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Chroniques d'Irydaë
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 Jouons avec le feu [Pv: Nora]

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Jouons avec le feu [Pv: Nora] EmptyMer 31 Oct - 16:56

Vraiment ? Un incendie ?
Pour qu'autant de monde se rassemble sur le lieu du crime, le doute n'était plus permis. Jasant sur le dos de cette vague d'effroi éhontée, de nombreux quidams se réchauffaient des brises glaciales qui les auraient volontiers écorché sans cette subite source de chaleur aussi intruse que impromptue. Mais au cours d'une vie, il existe parfois de ces scènes qui semblent écrites d'avance, dans le seul but de démontrer que chaque problématique possède sa solution la plus immédiate ; aujourd'hui c'était au tours de Lyuze d'en vivre une. La Garde veillait - la Garde possédait également quelques atouts. Ne suffisait qu'à être au bon endroit, au bon moment. Plutôt simple lorsque l'on possède une monture ailée et qu'une fumée noirâtre reconnaissable entre cent autres volutes s'échappe au loin, au beau milieu des hauts quartiers.
Aussi l'apparition fut immédiate, ou tout du moins suffisamment express pour ne pas transformer un brasier naissant en déluge de flammes sur tout le patelin. L'atmosphère locale, glacée au possible, ne suffisait pas à lutter seule contre un tel brulot : Un bâtiment entier croulant sous le tempérament vorace du feu. Il fallait oser, pour transformer ainsi ce qui était alors quelques heures plus tôt un siège de l'administration urbaine.

Bhüj, son Ovchin, s'était planté à une vingtaine de mètres de la torche géante, laissant sa maîtresse mettre pied à terre et aborder les flammes de front, dans une démarche aussi calme que résolue. La foule s'écartait sans se faire prier, reconnaissant "La Pluie", de son surnom, et témoignant ici et là aux étrangers de la cité présents à leur côté que la "pièce de théâtre commençait". De la parlotte, quelques rires confiants aussi. Rien qui ne déstabilisait l'arrivante, la mine renfrognée qu'on lui reconnaissait tant, mais toujours radieuse et solennelle dans le cœur du public. Chuchotante, à mesure que son approche contraignait le feu à lui lécher le visage.

- Par Süns, que ce feu soit désormais mien et calme son ardeur... commençait-elle en pénétrant dans la demeure, action qui coupa instantanément l'avancée des flammes à l'extérieur et les amena à rebrousser chemin, comme absorbées.

Aussi bref qu'efficace. Déjà à l'extérieur, le givre mordait sans pitié les corps réchauffés des spectateurs, ponctué par des râles amusés. Puis bientôt, à l'intérieur, plus une seule lueur. Une soudaine volée de cendre, éphémère, se collant rapidement à l'humidité ambiante redevenue reine. Quelques clapotements, émis par les pas de la Degon-Jabar sur le sol désormais jonché de flaques d'eau jusqu'à ce qu'elle réapparaisse dans la rue.  
Enfin : Des applaudissements étouffés par les gants, des petits cris de félicitation et quelques boutades sur le retour du froid. Elle soupira, masquant l'amusement provoqué par cet auditoire bienveillant, puis s'engagea dans un sobre discours de manière à repigmenter la scène d'une touche de sérieux.

- Merci, merci, ça ira comme ça... Maintenant si vous voulez rester, j'attends des explications.
Un feu si vif et bien soudain comme celui, dont je ne suis pas responsable, ne peut-être le fruit d'une maladresse. De plus, je n'ai pas à vous rappeler l'intérêt de ce bâtiment... Il y avait là plus de papiers que dans une bibliothèque, vous concernant, habitants du quartier - Activités, contrats, mariages, naissances, funérailles,...


- Dettes !

- Ah! Eh oui, je ne doute pas que certains d'entre vous s'en tirent à bon compte, n'est-ce pas citoyen ? Rétorquait-elle rapidement, une complice malice présente dans le regard. Du bon et du moins bon, appelez ça comme vous voulez, cela concerne tout le monde. Et dans ce tout le monde, je pèse plus de tords qu'autre chose. Je compte donc sur votre collaboration, merci.

Sitôt terminé avec sa tirade, elle jetait un coup d’œil vers le reste de la Garde qui se renforçait sur place. La suite allait être prise en charge, et elle n'était pas seule quand bien même ce petit quart d'heure de gloire lui avait été consacré. Elle se chargerait du relationnel cette fois-ci, quand bien même ce n'était pas son fort en privé, elle ne manquait pas de succès à Reoni et ce n'était pas quelques imbéciles heureux du sort arrivé à cette bâtisse qui la rendrait plus autoritaire qu'elle ne l'était déjà. L'important demeurait le travail.

Lyuze se rapprochait de son Ovchin, bête de foire devenue coutumière dans la cité. Celui-ci ne réagissait pas, le regard livide et opaque strictement égaré parmi les légères volutes de vapeur s'échappant du sol en ruine du bâtiment "sauvé".

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Jouons avec le feu [Pv: Nora] EmptyMer 31 Oct - 19:33
L'aurore s'était levée quelques heures auparavant déjà, perçant le ciel de ses lames jaune et orangées. Nora était arrivée à Reoni il y a plusieurs jours, à peine déçue du portrait qu'on en faisait. On lui avait décrite une ville où rêves et réalités s'immiscent en une saveur singulière, elle n'avait trouvé qu'une cité où la neige tombait bien trop souvent. Mais pas aujourd'hui. La rouquine avait un plan pour faire fondre les flocons du pays et également pour inscrire une croix de plus à la cause qu'elle défend. La paix. La paix à tout prix. Même si pour ça, des innocents doivent brûler. Martyrs malgré eux, ils auront défendu un but qui va bien au-delà de la valeur-même de leur vie. Alors, en se levant ce matin-là, Nora savait qu'elle allait mettre fin à plusieurs existences aujourd'hui ... le moins serait le mieux. 

