| | Eylohr Lothar
| Ven 25 Jan - 10:03 | | Irys : 401379 Profession : Terroriste en fuite - Hermite
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- Ce qu’il y avait de satisfaisant à se faire connaitre comme une bête assoiffée de sang, comme un forban implacable, un mercenaire de qualité, un combattant des mers, une menace redoutable, c’est qu’il était extrêmement facile d’obtenir des informations sur tout et n’importe quoi. En revanche, rien ne permettait de s’assurer de la véracité de ces informations, ni de leur viabilité, le monde changeant parfois à vitesse grand V. Et si une information était bonne à une époque, elle ne l’est peut-être plus au jour d’aujourd’hui. Il est parfois très facile de disparaître dans ce monde, surtout lorsque l’on se trouve du côté hasardeux de la loi…
Eylohr aurait sans doute dû prendre le temps de vérifier les informations qu’une fouine des bas quartiers de Vereist lui avait fourni. Un homme, d’un jeune âge, chichement vêtu, transporterait avec lui et de manière tout à fait secrète, des informations importantes concernant des hauts gradés de l’armée de l’UNE, et les emplacements de stocks d’armes des forces armées sur le continent. En somme, voilà qui avait suffisamment mit l’eau à la bouche du colosse pour le pousser à recruter parmi les membres de la Flamme Noire et parmi les quartiers malfamés, afin de mettre la main sur cet homme qui serait, il le croyait fermement, sa poule aux œufs d’or. C’est ainsi qu’accompagné d’une quinzaine d’individus habillés de manière tout à fait ordinaire et transportant des armes et des pièces d’armures dans de gros sacs de transport de type militaire, il prit le chemin d’une petite bourgade de quelques centaines d’âmes, bourgade par laquelle passerait l’homme recherché dans un train, train qu’ils allaient devoir braquer. Ils firent également l’acquisition de 6 bâtons de dynamites dopée. Dopée ? Oui. Ils contenaient de plus grandes doses de TNT et, surtout, il y avait à plusieurs endroits, de petites doses de nitroglycérines. De quoi faire un maximum de dégât, donc. Ils étaient prêts à tout pour obtenir les plans et enlever cet homme. Ils disposaient d’une planque, à quelques kilomètres du village, planque qu’ils atteindraient sans trop de difficultés, car ils avaient prévu de semer un tel carnage que les quelques garnisons miliciennes seraient occupées ailleurs. Oui, une diversion en langage commun. Et quelle diversion…
Ils prirent la direction de la gare du village par petits groupes. Certains partirent de Cerka, d’autres débarquèrent du navire pirate dans une crique protégée, d’autres encore avaient fait un grand détour, passant à travers plusieurs villages avant de bifurquer et d’atteindre le village cible, tout cela dans le but de brouiller les pistes et d’éviter d’être reconnu. Oui, il n’était pas trop con parfois le géant venu du Nord. Ou plutôt, il avait appris de certaines erreurs, mais pas de toutes, visiblement. Ils arrivèrent dans la journée dans le village cible, et préparèrent leur méfait. Un groupe de pirate correctement armé s’était faufilé jusqu’au chef-lieu du village, la mairie du bourgmestre. Là, ils commencèrent à établir leur mission : plastiquer la mairie en plusieurs endroits, dans le but premier de faire diversion, mais également que cette diversion soit suffisamment meurtrière et choquant afin qu’elle puisse attirer toutes les forces miliciennes dans les environs. Durant ce temps, le gros du contingent de flibustier se dirigeait vers la gare, prêt à cueillir celui qui détenait, disait-on, des informations hautement sensibles et qui seraient croustillantes pour le colosse en quête de destruction. Là, il faudrait agir minutieusement. Mais tout d’abord, il faut repérer les lieux.
