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 Solitude partagée

Svenya Nahir
Svenya Nahir
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Solitude partagée EmptyMer 24 Oct - 14:32
Irys : 352788
Profession : Mercenaire - assassine de l'Ordre
Guilde +2 (femme)
Certaines personnes ont le talent inné de pouvoir tirer le meilleur parti de n'importe quelle compagnie. Ils sont un atout de taille dans une équipe, équipe dont ils formeront bien souvent le ciment. Ils s'adaptent facilement, savent plaire et sont en général apprécié par ceux qu'ils rencontrent. Svenya ne faisait pas partie de ces gens-là. Elle travaillait seule, voyageait seule, vivait seule. Une solitude provoquée par la perte, mais aussi et surtout un choix. Sa solitude était la seule manière de protéger les autres de la malédiction qui pesait sur elle depuis maintenant six ans. Six ans de fuite, six ans de survie, six ans de solitude.

Et pourtant, voilà que depuis quelques jours, elle se retrouvait avec une compagne de route pour une durée indéterminée. La shudarga avait beau ne pas être douée de la plus grande des empathies, elle savait reconnaître quand quelqu'un avait besoin d'aide. Et Ophélia ne tiendrait clairement pas longtemps à My'trä si quelqu'un ne s'assurait pas de mettre quelques points sur quelques i, comme en témoignait son échec retentissant pour se faire accepter par des clans Zagashiens quelques jours plus tôt. Un fiasco que la Negiin avait d'abord pris pour un manque de jugeote et une envie de provocation, mais qui était aussi la conséquence de quelques lacunes fondamentales en matière de compréhension du monde, et, en particulier, de ce continent.

On ne pouvait pas vraiment qualifier l'ambiance dans leur duo de chaleureuse. Svenya était aussi taciturne que d'habitude, et Ophélia broyait du noir, ou du moins c'est ce que l'assassine déduisait de certains propos assez défaitistes que la jeune femme tenait. Sans doute avait-elle ses raisons: Daënastre avait laissé un souvenir tout aussi amer à la nomade et la Daënare cumulait les ennuis en se heurtant maintenant à l'intolérance des My'träns. Intolérance compréhensible, sans doute, mais qui avait la fâcheuse habitude de faire des victimes collatérales. Enfin, cette morosité ambiante ne semblait pas affecter Khardan, l'étalon qui leur servait de monture, pas plus qu'il ne semblait gêné par sa cavalière supplémentaire. Bon, étant donné qu'il était une espèce de géant tout en muscles, le poids plume d'Ophélia ne devait pas représenter grand-chose pour lui.

Pendant quatre jours et cinq nuits, la Negiin avait forcé le pas, enchaînant longues marches et courtes périodes de repos, au cas où certains Zagashiens un peu trop butés se mettaient en tête de suivre la Daënare qui leur avait été subtilisée. Elle avait beau fuir de simples mortels, elle avait agi de la même manière que quand elle devait échapper à son persécuteur divin. Il était donc peu probable qu'elles aient encore des ennuis avec leurs hypothétiques poursuivants: ce qui avait fait ses preuves contre une créature surnaturelle serait certainement efficace contre des humains, fussent-ils des mages.

Dans sa fuite, Svenya n'avait pas ménagé ses efforts ou ceux de sa monture. Le rythme qu'elle avait imposé à leur petit groupe était éreintant à maintenir et elle commençait à en sentir les effets malgré son entrainement rigoureux. Quand elle se surprit à manquer de somnoler au milieu de l'après-midi du cinquième jour, elle décida que s'acharner plus longtemps ne servirait à rien. Soit elles étaient en sécurité, soit elles avaient surtout intérêt à être relativement fraîches quand les ennuis leur tomberaient dessus. Si elle-même commençait à atteindre les limites de son endurance, Ophélia devait être au bout du rouleau. Elle avait beau avoir l'avantage de la jeunesse, elle était si frêle que la Negiin s'attendait presque à la voir se briser si elle faisait un geste trop brusque. Comment diable avait-elle même survécu jusque là, si vulnérable, en terre hostile et ignorante de la plus élémentaire des prudences? Une question à laquelle elle chercherait des réponses plus tard. Pour l'heure, elle arrêta Khardan, mit pied à terre et tendit la main à sa passagère pour l'aider à descendre (il ne maquerait plus qu'elle se casse quelque chose en faisant une mauvaise chute maintenant!)

"On doit être assez loin. Je vais nous préparer à manger, n'hésite pas à dormir si tu es fatiguée, je te réveillerai quand ce sera prêt."

À moins que la fatigue ne lui obscurcisse l'esprit, Ophélia aurait sans doute remarqué un changement par rapport à leur routine des derniers jours: cette halte venait bien plus tôt que prévu. Svenya ne s'attarda cependant pas sur le sujet, estimant que sa courte explication était suffisante. Une fois Khardan délesté de ses deux cavalières, la Negiin lui retira les sacoches qui contenaient son équipement et le reste de son harnachement. Après une rapide vérification de ses pieds pour déloger un éventuel caillou coincé, elle le laissa entamer un repas bien mérité. L'avantage de cette région était que l'humidité du sol permettait à une herbe haute et bien verte de pousser. Le cheval ne mourrait certainement pas de faim! Il était aussi peu fugueur, raison pour laquelle sa propriétaire ne l'attacha pas. De toute façon, elle aurait été bien incapable de trouver un endroit où l'attacher au beau milieu de la plaine. Elle entreprit ensuite de dégager une surface suffisante des herbes hautes qui l'envahissaient et commença à disposer le petit bois qu'elle avait tiré de sa sacoche pour bâtir un feu.

Ophélia Narcisse
Ophélia Narcisse
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Solitude partagée EmptyMer 24 Oct - 16:27
Irys : 1609400
Profession : Cible mouvante pour Régisseur
Pérégrins -2
Cela faisait plusieurs jours qu'Ophélia arborait un sourire, un seul et même sourire. Il hantait son visage, comme les fantômes du passé hantent les lieux appartenant à d'autres ères. Elle dicte sur ses lèvres la volonté d'une arrogance, d'une acerbe moquerie envolée vers les Architectes qu'elle nargue d'une risette tranchante. Mais, elle avait tant sourit, qu'à la fin, il ne restait plus que les débris de ce qu'elle a considéré très courtement comme un monument. Très vite, la grandeur s'est changée en manifestation notable, puis en détail passable. Sa risette qu'elle voulait faire devenir un crachat au visage des dieux n'était plus qu'un faux reflet dans un miroir bien trop transparent. 

Elle ne pleure pas, certes, ses larmes ont séché au bord du vide. Sa volonté s'était efforcée à ne plus jamais en verser et sa dignité s'était formatée à respecter cette promesse. Alors, elle continuait à sourire. Le traitement des Zagashiens, le rejet de sa propre nation, la nature même de ce qui fait d'elle une condamnée ... tout n'était qu'une vaste blague. La souffrance n'avait plus de goût, la mort ne lui laissait plus la peur du doute, la vie lui paraissait fastidieuse et le but de tout ce cheminement semblait beaucoup trop distant. Aider autrui ... pourquoi déjà ? Elle avait dû le savoir à un moment, mais sa mémoire ne voulait pas se rafraîchir. La vaironne vivait sans même comprendre pourquoi on le lui autorisait, pas plus qu'elle comprenait la véritable raison de l'aide de Svenya. 

Ophélia ne se serait pas vue risquer sa vie, compromettre son identité pour en sauver une autre ... quoique. Elle n'aurait pas rechigné à le faire, maintenant qu'elle a compris que son existence vaut moins que n'importe quelle autre en ce monde. Peut-être était-ce le cas pour sa nouvelle camarade de route ? Elle était bien attentionnée en tout cas, c'en était presque étrange. Mais ça faisait bien trop longtemps que ses pieds s'usaient sur les chemins. Le confort d'un cheval n'était pas à refuser. 

Svenya décida alors de mettre pied à terre, la vaironne obéit. Elle se fichait de ce qu'elles faisaient à présent, tout lui conviendrait. Son visage s'était démuni de son sourire depuis longtemps, il n'y avait plus de façade à porter lorsque la seule chose qui la fixait, c'était l'horizon qu'elle mirait. Apparemment, son aînée se chargeait de remplir leurs ventres et elle devait se charger de combler ses rêves. Mais elle avait dormi trois mois durant auparavant, et la fatigue n'était pas le premier de ses soucis. Silencieusement, elle s'assit entre les brins de l'herbe haute, ne sachant que faire si elle ne comptait pas somnoler.

Alors, elle revint à son meilleur hobby du moment, la magie. Elle y passait presque ses journées, l'anomalie s'était trouvée une véritable passion dans l'art de l'arcane. Les my'trans la disaient arme des Architectes, elle, elle avait trouvé un moyen d'en faire l'arme de son propre corps. Mais c'était si fatigant, au tout début, même changer la direction de l'air était fastidieux. Avec le temps et la pratique acharnée dont elle s'efforçait de faire preuve, elle gagnait en maîtrise.

Ophélia se concentra sur l'air ambiant, le faisant valser discrètement autour d'elle, espérant ne pas captiver l'attention de sa comparse, mais elle ne pouvait empêcher ses mèches de voler. La brise formait des cercles au-dessus de ses épaule et autour de son cou. Elle se satisfaisait de leur circonférence de plus en plus large et plus régulière à chaque pratique qu'elle renouvelait. A la fin, ce n'était pas plus dur que d'apprendre par coeur tous les mécanismes et engrenages d'une ingénierie de poupée. Lorsqu'elle put constater de ses progrès, la vaironne relâcha immédiatement sa magie, elle ne cherchait pas à s'entraîner aujourd'hui, juste à ne pas perdre la main. Se rattacher à l'art du vent était pour elle, un moyen de ne pas laisser son ancienne gardienne s'en aller ... mais aussi un moyen de défense à en devenir si le besoin se fait. Mais comme un chaton fait ses griffes, l'anomalie avait besoin d'aiguiser sa brise.

Ses cheveux cessèrent de flotter, son regard vairon se redirigea vers Svenya. L'étrangère nommée demeurait une énigme pour elle, la jeune femme aux mèches albâtres tentait de déposer une appellation sur cette étrange empathie qui l'avait prise. Il y avait plusieurs voiles à lever, tant sur l'identité de cette bonne âme. Et une question demeurait dans l'esprit de la vaironne. 

- Pourquoi vous m'avez aidée ? La dernière personne qui s'est impliquée dans mon sort n'était autre qu'une anomalie elle-même. Alors, vous, c'est quoi votre problème ? Une empathie surdimensionnée ? Ou peut-être assez de pitié pour ne pas me laisser mourir aux mains de Zagashiens ? 

Son ton était tout sauf agressif, malgré le contraste dont pouvait faire preuve certains de ses termes. Au contraire, elle était douce comme le vent tout autour et le ton de sa voix basse se laissait porter par le chant muet de ce dernier. L'expérience avec Laurelin lui avait appris de l'entraide solidaire dont pouvaient faire preuve certaines personnes mais l'avait vite déçue de par la découverte de la véritable nature de cette dernière. Ophélia avait appris du peuple des purs que les réprouvés dans son genre n'étaient pas bien accueillis dans le commun du mortel, alors, si une personne qui n'était pas une anomalie devait venir à son secours, la vaironne se braquerait de prudence ... et elle n'avait pas discerné un seul cristal sur Svenya depuis leur trajet ensemble ...

Lavryn & Khardi
Lavryn & Khardi
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Solitude partagée EmptyMer 24 Oct - 17:40
Irys : 159968

Comme un murmure amer...

Un murmure, un battement de cœur, un frisson dans le dos. Une pensée sibylline, un sang glacial dans les veines et un retournement de l’âme. L’étincelle d’un brasier présumé éteint il y a bien longtemps, mais dont les cendres n’ont jamais cessé de rougeoyer en secret. Désormais, son feu s’est rallumé et vient vous lécher les doigts, Enfants du Chaos.

Le fléau de Khugatsaa court dans votre chair, insidieusement il a attendu son heure et dans votre esprit désormais s’éveille un instinct étranger. Accrochez-vous à votre âme, il pourrait vous prendre le reste.

Ophélia Narcisse est désormais victimes de la pandémie.

Pour plus d'informations, c'est ici ! !


HRP:

Svenya Nahir
Svenya Nahir
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Solitude partagée EmptyMer 24 Oct - 17:53
Irys : 352788
Profession : Mercenaire - assassine de l'Ordre
Guilde +2 (femme)
Etonnant, qu'elle ne s'écroule pas immédiatement dans les bras de Morphée. Peut-être Svenya avait-elle sous-estimé son endurance, après tout? Etonnant aussi, ses mêches qui volaient alors que le vent semblait bien trop faible pour les soulever. Maîtrisait-elle la magie? Cause ou conséquence de sa présence sur des terres qui n'étaient pas les siennes? Décidément, il y aurait beaucoup de zones d'ombre à éclaircir dans un futur proche à moyen.