Un contact sur place, qu'elle avait rencontré lors de l'affaire de l'explosion de la mine de magilithe, lui avait offert le logis et était bien au courant de ses activités. Il ne cautionnait pas le principe pacifiste, mais il était toujours motivé pour s'amuser du malheur d'autrui. Son nom était Kohl, un sadique de la pire espèce qui aime s'amuser avec le feu que sa déesse lui lègue. Alors, il ne rechigna pas lorsque la jeune femme lui proposa de faire s'amonceler les flammes qu'elle alléguerait dans une boutique de draperies, dans le quartier marchand. Ce n'était pas la première fois que la pyromane allait faire remarquer ses actions, et ce ne serait certainement pas la dernière. Dès le midi, Nora était derrière la boutique, coincée entre les murs des bâtiments et s'affairant avec son matériel. 

Elle analysait la structure du bâtiment. Les colonnes étaient de pierres ou de marbres, selon les endroits. Pour avoir visité le magasin la veille, elle avait pour certitude que le sol était parqué de planches. Une fine couche de roche servait également de promontoire au mur qui lui était boisé. De son sac, la rouquine sortit un bâton de torche et, avec son briquet, en alluma le bout avant de la déposer à la verticale, flamme faisant face au sol sur le coin d'une colonne. Entre les roches du pilier, elle glissa un parchemin, sa signature, celle qu'ils devaient tous maudire. S'écartant, elle fit signe à Kohl, posté au bout de la ruelle d'exercer sa magie, et avant qu'elle ne le sache, les flammes s'attaquaient déjà au bois du mur. Ce ne serait qu'une question de dizaines de minutes avant que l'incendie ne soit enfin assez développé. 

Et lorsqu'elle tourna le regard pour savoir où était passé Kohl, cet imbécile s'était déjà engagé dans une course pour rejoindre son domicile. Enfin, les regards se porteraient sur lui le temps que Nora détalle de l'endroit. Marchant simplement, elle déboucha sur l'avenue située derrière celle que l'enseigne dessert. Et, après une dizaine de minutes à se balader entre les diverses boutiques, la panique commença à se propager alors que la fumée noire dégageait du bâtiment. Nora imita le mouvement de masse et se dépêcha pour voir les conséquences de son petit désastre ... finalement, le feu avait bien pris. Mais quelque chose lui fit avoir un haut-le-coeur. A l'intérieur, il y avait bien trop de cris, et certains semblaient si aigus ... que faisaient des enfants là-dedans ?! 

La rouquine était devant la façade en braise, incapable de rattraper les conséquences de ses actes ... elle se disait simplement qu'elle allait avoir du mal à assumer la mort de si jeunes personnes. Alors, lorsqu'une silhouette vint assombrir les cieux avant d'affaisser les flammes, Nora fut parmi les premières à se dépêcher à l'intérieur. Des personnes gémissaient sur le sol, certaines avaient la marque du brasier sur le visage. Aux curieux qui étaient restés à l'entrée, la pyromane en cause de ce désastre fut pourtant celle qui leur cria.

- Venez les aider ! Allez, dépêchez-vous ! 

Elle ne prit pas le temps de regarder si tout le monde était en vie, ou bien si l'ordre qu'elle venait de donner avait été respecté. Quelque chose semblait avoir captivé l'attention des gens, dehors, mais qu'est-ce qu'ils pouvaient bien avoir à faire de plus urgent ?! Se dépêchant à l'étage, elle vit plusieurs personnes allongées, toutes semblaient respirer, mais bien difficilement. L'escalier était bloqué par les cendres tombées d'un des murs. Enjambant l'obstacle, désormais vidé de sa chaleur, Nora fit l'examen rapide de tous ceux qui étaient présents, relevant leurs mentons pour voir à quel point leurs yeux étaient perdus dans le vide. Dans sa fouille, elle vit une petite jambe dépasser d'une poutre tombée. Faisant rouleur le débris pour la dégager de ce qu'elle présumait être une enfant, la rouquine vint poser une main se voulant rassurante sur l'épaule de la gamine.

- Hé ? Tu vas bien ? On va t...

Sa bouche n'exprima rien d'autre qu'une blanche stupeur, au regard d'un corps tout aussi fade. Doucement, elle retira son poignet, alors qu'un visage à côté d'elle se déformait d'un chagrin fou, criant le nom de celle qui devait certainement être sa fille. La mère vint saisir la tête de sa petite, la prenant entre ses bras pour lui donner une dernière étreinte que seule l'une des deux pouvaient encore ressentir. Nora, elle, se releva, laissant ce moment de deuil à la personne qui était en droit de le réclamer. Elle, elle n'était en aucun cas légitime pour pleurer cette mort, toute coupable qu'elle était ... ça en valait la peine, pas vrai ? 

Il y avait d'autres personne à aider en bas ... à l'étage il n'y avait que des regrets. Apparemment, la poutre tombée avait écrasé la tête de la gamine, la tuant sur le coup. Stupide hasard ... comment peut-on seulement le gratifier de bien faire les choses ? Les gardes viendraient sûrement l'interroger, ils le font toujours, mais jamais ils ne suspectent ses véritables motivations ... elle n'a pas de motif, juste un idéal fou. Alors, en général, elle n'est qu'une âme bénévole qui vient amoindrir les conséquences de ses crimes. Redescendue, Nora s'accroupit auprès d'une personne inconsciente ... mais vivante, c'est déjà ça. Elle s'occupe ainsi des "dégâts collatéraux", attendant que sa torche et son parchemin ne soit trouvés et se préparant à ce qu'on l'interroge. L'héroïne de tout à l'heure semblait bel et bien être celle qui s'était désignée comme étant responsable de l'enquête, ou du moins, elle semblait faire acte d'autorité, ici. Alors, la rouquine sortit dehors et héla la concernée.

- Vous êtes soldate ? Il y a une demi-douzaine de blessés à l'intérieur et ... une morte à l'étage. Les autres devraient s'en sortir.

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Jouons avec le feu [Pv: Nora] EmptyJeu 1 Nov - 8:00


- Tss...

Lyuze balayait nonchalamment du revers de sa dextre les paupières de son destrier, le coupant malgré lui dans sa fixette infinie - Bien évidemment qu'il sentait les corps présents dans cette gamelle encore fumante. Sa propriétaire, elle, en avait assez vu dans son existence pour que ce genre de sinistre ne l'atteigne plus réellement. Néanmoins elle ne s'était pas attendue à ce que autant de monde se soit fait happer à l'étage, puisque dans sa course contre la montre, sa priorité n'incluait alors que l’arrêt radical de l'étalage de flammes.