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| | | Phileas Graf
| Jeu 14 Fév - 10:51 | | Irys : 224957 Profession : Clerc de notaire
| Il faut rendre à Boëlyn ce qui est à Boëlyn, l'informateur du pirate avait été correct sur un point: il y avait bel et bien un homme, d'un jeune âge, dont les vêtements avaient vu des jours meilleurs dans le train vers Cerka. Et il avait en effet rendez-vous avec un ponte de l'armée daënare l'après-midi d'après. En revanche, le motif de ce rendez-vous était bien plus banal qu'un transport de documents classés secret défense. Il s'agissait de ni plus ni moins qu'un acte concernant l'achat d'une maison à Alexandria. Et, puisque cet éminent personnage était trop occupé pour se déplacer à la capitale et assez influent pour obtenir une attention particulière, le notaire avait envoyé son clerc.
Ce qui nous amène donc à la raison de la présence de Phileas dans ce fameux train d'Alexandria à Cerka. Il était loin de se douter de l'épée de Damoclès qui lui pendait au dessus de la tête et savourait le fait que pour l'occasion son employeur ait daigné lui payer une place en seconde classe plutôt qu'en troisième. Bon, uniquement pour l'allée, il ne fallait pas exagérer non plus. Mais c'était déjà ça.
Pour le moment, il profitait des sièges au rembourrage plus comfortable que le bois dur des troisièmes classes ou de sa chaise du bureau et regardait défiler le paysage à travers la vitre. Ils avaient quitté les zones urbaines depuis un moment déjà et laissé derrière eux les lignes surélevées d'Ünellia pour s'enfoncer dans les forêts de Rathram. Elles n'avaient rien à voir avec sa taïga natale, mais c'était déjà une amélioration par rapport aux monstres de pierre qui composaient Alexandria. Dans l'ensemble, l'ancien trappeur était donc ravi de ce voyage, d'autant plus qu'il lui permettait d'échapper pendant quelques jours à son irascible patron, dont le caractère ne s'améliorait pas avec l'âge (au contraire!)
Bon, évidemment, sur un trajet pareil, il y avait des haltes de temps en temps, nécessaires tant pour les passagers que pour le train et ceux qui s'occupaient de le faire avancer. Ils avaient fait déjà deux haltes, l'une très brève et l'autre un peu plus longue, dans des gares de moindre envergure, et la prochaine était prévue pour quelques heures plus tard. C'était la dernière étape avant leur arrivée et le Vereistien était impatient de pouvoir à nouveau se dégourdir les jambes, même brièvement. |
| | | Eylohr Lothar
| Jeu 14 Fév - 11:33 | | Irys : 401379 Profession : Terroriste en fuite - Hermite
| - D’après le petit tableau mit à jour régulièrement par un des contrôleurs de la petite gare, bien joufflu et à la panse visiblement bien alimentée, le prochain train arriverait dans 2h30. Très bien. Ce serait même peut-être un peu long pour le colosse qui n’avait pas besoin d’autant de temps. Il fit ajuster sa montre à gousset et celle de ses hommes, et en envoya un faire l’aller et le retour jusqu’à la place forte de la petite ville, afin que la synchronisation soit presque parfaite. Il devait y avoir 10 minutes entre le déclenchement de la diversion et l’attaque du train, en espérant que le train ne soit pas trop en avance.
Ils repérèrent les lieux. La gare était un grand bâtiment doté de plusieurs salles : une grande salle d’attente, où les panneaux d’affichages sont mis à jour régulièrement, une salle de contrôle avec tout le nécessaire de communication, et de plus petites salles dotées de sièges et de canapés. Une dépendance faite de tôle renfermait les outils, les uniformes et les ustensiles nécessaires aux mécaniciens, aux contrôleurs et aux agents d’entretiens pour mener à bien leurs missions. Les deux bâtiments, sur deux étages pour la gare et un seul pour la dépendance, devaient faire environs 250m2, au moins. Il y avait donc de la place pour agir. Face à cette gare se trouvaient plusieurs lignes de rails, quatre pour être précis, lesquelles permettaient à deux trains de se rencontrer sans entrer en collision. D’autres permettaient à un train de s’arrêter plus longuement tout en évitant de bloquer les rails principaux. Ils ne sont pas bêtes les Daënars parfois.
Vu la disposition, les bâtiments et le plan d’action, ils auraient besoins de quelques bâtons de dynamite. Ça tombe bien, il en avait plusieurs. Sur les six bâtons qu’il avait réussi à obtenir, il en donna 3 au groupe de diversion, en réserva deux pour le coup du train, et un… Au cas où.