Des observations qui n'empêchaient nullement la nomade de poursuivre les tâches dont elle s'était elle-même assigné la responsabilité. Bientôt, un feu de taille moyenne dévorait avec avidité le bois qu'elle avait disposé. Elle sortit alors d'une saccoche ce qui ressemblait vaguement à une marmite miniature franchement cabossée et la suspendit à un trépied improvisé pour l'occasion. La viande d'un lapin chassé la veille pendant une courte halte ne tarda pas à tapisser le fond du récipent, bientôt rejoint par quelques légumes sauvages. Ce n'était pas de la grande cuisine, mais c'était mieux que l'ordinaire de bien des voyageurs solitaires et, surtout, ça les changerait des repas froids de ces derniers jours. Quelques herbes séchées de Zolios rejoignirent cette ébauche de ragout, dégageant un fumet qui promettait un plat plutôt relevé. Il n'y avait pour le moment plus qu'à attendre.

Cette relâche bienvenue leur permettrait de reprendre des forces, mais leur offrait aussi pour la première fois depuis leur fuite l'opportunité d'échanger plus que quelques phrases à la fois. Ce qui, bien évidemment, était la porte ouverte aux questions. Ophélia ne tarda pas à ouvrir le bal avec une interrogation qui lui trottait probablement dans la tête depuis un moment déjà. Le hasard était parfois une drôle de chose: elle était si proche de deviner le secret le mieux gardé de la Negiin, et pourtant ce qui pouvait la mettre sur la piste était une supposition eronnée. L'aide qu'elle avait reçue n'avait rien à voir avec une certaine entraide entre maudites, et Svenya aurait agi de la même manière si elle n'avait pas eu à porter le même fardeau que la jeune femme. L'assassine resta impassible tant que l'autre parlait, ce qui semblait d'ailleurs être son expression faciale par défaut. Quand le silence retomba, elle secoua légèrement la tête comme pour balayer les suggestions d'Ophélia, puis prit la parole pour clarifier:

"Tu étais très clairement désavantagée et j'ai horreur des combats à la déloyale."

Simple, n'est-ce pas? Elle n'aimait pas le seul contre tous ou toute autre situation où l'issue du combat (pour peu qu'il y ait même un combat) était écrite d'avance. Ironique, aussi, pour quelqu'un de sa profession, mais il y a bien longtemps qu'elle ne faisait plus attention à ce paradoxe.

"Les Zagshiens ont le sang chaud, mais ils auraient eu assez d'honneur pour ne pas s'en prendre à toi, en temps normal. C'était stupide de les provoquer."

Elle n'avait pas pour habitude de macher ses mots, et avec le souvenir de la scène à laquelle elle avait assisté ressurgissait un peu de l'exaspération qu'elle avait ressentie. Exaspération qui perçait maintenant quelque peu dans son ton. La fatigue, sans doute, ce n'était pas la première fois que ça la rendrait désagréable. Mais elle n'était pas la seule à souffrir de cette fatigue, si bien que Svenya ravala tant bien que mal son énervement. Son visage n'avait pas changé d'expression, mais une lumière assez peu engageante qui avait brièvement brillé dans ses yeux avait à nouveau disparu.

Ophélia Narcisse
Ophélia Narcisse
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Solitude partagée EmptyMer 24 Oct - 19:29
Irys : 1609400
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Pérégrins -2
La réponse de Svenya, tant froide que concise, eut pour don de poser un accent plane sur l'interrogation d'Ophélia. L'explication lui paraissait ... étrangement vague. Mourir au nom d'une idée, ou simplement risquer sa vie était un concept complètement inconnu à la jeune femme aux cheveux de neige. Le matériel ne s'oppose pas à l'immatériel, ceux qui ont assez de bénévolence pour accepter l'échange sont de biens mauvais négociateurs. Quel être était simplement assez stupide pour oser sacrifier sa vie, son âme, sa nature entière, son fondement même pour porter le drapeau d'une cause. Les causes sont comme les larmes, elles s'accumulent dans des yeux emplis d'espoir, et lorsque l'on réalise que rien ne saurait exaucer ce dernier, elles tombent, s'écrasent et s'effacent. Les seuls à croire que leurs utopies peuvent se réaliser sont les fous, les imbéciles et ... et ... des personnes communes assez formidables pour croire en l'impossible. Après tout, n'était-ce pas une belle interprétation de la vie ?! 

Les mains d'Ophélia se séparèrent, retrouvant une place plus appropriée sur les cuisses croisées de cette dernière. Quelque chose dans le ciel avait changé ... est-ce qu'il était aussi bleu quelques secondes auparavant ? N'y avait-il pas plus de nuages également ? Et le vent ! Il sentait délicieusement bon ! Jasmin ? Gardénia ? Eglantier ? Peut-être les trois ? Leurs odeurs se mêlaient à la brise comme l'échange d'un baiser guidé par l'émotion seule d'un sentiment amoureux. Le coeur de la vaironne se mit à battre plus rapidement, le sang dans ses veines commençait à la conforter d'une douce chaleur. C'était bizarre, mais ... pourquoi n'était-elle absolument plus abattue par le tragique destin qu'était le sien ? Et puis cette notion semblait si bateau, si niaise et négligeable que le train de ses pensées ne prit pas le temps d'y faire attention.

Doucement, son visage s'était relevé, ses yeux, brillants, faisaient le tour du paysage alentour. Ses lèvres lestes s'écartèrent doucement l'une de l'autre, arrondies d'une stupeur volage. Son expression était celle qu'elle arborait lorsqu'elle était revenue en ce monde, la seule nuance était que cette fois-ci, ce n'était pas la peur qui animait cette surprise, mais une joie venue d'elle ne savait où. Le roulement de tambour qu'était son coeur, imposait un rythme candide à son corps. Nulle panique, nul stress, nulle anxiété, juste un esprit blanc d'inquiétudes et coloré de mille et une nuances inconnues à ses yeux. Un frémissement fit remuer son échine sous la douce impulsion d'un vent soufflant le long de sa nuque.

- C'était stupide ... oui ! Mais je suis toujours en vie, c'est ce qui compte, non ?! Haha !

Sautillant sur ses genoux, la vaironne s'approcha de Svenya, un sourire sur son visage. Ce n'était pas la même risette effacée que d'habitude, c'était une manifestation bien plus honnête, déliée, libérée des liens de l'apparat. Il n'y avait plus rien d'artificiel ou de dissimulé sur l'expression d'Ophélia, le menton posé sur ses paumes dévoilées, ses coudes appuyé sur ses cuisses, elle regardait sa sauveuse avec des pupilles brillantes d'une admiration complètement assumée. Et tout d'un coup ... sa langue revint à l'état sauvage.

- Et donc vous êtes une personne d'honneur ? Oh, j'imagine que ça doit vouloir dire que vous savez vous battre ? Moi, je savais tuer avant, mais j'ai jamais su combattre ! Vous êtes une guerrière, non ? Mieux ! Une cavalière servant avec dévotion son dieu ? Je ne supporte pas les Architectes, vous savez ! C'est eux qui m'ont mis l'autre imbécile aux trousses, mais c'est pas grave de toute manière il est pas là ! Oh oui, je maîtrise la magie, mais ce n'est pas grâce aux Architectes, vous voulez voir ?!

Elle n'attendit pas la réponse de Svenya bien entendu. Aussi vite qu'elle avait fini sa phrase, la brise se concentra entre elle et son interlocutrice, formant une boule d'air à peine contrôlée dont le souffle tournait encore et encore en de fines marques grisonnantes, jusqu'à ce qu'Ophélia ne cesse le manège, laissant s'éparpiller l'air tout autour, avec un unique commentaire à ajouter.

- Et fiouuuu ...

La réaction de son corps ne se fit pas attendre, la tête de la vaironne s'abattit immédiatement vers le sol, son menton collé à son col. Elle respirait abruptement en de profondes expirations. De larges gouttes de sueur tombaient le long de ses tempes et un teint maladif vint orner son visage. Un frisson vint englober son dos, de sa nuque jusqu'à ses vertèbres. Ses yeux se fermèrent un instant ... jusqu'à ce qu'elle ne redresse son cou aussi vite qu'il était tombé. 

- Enfin voilà ! C'est fatigant, mais c'est marrant ! En plus ça me rappelle ma mère, elle aimait Amisgal, elle, mais moi, non, donc je fais sans elle ! Mais ... aaah ... c'est vraiment, vraiment fatigant. Mais ça reste amusant, héhé.

Penchant la tête vers son flanc gauche, l'anomalie souffla de larges salves d'air, comme si elle s'étouffait à l'étroit dans son corps. L'usage de son pouvoir avait été un peu abusif, mais pas au point de la subtiliser à sa conscience. Une dernière fine expiration, amoindrie par la forme serrée de sa bouche acheva son regain d'oxygène. Enfin ... son teint ne s'arrangea pas et elle respirait toujours aussi fort.

- Et vous, donc ! Qu'est-ce que vous faisiez là-bas ? Enfin, parmi les Zagashiens ! Hum ? Puis vous faîtes quoi dans la vie ? Vous savez vous battre ? J'ai déjà demandé ça ? Il s'appelle comment votre cheval ? 

Svenya Nahir
Svenya Nahir
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Solitude partagée EmptyJeu 25 Oct - 14:03
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Il ne fallut pas lontemps à Svenya pour décider qu'elle préférait la version d'Ophélia des derniers jours à la nouvelle qui venait de se dévoiler. Et de loin. Certes, elle n'avait pas été une compagne de route très causante et la nomade s'était fait du souci pour sa volonté de vivre, mais celle qui venait de la remplacer semblait... incroyablement sotte. Il n'y avait malheureusement pas d'autre manière de la décrire. Elle agissait comme si elle était ivre, seulement la Negiin était bien placée pour savoir que c'était impossible. Elle avait craqué, c'était la seule explication. La tension des derniers jours avait eu raison de ses nerfs, qui avaient fini par lâcher. Un phénomène que la shudarga avait déjà observé, dont elle avait elle-même été victime au début de son apprentissage... alors pourquoi sa patience avait-elle flambé aussi vite? Décidément, la fatigue la rendait plus irritable. Il était grand temps qu'elle se repose. Elle inspira longuement, expira. Il faudrait qu'elle se contienne.

Quelqu'un qui avait oublié de se contenir, par contre, n'était autre que sa compagne de route. Un torrent de questions et d'exclamations s'échappait de ses lèvres, à se demander comment elle trouvait encore le temps de respirer. Et elle ne savait toujours rien de la plus élémentaire des prudences, comme sa petite démonstration acheva de le prouver. Pendant un moment, l'assassine se demanda si elle allait se retrouver avec une évanouie - ou pire! - sur les bras. Bon, la jeune femme finit par ne plus donner l'impression d'être au bord de la syncope, faute d'avoir l'air d'avoir vraiment récupéré. À peine chassé, l'énervement de l'assassine revint au galop.

"Si la magie te fait toujours cet effet-là, abstiens-toi. Ca ne sert à rien de t'abîmer la santé pour des tours de passe-passe."


Il n'était pas dans ses habitudes de dénigrer un art qu'elle avait appris à respecter pendant ses nombreux voyages à travers My'trä, mais c'était avec sa santé, et donc sa vie, qu'Ophélia jouait. Et après ce qu'elle venait de voir, Svenya avait bien de la peine à la considérer comme une adulte responsable capable de prendre ses propres décisions même si elles comportaient des risques. Mais sa voix sonnait trop dure, trop cassante, même à ses propres oreilles. À nouveau, elle inspira, expira. Qui aurait cru que les exercices qu'on lui avait appris pour s'éclaircir l'esprit avant un meurtre lui serviraient un jour à ne pas perdre complètement patience face à une gamine? Bon, d'accord, peut-être pas une gamine, mais en tout cas le comportement était franchement similaire en ce moment.

Histoire d'éviter un nouveau mouvement d'humeur, la Negiin ne répondit pas tout de suite aux nombreuses questions dont elle avait été assaillie. À la place, elle sortit de la sacoche la plus proche d'elle une cuillère en bois et une outre de vin zolien. Elle utilisa la première pour décoller la viande qui risquait de commencer à attacher, puis ajouta une rasade de la seconde dans la marmite pour rallonger la sauce. Des actions qu'elle avait effectuées des centaines de fois et qui avaient l'avantage de se faire mécaniquement. Elle avait retrouvé un semblant de calme, et c'est donc d'une voix quelque peu apaisée qu'elle reprit la parole. Elle n'était toujours pas franchement chaleureuse, mais au moins n'était-elle plus aggressive.

