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 Q'hlaos

Invité
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Q'hlaos EmptyJeu 20 Sep - 17:23
Q'hlaos Th9o


-DECLINEZ VOTRE IDENTITE, VOUS QUI PENETREZ SUR LES TERRITOIRES ANCESTRAUX DES Q'HLAOS!
-Je crois que c'est une femme, père.
-Nous ne tolérons pas la présence d'infidèles sur nos terres, encore moins de daenars pour piller nos ressources! Trop des vôtres se croient libres de bafouer nos forêts, et ça a trop duré!
-Je ne pense pas que ce soit une daenar, père.
-Par ma barbe et ma lame, j'ai promis de défendre notre monde contre l'engeance orientale! Vous chassez nos troupeaux sans chercher à maintenir l'équilibre, vous rasez nos forêts sans penser à rien d'autre que vos besoins immédiats, vous mutilez le sol pour extraire mille fois plus de cristaux que nécessaire! Vous êtes un fléau corrupteur!
-Correction, c'est clairement une my'tranne, père.
-Mais les clans en ont bien plus qu'assez! Et maintenant, dans ces terres reculées où seulement les cupides de votre race osent se rendre, je vous invite à mourir, chien de l'Est! La fureur de Dalaï, la vindicte de Süns, le châtiment d'Orshin vont s'abattre sur vous, et j'en serai le bras armé! Et ici, les faibles de Darghaa, les bienséants politiques ne pourront rien pour vous, baises-ferraille!

Et à ses pieds, Arianna émergea lourdement de sa longue nuit de sommeil. Elle s'était fait un abri conséquent pour cette nuit là. Un abri fait de branches, de feuilles d'arbres plus grandes qu'elle et de terre pour tapisser le sol, le tout disposé sous la forme d'un petit dôme qu'elle avait préalablement couvert de grandes quantités de neige compactée, pour un résultat à mi chemin entre l'iglou, le quinzy et la hutte aménagé comme seul un nomade de My'tra pouvait le faire. C'est à dire avec presque autant de finesse et de génie que le fils d'une tribu d'Als'kholyn, mais surtout en trichant lourdement de sa magie pour s'aider tout du long. Et le fait de disposer des pouvoirs de Dalaï était bien se qui se faisait de plus pratique pour la chose ; pas vraiment surprenant en se souvenant que près d'un tier de Zagash avait le même climat que Khurmag, blizzard mortel en moins. Ils avaient leurs recettes.

Restait qu'avec tout ça, elle n'avait pas vraiment imaginé se faire tirer de son abri par les pieds dès le réveil. Et c'est complètement hagarde, encore méthodiquement emmitoufflée dans un cocon de peaux de bêtes, avec juste son visage barbouillé et son lot de mèches blondes en cascade sur le visage qu'elle tenta de se défendre :

-Ah non mais qu'est ce qui se passe?
-Putain p'pa c'est Ari'.
-Hein? Ça n'est pas une daenar?
-Une daen..., marmonna la concernée... C'EST UNE BLAGUE? SAN'THA, C'EST MOI PUTAIN, À QUOI EST-CE QUE TU JOUES?

Le cavalier en armure se sentit soudainement vaciller sous le regard ébahi et le rugissement excédé que lui adressa la jeune femme. Quelque chose en lui résonna anxieusement devant cette expression ; un sentiment de culpabilité qui lui sembla étrangement déplacé, mais le même qui pouvait émerger quand sa mère ou sa femme l'appellaient par son nom sur un ton qui ne disait rien qui vaille. Et ceci manqua presque de le désarçonner. Pour autant, il ne relâcha aucunement son arme.

Une absence de réaction qui arracha une inspiration de rage incrédule de la part d'Arianna.