Ainsi quelqu'un s'était décidé à infliger un tel sort à cette bâtisse, au nez et à la barbe de ses résidents temporaires ? Vu l'heure ce n'était pas si surprenant, quand bien même ce genre d'établissement ouvrait plus tard que ses voisins, mais définitivement : Il fallait oser. A son échelle, ce lieu relayait l'autorité de Reoni et en lui portant atteinte, on balafrait sciemment la raison même pour laquelle la Garde se révélait si présente et active. Cela ne comptait assurément pas parmi les vastes activités tolérées, bien au contraire, et l'image de la capitale de Khurmag en souffrirait. C'était un fait. Un fait qui ne sautait ni aux yeux du badaud détaché de tout qui s'amusait de la perte de documents compromettants, ni à cette jeune femme qui jouait au bon samaritain en s’immisçant parmi les gardes lors de leur constat de l'étendue exacte des dégâts et de l'évacuation des victimes. Tachetée de cendre moite et habitée d'une trogne consciencieuse, cette dernière alpaguait la trentenaire avec tout le naturel que l'on aurait attribué à une subordonnée.
Lyuze fronçait les sourcils, habitude caractérisant d'avantage son écoute de soldate qu'un quelconque autre ressenti. Encore que. Évidemment qu'il y avait des blessés - Mais le clamer dans la rue avant la dispersion de la foule comptait parmi "les petits détails à éviter" dans la routine de la Garde, un bête principe destiné à arrondir les angles et surtout, conforter le tourisme dans l'absence de réelle gravité dans l'enceinte de Reoni.

- Merci. Répondit-elle plus sèchement, cyniquement, ce qui tranchait avec son attitude de tout à l'heure face au public. On se charge des premiers-secours alors les dégâts s'arrêtent là ne vous en faîtes pas. Mais je vous demanderai de ne plus rentrer, il n'y a plus rien de beau à voir là dedans.

Paroles lasses. La dame effectuait quelques pas sur le flan de sa monture pour tirer d'une des sangles de la selle ce qui semblait être une large couverture. Elle la tendit à son interlocutrice, quand bien même son état ne semblait pas indiquer qu'elle sortait d'un tête à tête avec le brasier de tantôt, contrairement à ceux encore coincés à l'intérieur.

- Des proches à vous, la haut ? Cette fois-ci, son ton se fit plus empathique.
La majorité seront transférés pour des soins plus approfondis, puis interrogés. On ne permettra pas qu'une telle chose se reproduise soyez-en assurée. Je peux déjà mettre ma main à couper que tout ceci est intentionnel, on en voit pas tous les jours mais d'habitude ceux qui s'adonnent à ces pratiques favorisent la nuit... par précautions. Des comportements suspects, il y en a toujours. Des gens qui voient - Des gens qui parlent, également. Restez tranquille et laissez nous le temps.
Puisque ce n'est que ça, une simple question de temps...


Elle s'adossait à Bhüj, balayant du regard la populace environnante. Suspicieuse ou seulement par réflexe ? Une brève gestuelle signifiait à trois coquins trop curieux situés à une vingtaine de mètres de filer ; quelques gardes se chargeaient déjà, armés d'un feint laxisme, de récolter des informations auprès des habitants désireux de décrire ce qu'ils avaient vu. Ceux qui n'étaient là que pour le spectacle devaient se retirer.

Moins ils étaient lors de l'évacuation des blessés, voire des cadavres, mieux ce serait.

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Jouons avec le feu [Pv: Nora] EmptyVen 2 Nov - 2:32
La garde à laquelle elle s'adressait semblait effectivement être responsable de l'enquête qui suivrait, ou du moins, son attitude le laissait entendre. Sur un point, elle avait raison, ce qu'il y avait à l'intérieur n'était absolument pas agréable à regarder, pour les yeux de Nora, moins encore. C'était son fait, sa faute, elle en assumerait pleinement les remords qu'elle garderait à jamais. La rouquine se vit tendre un morceau de drap, franchement, pourquoi la lui proposait-on seulement, les seules tâches qui la couvraient venaient de sa main salie d'avoir touché une poutre carbonisée. L'unique usage qu'elle put trouver à cette couverture fut de nettoyer les crasses sur ses joues et ses mains, question psychologie, elle ne s'en remettait qu'à elle-même pour échapper à sa culpabilité, non pas qu'elle oserait un jour en faire mention à qui que ce soit. Ce n'était que cruelle pensée, mais le plus dur avait été fait. 

Les fouilles avaient commencées, bientôt, on trouverait sa torche, ainsi que son bout de parchemin sciemment déposé comme message. Il était essentiel au bon déroulement de son projet, un projet pour la paix qu'elle ne pouvait ourdir qu'avec elle-même. Qui d'autre pourrait comprendre, après tout ? Cette garde ? Nora ne s'y risquerait jamais, pas même pour les meilleures raisons du monde. De toute manière, elle ne trouverait que fers autour de ses poignets à faire cette confidence, et pourquoi seulement le ferait-elle ? La solitude était sa seule compagne dans ses entreprises, ses collègues, eux, n'étaient que des pions qu'elle utilisait pour un dessein qui les dépasse. Peut-être y avait-il un espoir salutaire pour ces gens-là, qui, sans même le savoir, ont oeuvré pour la paix. 

Clignant deux fois des yeux, la rouquine se sortit de ses pensées folles, presque perverses. Il n'y avait aucune fierté à avoir, aucune récompense à s'attendre de tels travaux. Il fallait garder la tête sur les épaule, elle n'était pas folle ... son espoir à elle était certainement juste trop grand. Son interlocutrice vint de toute manière en couper le fil, s'intéressant à savoir s'il y avait des membres de sa famille, ou autres connaissances happés par les flammes. Bon sang, heureusement que non, si cela devait arriver et en plus de par son fait, Nora ne s'en remettrait probablement jamais. Ses proches à elle étaient encore à Tiamat, bien à l'abri sur la côte de Nislegiin.