"C'est bon, tu comptes me laisser le temps de répondre, ou tu préfères continuer directement les questions?"

Impossible de se débarrasser d'une dernière pointe de sarcasme, mais au moins celui-ci était-il plutôt amusé que blessant. Ou du moins, elle l'espérait.

"Oui, je sais me battre, et j'imagine que tu peux m'appeler une 'guerrière' si le terme te plaît. Non, je ne vénère pas les Architectes, je laisse ça aux My'träns. Je loue mes services aux convois qui ont besoin de personnes pour les défendre ou les guider. J'étais avec les Temulawaks parce que j'ai déjà voyagé avec eux et ils m'avaient invités à participer à leur festival. Mon cheval s'appelle Khardan."

Plutôt déconnecté comme énumération, mais Ophélia ne pourrait s'en prendre qu'à elle-même: elle n'avait qu'à avoir laissé à Svenya le temps de répondre entre ses questions si elle ne voulait pas se prendre un pavé d'informations en un coup.

Ophélia Narcisse
Ophélia Narcisse
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Solitude partagée EmptyJeu 25 Oct - 16:45
Irys : 1609400
Profession : Cible mouvante pour Régisseur
Pérégrins -2
La remarque de Svenya fut presque ignorée par Ophélia. Peu importe si c'était épuisant, ou même que ça la rendait maladive ! Le sentiment de contrôle sur l'air autour de soi était si plaisant que les conséquences qui en résultaient devenaient presque négligeables. De la sueur, une légère migraine, ce n'était rien par rapport à cette émotion si satisfaisante. Elle s'arrêta néanmoins, au moins le temps de reprendre son souffle. Et après tout, elle devait bien tendre une oreille attentive, peut-être que ses questions recevraient des réponses ! 

Sa comparse fut impressionnante d'attention, presque toutes les interrogations trouvèrent une explication et seules une mineure partie d'entre elles furent ignorées. Le sourire de la vaironne était aussi éclatant que ses yeux étaient pétillants d'une attentive attention. Elle oscillait du regard entre le repas et celle qui le préparait, ne sachant lequel des deux méritait le plus l'égard de son attention. Alors, elle faisait naviguer ses pupilles de l'une à l'autre, et encore, et encore, et encore. Et lorsque enfin, elle en eut le tournis, elle se décida à fixer le ciel. 

Svenya était donc une mercenaire ? Ophélia n'avait jamais eu de mauvaises expériences avec les gens dans son genre, alors c'était une bonne nouvelle ! Encore qu'elle n'avait jamais rencontré de telles personnes, mais enfin, ça relevait du détail ! Par contre, pour revenir au nom du clan ... les ... Temualaks ? Metwalà ? Tamulawamanak ? Il faudrait qu'elle le lui fasse répéter un jour, parce que là, c'était vraiment imprononçable. Et pourtant ! Avec son accent du nord-est, c'est la vaironne que l'on aurait pu accuser d'être incompréhensible. Combien d'étrangers l'avaient reprise sur la prononciation de magie ... quand elle articulait : "maajie". C'était le sang de Vereïst qui parlait à travers elle, ou plutôt, du patois du taudis dans lequel elle vivait autrefois. Rien à voir avec l'accent de la ville, clairement. Quant au nom du cheval ...

- Khardan ? Mhmh.

En une approbation venant du fond de sa gorge, Ophélia s'évertua de la bonne locution du nom de l'étalon. Elle redirigea son regard scintillant vers lui, se faisant remarquer à elle-même qu'il disposait d'une majesté notable. Et puis ... plus un mot, elle ne dit plus rien. Simplement muette, comme si elle avait obtenu satisfaction au nuage de mystères qui entourait son interlocutrice. Alors son regard se figea sur l'horizon, immobile, statufiée, comme si les rayons du soleil avaient ensorcelé les pupilles vaironnes.

La lumière brillait dans le creux de son iris rêveur, absent. Projeté à des milliers de pas de là où elle était assise, Ophélia visait le soleil au loin ... elle se voyait ailleurs, là où personne ne venait la chercher, là où il n'y avait personne pour parler ... un bien bel ennui, mais quel ennui agréable. Là où elle s'imaginait, elle se voyait seule, perdue dans ses pensées à se noyer dans un royaume qui n'appartient qu'à elle. Ses rêves n'étaient pas aussi vides que sa conscience, elle le savait. Son visage était à présent devenu un recelât, une relique, l'expression sacrée de l'esprit volage. Sa bouche frémissait, sa lèvre inférieure tremblante imposait la forme d'un cercle à sa jumelle. Son regard se baissa un court instant, sortant de sa rêverie avant de se déposer à nouveau sur Svenya. Elle sourit alors finement.

De nul part, une large quantité d'air vint s'accumuler près du front de cette dernière, se concentrant rapidement en un point net et large comme le bout d'un index. L'équivalent d'une pichenette magique vint tapoter la tête de cette dernière, assez fortement pour qu'elle ressente une petite secousse qui pourrait lui faire bouger le crâne si elle ne rigidifiait pas sa nuque. A côté, Ophélia laissait s'échapper un rire malin, pas moqueur, juste taquin. Enfin, il ne dura que courtement, après quatre ou cinq gloussements, elle s'effondra dans l'herbe, inconsciente. Au moins ... c'était marrant.

Svenya Nahir
Svenya Nahir
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Solitude partagée EmptyJeu 25 Oct - 21:21
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Profession : Mercenaire - assassine de l'Ordre
Guilde +2 (femme)
Maintenant qu'elle n'était plus occupée à gigoter, parler sans interruption et s'épuiser pour un rien, cette nouvelle version d'Ophélia était plus tolérable. Agréable, même, à condition de passer outre le fait que l'expression d'émerveillement enfantin sur son visage convenait plus à une enfant qu'à une jeune femme. Peut-être était-ce tout simplement ça qu'il  fallait à Svenya, en fin de compte: l'opportunité de souffler un peu après leur chevauchée éreintante sans se préoccuper d'éventuelles bêtises de sa compagne de route.

Un sourire amusé passa sur les lèvres de la Negiin quand la jeune femme répéta après elle le nom de sa - pour le moment: leur - monture pour mieux en apprivoiser les sonorités. En ce qui concernait la nomade, l'autre pouvait prononcer le nom comme elle le voulait: elle avait assez voyagé pour se faire à un vaste éventail d'accents. Accents dont elle était capable de reproduire la plupart si nécessaire, mais sans cela elle gardait celui de sa région natale.

Un courant d'air inexplicable se forma au niveau du de la tête de la shudarga, soulevant faiblement quelques cheveux qui échappaient à sa coiffure. Etrange. Elle n'eut pas à chercher la cause du phénomène bien longtemps, cependant. Un léger choc immatériel heurta son front, et le fou-rire qui suivit ne laissa aucun doute quant à la coupable de cette farce somme toute assez innocente. Amusement et quelques restes d'exaspération se disputèrent la première place dans son esprit, balayés comme des fétus de paille par la crainte quand Ophélia s'effondra. Bon sang, elle lui avait pourtant dit de se ménager! En un bond, Svenya parcourut la distance qui la séparait de la jeune femme. Deux doigts cherchèrent son pouls, et un soupir de soulagement passa les lèvres de l'assassine quand ils le trouvèrent. Les battements de son coeur étaient rapides, mais réguliers, tout comme sa respiration. Les yeux clos, les restes de son rire encore accrochés à ses lèvres, la magicienne en herbe s'était endormie comme une masse.

Histoire de s'assurer qu'elle n'avait pas établi un faux diagnostique, la nomade resta encore un moment agenouillée à côté de l'endormie. Son coeur ralentit, sa respiration se fit plus profonde, et bientôt elle dormait profondément d'un sommeil réparateur. Une mèche vagabonde pendait en travers de son visage. Avec un geste dont la légèreté révélait une longue habitude, la Negiin repoussa les cheveux blancs du visage de sa protégée sans la réveiller. Sa protégée... qu'il était étrange de la considérer ainsi. Et pourtant, c'était ce qu'elle était devenue de facto quand Svenya était intervenue quelques jours plus tôt. Ce n'était pourtant pas la première fois qu'elle accompagnait un moment quelqu'un de moins doué pour se défendre, mais quelque chose lui soufflait que cette fois serait différente. Parce qu'Ophélia n'était pas originaire de ces contrées, parce qu'elle avait tant à apprendre afin de pouvoir s'y faire une place... Il lui faudrait plus que quelques jours, c'était sûr.

La lassitude qui gagna la shudarga n'avait que peu à voir avec cette perspective et était causée surtout par la tension accumulée et une foule de sentiments contradictoires qui lui agitaient l'esprit. Elle n'avait en ce moment qu'une envie: se laisser aller elle aussi dans la douce étreinte de Morphée. Elle attendit que la ragoût ait fini de cuire, se servit et vida une assiette, retira la marmite avec ce qu'il en restait du feu et sortit sa couverture de sa sacoche. Un simple regard vers la forme allongée dont les vêtements avaient connu des jours meilleurs permit à l'assassine de trancher qui bénéficierait de la chaleur de l'étoffe. Toujours avec une délicatesse qui tranchait avec ses répliques abruptes, elle couvrit la jeune femme de manière à la protéger quand le froid de la nuit descendrait. Un passage par ses sacoches plus tard, Svenya s'enroulait dans sa cape en laine à côté du feu. Faute de pouvoir raisonnablement établir des tours de garde, elle ne pourrait compter que sur son sommeil léger et les sens aiguisés de Khardan. Elle sombra quelques instants après avoir fermé les yeux.

* * *
Le crépitement du feu s'était tu quand Svenya émergea de son sommeil plus que nécessaire. Elle ouvrit les yeux et put constater que, comme elle s'y attendait, la nuit était tombée et le feu était réduit à l'état de braises. Qu'importe, leur chaleur était tout aussi agréable que celle des flammes. La Negiin roula sur le dos et fixa les étoiles. Elle connaissait ces constellations par coeur, serait capable de dessiner une carte du ciel les yeux fermés. Et pourtant, ces cieux n'étaient pas les siens. Elle ferma à nouveau les yeux et laissa son esprit dériver vers d'autres cieux et d'autres feux qu'elle avait partagés avec d'autres compagnons. Elle ne se rendormirait pas, ou en tout cas pas tout de suite, mais ça ne l'empêchait pas de profiter de l'agréable sensation de sentir que son corps avait récupéré et s'attardait encore un peu dans l'engourdissement du sommeil.

Un bruissement attira son attention. Il venait de là où Ophélia dormait, et la nomade rouvrit ses yeux pour regarder dans cette direction. L'autre émergeait-elle elle aussi? Toutefois, elle ne se leva pas, là encore une différence marquée par rapport à leur routine des derniers jours. Jusqu'à présent, elle s'était toujours levée avant sa compagne de route et l'avait réveillée (sans grand ménagement, d'ailleurs) pour reprendre la route au plus vite. Là, maintenant, Svenya n'avait pas l'air franchement pressée de quitter la position confortable qu'elle avait trouvée. L'herbe, même tassée, formait un matelas agréable pour qui avait l'habitude de dormir à la belle étoile.

Ophélia Narcisse
Ophélia Narcisse
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Solitude partagée EmptyJeu 25 Oct - 22:48
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Profession : Cible mouvante pour Régisseur
Pérégrins -2
La tête vagabonde de la vaironne s'élevait vers des pensées étrangement agréables. Ses rêves étaient tranquilles, remplis d'amis qu'elle s'était inventée et de personnes qui ne désiraient que son bien. Pas de Régisseur, ni même de quiconque voudrait sa peau. Pas de mastodonte avec une immense épée, pas de Zagashienne folle à lié, même pas de docteur Yshkarès. C'était bien la première fois depuis maintenant des mois ... des années qu'elle somnolait avec un filet de bave à la bouche. Un profond repos, une halte qui lui bassinait l'esprit de douces pensées, le quotidien d'une personne normale, d'une personne heureuse ... mais qu'est-ce qui n'allait pas chez elle, exactement ? 

Son réveil fut le plus doux dont elle put se souvenir, pas de lumière qui vint agresser ses rétines à l'ouverture de ses paupières, pas de bruit soudain pour la faire se lever en hâte. Un ciel noir, une couverture au teint si agréable, si reposant ... Allongée sur le côté, Ophélia fit un mouvement de la tête pour essuyer le peu de liquide qui restait pendu au coin de ses lèvres. Grommelant doucement, elle se retourna, l'arrière de la tête contre le sol. Il y avait tant d'étoiles qui brillaient là-haut, des étincelles qui n'illuminaient que faiblement les iris vaironnes qui les fixait, avec tout autant d'éclat dans les yeux que celui qui illuminait les astres. Son regard s'adapta rapidement, mais avec une douceur inchangée au brasero qui brûlait à côté.