-MAIS T'ES DINGUE? JE SUIS TA NIÈCE GROS CRÉTIN! SAN'THA DU CLAN Q'HLAOS, DE LA TRIBU NERASSA, DES MY'TRANS DE ZAGASH. TU T'ATTAQUES À ARIANNA TORRICELLI, L'AÎNÉE DES TROIS FILLES DE TA SOEUR, SUINNAK AUX YEUX AZUR ! QU'EST CE QUE TU AS FUMÉ?
-Menteuse, mécréante, malvenue, qui est tu pour parler de ma soeur!? Je ne connais nulle Arianna! Mais cette voix me dit quelque chose, oui.
-C'est Ariachou, père.
-Ariach... par la barbe de la sainte araignée, Ariachou!?
Oh que non, ce serait toi? Tu as tant grossi que ça?
-Quoi?
-Euh... tu as tant grandi que ça?, se reprit le cavalier sur un ton innocent.

Sa maladresse, qui passa inaperçu aux oreilles de la jeune femme, fut mentalement attribuée au gros tas de peaux de bêtes dans lequel elle s'était enroulée. Et à la vision défaillante du soixantenaire, qu'il ne parvenait plus a cacher en dépit des efforts qu'il faisait pour ces choses.

-Ça fait déjà trois ans non?, demanda-t-il en comptant sur ses doigts.
-Si on oublie hier soir, oui ça frôle les trois ans. Mais on s'est vus hier soir.
-Hier?
-Hu hu.
-Non. On ne s'est pas vus hier.
-Si?
-Non.

Les deux my'trans se dévisagèrent longuement, essayant de comprendre à quoi rimait cet échange et cette situation absurdes. En fait, il fallu à chacun des acteurs une bonne vingtaine de secondes pour comprendre que l'autre partie était on ne peut plus sérieuse et convaincue de ce qu'elle disait, et qu'elle ne plaisantait pas. Ce qui intrigua aussitôt le vieux barbu:

-Ariachou. Nous t'attendions hier soir, pour deux heures avant le coucher du soleil, et tu n'es pas venue. Et c'est précisément pour ça que nous sommes sortis aujourd'hui pour venir te chercher sous la neige, petiote.
-Jeeee... pas du tout? Je vous ai retrouvés hier, en fin d'après midi. On a mangé ensemble mais vous n'avez pas voulu que je dorme avec vous et j'ai dû me bricoler un abri en express avant que la nuit tombe. Je n'avais plus qu'une heure et vous ne m'avez pas aidé. J'ai fait ça sans broncher mais franchement... ce n'était pas élégant.
-Qu'est ce que tu racontes?
-Eh, c'est ce qui s'est passé.
-Non. Tu racontes n'importe quoi. On ne t'a pas vue hier.

À nouveau un silence. Au cours duquel le cavalier fini enfin par retirer le fer de sa lance de sous le nez de sa nièce. Derrière lui, le jeune homme se tenait sans rien dire, cirsconpect, visiblement perdu dans la même confusion que les deux autres.

-Réfléchis, petite fleur. Tu penses vraiment qu'on t'aurait laissée dormir dehors comme ça à une demi heure de marche de notre camp plutôt que de te faire une place parmi nous?
-Vous n'aviez plus de place, vous m'avez dit. Manal et son mari étaient déjà chez vous avec leurs deux enfants. Et ils ne font pas leurs nuits.
-Non? Ils se trouvent très loin d'ici, à Darghaa, parce que c'est là qu'ils habitent maintenant? Ça devient n'importe quoi.
-C'est déjà n'importe quoi, je confirme.

-Arianna, intervint Makakau, le jeune homme. C'est exactement comme il dit. On ne t'a pas vue hier soir.
-...
-Mais du coup je me demande... est-ce que tu étais seule? Est-ce que tu as rencontré quelqu'un? Est-ce que tu ne te serais pas - au hasard sur un doute - faite déformer la mémoire par quelqu'un?

Il avait amené ces derniers mots, ça ne faisait aucun doute. C'était ça, qu'il soupçonnait le plus. Et le silence de sa cousine montrait bien qu'elle prenait l'idée très sérieusement. Parce qu'aussi absurde que cela puisse paraître, ça n'avait rien de rare, que ce soit dans My'tra ou encore aux abords de Khurmag. Ils se tenaient loin au nord de la frontière, mais le climat était le même, à quelques nuances près. Un raisonnement qu'Arianna n'eut pas de mal à rejoindre.

-Oh meeeerde, grommela-t-elle en fouillant sa mémoire.

