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 :: Les terres d'Irydaë :: Daënastre :: Ünellia
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 Tristes Affaires

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Tristes Affaires EmptyMar 16 Oct - 22:18

La jeune femme d’une trentaine d’années marche d’un pas vif dans les rues du troisième quartier d’Alexandria. Un regard vers le ciel confirme un ciel dégagé qui commence à peine à se rosir alors que le crépuscule approche. Elle prend une profonde inspiration et l’air tiède l’emplit d’oxygène et de joie. Elle se dirige gaiement vers le lieu de son rendez-vous, et sur le trajet ne peut pas s’empêcher de remuer les doigts et le poignet gauche, toujours à toucher le petit bracelet qui s’y trouve. Il est simple, une fine chaîne d’argent agrémenté de motifs un peu plus larges qui rappellent un peu des fleurs. Et pourtant, son simple contact la réjouit au plus haut point. D’ici quelques instants, une vingtaine de minutes au pire, elle devrait…

Mais le parc de sa destination est déjà en vue. Le lieu est parfait, et quand le soleil se couchera, il sera un véritable cadre de rêve, choisi à la perfection. Les feuilles se coloreront de verts et de rouges, les fleurs éclateront de couleurs, et les étangs brilleront de mille feux… Elle laisse échapper un rire cristallin à la perspective de ce qui l’attend qui se transforme en hoquet de surprise, puis de douleur un peu outrée quand une petite forme encapuchonnée avec un gros sac sur le dos la bouscule sans ménagement en lui enfonçant un coude dans les côtes. Exprès, elle en est sûre. Mais elle ne va pas se laisser abattre alors que c’est un des plus beaux jours de sa…

Putain, ce qu’elle hait ces gens qui ont l’air heureux. La gourde à la tronche totalement aliénée et stupide, elle l’a pas loupée. Evidemment, elle a fermé sa gueule, n’a même pas émis plus qu’un son de surprise. Des moutons, des herbivores, des victimes toutes désignées. Si elle avait porté autre chose qu’un vieux colifichet en argent contreplaqué, Alyvesha aurait peut-être même fait l’effort de le lui arracher. Mais le lourd sac plaqué sur son dos lui rappelle qu’elle a d’autres chats à fouetter. C’est qu’elle a rendez-vous avec la fortune, et ne peut pas se permettre d’apprendre la vie à toutes les niaises qu’elle croise.

Par réflexe, elle remue les doigts et le poignet gauche, mais sent rapidement un blocage et une douleur suffisamment aigue pour lui faire prendre un brusque filet d’air entre ses dents serrées. Le ciel commence à s’assombrir et devrait se refroidir, mais avec toutes les couches de vêtements qu’elle a sur elle, elle ne s’en fait pas du tout pour le froid. Pour le moment, en plus, elle voit le ciel, mais ça ne devrait pas durer. Pas comme si elle n’avait pas l’habitude, avec les tunnels d’Aildor. Ouais, elle marche d’un pas vif, une jeune femme d’une trentaine d’années, dans les rues du troisième quartier, et se dirige droit vers le mur Sarah, laissant les espaces verts derrière elle.

Bon, forcément, pour elle, c’est délicat de passer par les postes de contrôles pour circuler entre les quartiers. De légers problèmes de papiers, mais ça fait bien longtemps, depuis l’érection du mur en réalité, que ça ne dérange plus personne. Dès qu’il y a eu des règles, il y a eu des gens pour les enfreindre, et passer les murs en fait partie. Ça doit faire des dizaines ou des centaines ou peu importe combien d’années que les passeurs et les officiers jouent un peu de cache-cache pour se débusquer, trouver de nouvelles entrées, les boucher, corrompre… Et les condés sont systématiquement à la traîne, comme il se doit. Quelle bande de nazes, se dit-elle avec un rictus mauvais.

Elle s’engouffre dans une suite d’allées qui longent le Mur, et rentre dans une cour intérieure qui ne se distingue en rien de ses semblables. La porte du rez-de-chaussée semble tellement branlante qu’un souffle d’air suffirait à l’ouvrir, et pourtant, quand elle y toque puissamment selon un rythme qu’elle a acheté, elle remue à peine. Enfin, sauf quand le judas s’écarte pour faire voir une paire d’yeux noirs et soupçonneux qui la scrutent, regardent autour, puis la font entrer. Le battant se referme immédiatement, et les barres et verrous sont remis en place avec la dextérité de l’habitude, sous le regard indifférent de la criminelle.

Puis c’est le trajet dans les entrailles.

Quand elle ressort à l’air libre, elle est dans le deuxième quartier. Ici, le rouge du ciel n’est qu’une lointaine tache entre deux immenses immeubles qui voilent presque le ciel, mais ce n’est là encore qu’une étape de son trajet. Elle circule précautionneusement, tous les sens aux aguets, à travers les rues du coin, de crainte de rencontrer quelqu’un qui ne lui voudrait pas du bien. Et de perdre tout ce qu’elle porte, ce qui signerait tristement la fin d’une longue aventure qui a commencé il y a quelques nuits. Non, la mine basse et le regard méfiant, sa petite silhouette se faufile dans tout le deuxième quartier jusqu’à un passage aussi peu suspicieux que le premier.