Là-haut, elles scintillaient, un défilé de lumières qui n'avait que faire du destin d'une personne aussi insignifiante qu'elle. Oh, elle ne se rabaissait pas, à vrai dire, l'anomalie trouva ça rassurant qu'il y ait des choses bien plus importantes qu'elle. Ce fait rendait son sort et son avenir bien moins dramatiques et lui faisaient espérer que le doux souvenir qu'elle gardait de la mort n'était pas une illusion de son esprit. Une remarque saugrenue lui vint ... mais pas assez inintéressante pour qu'elle ne puisse pas vouloir la garder pour elle.

- Dire que j'appartenais au royaume là-haut, il y a si peu de temps. elle soupira Il me manque des fois. Souvent, même.

Son visage retrouva le large sourire rêveur qu'il n'avait jamais su garder. Curieuse chose d'ailleurs, Ophélia s'était toujours dite que si elle gardait un visage neutre, ou parfois même cruel, on n'aurait rien à vouloir lui faire. Mais là, elle n'avait aucun contrôle sur la forme qu'adoptait ses lèvres, elle devait sourire ! Cette obligation n'était toutefois en rien une contrainte, c'était même rafraîchissant, une douce chaleur fraîchement renouvelée ... était-ce possible de rester dans cet état ? Pour toujours ? La vaironne n'aurait pas demandé son reste si une petite voix venue des cieux lui avait murmuré que oui. Elle se serait enroulée dans la fourrure et serait restée à admirer les étoiles, à attendre de les rejoindre à nouveau.

Amusant ... la vaironne s'était toujours persuadée que c'était faire de sa vie ses problèmes qui la rendait adulte. Mais ... à mieux y réfléchir, elle se voyait vraiment comme une enfant, irréfléchie, impulsive parfois, souvent soumise à la loi du Talion. Alors, elle se posa la question. Être adulte, qu'était-ce ? Honnêtement, elle n'en savait rien ! Comment son père faisait-il les choses autrefois ? Il ... vendait des jouets, faisait les comptes, la grondait quand elle jouait avec la marchandise et ... cachait des poignards dans les tiroirs ... au final, prendre Luër pour référence n'était vraiment pas une bonne idée.

Kelmina, alors ..? Elle gérait un pub, utilisait son charisme naturel pour amadouer ses clients, calmait les tensions avec brio, assassinait des gardes pour la sau... ça commençait pourtant bien. Finalement, peut-être que chercher des références était aussi une preuve de son incapacité à grandir d'elle-même. Au final, être mature, n'était-ce pas simplement cesser de devoir se reposer sur un tiers pour exister ? Toute la solitude d'Ophélia n'avait jamais réussi à lui apprendre ni l'indépendance, ni le sens des responsabilités. L'enfance dont elle avait été privée ne ressortait que de trop, chez elle. Peut-être qu'il était temps de grandir, maintenant.

Elle se tourna enfin vers Svenya, n'ayant pas oublié sa présence à ses côtés. Et elle, alors ? Une guerrière qui ne vénère pas les dieux, mercenaire de surcroît, en relation cordiale avec les Temawalaks et dont le cheval s'appelait Khardan. Un bon résumé ... mais, ce n'était que ça, un résumé. Si elle se regardait elle-même, la vaironne aurait pu tout autant dire qu'elle était une vagabonde qui n'aime pas les Architectes, anomalie qui plus est, sans aucune proche relation restante et dont la louve s'appelait Nilfeïm. Mais il y avait tant plus derrière la façade que dressaient les gens pour se protéger ... pourquoi est-ce qu'elle ne le réalisait que maintenant ? 

- Vous voulez bien me parler de vous ? Histoire d'être sûre que vous ne m'envoyiez pas dans les bras de mon Régisseur.

Son sourire malin accentua le dérisoire de sa petite remarque subsidiaire. Ses pommettes levées, le regard toujours aussi insistant d'éclat, elle s'accouda sur le sol, aussi attentive qu'elle pouvait l'être. Néanmoins, elle précisa, toujours avec son accent singulier.

- Et ne vous limitez pas à votre métier, ou au nom de votre cheval, cette fois. Vous avez un avantage considérable sur moi, sinon.

Ses yeux vairons dévièrent un court instant au-dessus de son propre dos, faisant référence aux cristaux qu'elle dissimulait sous ses draperies abîmées. Après tout, Svenya connaissait sa véritable nature, sa plus grande faiblesse, également. Si la mercenaire daignait bien vouloir réduire l'écart entre elles, ce serait pour le plus grand plaisir de l'anomalie ... cela faisait bien trop de temps qu'elle n'avait parlé à quelqu'un qui pouvait incarner le rôle d'une amie. Enfin, c'est ce qu'elle espérait, mais elle gardait à l'esprit que tout le monde n'est pas aussi conciliant qu'elle ne l'est ... ou du moins à ce moment-ci.

Svenya Nahir
Svenya Nahir
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Solitude partagée EmptySam 27 Oct - 11:39
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Profession : Mercenaire - assassine de l'Ordre
Guilde +2 (femme)
La première à rompre le silence qui les enveloppait, sans surprise, ne fut pas Svenya. D'ailleurs, celle-ci ne comprit pas trop ce qu'Ophélia voulait dire. Peut-être était-elle encore à moitié plongée dans un rêve? Non, ça ne collait pas avec la seconde partie de sa phrase. Et la voix de la jeune femme, bien que distante, ne sonnait pas assez fiévreuse pour soutenir la thèse du délire. Un mystère de plus à creuser, et elle le ferait. Mais pas tout de suite. Pour le moment, elle se retint de tout commentaire.

Le silence retomba, offrant à la Negiin une nouvelle occasion de laisser vagabonder son esprit. Il voguait sur une mer immatérielle calmée. Le sommeil lui avait permis de chasser les sentiments négatifs qui l'avaient habitée, ou du moins de prendre un certain recul. Ne restait maintenant qu'une profonde satisfaction, celle qui accompagnait une mission menée à bien. Elles étaient saines et sauves et aucun danger immédiat ne les menaçait.

Le silence vola de nouveau en éclat, et cette fois c'était une question directe plutôt qu'un vague commentaire qui lui était adressée. Parler d'elle-même... Voilà qui n'était pas son point fort, même si on se cantonnait à ce qu'elle était libre de partager. Peut-être était-ce avoir vécu sous le sceau du secret trop longtemps, ou peut-être était-ce simplement qu'elle n'aimait pas partager même des informations anodines à son sujet. Et pourtant... dans les deux yeux dépareillés qui la fixaient brillait la même curiosité, le même espoir que dans une autre paire d'yeux qu'elle connaissait bien. Un regard qui accompagnait généralement la demande "Raconte-moi une histoire." Un regard qui avait le don de faire fondre ses défenses, et cette fois-ci ne fut pas une exception. Elle le regretterait, elle en était sûre, mais un sentiment qu'elle ne parvenait pas à identifier la poussa à ignorer cette certitude.

"Il va falloir que tu m'aides si tu veux savoir quelque chose en particulier. Je n'ai pas vraiment l'habitude de parler de moi."

Sa voix et ses traits étaient encore adoucis par son récent réveil, un changement subtil par rapport à l'austérité qui l'avait caractérisée ces derniers jours, mais un changement tout de même. Il y avait aussi une certaine résignation dans son ton. Le choix de sujet d'Ophélia ne l'enthousiasmait pas, mais elle savait qu'elle n'y couperait pas. Autant satisfaire sa curiosité tout de suite plutôt que de reporter l'inévitable. Toujours sur le dos, les bras croisés derrière sa tête et le visage tourné vers les étoiles, elle entama son récit.

"Je ne suis pas originaire de My'trä, mais de Nislegiin, au sud d'ici. Je ne vénère pas les Architectes, parce que ma tribu ne l'a jamais fait et, contrairement aux My'träns, je n'ai pas besoin qu'une force externe dicte ma vie."

L'ironie était que depuis six ans c'était exactement ce qui avait lieu. Et elle n'appréciait pas du tout ce nouveau développement, ce qui l'avait fait passer d'une vague indifférence à une sérieuse antipathie à l'égard des Architectes.

"Ca fait une vingtaine d'années que je voyage et que je loue mes services aux convois qui en ont besoin. C'est comme ça que j'ai rencontré les Temulawaks, d'ailleurs."

Vingt ans, déjà? Plus, même. Le temps filait à une vitesse inouïe, même pour elle dont le corps s'était figé ces dernières années. Devrait-elle préciser qu'elle avait passé dix ans à Daënastre? Bah, elle préciserait si Ophélia voulait plus de détails. Pour l'heure, elle voulait dissiper ce qui avait l'air d'être la crainte principale de l'Anomalie. Crainte qu'elle ne comprenait que trop bien.

"Tu n'es pas la première Anomalie que je rencontre. J'ai escorté une tribu zolienne quand j'avais 23 ans. Un garçon avait l'avant-bras recouvert d'une croûte de magilithe. Il le cachait, mais je l'ai découvert en suivant la khorog qui s'éloignait avec lui pendant une halte. Les My'träns, en particulier les plus religieux, n'ont aucune tolérance pour les Anomalies. Elle voulait le faire disparaître, même s'il n'était qu'un enfant et même s'il faisait partie de son clan. Ca aussi c'est une raison pour laquelle je ne vénère pas les Architectes. Des êtres qui exigent la trahison de son propre clan ne méritent pas le respect."

Un commentaire qu'elle ne se permettrait pas en présence de My'träns, tout simplement parce qu'il tomberait dans l'oreille d'un sourd au mieux et déclencherait des tensions au pire. À part ce point négatif, la foi du peuple de ce continent avait l'air d'avoir surtout des retombées positives, et c'était tant mieux pour eux. Mais Svenya ne partagerait jamais cette foi.

"Impossible de convaincre la khorog d'abandonner son plan. Rarement vu plus buté que cette femme. Enfin, quelqu'un est intervenu et a permis au garçon et à ses parents de fuir."

Et cette personne, au passage, changerait la vie de Svenya en lui ouvrant la porte d'un monde nouveau. Pour le meilleur ou pour le pire, parfois elle avait du mal à trancher.

"Donc non: je n'ai aucune intention de te livrer à ton Régisseur. Si ça avait été le cas j'aurais laissé les Zagashiens finir ce qu'ils avaient commencé plutôt que de courir le risque de me brouiller avec les Temulawaks."

Etait-elle brouillée avec eux, d'ailleurs? Elle verrait bien la prochaine fois que leurs routes se croiseraient... Pour le moment, son esprit revint à des préoccupations plus immédiates, notamment qu'Ophélia n'avait encore rien mangé depuis leur dernière halte, qui commençait à dater. Quittant le confort de son lit d'herbe, la Negiin se redressa vers une position assise en s'étirant. Quelques articulations craquèrent, mais elle y prêta à peine attention. Elle se leva ensuite, raviva le feu mourant en rajoutant du combustible et suspendit à nouveau la marmite au dessus des nouvelles flammes. Le ragoût était encore tiède et ne mettrait pas longtemps à réchauffer.

Ophélia Narcisse
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Solitude partagée EmptyDim 28 Oct - 2:32
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Pérégrins -2
Ophélia ne savait si elle se satisfaisait de la réponse que Svenya avait apporté à ses interrogations ... elle voulait en savoir plus sur elle, après tout, pas sur les pauvres gens qu'elle avait aidés. Le quotidien de la mercenaire semblait souvent s'agrémenter de fines parcelles de magilithe ... des anomalies en somme. La vaironne ne put s'empêcher de penser qu'elle n'était que l'énième damoiselle en détresse d'une longue lignée d'âmes perdues. Si elle en fut déçue, son confort du moment ne la quitta pourtant pas. Il y avait cependant quelque chose qui troublait la jeune femme aux cheveux albâtre, quelque chose dans le discours de son interlocutrice. Oh, elle croyait à son histoire, bien évidemment, elle avait même cru à chaque mot qu'elle lui a confié. Mais toutes ces paroles semblaient si évasives, comme cherchant à se préserver d'une éventuelle intruse, ici incarnée par l'ancienne daënare. Celle-ci n'avait jamais également cru à la bonté pure, dénuée d'arrière-pensée. 