Subitement mal à l'aise dans le froid ambiant qui se rappela à elle, elle se renfrogna sous sa grosse couverture en se mettant en tailleur. Les deux autres posèrent pied à terre, le plus vieux s'asseyant auprès d'elle, l'autre regardant alentours à la recherche de... quelque chose, peu importe. Des traces, des restes, quelqu'un pour les épier, il ne savait pas vraiment. Plus surprenant, le renne que chevauchait Makakau, le jeune homme, s'approcha de la my'tranne pour poser la tête sur son épaule, la réchauffer doucement, peut être la réconforter lui aussi. Elle l'acceuilli d'une main pour lui caresser l'encolure, sans détourner le regard de ses genoux.

-Je crois que j'ai une idée. Qu'est ce que tu as mangé hier soir?, demanda finalement le vieux barbu sur un ton d'évidence.
-Tu as préparé un ragoût de champignons-fèves-rutabagas au porc, et tu avais en stock des sorbets pour desserts.
-Qui m'a donné les sorbets?
-Un voisin, je n'ai pas demandé, tu n'as pas précisé.
-Autre chose dans le ragoût?
-Des carottes, des épinards, du panais, de la betterave...
-Des épices?
-Non, des herbes. Mais c'était relevé.
-Et qu'est ce qu'on utilise dans le coin pour faire du relevé?
-Des calendules. C'est typique, tu en mets tout le temps. Et j'aime beaucoup les pétales dans les plats.
-Tu en avais?
-...

Non. Mais elle n'eut pas besoin de le dire, son silence y suffit. Sur un simple détail, et tant d'autres qu'elle cherchait à reconstituer, elle trouvait des faiblesses. Ils avaient et mangé et joué et chanté sans qu'elle ne parvienne à vraiment retrouver quoi, et encore moins à retrouver ce qu'ils faisaient d'habitude.

-Et hier, on a descendu un ragoût de phoque.
-En effet, approuva son fils.
-J'ai compris, leur demanda Arianna. Pas besoin d'en dire plus.

La petite boule de malaise se rengorgea dans le creux de son ventre. Ses souvenirs. C'était la première fois que quelque chose de ce genre lui arrivait. Elle connaissait bien certains de ses frères Nerassa ou d'ailleurs qui s'étaient déjà fait avoir... mais c'était différent. Dans l'absolu, elle savait qu'elle allait bien là maintenant. Elle arrêta un moment ses pensées sur ce fait pour tenter de se calmer. On ne lui avait rien fait, comme elle s'empressa de le confirmer aux deux autres. Mais dans ce cas... on lui aurait volé quelque chose? En effet, la poignée d'irys qu'elle avait avec elle avaient disparu. Pas une énorme perte, même si c'était gênant. Il n'y avait eu que de quoi s'acheter de quoi manger ou se soigner pour quelques jours si le besoin se présentait, et qu'elle aurait été dans l'incapacité de se procurer ça par elle même. Peu probable à moins d'une mauvaise chance. De tous les cadeaux qu'elle avait amené pour le clan des Q'hlaos, rien n'avait disparu. Ni le coffret ouvragé, ni les quelques talismans faits de bois et de coquillages confectionnés par Galeone... ni même la magilithe rougeoyante qu'elle avait toujours dans sa besace, à sa propre surprise. C'était peut être ça qui la surprenait le plus, en fin de compte. C'était probablement la seule chose à voler dans tout ce qu'elle avait.

-Ne t'inquiètes pas en tout cas, Ariachou. Hannak ou le khorog sauront tous les deux te remettre les souvenirs dans l'ordre, pas de doute à ce sujet. On demandera à Mivrarh s'il se présente avant, il s'y connait aussi. Tu es sûre que ça va?
-Oui... oui oui oui. J'en suis déjà au stade où j'imagine tranquillement ce que je vais faire au prochain khurmi que je croiserai. Juste par précaution.
-Ah ça ! Profiter d'une jeune femme allant seule dans la neige... une vraie pourriture, si c'est moi qui l'attrape tu n'auras plus grand chose à en faire pour ce qu'il restera!
-Mmmh. J'imagine.

