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Chroniques d'Irydaë
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 Tuer n'est pas jouer

Havelock Glorka
Havelock Glorka
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Tuer n'est pas jouer EmptyMar 16 Oct - 15:42
Irys : 301157
Profession : Police secrète
Daënar +2 ~ Alexandria (homme)
J’avise une horloge en sachant d’avance ce que je vais voir. Je suis en retard. C’est bien ma veine. J’accélère dans le couloir et je m’engouffre dans l’escalier, sautant plusieurs marches, presque volant au dessus d’elles tellement ça va vite. Mon cœur bat la chamade tandis que je me réceptionne difficilement en bas de l’escalier. Devant moi, ma destination. Une porte simple avec son petit écriteau jauni par l’âge indiquant la fonction de la salle derrière elle. J’avale les mètres me séparant d’elle et alors que je m’apprête à frapper à la porte, celle-ci s’ouvre brusquement, révélant le visage inflexible du superviseur Scipio. Je manque d’un cheveu de lui rentrer dedans. Il hausse un sourcil circonspect tandis que j’essaie de retrouver mon souffle.

-Glorka. Vous avez deux minutes de retard. Un agent devrait montrer l’exemple. J’espère que vous avez une excuse.
-Oui… Superviseur… J’ai été … retardé… à ma visite … médicale… Le médecin… un mot… il m’a fait… un mot d’excuses.

Et je lui tends le bout de papier où quelques mots sont griffonnés de cette syntaxe propre à la médecine du travail qui fait que ça ne veut rien dire, sauf pour ladite médecine du travail. Scipio lance un regard blasé sur le bout de papier, parvenant ou non à déchiffrer un quelconque sens aux gribouillis infâme de mon mot d’excuses avant de revenir à moi, m’observant par-dessus ses lunettes.

-Mmmoui. Ça ira pour cette fois, Glorka. Je constate que vous n’avez plus votre canne.
-Oui, Monsieur. C’est pour ça que j’avais la visite médicale. Mes … blessures ont suffisamment guéri. Je peux plus facilement marcher maintenant.
-Bonne nouvelle Glorka, j’avais justement besoin d’agents qui ne tenaient pas sur trois jambes. Vous allez rattraper le temps perdu, vous pouvez me croire.

Je hoche la tête, la mine sombre. Par « guérir », il fallait entendre que, si la canne n’était plus indispensable, il me reste quelques séquelles dont un boitillement de plus en plus prononcé au fur et à mesure que la journée ; et la fatigue ; s’accumule. Il y a du mieux, mais ce n’est pas encore ça. Et la perspective de mener les boucher doubles ne m’inspirent guère confiance à me rétablir complètement de façon sereine. Mais je ne partage pas ses tourments très terre à terre avec mon supérieur hiérarchique qui n’en a que à faire et je rentre dans la salle de mission. Celle-ci est composé de plusieurs rangées de strapontins alignés devant une loupe géante permettant à l’assemblée de visualiser quelques documents accrochés un tableau en bois. La salle est plongée dans la pénombre, seul un projecteur inonde les documents de lumière, permettant leur lecture. Il y a des gens dans cette salle. Des formes. Je passe devant Scipio qui ferme derrière moi avant de venir se placer à côté du tableau, tandis que j’essaie de me frayer un chemin jusqu’à une place libre et stratégique. Je devine l’agent spécial José au premier rang. Agent fier et dévoué, José n’en reste pas moins un lèche-cul de premier ordre et ne manque jamais une occasion de bien se faire voir. Manque de bol, Scipio, même s’il passe facilement pour un tyran auprès de nous tous, reste quelqu’un s’attardant beaucoup plus sur les résultats que sur le bien-paraitre. Il y a aussi l’oubliable agent Trochnik, petit et désagréable, qui éprouve toujours beaucoup plus d’affection pour son exemplaire dédicacé par lui même de « l’encyclopédie des tâches administratives passées, présentes et futures » ; il en est le seul lecteur connu à l’heure d’aujourd’hui ; que pour l’ensemble du personnel des services secrets. Sa bouche qui n’a jamais connu le monde de la joie n’est qu’un trait posé sur un visage cireux. Finalement, j’avise Jorg, mon homme de main attitré qui, même si nous ne sommes pas au même niveau, partageons beaucoup de choses. N’y voyez aucune allusion, hein.

Paf.
-Put ! … in…

Je me suis cogné à un strapontin en allant vers Jorg.

-Glorka, si vous voulez bien trouver une place et cesser vos pitreries, nous pourrions continuer.
-Oui … oui, monsieur.

Jorg m’installe la chaise ; toujours aussi inconfortable ; et je le remercie à demi-mots avant de grogner, ma main devant ma bouche.

-Pourquoi faut-il qu’on fasse ça tout le temps dans le noir ?
-‘Sais pas. La tradition, surement. Ça doit poser l’ambiance de causer dans le noir.

-Bien. Messieurs. Avant que l’inestimable agent Glorka ne vienne nous interrompre, nous en étions aux annonces de services. Je dois rappeler à tout le personnel que pendant deux semaines à partir de mardi, la cantine sera fermée partiellement pour entreprendre des travaux. Des créneaux spécifiques pour vos repas vous seront attribués, ceci afin d’éviter un embouteillage qui nuirait aux performances de nos services. Je crois me souvenir que vous serez tous du dernier service, vers quinze heures.

Vagues de grognements, de protestations et de soupires. L’annonce est très mal accueillie. C’est qu’en passant en dernier, on va surement se taper les restes et les trucs fait à la va-vite. Surement pas les bonnes brochettes de nos cuistots favoris. Scipio laisse quelques instants à son équipe pour exprimer son mécontentement ; sauf Trochnik, totalement concentré sur une tache d’origine inconnue en haut à gauche du tableau ; puis fini par frapper du poing sur la table. Le monde se tait.

-Si vous avez vraiment des protestations à émettre auprès de la gestion administrative de la cantine, vous pourrez passer dans mon bureau.

Personne n’a et n’aura de protestations. On entre pas dans le bureau de Scipio pour lui faire des remontrances, c’est généralement et désagréablement l’inverse qui se produit. Notre superviseur, son air le plus austère à la manœuvre ; celui qui faire taire même les mouches ; commence à faire les cents pas devant nous, peu gêné par la lumière qu’il a dans les yeux, nous fixant comme s’il nous voyait parfaitement malgré l’obscurité.

-Bien. Je vous ai réuni aujourd’hui car prochainement, une délégation mandatée par Réoni, « capitale » de la région de Khurmag doit prendre contact avec les autorités de l’Union pour échanger ; pour ne pas dire réclamer ; sur la question des mines.

Bref silence. Nous sommes imperturbables. Scipio nous connait trop bien, il finit par lâcher.

-Khurmag, c’est une région du My’trän.

Vague d’approbation.
-Ah oui.
-Je le savais.
-Ah, je vois.

Autre silence.

-Khurmag, c’est la région où la guerre a principalement eu lieu, il y a bien longtemps.
-Ah oui.
-Je le savais.
-Ah, je vois.

Ce n’est pas parce qu’on est aux services secrets qu’on est obligé de tout savoir. Sauf Trochnik. Scipio finit par reprendre.

-Nul n’aura oublié le contexte tendu que nous entretenons avec le My’träns. A tort ou à raison, ce n’est pas le problème. Le fait est qu’une escalade des tensions ne peut mener qu’à une guerre qui n’apportera rien de bon à notre nation, si ce n’est une bonne trique pour tous les généraux en goguettes qui rongent leur frein depuis un paquet d’années. Préserver les intérêts de notre nation sans à l’amener vers une guerre meurtrière est notre objectif. C’est ainsi que plusieurs membres éminents de notre gouvernement souhaite accepter d’entreprendre des négociations avec cette délégation. Qui a peu de chance d’aboutir, mais d’accepter le dialogue, en signe de bonne foi.
-Sauf que…
-Oui, monsieur Glorka, sauf que ce n’est pas du gout de tout le monde. Rien que négocier serait considéré comme un acte de faiblesse par des va-t-en guerre déterminés. Dont des membres de notre service.