- Non. Juste des personnes en grand besoin d'aide, et une autre pour laquelle je n'ai pas su arriver à temps ...

Cette dernière remarque lui avait échappé des lèvres comme un murmure complice, elle devait se sortir cette gamine de la tête ou elle pourrait en perdre la raison. Lorsque tout ceci sera terminé, Nora se dit qu'elle aurait bien besoin de rester quelques jours seule. Parfois, penser est le seul baume que les plaies de l'âme ne tolèrent. Au moins, l'essentiel n'avait pas échappé à la responsable, cet incendie était en effet intentionnel, plus que convaincue, Nora le savait d'elle-même, le seul avantage qu'il y avait à être l'instigatrice d'un incident est que l'on en connait toujours les causes, le commun, le pourquoi. Les victimes, elle, bénéficient de la confusion, celle qui cache l'atroce vérité que ces gens, sur une pensée de court terme, sont morts en vain. 

Fait amusant ... qui ne faisait absolument pas rire la rouquine, était le fait que la femme devant elle mentionne une "question de temps", alors que vraiment, elle en gagnerait bien plus à lui passer les menottes, ici et maintenant. Mais comment pouvait-elle savoir ? La pyromane elle-même oscillait sur les raisons qui la poussaient à commettre ce genre de crimes, éventuellement, sa conscience reprendra le dessus, elle le savait, mais l'humeur du moment ne s'y prêtait pas. La cause. C'était ça le grand absent de cet attentat déguisé en vandalisme, le message n'avait toujours pas été trouvé. Nora s'enquit donc, désireuse de presser les chose.

- N'avez-vous pas encore trouvé ce qui a déclenché l'incendie ? Par où les flammes ont prise ? J'étais dans le quartier toute la matinée durant, et ce midi encore même. Si j'en savais plus sur comment les coupables s'y sont pris, je pourrais peut-être vous aider, mais ... j'ai besoin d'informations. Je ne peux décemment pas me souvenir de chaque visage que j'ai croisé. 

Tout n'était que prétexte à trouver la torche, après, elle s'en irait, il n'y a rien qui la retenait ici à part ses propres remords. Les gardes se chargeraient de trouver le coupable et éventuellement, ils remonteraient jusqu'à Kohl. Fait amusant avec Nora, jamais elle ne révélait son nom à ses collègues de travail, précisément pour pallier les cas de figure où ils seraient amenés à témoigner de sa présence dans le complot. Enfin, connaissant un minimum l'autre cinglé, il s'était déjà affranchi de la ville pour un temps, rien ne le pressait ici non plus. Même s'il aurait dû être plus subtil lors de son échappatoire, immanquablement les témoignages des citoyens guideraient vers lui, mais Nora serait déjà partie bien longtemps auparavant.

Lavryn & Khardi
Lavryn & Khardi
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Jouons avec le feu [Pv: Nora] EmptyVen 2 Nov - 4:06
Irys : 159968

Comme un murmure amer...

[justify]Un murmure, un battement de cœur, un frisson dans le dos. Une pensée sibylline, un sang glacial dans les veines et un retournement de l’âme. L’étincelle d’un brasier présumé éteint il y a bien longtemps, mais dont les cendres n’ont jamais cessé de rougeoyer en secret. Désormais, son feu s’est rallumé et vient vous lécher les doigts, Enfants du Chaos.

Le fléau de Khugatsaa court dans votre chair, insidieusement il a attendu son heure et dans votre esprit désormais s’éveille un instinct étranger. Accrochez-vous à votre âme, il pourrait vous prendre le reste.

Lyuze Degon-Jabar & Nora Adarsa sont désormais victimes de la pandémie.

Pour plus d'informations, c'est ici !

HRP - Lyuze:

HRP - Nora:

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Jouons avec le feu [Pv: Nora] EmptyVen 2 Nov - 9:05

La soldate demeurait muette durant l'écoute visiblement de moins en moins marquée envers son interlocutrice. Elle se frottait l'avant bras, songeuse, l'air toujours concerné mais d'avantage par sa propre introspection passagère plutôt qu'autre chose. Cette gestuelle ne comptait pourtant pas parmi ses tics physiologiques, d'ordinaire plutôt stoïque, ni l'intense fraicheur locale ni la timidité ne l'amenant à de tels mouvements - Pourtant il y avait bien comme un froid soudain.
Ses yeux se posaient à nouveau sur la rouquine, la dévisageant sans profondeur. De là, cette dernière put tout à coup constater à quel point "L'héroïne" semblait soudainement dépassée ; l'avait-elle seulement écoutée ? La digne silhouette exaltante d'assurance avait perdu de sa splendeur, momentanément.

- Eh bien i...
- Lyuze ? Appelait un garde qui venait d'apparaître à l'ouverture de la bâtisse.
- Oui ! J'arrive tout de suite. Rétorquait-elle, ré-endossant instinctivement sa stricte parure d'officier avant de balayer d'une main les attentes de la jeune femme à la bonne volonté quelque peu envahissante. Un instant je vous prie, nous parlerons après le rapport.
Un ton plus fort, à l'attention de la rue : Que ceux qui n'ont pas l'intention de collaborer avec la Garde se retirent, maintenant. Je ne le répéterai pas.

Puis elle fit volte face, le pas cadencé de plus belle en direction du lieu du crime. En son enceinte, les blessés venaient d'être réunis et des moyens se mettaient en place afin de porter ceux qui ne pouvaient plus jouir de leur mobilité. La défunte, elle, extirpée de son tombeau de bois, croupissait dans une autre pièce à laquelle on refusait désormais l'accès à une dame : La mère de la fillette. Des cris, des larmes, à quoi on ajoutait désormais une rage impuissante mais de plus en plus véloce à l'égard du jeune soldat en charge du blocus, lui-même implorant le soutien de ses pairs vétérans. La Degon-Jabar se figeait un moment, écoutant de cette oreille toujours distraite et qu'on ne lui reconnaissait pas, la fin du rapport.

- Bon, ça suffit...