Rebelote, mais des égoûts plutôt qu’un tunnel cette fois. Une fois sortie, elle change de pantalon, se contente de balancer l’ancien dans le courant d’eaux fétides. Quelques heures sont bien passées, et la nuit tombe. Mais la nuit est déjà tombée, en permanence, là où elle se trouve : le plan des versos. La grande plaque qui empêche toute lumière de tomber jusqu’au sol fait son office de jour comme de nuit, ce qui n’est pas nécessairement pour lui déplaire. Dans l’obscurité, elle est toujours plus impressionnante, et c’est un bon endroit pour ce qu’elle a à faire.

Elle se trouve un endroit isolé, qu’elle avait déjà repéré auparavant, et cache son énorme sac à dos dans un coin, puis se pose à l’entrée de la ruelle. Ses trois couteaux sont tous à portée de mains, et elle bourre précautionneusement sa pipe de tabac, avec juste une petite pointe de bonus histoire de pimenter la soirée. Sa pogne tremble un peu, ce qu’elle note avec indifférence et désintérêt. Puis elle se met à scruter les gens qui passent, leurs démarches, leurs visages, et surtout leurs yeux. Bon, et s’ils ont l’air d’avoir de l’argent, aussi, forcément.

Au sein de son petit nuage de fumée, elle remarque quelque chose de différent. Elle souffle d’une voix rendue un peu rauque par la pipe et la soif :

« Psst, hé ! J’en ai d’la bonne. T’en veux ? »


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Tristes Affaires EmptyMer 17 Oct - 14:31

Versos, astraux... Ces mots n'avaient pas la moindre sens avant qu'elle découvre de ses propres yeux leurs réelles significations. L'endroit dévolu aux premiers lui évoque une véritable prison. Une prison aux dimensions abyssales, soulignant au passage une certaine virtuosité architecturale. Que cela lui plaise ou non, elle est forcée de reconnaître l'ingéniosité de ceux qui ont osé se qualifier d'architectes. Une offense de plus envers les dieux. Les infidèles se sentent-ils obligés de bafouer jusqu'aux termes les plus sacrés? En tirent-ils seulement une forme de plaisir ou espèrent-ils simplement faire réagir My'trä? De toutes les aberrations qu'elle a eu l'occasion de voir ou d'entendre, Zora est pratiquement certaine que celle-ci est la pire...

Et pourtant ce continent ne cesse de l'étonner. La bassesse ne semble pas avoir la moindre limite sur ces terres souillées par Technologie. Qui sait ce qu'elle découvrira d'autre? Que cachent les étages supérieurs? Comment la richesse s'exprime-t-elle, ici? Et, surtout, comment les versos acceptent-ils une telle disparité? Pourquoi ne se rebellent-ils pas? Sont-ils dénués de fierté ou simplement de moyens? Le courage nécessite-t-il une arme pour s'exprimer? Pour un peu, la rouquine serait prête à les aider. Ne serait-ce que pour plonger la capitale dans une guerre civile qui servirait indubitablement les intérêts de l'Ouest.

Mais également parce que, d'un point de vue plus personnel, le monde qu'elle entend bâtir sera libéré des inégalités. Le concept alexandrien est donc l'exact opposé du sien. Ces deux doctrines opposées seront tôt ou tard appelées à s'affronter. Et, aux yeux de la fanatique, mieux vaut tôt que tard. Le temps joue pour les infidèles, elle l'a bien vite compris. Chaque seconde, chaque minute qui s'écoule les renforce tandis que My'trä reste cloîtrée dans son immobilisme. Ha, si seulement les dirigeants de son peuple faisaient l'effort de venir constater de leurs propres yeux cette menace... Il y a fort à parier qu'ils déclareraient la guerre à Daënastre dans la foulée. Du moins, c'est ce qu'elle se plaît à croire...

Toujours est-il que cela fait maintenant de nombreuses heures qu'elle arpente les rues et ruelles privées de lumière naturelle. Les lampes à dère qui éclairent les lieux ne sont rien de plus que de pâles imitations de l'astre solaire. Comment les gens font-ils pour survivre dans cette relative obscurité? Elle doute qu'ils aient tous les moyens de changer de quartiers comme ils l'entendent. Elle-même a dû consentir un important sacrifice financier pour avoir l'opportunité de se rendre dans le coeur de cette cité. D'une manière ou d'une autre, il faudra qu'elle se refasse si elle entend le quitter. Et le meilleur moyen de se gorger d'irys, ici, c'est encore de les prélever directement dans la bourse de ses victimes.

Le soucis, voyez-vous, c'est que la population locale est loin de rouler sur l'or. Et Zora n'est que peu encline à massacrer des dizaines - ou plutôt des centaines - de marginaux afin d'obtenir ce qu'elle souhaite. Ce qui explique pourquoi elle envisage de franchir le faux sol qui fait office de cieux. Comment? Elle n'en a pas la moindre idée. Et c'est probablement ce qui explique pourquoi l'agacement se lit aisément sur son visage. Elle suppose qu'elle devra se faire remarquer pour avoir l'opportunité d'atteindre son but. Or c'est précisément ce qu'elle souhaite éviter, cette fois. La sécurité semble bien plus présente dans cette cité que dans les autres. Ce qui, dans le fond, est parfaitement logique. Ne s'agit-il pas du coeur de ce continent impie?

