la veille afin d’organiser ma journée. Me rendre au journal le plus tôt possible afin de rencontrer Klaus, le seul archiviste à qui j’accordais ma confiance, et de le charger de ces recherches pour moi. Il fallait se montrer réaliste, le temps nous manquait, et même si je préférais faire ce genre de chose moi-même, je n’aurais d’autres choix que de déléguer. Il me fallait ensuite contacter mon mentor, Edwin Bax, aujourd'hui retraité, certes, mais qui continuait pourtant à garder les yeux et les oreilles grands ouverts sur le monde. Ed affectionnait tout particulièrement ce genre d’affaire, alors peut-être aurait-il quelques idées, quelques informations à me fournir. Restait aussi Alexander Todenhöfer, un ancien collègue et ami travaillant pour le journal “La presse”, ses méthodes ressemblent aux miennes à s’y méprendre, rien de plus logique puisque nous avons longtemps travaillé ensemble.

Je n’ai jamais joué aux échecs, les parties sont bien trop longues, et même si la stratégie y est évidente, elle se situe bien loin de la réalité. Pourtant, cette fois, nous n’avions d’autres choix que de placer nos propres pions, mes collègues se renseigneront au sujet du commissaire, de ses relations haut placées, de ses propres méthodes.

Tout en réfléchissant, j’expliquais mon plan à Garrett.

-Je me demande, soufflai-je en redressant légèrement la tête afin de pouvoir le regarder les yeux sans pour autant m’éloigner de lui.Aurais-tu quelqu'un susceptible de fouiller les archives de la milice à la recherche de quelques affaires classées sans suite ? Des corps retrouvés présentant les mêmes caractéristiques, par exemple. S’il fait les choses proprement, il serait étonnant de trouver quelques choses, mais personne n’est à l’abri d’une erreur.

Le reste de la journée serait consacré aux bas-quartiers. Il y avait là aussi plusieurs cartes à jouer. La Siffleuse avait beau avoir des yeux partout, les miens pouvaient s’avérer tout aussi efficaces et souvent bien plus discrets.

-Pour cette partie, écoute les conseils de ton amie et fais profil bas. Il ne faut pas que tu mettes un pied dans ces quartiers. Je m’y rendrais seule, ou peut-être demanderai-je à Phil de m’y escorter. Il les connaît mieux que moi, après tout.

Bientôt, la rumeur d’une agitation lointaine accompagna les rayons de l’astre qui se faufilaient sournoisement à travers les rideaux, signe que la journée débutait sans moi. Je ne pouvais dores et déjà plus m’offrir le luxe de traîner au lit, même si j’aurai pu rester ainsi un peu plus longtemps sans m’ennuyer. Poussant un soupire lasse comme pour lutter contre ma paresse, je me redressais en poussant mollement les couvertures pour me libérer de ses douces entraves.

-Je te retrouverais dans la soirée, lui lançai-je après un baiser fugace. Avec, je l’espère, quelques éléments supplémentaires. En espérant aussi ceux-ci apportent plus de réponses que de questions. Il est aussi possible que mon père puisse nous aider, avec sa manie d’observer la haute… Peut-être devrais-tu passer le voir. Étant ton avocat, il n'y aurait rien d'étonnant à te voir avec lui.

Garrett Catesby
Garrett Catesby
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Un matin comme les autres (En cours) - Page 2 EmptyMar 19 Juin - 9:24
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Daënar +2 ~ Alexandria (homme)
Se réveiller à côté de quelqu’un avait quelque chose d’agréable, peut-être une des choses les plus agréable que Garrett avait connu. Contre lui, il pouvait sentir le corps de la brunette, ses mèches de cheveux chatouillant son cou, sa respiration glissant dans un souffle chaud le long de son torse. Sentir sa main était aussi agréable, même s’il ne comprenait pas pourquoi il pouvait sentir ses muscles se contracter sous celle-ci, un peu comme s’il ne parvenait pas à les contrôler et qu’il s’agissait d’une réponse direct de son corps.

L’ancien inspecteur restait silencieux, ne sachant pas, et redoutant le moment ou la journaliste devrait lui annoncer qu’elle ne pourrait pas rester plus longtemps. Cela, il le comprenait, et au vu de la situation, il aurait été déplacé de vouloir rester là, même si au fond de lui, il en avait terriblement envie. Elle semblait pensive, et lui aussi l’était. Dans son esprit, Garrett essayé de faire correspondre les différentes idées qu’il avait, et trouver une façon d’agir sans se retrouver avec plus de problèmes qu’il n’en avait déjà. La chose n’était pas forcément simple, difficile de se mettre dans la tête qu’aujourd’hui, et que pour les prochains jours à venir, il allait devoir faire profil bas et ne pas réagir à la moindre provocation. Tout simplement parce qu’aujourd’hui, il n’était qu’un type avec un flingue, s’il lui prenait la fantaisie de tirer un coup de feu en l’air, aucune plaque ne pourrait venir justifier la chose, on le prendrait simplement pour un fou.

En entendant la brunette, il tourna légèrement la tête, elle était si près de lui que dans ce mouvement, ses lèvres frôlèrent doucement les siennes.

" Peut-être. Difficile de te donner une réponse, mes propres hommes me considèrent à présent comme un criminel alors… Il y en a peut-être un, un qui est venu me dire qu’une « belle brunette » était en train de payer ma caution, et que j’allais pouvoir sortir. Il m’a aussi dit que j’avais encore des amis au sein de la milice. Mais, le doute est présent, s’il s’agit d’une tactique comme une autre pour me piéger, ça sera efficace. "

Oui, il y avait bien ce milicien, il le connaissait depuis maintenant quelque temps, c’était presque un petit nouveau dans le métier. Mais voilà, déjà que Garrett n’était pas vraiment du genre à faire confiance à des gens, autant dire que maintenant la chose était encore plus difficile.
Voir Lauren aller toute seule dans les bas quartiers ne lui plaisait pas, certes, le jeune clerc du nom de Phileas lui avait fait bonne impression la première fois, mais aucun des deux n’était représentant de la loi, en cas de problème, ils seraient considérés comme le reste de la plèbe. Si lui pouvait l’accom… Ah, même lui à présent était inutile pour ce genre de protection.

" Disons que je comptais écouter la Siffleuse sur le fait de ne pas chercher la blondinette à bouclettes, mais je voulais tout de même me rendre là où Yoren s’est fait démolir, juste pour voir un peu le coin… Et c’est peut-être un endroit où je trouverais ce dit milicien qui est soi-disant mon ami. Dans le pire des cas, on me verra rôder et on me mettra une nouvelle fois au trou. Mais vu que finir derrière les barreaux semble une méthode efficace pour passer du temps avec toi, je trouve cela presque tentant. "

La petite boutade était sortie toute seule, visiblement, en compagnie de la journaliste, il se sentait animé d’élans comique. Elle avait aussi raison de mentionner William, Garrett pouvait très bien lui rendre une petite visite de courtoisie, une simple petite entrevue entre un avocat et son client. Cela faisait donc une journée plutôt bien chargée.

" J’irais le voir oui, puis s’il demande si nous nous sommes bien tenus, je dirais que oui. "

Il se redressa à son tour, déposant un baiser dans le cou de la jeune femme, écartant au préalable quelques mèches de cheveux.

Lauren Hill
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Un matin comme les autres (En cours) - Page 2 EmptyMar 19 Juin - 21:19
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Pérégrins +2
Avoir un allié au sein même de la milice revenait à avoir un atout de taille dans la manche. En plus de pouvoir fouiller les archives, comme je l’avais formulé plus tôt, celui-ci pourrait également être nos yeux et nos oreilles aux côtés du commissaire. Mais peut-être était-ce trop espérer après tout, Garrett soulignait un point intéressant mais néanmoins inquiétant. Je frémis à l’entente du mot piège alors que la mention de l'acquittement de la caution m'eût porté à sourire bien malgré moi. Je ne me sentais nullement confiante quant au déroulement de cette affaire, tout comme le fait de le laisser seul, même si ce n’était que pour quelques heures et surtout pour son bien. Malgré tout, j'évitais de lui montrer mes doutes, Garrett n’avait nullement besoin de cela. Je me devais d’être un soutien et je veillerai à assumer ce rôle jusqu’au bout, sans jamais rien lâcher, comme à mon habitude, jusqu’à ce qu’il soit lavé de tout soupçon et que sa plaque d’inspecteur n’ai regagné sa digne place. Au lieu de cela, je préférais lui offrir un sourire taquin afin d’apaiser quelque peu l’ambiance qui s’était alourdie à l’instant même où j’avais évoqué le déroulement de la journée.

-Tiens donc, c’est donc une “belle brunette” qui a payé ta caution, voilà qui est intéressant, plaisantai-je, comme pour manifester mon ignorance sur le sujet.

Évidemment, je savais très bien que mon petit jeu ne trompait personne. J’étais bien présente lors de sa libération et je me doutais bien qu’il ne devait pas y avoir énormément de femme ayant les moyens de payer un tel montant dans son entourage... Quoique, je ne savais rien. Néanmoins, c’était plus fort que moi. Je ne voulais pas qu’il y ait une histoire d’argent entre nous, ne pouvant m’empêcher de penser que ces moments partagés y étaient liés. Voilà pourquoi j’insistais sur le fait qu’il n’existait aucune dette dont il devrait s’acquitter.

Je me tournais brusquement vers lui lorsqu'il parla de se rendre sur les lieux du crime. L’idée me semblait mauvaise, sinon dangereuse.

-Il y a de bien meilleures façons pour passer du temps avec moi. D’autant qu’il sera bien plus difficile de te faire sortir de cette cellule si jamais tu y retournes. Alors, à moins que tu ne trouves la compagnie de tes compagnons de chambre à barreaux soit plus agréable que la mienne, évite d’y retourner… Bon après, loin de moi l’idée de juger tes préférences en la matière, je ne pourrais pas rivaliser face à un voleur couvert de poils et de tatouages, le taquinai-je gentiment avant de déposer un nouveau baiser sur ses lèvres.

Malgré toute son influence, William avait eut quelques difficultés à faire entendre raison au juge Eisenmann n’était pas un homme des plus compréhensif, ni même patient d’ailleurs. Mon père ne l’appréciait guère et je n’étais pas rassurée de savoir que ce serait cet homme-là qui devrait juger l’affaire si Garrett n'était pas mis hors de cause.

Un frisson me parcourut la colonne vertébrale tandis que les lèvres de Garrett se posèrent délicatement sur ma nuque. Il n’en fallait guère plus pour me donner aussitôt l’envie de replonger dans ses bras, même si nous n’avions pas le temps pour cela. Malgré tout, je ne pus retenir un soupir satisfait avant de me tourner pour chercher de nouveau à prendre possession de ses lèvres, profitant ainsi d’un nouveau baiser avant de me lever avec empressement afin de ne pas me laisser tenter par l’idée de m’attarder encore un peu...