Makakau les regarda sans trop savoir quoi dire. Il aurait voulu faire quelque chose pour aider sa cousine, ou au moins soulager sa détresse. Juste la réconforter, mais c'était délicat. Il ne savait pas quoi dire, et ne pouvait rien faire vu la situation. Aussi ne dit-il rien, se contentant de remercier le ciel, ou plutôt Orshin et Süns, d'avoir fait Arianna si solide. Et son père plus doué que lui pour ce genre de problème.

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Q'hlaos EmptySam 22 Sep - 17:29
-On devrait peut être rentrer, non? Nous serons mieux au camp.

C'était tout ce que le jeune homme avait trouvé à dire au bout de dix minutes. Non pas que ç'eut été une mauvaise idée, car les deux autres acquiescèrent sur le champ. Il ne leur fallu qu'une poignée de minutes pour s'activer et charger la maigre besace d'Arianna sur un renne ; les trois nomades en profitèrent également pour grignoter un peu. Sans un mot, Makakau avait tiré de son sac quelques galettes de patates aux légumes qu'il tendit aux deux autres ; ce à quoi Arianna répondit de bon gré en leur offrant plusieurs tranches de pain, des fruits et des biscuits bien meilleurs que tout ce qu'eux pouvaient faire avec ce qui venait de leurs contrées. Car dans tout ce que les architectes avaient créé qui poussait si loin à l'ouest, rien n'était aussi bon que ce qui provenait des terres ensoleillées. Et même lui, pourtant très détaché des plaisirs matériels, trouvait ça fatiguant. Et injuste, car rien ne justifiait que les dieux ne conçoivent pas des cultures adaptées à ce climat. À ce jour, il considérait que tout ça était la faute de Khugatsaa, responsable des régions enneigées dont Khurmag relevait entièrement... et qui se montrait on ne peut plus incompétent dans la gestion de son territoire. Pour preuve le fait qu'il se soit contenté de le recouvrir d'un voile illusoire plutôt que de réellement faire quelque chose pendant les quarante ans qui se sont écoulés depuis la frappe des daenars. Une marque de paresse et de procrastination qui se montrait bien assez éloquente pour illustrer l'architecte. Ses bénis, à son image, étaient faibles et passifs. Ce qui était logiquement une conséquence immédiate du piètre régime alimentaire et gustatif que leur permettait le griffon blanc, car tout le monde savait bien que le moral d'un homme passait par son assiette. Pareillement pour l'énergie dont son corps disposait.

Raisonnement typiquement zagashien, diraient d'autres. C'était vrai. Il trouvait également que Delkhii était nul de ne faire rien pousser aussi loin de son domaine de Kharaal. À deux contre un, Dalaï pouvait faire ce qu'elle voulait pour rendre les terres fertiles en les irriguant de son eau, ça ne pouvait pas suffire si les autres ne créaient pas grand chose à cultiver ici.

Encore que au final, son clan, les Q'hlaos, était fait de chasseurs-ceuilleurs, d'artisans et de troqueurs qui ne quittaient que rarement leurs domaines enneigés. Le jeune homme avait passé plus de temps de sa vie dans Khurmag que dans les plaines verdoyantes du sud de Shuren. Deux régions qui se situaient globalement à la même distance de leurs domaines. Ça aussi, il trouvait fatiguant. Et usant. Et juste... bête. Traditions séculaires des Q'hlaos, qu'on disait. Par moment, il trouvait à les remettre en question.

Voilà tout ce que lui évoquèrent les grains fermes et croquants du bout de pain qu'il savoura lentement. Bouchée par bouchée, sans laisser la moindre miette s'échapper, bien au fait qu'il n'y retoucherait pas avant des mois au mieux.

-Et vous deux, c'est normal que vous ne m'ayez pas reconnue alors que vous me cherchiez?, demanda subitement Arianna. Que vous m'ayez prise pour une daenar alors que c'est impossible?

San'tha ne trouva pas grand chose à répondre à cela, étrangement. Peu fier de sa méprise, il se découvrit une fascination soudaine pour les bois de son renne, laissant à son fils le soin de lui trouver une excuse digne de ce nom.