La tête et le regard levé, donc, elle ne prête que peu d'attention aux personnes qui gisent dans la mécréance à ses pieds. Ils ne semble pas représenter une menace. Ici, tout le monde semble plongé dans un monde qu'elle ne peut percevoir. Les drogues daënars semblent efficaces. Et probablement agréables si elle se fie au nombre de récidivistes, remarquables à leurs visages émaciés et leur condition physique déplorables. De véritables déchets. Plus elle y pense et plus elle en vient à une conclusion dérangeante: les autorités locales encouragent l'utilisation de drogues pour garder sous contrôle les personnes les plus en droit de se révolter. C'est... vicieux. Et efficace, aussi. Du moins si elle se fie à ce qu'elle a pu observer jusqu'à présent.

Zora marque finalement un temps d'arrêt lorsqu'une voix glisse à ses oreilles. Les mots qu'elle charrie sont dénués de la moindre trace de respect. Elle se retourne lentement et découvre une petite silhouette au visage bardé de cicatrices. Le dégoût remplace immédiatement l'agacement qui avait pris ses aises sur ses traits. Est-ce bien à elle que cette femme vient de s'adresser?
"De la bonne quoi?" demande-t-elle finalement, les yeux plissés. "Que prennent donc tous ces gens pour être dans un état aussi lamentable?"
Avec le temps, elle a compris que même les impurs étaient susceptibles de contenter les multiples facettes de sa curiosité. Et si son désir de répandre le chaos est omniprésent, Althéa et Zora sont également venues à Daënastre dans le but d'en apprendre plus sur leurs ennemis. Il est plus aisé de détruire l'ennemi lorsque l'on a appris à le connaître. Ses questions semblent donc légitimes bien que la rouquine ait l'impression de commettre un blasphème en répondant par les mots et non par l'acier ou la magie.
"Tu es une... alchimiste, c'est ça?"
Ou peu importe le nom que ces gens veulent bien donner aux maîtres des potions locales. La fanatique fait un pas dans la direction de l'inconnue, la toisant d'un regard alliant mépris et intérêt. Cette impure-là saura-t-elle se montrer utile?

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Tristes Affaires EmptyMar 23 Oct - 20:04

Rousse, plutôt grande, carrément crade. Mais même la saleté empêche pas de voir qu’elle est assez jolie. Alyvesha ne l’aime déjà pas trop, par réflexe, par principe. Puis elle ouvre la bouche, et il y a directement quelque chose de dérangeant. L’accent ? Les termes utilisés ? C’est un genre de tout, personne parle comme ça chez les Versos. Pas d’ici. Diction trop propre, toutes ses dents de devant qui sont encore là, absence de ce vieillissement prématuré et indéfinissable qui caractérise les populations les plus pauvres d’Alexandria. Peut-être quand on va dans les quartiers plus sympathiques, le deuxième, le troisième ? Elle n’a pas la prétention de tout connaître, de connaître tout le monde, mais elle a assez traîné ses semelles pour que ça ne lui évoque pas grand-chose. Sûrement la campagne daënastre, donc.

Puis, sérieusement, alchimiste… Y’a vraiment des gens qui utilisent ce mot ? Elle manque de ricaner ouvertement à la gueule de l’inconnue, de sa naïveté et de sa candeur apparentes. Puis elle se dit que quelqu’un qui n’y connaît rien, c’est quand même un excellent plan. Elle transforme le rictus mauvais en sourire faux, et souffle la fumée qui lui restait dans les poumons et qui tourbillonne autour de ses oreilles. Il lui faut quelques secondes pour réorganiser le discours qu’elle sort à chaque acheteur potentiel. Répondre aux questions, attiser la curiosité, provoquer la vente… Des mécanismes classiques, et il est temps de transformer son recel en espèces sonnantes et trébuchantes.

« Approche, souffle-t-elle d’un air de conspiratrice. »

Elle fait un signe de la main qui tient la pipe, tapote la place à côté d’elle par terre.

« Je ne suis pas une… alchimiste à part entière. »

Elle savoure le goût du mot sur sa langue. Pas mal, quand même.

« J’fais plutôt de la revente, t’vois ? Les… Les chimistes, on appelle ça comme ça, ici, ils fabriquent, et ensuite, suite à différents événements, je revends. »

Inutile de s’étendre sur le fait qu’elle fauche régulièrement là où elle peut, braque quand il le faut, achète quand ça s’impose. Et ça s’impose souvent.

« Bon, évidemment, je trafique pas le bouzin, hein ? Je revends du propre, du produit de qualité, garanti. Foi d’A… d’Alyce. J’ai un peu de tout, aujourd’hui, c’est ton jour de chance, en plus. De la rachacha, promis pas cher. Mais aussi de l’opium, un petit peu. Ça demande d’avoir le matériel, forcément, mais j’peux te le prêter à prix d’ami. Par contre, faut le rendre après, hein ? J’ai quelques autres bricoles, aussi, mais vaut p’tet mieux commencer par des trucs plus tranquilles. Et l’alcool, sinon, aussi. »

Elle réfléchit quelques secondes à son sac, planqué à quelques mètres de là dans une fissure quasiment invisible du mur. Des objets dont elle ferait bien de se débarrasser aussi, au demeurant. Avant que ça se répande qu’elle les a et cherche à les vendre. Ça ferait mauvais genre, se dit-elle, et elle veut pas se les coller derrière l’oreille, à devoir tout abandonner dans une zone de détritus pourrissants dans les tréfonds des Versos. Elle te tente de se rappeler ce qu’elle a ramassé, occultant totalement la présence de l’acheteuse potentielle. Elle tire furieusement sur sa pipe et souffle un rond sans même inhaler avant que ça lui revienne.