Cinq secondes plus tard, elle attrapait le bras de la forcenée, qui protégée par la pitié, avait par la même occasion réussie à cogner le visage de la recrue d'une vengeance aveugle. Leurs regards se croisaient alors ; l'un anéanti et révulsé, l'autre, redevenu naturel, protecteur et bienveillant, qui ne flancherait pas. Aucune bataille ici. La mère abandonnait, de toute façon consciente que tôt ou tard sa furie se verrait à court de combustible. A peine se laissait-elle choir à terre que Lyuze lui prêtait sa force, la retenant, la redressant, et enfin, l'attrapant entièrement dans ses bras, sa dextre venant se mêler à la chevelure salie par les décombres. A nouveau les pleurs, la détresse. Combien de temps cela durerait-il encore ? Autant qu'il le faudra, puisqu'il n'existait aucune autre option légitime et respectable quant à la manière de partager ce deuil soudain. Au moins, les paupières closes, la combattante masquait également la peine puissante qui lui tiraillait les tripes. Étrangement, leurs larmes étaient partagées, quand bien même il ne s'agissait que d'une mère inconnue, d'une fille inconnue, et d'une histoire comme tant d'autres.

En temps normal, elle aurait placé un mot ou un autre. Ce type de phrasé qui a défaut de réellement consoler apportait sollicitude et bonne conscience. Mais pas cette fois. Elle était là, tout simplement. Et cela n'échappait ni au reste des soldats, ni à la mère brisée qui, bercée par une intention sincère ainsi qu'une chaleur réconfortante, se calmait progressivement, parvenant aux portes du sommeil - Épuisement salvateur. Avec tendresse, elle déposait celle-ci sur un support en toile qui permettrait aux soldats de l'évacuer. Sitôt fait, elle était de retour. La sévérité.

- Vous six, accompagnez et sortez les blessés. Vous autres, approfondissez les fouilles. On ne perd plus de temps, achevez-moi le reste de cette baraque s'il le faut mais à la fin de la journée je veux que chacun ici présent soit capable de me décrire de fond en comble tout ce qui se trouve là dedans. Au passage, elle assena une mince frappe sur le torse plastronné de la recrue. Et on se ressaisit !
Il y a un coupable et je le veux. Je frapperai personnellement du poing sur la table pour dresser un bucher lorsqu'on l'aura trouvé... Quiconque se joue des flammes devrait être le premier à y goûter...  


La mâchoire serrée, elle laissa son regard vagabonder ici et là avant de retourner vers l'extérieur. La rouquine s'était approchée de l'entrée de toute façon, en bon pot de colle, elle qui voulait des détails en avait donc quelques uns même si l'affaire démarrait tout juste puisque la prise en charge des citoyens s'achevaient à l'instant. La Degon-Jabar se plantait au milieu de l'ouverture, masquant de sa droite posture tout ce qui se passait derrière, de façon à faire comprendre à la jeune femme que son implication se jouerait ailleurs que parmi les ressortissants de la Garde.

- A nous. S'exclamait-elle, tout en signifiant de s'éloigner un peu.
Nous sommes en train d'étudier les raisons et la source de cet incendie, alors passons vos questions et concentrons nous sur les miennes.
Elle parlait vite. Vite et sans cette bonté dévoilée quelques minutes plus tôt avec la mère éplorée. Comment vous appelez vous, que faisiez vous dans le quartier et quand exactement vous êtes vous rendue compte de l'incendie ?

Aucune pluie d'interrogations, ici. Elle souhaitait simplement en apprendre plus sur cette étrangère - car c'est ce qu'elle était indéniablement, étant donné cette incruste soudaine en même temps que la Garde une fois le brulot éteint, chose qu'aucun citoyen lambda de Reoni ne se serait permis - et sur son altruisme paré d'une curiosité déplacée. Des curieux, il y en avait toujours. Or faire le tri entre les curieux productifs et les autres semblait être un exercice coutumier de la soldate.

- Comprenez une chose : Soit vous étiez là, soit je doute que votre témoignage soit d'une quelconque utilité, mademoiselle. Il y a ici et là des voisins, des commerçants, qui seront des sources d'information certainement plus évidentes, et je dois avancer.

Elle ne l'envoyait pas sur le carreau, quand bien même son ton particulièrement dirigiste ne laissait que trop peu de place à la cordialité. Seulement elle ne pouvait pas employer toute son énergie à satisfaire une détective en herbe là où d'autres, moins gourmands en attention, s'avéreraient être des collaborateurs tout aussi adéquates, et probablement plus encore.

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Jouons avec le feu [Pv: Nora] EmptySam 3 Nov - 3:28
La rouquine le prit dans l'âme, lorsque celle qui était censée diriger l'enquête s'était substituée à elle. Evidemmnet qu'elle allait observer les raisons de ce congé si soudain, ce n'était pas comme s'il était lié à elle de quelconque manière. Et, bien sûr que c'était sa conscience qui la forçait à venir, elle s'en voulait terriblement mais elle n'y laissait rien montrer. Alors quand elle vit le seul spectacle au monde qu'elle ne pouvait pas apprécier, celui d'une famille brisée, Nora ne put que se contenter de croiser les bras et baisser les yeux. Adossée à l'entrée, elle observait par-dessus son épaule le manège d'une mère sans enfant, une tourmente insidieuse que la rouquine ne saisissait que de loin. Tout ce qu'elle espérait c'est ne jamais devoir ressentir cette peine à son tour, mais le chemin pour la paix ne se ferait pas sans mal, elle le savait. 

Son seul réconfort demeurait dans cette bénédiction qu'ont les My'trans. Dans quelques heures à peine, cette femme aurait oublié sa fille et au final, la mort de cette dernière causerait plus de tort à l'incendiaire qu'à sa génitrice même. La mère de Nora aussi était une fille des Architectes, une fidèle dévouée à Delkhiin, une enfant de la steppe. Elle avait grandi dans les oasis du Nord-Est du pays, son teint mâte en attestait. Mais de ce côté-là, la rouquine tenait de son bon vieux père, une peau blanche comme le lait, presque grisonnante à certains endroits ... et si elle mourrait ? Elle plaindrait son pauvre père qui devrait endurer sa perte en plus du déni de sa femme. Il n'était définitivement pas question de seulement succomber à la culpabilité, qu'importe à quel point elle doit être oppressante. 