-S’il te le demande, c’est qu’il sait que ce ne sera pas le cas, lançai-je en m’emparant de mes vêtements étalés sur le sol encombré de sa chambre. Espérons qu’il ne ne pose pas de question...

J’avais beau me ficher de l’avis de ma famille, je connaissais assez mon père pour savoir qu’il s’agissait parfaitement du genre de relation qu’il aurait bien du mal à accepter. Et ne sachant pas réellement quel nom donner à celle-ci pour la qualifier, je préférais éviter de voir ma famille y mettre son grain de sel, en particulier Denise et ses avis bien arrêtés.

Ce n’était pas le moment de m’inquiéter pour tout cela, une journée chargée m’attendait et plus tôt cela réglé, plus tôt je pourrais le retrouver. À présent habillée, je retournais brièvement auprès de lui, juste le temps de quérir un nouveau baiser.

-Je te retrouve ce soir, soit sage en attendant, murmurai-je à son oreille avant de disparaître.


*****



Après un bref passage à mon hôtel pour quelques raisons évidentes, je me rendis aux locaux de La Tribune. Comme prévu, je n’eus aucune difficulté pour convaincre Klaus de faire quelques recherches pour moi. Petit, le front dégarnis et la chevelure quasi-absente déjà poivre et sel malgré sa trentaine d’années, l’archiviste savait se montrer consciencieux et tenait à l’exposition de la vérité tout autant que moi. Et puis, malgré tout, personne au journal ne lui accordait son attention, simplement parce que ces idiots aimaient jouer avec les castes sociales et professionnelles, accordant une importance des plus déplacée à des différences qui n’avaient pas lieu d’être. Tant mieux pour moi, dans le cas présent tout du moins, car en plus d’être invisible aux yeux des rédacteurs et journalistes, Klaus était aussi muet qu’une tombe lorsqu’il s’agissait de garder un secret. Inutile de vous dire que je n’éprouvais nullement l’envie de voir l’un de mes chers collègues s’emparer de l’affaire.

Je me rendis ensuite chez mon ami Edwin Bax, espérant l’y trouver. Une bien belle erreur en réalité, surtout lorsque l’on connaît l’homme. Ed appartenait au genre “aventurier” et n’avait jamais su tenir en place et ce n’était visiblement pas sa retraite qui allait le changer. Son domestique me renvoya donc vers l’un de ces clubs masculins que les hommes de la haute société aimaient fréquenter à toute heure. Ils s’y retrouvaient entre eux, autour d’un verre de brandy ou d’une tasse de thé pour discuter de politique ou tout autre sujets qu’ils semblaient affectionner.

Mon père aimait d’ailleurs ce genre d’endroit, car il assurait une certaine proximité avec nombre de personnes influentes. Les membres étaient tous triés sur le volet, afin de ne pas ternir l'honorable réputation de ce genre d’établissement. L’on ne risquait pas d’y croiser Anston Vurkilber par exemple, même si ses “goûts particuliers” et son affection pour les drogues n’avaient dû faire écho au milieu de ces salons luxueux, son oncle y avait veillé… Néanmoins, personne ne pouvait être à l’abri des rumeurs et racontars, le neveu du gouverneur alexandar n’y avait donc pas échappé, même si celles-ci se trouvaient bien loin de la réalité.

-Ren? Mais quelle surprise !s’écria Edwin en m’apercevant devant le bureau de la réception avant de venir m’enlacer. Cela fait longtemps que je n’ai pas eut le plaisir de te voir. Comment te portes-tu?

-Je vais bien, je te remercie. Tu as l’air en forme.

-On ne peut mieux, comme tu peux le voir. Mais je suppose qu’il serait trop beau d’espérer que tu es seulement là pour rendre visite à ton bon vieux mentor...

-J’aurais bien évidemment préféré que ce soit pourtant le cas,soupirai-je en plaçant mon bras sous le sien avant de l’entraîner à l’extérieur. Néanmoins, tu as raison, il ne s’agit pas d’une simple visite de courtoisie.

Une fois bien à l’abri dans un café encore désert, j’entrepris de lui raconter toute l’histoire. Inutile de tourner autour du pot sur un fond de souvenirs d’antan. Edwin était comme moi, ou plutôt étais-je comme lui. Au fil des années, bien malgré moi, l’ancien reporter avait su me façonner à son image, si bien qu’il était devenu une sorte de second père pour moi.

-Je vois, dit-il à la fin de mon long monologue en déposant sa tasse de café à présent vide. Si j’en suis ton raisonnement, tu penses que ton ami dérangerait plus de monde que cet idiot de commissaire.

-C’est l’une des possibilités, en effet. En réalité, je ne sais pas encore quoi penser.

-A propos de l’affaire ou de cet inspecteur mis à pied?

-Que veux-tu dire ?lui demandai-je en haussant un sourcil face à cette question bien étrange tout en m’emparant de mon calepin et de mon stylo afin de prendre des notes. Tu sais quelque chose ?

-Je sais que Catesby était très apprécié par Daniel Foster, l’ancien commissaire. C’était un très bon ami, il est mort il y a plusieurs mois, une perte regrétable, déclara-t-il en prenant une mine sincèrement attristée.En revanche, il n’a jamais supporté Henker, ton commissaire. Il le jugeait opportuniste et si Catesby utilise disons… quelques méthodes douteuses, ce n’est pas un homme que l’on peut acheter, contrairement à Henker. Foster s’est opposé à sa nomination et avait même commencé à monter un dossier sur lui et ses suppositions le concernant. On l'a retrouvé mort, chez lui, quelques temps plus tard et toutes ses recherches disparues...

-Tu penses que c’est lié ?

-Je pense que le hasard n’hésite pas. Je pense que certains avaient tout intérêt à placer ce genre de pion au sein même de la milice et l’approche des élections au poste de gouverneur… Les esprits s’échauffent et certaines choses doivent disparaître.

-Comme quoi ? demandai-je, intriguée.

Edwin avait le don d’éveiller ma curiosité. J’avais eut raison de venir le voir, je savais bien que ses vieux yeux aiguisés me serviraient. Malgré mon âge et ma propre expérience, me retrouver face à cet homme me rappelait qu’il me restait tant de choses à apprendre.

-Et bien, notre gouverneur, par exemple, cherche à occuper le poste de primo-gouverneur, avant de continuer sa progression... Il lorgne la place d'OMeara depuis des années, il n'y a donc pas de place pour la moindre tâche sur son propre dossier. Néanmoins, l'homme ne manque certes pas d'ambition, mais ne veut pas pour autant quitter des yeux Alexandria et ses richesses...

-Tu penses qu’Anston se présentera aux élections ?

-Je pense que l’idée lui a effleuré l’esprit… Du moins jusqu’à ce que certaines personnes éveillent certaines rumeurs sur lui. Le gamin représentait un atout intéressant. Il est de la famille, tellement perdu et dépendant de sa saloperie qu’il en était rendu au rang de gentil petit toutou manipulable. Mais je doute qu’il n’ai pas porté son dévolu sur un autre pion, seulement, je ne sais pas encore qui…

-Et… penses-tu pouvoir te renseigner ?

-Evidemment, lâcha-t-il avec un sourire carnassier.Sur cela et bien plus encore. Ren, je suis vieux et à la retraite, je m’ennuie comme un rat mort délaissé par les vers. Tu m’offres une occupation de choix et que ne ferai-je pas pour toi?

J’accueillis sa réponse avec un immense sourire ampli de soulagement. Je pouvais lui faire confiance pour fouiller, creuser jusqu’à trouver les détails qui nous manquaient. Cet entretien terminé, j’avais presque envie de courir jusqu’à chez Garrett afin de lui rapporter les dernières nouvelles. Discuter ainsi avec Edwin m’avait rassuré, assez pour me galvaniser et je quittais le café avec quelques pages noircies par toutes les informations récoltées. Celles-ci ne tardèrent pas à me donner quelques idées, de nouvelles pistes qu’il me faudrait explorer.

C’est donc le coeur un peu plus léger, que je me dirigeais vers les bureaux de La presse afin rencontrer mon ami Alexander...

Havelock Glorka
Havelock Glorka
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Un matin comme les autres (En cours) - Page 2 EmptyJeu 21 Juin - 20:30
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Daënar +2 ~ Alexandria (homme)
Clop. Clop. Clop.

Le bruit sec de la ma canne résonne sur la pavé alors que la silhouette du poste de la milice se découpe dans la lumière décroissante de la journée. Derrière moi, deux subordonnées se glissent tels des ombres, silencieuses, adaptant leur pas à mon rythme lent et difficile suite à cette blessure à la jambe qui tarde à guérir. Je ne m'en plains pas. Je me plains rarement. L'infirmité fait toujours un certain effet sur les gens : malaise, peur ou indifférence. Un moyen comme un autre de percer à jour les pensées profondes d'autrui. Devant l'établissement, quelques journalistes attentent, discutant parfois entre eux, sautant sur leur jambes au moindre mouvement du côté de la porte. Étrange. Il n'est sûrement plus à l'intérieur. Catesby a manifestement réussi à semer les vautours. Dommage. Je me serai volontiers passer d'une entrée remarqué. Car quand je fends les badauds et le cordon de journaliste, encadré par mes deux associés, je ne passe pas inaperçu. Dans mes vêtements amples dissimulant ma carrure, mon visage dans l'ombre d'une capuche, une canne en main ; on s'interroge. Qui suis-je ? La réponse est simple. Je ne suis personne.

Un journaliste plus téméraire que les autres tente une question. Il est rapidement intercepté par mon collègue sur ma gauche, son visage dur et son absence total de sympathique dans ses traits tuent la question dans la gorge du gratte-papier. Il fait office d'avertissement ; le silence fait la loi dans la rue. Car la loi est arrivé. Ou la Justice. Ou quelque chose de bien plus subtile. Les quelques marches sont pour moi une épreuve. La douleur à ma jambe se fait plus précise, ma main se fait plus ferme. Il y a toujours la peur que la canne dérape et que ma dignité finisse à quatre pattes sur le sol. Ce ne sera pas pour cette fois. Le pas un peu tremblant par l'effort, je m'engouffre dans le bâtiment, mes assistants sur mes talons.