Il me regarde fixement un instant. Je comprends rapidement. Récemment, j’ai pu découvrir une certaine mésentente, pour ne pas dire une haine froide, entre le superviseur Scipio et le superviseur Barkal. Scipio le soupçonne de rouler pour lui-même, ou du moins, d’agir en fonction de ses intérêts et de soutiens personnels. Aucune preuve, évidemment. L’animal est aussi talentueux et rusé que Scipio. Et sait s’entourer d’agents d’élite qui on peut de choses à m’envier malgré mes indéniables qualités. Un ennemi dangereux et impitoyable, en sommes. Je regarde autour de moi. Rares sont ceux à l’air surpris. Beaucoup doivent déjà avoir entendu parler de ça. Je suis rassuré. La perspective d’être seul dans cette guéguerre ne m’emballait pas vraiment.

-Le superviseur Barkal est en ce moment même entrain de réaliser son briefing dans la salle B22, au bout du couloir. D’après mes renseignements, l’objectif de Barkal est clair. Il consiste à pousser la délégation à bout, afin de la forcer à commettre des actes qui compromettraient la moindre chance de négociation et ne ferait qu’envenimer un peu plus les choses dans nos relations bilatérales.
-Euh, monsieur ?
-Oui agent José ?
-Je n’ai pas bien compris… le but de la manœuvre.

Regard dur.

-C’est très simple mon petit José. Est-ce que c’est acceptable de négocier avec des criminels, voire même des assassins ? Non. Alors, si la délégation est poussée à commettre des crimes, personne à l’Union ne prendra le risque d’ouvrir des négociations, sous peine d’être mis au banc par la vindicte populaire.
-Ah oui… c’est pas con.
-Merci pour votre avis, agent José.

Il ouvre ses mains, nous regardant chacun notre tour.

-Messieurs, voilà votre mission. Faire en sorte que rien ne dérape. Je compte sur vous. Trochnik ? Vous vous occuperez de la paperasse et du règlement, comme d’habitude. Handicapez l’équipe de Barkal, exploitez la moindre faille, la moindre règle. Faites leur bouffer du formulaire à longueur de journée. Je sais que je peux compter sur vous.
-Merci monsieur.
-José, Mazrin. Vous vous occuperez de la milice. Faites en sorte qu’elle n’est pas à trop mettre son nez dans ce qui peut se passer. Empêchez-les de faire empirer les choses. Lancez des fausses alertes si nécessaires. Employez vos gros bras à bon escient.
-Bien monsieur.
-Oui monsieur.
-Tarkin, Pagnol. Ce que vous avez fait avec la pègre nous servira. Faites en sorte qu’ils se tiennent tranquilles eux aussi. Voire même qu’ils soient disposés à servir de force de soutien en cas de problème ou de chercher des emmerdes avec les hommes de Barkal. Les clauses trois et quatre peuvent être négociés pour les appâter.
-A vos ordres monsieur.
-Bien monsieur.
-Glorka. Vous serez attachés à l’escorte personnelle de la délégation. Identifiez les cas à problème. Ne les lâchez pas. Guidez-les. Sauvez les meubles et si nécessaire, improvisez.
-Bien compris, monsieur.
-Stanner. Vous serez en soutien de Glorka, en deuxième rideau. Ce qu’il ne peut pas faire, vous le ferez.
-Extrêmement clair, monsieur.
-Bogdan. Vous serez à la coordination, évidemment. Je veux que les informations passent le plus rapidement possibles entre nous. Rien ne doit rester inconnu.
-Ce sera fait, monsieur.
-Enfin, Soap. Vous serez en réserve. En cas d’indisponibilité d’un agent, vous prendrez sa place. Vous assisterez Bogdan jusqu’à ce que ça arrive. En espérant que ça n’arrive pas.
-Bien compris, monsieur.

Soupire. Scipio parait subitement bien fatigué, perdu sans ses pensées. Puis la flamme qui l’habite lui revient subitement et il nous lance un regard désapprobateur.

-Et bien ? Au travail messieurs. On a pas toute la journée !


Dernière édition par Havelock Glorka le Ven 26 Oct - 9:46, édité 1 fois

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Tuer n'est pas jouer EmptyMar 16 Oct - 19:29

[justify]À défaut d'une délégation, ce sont deux my'tränes animées d'une foi absolue en leur Architecte qui foule à présent le sol de la capitale hérétique. L'une d'entre elle, d'ailleurs, est farouchement opposée à l'idée qu'il puisse y avoir des négociations avec les dirigeants qui, des années plus tôt, ont décidé d'envahir les terres sacrées des enfants des Architectes. Si Zora appuie Althéa, c'est uniquement par amitié. Ou peut-être par simple solidarité. À trop évoluer parmi les infidèles, on se rend bien vite compte qu'une présence familière est d'une richesse inestimable...

Et pourtant le duo, aujourd'hui, n'est pas uni. Elles sont allées chacune de leur côté afin d'appréhender à leur façon l'environnement totalement inconnu dans lequel elles seront appelées à évoluer ces prochains mois. Une manière de moins attirer l'attention. Et de permettre à l'autre de continuer la croisade si jamais l'une des deux devait succomber à l'ennemi. La mort est une perspective omniprésente. Le danger est partout. Du moins Zora le perçoit-elle à chaque fois qu'elle pose le regard sur l'une ou l'autre invention des daënars. Tout est menace, ici! Et tout n'est que perversion!

Les insultes aux dieux sont légion. Quel que soit l'endroit où ses pas la mènent, elle ne peut échapper à cette évidence. Les verts paysages de Suhury lui manquent un peu plus de jour en jour. Les siens, même s'ils la rejettent, lui manque profondément. Et ce qui lui sert de coeur s'est mis à saigner depuis qu'elles ont posé le pied sur ce continent impie, ravagé par la décadence et les présents que Technologie a offert à ceux qui se sont perdus pour obtenir leur loyauté.

Ainsi, bien qu'un observateur neutre puisse juger la chose étrange, Zora se sent plus ou moins bien dans cette allée peuplée de daënars. Ils cherchent visiblement à atteindre un paradis artificielle à travers les drogues qu'ils ingèrent. Qu'ils en aient conscience ou non, Zora est convaincue qu'ils cherchent à combler le vide né de l'absence des Architectes. N'est-ce pas une preuve supplémentaire que les infidèles, malgré leurs beaux discours pompeux, n'ont jamais réussi à remplir leur vie d'une chose aussi précieuse que la foi?
"T'veux ta dose, ma belle?"
Elle baisse le regard sur la main qui s'est posée sur son genou. La réaction est immédiate, parfaitement spontanée. Le genou en question s'écrase contre la mâchoire du marginal. L'élan lui écrase l'arrière du crâne contre le mur sale, le sonnant pour le compte. Pour qui l'a-t-il prise? Des rires ou des cris de surprise brisent le silence relatif de la ruelle. Mais la plupart des personnes présentes ont l'esprit trop absent pour se rendre véritablement compte de ce qu'il se passe. Il serait aisé de les purifier. Et pourtant Zora estime que soulager la société daënar de ses déchets n'est pas dans l'intérêt de My'trä. N'affaiblissent-ils pas ce peuple si arrogant? Ceux qui se perdent ici n'iront pas se battre ailleurs. Ils ne sont même pas dignes d'être qualifiés de menace!

Elle se contente donc d'arpenter la zone en suivant le chemin imposé par les impressionnants bâtiment qui semble vouloir contester aux étoiles la souveraineté des cieux. Un signe supplémentaire de l'arrogance locale. Ici plus qu'ailleurs, il lui semble que les gens ont une haute estime d'eux-même. Les différences sociales semblent également plus marquées. Ce monde n'a rien d'égalitaire. Comment peuvent-ils tolérer une telle disparité? Et dire qu'ils se posent en chantre de la civilisation...