« J’ai un super bracelet en argent avec un rubis énorme. Il irait vachement bien avec vos yeux, d’ailleurs. »

Elle est pas joaillière, mais ça l’étonnerait beaucoup qu’Arthuro ait un rubis de cette taille posé dans son armoire. Le verre coloré, ça a souvent des jolies couleurs, par contre. M’enfin, elle est pas à un détail ou deux près. Lui, par contre, c’est pas la perte du verre coloré qui va l’embêter, plutôt toute la came qu’elle lui a délicatement soustrait quand elle a trébuché par accident dans son bureau, ouvert par hasard ses placards et vidé par inadvertence tout ce qui n’était pas cloué au sol.

« J’ai aussi un livre passionnant sur le jus des plantes, deux plumes ouvragées pour écrire, un encrier ornementé, et pleins de flacons pour une herboristerie, si tu veux essayer de faire tes propres mélanges. Je sens que le métier de chimiste... d'alchi’iste t’intéresse, donc ça pourrait être une très bonne idée, tu penses pas ? »

Dit comme ça, ça sonne assez suspect, même à ses oreilles, en fait.

« Y’avait un genre de vide-grenier, c’est pour ça, j’ai fait un achat de gros. »

Ouais, avec un mensonge pareil, y’aura aucun souci. L’important, c’est de le dire avec aplomb. Plus qu’à laisser la curiosité de sa proie… de sa cliente faire le travail, et se faire discrète quelques jours. Elle s’est justement gardé ce qu’il fallait pour passer un peu de temps au calme, et son cœur se met à battre un brin plus vite à la perspective de la poudre qu’elle a trouvé dans une tabatière ouvragée, en vrai argent cette fois, pas du contreplaqué. Elle la revendra peut-être après, mais avec les initiales dessus, ça ne sera pas très discret.


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Tristes Affaires EmptyVen 26 Oct - 7:35

Intriguée, elle se rapproche. Cette femme semble avant tout un danger pour elle-même. Et si elle esquisse le moindre geste, elle la crucifiera dans la foulée! La rouquine refuse néanmoins de prendre place aux côtés de cette infidèle sur le sol sale. Il y a certaines limites que la curiosité ne saurait pousser à transgresser. La fanatique reste donc prudemment debout, bras croisés, plus ou moins réceptive à ce que son étrange interlocutrice pourra lui dire. Et, comme pour l'encourager à ne pas lui faire perdre davantage de temps que nécessaire, elle l'encourage à parler en levant un sourcil. Une menace subtile mais bien réelle.

Ainsi donc cette femme n'est pas une alchimiste mais une simple revendeuse. Elle perd immédiatement de la valeur aux yeux de la disciple de Möchlog qui songe déjà à poursuivre sa route vers la purification du continent. Quant à la chimie... Encore un mot détourné par les daënars. Ils s'approprient les arts qu'ils ne sont pas dignes de pratiquer et les renomment pour se donner l'impression d'en être les créateurs, probablement. Mais tout ce qui existe ici, les hérésies comme les rares bonnes choses, sont nées dans le sang de My'trä! Comment osent-ils l'oublier?
"Tu es une vulgaire marchande, donc!" soupire-t-elle. "Et sans grand sens des affaires, j'imagine, sans quoi tu aurais ta propre échoppe et fabriquerais tes potions toi-même! Ou peu importe ce que tu vends!"
La rouquine pense un instant que le dédain qui s'est naturellement installé sur son visage dissuadera l'autre de poursuivre une conversation désormais morte dans l'oeuf. Mais la fille aux cicatrices l'assaille alors d'une pléthore d'informations étranges. Voir incompréhensibles. Qui est cette Alisse? Et quel matériel cette impure évoque-t-elle? Pense-t-elle vraiment que la disciple de Möchlog a besoin d'une quelconque aide pour fabriquer ce dont elle a besoin? Vient-elle de l'insulter sous le couvert de son ton commerçant? Et plus important encore:
"Qu'est-ce que du... rat-chat-chat?" se presse-t-elle de demander. "Qu'avez-vous fait aux créations d'Orshin? Réponds!"
Puisse l'Araignée déchaîner ses meutes sur ces infidèles qui ont osé pervertir ses oeuvres! La my'träne ose à peine imaginer le résultat d'un mélange entre plusieurs chats et un rat! Que font-il de... cette chose? Ils la mangent? Est-ce à cause de ça que l'esprit de tous ces gens voguent dans les nimbes de l'inconnu? Elle n'obtient pas de suite la réponse à sa question. L'autre lui propose cette fois-ci un collier avec un rubis. De quoi arracher un nouveau soupir de dédain à celle qu'elle prend pour sa cliente.
"Je t'ai donné l'impression d'être une courtisane? Qu'est-ce que je ferais d'un bijou?" s'emporte-t-elle. "Tu me fais vraiment perdre mon temps!"
Elle n'a rien d'une matérialiste! Elle se fiche pas mal de l'image qu'elle renvoie ou de la perception que les gens peuvent avoir d'elle. L'habit n'a jamais fait le prêtre de Delkhii! Toujours est-il que l'impure poursuit l'énumération de ses produits. La plupart sont dénués d'intérêt! Que ferait-elle d'un livre daënar? Et puis elle a déjà de quoi écrire des lettres. Que ferait-elle d'une plume qu'elle imagine déjà artificielle ou d'un encrier dénué de la moindre beauté artistique, probablement fabriqué par ces machines dont ils sont si fiers? Zora laisse finalement l'autre terminer tout en gardant sa main posée sur la garde de son arme. Quelque chose lui dit que la mort sera probablement le seul moyen d'obtenir à nouveau le silence...
"Pourquoi videz-vous vos greniers? Ou mettez-vous le blé?" demande-t-elle, étonnée. "Non, tu sais quoi? Laisse tomber! On va aller droit à l'essentiel!"
Elle pressent déjà que son interlocutrice se répandrait en longues et horribles explications dans la conclusion, finalement, n'échapperait pas à l'absence de logique. Ces gens-là agissent étrangement comme s'ils cherchaient absolument à se démarquer! Forcément, ils doivent s'inventer une identité sans la houlette des dieux. C'était couru d'avance: ça allait être une catastrophe...
"Montre-moi tes fameux flacons!" demande-t-elle au bout d'un instant. "Et ce... rat-chat-chat, aussi!"
Ce qu'il ne faut pas faire pour My'trä...