Les lieux sont comme je me l'imaginais. J'ai été milicien pendant un certain nombre d'années et je ne pense pas avoir fait tous les postes de la capitale, mais il est compliqué de faire bien différent quand les fonctions sont les mêmes. Des bureaux, des chaises, des tableaux, du papier, de la saleté et une odeur rance de transpiration mêlé à d'autres effluves encore moins enviables. On est bien dans un poste de la milice. Il n'y a que sur le plan des versos qu'on peut se permettre de sentir bons les fleurs. Le crime s'y habille en smoking. Aussitôt entré, mes deux collègues se déploient. Il savent tout de suite ce qu'ils doivent faire et alpaguent les premiers miliciens à portée de main, lâchant d'une voix sèche leur demande.

-Le bureau de Catesby. Son casier, tout ce qui le concerne. Maintenant.
-Mais … ?
-Qu'est ce qui se passe ici?!

Cette dernière voix, prononcé suffisamment fort, est celle du commissaire des lieux, maître à bord et dépositaire de l'autorité suprême dans ce bâtiment. Jusqu'à maintenant. Je m'avance dans ma direction, rejetant ma capuche en arrière avec ma main tuméfié. La douleur est plus grande que dans ma jambe. Même inerte, la douleur existe toujours. Lancinante.  Parfois aigu, parfois légère. Je vis avec. Elle me rappelle ce que je suis. Mon visage inexpressif et mes yeux alertes derrière mes verres fumées, je fixe du regard le commissaire. Toujours regarder le regard. Que cherche-t-il en moi ? Mon visage. Ma canne. Ma jambe. Ma main. Aaah. Il tique une seconde de trop sur ma main difforme. Le rictus de dégoût déforme son visage un instant de trop. Tu es ainsi fait, mon gaillard. J'esquisse un sourire pincé. Je ne m'en amuse pas particulièrement, mais un sourire ne passe pas non plus inaperçu pour la majorité des gens. Et un sourire peut tellement être interprété de façon différente qu'il en devient une grenade lancée à l'aveugle dans la psychologie d'un homme qui se voit agresser dans ses propres terres. Il va ouvrir la bouche et je l'interromps aussitôt.

-Agent Glorka. Services internes.

Le commissaire pâlit légèrement. Il est rare de croiser la route de mon service et lorsque c'est le cas, ils n'en ressortent jamais rien de bon. On ne se déplace pas pour rien, généralement. Il y a tant à faire dans le reste de la région pour être partout à la fois. Ça, c'est le boulot de la milice. C'est surtout ma voix qui doit le surprendre. Assez basse, venant du plus profond de mes poumons, comme si je manquais d'air. Ma respiration est rauque et perçois un petit sifflement à chaque inspiration. Je n'ai pas les poumons en bon état non plus. Mais ça la don de destabiliser davantage.

-Enchanté.

Mon ton est sec. Réflexe conditionnel, il tend la main droite tout en répondant de même. Je laisse passé une seconde. La seconde de trop pour le faire douter, ma propre main droite restant solidement sur ma canne. Je tends l'autre, la gauche. Il est surpris. Et bien, commissaire ? Vous l'annez tout de même pas privé un boiteux de son seul appui ? Il tend son autre main, trop rapidement pour se rendre compte qu'il se met à serrer mon membre blessé, amas de chair et d'os quasi inutilisable. Le sentiment au toucher est horrible. J'en ai fait l'expérience. Le commissaire n'échappe pas à la règle.

-Amenez moi dans votre bureau, voulez-vous ?
-Euuh... oui, bien sûr !

L'ordre est passé inaperçu, mais sans l'esprit de tous ceux qui ont assistés à la scène, je domine l'échange. Il est étrange de se dire qu'il y a encore quelques mois, je ne connaissais pas ces petites connaissances permettant d’asseoir sa position sur autrui. Quand on est bien éduqué, tout peut se produire. Quittant la salle principal, j'avise mes associés convergeant vers les objets de leur demande.

Son bureau est certainement la pièce la plus propre et la mieux rangé de tout le bâtiment. On pourrait même douter qu'elle ait servi un jour à réaliser un travail quelconque. Sans m'y faire inviter, je m'approche de la chaise en face du fauteuil du commissaire, m'abandonnant presque dessus et n'hésitant pas à lâcher un soupir de soulagement. Je tends ma jambe blessé, manquant de peu à faire trébucher le commissaire qui se diriger vers son fauteuil. Il s'y installe rapidement,  frottant ses mains nerveusement et clignant abondamment et des yeux. Son regard a du mal à se fixer sur moi tandis que je le dévisage sans une once de répits.

-Que … que puis-je faire pour vous, agent Glorka. Je … je ne comprends pas le sens de … votre visite...

Je passe ma langue sur mes lèvres gercées et je lâche un sourire entendu.

-Commissaire. Voyez vous, il est important au sein de mon service d'être au courant de tout. C'est ainsi que nous avons appris la mort du dénommé...

Je fais mine d'avoir oublier son nom alors que mon discours a été peaufiné comme du papier à musique.

-Yoren.
-Ah ! Lui !
-Oui. Évidemment, cette affaire relève de la milice et nous n'avons pas réagi outre mesure.
-Oui... bien sûr !
-Plus tard, nous avons appris, grâce à une enquête sûrement mener d'une main experte et avec un talent des plus grand inspecteurs que l'auteur de ce crime avait été arrêté.

Le masque du commissaire commence à se décomposer. Il voit où je veux en venir. Mais je ne grille pas les étapes.

-Nous nous sommes dit que c'était là une bonne chose que la milice prouvait à tous sa capacité à réagir vite et à boucler cette affaire de la plus belle des manière. Quel a été notre horreur d'apprendre que l'auteur de ce crime était un membre de la milice. Quel image pour nos forces de l'ordre. Mais ainsi, représenter l'autorité ne nous permet pas de fuir nos responsabilité. N'est-ce pas ?
-Oui... naturellement.

Instant de silence. Je fronce les sourcils, soucieux. Je ne le suis pas en réalité.

-Plus tard, nous avons été étonné que William Hill, éminent avocat reconnu dans tout Alexandria prenne la défense de ce cas. Où monsieur Catesby a trouvé les moyens et l'influence de faire appel à une telle sommité ? Peu importait, puisque un avocat ne peut pas faire grand chose contre un dossier ficelé de main de maître.
-C'est … c'est à dire que....
-Et aucun juge en ce monde ne libérerai un suspect que tout accable, non ?
-Je vois ce que vous voulez …
-Alors, qu'elle a été notre surprise de constater que le juge Eisenmann  n'a pas mis longtemps à accepter une demande de libération conditionnelle. Je veux bien croire que Maître Hill est talentueux, mais que pouvait-il faire contre … votre enquête ?

L'ambiance est petit à petit devenu irrespirable. Enfoncé dans son fauteuil, le commissaire a eu tout le temps de prévoir l'arrivée de ce moment. Celui o|u les accusations tombent sans pitié. Je ne souris plus. Intimidant derrière mon vissage inexpressif, j'assène les évidences grossières d'une enquête qui n'en est pas une.

-Commissaire, accuser un milicien est une chose qui entache la réputation de toute l'institution. Accuser sans preuve solide est un crime envers toute la profession. Et je sais de quoi je parle puisque j'ai été milicien.

Détail qui a son importance. Il y a encore un an, j'aurais été de ceux qui auraient courbé l'échine devant le commissaire. Aujourd'hui, je suis au delà de ça. Au delà de milice. Mon intérêt importe peu. L'intérêt commun prime.

-Mais surtout commissaire, bâcler une enquête est une trahison envers le peuple Daënastre.
-Mais... mais je n'ai jamais bâclé...
-Bien sûr commissaire. Je vous fais confiance.

Sourire mielleux. Mon ton était accusateur, mais je ne l'ai jamais accuser formellement. Il reprend un instant confiance. J'assène le coup de grâce de ce premier round.

-Apportez moi le dossier. Je vais vérifier la solidité de votre enquête exemplaire. J'ai hâte de découvrir ce qu'à dit le suspect lors de son interrogatoire.

Garrett Catesby
Garrett Catesby
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Un matin comme les autres (En cours) - Page 2 EmptyVen 22 Juin - 18:46
Irys : 739858
Profession : Ex-Inspecteur
Daënar +2 ~ Alexandria (homme)
Elle pouvait plaisanter sur cette histoire de belle brunette et de caution payée, mais Garrett était loin d’être dupe. Le moment venu, il lui rendrait l’appareil, bien qu’il ne pensait pas vraiment devoir payer un jour pour faire Lauren de cellule. La journaliste n’était pas du genre à garder sa langue dans sa poche, mais de là à finir au trou. Cependant si telle chose devait arriver, il serait là pour l’aider.

" Tu sais, je ne pense pas retourner en cellule tout de suite, si tout se passe bien, je serais certainement mis à pied pendant quelque temps. Suffisamment longtemps pour que la plupart des miliciens reprennent leur petite vie tranquille et fassent leur boulot à moitié. Mais visiblement, dans cette ville, faire les choses à moitié semble convenir à la plèbe. "

Il suffisait d’être un inspecteur un peu trop efficace pour se voir attribuer un rôle de perturbateur, le genre de type que l’on ne peut pas acheter, qui ne respecte pas non plus la hiérarchie, et qui de manière plus générale, possède une tête d’emmerdeur. Enfin, il était inutile de penser à cela, il fallait se contenter d’aller de l’avant, ou du moins essayer d’aller de l’avant. Pour le moment, Garrett était surtout animé par l’envie de tirer la brunette sur lui et de retourner dans la douceur des couettes, quitte à perdre à temps précieux dans cette enquête.

" Espérez, c’est bien la seule chose qu’il nous reste. "

Donc il faudrait croiser les doigts concernant William, de toute manière, il ne comptait pas vraiment aller le voir dans l’heure, il préférait plutôt se rendre sur les lieux du crime afin de se faire un avis sur ce meurtre et sur la méthode. Puis Lauren disparut, quittant l’appartement. Garrett se redressa, attrapant le nécessaire pour se refaire une petite beauté avant de quitter les lieux à son tour.

***

Il n’aimait pas les bas quartiers, il se demandait même comment quelqu’un aurait pu aimer ce genre d’endroit, si ce n’est des personnes profitant des plus faibles. Il y avait dans les environs plusieurs entrepôts désaffectés, l’endroit idéal pour se livrer à de petites activités pour arrondir les fins de mois difficile. Se dire que des personnes vivaient ici tous les jours depuis des années lui faisait presque mal au coeur. Enfin, il n’était pas venu là pour pleurer sur la misère du monde, d’autres le faisaient très bien avant lui, et continuerait de le faire après lui. L’ancien inspecteur connaissait des personnes de ce genre, à pleurer pour le malheur des autres, mais qui dans le fond, s’en foutaient royalement.