Peut-être était-ce cela que voulait dire la vagabonde lorsqu'elle lui demandait de l'aider pour la faire parler. Mais Ophélia savait qu'elle ne poserait jamais les bonnes questions, car si son interlocutrice s'estimait bien médiocre pour y répondre, l'interrogatrice ne se considérait certainement pas meilleure pour s'intéresser aux gens. Quoique aujourd'hui, il y avait une senteur dans l'air qui élargissait son esprit et agitait sa langue. Sans doute le parfum du charbon mêlé à l'odeur de la nuit qui s'était abattue, oui, c'était certainement cela. Peu importait les raisons, seule comptait la finalité, et la finalité était bien simple, la vaironne n'avait aucunement été rassasiée en information ! Que savait-elle de plus finalement ? Qu'elle était effectivement non-croyante et ce fait-ci, elle s'en doutait bien. La levée de bouclier de Svenya, ou son habileté à esquiver un potentiel sujet sensible témoignait certainement de l'existence de ce dernier !

Fut-ce à la bonne époque, Ophélia était une professionnelle en manipulation, tant gestuelle que linguistique, bien que la meilleure de ses armes repose dans son ton. Enfin, c'était du passé, mais toujours est-il que les vestiges de ces pratiques d'autrefois lui rappelait bien que pour engouffrer un sujet, il fallait le noyer dans une quantité imbuvable d'informations et tout envoyer à son interlocuteur. N'était-ce pas là ce qu'essayait complètement de faire sa chère protectrice ? Oui ou non, il fallait certainement s'y prendre doucement. La concernée se leva alors, faisant chauffer une mixture sur le feu dont l'odeur ne faisait qu'alléger plus encore l'esprit, pourtant déjà volage, de la vaironne. Celle-ci se redressa, accroupie, ses jambes recroquevillées entre ses bras cerclés. D'une voix toujours aussi mielleuse, elle reprit.

- Vous êtes gentille, vous savez ... mais c'est étrange, on dirait que vous en avez ... honte ? Ou alors vous peinez à le montrer.

Définir la gentillesse ... c'était un travail qu'Ophélia s'était promis d'accomplir un jour, mais qui jamais n'avait su aboutir. Qu'était-ce donc ? Faire comme Laurelin et risquer sa propre vie pour préserver celle d'un autre en s'affranchissant des liens du hasard et de la peur de l'étranger ? Pour la vaironne, ce genre de bénévolence n'était qu'une tendance suicidaire, par conséquent, elle ne se verrait vraiment pas imiter son homologue my'tranne. Rester loin du monde pour que le monde ne s'approche pas était un réflexe, désormais, peut-être que se poser la question sur ce qu'est la gentillesse était simplement une manière de trouver une raison à l'âme-même de la vaironne. Car, si elle comprenait, elle saurait comment faire pour éclipser le fardeau qu'elle traîne sur la balance de son esprit. Et comme celle-ci se sentait honnête à outrance ce soir ...

- J'aimerais être gentille, aussi ... mais franchement, je n'ai aucune idée de comment faire, alors je n'y réfléchis plus. 

Elle eut un instant de contemplation, le regard plongé dans les pensées de son passé. Combien de personnes seraient encore en vie si elle avait été "gentille" ? Un peu trop à son goût. Ce n'était pas les actions qu'elle mettait en blâme, ni même la folie dans laquelle elle pataugeait à l'époque, mais plutôt le manque de remords dont elle faisait encore preuve. Ses yeux s'éveillèrent à nouveau en une fraction de seconde et son visage se retourna vers Svenya. Un ton de reproche s'alluma alors dans son expression.

- Hé, mais ce n'était pas de moi dont on parlait ! Je ne suis pas plus avancée que ça pour vous connaître, moi ! La seule chose que j'ai vraiment apprise de tout ça c'est que vous méprisez les dieux au moins autant que moi et pour les mêmes raisons ... 

Oh elle se sentait la langue bavarde, la vaironne, peut-être bien assez pour éprouver la patience de sa gardienne ... mais bon, ce ressenti là s'était enfoui sous une barrière d'excitation anticipée. Plus que tout, elle avait hâte d'en savoir plus ! Mais d'où venait cette fichue curiosité, si exacerbée qu'elle en devenait maladive ?! Peu importe ! Elle voulait savoir ! Mieux, elle devait savoir ! Alors, la subtilité s'écroula et Ophélia s'élança dans une démonstration à la finesse douteuse.

- Je commence si vous voulez ! Vous n'aurez qu'à suivre mon modèle ...

Elle inspira longuement ... et relâcha son souffle en soupir. Son visage agité prit la teinte de la tranquillité et les paupières qu'elle gardait rondes s'abaissèrent sur des iris rêveurs. Lorsque ses lèvres se rouvrirent, ce fut pour commencer l'histoire de sa vie ... mais le plus abrégé possible, car quelle vie ! 

- Je suis née à Zuhause, capitale de Vereïst dans ce que certains appelaient un taudis. Moi, je préférais l'appeler "maison". Je n'ai pas connu ma mère, elle est certainement morte en couche, puisque mon père ne voulait jamais parler d'elle. Lui aussi est mort, à mes douze ans. Je suis restée dix-sept ans seule à tenir notre boutique de jouets, je n'osais parler à personne et chaque humain qui me contrariait finissait égorgé ... et, finalement, en mars de cette année, j'ai été tuée. - elle marqua une pause - On m'a ramenée quelques mois plus tard et ... assez ironiquement, on m'a internée en asile. Là-bas, ils m'ont traitée plus comme un cobaye qu'une patiente, alors j'ai tué mon responsable de cure et je me suis enfuie. J'ai traversé le continent pour aller à Skingrad, où une femme m'a recueillie et gardée en sécurité. Dans les mois qui suivirent, j'ai fait de tuer un loisir et mon Régisseur m'a finalement fait comprendre que si je restais plus longtemps encore chez ma logeuse, il me le ferait payer. Alors je me suis enfuie ici ... si ce n'était pas flagrant, avant, maintenant, c'est on ne peut plus clair, presque tout le monde veut ma mort et je ne sais même plus pourquoi. Et ... maintenant, me voilà ... est-ce que ça se voit que je souris uniquement pour ne pas pleurer ? 

Cette demande en aparté s'accompagna du plus profond regard que la vaironne avait à offrir. Sa risette demeurait effectivement, mais ses lèvres tremblaient comme nues dans un blizzard. Ses yeux s'étaient munis d'une teinte rougeoyante, mue par des lits humides, tapis dans le creux de ses paupières. Ophélia cligna plusieurs fois des cils, tentant de chasser ces amoncellements. Elle en avait sur l'âme, bien trop, elle savait aussi qu'un jour elle devrait tout envoyer en l'air, refaire une vie ... mais elle croyait l'avoir déjà fait, ça. Grandir. C'était ce dont elle avait besoin. Ses poignets séchèrent finalement ses paupières et elle reprit.

- Voilà, à vous !

Elle fit fi de sa petite peine pour laisser la parole à Svenya, à vrai dire, elle avait déjà beaucoup parlé. Mais, il y avait également tant de détails qu'elle avait omis. Peu importait ! Il ne s'agissait pas d'elle ce soir, mais bien de son interlocutrice ! Celle-ci méritait bien plus de questions que l'inverse et la vaironne sentait déjà qu'elle avait abusé de sa bienvenue à jacter. Alors, le regard toujours aussi insistant et interrogateur, elle attendait en silence que celle qui l'avait sauvée lui édicte l'intégralité de sa vie ! Obnubilée comme elle l'était ... l'anomalie ne se doutait même pas qu'elle puisse être peut-être déçue.

Svenya Nahir
Svenya Nahir
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Solitude partagée EmptyDim 28 Oct - 21:31
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La conteuse se doutait bien que son récit était trop incomplet pour satisfaire Ophélia, elle s'attendait donc à faire face à un certain nombre de questions. Elle ne s'attendait par contre pas du tout au premier commentaire que fit la jeune femme. "Gentille"? C'était un qualificatif qu'on utilisait pour les enfants et les ingénues, et qui par conséquent lui paraissait grotesque appliqué à elle. Décidément, sa compagne de route avait l'art de la surprendre. Et puisque Svenya ne savait pas trop ce que l'autre entendait par cet adjectif, elle voyait mal ce qu'elle pouvait répondre à la phrase pensive qui suivit.

Enfin, commentaires inattendus mis à part, la Daënare se souvint bientôt de la conversation qu'elle avait initiée. L'air de reproche de l'Anomalie confirma à la shudarga ce qu'elle soupçonnait: il lui faudrait être plus complète que ça si elle voulait la contenter. Elle pour qui le secret et la dissimulation étaient devenus une seconde (voire même première?) nature aurait quelques difficultés qui tenaient plus de l'instinct que d'une véritable volonté de garder le secret sur toute sa vie. À vrai dire, ce ne serait même de loin pas la première fois qu'elle conterait certaines de ses "aventures".

Mais d'abord, Ophélia avait décidé de montrer l'exemple, et donc c'était au tour de la Negiin d'écouter avec attention. La jeune femme se rendait-elle compte que chaque information qu'elle donnait allait se retrouver inscrite dans la mémoire de Svenya et ne plus la quitter? Obligation professionnelle, l'assassine avait une excellente mémoire. Et quelle vie elle avait eue... ou devait-elle dire "vies" au pluriel? Mais comment diable était-ce possible, en particulier sur le continent où la magie n'était pas utilisée? Devait-elle en déduire que la jeune Daënare était folle ou qu'elle mentait? Non, il y avait une sincérité indéniable dans ses propos et elle n'avait jusque là montré aucun signe de folie. Le monde était décidément encore plus étrange que la shudarga ne le pensait...

Et pour terminer, une question qui tenait plus de la confession qu'autre chose. Voilà qui expliquait le sourire sans joie qui courbait en permanence les lèvres de sa compagne de route. Elle aurait sans doute reconnu le phénomène plus tôt si elle n'avait pas été si occupée à mettre le plus de distance entre elles et des My'träns franchement hostiles à ce qu'elles étaient toutes les deux (bien que seule l'une d'entre elles ait vu son secret révélé). Et voilà que faisait à nouveau surface cette fragilité, cette vulnérabilité qui avait poussé la nomade à prendre la jeune étrangère sous son aile. Elle se croyait pourtant endurcie par ce qu'elle avait déjà vu dans sa vie... alors pourquoi est-ce que la vue de ces larmes retenues lui fendait le coeur?

Entre-temps, le ragoût avait recommencé à bouillir, donnant à Svenya l'occasion de s'occuper les mains histoire de laisser à son esprit le temps de se calmer. Elle pensait pourtant que dormir calmerait ses sautes d'humeur... Elle remplit une nouvelle fois l'assiette (qu'elle avait lavée avant d'aller dormir), laissa la cuillère dedans et tendit le tout à Ophélia. Le geste était assez clair pour se passer de commentaire explicatif. Elle reprit ensuite sa place assise, et, plutôt que de passer directement à une nouvelle tentative de récit, elle répondit d'abord à la dernière question en date.

"Ca dépend des moments. Tu avais l'air de bien t'amuser juste avant de t'endormir."

Mais oui, à part cette inexplicable énergie qui avait brièvement habité la jeune femme jusqu'à l'épuiser, son expression gardait toujours une distance mi-mélancolique, mi-résignée. Enfin, il faudrait vraiment qu'elle revienne au sujet initial, ou elle se ferait sans doute à nouveau reprocher d'esquiver la question.

"Je ne sais pas où je suis née exactement. Quelque part dans les forêts de Nislegiin, mais vu qu'un clan nomade, c'est constamment en mouvement, je ne pourrais pas être plus précise que ça."

Etait-ce de l'amusement qui brillait dans ses yeux? Oui, elle reprenait exprès exactement la structure offerte en exemple.

"J'ai toujours vécu une vie nomade. J'imagine qu'on peut dire que j'ai le voyage dans le sang. La vie au sein d'un clan est... différente de tout ce qui existe à Daënastre. Chacun a sa place, chacun peut compter sur les autres pour le relever s'il tombe, tous participent à chaque aspect de la vie. Oh, les forêts de Nislegiin ne sont pas aussi paisibles que celles de My'trä, mais il suffit d'être soudés pour pouvoir se protéger contre tout ce que le continent contient comme dangers."

Sauf un, apparemment, qui avait eu raison d'un clan entier en un coup. Pourquoi, comment? Des questions sans réponse, mais est-ce qu'une réponse l'avancerait à quoi que ce soit?

"Je suis partie quand j'avais dix-neuf ans. Je voulais voyager plus loin, apprendre et découvrir plus. Ce n'était pas inhabituel comme décision pour ceux de mon clan arrivés à l'âge adulte: ça nous permettait d'accumuler plus de connaissances à transmettre aux plus jeunes et plus d'expérience qu'en restant cantonnés à un seul continent."