Elle rumine ses sombres pensées tandis que sa colère s'amplifie à nouveau. Il lui faut trouver un exutoire. Quelque chose susceptible de lui rappeler qui sont les véritables prédateurs de ce monde et de replacer les daënars dans leur rôle de proies. Et Möchlog a peut-être décidé de contenter ses espoirs dans la mesure où une silhouette assurée, contrastant avec la pathétique spectacle offert par les drogués, apparaît au bout de la rue. Elle marque une pause et hausse un sourcil comme pour pousser l'homme à contenter sa curiosité ou simplement à s'écarter de son chemin.

Incarne-t-il un cadeau de la Chouette ou d'une malédiction de Technologie?

Havelock Glorka
Havelock Glorka
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Tuer n'est pas jouer EmptyVen 19 Oct - 19:40
Irys : 301157
Profession : Police secrète
Daënar +2 ~ Alexandria (homme)
Planqué derrière des tonneaux, on observe la ruelle où va débarquée notre cible. Un peu plus loin, l’agent Stanner est prêt pour réaliser sa manœuvre d’approche préféré. Son jeu d’acteur dans ce rôle est le meilleur que l’on puisse trouver dans tout le service. Ces résultats d’infiltrations dans ce rôle frisent des scores scandaleux. On a bon espoir de le voir réussir et la mission sera une réussite avant même de voir venir les ennuis. On a été un peu surpris de voir débarquer que deux My’tränes pour seul « délégation », mais on a pas baissé notre garde. Il a suffi d’un seul de ces fous magiciens pour massacrer bons nombres d’innocents. Il n’est pas impossible que l’on ait à faire avec ce genre de personnage détestable, meurtrier, psychopathe, fou, dégénéré, instable, jaloux et bien d’autres choses encore. Les deux se sont séparés. Soap a pris en filature l’autre comme l’exige de son rôle de soutien et d’après les dernières informations de Bogdan, tout se passe pour le mieux. Les autres agents ont l’air de bien faire leur boulot, puisqu’on pas eu d’emmerdes jusqu’à maintenant, ce qui nous a permis d’établir notre stratégie d’approche.

Jorg, moi et deux autres gros bras, on est donc cachés, observant Stanner. La cible approche. L’agent d’Elite Stanner s’approche avec l’assurance qui le caractérise. Jorg est le seul autorisé à passer la tête. Les autres attendent son rapport, avide d’en finir.

-ça se passe comment ?
-C’est bon ! Il est à son contact.
-Il lui met la main ?
-Ouai. En plein sur le genou.
-Sacré Stanner. Il a mis du temps pour se faire … « la main ».
-Ahahah !
-Ohohoh !
-Elle baisse la tête.
-Elle doit regarder la marchandise.
-Il a fait de la salle, dernièrement, Stanner ? Je trouve qu’il est beaucoup plus baraque.
-Oui, un peu. OH MERDE.
-Quoi ?
-Elle vient de le démonter.
-Hein ?
-Il est contre le mur, assommé. Elle l’a déboité, un truc violent.
-Mais …
-… c’est pas possible !
-Il est hors jeu ?
-Total.
-Merde. Merde. Merde.
-Faut que quelqu’un s’en charge rapidement, sinon, ça peut déraper.
-Bien dit Jorg, tu t’en occupes.
-Ah non monsieur Glorka. Il faut que ce soit un agent.
-Un agent ? Et pourquoi ?
-C’est marqué dans le règlement.
-Quel règlement ?
-Celui que monsieur Trochnik nous a donné.
-Tro… Le petit salaud.
-Alors, c’est vous, monsieur.
-… Jorg ?
-Oui ?
-Enlève ce petit sourire de ton visage.
-Oui monsieur.

On a beau dire, les opérations ne se déroulent pas souvent comme prévu. Heureusement que les agents secrets Daënars sont ce qui se fait de mieux en matière d’improvisation. Hélas, les meilleurs représentants de cette qualité n’étant pas disponible, le sort m’a choisi pour, comme on dit dans le milieu, y allait au panache. Connaissant le quartier, je prends les ruelles nécessaires pour me retrouver en face d’elle, mon cerveau gambergeant à toute vitesse pour trouver une solution à mon problème le plus immédiat : comment ne pas finir comme Stanner avec plus de dent par terre que dans ma bouche ? Une approche moins brutale semble nécessaire. Plus en finesse sûrement. Mais j’ai à peine le temps de penser à un truc qu’elle déjà là, devant moi. Et elle me fixe. J’oublie le plan que je venais d’élaborer dans l’instant ; et il devait être sacrément bien. Et je m’arrête à dix pas d’elle. Ne sachant que faire.

Ça me permet de mieux la voir. Crévindiou ! Cette tête ! Elle a la haine à fleur de peau. Ya pas de doute. Aussi heureuse de marcher ici que de traverser une fosse à purin. Et autant elle a pas l’air très heureuse, elle a pas non plus l’air d’être du genre à accepter d’être guidé. Indépendante tendance violente sans aucun doute. Mes chances de victoires s’amenuisent d’adjectif en adjectif. J’avale de travers. Au-delà de ça, elle a du style ; une aura de classe et de séduction certaine. Mais bon, il va savoir le percevoir par delà l’aura de violence et de colère qui semble être beaucoup plus sur sa longueur d’onde. C’est pas n’importe qui. C’est pas du My’träns de pacotilles. Le moindre mot de travers et c’est la mort, mon bon Havelock. Je déglutis à nouveau. Faut que j’encadre… ça ?

J’avance d’un pas. Puis un autre. Elle arque son sourcil. Du dégoût ? Sûrement. C’est comme si une ombre l’enveloppait. C’est peut être mon imagination ; c’est sûrement la peur. Une ombre de ténèbres, comme si la Mort était son ombre. Argh.

Je me jette au sol.

Ou pour tout dire, je m’agenouille au sol, la tête basse un instant. Puis je la redresse et implorant ; pas de « presque » car j’implore pour ma vie au passage dans l’affaire ; je lui balance ce que j’ai trouvé sous la main. Des mots, hein.

-J’ai attendu ce jour depuis ma naissance… vous êtes venus me sauver, je le sais ! Ils ont entendu mon appel ! Ils ont entendu mes prières ! Je veux revenir à la foi de mes ancêtres !
Cette technologie … je n’en veux plus ! Je veux retrouver la vraie foi !

La mise en scène ne passe par inaperçu et le public ne sait pas comment réagir à mon jeu d’acteur, mais déjà, les plus vifs d’esprits en viennent aux conclusions logiques. Un traître, hein ? En ces temps troublés, la chasse aux traîtres a déjà fait ses victimes et chaque rat supprimé du navire Daënastre ravit les cœurs et attise le patriotisme. Un traître de plus ne fera pas de mal.

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Tuer n'est pas jouer EmptyVen 19 Oct - 21:54

Ho elle s'était attendue à beaucoup de chose. Les daënars brillent autant par leur folie que par leur capacité à surprendre la fanatique. L'étrange succède à l'improbable, ici! Et pourtant, par Möchlog, elle était loin de s'attendre à une réaction pareille. Elle recule d'un pas lorsque l'homme se jette à ses pieds, suspectant une possible attaque basée sur un art martiale dont elle n'aura probablement jamais entendu parler. Et pourtant, non! C'est bien une supplique que l'inconnu lui adresse. Le sauver? Mais bien sûr! Le temps de tirer son arme et son âme voguera déjà vers sa prochaine existence. Un aller simple vers la chance de pouvoir renaître du bon côté de l'océan. Ou dans une région bien moins civilisée. Un retour à la case départ, peut-être?

Et pourtant elle hésite encore. Est-ce l'une de ces drogues qui s'exprime à travers les mots confus de ce repentis en puissance? Ou était-il tout simplement trop lâche pour embarquer sur un navire en direction de l'Ouest? Les daënars ont bien trouvé leur chemin pour envahir My'trä. Sont-ils incapable de le faire dans le but d'y trouver la paix de l'âme? Elle ne se fait guère d'illusions, à vrai dire! C'est probablement la mort qui l'attendrait à l'arrivée...