Il avait rapidement retrouvé le chemin du bordel de Yoren, de toute manière il connaissait le coin, et pas uniquement en rapport au bordel miteux, ce n’était pas trop son genre, encore moins dans ce genre de quartier, il n’osait même pas imaginer le nombre de saloperies que les clients et les prostitués se partageaient joyeusement une fois dans une chambre, ou bien sur une table au milieu du salon. L’endroit semblait presque désert, pas un seul milicien dans le coin. D’habitude, la scène de crime restait toujours sous surveillance quelque temps, suffisamment pour être sûr de ne pas laisser passer un élément important. Enfonçant un peu plus son chapeau sur sa tête, l’ancien inspecteur longea le bordel, et arrivant au niveau de la porte, il eut une idée. Celle-ci était évidemment fermée, mais vu la qualité de la bâtisse, il ne fut pas surpris de parvenir à l’ouvrir avec un bon coup d’épaule.

En déboulant dans le salon principal, Garrett eut l’impression de se faire fouetter le visage par cette même foutue odeur de renfermé, et de… Il ne préférait pas y penser. Pourquoi être entré dans le bordel ? Et bien, car l’ancien inspecteur pensait pouvoir trouver des documents intéressants dans le bureau du proxénète. Garrett comptait bien vérifier sa théorie sur les potentielles affaires que gérer Yoren, il devait certainement y avoir des affaires louches, et dans le pire des cas, il aurait du papier papier pour faire du feu. La lumière de l’extérieur éclairait faiblement la pièce principale, Garrett devait se concentrer pour distinguer les meubles et autres divans. Le bureau de Yoren était ouvert, la petite fenêtre était grande ouverte. Il ouvrit quelques tiroirs, étalant leur contenu sur le bureau de bois massif. Des relevés de compte, des comptes rendus d’état des lieux, des registres de nom de clients, étrangement, celui de Vurkilber lui sauta aux yeux. On y voyait les multiples paiements qu’il avait effectués en échange d’un certain silence de la part du proxénète, vu les sommes versées, cet enfoiré aurait pu s’en faire une paire en plaqué or s’il l’avait voulu.

Il y avait pas mal d’informations plutôt intéressantes, comme l’adresse de la blondinette Agnès. Il lui fallut un certain contrôle pour ne pas s’y rendre lui même pour lui parler, faire confiance à la Siffleuse n’était pas un problème, mais devoir suivre d’autres pistes ne l’encourageait pas vraiment, surtout qu’il y avait fort à parier que la blondinette allait apporter de nouveaux éléments à cette histoire tordue. Après plusieurs minutes, Garrett quitta le bâtiment, prenant relativement soin de refermer la porte d’entrée derrière lui. Il était étrange de voir à quel point le quartier semblait mort depuis la fermeture de l’établissement de Yoren, à croire qu’il s’agissait du point d’activité du coin. L’arrière du bâtiment était vraiment un endroit caché à la vue de tous, Garrett comprenait relativement bien pourquoi il avait fallu que des chiens s’en prennent à la carcasse de l’autre dégueulasse pour qu’on le remarque. L’endroit sentait l’urine et les ordures, la place rêvée pour un type comme le proxénète. Mais il fallait se rendre à l’évidence qu’il n’y avait aucune trace, à croire que même la milice n’était pas venue ici depuis longtemps. Il était bien placé pour savoir que certains n’étaient pas des exemples de conscience professionnelle, on avait presque l’impression qu’ils avaient placé le corps sur un brancard, et qu’ils avaient quitté les lieux sans perdre une seconde. Plus Garrett prenait le temps d’examiner l’endroit, plus il se rendait qu’on avait bâclé cette soi-disant « enquête ».

Il avait vu ce qu’il voulait voir, déçu de ne pas avoir croisé de milicien, il aurait aimé tomber sur celui qui se disait son ami, mais pour le moment il allait devoir faire sans. Le moment était à présent tout indiqué pour aller rendre visite à son avocat.

Lauren Hill
Lauren Hill
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Un matin comme les autres (En cours) - Page 2 EmptyDim 24 Juin - 9:31
Irys : 1011003
Profession : Journaliste / Reporter / Romancière
Pérégrins +2

La Presse. Probablement le quotidien le plus lu de la capitale et le concurrent direct de La Tribune. Le bâtiment en lui-même ne ressemblait en rien aux locaux de mon journal. Construit tout en hauteur, comme s’il cherchait à atteindre des sommets par sa taille plutôt que par la qualité de ses matériaux pourtant rutilants. Bien plus moderne aussi, à l’image même d’Alexandria. Bien loin, en somme, des vieilles pierres blanches sorties tout droit d’une autre époque qui entouraient pourtant gracieusement les bureaux de La Tribune. Évidemment, le journal s’occupait que quelques étages de ce gratte-ciel, mais cela ne m’empêchait pas de le mépriser. Vous l’aurez donc compris, je n’aimais ni l’enseigne ni ses journalistes. À une exception près, celle que je m’apprêtais à rencontrer.

Alexander et moi avons longtemps travaillé ensemble, pour ce même quotidien d’ailleurs… À l’époque où je n’étais encore qu’une jeune journaliste inexpérimentée. Je ne servais d’ailleurs que d’assistante à un idiot incapable d’écrire sans quelqu’un pour lui dicter ses lignes. Un spécialiste de la politique daënare… Laissez-moi rire… Bref, en ce temps-là, je n’étais rien, ni personne, avant que je ne rencontre Alexander qui devint rapidement un ami, avant de devenir un peu plus. Amis, partenaires, amants, rivaux, nous étions un peu tout et rien à la fois, si bien qu’il ne fallut guère de temps avant que nous décidâmes de nous séparer. Mais tout cela datait d’une autre époque, d’une autre vie aussi.

Craignant de perdre du temps inutilement à la réception, je me joignis discrètement à un groupe de messieurs en costumes noir, gris ou encore marrons qui se dirigeaient tout en bavardant jusqu’aux ascenseurs. Aucun d’eux ne prêta attention à la petite brune silencieuse à leur côté, bien trop occupés à débattre sur quelques nouveaux modèles de machines à écrire, comme si la qualité d’écriture s’en verrait changée. Je me retrouvais donc coincée contre l’imposant miroir ornant la paroi chromée de l’ascenseur, tandis que ces hommes conversaient avec animation. Je me contentais d’essayer de ne pas trop lever les yeux au ciel en entendant leurs arguments ridicules. Vainement, cela dit… J’eu tout de même à m’extirper de la masse graisseuse et trop parfumée des bureaucrates pour sortir de ce maudit ascenseur.

Le bureau d’Alexander se situait au dix-septième étage du building, au bout d’un couloir interminable, bordé de dizaine de portes vitrées. Du blanc, du chrome, du verre… À croire que tout dans ce quartier était bâti de la même manière froide et impersonnelle. Comme je préférais la simplicité de La Tribune, quitte à ce que les journalistes, vedettes ou non, soient tous regroupés dans un espace ouvert. Au moins l’endroit était vivant, même si une trop grande proximité avec les collègues n'aidait pas forcément à la concentration. Pour ma part, je préférais bien évidemment le calme de ma chambre d’hôtel, une simple question d’habitude, en réalité. L’habitude de me retrouver complètement seule et isolée de tous. Mais quitte à être seule, autant l’être réellement et pas simplement caché par une porte vitrée… Cela me donnait simplement l’impression de me trouver dans une écurie trop propre avec des humains rangés dans des box… Enfin… J’appréciais si peu l’endroit que je me sentais obligée de voir le mauvais en toute chose présente ici…

Arrivée devant le bureau d’Alexander, je n’y pas besoin de frapper pour m’assurer de sa présence, puisque je le voyais parfaitement à travers cette bien indiscrète porte. Aussi, j’entrais sans attendre d’invitation, je n’en avais d’ailleurs pas demandé. Tout de même surpris par une intrusion probablement inhabituelle, le journaliste leva brusquement la tête dans ma direction, me lançant un regard médusé.

-Tiens donc, Lauren Hill dans mon bureau… Aurais-tu des problèmes ? demanda-t-il en croisant les bras avant de s’enfoncer dans son fauteuil.

-Qu’est-ce qui peut bien te faire penser ça ? rétorquai-je en haussant un sourcil.

-Et bien, commença-t-il en faisant mine de réfléchir. Tu ne viendrais pas jusqu’ici si tu avais d’autres choix...

-Nous sommes amis, me semble-t-il, le coupai-je tout en m’installant sur la chaise face à lui.

-Certes, mais nous connaissons tous deux ton sens de l’amitié. Et je te connais assez pour affirmer que tu ne viendrais pas sans bonne raison.

-Bien vu… soupirai-je ,J’ai effectivement besoin de ton aide.

-Et, cela est en rapport avec l’affaire Catesby, je présume, affirma-t-il en affichant un sourire narquois comme pour laisser supposer qu’il en savait beaucoup.Je t’ai vu devant la caserne hier, mais étrangement, toi tu ne t’es pas aperçu que j’étais là,

Non, effectivement, je ne l’y avais pas vu. Les journalistes amassés étaient nombreux et Alexander ne se détachait en rien du groupe, portant le même genre de manteau marron et le même style de chapeau, comme si les journalistes se devaient de respecter un certain code vestimentaire.

-D’après toi, qui a bien pu envoyer ce gamin pour poser toutes ces question?

Je revoyais très bien ce jeune novice, curieux, mais hésitant se détacher de la masse pour oser interroger mon père tandis qu’aucun d’eux n’avait bougé… J’imaginais bien que notre brève rencontre l’avait marqué, pauvre gosse.

-Pourquoi as-tu fait ça ?

-Je ne t’ai jamais vu aussi agitée. Toi qui gardes toujours ton calme en toute circonstance, tu ressemblais à un lion en cage… Il fallait bien te donner l’occasion d’expulser cela, non ? déclara-t-il fièrement tandis qu’un sourire satisfait se dessina sur son visage.

Bon sang ce que je pouvais détester cet homme par moment. Aussi observateur que vicieux, Alexander aimait particulièrement se jouer des gens, chose que je méprisais.

Fermant les yeux d’agacement, je laissais un soupir s’évader afin de lui faire comprendre que le sujet ne le concernait en rien et que je ne lui en dirais certainement pas plus. S’il me connaissait aussi bien qu’il l’avait affirmé, Alexander n’insisterait pas… Au risque de se heurter à un mur.

- Très bien, que puis-je pour toi? abdiqua-t-il, finalement en relevant les mains en signe de paix.

-Disons que nous devons faire vite et que je ne peux être partout à la fois. Mais avant toute chose, tu dois me promettre que rien de tout cela ne paraîtra dans ton foutu journal.

