Illusions et lucioles

Il fallait se calmer, faire taire ces pensées qui n’en finissaient plus de filer et de défiler dans son esprit, des idées sans début ni fin, des questions qui se répétaient sans cesse. Et si ? Et si ? Et si ? C’était une tempête qui gagnait en intensité et qui troublait la quiétude de son esprit, une tempête qu’il devait calmer et réduire à l’état de simple bruine. Leynar s’évertuait à rendre ses idées plus claires, à calmer le flux de pensées interminables qui le harcelaient depuis trop longtemps déjà.

Le vent, la poussière, la chaleur du soleil, rien de tout cela n’avait d’importance, ils n’étaient que des détails insignifiants tout au plus en face de ce à quoi il était confronté. Le khurmi devait faire le vide, chasser les idées inutiles et indésirables. Cela commençait par de grandes inspirations, suivies d’expirations toutes aussi longues. Leynar devait commencer par prendre le temps de se poser les bonnes questions, il savait que s’attarder sur une myriade de petits détails serait inutile. Le calme revenait petit à petit, les idées devenaient moins chaotiques, la tempête qui grondait dans son esprit se calmait. Cette tempête perdait en intensité, devenant un simple orage, une vulgaire pluie, puis une banale bruine avant de disparaître entièrement. Le calme était revenu, et ses pensés regagnèrent leur clarté après les longues minutes passées à se calmer.

Leynar poussa un soupir soulagé avant de voir son interlocutrice se rapprocher de plus en plus de lui. La confiance était une chose difficile à accorder, encore plus lorsque la méfiance était omniprésente à l’accoutumée, mais Leynar avait décidé de baisser sa garde, d’accorder une once de confiance en son interlocutrice. Baisser ses défenses aussi bien mentales que physiques était rare chez lui, et il espérait qu’il n’aurait pas à le regretter, mais pour le moment la personne en face de lui avait toute sa confiance. Et il ignorait encore son nom, au fond de lui il sentait qu’il devait être plus prudent, mais il fit fi de cette méfiance exacerbée. Alors il gardait les yeux sur son interlocutrice, observant consciencieusement ses prochaines actions. Elle tente de prendre sa main, mais un réflexe de méfiance inconsciente fait qu’il essaye de la retirer sans y parvenir vraiment. Le khurmi déglutit alors, fronçant ses sourcils inexistants comme s’il se demandait quelle était la finalité de ce geste, à quoi pouvait-il bien servir.

Elle parlait et il écoutait sans dire un mot, Leynar ne savait pas si ce fût par respect ou par incertitude, mais elle avait eu toute son attention. Cette incertitude allait se répercuter sur sa pensée, puis sur sa parole.

-Je ne sais pas. Répondit-il simplement à ce que lui avait dit la femme en face de lui.

De la sollicitude ou de la bienséance ? Leynar n’aurait su le dire tant il réfléchissait à la véritable signification de ses actes. Étaient-ils mû par l’intérêt ou la compassion ? Il ne savait pas, il hésitait, il était perdu. C’est alors que la femme en face de lui commença à être entouré d’un léger tourbillon. Ce devait être le prémisse de l’invisibilité, ou d’une quelconque autre ruse. Elle lui délivra un dernier message devant lequel il haussa les sourcils. Il entrouvrit la bouche sans réellement dire quoi que ce soit sur le coup. Il voulait dire quelque chose, mais quoi ? C’est alors que presque machinalement, il décida de prendre la parole à son tour, comme pour clore cette conversation.

-Le temps nous le dira. Bonne chance pour répandre votre message.

L’air perdu, sans véritablement savoir quoi faire ensuite, le khurmi se gratta pensivement la tête, absorbé par ses pensées. Il ne fît plus attention à ce qui l’entourait, seule sa réflexion avait toute son attention.