Cela dit, elle s'interroge. Comment a-t-il deviné qu'elle était une étrangère? Ses vêtements la trahissent-ils à ce point? Il est vrai que les déguisements locaux ne sont guère confortables. Mais tout de même... Le hasard n'existe pas, elle le sait. C'était donc leur destin de se rencontrer ici, à cet instant. Reste à savoir pourquoi... Toujours est-il que l'homme semble plein de bonne volonté. Une bonne volonté qui ne demande visiblement qu'à être exploitée.

La rouquine se met alors à fouiller du regard la ruelle à la recherche d'une quelconque aide matérielle. Il lui faut peu de temps avant de tomber sur un tesson de bouteille qu'elle s'empresse alors de ramasser puis de déposer à nouveau sur le sol pavé d'immondices.
"Ouvre-toi les veines et tu seras sauvé, infidèle!" lâche-t-elle. "Ton salut réside dans la mort, c'est aussi simple que cela!
La disciple de Möchlog hausse brièvement les épaules comme pour souligner la facilité de la chose. Ce n'est guère compliqué! Et il n'hésitera pas vraiment avant de prouver sa dévotion, n'est-ce pas? La seule aide qu'elle puisse lui apporter, c'est celle-ci. À prendre ou à laisser!

Le fait est que ce marginal ne représente guère une menace pour My'trä. Il incarne la gangrène qui consumera tôt ou tard Daënastre. Ce continent pourri de l'intérieur. La guerre est-elle vraiment nécessaire? Parfois elle se le demande. Ne convient-il pas simplement d'attendre que leur semblant de civilisation s'effondre. L'homme qui se tient à ses pieds, en tout cas, la conforte dans cette esquisse d'hypothèse. Et le fait qu'il ne mérite guère de lui voler davantage de son précieux temps. Il sait ce qu'il a à faire. Et elle n'entend pas priver l'Est de l'un de ses déchets humains. Ce qui affaiblit les uns renforce les autres. C'est aussi simple que cela...
"Maintenant excuse-moi mais j'ai encore bien d'autres personnes à sauver! Je suis sûre que tu comprends!" lâche-t-elle. "Puisse ton voyage vers ta prochaine existance t'être agréable..."
Elle lui décoche encore un vague regard avant de poursuivre sa route. Cet imbécile a bien trop attiré l'attention et il est plus prudent de mettre les voiles. Elle préfère largement consacrer son temps à ceux qui refusent d'ouvrir les yeux qu'à ceux qui se sont enfin rendus à l'évidence. Un sourire assombrit le visage de la rouquine: Ah, si seulement tous les daënars pouvaient être comme cet homme-là. Les choses seraient bien plus aisées, à n'en point douter!


Dernière édition par Zora Viz'Herei le Sam 3 Nov - 8:23, édité 1 fois

Havelock Glorka
Havelock Glorka
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Tuer n'est pas jouer EmptyVen 2 Nov - 17:53
Irys : 301157
Profession : Police secrète
Daënar +2 ~ Alexandria (homme)
Je le regarde partir avec un air interdit. Ce n’est pas souvent qu’on vous propose d’aller mourir avec une incroyable détermination. Ça arrive de se faire menacer à la sauvette par une quidam. Des menaces lancées aux vents comme des salutations d’usages. Là, c’était d’un tout autre niveau. Le ton était froid, convaincu et sans pitié. Non, on ne sait pas tromper. Cette femme est dangereuse. Et il ne suffirait pas de grand-chose pour qu’on la pousse à commettre l’irréparable. En parlant d’irréparable, je lâche le tesson de bouteille que j’avais attrapé, presque hagard, manquant de me couper dessus, comme possédé par cette incarnation de l’appel au suicide. Le verre éclate et c’est comme si je retrouvais un peu plus le contrôle de moi-même, de mes sens et de voisinage, alors que la cible tourne au coin d’une rue sans un regard en arrière. Des regards, il y’en a d’autres. Plusieurs individus. Des quidams. Qui me menace de morts. Les choses rares ont tendance à se répéter.

-Bah alors ? Vas y ! Tu veux mon couteau pour te poinçonner ?
-Putain de traître. Je vais te passer l’envie de te relever, salopard !
-Attends que les enfants arrivent. Ça leur montrera ce qu’il arrive aux traîtres. Salaud !

Je reçois un coup de gourdin dans le dos qui me fait basculer tête au sol, me cognant à moitié. Je pousse un gémissement de douleur qui est ressenti comme un appel à continuer la besogne. C’est le moment choisi pour l’équipe de gros bras censé m’aider pour intervenir. On pousse les badauds et on exhibe fièrement un insigne qui en ferait trembler plus d’un suspect, mais qui dans la situation actuelle, me satisfait au plus au point.

-Services Secrets ! On s’occupe de cet age… cette crapule !
-Ouai ! Faites le payer !

Jorge me passe les mains sous les aisselles pour me remonter sans ménagement, mais un peu quand même parce que je suis son supérieur et qu’il n’est jamais très avantageux de molester son supérieur, même si je ne lui en tiendrai pas rigueur. Il me glisse même un « rien de casser boss ? » pas si discret.

-Ouai ! Cassez lui les jambes !

Mais pas si grave dans le fond. Jorg s’apprête à me pousser en avant alors que mon regard fait des allers retours insistant entre lui et sa ceinture. Il finit par penser aux menottes et m’attachent les mains dans le dos avec une douceur certaine. Pas au goût de tous. Un citoyen un peu trop zélé n’hésite pas à me foutre sa canne dans la jambe. Les gros bras ne savent pas trop quoi faire un instant, mais Jorg arrive à les canaliser sur un objectif simple et clair. On dégage de là. On part ; j’suis bien encadré par les bonhommes, mais certains essaient de nous suivre pour m’abreuve encore de quolibets diverses et fleuris. Un gros bras finit par en assommer un d’un poing bien placé, ce qui refroidit les ardeurs des plus passionnées. Vingt mètres plus loin et on est tranquille. On me retire les menottes. Je jette un regard en coin à Jorg qui a le visage de celui qui s’excuse pour un comportement qu’il n’a pas souhaité.

-Stannis ?
-On l’a laissé à un fiacre.
-Okay…
-C’est raté, chef ?
-Ce n’est pas raté Jorg. L’option une s’est avérée être un échec, mais elle a permis de récupérer des informations utiles pour la réalisation de l’option deux. Est-ce qu’on a bien la mallettes à déguisement ?
-La mallette pour infiltration en milieu urbain et périurbain réglementaire pour agent en mission ?
-Celle-là même.
-On a.
-Parfait.

Je ne m’avoue pas vaincu. Car là où la violence et la méchanceté souillent de ces pas les belles ruelles de notre cité, l’intelligence et la capacité d’adaptation des forces de sécurité sauront l’arrêter dans son crime impardonnable.

Notre connaissance, toujours celle là, du réseau urbain nous permet de revenir en amont de la cible. Cette fois, je ne suis pas seul, et je suis parfaitement équipé. Puisque visiblement, ma nature de Daënars est un frein à toute tentative de créer une relation non violente et amical avec la cible, il faut prendre le problème à l’envers. Faire croire que je suis My’träns. Evidemment, elle connaît maintenant mon visage, mais grâce à la « mallette pour infiltration en milieu urbain et périurbain réglementaire pour agent en mission », je suis grimé d’une perruque et d’une nouvelle tenue qui me rend totalement méconnaissable à ces yeux.