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Tristes Affaires EmptyMar 30 Oct - 21:33

Elle le sait, qu’elle a un bagout incroyable, une gouaille virevolante, un verbe saisissant. Elle vient d’en faire la démonstration à cette cliente potentielle, alpaguée avec le talent qui lui est propre, fructifié par tous les efforts qu’elle a pu faire honnêtement au cours de sa vie, toujours à l’affût pour vendre des trucs et des bidules, et peut-être profiter un peu du manque de connaissances des gens pour leur faire découvrir des choses pas si incroyables à des tarifs pas si intéressants ? Mais c’était une leçon pour eux, voilà, comme celle que la rouquine ne va pas tarder à apprendre. Celle qu’il ne faut pas acheter n’importe quoi à n’importe qui. Enfin, le temps qu’elle s’en rende, compte, hein…

Elle prend une bouffée de sa pipe, s’aperçoit que le fourneau s’est éteint pendant le début de discussion. Par réflexe, elle crache un glaviot sur sa droite, comme pour se nettoyer la langue, et elle tape sa pipe contre le mur pour en faire tomber les cendres. Ça va être le bon moment pour la remplir, et faire goûter la clientèle, en plus. Pas de bijoux de pacotille, mais de la demande pour du rach. Il sera toujours temps de finir les ventes après, quand l’autre aura l’esprit embrumé par l’opium. Juste cette histoire de créatures d’or chien, c’est étrange, mais ça doit être une coutume de la campagne daënastre, et s’il y a bien quelque chose qu’elle n’a jamais pu supporter, c’est les honnêtes bouseux.

Elle tend la main sous ses vêtements, attrape un des multiples sachets qu’elle garde cachés contre sa peau, pour éviter d’attiser la convoitise de ses camarades des bas-quartiers d’Alexandria. Juste en touchant, elle reconnaît celui qu’il lui faut, et d’un geste adroit de l’ongle, défait le bouton. Deux doigts dedans, elle forme une petite boulette qu’à la réflexion, elle agrandit un poil ensuite. En calant le rachacha contre sa paume, elle referme le tout et sort sa main, paume ouverte. Le regard taciturne, elle scrute l’inconnue pour voir si ça sent le coup fourré.

Imperceptiblement, elle a changé ses appuis au sol, et sa posture avachie n’est que comédie pour cacher le surin qui est prêt à lui tomber dans la main au moindre faux-mouvement. La rouquine, elle sera vachement moins jolie avec un nouveau trou dans le bide et un troisième sourire sous le menton. Plus légère de quelques piécettes, aussi. Ça lui donne envie de ne même pas attendre, à Alyvesha, mais elle vient de fumer, et l’autre a quand même l’air plus athlétique qu’elle. Et elle est debout, déjà méfiante… Une occasion pour plus tard.

« On oublie les greniers ? Dommage, je trouve souvent des trucs chouettes, dans les greniers. »

Pas de rires à sa petite blague. Retourner dans le rôle de la brave marchande. Elle se racle la gorge.

« Le rachacha, c’est ça, la p’tite boulette dans ma pogne, t’vois ? Un super produit de qualité incroyable, on s’l’arrache jusqu’en My’trä, pour te dire ! Evidemment, tout le monde n’y a pas accès, mais j’veux bien te faire un prix, pour le plaisir de la découverte. »

Elle frotte son pouce et son index ensembles, le geste universel qui dit qu’il commence à être temps de passer à la caisse.

« Grâce au rachacha, tu seras détendue comme jamais, comme dans un lit douillet, un océan de plumes d’oiseau chouettes. Je vais pas rentrer dans les détails de la fabrication de la pâte, hein, ça n’est pas très intéressant… »

Et surtout, Aly n’y connaît vraiment rien, et ça ne l’intéresse pas du tout.

« Pour les flacons, ils sont précieux, je ne les ai pas sur moi. C’est parce que c’est fragile. Pour voir, faut que j’vois ce que toi t’as dans tes poches. »

Regard ouvertement soupçonneux, pas besoin qu’elle ait l’air d’une personne subtile quand il s’agit de faire raquer les autres. Seules comptent les espèces sonnantes et trébuchantes.


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Tristes Affaires EmptyVen 2 Nov - 17:59

Comment a-t-elle réussi se laisser entraîner dans ce semblant de négociations? D'ordinaire on lui donne sinon elle prend! Et maintenant elle est forcée de jouer la carte de la retenue si elle souhaite obtenir les réponses qu'elle souhaite. Car celles fournies par cette femme n'ont rien de satisfaisantes. sans parler de sa logique douteuse ou encore de son attitude bien trop avenante pour être honnête. Les marchands, finalement, ne sont guère différents ici qu'à My'trä: ils vous sourient tout en cherchant à vous sucer jusqu'à votre dernier irys. Est-ce que Loud'wig a commencé à bâtir sa fortune de cette manière? Vendait-il aussi des hérésies dans la rue?