Qui avait dit que les clans sur l'hostile continent ne connaissaient rien du monde qui les entourait? Un imbécile, surement.

"J'ai commencé par My'trä. Je louais mes services en tant que pisteuse, chasseresse, garde, escorte, éclaireuse... Ce dont on avait besoin dans la région où je me trouvais. C'est à cette époque-là que j'ai escorté la tribu zolienne dont je t'ai parlé."

Venait maintenant la partie difficile: celle où le secret commençait à occulter une partie de sa vie. Svenya ne voulait pas mentir: non seulement elle préférait l'honnêteté, mais en plus on se perdait bien vite quand on commençait à mentir. Elle dirait donc la vérité, simplement pas toute la vérité.

"Au bout d'un moment, je connaissais My'trä aussi bien que je connaissais déjà Nislegiin. La prochaine étape logique était Daënastre. J'y suis restée neuf ans, assez pour pouvoir conclure sans hésitation que je préfère de loin Nislegiin et My'trä."

Les faux-semblants, l'hypocrisie, la corruption... de quoi l'écoeurer et laisser un goût très amer dans sa bouche.

"Je suis rentrée auprès de mon clan, et j'imagine qu'en un sens on peut considérer ce moment-là comme la fin de mon voyage au loin. Mais même comme ça, je continuais de temps en temps à travers Nislegiin et My'trä sans eux. J'imagine que l'appel de la route est irrésistible une fois qu'on y a succombé une première fois."

Ca, et l'Ordre ne pouvait pas décemment lui confier des missions qu'elle pourrait effectuer sans quitter son clan. Elle laissa le silence retomber un moment, et elle ne regardait plus Ophélia. À la place, son regard était perdu dans les flammes, lointain. Venait la partie la plus difficile du récit. Comment pouvait-elle regarder quiconque dans les yeux quand il lui fallait avouer qu'elle avait failli à son devoir le plus important, celui qu'elle avait envers son clan? Impossible. Ses yeux fuyaient tout contact visuel, cherchant à la place l'éclat du feu.

"Je me suis absentée une fois de trop pour pouvoir les retrouver."

Il n'était pourtant pas dans ses habitudes de parler de manière obscure. Elle appelait un chat un chat, quelle que soit la triste réalité dont elle parlait. Mais pourtant, elle ne parvenait pas à prononcer les mots qu'il fallait pour décrire le carnage auquel elle avait assisté. Et pourquoi, après tant d'année, un sentiment de perte épouvantable venait-il nouer sa gorge? Et ses yeux qui piquaient... c'était d'avoir trop longtemps fixé les flammes, pas vrai? Formidable, elle qui pensait avoir dépassé de tels désagréments, voilà qu'elle se retrouvait à devoir lutter pour garder le contrôle d'elle-même comme au début de son deuil. Décidément, quelque chose ne tournait pas rond chez elle. Mais elle ne tarda pas à se forcer à reprendre le contrôle de ses pensées et à repousser ces ruminations dans un coin loin au fond de son esprit. Elle s'éclaircit la gorge avant de continuer.

"La suite, tu l'as probablement déjà déduite: je voyage toujours et toujours dans les mêmes conditions. Sauf quand je dois me sauver comme une voleuse d'un festival auquel j'ai pourtant été invitée."

Un brin d'humour teintait sa voix pendant cette dernière phrase. Maintenant que le danger était écarté, elle pouvait se permettre de le trivialiser. Et c'était aussi une manière de faire oublier son récent trouble, qu'elle ne s'expliquait toujours pas. Ah, et il y avait aussi le léger détail que sa compagne de route se révélait être une meurtrière récemment revenue à la vie, mais c'était un point qui n'inquiétait pas vraiment la Pénitente. L'assassinat faisait partie de son quotidien à elle aussi, après tout.

Ophélia Narcisse
Ophélia Narcisse
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Solitude partagée EmptyLun 29 Oct - 14:13
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Pérégrins -2
Toujours accroupie, Ophélia ne fit se séparer ses mains que lorsqu'elle vit la nourriture tendue dans la main de Svenya. Elle agrippa le couvert comme l'on s'accroche à une corde au-dessus du vide. Combien de temps cela avait-il fait qu'elle n'avait pas mangé quoi que ce soit de complet ? Pommes, baies sauvages, toutes ces minuscules denrées n'avaient suffit qu'à lui léguer le minimum vital. Alors, lorsqu'elle entrevit l'hypothèse de se sustenter non seulement pour l'appétit, mais aussi pour le confort, la vaironne plongea presque le visage dans le plat conféré. Enfin, pas réellement, car ce furent plutôt ses mains qui s'ornèrent de la nourriture. Elle jeta un regard coupable à sa gardienne, bien avisée de l'attitude à moitié dépravée dont elle faisait preuve, mais il fallait la comprendre ... les fruits, ça ne nourrissait que pour un temps.

Et, oh que oui, elle s'était bien amusée tout à l'heure ... même si ça n'avait duré que courtement et avait fini par lui coûter l'intégralité de l'endurance qu'il lui restait. Un sourire similaire à cette situation d'auparavant, c'est à dire authentique, vint se dessiner sur ses lèvres lorsqu'elle constata que le modèle offert en exemple à Svenya fut respecté à la lettre ! Aussi, le manque de réaction de sa gardienne à son histoire ne la déçut pas, bien au contraire. D'ordinaire, elle se serait fait exécuter sur place pour n'avoir que mentionné ses innombrables meurtres et ... son retour à la vie. La nomade l'avait-elle d'ailleurs bien interprété ? Pour Ophélia, c'était devenu un fait bénin, peut-être ne l'était-il pas pour d'autres. La vie que sa comparse lui expose est celle que l'anomalie rêvait d'avoir et qu'elle détestait sous tous les points de vue. C'est qu'elle l'avait vécue cette expérience ... et pas en bien.  Les derniers mois furent effectivement les plus durs qu'elle ait connu, ce n'était pas peu dire.

La bonne âme qu'incarnait la femme la plus mature du duo eut une conclusion qui laissa la vaironne hésitante entre la culpabilité, la gêne et le rire. Alors, un subtile mélange des trois vint se peindre sur une expression incertaine. Ses épaules se levèrent, renfonçant la tête de l'anomalie entre elles, comme se cachant timidement. Même si le ton se prêtait à la plaisanterie, la jeune fille, car c'était bien ce qu'elle était à ce moment précis, ne put s'empêcher de ressentir un ton de reproche derrière la blague. Alors, en guise de réponse, elle se mit à balbutier entre ses lèvres ...

- Je ne voulais que les aider ... Je ne sais pas pourquoi, mais je me sentais assez confiante pour ... avoir confiance en des gens que je ne connaissais pas ! On ne m'y reprendra plus.

C'était l'une des premières fois où elle faisait preuve d'un acte de bénévolence, et pourtant, c'était déjà l'un de ses plus grands regrets. Ophélia désespérait de devoir retourner aux bons vieux réflexes, craindre les autres, éviter les autres, blesser les autres et éventuellement, se baigner dans le sang de gens qu'elle aurait pu apprécier si les conséquences s'y étaient prêtées. La vaironne préférait éviter cela, c'était la deuxième fois qu'elle tentait sa chance à My'tra et elle était presque sûre qu'on la recherchait à nouveau, à cause de l'incident que l'autre ivrogne a causé et qui a coûté la vie de Nilfeïm. Il n'y avait vraiment nul part où elle pouvait aller. 

Sa comparse semblait toutefois s'être accoutumée à vivre en extérieur, sans abri, sans toit, sans proche ? La meilleure chose à faire était encore toutefois de lui demander des conseils, ou bien simplement ... d'aller avec elle ? Le peu de dignité qu'il restait à la vaironne lui dicta que c'était une demande absolument infâme d'égoïsme. Peut-être que toutefois, elle aurait des paroles avisées à lui soumettre ? 

- Je ... ne sais pas vraiment comment vous le demander, mais apparemment, je vais certainement devoir rester loin de la civilisation pour un temps, alors, est-ce que vous avez quoi que ce soit à me conseiller ?

Avait-elle été assez claire ? Seulement superficiellement. Sa véritable interrogation demeurait toujours, et bien que son honneur, quoique misérable, ne lui dicte de ne rien en faire, elle lui brûle les lèvres et ça se voit sur son visage. Courbant la bouche vers le bas, elle se retient de dire quelque chose qui ne plairait peut-être pas à son interlocutrice et elle hésite encore ! Pourtant, aujourd'hui, son honnêteté est flagrante de véracité, elle a envie de tout dire, de ne rien laisser à l'intérieur ! Il faut que tout s'échappe, s'évade, s'enfuit pour qu'elle puisse elle-même cesser de fuir ce dont elle a besoin ... alors, si un miracle pouvait se présenter, aussi infimes les chances soient-elles, elle saisirait cette opportunité. 

- Et ... si vous avez besoin de quelqu'un pour ... vous aider ou quoi que ce soit ... Enfin, je n'ai nul part où aller et rien à faire à part attendre ma mort ! Je me dis juste que ce serait bien que le temps qu'il me reste puisse profiter à quelqu'un et je pense que je préférerais que ce soit vous. C'est pas comme si j'avais qui que ce soit d'autre à accompagner de toute manière ...

Instantanément, elle regretta sa demande. Evidemment que Svenya ne pourrait pas la prendre avec elle, vu le massacre qu'elle avait fait du festival, elle était plus un facteur à risques qu'une source de sûreté. Sa mine abattue fit testament de ce fait, alors qu'elle déposa le plat à son côté et se rembourra entre ses bras et contre ses genoux. Intérieurement, elle se demandait ce qu'elle allait bien pouvoir faire, avant de finalement lâcher.

- Oubliez ça ... c'était idiot.

Svenya Nahir
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Solitude partagée EmptyJeu 6 Déc - 8:57
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Une nouvelle fois, tout un panel de sentiments se trouvait décliné tour à tour dans l'expression et la posture d'Ophélia, entraînant Svenya bien malgré elle dans un grand huit émotionnel dont elle se serait bien passé. Le sourire que son récit lui avait arraché fut bientôt remplacé par un bégaiement embarrassé, puis une hésitation, et enfin une détresse qui révélait par la même occasion toute l'étendue de la vulnérabilité de la jeune femme. Jetée dans une errance qu'elle était incapable de transformer en une vie dans de bonnes conditions. Seule. Rejetée par ses pairs, exilée, condamnée à la solitude à cause de son origine et de sa condition.

La solitude était le lot de n'importe qui portant la marque des Architectes: ce fléau était bien trop dangereux pour risquer d'entraîner quiconque dans la course-poursuite cruelle qu'il causait. Une leçon que la nomade avait apprise il y a des années de cela et qu'elle avait toujours respectée, soucieuse autant d'éviter d'être ralentie en cas de besoin que d'épargner cette vie maudite à ceux qu'elle croisait. Et puis, elle devait protéger son secret.

Et pourtant... Pourtant, malgré des années à côtoyer la mort de par sa profession, à s'isoler, s'endurcir par nécessité, l'assassine n'était pas sans coeur non plus. Et ce coeur se voyait sacrément malmené depuis quelques jours et était un peu trop prompt à déborder au goût de sa propriétaire. Elle se considérait en général comme ayant les pieds sur terre, la tête sur les épaules et un bon sang-froid. Elle n'aimait donc pas du tout cette espèce de boule qui s'était formée dans sa gorge en voyant à quel point la jeune anomalie était désemparée. Mais qu'est-ce qui lui arrivait, bon sang?

Chassant un nouvel assaut d'émotions, Svenya se leva, contourna le feu et déplaça l'assiette qu'Ophélia venait de déposer. Elle s'assit ensuite à la place ainsi dégagée, pas trop trop sûre de la meilleure marche à suivre. Quand avait-elle réconforté quelqu'un pour la dernière fois? Probablement six ans plus tôt, quand elle s'était retrouvée seule parente d'une fillette de trois ans profondément traumatisée. Depuis, elle ne s'était plus retrouvée dans une telle position et, il faut bien l'avouer, elle avait franchement perdu la main.

Elle posa une main sur l'avant-bras d'Ophélia, serrant doucement d'une manière qu'elle espérait rassurante. Elle nota au passage que les cristaux qui la marquaient ne s'étendaient pas jusque là, ce qui était pas plus mal si elle voulait que la jeune anomalie remarque même son geste.

"Je n'ai pas besoin d'aide, mais je n'ai rien contre un brin de compagnie."

Une phrase bien inhabituelle pour elle qui avait fait de la solitude à la fois son arme et son armure. Son ton aussi sortait fortement de l'ordinaire, bien plus doux qu'il ne l'était en général. C'était le ton qu'on utilisait pour rassurer un animal blessé ou un enfant appeuré, deux choses que la mercenaire ne devait généralement pas faire.