Spoiler:

My’träns aveugle de passage dans la ville, je suis la cible d’une bande de Daënars impitoyable s’amusant à tourmenter un fier membre My’trans qui se relèvent malgré les coups à peine portées. Les instructions ont été claires. En cas d’intervention, ne pas insister. Il faudrait mieux éviter que la cible n’élimine les agents Daënars. Ça serait tout de même des plus cocasses. Moins pour les éliminés. Et alors que lac cible arrive, la scénette se déroule. Un coup au ventre, ralenti sur la fin, je m’écroule au sol, puis je me relève, digne et fier. Un peu de sang coule au coin de la lèvre que je me sui coupé un peu plus tôt avec l’aide du couteau de Jorg. La scène est d’une véracité effarante.  J’aurais pu être acteur dans une autre vie. Je crache un peu de sang et lance un regard de défi, manquant d’éclater de rire à la vue du visage peu rassuré de mon vis-à-vis, mais failli seulement. Je lui lance une phrase que j’ai préparée pendant les deux dernières minutes, parce que c’est le moment de se donner du panache.

-Le genou ploie, mais il ne rompt pas !

C’est bien connu, les My’trans bizarres parlent toujours avec des phrases compliqués.

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Tuer n'est pas jouer EmptySam 3 Nov - 9:20

Elle marque un temps d'arrêt et se retourne de trois-quart lorsqu'elle parvient au bout de la ruelle. Les éclats de voix et l'agitation auront suffit à la tirer de son indifférence. L'homme qui entendait renier Technologie au profit d'une véritable foi est maintenant pris à parti par ses semblables. Elle hésite un bref instant: faut-il lui venir en aide et l'extirper d'une mort autrement plus douloureuse que celle qu'elle préconisait? Zora plisse les yeux comme pour exprimer le vague dilemme qui anime à présent ses pensées. Le haussement d'épaules qui se manifeste dans la foulée, quant à lui, tend à illustrer la conclusion qu'elle lui aura presque aussitôt apportée. Elle reprend donc la route sans réellement savoir où ce dernier la mène...

Elle déambule ci et là, faisant de son mieux pour emprunter les ruelles les plus sales et malfamées, gage d'une relative tranquillité. Un homme s'interpose sur sa route en exprimant des désirs qui n'ont rien de moral.. Il tombe au sol lorsque le doigt de la rouquine se pose sur son front et que sa magie fige son coeur. La fanatique enjambe alors le corps avec la même indifférence qui l'a poussée à abandonner le daënar repenti quelques minutes plut tôt.

Ce qui la dérange réellement en cet instant? Ce ne sont pas les regards haineux ou envieux qui se posent avec indélicatesse sur le réceptacle dont l'a dotée Delkhii. Ce ne sont pas non plus les odeurs nauséabondes ou l'omniprésente nausée qui l'assaille depuis qu'elle arpente les cités de l'ennemi. Mais bien le fait qu'elle soit liée par le sang à ce peuple qu'elle s'est toujours employée à détester avec acharnement.

Elle a eu la chance de grandir du bon côté de l'océan et se considère comme une véritable my'tränne. Les pouvoirs dont l'a dotée Möchlog prouve qu'Il la reconnaît également comme telle. Hormis Loud'wig et la Chouette, personne ne saura la vérité sur ses origines. Pas même Althéa. Mais si la rouquine peut tromper les gens qui l'entourent, elle ne peut guère se tromper elle-même. Elle le sait. Et cette évidence lui laisse un goût amer depuis de longues semaines maintenant. Et ce, malgré tous les efforts consentis pour se détourner de la vérité...

Son mal de tête s'amplifie lorsqu'une voile-ture passe en ronronnant bruyamment à côté d'elle. Zora se recule pour mettre davantage de distance entre elle et cette hérésie directement responsables de la fureur qui lui vrille le crâne. La tempête mentale s'estompe lorsque l'indécent véhicule disparaît de son champ de vision. Le spectacle qui s'offre à elle quelques minutes plus loin, quant à lui, est fort différent. Un règlement de compte? L'homme à la peau bronzée et aux étranges lunettes est en mauvaise posture, c'est évident.

Elle se fiche de savoir pourquoi tout comme elle se fiche de son éventuelle survie. Mais elle ne compte pas passer à côté de cette distraction bienvenue. La rouquine s'adosse donc contre le mur, un pied en appui contre ce dernier et les bras croisés. Une observation plus attentive lui révèle cependant des menus détails qui laissent planer un doute sur l'origine de cet inconnu qui se fait molester. Elle plisse à nouveau les yeux, intriguée. Et lorsque la victime ouvre la bouche pour lâcher une phrase qui détonne avec l'affreux champ lexical daënar, elle n'hésite que brièvement avant de s'avancer en direction de ses assaillants.
"Vous trouvez votre courage dans le nombre?" les invective-t-elle tout en effectuant quelques gestes des mains. "Laissez-moi vous montrer d'où provient le mien!"
Un halo précède l'apparition d'un cercle doré autours de la gorge de l'un des daënars. Il se referme sur cette dernière avec une force implacable jusqu'à ce qu'un craquement sinistre retentisse. La fanatique relâche alors son emprise sur le sort qui se mue en volutes dorées qui, à leur tour, ne tardent pas à disparaître. L'exemple semble avoir été efficace puisque les autres ne tardent pas à déguerpir, suivis par le regard ampli de reproches de la fanatique. Un regard qui, dans la foulée, finit par se poser sur l'inconnu qu'elle vient de tirer de ce mauvais pas.

Les yeux de la disciple de Möchlog s'attardent maintenant sur la plaie qu'il porte sur les lèvres. Sur My'trä, il serait déjà mort. Que ce soit à cause de cette simple coupure ou pour l'infirmité que ses lunes-nettes sombres laissent présager. Mais les règles, ici, sont différentes. Les enfants des Architectes doivent se serrer les coudes sur ce continent peuplé d'infidèles. Et si Zora a pu collaborer avec une zagashienne aussi méprisable qu'Eléonore, elle pourra sans doute s'accommoder des tares de cet aveugle...
"Quelque chose en toi m'évoque My'trä!" souffle-t-elle à l'inconnu. "Mais un enfant des Architectes digne de ce nom ne s'abaisserait pas à porter des lunes-nettes, n'est-ce pas? Alors... qui es-tu?"
Jusqu'à présent, elle a toujours fait de son mieux pour ne pas céder aux tendances vestimentaires daënars. Bien sûr, quelques fois, elle n'a guère eu le choix et à dû elle-même porter d'étranges accoutrements pour sauvegarder sa vie ou son anonymat. Alors si elle, l'Élue de Möchlog, a du avoir recours à de tels artifices une fois ou l'autre, elle suppose qu'un enfant des Architectes moins chanceux qu'elle est obligé d'y recourir constamment pour évoluer au milieu des infidèles. Sa remarque sur les lunes-nettes, donc, est davantage destinée à raviver une éventuelle fierté qu'à le condamner.

L'homme n'a pas encore ouvert la bouche. Son accent sera probablement révélateur. Tout comme la réponse qu'il daignera apporter à la question de la rouquine. Car si cette dernière veut bien considérer la possibilité qu'il vienne effectivement de l'Ouest, elle ne peut non plus occulter une autre probabilité: qu'il soit un daënar doté d'une certaine lucidité. Tout comme l'était celui qui s'est prosterné à ses pieds peu de temps auparavant. Serait-ce la journée des surprises?

Havelock Glorka
Havelock Glorka
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Tuer n'est pas jouer EmptyVen 25 Jan - 21:40
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Profession : Police secrète
Daënar +2 ~ Alexandria (homme)
Il fait froid, n’est-il pas ? Pas du tout. C’est juste une impression. Une sale impression qui me remonte depuis mes tripes le long de ma colonne vertébrale jusqu’à ma caboche qui ne sait plus pourquoi je fais tout ça. Les ordres ? La Nation ? Des choses comme ça. Tout ça parait bien léger subitement quand on est confronté à la mort brutale et sans pitié. Le faux agresseur s’est effondré d’un seul coup. Mort. Plus mort que ça, tu peux pas. Il s’appelait Krivert. Où peut être bien Olmo. Oui, Olmo. Il n’était pas bien méchant. Il avait une sœur. Jorg a eu le béguin pour elle et il s’est pris un râteau. Et Olmo lui a cassé la gueule. Ça faisait quelques années qu’il était dans les services. Serviable, un peu rude, parfois simple, mais honnête. Travailleur. Je pense qu’il voulait monter les échelons. C’était son rêve. Devenir agent. Ça aurait été dur, mais c’était son projet. Ça et avoir sa petite famille à lui. Son coin à lui. Son petit cercle intime là où le boulot, les potes relous et le service à la Nation n’aurait pas eu leur place. Pas de bol. C’est la mort qui a fracassé la porte et qui a réduit à néant tes rêves. Adieu Olmo, on t’aimait bien. On fera barrage entre ta sœur et Jorg. Hé.