-On en a croisé d'autres en venant ce matin, justifia Makakau en mentant à moitié. On en croise tout le temps, maintenant. On en chasse tout le temps, aussi. Et Père a toujours été un peu agressif là dessus. Cogner d'abord, poser les questions ensuite. Et au moins il se donne la peine de poser les questions, ce qui montre qu'il vieillit, parce qu'avant c'était pas vraiment ç...
-Je t'entends, vermisseau, et je suis extrêmement peiné de la présence de ces mots dans ta bouche.
-Oups pardon, désolé.
Sa vision est aussi devenue très mauvaise mais il refuse de prendre des lunettes ce qui serait un aveu de faiblesse alors ne t'étonnes pas s'il agit bizarrement de ce point de vue.
-Huhu
, opina la jeune femme.
-Qu'est ce que tu lui as marmonné, espèce de fils indigne?
-Il m'a dit que j'avais un profil de daenar quand je me réveillais le matin, ce qui me rendait hautement suspecte aux yeux de tous les zagashiens dignes de ce nom et que tu n'es pas en faute, asséna la jeune femme d'un sourire entendu.
-Oh ça va hein...
-Ouiiii, je suis sûre que ma mère sera de cet avis quand je lui raconterai. "Au fait, tonton San'tha m'a accueillie fer de lance pointé droit sur ma gorge, sur un malentendu".
-Guhgnugnuurk!... tu oserais dire ça?
-Est-ce que c'est faux?
-Vipère manipulatrice, je reconnais bien là ton demi-sang de khurmi!
-Si ça peut te rassurer, ton hypocrisie fait honneur à tes amis de Zolios, vieil hibou.
-De Zolios? Nous n'avons rien à voir avec ces lèches-poussière!
-A part une trop grande affection pour Süns, oui.
-Pfff. Imbécile. On ne pourrait pas être aussi différents d'eux que le jour de la nuit. Et tu le sais très bien, petiote.
-Hahaha. Accordé, rigola la nomade.
-Mais par contre, Ariachou...
-Tu peux m'appeler Arianna ou Ari' ou Aria comme tout le monde?
-Impossible. Tu t'appelais toi-même Ariachou jusqu'à tes trois-quatre ans et c'était si mignon que je dois continuer.
-Rrrrrgh... Makakau, au secours.
-Aucune chance, il m'appelle toujours Makrognon comme quand j'étais tout petit, même en public. Je ne peux rien pour toi.

-Mais tu étais crognon!, se défendit le paternel avec grande véhémence et de larges gestes des mains. Avec tes petites mains! Et tes toutes petites jambes! Et ton tout petit corps! Et tu me disais "P'pa"! Un adorable fils! La prunelle de mes yeux!
-Ah oui, en effet c'est sérieux.
-Tu vois?
-Toutes mes condoléances. Encore que si ça peut te rassurer mon père m'appelle encore...

-Arrêtez de converser à voix basse, garnements! Je ne suis pas sénile, ni stupide, ni aveugle ni sourd!
-Et encore moins muet, commenta la Nerassa.
-Aaazrgh! Ce n'est pas une façon de parler à ses aînés, mal élevée!
-Ce n'est pas une façon d'accueillir de la famille, grosse brute!
-Tu plaisantes? Tu as des gens qui viennent te chercher et tu trouve le moyen de te plaindre? Ingrate!
-En voulant m'empaler au réveil?
-Non mais que...

Impression de déjà vu. Et qu'il reverrait beaucoup, se dit le jeune my'tran. C'était lui qui portait sa cousine derrière lui, partageant sa monture pour le temps du trajet. Il n'en aurait plus que pour vingt minutes... ou bien trente, vu leur petite allure. Mais c'était agréable. Il aimait bien entendre son père se chamailler gentiment avec les gens, même si lui n'était pas bon acteur pour ça. Et puis, ils étaient déjà assez près de leur camp. Pour preuve, un des arbres situé aux abords du chemin qu'il traversaient, à l'orée d'un croisement, dont une portion du tronc avait été savamment sculpté à l'image d'un totem. Une figure de renne, de lézard et de carpe se succédaient de haut en bas, rappelant aux voyageurs que ces terres étaient sous protection de leur clan. Un symbole parmi d'autres, pas toujours des gravures, pour marquer leur territoire.