Mon regard se fit plus dur, plus froid. Je ne plaisantais pas et il le savait, pas besoin donc de lancer quelques menaces en l’air. Je lui faisais assez confiance pour être certaine qu’une promesse de sa part valait de l’or, sans quoi, je ne me trouverai certainement pas face à lui.

-Je te le promets, répondit-il avec sérieux.

Je lui expliquais donc la situation, racontant également ma rencontre avec Edwin et ce qu’il m’avait appris. Je n’avais pas de demande exacte à lui formuler et le connaissant, c’était parfaitement inutile. Il suffisait de lui donner quelques pistes pour le pousser à fouiner dans ce sens. Alexander agissait à l’instinct et était doté d’un raisonnement logique que certains miliciens pouvaient aisément lui envier. L’expression “trouver une aiguille dans une botte de foin” perdait tout son sens avec lui, car si aiguille, il y avait, l’on pouvait compter sur lui pour la dénicher.

-Je vais voir ce que je peux faire... déclara-t-il finalement. Ce Henker ne serait pas très net, effectivement… Mais ce ne serait pas le premier… Quel rapport avec ton ami inspecteur ?

- Pour l’instant, je n’en sais trop rien, mais c’est ce que j’aimerais découvrir. Le plus important dans l’absolu est de l’innocenter, néanmoins, Henker mériterait toute notre attention… Tu as bien des miliciens dans ton entourage, non ? Y en a-t-il qui appartiendrait à la même caserne ?

-Un de mes cousins vient justement d’y entrer, Stanley Becker. Il est jeune, encore naïf et il apprécie ton ami pour je-ne-sais quelle raison.

Garrett avait bien évoqué un allié au sein de la caserne, peut-être s’agissait-il de ce gamin…

-Penses-tu qu’il pourrait nous aider ? En observant de loin ce qui se passe à la caserne, par exemple … Ou en dénichant quelques documents concernant l’enquête et qui n’apparaissent pas dans le dossier de Garrett ?

-Lauren, je t’apprécie beaucoup et tu le sais, mais penses-tu qu’il soit réellement nécessaire de mettre en péril la carrière d’un jeune milicien ?

-Parce que tu te soucies des autres, toi ?

-Touché… Je vais prendre contact avec lui, je suppose que tu voudras le rencontrer...

-Bien vu, rétorquai-je en griffonnant rapidement l’adresse de mon hôtel, mon numéro de chambre.-Dis-lui de se rendre ici pour 20 heure.

Il était plus de midi lorsque je quittais avec soulagement le building gigantesque. Il me fallait encore me rendre sur le plan des versos et malgré l'heure, je ne souhaitais pas m’y rendre seule. Il me fallait donc faire un petit crochet avant, vers les bureaux de ce cher Ebzer Geier, vieux notaire acariâtre et au caractère purement insupportable. Mais ce n’était pas lui que j’allais voir, seul son jeune clerc m’intéressait réellement.

La petite cloche retentie gaiement tandis que j’ouvrais la porte du bureau. Geier se trouvait là, affichant toujours cette mine fermée et hautaine. Je détestais ce rapace et autant dire que la chose était réciproque. Néanmoins, le vieux vautour s’occupait des affaires de mon père ainsi que de celles de nombre de ses amis, par conséquent, il évitait, généralement, de me contrarier, même lorsque son regard exprimait toute sa haine à mon égard.

-Monsieur Geier, m’exclamai-je en souriant en sachant qu’il détestait cela. Vous avez étonnamment bonne mine aujourd'hui, auriez-vous avalé un chaton au petit déjeuner ?

Pas de réponse autre qu’un grognement… Tant pis, je n’avais, dans tous les cas, pas le temps de m’amuser à me disputer avec lui.

-Est-ce que Philéas est ici ?

*****


La matinée de William Hill ne fut guère productive, chose des plus contrariante pour une personne telle que lui détestant perdre son temps. Son début de journée, il l’avait passé sur le dossier de son nouveau client, le jugeant parfaitement incomplet. En somme, la pochette grège ne contenait qu’une copie de la plainte passée par ce fameux Yoren, un rapport plutôt succinct du médecin légiste expliquant que le proxénète serait mort des suites de lésions internes provoquée par des coups répété. Il y avait également une photographie, de piètres qualités, montrant le corps de l’homme à sa découverte. Un témoignage, anonyme qui plus est, attestant que Garrett Catesby avait été aperçu dans le quartier le soir du meurtre...et cela s’arrêtait là… Étonnant pour une enquête menée par des professionnels, comme s’ils s’étaient empressés d’arrêter son client sans la moindre preuve autre que cette plainte et ce témoignage ridicule qui n’avait aucune valeur légale. Pas d’interrogatoire en règle, pas de preuve accablante… Rien ne tenait.

En l’état, la libération de Catesby ne devait pas poser de problème, tout du moins pour cette affaire. Néanmoins, restaient le nombre d’accusations liées aux relations internes qu’ils seraient difficiles de réfuter. Il ne connaissait finalement l’homme que de réputation, mais c’était suffisant pour savoir qu’il n’était certainement pas du genre à se préoccuper de ses rapports avec la hiérarchie. Finalement, tout le rapport tenait sur ces chefs d’accusation, le meurtre ne servant que d’appui mineur, comme si la somme du reste suffisait à le lui mettre sur le dos… Catesby y était décrit comme un homme irrespectueux, violent et revanchard… Et cela faisait de lui le coupable idéal du meurtre du proxénète.

-Maître Hill? l’interpella sa secrétaire qu’il n’avait pas entendu frapper.Garrett Catesby est ici et souhaiterait vous parler.

- Parfait, s’écria-t-il en se relevant tout en fermant le dossier qui trônait sur son bureau. Il est justement l’heure de déjeuner. Je reviendrais pour quatorze heure.

-Bien Maître. À toute à l’heure.


William enfila ensuite son manteau, délaissant sa besogne sur le coin de son bureau pour se diriger à la réception du cabinet. Catesby s’y trouvait bel et bien, mais il était seul. Lui, qui était presque certain de voir sa fille à ses côtés, ne savait plus s’il devait en être rassuré ou tout simplement inquiet.

- Bien le bonjour , inspecteur.le salua-t-il en lui offrant sa main. Lauren n’est pas avec vous ?

Son attitude se voulait parfaitement neutre et professionnelle, comme à son habitude. Bien qu’il se doutait que cet homme et sa fille entretenait une relation quelconque, il n’avait nullement l’intention de le montrer.

- J’allais justement déjeuner, nous serions plus à l’aise pour discuter attablés devant un steak succulent que dans mon bureau. Qu’en dites-vous ?

Havelock Glorka
Havelock Glorka
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Un matin comme les autres (En cours) - Page 2 EmptyDim 24 Juin - 12:46
Irys : 301157
Profession : Police secrète
Daënar +2 ~ Alexandria (homme)
Cher commissaire Henker,

J'ai été très peiné d'apprendre votre départ précipité. J'aurais aimé m'entretenir avec vous des minutes de l'interrogatoire de l'ex-inspecteur Catesby qui, par le plus grand des hasards, sont introuvables et dont l'existence même laisse perplexe et inquiet la plupart de vos subordonnées. Où alors, dois-je prendre une simple ligne en marge d'un procès-verbal de stationnement comme la totalité de votre enquête ? « il est coupable » ? Je serai très heureux de discuter avec vous de vos méthodes d'enquête. N'hésitez pas à vous rendre à nos bureaux, notre salle d'attente vient juste d'être refaite. Si vous passez par vos bureaux, n'hésitez pas à nous envoyer l'un de vos miliciens, nous nous précipiterons vous voir.

Soyez en assurer.
Avec mes salutations les plus sincères.

Havelock Glorka. Services Internes.


Je griffe le bas de page de ma signature et je la place bien au centre du bureau du commissaire. Ceci fait, je prends un instant pour penser, la tête haute, contemplant le plafond. On frappe à la porte. Mes deux acolytes s'y trouvent, arborant leur visage toujours aussi inexpressif. Ils sont accompagnés par un jeune milicien leur servant de guide et qui aurait donné plusieurs années de sa vie pour ne pas être présent en cet instant. Je leur fais signe d'approcher d'un geste de la main.

-Alors ?
-On a tout fouillé. Il n'y a rien qui ne sortent de la normal.
-Les autres miliciens sont plutôt d'accords avec les rumeurs concernant Catesby. Peu conventionnel dans ses méthodes, mais assez efficace.
-Voir trop.
-Mmmmh.

Je me mâchouille la joue intérieure gauche, les mains jointes, en pensant justement à ce cher ex-inspecteur Catesby. Je le connais. De nom. De réputation surtout. Il y a encore peu, j'étais de cette milice régulière. J'ai peut-être travaillé non loin d'une de ces affaires une fois. Je n'en garde pas de grand souvenir ; peu importe. Il n'est pas recommandé de se s'accorder quelques liens que ce soit avec l'objet de nos enquêtes. Rester neutre, l'esprit ouvert, libéré de nos émotions. Là est la clé d'une enquête, non pas réussi, mais du moins rondement mené.

-Bien, je ne pense pas que l'on en apprendra davantage en restant ici.

Je me relève, agrippant ma canne d'une poing solide et je me dirige vers mes associés. J’avise le milicien, le fixant de mon regard. Un sourire se dessine sur mes lèvres. Le peu de courage qu'il avait pour jeter des coups d’œil disparaît aussitôt, se perdant dans la contemplation de ces bottes.

-Jeune homme ?
-... oui ?
-Il y a ici une lettre pour l'inspecteur Henker. Il est indispensable qu'il est connaissance du contenu de cette lettre. Je compte sur vous pour lui rappeler son existence. Et de me prévenir de sa présence à la caserne si celui-ci oublie malencontreusement de nous le faire savoir.
-Bien... bien sûr, mon... monsieur ?
-Glorka. Et vous ?
-B... Becker.
-Enchanté. Je saurai retenir ce nom.

Sur ce, je passe devant lui, le laissant là avec ses doutes et ses peurs. Les deux autres emboîtent mon pas et nous sortons. A l'extérieur, il reste quelques journalistes, mais l'heure est tardive. Le visage impassible de notre trio n'attirent pas les grattes-papiers à aller aux casse-pipes. Mon pas est rapide malgré mon infirmité. Je sais où je dois aller.

-Ou va-t-on ?
-A la morgue. Je pense que le cadavre à beaucoup plus à nous raconter que le commissaire Henker.