Les quelques forbans qui étaient restés avec lui, au nombre de 6 sur les 15 au départ, s’attroupèrent autour de lui afin d’écouter le plan. Celui-ci était simple. Alors que la distraction était sensée attirer tout le monde vers le centre de l’agglomération, et faire fuir les civils les moins téméraires, ils attendraient l’arrivée du train et son arrêt total pour pouvoir plastiquer et détruire le poste de garde et tous les postes radios et télégraphiques. La communication serait beaucoup plus difficile entre la gare et les gardes de la milice qui seraient au charbon. Ensuite, il fallait se préparer un itinéraire de sortie. Et celui-ci était tout trouvé : le train. Il suffisait de détacher la locomotive – et éventuellement un des nombreux wagons – et de la faire repartir pour pouvoir s’éloigner aussi rapidement que possible. Et une fois suffisamment loin de la ville, ils s’arrêteraient, et reprendrait la route vers le navire sans jamais passer par les villes et villages. Il faudrait marcher quelque peu, ou voler des chevaux. Et si le train ne s’arrêtait pas ? On ferait exploser les rails, dérailler les trains, et on prierait que l’informateur ne soit pas trop amoché.
Un corsaire joua le rôle d’un ivrogne, comme il y en avait de nombreux ici-bas. Et une fois sur les rails, il fit mine de chuter, et plaça le bâton de dynamite et le système de mise à feu. Pour pouvoir l’activer, il suffirait simplement de revenir et de l’allumer, et de s’éloigner rapidement avant la fin du délai de 10 secondes. Et pour le poste de garde, il suffirait de balancer le bâton de dynamite allumé, et de s’en éloigner rapidement. N’oublions pas que ces bâtons surdosés et dopés à la nitroglycérine allaient faire d’énormes dégâts.
Tout était en place. Les corsaires se placèrent à différents endroits stratégiques afin d’être plus rapide. Celui qui se fit passer pour un alcoolique avait été mit dehors et attendait en face de la gare, de l’autre côté des rails, là où descendaient d’ordinaire les passagers des trains arrivant en sens inverse. Il était seul, puisque personne n’attendait de train. Un autre était en face de lui, prêt de là où les passagers du train ciblé allaient devoir descendre. Un troisième était dans la salle d’affichage. Un quatrième était près de la dépendance technique, et un cinquième se trouvait prêt du poste de garde. Eylohr, lui, s’était assis dans la salle d’attente, afin que sa grande taille passe un peu plus inaperçue. Il ne manquait plus que de voir le contrôleur afficher l’arrivée du train quelques minutes avant, pour que tout le monde se mette en place.
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| | | Phileas Graf
| Mer 6 Mar - 23:15 | | Irys : 224957 Profession : Clerc de notaire
| Pendant les deux dernières heures avant leur prochaine étape, Phileas ressentit de plus en plus le besoin de se dégourdir les jambes, de déplier ses genoux qui commençaient à devenir sacrément ankylosés. Il était trop jeune pour blâmer l’âge pour ses désagréments, qu’il ne pouvait donc attribuer qu’au manque d’exercice physique et à ses conditions de vie pas franchement idéales. Enfin, au moins il parvenait à envoyer chaque mois une petite somme d’argent à sa famille.
En face de lui, un enfant remuait sur les genoux d’une jeune femme qui avait fermé les yeux un quart d’heure plus tôt, probablement épuisée par le voyage ou l’attention continue qu’un gamin si jeune exigeait en permanence. Le Vereistien s’était occupé d’assez de ses frères et soeurs à cet âge-là pour avoir de la sympathie pour la voyageuse et trouver un moyen de lui donner l’opportunité d’avoir un peu du repos dont elle semblait avoir tant besoin.