Les soldats ne payaient pas de mine, ils semblaient aussi fatigués qu'après une traversée du khoral. L'empathie existait-elle chez les my'trans ? Peut-être n'était-ce là que le résultat d'une rétrospection bien trop avancée chez les représentants de la loi. Nora en doutait, la digestion était, selon elle, une meilleure explication que n'importe quelle autre théorie farfelue à laquelle elle aurait pu songer. Les blessés se faisaient enfin évacuer, le bâtiment se vidait enfin de tout potentiel de risque. Tout ceux qui auraient pu être sauvés préservaient leurs vies, mais le magasin, lui, regorgeait encore des vestiges de l'incident. "Lyuze", car apparemment, tel était son nom, s'avança de nouveau vers elle, peut-être était-elle enfin décider à reprendre l'investigation là où elle l'avait quittée. La rouquine y était toute disposée, fournissant d'une voix plane des réponses courtes, sèches, sur un ton presque rébarbatif.

- Nora, je n'étais que de passage et en même temps que tout le monde. Je ne suis pas pressée, alors je suis restée. 

Son origine Negiin était d'une aide plus que bienvenue lorsqu'il s'agissait de s'innocenter sans mentir, elle n'était pas croyante, c'était un fait, mais le pistolet accroché à une lanière sous son manteau, lui, aurait levé d'immenses soupçons sur sa personne véritable. Les dévots des Architectes étaient toujours si paranoïaques vis-à-vis de la technologie et même si des fois, ils avaient de quoi la craindre, Nora considérait plus cela comme un immense gâchis de potentiel. Après tout, quelle est la valeur véritable du pouvoir des dieux ? A quoi bon cela sert-il d'avoir une puissance infinie de la magie, la capacité de raser une ville entière lorsque, sous des bons termes d'accord commun, il n'y aurait plus besoin même de se soucier d'une attaque ennemie ? La magie n'est que complémente de la technologie, sa mère vit très bien avec deux armes à feu dans le cellier, et, bien qu'elle ne soit pas la meilleure magicienne, elle n'en est pas moins la plus exemplaires des figures maternelles qui puisse être. Enfin, chaque petite fille devait certainement penser ça de sa propre génitrice, l'avis de Nora n'était qu'opinion et sentiments. 

Toutefois, le ton employé par son interlocutrice parvint à faire se braquer un peu cette petite fille de vingt-cinq ans. Elle n'appréciait pas qu'on lui force la main de manière générale, surtout lorsque c'est pour répéter une information qu'elle a déjà donné. Evidemment qu'elle était présente ! Elle était même l'hideuse chienne qui avait déclenché cette incendie, alors des témoignages, elle en avait en réserve ! Et ils le resteraient. 

- Ne m'entendez-vous donc pas ? J'étais là ! Juste au coin de la rue-même ! Valorisez les témoignages qui vous chantent, si le mien n'est que d'une importance minime, à votre aise, mais sachez une chose, j...

Un mouvement hâtif capta son attention, quelqu'un se ruait vers le fond de la place, se sinuant entre les pavés pour se dessiner un chemin. Levant les yeux au niveau facial, Nora constata l'ampleur du mouvement de foule qu'elle n'avait remarqué que trop tard. Une seconde fumée noire s'extirpant d'un bloc d'autres bâtiments, cette fois-ci, civils, s'envolait au travers des nuages, créant un second ciel à ces pauvres âmes aujourd'hui gâtées par les flammes. Ci et là, les gens criaient pour que l'on apporte de l'eau, le plus vite possible. Le regard de la rouquine s'affina, observant une toiture de laquelle quelques manifestations ardentes s'écoulait. Et, en un battement des yeux, elle les vit s'agrandir en une fraction de seconde ... Kohl, sale fumier. Un seul incendie ne t'avait donc pas suffit ...

Serrant les dents, la rouquine bouscula presque Lyuze, passant à son côté pour prêter une nouvelle fois assistance à cet incendie. Son regard s'ornait d'une émotion qu'elle ne se devinait qu'à peine, l'envie de rendre justice, de remettre les choses en ordre. Il y avait un maniaque qui réclamait un brasier de trop là-dehors, et ô combien Nora savait à quel point elle pouvait se dispenser d'un collègue aussi réfractaire à la discipline. Se joignant au mouvement de foule, la rouquine atteignit les blocs enflammés. L'auteur du vacarme avait usé de son don pour propager son bûcher, ce n'était pas une maison qui brûlait, mais quatre, bientôt cinq bâtisses qui commençaient à crouler sous la morsure des braises. Les mêmes cris qu'auparavant ressortaient de l'intérieur. 

Le regard que la Negin avait posé sur les demeures dérivèrent, détaillant du coin de l'oeil, une silhouette et un manteau bien trop familier. Sous un rictus amer, elle dévisagea celui qu'elle reconnut comme étant son collègue d'une fois de trop. Entre l'infinie marée de visages qui entraient son champ, elle vit le regard de cette ordure pénétrer ses pupilles, et en une expression éhontée, il lui adressa une sobre risette, avec un clin d'oeil. Au moment même où ses cils s'entremêlèrent, une explosion provint du bâtiment dont la façade voyait se réunir le plus de monde. Les roches se projetèrent, valsant dans les airs, trouvant la chair pour amortir leur arrivée au sol. Nora ne comptait pas les blessés, pas plus qu'elle ne comptait les corps qui chutaient alentours. La seule chose qu'elle voulait compter à ce moment-ci, c'était le nombre de balles qu'elle avait dans le chargeur de son barillet.

Kohl commença à s'écarter à l'instant où il croisa l'explicité du regard de son ancienne collaboratrice. Il l'avait connue il y a fort longtemps pour sa manie à ne laisser que des cendres derrière son passage, il savait très bien ce qu'il risquait à jouer les malins. Il prit un tournant, duquel Nora devina qu'il commença seulement à courir, sa démarche calme n'attirait pas les soupçons jusque là, mais désormais, il n'y avait personne pour témoigner d'à quel point son attitude était suspecte. La rouquine vint néanmoins à ses trousses, plus désireuse que jamais elle ne l'a été de brûler le sillage de poudre qu'elle a laissé couler à sa suite. 