Si je survis.

L’instinct naturel des services secrets a donné un sacré coup de fouet aux autres gars ; lls ont fui sans un regard en arrière pour leur collègue. Je parle de moi. Pas d’Olmo, hein. Il peut pas être plus bas. Moi si. Pour la deuxième fois en peu de temps, je me retrouve face à elle. Je me sens vraiment pas bien, mais la moindre faiblesse sera punie d’un châtiment peu enviable. Je réunis mes esprits et le peu de courage qu’il me reste pour jouer ma vie. Je baisse la tête pour exprimer la honte. Je puise au fon de moi-même pour transformer ma voix. Mieux ! Mes blessures de l’année dernière m’avait fourni un temps une respiration et une façon de parler en sifflotant. Je retrouve un instant la configuration de ma gorge qui m’a temps exaspéré pour retrouver ce petit moyen de ne pas se faire griller. On est des grands acteurs on vous a dit.

-Merci à toi, sœur. Ce que tu désignes par « lunes-nettes » m’a été imposé par les gens d’ici. Il n’aime pas mes yeux. Je ne vois presque rien et fixe l’horizon. Ça les dérange. Alors je les cache pour avoir un peu de paix. Seul dans l’obscurité, je recherche la présence des Architectes. Les traitres d’ici ne manquent de me brimer quand je tente de leur faire ouvrir les yeux sur la vérité qu’ils ont fui. J’ai cru convaincre quelqu’un aujourd’hui. Les ignorants sont légions, mais les Architectes sont infinis.

Pas mal hein ? Quelques secondes de papotage pour autant de temps en vie en plus. Je ne sais pas s’il gobe tout ; ça m’étonnerait grandement. Je sens que l’histoire des yeux la dérange, alors je prends les devants en enlevant les lunettes moi-même. Je concentre toute l’attention dont est capable un membre des services secrets à l’ouverture de la cantine des services secrets quand il y a des brochettes aux menues. Le regard fixe. Droit devant. Imperturbable. Je focalise sur le lobe de son oreille gauche. Je sens son regard qui surveille le moindre tressautement de paupière. Le moindre petit mouvement d’œil. Ce qui pourrait me causer ma perte. Ce qui serait assez ironique puisque je ne verrais alors pas la mort en face. Bonne blague, mais le moment n’est pas opportun à la rigolade.

Je tiendrai pas. C’est la fin. Adieu monde cruel.

-NE BOUGEZ PLUS !

C’est crié avec un tel engouement que mon regard tressaille un instant. Un petit instant, mais dans la surprise j’ose espérer que ça passe inaperçu. Et quand c’est une demi-douzaine d’hommes armés qui font face à notre duo, mes problèmes de motricité oculaire passent souvent au second plan. En tout cas, chez les gens civilisés. Du coin de l’œil, je reconnais des miliciens. Qu’est ce qu’il foute là ? C’est encore un coup de José ça. Pas capable de faire son boulot correctement. Le sergent dirigeant son escouade s’approche un instant du gros bras au sol. Son état ne laisse aucun doute quant à son statut. Mort. Il pointe son tonfa en direction de la folle psychopathe.

-Je vous arrête pour meurtre ! Veuillez ne pas faire d’histoire ! Levez les mains et pas de geste brusque ou vous finirez tous les deux les pieds devants !

Deux armes à feu chargé dans notre direction. Sympa. Attends. Tous les deux ? D’où ? Je reconnais bien là la tendance de la milice à faire des conclusions hâtives sur des affaires qui les dépassent complètement. Je proteste vigoureusement silencieusement. Je lève timidement les mains pour montrer que je ne suis pas armé. Le danger public non plus, mais ça ne l’empêche pas de tuer facilement. J’ai peur pour eux. Presque autant que pour moi, c’est dire. J’espère qu’elle va se rendre. Ça serait bien, non ? Etre gentil ? Ne pas faire empirer les choses. Bon, Olmo était sympa, mais les dommages collatéraux, ça existe. Il connaissait les risques. Hein.

Pouce ?

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Tuer n'est pas jouer EmptyMar 29 Jan - 12:37

La disciple de Möchlog plisse les yeux tandis que l'autre lui explique les raisons justifiant la présence des lunes-nettes sur son visage. Bras croisés, elle garde le silence tout en tentant de deviner une quelconque trace de duperie. Mais pourquoi lui mentirait-il? L'altercation à laquelle elle vient de mettre un terme tend à prouver que les daënars lui reprochent ses origines et, probablement, ses croyances. Et elle a pu elle-même se rendre compte de l'intolérance des infidèles vis-à-vis des dépositaires de la foi véritable. Ce qui intéresse Zora, désormais, ce n'est pas de savoir si cet homme est bien ce qu'il prétend être mais plutôt de déterminer ce qu'il convient de faire de lui.

Car si elle condamne l'infidélité des daënars avec une extrême sévérité, elle ne peut guère ignorer l'impureté dont Möchlog a doté cet individu. Son handicap est un affront envers la divine Chouette. Sur My'trä, il serait déjà mort. Mais ils se trouvent tous deux à des centaines de lieues de leurs terres natales et cet inconnu lui rappelle tout ce qu'elle a abandonné pour venir combattre sur Daënastre. Il lui évoque les fières nations qui se dressent vaillamment de l'autre côté de l'océan comme de véritables remparts de la civilisation. Peut-elle décemment purifier cet homme qui entend répandre les préceptes des dieux à ces animaux?

Mais en réalité elle se cherche des excuses pour repousser l'inévitable. Möchlog a été clair. Et elle n'a jamais fait d'exceptions. Les circonstances ne sauraient atténuer l'exécution de la volonté divine. La rouquine fait glisser le pan de son manteau et dévoile la lame de son arme. Il ne verra probablement pas le coup arriver. Et elle fera de son mieux pour qu'il ne souffre pas. Une délivrance empreinte de clémence, n'est-ce pas le mieux qu'elle peut lui offrir?

Elle en est à se décider sur la meilleure façon de mettre fin aux jours de ce courageux my'trän lorsque un ordre éclate avec violence. Peut-être aussi surprise qu'irritée par cette intonation agressive, elle tourne le regard vers le groupe de nouvel-arrivants. Et alors qu'elle s'attendait à découvrir les renforts appelés par ceux qui molestaient son compatriote quelques instants plus tôt, la fanatique reconnaît un groupe de miliciens. Voilà qui est ennuyant... Les daënars semblent mettre davantage d'aplomb à venger ces ersatz de soldats que les citoyens qu'ils sont - si elle a bien compris du moins - sensés protéger.

L'habitude et l'ego la poussent à faire front à cette nouvelle menace tandis qu'on leur expose les raisons de cette interventions et les faits qui leur sont reprochés! Leur? Elle observe brièvement l'impure en se demandant s'il a réellement commis des actes jugés répréhensibles ou si ces imbéciles se contentent de l'associer à elle. La réponse reste bien mystérieuse pour l'instant mais ce qui est sûr, en revanche, c'est qu'elle ne va certainement pas obtempérer simplement parce qu'on le lui demande.
"Il n'y a pas de meurtriers, ici!" indique-t-elle. "Seulement des gens dotés d'un minimum de bon sens..."
Imitant son voisin, elle lève à son tour lentement les bras. Arrivés à mi-parcours de la position demandée par les infidèles, elle s'arrête néanmoins dans son élan et effectue quelques gestes. Ses yeux s'illuminent, signe qu'elle use de la magie. La réaction, en face, oscille entre le dégoût, la peur et l'incrédulité. Cet infime instant de latence offre donc l'opportunité à la disciple de Möchlog de dresser un bouclier entre les deux pans de la ruelle et de séparer les adversaires naturels. La protection dorée lui offrira un précieux gain de temps. Et il s'agit à présent de ne pas le gaspiller car les miliciens, remis de leurs émotions, attaquent à présent le mur arcanique. Et Zora suppose qu'ils ne tarderont pas à recourir à leurs armes bruyantes, ces fameux pistolets, pour faire céder la muraille improvisée.