Si elle ne regrettait pas sa proposition (laisser la Daënare livrée à elle-même dans ses conditions actuelles n'était rien de moins que criminel), la nomade ne pouvait se débarrasser de l'impression que ça n'avait peut-être pas été l'idée du siècle. Oh, pas qu'elle ait quelque chose contre Ophélia personnellement, mais voyager en duo plutôt que seule bousculerait très certainement ses habitudes et pourrait potentiellement la gêner dans sa profession (ou plutôt ses professions, tant de mercenaire que de Pénitente). Bon, elle improviserait.

Ophélia Narcisse
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Solitude partagée EmptyLun 10 Déc - 10:52
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La demande, pour le moins incertaine et plutôt informelle qu’avait formulé la vaironne lui avait fait rétracter le visage entre ses épaules, essayant de couvrir l’embarras d’une telle question. Ophélia avait toujours été sensible sur le plan émotionnel, bien qu’elle ait été autrefois habile pour le dissimuler. Désormais, il n’y avait même plus cette carapace d’hypocrisie pour la protéger, en ayant tenter de trouver sa rédemption, l’anomalie avait également perdu tout ce qui faisait d’elle un danger, attirant l’inéluctabilité de tous les autres sur sa personne. A force de survivre ainsi, elle s’était persuadée que c’était le prix de ne pas être une ordure, devoir supporter toutes les autres, humaines, ou bien divines.
 
Le bruit de l’herbe soulevé par un pas fit se relever ses yeux, constatant que Svenya n’était plus à l’endroit où son regard l’avait laissé. Lorsqu’elle s’assit à côté d’elle, cette dernière parvint à arracher un sursaut à la jeune femme aux cheveux de neige. Suite de quoi, la concernée esquissa un sourire gêné par cette réaction due à la surcharge émotionnelle des derniers jours … des derniers mois, même. Sa risette s’évanouit bien vite, sentant la main qui vint doucement serrer son poignet. Ophélia n’était pas étrangère à ce genre de geste, Kelmina avant lui en avait tant adressés, mais … aussi limpidement qu’un portrait, l’ancienne daënare se souvint que c’était son père qui lui prenait ainsi la main. L’espace d’un instant, elle crut voir le plancher de sa boutique orner le sol derrière ses doigts.
 
La bouche pâle de la jeune femme trembla un instant à la remarque de sa comparse, ses yeux se déportèrent dans les siens, brillants d’une lueur cristalline. Finalement, et après quelques secondes de latence, la vaironne appuya brusquement sa tête sur la clavicule de Svenya, serrant le tour de ses épaules avec ses bras. Le visage qu’elle penchait vers la terre se déformer d’une crise de larmes qu’elle n’avait jamais osé laisser s’extirper auparavant. Ses paupières écrasaient le flot qui en découlait tant elles les serraient, ses lèvres ouvertes laissaient entrevoir ses dents qui grinçaient les unes contre les autres. Son dos se soulevait de hoquets motivés par l’émoi, mais pas une seule fois n’émit-elle la moindre complainte. Elle demeurait silencieuse, étouffée par le défouloir des deux derniers mois qu’elle n’osait exprimer que maintenant.
 
De la simple compagnie, ça lui convenait très bien, aussi.
 
                                                               -----------------------------------------------
 
Leur voyage s’étendit encore durant plusieurs jours, le soleil toujours à portée, les nuages plus proches encore. C’était inhabituel pour Ophélia d’avoir droit à ne pas poser pied à terre, et, malgré sa peur sans réserve du monde animal, elle s’était plutôt vite habituée à la présence de Khardan. Enfin … lui, au moins, n’avait ni crocs, ni griffes, ça aidait grandement la vaironne à se rassurer de son inoffensivité. Et puis, quoi qu’il en fut, il faisait parfaitement bien son office de monture, jamais les jambes de la jeune femme n’avaient été plus redevables à un être qu’au cheval de Svenya.
 
Depuis plusieurs nuits, elle se sentait comme si cette dernière connaissait l’intégralité de sa vie, souvent parce qu’elle aimait radoter du temps où elle vivait encore avec un père dont l’éducation, de manière plutôt évidente, ne s’était pas tout à fait aboutie. La maturité d’Ophélia attestait. Quelle trentenaire s’autorise encore à pleurer comme une gamine dans les jupes de la première étrangère venue ? Finalement, qu’y pouvait-elle ? Et plus important encore, où allait-elle, désormais ?! Elles bougeaient, certes, mais il n’y avait aucune planification sur leur destination. Alors, elle s’enquit.
 
-          Svenya, où allons-nous, exactement ?

Svenya Nahir
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Solitude partagée EmptyMar 11 Déc - 19:50
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L'espace d'un instant, Svenya eut l'impression qu'Ophélia n'allait pas réagir, voire retirer son bras de la main qui le tenait. Mais à peine un battement de cils plus tard, la situation avait basculé et la mercenaire se retrouvait enserrée dans un étau des plus inattendus. Il n'y avait parfois pas de mots capables de réconforter. La Negiin en avait fait l'expérience elle-même et n'offrit donc ni platitudes ni fausses promesses à la jeune femme. Tout au plus referma-t-elle elle aussi ses bras autour de l'autre tandis qu'une main venait caresser doucement ses cheveux comme on consolait un enfant.

Combien de temps restèrent-elles ainsi? Seules les lunes et les étoiles le savent. Toujours est-il que la shudarga laissa sa protégée pleurer tout son saoul, jusqu'à ce que son corps ait épuisé ses réserves de larmes et que l'épuisement d'un tel débordement s'abatte sur elle. Elle ne fit pas le moindre commentaire quand elle relâcha la jeune femme, pas plus qu'elle ne mentionna l'événement quand elles repartirent le lendemain matin. En fait, à moins qu'Ophélia elle-même aborde le sujet, Svenya ne reviendrait pas dessus, concentrée sur l'avenir plutôt que sur le passé. Et, il faut bien l'avouer, un peu secouée elle-même, même si pour des raisons différentes.

* * *

Dans les jours qui suivirent, l'assassine put constater que s'habituer à cette nouvelle présence n'était pas aussi laborieux que ce à quoi elle s'attendait. Certes, la Daënare semblait encore plus jeune mentalement qu'elle ne l'était physiquement, ce qui accentuait encore ses airs d'ingénue perdue dans un monde qu'elle ne comprenait pas, mais elle n'était pas une compagnie désagréable. Et après un moment, on s'habituait aux conversations qui brisaient de temps en temps le silence, que ce soit pendant leurs étapes de jour ou pendant leurs pauses une fois le soir venu.

Une chose à laquelle la nomade ne se faisait pas, par contre, c'était ses nerfs à vif. La moindre émotion, la moindre saute d'humeur, semblait amplifiée à outrance, et elle avait un mal de chien à garder la calme impassibilité dont elle faisait en général preuve. Sans compter que, maintenant que leur rythme était redevenu plus normal, elle avait la désagréable impression de faire une énorme bêtise.

Ce n'est que deux jours après avoir repris une cadence normale que l'Anomalie parvint à déterminer la cause de son malaise: la pression d'un certain chasseur divin avait recommencé à augmenter. C'était bien sa veine. Evidemment, après son coup d'éclat chez les Zagashiens, elle aurait dû s'y attendre. Il n'était pas bon pour une proie de se faire remarquer. Pour le moment, on n'atteignait pas encore le seuil critique, et Svenya avait le fol espoir de parvenir à semer la créature à condition de rester à l'écart de toute terre habitée... tout en sachant qu'elle devrait probablement avoir recours à des moyens plus...drastiques avant trop longtemps. Pour le moment, une question l'arracha à ses calculs.

"D'abord, on quitte Zagash. Je pense qu'il vaut mieux pour toi et moi de nous y faire oublier pour un temps, histoire de laisser les choses se tasser. Ensuite, on avise en fonction des opportunités qui se présentent."

Et, avec un peu de chance, les Temulawaks ne lui tiendraient pas rigueur de ses actions et l'accueilleraient à nouveau chaleureusement la prochaine fois qu'elle les croiserait. Sinon... Eh bien, dans tous les cas elle avait fait ce qu'elle devait. Spéculer ne l'avancerait à rien.

Lavryn & Khardi
Lavryn & Khardi
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Solitude partagée EmptyVen 11 Jan - 10:42
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Intervention MJ - Traque

Ses pas glissent sur l'eau sans même effleurer la surface cristalline de la rivière. Des pas évoquant une certaine forme de joie ou, du moins, soulignant une énergie toute juvénile. L'enfant, serrant contre elle le félin au pelage blanc, parvient finalement de l'autre côté et relâche l'animal. Ce dernier lui envoie alors de vagues images mentales qu'elle interprète d'une manière qu'elle estime juste. Elle hoche la tête et accorde au Gardien un bref instant pour boire. La Régisseuse, elle, laisse son regard vagabonder sur les plaines verdoyantes de Zagash. L'anomalie, elle est en certain, foule également ce sol tapissé d'herbe. Preuve en est la difficulté croissante qui accompagne ses tentatives de localisation...

Un papillon décide alors de venir virevolter devant son visage. Un sourire qui n'exprime rien d'autre qu'une émotion humaine reproduite par simple mimétisme se dessine alors sur le visage juvénile. La demi-déesse penche la tête sur le côté tandis que son regard dénué de compassion observe les battements d'elle. Elle tend alors le doigt comme pour inviter le frêle animal à venir s'y poser. Ce qu'il fait quelques instants plus tard. Plus ou moins à l'instant où Shaznak termine de s'abreuver.

♪ Vole, vole, vole papillon ♪
♪ Au-dessus de mon champ ♪
♪ Vole, vole, vole papillon ♪
♪ Au-dessus de ma maison ♪

Elle chantonne, oui, mais ne s'en rend guère compte. Autrefois, elle arpentait ces terres sous la forme d'une femme mûre. Elle y prenait beaucoup de plaisir. Aujourd'hui, ce simple mot n'a plus grand sens à ses oreilles. La haine, l'amour et la peur se sont substitués au profit du néant. Et pourtant quelque chose au fond d'elle semble protester comme pour lui rappeler un passé qui ne lui évoque désormais rien sinon une froide indifférence.

Le duo divin reprend sa route. La Régisseuse sautille entre les herbes, sa robe blanche et lacérée se mêlant à la verdoyante plaine. Le chat la suit avec la démarche altière de tout félin qui se respecte. Ils n'échangent pas le moindre mot. Mais ils n'en ont pas besoin. Les pensées sont plus révélatrices et bien plus précises que le plus complexe des sens que l'on accorde aux mots.

♪ Tournez, tournez les jolis moulins ♪
♪ frappez, frappez dans vos petites mains ♪
♪ Tournez, tournez les jolis moulins ♪
♪ frappez, frappez dans vos petites mains ♪

La demi-déesse s'arrête finalement d'un mouvement brusque lorsque Shaznak attire son attention. Elle tourne lentement sur elle-même puis s'agenouille sur le sol pour découvrir de ses petites mains les traces laissées par des sabots. Elles sont fraîches. Mais appartiennent-elles à la monture de sa proie?

De ce qu'elle en sait, et si elle se fie aux dernières rumeurs qu'elle a entendues, un étrange duo à fait parler de lui récemment dans la région. Ho, il lui a fallu du temps pour retrouver sa trace. Beaucoup de temps. Mais le temps n'a plus la moindre emprise sur elle. Pas plus que l'ennui ou l'impatience. Elle se contente de suivre celle qu'on lui a assignée. Irrémédiablement, sans le moindre scrupule ou la plus infime trace de colère. Il y a ceux qui doivent vivre et ceux qui doivent mourir. Tout simplement...

La Régisseuse observe à nouveau les environs et particulièrement l'endroit où semblent mener les traces de sabot. Elle fait alors quelques pas supplémentaires et tente de percevoir un quelconque changement. Oui, la trace semble un petit peu plus proche. Une vingtaine de pas supplémentaires sur la gauche et le double sur la gauche lui permet de se faire une idée plus précise de la direction à suivre. Elle ne peut être certaine que c'est la bonne. Mais l'erreur ne lui fait pas peur. Quelques jours de plus ou de moins, qu'est-ce que cela représente sur l'échelle de l'éternité?

♪ Vole, vole, vole papillon ♪
♪ Au-dessus de mon champ ♪
♪ Vole, vole, vole papillon ♪
♪ Au-dessus de ma maison ♪

L'autre petit papillon, lui, celui qu'elle traque maintenant depuis six années humaines, n'aura peut-être plus l'occasion de voler bien longtemps. La créature poursuit alors son avancée, toujours flanquée par Shaznak. Ajoutera-t-elle un quatrième tatouage, un quatrième trophée au creux de son dos aujourd'hui encore?