Zora recule d'un pas lorsque l'inconnue glisse ses mains à l'abris de ses vêtements. Pour y chercher une arme? La fanatique fronce les sourcils comme pour dissuader son étrange interlocutrice de jouer la carte de la témérité. Elle ne la laissera pas brandir une autre hérésie sous son nez! Mais les secondes s'égrainent et cette option semble peu à peu envisageable. Délaissant quelque peu la prudence, la rouquine lâche un soupir d'impatience. Soit l'autre parle trop, soit elle prend un temps incalculable pour lui présenter les objets de sa curiosité. N'y-a-t'il donc pas de justes milieux chez les daënars?

Et bien sûr la disciple de Möchlog ne se donne pas la peine d'esquisser ne serait-ce qu'un vague rire à la pathétique tentative de plaisanterie de l'autre. Tout au plus lâche-t-elle un énième soupir agacé. Un soupire qui se transforme vite en rire moqueur lorsque l'infidèle lui présente une étrange petite boulette tout en précisant que cette... chose s'arrache jusqu'à My'trä. Elle se focalise sur cette déclaration pompeuse et n'écoute déjà plus le reste de la phrase de la femme aux cicatrices.
"Jusqu'à My'trä, hein?" relève-t-elle. "Et bien figure-toi que j'en viens, de My'trä! Et je suis pratiquement certaine que même le plus simplet de nos marginaux refuserait de consommer une chose pareille! Vos... chimistes sont de vrais imposteurs!"
Et pourtant elle ne peut juger de la qualité du produit sur son apparence, elle le sait bien. Ce qui ne l'empêche pas de préciser le contraire, vexée que l'autre tente de la prendre pour une imbécile. Sa faux la démange! Et pourtant elle fait à nouveau un effort pour garder son calme malgré le tribu croissant qu'elle paie à la patience. Car l'autre peut encore se révéler utile. Et, surtout, parce qu'elle ne compte pas recommencer cette discussion avec l'un des camarades de l'impure. Une seule fois, c'est plus que suffisant! Et qui sait? Les autres sont peut-être encore pires qu'elle!
"Les plumes de Möchlog sont sacrées!" s'offusque-t-elle dans la foulée. "Cesse d'évoquer la Chouette si tu souhaites que la tienne reste accrochée à son manteau!"
Et pourtant le mal est déjà fait! Mentait-elle en disant qu'elle se sentirait détendue comme jamais? Tout semble confirmer cette hypothèse mais là encore, elle ne peut qu'imaginer la réelle portée de la puissance de ce rat-chat-chat. Toujours est-il que le fait que l'infidèle ne souhaite pas lui parler de la composition de la chose ne l'incite guère à la confiance. Quoi qu'il en soit, s'il y a bel et bien des morceaux de rats et de chats dans cette boulette, ils sont bien cachés. Peut-être que c'est fabriqué à partir de leurs biles respectives? Ou pire encore: de leurs excréments? Quant au paiement auquel elle pourrait consentir...
"Tu verras ce qu'il y a dans mes poches quand tu auras goûté cette chose! Si tu survis alors peut-être que je me risquerai à la goûter! Et peut-être daignerai-je même accorder un sursis à ta pathétique existence! C'est plutôt honnête, non? " lui fait-elle remarquer. "Quant aux flacons, ce n'est pas grave! Je ne comptais de toute façon pas m'embarrasser d'une chose produite par des mains impures! Dis-toi que c'était simplement une forme de curiosité malsaine..."
Si ça se trouve elle n'en vend même pas, d'ailleurs. Il s'agit peut-être d'une pathétique tentative pour capter davantage son attention? Peu importe, dans le fond! L'objectif est atteint quand bien même si ça la dérange au plus haut point! Le fait est que Zora place de grands espoirs en ce rat-chat-chat. Peut-être qu'elle pourrait le rendre plus puissant? Et vraiment plonger une partie de la population daënar dans la plus violente des apathies? L'idée est plaisante, parfaitement séduisante!
"Je souhaite également voir ton fameux alchimiste ou peu importe le nom bizarre qu'il se donne! J'ai... quelques questions à lui poser!" explique-t-elle. "Et quand ton esprit aura divagué tu me parleras également de cette chose qui cache les cieux! Et de ses points faibles!"
Elle lève le doigt en direction de l'impressionnante construction! S'il existe un chemin pour atteindre les cieux, cette fille doit forcément la connaître. Car les gens qui vivent dans la rue semblent disposer de nombreuses ressources précieuses, malheureusement. La débauche est-elle le prix à payer pour les obtenir!
"Et par Möchlog, couvre ton visage!" s'emporte-t-elle sans réellement s'en rendre compte. "Tu n'as donc aucune décence?"
La vue des cicatrices provoque un malaise croissant et, en parallèle, de furieuses envie de meurtres! C'est presque comme si son interlocutrice l'incitait à lui faire du mal! S'en rend-t-elle seulement compte? Doit-elle lui expliquer l'évidence? La fanatique lâche un reniflement de dédain avant de détourner le regard. Carence qu'elle compense en tendant sa main, paume vers le haut, pour que la femme puisse y déposer le rat-chat-chat.
"Mais avant toute chose: fais voir!"
Seul une acheteuse dénuée de bon-sens accepterait de payer pour une substance sans en évaluer la consistance ou encore les flagrances...