La rouquine tourne donc les talons sans prêter plus d'attention à cet impur qui aura, d'une certaine façon, rendu sa journée plus agréable. De quoi lui faire oublier quelque peu les démangeaisons inhérentes à l'omniprésente nausée qui l'assaille depuis de longues semaines maintenant. C'est peut-être pour cette raison qu'elle marque finalement un temps d'arrêt et décoche un nouveau regard à l'aveugle. Elle suppose qu'il n'arrivera pas à fuir par ses propres moyens. Comment le pourrait-il avec son handicap! L'idée qu'il puisse mourir ne la dérange pas outre mesure puisque c'est le rôle qu'elle lui réservait. Mais peut-elle décemment laisser le soin à des infidèles de remplir une part de la tâche que lui a confiée Möchlog?
"Qu'est-ce que tu attends!?"
Le ton oscille entre celui du reproche et celui dévolu à l'impatience. Un premier coup de feu éclate, suivit d'un second. Et si elle ne voit plus son bouclier, elle perçoit la faiblesse qui commence à l'imprégner. La fanatique lâche un soupir et revient vers l'homme avant de l'agripper par la manche pour enfin le guider - quelque peu à l'aveuglette il est vrai - parmi le dédales de rues et ruelles proches. À défaut de pouvoir se battre, peut-être aura-t-il une idée de la façon dont il faudrait échapper à ces daënars? Après tout il semble avoir passé plus de temps qu'elle sur le continent. Et s'il est toujours vivant, il doit y avoir une bonne raison! Pas vrai?
"Mon bouclier vient de céder!" indique-t-elle à son étrange acolyte. "Tu as une idée de l'endroit où nous sommes? Tu connais certainement mieux cette cité que moi alors si tu as une idée pour semer ces abrutis, ne te gêne surtout pas pour la partager avec moi!"
Dans leur course, elle pose le regard sur l'une de ces monstruosités qui indiquent l'heure. L'heure... un concept si cher à ces foutus daënars. Comme s'ils ne pouvaient s'empêcher de mesurer, calculer ou contrôler le moindre des éléments qui composent ce monde. Qu'ils soient palpables ou, comme ici, abstraits. La nausée s'amplifie tandis que les iris ambrés de la rouquine restent rivés sur l'objet impie. Elle détourne finalement le regard pour considérer les options qui ne tardent pas à s'offrir au curieux duo. Faut-il prendre à gauche? Monter ces escaliers sur le droite? Peut-être continuer tout droit?
"Alors?"
Elle se tourne vers son compagnon d'infortune comme s'il détenait la solution sensée les extraire des problèmes. En prenant sa défense, il l'a plongée dans les ennuis. N'est-ce pas la moindre des choses qu'il contribue à l'en sortir?

Havelock Glorka
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Tuer n'est pas jouer EmptyJeu 28 Fév - 20:10
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Alors ? Alors quoi ? Est-ce que c’est moi qui tue des gens ? Non. Pas du tout. Alors, madame, vous allez me faire le plaisir de la boucler, de laisser les grandes personnes réfléchir tranquillement et de ne pas me dévisager aussi désagréablement. Vous êtes vraiment une rustre. Nah. Tout cela ne dépasse pas le moindre instant les limites de ma bouche, car on ne le dira jamais assez ; la lâcheté te permet d’être lâche à nouveau. L’héroïsme, plus rarement. Je me prends le visage dans mes mains pour mieux dissimuler mes yeux qui fouillent les environs du regard. J’ai un peu peur. Y a pas de honte à ça, hein. On est humain. Ça nous permet de rester vivants en évitant les embuches. Peur de la folle dingue ? Pas seulement. Ou plutôt, plus maintenant. Car au moment où elle m’a agrippé pour mieux déguerpir, j’ai aperçu un visage bien familier, dissimulé derrière les miliciens frappant le mur magique. Je ne le connais pas vraiment, mais je l’ai déjà croisé. Aux services secrets. C’est un agent. Un de ceux qui bossent pour Barkal. Vous savez ? Le superviseur qui aime à jeter de l’huile sur le feu de nos relations glaciales avec My’träns. Plus qu’une erreur de José, c’est un coup monté par l’équipe adverse. Malin. Ils mettent les miliciens en première ligne qui vont réagir comme de bons miliciens disciplinés et les agents continueront à agir dans l’ombre pour mieux ferrer leur proie. Ça me fait peur, parce que je vois plus loin que la mission. Il n’y a pas que la rousse à faire tomber, il y a aussi Scipio, moi, les autres. M’empêcher de me défendre, me conduire dans un piège d’où lequel je ne pourrais pas me sortir sans commettre une erreur qui sera de plus en plus difficile de m’en justifier. Et c’est toute l’équipe de Scipio qui s’enraillera. Jusqu’au chef lui-même.

Il me tuera avant, c’est certain. Il trouvera un moyen.
A moi de trouver un moyen de survivre à la rousse pour survivre au pire.

Ils arrivent derrière nous. Des cris se font entendre, mais pas seulement. Des sifflements. Des renforts. Ça doit grouiller dans le coin. Il en faut un peu pour que la milice se bouge autant, et un mage qui a dépassé le niveau d’amuser la galerie en est une bien bonne, de raison. Je ne leur en veux pas. En d’autres circonstances, j’aurai été fier. Dans le cas présent, j’aurais été qu’il fasse preuve de leur laxisme habituel. Bref. Je reconnais les lieux rapidement. A droite et en face ramènent vers des axes plus fréquentés, donc plus probablement emprunté par la milice. A gauche, c’est les ruelles, des coins sordides et mal famés et… une planque des services secrets. Ça me ferait presque sourire, cette idée que des fugitifs se planquent dans une planque de ceux qui les cherchent. Au moins, ils ne devraient pas y penser. Tout de suite, tout du moins. Je pointe à gauche d’une main ferme.

-J’ai v… senti que c’est pas là. Heureux ceux qui croient, Ils nous donnent le sens de notre vie misérable.

Ne pas oublier de continuer à servir la même soupe de fanatique aux phrases qui ne veulent rien dire. Cette fois, c’est moi qui la guide. Je garde profil bas, surtout les yeux. Il suffirait d’une erreur pour qu’elle s’aperçoive de l’absence totale d’infirmité. Une erreur comme celle d’un milicien déboulant d’une traverse sur notre droite. Il est surpris, moi aussi. Il a peur. Moi aussi. Peur de ce qu’elle va lui faire subir. Je réagis presque instinctivement en levant le coude qui vient l’accueillir dans la mâchoire avant de lui faire une balayette qui le fait s’écrouler au sol en gémissant. On n’a pas le temps pour achever les blessés, hein ? Par contre, je sens son lourd regard dans mon dos. Qu’est ce que j’ai dit ? Ne pas oublier de servir les boniments idiots.

-Heureux ceux qui agissent, Ils guident nos mains à travers les ombres de l’ignorance.

J’enjambe le pauvre homme et continue ma route vers une ruelle descendant en pente douce. Les débris divers et variés jonchent de plus en plus les lieux et il faut faire preuve d’une certaine adresse pour ne pas finir les fesses par terre. J’excelle en la matière sans savoir pourquoi, m’attirant sans nul doute une nouvelle œillade suspicieuse.