Et je dois y aller vite. La disparition du commissaire n'est pas une coïncidence. Pleutre, sûrement, mais soutenu, c'en est certain. La surprise et la première épreuve passée, l'homme s'est ressaisi pour aller chercher de l'aide chez ses soutiens. Il ne faut pas être très brillant pour que l'enquête n'a d'enquête que le nom. Le coupable a été décidé avant le crime. Seuls les esprits bornés auraient chercher à savoir les détails de cette enquête. Pas de chance pour le commissaire Henker, on a mis notre gros nez dans cette affaire qui ne sent pas l'eau de rose. Il y a anguille sous roche. Des choses se trament au sein d'Alexandria qui ne relève pas de nos services et c'est mal. Il n'y a que nous qui avons le droit de comploter. Les autres sont de dangereux ennemis du gouvernement. S'il faut assainir la milice, ce sera avec joie.

La morgue de la milice est un bâtiment sans aucune beauté à une quinzaine de minutes à pied de la caserne. La lourde double porte en bois est surveillé en permanence par deux miliciens. La plupart des cadavres de crimes du coin s'y retrouvent et il n'est pas bon de laisser les corps disparaître ou en dire moins que ce qu'ils ont à dire. La zone est totalement interdite au public, aussi. J'ai ouïe dire qu'il existait, il y a plusieurs années, d'un commerce mis en place par plusieurs médecins légistes où des tarés pouvaient s'amuser avec les corps non réclamés en toute impunité. Ils n'étaient pas très propre. On approche sans discrétion et les miliciens nous avisent de loin. Avant même qu'ils nous demandent de dégager, je montre mon insigne qui ouvre bien des portes. En principe, les miliciens sont en droit de s'y opposer. Rares sont ceux à avoir essayer. Plus rare encore sont ceux encore en vie. Le lien n'a jamais été  prouvé.

Grâce à quelques indications recueillies par mes associés, on finit par retrouver ce cher Yoren qui n'était pas bien beau à voir. On  a tiré le médecin légiste de garde. Il entre à son tour dans la pièce, grognant qu'il se fait tard et qu'il aimerait bien aller dormir. Il chercher un instant une trace d'humanité sur mes traits. Il abandonne. Il se retourne vers le cadavre de Yoren et ses notes.

-Je ne vois pas ce que vous voulez. C'est pourtant évident. Il a été battu à mort. Vu la méthode, je mettrai bien une pièce sur le fait que Catesby a pris son temps. Toute façon, il est au trou, non ?

Je m'approche du cadavre, observant les blessures. Je murmure une réponse.

-Mmmh... il est sorti en fin d'après-midi. Il a un bon avocat.
-Ah ? C'pas avec des gars que les avocats s'emmerderaient à nous tirer de là. M'est avis qu'il a le cou embourbé dans une sale affaire. Tout s'achète ici, m’étonnerez pas qu'il roule pour quelqu'un d'autre.
-Tout... ne s’achète pas.

Moi, en l’occurrence. Nous. Incorruptibles ou la mort. Ça pourrait être l'une de nos devises. J'examine le corps, tâtant le corps, explorant les replis de peau, déterminant les causes de la mort. Le médecin légiste s'offusque un instant qu'on fasse son boulot à sa place. Je m'en moque. Cette affaire pue et je cherche ce détail qui me convaincra de cette impression.

Je finis par le trouver.

-Bien. Merci pour votre aide. Il es temps de partir.
-Ah... ça vous a plus ?
-Très. J'aime murmurer à l'oreille des cadavres. Ils me le rendent bien.

Je plante là le légiste et j'emmène mes associés. Le voyage vers l'extérieur se fait dans le silence et nous gagnons les ténèbres d'une ruelle, là où l'ombre couvre nos identités et le silence relative renforce notre vigilance.

-Alors ?

Je soupire, un sourire carnassier aux lèvres.

-Étrangler. A la corde de piano. Un travail de professionnel.
-Cela change beaucoup de choses.
-Oui. Il a été assassiné. Et on essaie de faire porter le chapeau à quelqu'un d'autre.

Garrett Catesby
Garrett Catesby
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Un matin comme les autres (En cours) - Page 2 EmptyDim 24 Juin - 19:35
Irys : 739858
Profession : Ex-Inspecteur
Daënar +2 ~ Alexandria (homme)
Jusqu’à maintenant, l’ancien inspecteur était parvenu à rester discret. Il fallait avouer que les rues dénuées de toute vie étaient plutôt pratiques à ce sujet. Mais cette histoire de scène de crime totalement vierge ne lui plaisait pas, même si un tel travail bâclé était tout à fait à son avantage. Une accusation grotesque, une enquête faite à la va-vite sans une once de professionnalisme et de conscience professionnelle. Avec ce genre d’information, il serait facile de conclure que toute cette histoire était une énorme et grotesque blague, basée sur une corruption bien réelle quant à elle. Garrett était certain que dans cette histoire des têtes tomberaient, il espérait seulement que la sienne ne fasse pas partie du lot.

Il marcha un moment avant de croiser le premier fiacre, trop perdu dans ses pensées, c’était comme s’il ne l’avait pas vu, alors il continua de mettre un pied devant l’autre, encore et encore. Son esprit ne pouvait pas s’empêcher d’essayer d’assembler toutes les pièces du puzzle. Il fallait bien avouer que pour le moment, il devait y parvenir sans avoir le dessin de base, et avec des pièces manquantes, chose qui n’aidait pas vraiment. Difficile de dire combien de temps il avait marché, en tout cas, les bas-quartiers étaient loin de lui. Il se doutait que cette petite visite n’avait sûrement pas échappée aux petits yeux de la Siffleuse, mais il avait tenu parole, elle lui avait demandé de ne pas s’occuper d’Agnès, et c’est ce qu’il avait fait.

Il profita de cette rue moins mal famée pour changer de moyens de locomotion, car la route était encore longue pour atteindre le bureau de William Hill, et mieux valait ne pas arriver essoufflé. Au final, les seules bonnes informations qu’il avait étaient l’adresse de cette blondinette et cette scène de crime pour le moins étonnante. Pourtant, Yoren n’avait-il pas fini sa soirée en festin pour chien errant ? Alors qu’il n’y avait pas l’ombre d’une trace de sang. Plutôt que de répondre à des questions, leur nombre venait de se multiplier.

Une fois devant l’immeuble où travaillait Maître Hill, Garrett sauta de son fiacre, payant bien entendu pour la course. Il se présenta à la secrétaire qui ne semblait pas vraiment surprise de voir un type débouler comme ça de nulle part, visiblement, elle connaissait l’ancien Inspecteur, du moins de vue. Lui adressant un sourire poli, quitta son bureau pour prévenir l’avocat, pendant ce temps, Garrett, lui, attendait sagement, manquant presque de faire les  100 pas. Puis William arriva, il semblait surpris de ne pas voir sa fille présente. Il valait mieux ne pas lui dire que Lauren enquêtait de son côté en risquant de se mettre en danger pour lui, et il valait mieux ne pas parler de la nuit passée avec elle non plus, ou du moins, ne pas l’annoncer durant cette enquête.

" Visiblement non. "

Dit-il en regardant autour de lui, frôlant légèrement le sarcasme. Lauren était une grande fille, et elle n’était pas obligé de lui partout, chacun menait sa petite enquête de son côté, et même s’il n’aimait pas la savoir farfouiller seule dans son coin, il fallait admettre que c’était bel et bien la solution la plus logique et efficace.

" Pourquoi pas. "

" Très bien, suivez-moi, je connais un restaurant très bien, il n’est pas loin d’ici, nous pourrons même y aller à pied. "

L’avocat se dirigea vers la porte principale, suivit de près par l’ancien inspecteur. C’est vrai qu’il était sans nul doute bien plus agréable de parler de toute cette histoire autour d’une pièce d’une viande, que là debout devant l’entrée de son bureau. Les deux se remontèrent donc la rue, Garrett ne savait pas s’il devait lancer la conversation ou laisser William commencer. Quelques secondes plus tard, l’avocat ouvrit le bal.

" J’imagine que votre visite n’est pas due au hasard. "

" Vous imaginez bien. "

" Alors, quelle nouvelle avez-vous ? "

Garrett se racla la gorge avant de répondre.

" Et bien, d’après quelques sources fiables, Yoren avait une relation avec une de ses employées, relation plus que professionnelle. Elle pourrait savoir des choses sur lui, voire peut-être même savoir si quelqu’un lui ne voulait suffisamment pour le tuer. "

" Je vois… "

" Je peux vous appeler William ? "

" Faites donc. "

Ils arrivèrent au niveau du restaurant. Le serveur reconnut immédiatement l’avocat, le conduisant alors à la table qu’il prenait à chaque fois. Catesby retira son chapeau et sa veste, un autre serveur arriva pour les prendre et les ranger. Il n’avait pas vraiment l’habitude de ce genre de restaurant ou il y avait toujours quelqu’un derrière vous pour vous aider. Il s’attendait même à ce qu’on lui dire la chaise pour qu’il puisse s’asseoir.

" Et bien, William, cette histoire est compliquée. D’un côté j’ai l’impression qu’il s’agit d’un coup monté depuis des gradés, du genre une bonne vieille histoire de corruption qui risquerait de faire tomber des têtes, et de l’autre, le hasard fait si bien les choses qu’on pourrait y croire. "

" Là est tout le problème. Mais ne vous m’éprenez pas, mon travail n’est pas de démasquer et faire tomber lesdites têtes, ça, c’est votre travail. Moi, je me dois de vous sortir de là, et faire de vous un homme libre qui peut enquêter, pour le moment vous avancer sur un champ de mines, pieds et poings liés. "

" J’avais remarqué. "

Phileas Graf
Phileas Graf
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Un matin comme les autres (En cours) - Page 2 EmptyMar 26 Juin - 10:46
Irys : 224957
Profession : Clerc de notaire
Daënar 0
Pendant que certains couraient d’un bout à l’autre de la ville pour résoudre une sombre affaire de corruption, Phileas, lui, restait on ne peut plus statique dans son petit bureau où la paperasse s’entassait. Paperasse qui a priori ne contenait pas de corruption, puisque dès qu’il était question de ces délicats magouillages, Geier cadenassait l’information et s’occupait personnellement de ces dossiers. Précaution contre une dénonciation par son clerc au sens moral trop aiguisé ou assurance que ce même clerc ne raflerait pas au passage des faveurs dues à son employeur? Quelles que soient les motivations du notaire, le résultat était que son employé ignorait tout des machinations qui s’établissaient à quelques mètres de lui.

Il avait le nez plongé dans un document écrit en jargon particulièrement obscur quand il entendit la porte s’ouvrir. Une fois n’est pas coutume, il ne se leva pas pour accueillir le nouveau client: Geier attendait un de ses habitués et était lui-même dans le hall d’entrée au lieu de se terrer dans son bureau. Il ne verrait sans doute pas d’un bon oeil que son subalterne s’immisce dans cette entrevue. Mais, à la grande surprise du clerc, la voix qui retentit n’avait rien à voir avec celle à laquelle il s’attendait.