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Tristes Affaires EmptyLun 5 Nov - 20:31

Une vente qui se passe bien, une cliente conquise, c’est bien quelque chose dont Alyvesha est fière. Et celle-là se déroule admirablement. Alors, évidemment, l’inconnue fait mine de ne pas vouloir y toucher. Elle prétend que ça ne l’intéresse qu’à moitié, essaie de la faire douter de la marchandise, rejette la moitié des objets pourtant magnifiques qu’elle propose pour un prix somme toute modéré. Ce ne sont que des techniques évidentes pour la criminelle, habituée à conduire des négociations autrement plus délicates, généralement à la pointe d’un couteau ou à l’embout du canon d’un pistolet.

Cette vente se passe décidément admirablement.

Ça parle d’un type qu’elle ne connaît pas et qu’elle ne se souvient même pas avoir évoqué jusqu’à présent. Ça lui fait regarder un peu davantage la rousse trop jolie pour être ici, avec ses yeux dérangeants. Un p’tit chef des quartiers ? Nan, elle les connaît quasiment tous, et eux aimeraient bien soit la connaître beaucoup trop à son goût, soit ne jamais avoir entendu parler d’elle. Un gros bonnet, alors ? Mais même eux sont connus, au moins de nom. Un nouveau-venu dans la cour des grands, p’tet, alors. Ça vaudra le coup de creuser tout ça un peu davantage tout à l’heure, quand elle aura fini de creuser le fond de la bourse de l’autre.

La phase suivante, c’est d’entrer un peu dans le jeu, les acheteurs aiment bien les quand les marchands sont un peu obséquieux, ça flatte assez leurs egos pour leur faciliter le lâcher de quelques pièces supplémentaires. Et voilà que l’autre lui demande goûter sa marchandise ! Comme si ce n’était pas déjà ce qu’elle faisait tous les jours, et ce qu’elle faisait même avant d’alpaguer une honnête victime prête à découvrir des étendues de bonheur. Pas de doute, dans sa tête, la vente est déjà conclue, et en plus il faudra qu’elle pense à facturer le fait de goûter en plus. C’est que, ça lui fait ‘’gâcher’’ de la came, quelque part, hein ? Elle aurait pu la vendre, par exemple. Elle ricane intérieurement en pliant le poignet de sa main gauche, un peu, sans la moindre douleur.

« Mais finalement, tu veux que j’goûte d’abord, ou tu veux regarder ? Regarder, c’est gratuit, mais faut arrêter d’en demander trop. »

Et en demander trop, c’est aussi parler de sa cicatrice. Aly sait bien que c’est intimidant pour les autres, que ça lui donne un air foncièrement dangereux. Elle essaie un rare sourire qui ressemble bien davantage à un rictus haineux, mais qui a le mérite de découvrir ses dents pas encore pourries par la drogue et l’alcool. Généralement, ça plisse ses cicatrices assez salement, et manque de cacher ses yeux. Avant… Avant, ça lui faisait drôlement mal, la peau a regagné une partie de sa souplesse, à défaut de retrouver son ancienne apparence. Pas forcément un mal, sachant la vie qu’elle doit mener.

« Je vais pas planquer mon visage juste parce qu’il te fait peur, tu peux toujours essayer de trouver un autre marchand qui te vendra de la came et des infos aussi bien que moi, mais j’vais pas te mentir, t’es pas arrivée si tu tentes ta chance. Cela dit, on peut peut-être s’arranger… »

De l’ongle du pouce, elle gratte une lamelle de rach et la dépose dans la pogne de l’autre. Elle peut bien la tripoter, la renifler, même la goûter. Ce sont toutes des manières différentes de consommer ce charmant petit produit. Quant à Ayvesha, elle se contente de le déposer à nouveau dans le fourneau d’une de ses deux pipes, et fait flamber une allumette sur, à nouveau, son ongle. Puis tire paisiblement jusqu’à ce qu’un nuage de fumée s’élève. Pour le style, pour montrer que tout va bien, elle adresse un clin d’œil provocateur à sa future cliente. Puis aspire avec une expression de contentement.

Il est temps de finir d’hameçonner le poisson. Et elle a justement une idée qui serait bien pratique.

« Sûr que j’peux te présenter l’alchimiste. Il serait p’tet même ravi de te rencontrer. Te rendre service, ça m’étonnerait un peu davantage. Le souci, c’est qu’on s’est un peu disputé récemment, des histoires persos. Rien de bien important, tu vois ? »

Simplement braquer la totalité de son bureau et le moindre objet vaguement précieux qui s’y trouvait, mais il est un peu susceptible.

« Mais la première étape reste malheureusement encore et toujours celle de la paye. Et ici… »

Un regard autour d’elle confirme que dans cette nuit éternelle, intellectuellement, tout le monde est déjà parti se coucher ou presque. Ce n’est qu’un peu plus tard que les activités tarifées du rythme nocturne prendront réellement leur essor, pour attirer le chaland venu d’ailleurs. Et pour lequel c’est réellement la nuit, au-dehors, sans le magnifique toit qui les protège des intempéries mais pas des pluies d’ordures qui tombent parfois et constituent des mines d’or pour les ferrailleurs et autres professionnels de la récup’.