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Jouons avec le feu [Pv: Nora] EmptyDim 4 Nov - 9:24
       
De la folie pure et simple, ni plus ni moins.
La Garde s'était consolidée dans tout le secteur, au delà du seul détachement de Lyuze, dans l'exercice d'une battue potentiellement fructueuse ; dans pareilles situations les chances se révélaient généralement maigres de mettre le doigt sur le ou les responsables, facteur qui n'empiétait en rien sur les actions habituelles de la sécurité réonienne - ou même de celles d'autres villes - néanmoins, plus rares encore étaient les récidives dans un laps de temps aussi court, et en un lieu aussi proche. Aussi étrange que cela pouvait être, l'apparition de nouvelles fumées déclenchait donc chez la soldate une intime satisfaction : Le jeu du chat et de la souris ne s’éterniserait pas.
Pas le temps de retenir cette fille qui la boulotait tout à coup, même si cette fois-ci la combattante se jurait intuitivement de lui remettre le grappin dessus. Il y avait chez cette dernière une promptitude égale à la trentenaire qui commençait à trancher quelque peu avec les autres civils avoisinants. Mais pour l'heure, priorité oblige, il fallait être là où l'on avait le plus besoin d'elle. Or cela lui coutait. Un criminel en cavale se débattait dans les parages et la partie de chasse démarrerait sans elle.

- Gardes! Dispersion! Les rues doivent être bloquées! Clamait-elle en attrapant la selle de sa monture qui s'était approchée d'un trait soudain, devançant la pensée de sa maîtresse. Le feu, vite!  
 
Une lourde bourrasque annonçait l'envol de l'Ovchin. Voilà qu'elle retrouvait cette vision aérienne, détaillant brièvement les mouvements de troupe qui tâchait de cerner le quartier malgré l'agitation populaire. Le rythme s'accélérait, mais d'autres détachements œuvraient aux alentours et des blocus se formaient plus rapidement que d'autres. De son côté, elle ne faisait que constater brièvement les prémices de cette stratégie coutumière, atteignant rapidement les maisons en proie à un brasier conséquent. Elle savait que son arrivée suffisait à couper net ce nouvel incendie, mais ce qu'elle ignorait en revanche, c'est que les dégâts étaient cette fois ci bien plus colossaux. Et définitifs. Une sainte colère froide habitait la cavalière qui se constituait aussitôt un avis plus précis sur la cause de tout ce malheur ; soit il s'agissait d'une bande organisée probablement haineuse, étrangère, soit l'anguille sous roche n'était autre qu'un pyromane de Zolios... Car tout ceci restait trop soudain. Des flammes vives, dévorantes, et des victimes prises de court et en manque d'échappatoires. Même si les hypothèses se dessinaient progressivement, il y avait à faire. Et tout ceci ne pouvait se terminer sous la prestation d'une garde impuissante. Lyuze attrapait un cor raccordé au ceinturon de Bhüj, puis en fit usage, transmettant ainsi une alerte importante à ceux qui en connaissaient parfaitement la signification.
Quiconque connait Reoni sait que la Garde est omniprésente. Cela ne tarderait pas à être d'autant plus vrai.

Le destrier atterrissait sur l'une des toitures enflammées, sans craintes. Depuis le temps et contrairement au reste de son espèce, cette chaleur hostile et la morsure qu'elle représentait ne l'inquiétait plus. Effectivement sur son sentier, le feu se dispersait sous la tutelle de cette contremaître fermement agrippée à ses plumes. Lyuze matait les flammes avec la même aisance qu'elle les invoquait. Pour cette dernière, tout était une affaire de contrôle, et son talent phare constituait en une expression mesurée de sa magie ; si la colère outrepassait parfois sa tempérance, nulle autre démonstration que de modestes étincelles n'osaient s'extirper à son commandement. N'importe quel flambeau devenait marionnette, autrement dit relié à elle et sans volonté propre de s'étaler au delà de toute discipline. Elle en pénétrait l'essence même, décidant de leur course ou les dissipant tout simplement. Ce qui fut le cas encore une fois - Ses bras s'ouvraient, et voilà que le profond écran de fumée fusait en sa direction, bientôt suivi par le reste du brasier, plus intense, qui quittait ses sources originelles pour se relier fatalement à elle. Puis plus rien. Plus rien, si ce n'est odeur et douleur, puisque si un son s'était éteint, le charnier d'en bas demeurait. La soldate serrait les dents. Quelqu'un commençait à accumuler de sérieuses dettes auprès de Reoni mais aussi de Süns.
Et c'était à son tour de se faire connaître.
Il n'y aurait pas de troisième incendie. L'affaire devenait particulièrement grave, l'armée s'intensifiait et il n'y avait pas à douter que si l'environnement proche dénotait d'un chaos sans nom, plusieurs cercles s'étaient formés tout autours, de plus en plus solides. Cela se jouait sur deux tableaux : D'une part, ceux qui se trouvaient au cœur du problème, d'une autre, ceux qui s'efforçaient de restreindre l'étendue du problème. Ce n'était plus au tour des flammes de s'exprimer, et un couvre-feu lointain continuerait d'étendre son champ d'action. Jusqu'à ce que la zone principalement frappée soit elle-même sous contrôle. La cavalière avait désormais les mains libres, et c'était tant mieux, puisqu'en son corps résonnait fortement les battements de son cœur - Son esprit succombait aux affres de l'adrénaline, il ne s'agissait plus de faire justice, seulement de réprimer un fléau puis de devenir entièrement maître d'une situation. Un point qui avait toujours compté pour elle et qui en devenait cette fois ci tout à coup maladif ; elle ne laisserait pas passer une telle chose. Non pas parce que les autres comptaient sur la justice, la Garde, la sécurité, mais uniquement parce qu'elle ne le tolérerait pas envers soi-même.