-Joli, commenta la visiteuse. Vous les entretenez bien en plus.
-Ho ho ho! C'est moi qui l'ai sculpté, celui là! Avec quelques amis. Et oui, nous faisons de notre mieux pour les entretenir aussi bien que nos barbes! Alors que toi, tu verrais l'état de tes cheveux... c'pas comme ça que tu vas te trouver un my'tran...
-... ça sort d'où cette remarque?

-Hahaha! Chaque chose en son temps, petite fleur. Mais pour jouer, pourquoi p...

Une boule de neige vint frapper le barbu en pleine face, lui arrachant un glapissement surpris tandis qu'il bascula sans pour autant chuter de son renne. Deux secondes plus tard, il se cachait déjà derrière ce dernier, employant des manoeuvres de contournement pour engager le combat. En face, sa nièce, affichant toujours la même grimace mêlant vexation et ébahissement depuis le commentaire fatidique.

-C'était tellement gratuit que j'ai agi par réflexe. Tu mérites que je le refasse.
-AH TU VEUX JOUER À ÇA? UNE BATAILLE CE SERA DONC, MISÉRABLE! VIENS TE BATTRE SI TU L'OSES! TU MANGERAS DE LA NEIGE PAR LE NEZ! LA PURIFICATION PAR DALAÏ!

San'tha tendit les bras, matérialisant une dizaine de boules de neiges qui percutèrent toutes la jeune femme sur le haut du crâne - elle perdit l'équilibre et se retrouva à terre, elle. Mais loin de s'en offusquer, elle frappa contre le sol pour dresser un énorme bloc de neige à l'allure menaçante, qui s'éleva lentement dans les airs pour lorgner sur le vieillard.

-Oooooh.Ca me rappelle des choses, ça, Ariachou. Tu es aussi mauvaise qu'avant ou bien tu as fait des progrès?
-Tu as l'air très pressé de voir, commenta cette dernière en souriant.

D'un simple coup de talon, Makakau pressa contre les flancs de sa monture pour lui intime de s'écarter en frottant - non pas que l'animal en ait vraiment eu besoin pour comprendre ce qu'il devait faire. Les batailles de boule de neige, qu'elles soient magiques ou pas, n'étaient pas dans son genre.

Et en réponse à ses considérations, une voix chaleureuse, agréable bien qu'un peu ennuyée, résonna dans son âme.

Ils sont toujours comme ça, ou San'tha fait le guignol pour changer?

J'imagine. P'pa fait le gaga avec tout le monde. Arianna sera juste un prétexte. Profite juste du spectacle. Oh, on était pas trop lourds, tous les deux?

Pas du tout. Pas pour les épaules en tout cas, mes oreilles c'est autre chose.

Ah.

Je plaisante, hihihi. C'était juste pour le jeu de mot.

Je vois le genre...

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Q'hlaos EmptySam 6 Oct - 15:01



-Puissant gharyn. Ma nièce venue rendre visite à son oncle bienheureux se présente devant toi pour te payer ses respects et ceux de sa famille. Puissent les clans Nerassa rester toujours unis, à l'abri du besoin.
-Miaaoooouw.
-Je vais la faire rentrer.

Pour toute réponse, le félin se contenta de faire crisser ses griffes sur la balle de caoutchouc qui se tenait devant lui. Posé sur son coussin, l'animal n'avait adressé qu'un regard à la jeune visiteuse, avant de se recentrer sur l'objet qui le fascinait tant. Cette sphère de pâte grise qui ployait sous la pression de ses pattes, qu'il pouvait machônner et percer et riper à son gré dans un florilège de satisfactions toutes plus agréables que la précédente, il ne s'en laissait pas.

-Rrrrrhh, ronronna le gharyn.
-Enchantée également. Ça fait bien longtemps depuis ma dernière visite, mais votre territoire est toujours aussi beau que dans mes souvenirs. Je vous ai apporté un cadeau qui devrait bien vous plaire... je vous laisse découvrir.