« Ouais, pas d’doute, si t’achètes, j’peux t’emmener voir l’alchimiste. En prime, t’auras aussi une visite de la quasi-totalité de la ville. J’ai pas encore accès aux Astraux, mais si tu reviens dans quelques années, p’tet… »

Elle crache, par réflexe, en lâchant le mot ‘’Astraux’’. Elle foutra jamais les pieds là-bas, sauf à mitonner le casse du siècle. Nan, vaut mieux pas y aller tout court, ça pue la merde, et y’a des hauteurs à partir desquelles on peut que tomber. Même si elle se mettrait sacrément à l’aise, pas de doute…


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Tristes Affaires EmptyMer 7 Nov - 14:18

Cette marginale maîtrise davantage l'épineux domaine des négociations qu'elle, c'est évident. Partagée entre un prodigieux agacement et une réelle curiosité, Zora ne sait guère ce qu'il convient de faire. Tuer cette femme? Elle obtiendrait la substance qu'elle convoite mais pas les réponses qu'elle espère encore obtenir. Entrer dans son jeu et lui payer son dû? Même si c'est probablement l'option la plus sensée, sa fierté refuse de vraiment considérer cet option. Ici, il s'agit de s'approprier sans trop concéder. Et, surtout, de parvenir à tolérer les remarques désobligeantes de l'infidèle. N'a-t-elle toujours pas compris qu'elle n'a rien d'une cliente comme les autres?

La fanatique lâche un autre soupir et ferme un bref instant les yeux comme si elle cherchait à canaliser l'irritation croissante provoquée par cet étrange échange. Comme bien souvent avec les daënars, tout se rapporte à l'argent. Ils n'ont pas seulement laissé les irys les pervertir: ils les ont placés au centre de leurs existences. Ils érigent la richesse en source de fierté sans même se rendre compte que cette dernière les réduit en esclavage! Ou peut-être est-ce qu'ils souhaitent? Leur avidité causera leurs pertes, c'est évident. Et plus le temps passe et plus Zora en vient à penser que la société daënar est appelée à s'effondrer sur elle-même. Comment pourrait-elle subsister alors qu'elle repose sur des fondations pourries?
"Très bien! Je te paierai plus tard s'il n'y a que ça qui compte à tes yeux!" glisse-t-elle avant d'observer les environs. "Laisse-moi juste le temps de trouver une source de revenus!"
S'il y a des vendeurs alors il y aura forcément des acheteurs. Il n'y a qu'à attendre que l'un d'eux se pointe et demande de quoi égayer sa nuit à l'impure ou à l'un de ses camarades... Comme toujours, ce n'est qu'une question de temps. Et quelque chose lui dit qu'elle n'aura guère le temps de s'ennuyer. L'autre est de ceux qui aiment parler beaucoup pour ne pas dire grand chose...

La fanatique se rend alors compte qu'elle s'est laissée happer dans une perverse logique de vente. Cette fille propose des choses intéressantes, certes. Mais une seule qui soit réellement à la hauteur des attentes de la rouquine: l'alchimiste. Mais la disciple de Möchlog n'est pas non plus dénuée de ressources. Certes, elle ne peut que rarement compter sur une bourse bien remplie. Mais elle possède un atout de taille dans sa manche. Un atout qui lui éviterait d'attendre l'arrivée d'un daënar à dépouiller.
"Tu connais Loud'wig Strauss? C'est mon sbire! Et mon futur bouffon! Mais ça, je crois qu'il n'en a pas encore pris conscience..." s'amuse-t-elle. "Quoi qu'il en soit, il est très riche! Et, curieusement, plutôt influent sur vos terres! Je lui demanderai de t'offrir l'une des hérésies dont vous raffolez tant! Une voile-ture, par exemple? Ou encore des lunes-nettes? Peu importe ce que tu souhaites, tu l'auras! Tu as ma parole!"
Ou elle pourrait demander au moustachu de tuer tout le monde dans ces rues? Ce qu'il y a de bien avec Loud'wig, c'est que les possibilités semblent infinies. Elle laisse l'impure réfléchir à la proposition puis daigne enfin observer plus attentivement le morceau de rat-chat-chat qu'elle a déposé dans sa paume. Elle finit bien vite par le glisser dans sa poche: elle n'en aura pas besoin pour l'instant.
"Maintenant drogue-toi et mène-moi à ton alchimiste!" ordonne-t-elle. "Je dois m'entretenir avec lui! J'ai une... affaire à lui proposer! Une affaire qu'il ne pourra pas refuser! Et qu'il ne voudrait pas manquer à cause de la fierté mal placée de l'une de ses petites mains!"
Elle se fiche pas mal de la nature de la dispute qu'ils ont eu. Elle est parfaitement insignifiante! Mais elle ne laissera par l'ego de deux infidèles l'empêcher d'accéder à un moyen efficace de répandre la mort. La seule volonté qui doit pouvoir s'exprimer sur ces terres, hormis celle de Möchlog, c'est encore la sienne!
"Je vais vous fabriquer la plus puissante des drogues!" annonce-t-elle fièrement. "Ça va être grandiose!"
Une véritable ode à la mort! Un spectacle enfin digne de ce nom et susceptible de réellement honorer la divine Chouette. Zora, animée par un regain de bonne humeur, s'autorise même un sourire satisfait. Cette fille croit être indispensable? Si elle refuse, elle la tuera et chercher un autre moyen d'atteindre cet alchimiste! Personne n'est indispensable, après tout! Sauf elle, peut-être...

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