-Heureux les malvoyants, Ils guident nos pas à travers les pièges de la décadence.
Les sifflements et les cris se font entendre non loin, il est temps de trouver cette planque. Et on la trouve. Une porte. Bloqué entre deux murs plein comme si elle était une anomalie posé là par un maçon facétieux. Elle est fermée, mais ce n’est pas ça qui va retenir un agent de terrain expérimenté tel que moi. Un bon coup d’épaule, puis un deuxième vienne à bout de la serrure rouillée par des dizaines d’années de coupes budgétaire du service « entretien des planques » du deuxième niveau, ailes C. Au passage, je me suis facilement démis l’épaule, mais je serre les dents, trompant la douleur par un laconique :

-Heureuses les portes, elles resteront ouvertes quoi qu’il arrive.

La porte dévoile un escalier étriqué menant à l’étage supérieur. Je presse ma compagne de cavale à l’intérieur et je referme derrière moi, remettant maladroitement la porte en place comme si j’étais bien aveugle, bien aidé par le fait que j’y vois pas grand-chose en vrai. Je cale un bout de bois de sorte à ce que la porte résiste un minimum. On monte. Les planches marches couinent. On arrive à un palier unique et bien tristounet. Une porte sans serrure qui a dû croiser plusieurs coups d’épaules dans sa vie. Derrière, un appartement poussiéreux et miséreux. Ce n’est pas une planque très souvent employée. La faute à des planques plus proches d’un standing correspondant plus aux gouts des agents secrets. Mon arme est dans la discrétion. Le tout est de bien se faire comprendre de l’autre timbré.

-Il faut se cacher et ils passeront devant nous sans nous voir, comme le reptile dans la mare d’eau. L’eau dort. Mais ce n’est qu’une impression.

Je m’écroule un instant sur chaise qui grince sous mon poids pour reprendre mon souffle. Beaucoup d’émotions. Et non loin, à travers une fenêtre cassé, on entend les bruits de nous poursuivants. Je fais signe de ne pas faire du bruit. Ça serait bête de se faire attraper, non ?

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Tuer n'est pas jouer EmptyDim 3 Mar - 22:58

L'option consistant à faire volte-face pour affronter leurs poursuivants devient de plus en plus séduisante. Pas seulement parce que la rouquine brûle du désir de quitter ce rôle de proie qui ne lui sied guère. Mais aussi parce que la compagnie de son compatriote devient de plus en plus agaçante. Pourquoi se sent-il obligé de commenter leur progression de ses phrases étranges? Est-ce la trace d'une douce folie née du temps qu'il a passé au milieu des infidèles? Technologie aurait-elle marqué son âme? Et Althéa et elle? Risquent-elles également de succomber à ce que la rouquine perçoit comme une infection de l'âme?

Une part d'elle-même lui commande d'abandonner cet étrange my'trän à son sort. Mais il lui prouve quelques infimes instants plus tard qu'il se révéler utile lorsqu'il met à terre - avec une certaine aisance d'ailleurs - un milicien déboulant sur leur chemin. Pas mal pour un aveugle... La fanatique fronce les sourcils tandis que l'autre la gratifie d'une autre de ses phrases étranges. Tout au plus marque-t-elle un temps d'arrêt pour écraser la trachée de l'ennemi mis à terre. En voilà un de moins! Plus que quelques millions...

Leur progression reprend. Dans une ruelle pentue jonchée de débris divers et variés. Le regard de la rouquine se pose sur les mouvements étrangement habiles de son guide. Le doute commence à envahir les pensées de la fanatique tandis qu'elle fait aussi de son mieux pour ne pas toucher l'un des déchets dont les daënars raffolent tant. Une preuve supplémentaire de l'absence de respect dont ils ont pour la nature en général. Que dire d'un peuple qui s'acharne à polluer ses propres lieux de vie? N'est-ce pas la preuve que les daënars se sont perdus quelque part sur le chemin qui était sensé les mener vers leur prétendue liberté?

La disciple de Möchlog est tirée de sa réflexion lorsque les cris se font plus pressants. Le signe que la harde se rapproche! D'une certaine façon, elle accueille cette nouvelle avec soulagement! Elle préfère faire couler le sang que fuir. Mais l'autre a finalement réussi à les mener vers ce qui semble être une cachette. Le soucis? Une porte scellée leur bloque le passage. Un problème que l'autre s'entête à résoudre en lui donnant des coups d'épaule. Et lorsqu'il arrive à en dégager l'accès, elle est gratifiée d'une autre remarque. La réaction, cette fois-ci, est immédiate:
"Et heureux soient ceux qui sont capables de la fermer de temps en temps!"
Elle espère que l'autre saisira le message et qu'il utilisera sa langue à bon escient! Le mieux, bien sûr, étant qu'il ne l'utilise pas du tout! La rouquine se laisse toutefois guider jusqu'à un escalier puis une autre porte qui cède à son tour, dévoilant l'intérieur de ce que les daënars nomment appartement mais qu'elle perçoit comme des sortes de prisons. Elle qui n'a guère l'habitude d'avoir un toit sur la tête, la voici à devoir composer avec un plafond et cette chose monstrueuse qui sépare les quartiers supérieurs de ce cloaque qu'est le recto.

L'aveugle s'écroule dans un canapé et, pour sa part, elle décide de rejoindre la fenêtre brisée avant de s'appuyer contre le mur qui la flanque. De quoi observer la ruelle et la meute de miliciens qui ne tardent pas à l'envahir. Elle ne perçoit pas exactement les mots qu'ils échangent. Elle croit d'ailleurs avoir été repérée lorsque la lumière d'une de leurs étranges torches se darde dans sa direction. Elle se plaque contre la paroi, retenant son souffle. Puis le danger disparaît lorsque leurs poursuivants continuent leur progression.

Un soupir soulagé quitte les lèvres de la fanatique qui vient alors prendre place sur un autre siège. Le tout en tentant de faire abstraction des différentes hérésies de Technologie qui pullulent en ces lieux. Elle tente avant tout de faire abstraction de sa nausée qui s'accentue. Ce qui explique en partie pourquoi elle garde le silence. Son regard se pose finalement sur l'épaule de son allié. Le craquement consécutif aux coups sur la porte du bas ne lui a pas échappé.
"Comment savais-tu où se trouvait cette chaise?" finit-elle par demander? "La porte du bas était scellée et rouillée! Ce qui implique que tu n'as pas pu venir ici récemment!Et pourtant tu t'es affalé sur ce siège sans la moindre hésitation! Comme si tu avais pu... le voir!"
Et que dire de son aisance à éviter les débris qui jonchaient leur route ou de la facilité avec laquelle il a frappé cet homme à la mâchoire. Elle sait reconnaître les mécanismes de l'instinct lorsqu'elle les voit! Combien de fois a-t-elle assisté à des réactions similaires au moment où sa lame s'abattait sur une victime prise au dépourvu? La fanatique lâche un vague rire blasé. Pensait-il vraiment qu'elle allait tomber dans le panneau?

Mais elle n'attend pas réellement une explication. Les mots peuvent mentir. Le corps, beaucoup moins! Elle fait glisser un petit tabouret jusqu'à lui et se relève pour aller fouiller dans les quelques tiroirs qui répondent docilement à sa curiosité. Elle trouve finalement un objet susceptible de lui convenir: un marteau ayant fait son temps mais encore capable de remplir son office. Que demander de mieux?
"Pose ta main à plat sur le tabouret qui se trouve devant toi!" lui indique-t-elle. "Je vais te remettre ton épaule en place!"
Elle fait tourner le manche du marteau dans sa paume tandis qu'elle s'approche de lui. Il ne verra pas venir le coup, pas vrai? Et si c'était le cas, il faudrait qu'il soit sacrément maître de lui-même pour accepter de se faire écraser la main sans sourciller... Dans tous les cas ils ont maintenant du temps à tuer puisqu'ils sont coincés ici! Et s'il ne serait guère compliqué pour Zora de sonder le corps de cet homme pour avoir confirmation de l'état de ses yeux, elle préfère nettement opter pour un suspens à caractère ludique...

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