Elle tira de sa besace un petit coffret de bois sommairement décoré de gravures aux allures de créatures maritimes ; pas du genre à contenir un trésor ou quelconque objet d'art, cela dit. Simplement un contenant compartimenté avec quelques étages dans lequel elle avait conservé des boulettes de poisson marinées dans du sucre, des herbes et de la sève comme elle en faisait occasionnellement pour que les fauconniers de son clan puissent se garantir facilement les faveurs de leurs rapaces. Et sans surprise, le félin fut happé derechef par l'odeur prononcée de la recette. La visiteuse lui présenta respectueusement une bouchée à l'aide de deux baguettes, qu'un miaulement satisfait honora de la plus belle des manières. Elle se mit à sourire en le voyant tendre la patte pour exiger une seconde friandise.

-Je pense qu'il aime, commenta San'tha.
-Je confirme, lui fit l'autre.

Ils se tenaient dans la hutte principale du campement des Q'lhaos, des nomades zagashiens du nord ouest du pays qui se tenaient en retrait des folies de ce monde. Ces my'trans vivaient dans de grandes étendues de tundras et de forêts enneigées que pas grand monde ne venait leur contester, mais que leur magie rendait tout à fait habitable. Quand les officiels des grandes cités du continent assuraient aux daenars que les pratiques barbares n'étaient pratiquées que par des tribus de sauvages brutaux qui se trouvaient dans des terres reculées, c'était de ce genre de clans qu'ils parlaient. Les Q'hlaos étaient aussi vifs et fiers que les fidèles de Dalaï, et assumaient parfaitement leurs standards expressifs qu'ils cultivaient avec un application telle qu'elle pouvait horrifier le peu de fils de Kharaal et de Zolios qui trouvaient à venir aussi loin de chez eux. Paradoxal, car la seconde divinité qui trouvait leurs faveurs n'était autre que Suns. Pas parce qu'ils avaient besoin de maîtriser le feu pour survivre au milieu de la neige. Ce n'était pas le cas.

Et oui, leur gharyn était un chat. Depuis maintenant plus de huit siècles, c'était dans les usages. Pas un fidèle d'Orshin qui passerait tout son temps sous une forme féline, mais vraiment juste un chat. Ce qui expliquait indubitablement pourquoi ils n'avaient pas réclamé de tribut ou engagé de conflit avec les tribus alentour, quand bien même ce clan de chasseurs cavaliers avait largement les moyens d'imposer son pouvoir sur les autres. Et face à cette originalité, les autres clans Nerassa n'avaient qu'une position : ça marchait, aussi bizarre que ce soit. Il n'y avait pas lieu de changer quelque chose qui marchait déjà bien. Il n'y avait que des daenars, pour faire ça. Aussi laissaient-ils faire, en s'offrant néanmoins le privilège de jaser ou de se plaindre pour ceux qui le souhaitaient.

Pour sa part, Arianna se pliait à ce cérémonial sans la moindre déconvenue : présenter ses respects au gharyn était une marque de reconnaissance à l'égard de tout son clan, et c'était ce qu'elle souhaitait. Et puis, la boule de poils bichonnée à l'extrême faisait un effet tel à son oncle, dont le sourire béat se transmettait à chaque poil de sa barbe, qu'elle fut vite conquise à son tour. Dix secondes plus tard, le gharyn tendit la patte en direction d'Arianna, qu'elle gratifia humblement d'un baisemain avant de se relever, son devoir accompli.

Dix secondes de plus et les my'trans se retrouvèrent tous les deux à jouer avec le félin en le soulevant de force pour le porter sur leurs épaules, le couvrir de papouilles, l'enfermer dans un chaudron dont il n'avait pas la moindre chance de sortir et lui fabriquer des pièces d'armure semblables à celles que pouvait revêtir Arianna en vidant des patates qu'ils sculptèrent au couteau, échangeant plusieurs plaisanteries ridicules tout du long. Entre autres. Parce que, sans déconner non plus, ça restait juste un chat.

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