"Monsieur Geier"

Bien sûr, Lauren ne raterait pas une seule occasion de froisser l’ego de Geier. Lui qui tenait tant à son titre de "maître", se faire reléguer au rang d’un vulgaire "monsieur" comme le premier venu. Enfin, il y a déjà longtemps que la journaliste avait donné le ton pour leurs échanges.

"Vous avez étonnamment bonne mine aujourd'hui, auriez-vous avalé un chaton au petit déjeuner ?"

Soit elle était en forme, soit elle était de mauvaise humeur et ça exacerbait son antipathie pour Geier. Phileas n’avait pas besoin de voir le notaire pour savoir qu’à ce point-ci il fixait sa visiteuse inopportune d’un regard qui contenait toute l’antipathie qu’il ne pouvait exprimer à voix haute, même si tous savaient qu’elle existait. Ils en étaient arrivés au moment où, en général, Phileas se retrouverait pris dans les feux croisés entre son employeur, qu’il était bien obligé de supporter sans broncher, et la journaliste, qu’il appréciait, même si elle avait le chic pour le trainer dans des situations épineuses.

"Est-ce que Philéas est ici ?"

Gagné. Il se demanda brièvement s’il valait mieux n’apparaître qu’une fois explicitement appelé ou épargner à Geier l’effort (minime) de le faire sortir de son bureau. Vu comme c’était parti, de toute façon rien n’apaiserait l’irascible notaire. Il sentirait son mécontentement passer dans un futur proche, pas de doute là-dessus. Réprimant un soupir, Phileas rangea proprement le document qu’il étudiait et sortit dans le hall d’entrée, juste à temps pour entendre Geier répliquer.

"Il est ici et il ne serait pas occupé avec un autre dossier si vous aviez pris rendez-vous au préalable."


Que quiconque s’imagine qu’il y avait une once de considération pour l’organisation personnelle de Phileas se détrompe. Tout ce que son employeur voyait était qu’un dossier risquait de prendre du retard, tout ça pour une jeune femme qu’il ne supportait qu’à grand-peine, et uniquement parce qu’elle était la fille d’un contact plus qu’intéressant. Sa voix était plus glaciale qu’un blizzard vereistien et suintait la désapprobation. Et il faut dire qu’il était probablement vexé comme un pou que la jeune femme demande directement à travailler avec son employé. Cela le privait de la satisfaction de la reléguer lui-même à un sous-fifre.

"Quel dommage que cela ne m'intéresse pas. Il  existe aussi des raisons qui font que les rendez-vous ne soient pas nécessaire... Vous le sauriez, monsieur, si vous n'étiez doté d'une canne mal placée."

À se demander ce que ces deux-là cherchaient à systématiquement s’exaspérer mutuellement. Ce n’est pas comme si l’un des deux avait des chances de l’emporter dans leur éternelle guerre plus ou moins ouverte: ils se contentaient d’échanger des piques venimeuses tout en sachant qu’ils se reverraient dans un futur plus ou moins proche. Nul doute que Geier en avait d’ailleurs une de prête, de pique, pour répliquer à cette nouvelle tirade. Mais Lauren ne lui laissa pas le temps de répliquer, enchainant déjà:

"Mais si c'est une question d'argent, vieux grippe-sous, je peux payer les honoraires qui vont avec le clerc... Je suppose qu'il n'en faut guère plus pour vous satisfaire, Geier."

Bon, à ce point-là, la thèse de la mauvaise humeur était plus probable que simplement une Lauren en forme. À se demander si Phileas n’était pas sur le point de se faire jeter de Charybde en Scylla. Car bien évidemment que Geier finirait pas céder aux demandes de Lauren (elle était la cliente, après tout), mais dans quoi donc le clerc venait-il d’être poussé?

"Mademoiselle Hill, il me semble que vous sous-estimez la valeur d’une organisation correcte."

Ton pincé, regard courroucé et demi-tour sec pour se terrer dans son bureau aussitôt qu’il eut prononcé ces mots. Sans doute ne voulait-il pas laisser le dernier mot à la journaliste, sachant pertinemment que trouver le mot juste était le domaine de la jeune femme, qui le surpassait très nettement. Cela laissait Lauren seule dans le hall avec un Phileas assez las qui lui fit signe de le suivre dans le cagibi qui lui servait de bureau. Et le client que Geier attendait avec tant d’impatience entrerait désormais dans un hall entièrement vide. Encore une future cause d’irritation pour le notaire.

"Comment puis-je vous aider?"

Au moins, elle avait meilleure mine que lors de leur dernière rencontre et l’ecchymose qui avait orné son visage commençait à bien s’estomper, le violet ayant laissé la place à un jaune peu engageant. Cependant, il se doutait que si elle venait le trouver, ce n’était pas pour une visite de courtoisie.

Lauren Hill
Lauren Hill
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Un matin comme les autres (En cours) - Page 2 EmptyMar 26 Juin - 14:23
Irys : 1011003
Profession : Journaliste / Reporter / Romancière
Pérégrins +2
Heureusement pour eux, l’emplacement choisi au sein du restaurant leur assurait une certaine intimité vis-à-vis du reste de la clientèle. La population aisée d’Alexandria se trouvait toujours plus friande de source à racontars pouvant combler leur ennuie routinier. Dissimulée derrière un épais paravent de bois sculpté, la table se trouvait ainsi à l’abri des regards indiscrets, même si la conversation se voyait régulièrement coupée par l’apparition d’un serveur en queue-de-pie particulièrement attentionné envers ses deux clients aux visages fermés.

L’avocat observait bien silencieusement son client, analysant chacune de ses réponses sans rien laisser paraître de ses interrogations. Aux dires de celui-ci, William comprit que Catesby avait déjà commencé à mener son enquête de son côté… Chose parfaitement légitime dans sa position, mais grandement dangereuse pour sa libération si la milice l’apprenait… Puis il repensa à la réaction de sa fille, à son empressement à s'acquitter du montant de la caution de l’ex-inspecteur et à cette absence qui lui semblait de plus en plus suspecte. Il la connaissait assez pour savoir que Lauren n’agirait certainement pas de la sorte pour simplement laisser tomber par la suite… L’entêtée…

Néanmoins, hors de question de montrer son inquiétude à son client, ce n’était, après tout, pas à l’ordre du jour. Il y avait bien plus préoccupant.

-Ce que j’ai remarqué, en lisant votre dossier, est l’absence totale d’interrogatoire... déclara-t-il sur le ton de la confiance tout en s’avançant, s’appuyant sur ses coudes. Je note également la présence d’un témoignage anonyme attestant votre présence aux alentours de l’établissement de passes, au cours de la soirée du meurtre. Vous n’êtes pas sans savoir que tout ceci, n’a aucune valeur légale en l’état. C’est d’ailleurs sur cet appui que j’ai pu négocier votre libération sous caution… Malgré votre tempérament et le reste des accusations qui ne sont, quant à elles, plus à prouver, vous en conviendrez.

La conversation s’arrêta brusquement lorsque le serveur revint prendre leur commande respective. Maître Hill avait pour habitude de se montrer discret en toutes circonstances, en particulier quand il se trouvait en entretien privilégié avec l’un de ses clients. Au cours de sa longue carrière, William eut pourtant l’occasion de travailler sur un certain nombre d’affaires épineuses, toutefois, c’était bien la première fois qu’il représentait un milicien accusé de meurtre, en particulier, avec un rapport aussi léger qu’un extrait d’acte de naissance. Une fois l’indiscret reparti en cuisine, l’avocat repris tranquillement son discours.

-Il n’est pas bon de vous voir rôder autour des lieux du crime. Pour le moment, vous n’êtes plus que Garrett Catesby, citoyen comme un autre, en sursis de surcroît. L’on dit que le coupable revient toujours sur les lieux de son méfait. Et en voyant votre dossier, je pense pouvoir affirmer qu’ils ne leur faudrait pas d’autres raisons pour vous renvoyer en cellule...

Évidemment, l’avocat se doutait que son client agissait en parfaite connaissance des choses et surtout, qu’il se fichait bien de l’avis des autres.

-Enfin, je suppose que vous en avez parfaitement conscience et que c’est pour cela que ma fille enquête seule de son côté, lança-t-il en affichant la mine semi-moqueuse dont lui seul avait le secret. La connaissant, elle a même dû vous faire une leçon de moral… Ou peut-être pas. Étrangement, lorsque cela vous concerne directement, j’ai cru remarquer que Lauren n’agissait pas comme à son habitude, elle se montre plus… irréfléchie, plus prompt à se jeter dans les ennuis tête baissée...

Certes, sa fille était une adulte responsable, tout du moins, la plupart du temps. Néanmoins, trentenaire ou non, il n’en restait pas moins un père impuissant face à l’attitude de son aînée et surtout à ses facultés à se mettre délibérément en danger si elle jugeait cela utile.

-Je me retrouve donc dans une position des plus délicate. En tant qu’avocat, je ne saurais trop vous conseiller de rester chez vous en attendant. De laisser ce travail de recherche et d’enquête aux autres… Mais en tant que père, je vous prierais de faire en sorte que ma fille ressorte indemne de cette histoire, même si je sais parfaitement qu’il serait impossible de l’interdire d’agir si elle en a décidé autrement. Ce n’est malheureusement pas quelqu’un que l’on peut raisonner, contrairement à sa sœur...

À peine peut-il terminé sa phrase que le serveur revint, les bras chargés d'un imposant plateau contenant leurs commandes. Après les avoir déposés face à eux, dans un ensemble de gestes purement grotesque, celui-ci disparut de nouveau, laissant les deux hommes seuls.

-Que comptez-vous faire ? demanda-t-il en s'emparant de ses couverts afin d’entamer son repas. Il ne s’agit pas là de curiosité, entendons-nous bien. Néanmoins, en tant que votre avocat, je préfère connaître vos projets afin d’assurer vos arrières.


*****

Le vieux notaire et moi n’avons jamais été capables de nous entendre, pas même cordialement. J’étais pourtant habituée à jouer la carte de la politesse avec la plupart des gens, mais avec Geier, la chose me paraissait tout bonnement impossible. Je n’aimais pas sa façon d’agir envers Phil, ni même sa façon d’agir en général. Son visage, sa posture, sa voix m’horripilaient. Autant dire que je l’avais en aversion et je savais que cela était réciproque. Aussi, je ne me privais jamais de lui exprimer toute mon inaffection tout en sachant qu’il y répondrait avec quelques difficultés… Nous n’avions pas la même position, après tout, j’étais la fille de l’un de ses clients et lui l’employé occasionnel de mon père. En un sens, j’aurais aimé qu’il puisse réellement formuler le fond de sa pensée… Je trouverai certainement cela bien plus amusant que de jouer avec ses regards mauvais, ses grognements ou encore ses quelques piques malhabiles...