Voilà qu'elle se retrouvait plus impliquée que d'ordinaire, et pour des raisons moins légitimes qu'à l'accoutumée, chevauchant de plus belle son ovchin non sans marquer des arrêts éphémères en se postant telle une gargouille sur les hautes toitures environnantes. Sa créature ne volait plus, bondissait et planait, alors que la soldate détaillait avec vélocité chaque nouvelle prise de vue, de son visage noirci par ce goût soudain de la chasse à l'homme. Dans sa recherche, elle ne manquait pas de faire peur, détail insignifiant à ses yeux obscurcis par son souhait du moment. Puis encore un saut.
Bhüj s'agrippait à une nouvelle fondation, sans que sa propriétaire ne lui intime la volonté de continuer sa course effrénée. Plus bas, il y avait cette fille interrogée tantôt, habitée d'une énergie plus marquée encore qu'auparavant. Elle aussi semblait différente, en cet instant.
Mais que faisait-elle exactement ?

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Jouons avec le feu [Pv: Nora] EmptyDim 4 Nov - 19:05
Courir était l'un des chics du pyromane, lorsque l'on incendie un bâtiment, il faut toujours savoir ne pas être aux alentours lorsque la situation deviendra esclave des flammes. Même chose pour une explosion, il faut savoir faire des jambes pour ne pas être pris à son propre jeu. Alors, si Nora n'était pas la plus lente des filles d'Irydae, Kohl n'était sûrement pas moins rapides. Tous deux partageaient un métier, après tout, la rouquine présumait que dans la ruelle où il venait d'entrer, l'incendiaire avait déjà commencé à détaler le plus vite possible. L'attention se centrait sur les braises incandescentes, personne ne se souciait de la minuscule allée à quelques blocs à peine de l'incident. De ce que l'originaire de Nislegiin pouvait dire, il n'y avait qu'elle et son ancien partenaire qui étaient intéressés par un chemin aussi étroit. Pour lui, c'était une échappatoire facile, pour elle, c'était la plus aisée des lignes des mires. 

Talon s'appuyant sur le pavé, Nora vit le salopard plus loin encore que ce auquel elle s'attendait. Un cercle de flammes l'entourait, suivait ses mouvements comme un sillage incandescent. Ravalant un juron, la jeune femme se contenta de tirer son arme hors de son manteau, sur l'instant, peu importait la discrétion, seule la justice devait prévaloir. Ce salopard avait brisé leur contrat sans vergogne, y ajoutant une ligne dont l'instigatrice du plan ne voulait absolument pas. Viser les civils n'avait jamais été partie du plan, malgré les dommages collatéraux à la boutique. Kohl avait agi en connaissance de cause, désormais, il allait devoir affronter les conséquences des actes dont il n'a su se restreindre. L'attraction de la destruction était pour le sadique, l'équivalent d'une large bouffée d'opium, la satisfaction avec. 

Le pas élancé de Nora trouva une halte, frottant le sol et soulevant la poussière de sous son talon. La marque de son empreinte imprima le vestige de son arrêt, son regard, lui, se projetait à la position de sa cible. Bientôt, il tournerait une seconde allée, elle avait le temps pour tirer deux balles, peut-être trois. Le chargeur devant la gâchette contenait six munitions on ne peut plus classiques, pas de magithèque quelconque intégrée à l'arme, rien qu'une bonne vieille cracheuse de feu et de plomb. Kohl l'aimait brûlante ? Il allait recevoir une sacrée déflagration. Mirant de profil, la rouquine plissa son oeil second, laissant au principal tout le loisir de viser sa cible mouvante. Le premier tir retentit, résonnant entre les deux façades comme le plus abrupt des tambours. Le projectile ne rencontra que la roche et un morceau de linge suspendu. Elle s'essaya à un second tir, mais le succès ne fut pas plus flagrant. Au moment où elle comptait appuyer une troisième fois sur la gâchette, le coupable prit un tournant, s'échappant dans une allée plus peuplée. Il allait toutefois devoir ralentir l'allure s'il ne voulait pas lever les suspicions, Nora, elle, n'avait rien à cacher. Sa course continua jusqu'au virage dernièrement pris et ... plus rien.

Une simple rue commerçante s'offrit à elle, pas de Kohl, pas de remarques étranges, pas de rumeurs sur le visage des passants. Juste un jour ordinaire semé d'une panique passive de par l'incendie allumé aussi proche. Jetant un regard dur comme l'acier et aiguisé comme un hachoir sur les alentours, la rouquine dut se rendre à l'évidence, son cher collègue s'était volatilisé. Il devait certainement avoir d'autres contacts à part elle ... ce fumier l'avait doublé, elle avait sous-estimé la portée de son réseau, ici, pourtant loin de ses terres d'origine. 

- Sale chien !

Le juron sortit de la plus naturelle des manières de la bouche de la jeune femme, qui baissa le visage de dépit, prenant ses genoux sous ses paumes pour récupérer du sprint qu'elle s'était vue effectuer. Il avait dû rentrer dans l'une des maisons du quartier, mais Nora n'avait aucun droit pour s'immiscer chez des citoyens, persévérer ici ne lui causerait que du tort. En revanche, il y avait des dégâts collatéraux qui avaient besoin d'être soignés, tout ce qu'elle espérait c'était que personne ne l'ait vue user de son arme. Rangeant avec attention cette dernière dans l'étui sous son manteau, elle revint sur ses pas, là où les pierres hantaient le parvis des habitations. 

Il y avait bien trop de corps, allongés là, bien trop de cadavres alignés, draps posés sur leurs visages pour ne pas aviver la rumeur de la panique. Les pierres en écrasaient encore certains, des blessés se remettaient à peine du choc soit avec les roches, soit avec la flamme et d'autres bouts d'anatomie dépassaient des décombres de la première maison touchée. La façade s'était déversée sur l'allée, des bouts de poutre avaient fondus sur des passants les happant, brisant le dos de certains, assommant d'autres. Cette fois-ci, Nora n'avait pas la force de compter les cadavres, son âme lui disait de tirer parti de cette situation, de profiter de la panique pour semer une plume dans l'amoncellement de pierres, mais elle n'en avait pas le coeur ... ce symbole était une mauvaise idée de toute manière, on la prendrait pour une adepte de Möchlog, ou bien un groupe de fanatiques de Khugatsaa. Elle retravaillerait cet emblème plus tard ... pour l'instant, elle s'affairait simplement à ramasser les corps et débris, sans jamais cesser de penser à Kohl.

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