Meyouuuu:

Svenya Nahir
Svenya Nahir
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Solitude partagée EmptyMer 16 Jan - 17:49
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Si Svenya pensait contenter Ophélia avec une simple réponse, elle en fut pour ses frais: le seul résultat fut de se voir demander si elle n'avait pas une maison vers laquelle retourner. Une idée bien étrange aux yeux de la Negiin, et pour une fois ça n'avait rien à voir avec son état actuel indésirable.

"Je suis nomade, je n'ai pas de maison."

Ne lui avait-elle pas déjà dit cela, d'ailleurs? Elle pensait l'avoir fait, mais se concentrer sur quelque chose d'aussi fugace que les interactions sociales se faisait de plus en plus dur. D'ailleurs, elle n'entendit même pas si sa compagne de route réagit ou non à sa dernière réponse. Une douleur qui n'en était pas une lui martelait le crâne et déjà elle sentait ses paumes se faire moites. Elle était une mercenaire et une Pénitente, à la fois combattante aguerrie et tueuse entraînée. Et pourtant, un frisson glacial lui parcourut la colonne vertébrale. Elle savait reconnaître ces signes pour les avoir observés déjà trop souvent et elle avait peur... Non, elle n'avait pas peur: elle était terrorisée.

Elle resserra ses mains sur ses rênes et Khardan s'arrêta. Il était plutôt que l'heure à laquelle elles avait fait halte ces derniers jours, mais elle descendit de cheval et fit signe à Ophélia de suivre son exemple. Elle ouvrit ensuite une des sacoches, en tira deux jours de provisions (à condition de ne pas trop manger) et les tendit à Ophélia.

"Je n'ai pas beaucoup de temps pour expliquer, mais tu ne peux pas continuer à voyager avec moi. Tant que tu restes, tu es en danger et je n'aime pas les victimes collatérales. Continue à marcher dans la même direction, tu vas arriver à côté d'une grande rivière en fin d'après-midi. Quand c'est le cas, longe la rivière en laissant le soleil dans ton dos. Je préviendrai un ami de ton arrivée, il prendra le relais."

Son ton était plus tendu que d'habitude. Et malgré le contrôle qu'elle maintenait sur son expression, sa mâchoire se serrait dès qu'elle arrêtait de parler, seul signe visible de l'angoisse qui la rongeait. Elle s'en voulait de laisser la jeune femme à elle-même aussi abruptement, mais il n'y avait pas d'autre solution. Elle ne pouvait pas l'entraîner dans la course-poursuite infernale qui s'annonçait. Et si cette course-poursuite devait lui être fatale, il était hors de question qu'elle fasse une victime supplémentaire. Pourtant, même au milieu de cette masse d'émotions exacerbées qui faisaient rage dans l'esprit de Svenya, il restait une petite part d'empathie, d'humanité. Elle ne pouvait pas rejeter sans la moindre explication celle qu'elle avait pris sous son aile.

"Je suis traquée moi aussi, tu comprends? Et s'il doit avoir ma peau, je ne veux pas que tu y passes aussi par ma faute. C'est mon problème, c'est moi seule qui dois en subir les conséquences."

Les conséquences de quoi au juste? Elle avait des dizaines de réponses à cette question, mais elle n'avait le temps pour aucune d'entre elles pour le moment. Et puis, elle eut un geste qui la surprit elle-même aussi. Elle tendit la main et serra brièvement l'avant-bras de l'autre Anomalie. Ses doigts tremblaient légèrement, et elle les maudit intérieurement.

"Tu es la seule au courant de ma condition, si quelqu'un d'autre venait à l'apprendre je saurais qui m'a trahie. J'aimerais pouvoir te faire confiance."

Un avertissement mi-menace, mi-supplique qui lui avait échappé avant même qu'elle puisse se donner le temps d'y réfléchir et qu'elle regretta aussitôt. Elle retira sa main, repoussa tant bien que mal les émotions qui menaçaient de la noyer et remonta en selle.

"Noublie pas: dans cette direction jusqu'à la grande rivière en fin d'après-midi, puis dos au soleil en longeant la rivière. Volann te trouvera, je m'en assurerai."

Elle indiqua encore une fois la direction à suivre, puis fit tourner Khardan sur les hanches pour le faire changer de direction. Avec un peu de chance, elle atteindrait les forêts bordant les Tsagaan Oi et elle pourrait s'y réfugier.

HRP:
Svenya Nahir a effectué 1 lancé(s) d'un Dé 6 :
5

Ophélia Narcisse
Ophélia Narcisse
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Solitude partagée EmptyMer 16 Jan - 22:21
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Pérégrins -2
"Nomade" hein ...? Ophélia était presque certaine d'avoir déjà entendu ce mot avant, non pas qu'elle ne sache ce que ça veut dire, Sakari l'employait juste beaucoup quand elle parlait de son propre passé. Etrange, c'étaient toujours ces mêmes personnes qui lui venaient en aide, peut-être qu'elle devrait voir à quoi cela correspond, peut-être comprendrait-elle mieux. Elle n'articula qu'un hochement de la tête à la réponse donnée, n'ayant pas de meilleure expression pour signifier sa compréhension prétendue. Peut-être que Svenya l'ignorait, mais il n'y avait peu de monde aussi inculte que la jeune femme qui la précédait.

Cette dernière descendit d'ailleurs de monture, la vaironne allait l'imiter, même si elle ne lui en avait pas donné le signal. Pied à terre, elle considéra la main tendue, les vivres à l'intérieur, puis les yeux de son aînée... elle n'avait pas faim, pourquoi lui donnait-elle donc tout ça ? Comme à l'habitude, elle n'eut pas le temps d'ouvrir sa bouche, les mots fusaient hors de la gorge de la "nomade". A mesure qu'ils s'imprimaient dans l'air, les yeux dépareillés se serraient d'une incompréhension emplie de reproches, car plus elle parlait, plus elle semblait paniquer, mieux Ophélia devinait ce qui était en train de se passer. On l'abandonnait ... encore. Pourquoi trembler lorsque le mal qu'elle infligeait ne serait encore une fois que le fardeau d'une personne, elle ? 

Et puis tout devint limpide. De la raison de son sauvetage jusqu'au comportement absolument imprévisible qui était venu secouer Svenya ... ce n'était pas qu'elle, alors ? La vaironne se souvenait trop bien de la terreur qu'inspire le glas de la chasse, lorsque la traque se resserre. Le regard accusateur s'arrondit en une expression de stupeur, à peine moins vexée de n'apprendre la vérité que maintenant. Pourtant, elle n'avait pas vu de cristaux ... le train de ses pensées s'écoulait si lentement, le discours de la negiin n'en semblait que plus rapide, jamais elle n'aurait pu protester, bien qu'elle essayait.

- Mais ..!

"Je veux venir avec toi !" "J'ai une dette à te payer" ... "ne me laisse pas seule" ... bien trop de remarques qu'elle laissait au vent. Les instructions s'enchaînaient, longer la rivière, le soleil dans le dos, retrouver quelqu'un, mais pas elle. Et puis ce ton lorsque sa menace vint ricocher dans le creux de ses oreilles, Ophélia n'aurait jamais, ne pourrait jamais même vouloir trahir quelqu'un qui portait le même fardeau qu'elle, alors pourquoi une telle remarque ? Quelque chose commençait à faire battre les tempes de la cristallisée, à faire chauffer ses oreilles et rougir ses pommettes. Un fardeau, c'était toujours ainsi qu'elle était considérée et ça l'énervait tant. Un court instant durant, l'air s'agita, tremblant autour d'elle comme tiraillé entre deux pinces. 

Elle ne voulait pas d'un putain d'intermédiaire ! Elle n'en voulait pas de cette putain de rivière ! Elle ne voulait pas de cette putain de solitude qui revenait, encore et encore et encore la piquer du doigt, la narguant de la plus irascible des manières ! Mais la vie n'est pas un parent qui gâte ses enfants, et le cheval s'éloigne en dépit des protestations silencieuses que l'anomalie n'ose pas exprimer. Quelques minutes supplémentaires durant, elle restait immobile, confrontée à l'air qui construisait les bases d'une tension dont elle n'était plus que la seule sujette. 

La pression s'affaissa lorsque Ophélia parvint à se convaincre que ce n'était pas un choix qui avait été offert à Svenya, peut-être aurait-elle fait la même chose, à sa place, mais une différence demeurait. Elle était faible, une brindille poussée contre une enclume, attendant que le marteau ne trouve l'angle correct pour la briser. Ses épaules rehaussées se baissèrent, avec un soupir de dépit. Un air las vint simplement hanter ses yeux, pointant une touche de mélancolie dans le creux de ses iris. Une fois encore, il n'y avait que les dieux à blâmer. 

Lavryn & Khardi
Lavryn & Khardi
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Solitude partagée EmptyVen 18 Jan - 14:03
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Intervention MJ - Traque

L'avancée de la Régisseuse et de son étrange suite est rythmée par le chant cristallin qui semble s'accorder continuellement avec les fluctuantes caresses du vent. La servante des dieux arpente l'herbe avec la légèreté propre à une enfant. Mais le regard sombre, lui, fouille avec avidité les environs. Où est le petit papillon? Pourquoi s'entête-t-il à voler loin d'elle? Elle ne comprend pas! Mais elle ne condamne pas davantage. Les longues lieues qu'elle parcourt depuis des années n'abîment pas sa patience ou ses pieds dénudés. Qu'elle échoue ou réussisse, cela n'a pas grande importance. Elle suit quoi qu'il arrive la volonté des dieux et c'est son ataraxie!
"Oh!"
Le ton évoque l'étonnement comme les humains le feraient. Mais ce n'est qu'une illusion basée sur un mimétisme développé au cours des années. Celle qui a choisi le corps d'une enfant pour traquer une adulte marque une pause puis pointe son doigt dans une direction approximative. Pourquoi? Pour donner un minimum de contenance à cette traque qui ne lui apporte pas le moindre plaisir ou dégoût? La gamine se tortille sur place comme si elle était soudainement embarrassée. Là encore, de la simple poudre aux yeux. Le fait est que sa cible s'éloigne. Et la distance se creuse. Une prise de conscience doublée d'une réalité qui a au moins l'avantage de lui fournir une direction plus précise à prendre. L'enfant infléchit sa course sur la gauche, attirée par un signal désormais plus puissant mais également gage d'échec. Si tant est, évidemment, qu'un tel mot puisse convenir à une traque qui ne peut se terminer autrement que par la victoire de la semi-déesse. Et, par extension, des dieux qui ont décidé de corriger cette erreur qui entache la perfection de ce monde.
♪ Petit escargot porte sur son dos ♪
♪ Sa maisonnette ♪
♪ Aussitôt qu'il pleut il est tout heureux ♪
♪ Il sort sa tête ♪
Le corps tout entier de la demi-déesse semble trembler. Puis il s'illumine brièvement d'une loueur bleutée. L'enfant se met alors à siffler. Une mélodie qui n'a plus rien de doux ou d'enfantin mais qui évoque plutôt les hurlements poussés par les anomalies qu'elle a punies par le passé. Une violente bourrasque agite le tapis verdoyant puis se concentre au niveau des nuages. Ces derniers semblent alors se déchirer, répondant à la volonté divine d'Amisgal. Une tornade se forme lentement, presque délicatement. Puis le vent libère toute sa puissance et les rares arbustes ou arbres proches se plient dans un sinistre craquement. L'enfant, elle, ne prête guère attention à la terre arrachée du sol qui lacère son visage sans toutefois parvenir à en extirper la moindre goutte de fluide vital.
♪ Vent frais, vent du matin ♪
♪ Vent qui souffle au sommet des grands pins ♪
♪ Joie du vent qui souffle ♪
♪ Allons dans le grand vent.... ♪
La voix juvénile est emportée comme le reste par les rugissements du vent. Un sourire qui n'a rien de bienveillant sur le visage, la Régisseuse pointe à nouveau une direction. Pas à Shaznak qui a sauté sur son épaule mais bien à la tornade elle-même. Docile malgré sa sauvagerie, le trombe venteuse suit alors le cap indiqué. Encore une fois, ce n'était pas nécessaire. Mais les humains ne feraient-ils pas ce genre de gestes pour indiquer un cap?

Le petit papillon vole beaucoup trop bien. Il est temps qu'il s'écrase au sol, maintenant. Continuant de sautiller parmi les éléments déchaînés, l'enfant poursuit alors sa route tout en tenant désormais Shaznak serré contre elle. Un traitement qu'il n'apprécie guère, elle le sait. Mais il est si doux...

Meyou:

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