-Si par “organisation” vous voulez dire “déléguer” les tâches que vous jugez indignes de votre personne à Philéas, il me semble que je ne sous-estime rien, contrairement à vous, môssieur, criai-je presque pour me faire entendre par le vieillard arrogant caché derrière la porte de son bureau.

Me tournant vers Phil, je lui livrais ensuite un sourire satisfait avant de le saluer d’un hochement de tête. Geier avait tort de se comporter ainsi avec son employé. Philéas était parfaitement capable de gérer des dossiers plus important, si le notaire se donnait au moins la peine de le former convenablement au lieu de le traiter en vulgaire larbin tout juste bon à se charger de la paperasse dont il ne voulait pas.

Je suivis donc mon ami jusqu’à son minuscule bureau sans échanger le moindre mot avant que la porte ne se referme derrière nous.

-Pardonne-moi, mais je ne supporte pas ce vieux bonhomme… Sa simple vu m’agace au point que les mots sortent sans que je ne puisse les retenir, m’excusai-je en affichant une mine sincèrement désolée.

Je savais pertinemment que le notaire s’en prendrait à Philéas par la suite. Simplement pour exprimer sa frustration de n’avoir pu me répondre comme il l’aurait voulu… Ce qui, évidemment, m’agaçait d’autant plus et me rendait plus venimeuse encore à notre rencontre suivante.

-Phil… Je te tutoie depuis longtemps maintenant, il serait temps que tu fasses de même, tu ne penses pas ? demandai-je en prenant appuie sur son bureau sans oublier de jeter un œil curieux à celui-ci chargé de papier en tous genres, avant de siffler : Tu mérites bien mieux que de travailler pour cet idiot pour un salaire de misère. Tu te gâches, mon ami...

Comme ce constat pouvait m’agacer, néanmoins, je n’étais pas venue jusqu'ici pour me disputer avec un vautour et critiquer le travail du clerc. Je soupirai avant de me reprendre et d’expliquer calmement la situation au jeune homme. Comme à mon habitude, je lui racontais absolument tout, n'omettant aucun détail afin de ne pas lui laisser plus d’interrogation que j’en avais moi-même. La situation était bien assez compliquée comme cela, inutile donc d’en rajouter.

-Je voulais me rendre côté verso pour rencontrer nos petits amis communs. Je ne peux décemment pas y aller seule et ils te connaissent bien mieux que moi… Des témoins affirment avoir vu Garrett se promener dans le quartier alors qu’il se trouvait chez lui… Étrangement, je préfère accorder ma confiance à ces petits yeux aussi curieux que justes et savoir ce qu’ils ont pu réellement voir… Si Garrett n’est pas coupable de ce meurtre, quelqu’un l’est et je dois trouver qui…La milice n’enquêtera pas, le commissaire s’est empressé de tout lui coller sur le dos… J’ai besoin d’aide, Phil… Alors puis-je te demander de m’accompagner ?


Havelock Glorka
Havelock Glorka
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Un matin comme les autres (En cours) - Page 2 EmptyMer 27 Juin - 21:08
Irys : 301157
Profession : Police secrète
Daënar +2 ~ Alexandria (homme)
Toc, toc, toc.

Le bruit me réveille. Le visiteur n'a pas attendu mon autorisation pour ouvrir la porte. La tête d'un acolyte passe dans l’entrebâillement de la porte, posant sur moi un regard sans grande émotion alors que j’émerge lentement de mon sommeil réparateur.

-Le superviseur Barkal veut vous voir, Glorka. Tout de suite.

Il referme la porte sans attendre de réponse. Il n'y a pas à en avoir. Quand un superviseur désire vous voir, il n'est pas recommandé de décliner leur invitation. Les superviseurs correspondent aux commissaires de la milice, mais pour les services secrets. Chef dans leur domaine, ils sont l'interface entre les agents de terrains et les instances dirigeantes des services, voire du gouvernement. Ils sont en premières lignes des pressions et des jeux de pouvoir animant les hommes et les femmes de pouvoir du pays. Il faut avoir les épaules sacrement fortes pour réussir à faire son boulot sans craquer. Et par conséquent, il est vivement conseillé de suivre leur ordre.

Nous sommes le lendemain du jour où tout a commencé et déjà, j'ai un entretien avec le superviseur. Les pièces bougent. Je m'en amuserais presque si je n'étais pas entrain de me relever, ma main blessée s'éveillant elle aussi avec ses douleurs. Je pense encore à mes trouvailles de la veille. Un assassinat. Mes avis que ce n'est pas un fait anodin, mais le mouvement d'un pion sur le grand chéquier d'Alexandria. Il va falloir être en pleine forme pour jouer son rôle à bon escient et la nuit courte ne pas en ce sens. Une fois sortie de la morgue, il a fallu rentrer au QG des services secrets, et établir un rapport préliminaire, rapport qui doit actuellement reposé sur le bureau du superviseur Barkal. Un bref repas puis au lit, dans mes quartiers qui n'ont rien à envier aux cellules de nos prisonniers. On est pas là pour se complaire dans le confort. Nos propres cellules sont spartiates avec le strict nécessaire, seulement éclairé par la lumière naturelle d'un soupirail juste sous le plafond. En l’occurrence, il n'y a pas beaucoup de lumière.

C'est l'aurore.

Il me faut une bonne dizaine de minutes pour me préparer avec toute la dextérité dont je peux faire preuve et une autre dizaine de minutes pour parcourir les couloirs sombres et silencieux de notre domaine. Je croise peu de monde et les rares chanceux ne m'octroient aucun regard. Il n'y pas de vie en ces lieux. Nous n'avons pas l'habitude de siroter un café autour de la machine en s'échangeant les dernières nouvelles. Du sérieux et de l'abnégation, c'est ce qui fait l'excellence de nos services. Les superviseurs siègent à l'étage ; l'escalier est pour moi une difficile épreuve ; je prends un instant pour souffler un coup avant de m'engager dans le couloir, puis de frapper à la bonne porte où une petite plaque de cuivre indique le nom du locataire des lieux. A peine ai-je le temps de frapper à la porte qu'une voix grave m'intime d'entrer. La canne, ça n'aide pas à rester discret.

Le bureau de Scipio Barkal est un peu plus chaleureux que la moyenne de nos propres bureaux. Un large bureau trône au milieu de la pièce se payant le luxe de deux petite fenêtres donnant sur le soleil levant ; la lumière est éblouissante et plonge le superviseur Barkal, assis dans un fauteuil, dans l'obscurité. Je met ma main infirme en visière, me permettant d'avancer sur le parquet grinçant en sachant où je vais. Pas de chaise pour m’asseoir ; naturellement. Je me place devant le bureau, aussi raide que je le peu et j'attends. Le superviseur, un cinquantenaire filiforme aux traits anguleux, parcourt mon rapport d'une traite, ses yeux allant d'un côté à l'autre avec une agilité rare. Une fois fini, il pose ses lunettes devant lui, joint les mains et me fixent un instant, passant une de ces incisives sur son ongle de pouce.

-Vous avez toute ma confiance, Glorka. Je suis du même avis que vous. Les indices concordent ; quelque chose ne va pas.
-Merci, superviseur.
-Et votre comportement vis à vis du commissaire Henker n'a pas perturbé que celui-ci.
-C'est à dire ?
-Des gens. De la haute société. Ils ont exprimés certains...reproches. Et ils m'ont sérieusement conseillé de vous tenir, Glorka.
-Puis-je demander qui sont ces gens ?

Instant de silence. Échanges de regards. On se jauge. Surtout lui.

-Il vous faut savoir quelque chose, Glorka, mais je pense que vous vous en doutez. Vous êtes sur un terrain dangereux. Il y a des marionnettes dans cette affaire. Et bien derrière, caché, il y a ceux qui tirent les ficelles. Faire tomber les pourris et les corrompus, vous avez ma bénédiction. Nettoyer la milice de sa gangrène est notre mission. La rendre plus efficace, c'est rendre plus efficace la sécurité national. Pour ce qui est de ceux au-dessus, je vous interdit d'aller les chercher. Ils sont puissants et ont de l'influence. Même si vous arrivez à les faire tomber, leur chute causera plus de problème qu'autre chose. La stabilité de notre nation en dépend. C'est peut être un peu pompeux, mais c'est la vérité. Alors, Glorka, faites ce pour quoi vous êtes rentrés dans ce service, mais ne merdez pas.
-Bien, superviseur.

Logique. J'avale les informations un instant.

-Superviseur, puis-je alors vous demander ce que vous avez répondu à ces … pressions ?
-Que je m'occupe de votre cas.
-Mmh. Donc, ils doivent s'être préparé à ce que je rentre dans le rang.
-En effet.
-Et que je continue mes investigations, sans dériver de mes façons de procéder me fera passer pour un chien fou totalement hors de contrôle et capable de creuser là où il ne faut pas.
-Peut-être, oui.

Barkal ne sourit pas ; il reste imperturbable. Mais je le sens. Il voit bien où je veux en venir.

-Je vous couvre pour l'instant. Mais apportez moi des résultats.
-A vos ordres, superviseur.
-Et surtout, Glorka, ne mourrez pas.
-Je ne vis que pour servir.

Pincement de lèvres.

-Je reformule. Ne mourrez pas bêtement.

Naturellement. Mourir pour pas grand chose ne fait pas partie de mes projets. Protéger mes concitoyens et sévir contre ces ennemis. Protéger et Sévir. C'est un peu mon adage. Je prends les derniers mots de Barkal comme un salut. Il est déjà sur un autre dossier. Je fais demi-tour et sort de la pièce, refermant la porte tout doucement, pour ne pas déranger. Jorg m'attend. Jorg est un associé. Beaucoup de muscles, peu de réflexions. Il fait la pair avec moi. On s'aide mutuellement depuis plusieurs mois. Je le salue d'un hochement de tête, il fait de même.

-Des projets, Havelock ?

Il est au courant de mon affaire. Je ne perds pas de temps en explications superflus.

-Il sera temps de rencontrer ce cher inspecteur Catesby. Il va falloir me le trouver.
-Je m'en charge.
-Tu me retrouveras au commissariat. Il est temps de remettre un coup de pression à ce cher commissaire Henker.


Dernière édition par Havelock Glorka le Dim 22 Juil - 21:42, édité 1 fois

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