D’une poche intérieure de sa redingote, il tira un petit carnet auquel il arracha une feuille. Puis, après avoir accroché le regard du jeune garçon, il se mit à la plier méthodiquement. Un coup d’oeil à l’enfant lui permit de constater avec satisfaction qu’il l’observait attentivement, trop content d’avoir quelque chose de plus intéressant à regarder que le paysage qui défilait. Quand Phileas eut fini son oeuvre, une délicate fleur de papier trônait là où il avait posé une simple feuille de papier. Il la tendit vers son unique spectateur… pour la faire disparaître quand celui-ci tendit la main pour s’en emparer! Surprise et courroux se dessinèrent sur le visage de l’enfant, puis cédèrent la place à un grand sourire quand le clerc « retrouva » le délicat objet derrière son oreille. Il s’agissait d’un tour de passe-passe qui demandait une certain pratique, mais dont le résultat surprenait toujours… tant que le spectateur ne connaissait pas le truc.
Pendant une bonne partie du trajet, la fleur en papier multiplia les apparitions et les disparitions, jusqu’à ce que son créateur la tende au gamin face à lui. Il arracha ensuite deux nouvelles feuilles à son cahier et entreprit de monter au garçon comment lui aussi pouvait la plier pour donner naissance à une fleur. Le résultat ne fut pas franchement concluant, mais au moins il occupa le jeune voyageur jusqu’à leur arrivée en gare.
Une fois le train arrêté, Phileas hésita à réveiller la jeune femme pour lui signaler qu’elle pouvait quitter le train pendant un moment, mais le garçon (son fils? neveu? autre?) prit la décision à sa place, trop pressé de lui montrer sa dernière création.
« Regarde, j’ai fait une fleur! »
La fleur en question était un peu de travers et un peu aplatie, mais vaguement reconnaissable.
« Et le monsieur sait les faire disparaître! »
Avec des restes de sommeil sur le visage et de sacrés points d’interrogation dans les yeux, la jeune femme porta son regard vers Phileas. Plutôt que d’expliquer la situation, ce dernier se contenta de lui montrer la fleur qu’il avait toujours en main et de la faire disparaître une nouvelle fois. Une lueur de compréhension passa dans les yeux de sa voisine, qui lui adressa un sourire fatigué.
« Nous sommes arrivés en gare, je peux vous ramener quelque chose si vous souhaitez vous reposer pendant l’étape. »
Elle secoua la tête en réponse à cette proposition.
« Un peu d’air frais nous fera du bien. Je m’appelle Eva Amsel, et mon fils s’appelle Tobias. »
« Phileas Graf, enchanté. »
Il se leva, la précédant hors du wagon pour lui offrir son bras pour passer la marche qui menait du wagon au quai. Un geste motivé par une certaine galanterie apprise depuis son arrivée à Alexandria plutôt que par une quelconque conviction qu’elle était incapable de faire ces quelques pas sans aide. Elle accepta son bras et ne le relâcha pas immédiatement une fois sur le quai, ce qui devait vouloir dire qu’elle n’avait rien contre un tel geste. |
| | | Eylohr Lothar
| Jeu 7 Mar - 15:22 | | Irys : 401379 Profession : Terroriste en fuite - Hermite
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| | | Phileas Graf
| Mar 2 Avr - 22:12 | | Irys : 224957 Profession : Clerc de notaire
| Dès qu’il eut mis un pied sur le quai de la gare, Phileas sentit l’étrange ambiance qui pesait sur les lieux. Il y avait dans les airs une tension, une peur qui n’avait rien à voir avec l’arrivée du train, vu comme tous les regards convergeaient vers un point dans une direction bien différente. Automatiquement, instinctivement, Eva et Phileas tournèrent eux aussi les yeux vers ce point qui suscitait tant d’intérêt… pour découvrir ce qui de loin ressemblait à un nuage de mauvais augure et de près devrait être rien de moins que catastrophique.
Avec une bonne partie de son attention tournée vers la colonne de fumée qui s’élevaient au loin, le clerc remarqua à peine certains mouvements suspects qui avaient lieu bien plus près de lui. Ce n’est qu’en entendant deux coups sourds qu’il réalisa que quelque chose de pas normal se tramait. Cependant, il n’eut pas le temps de se préparer à quoi que ce soit avant qu’une horde hurlante se rue sur la petite foule dans la gare et que le chaos démarre.
Alors d’accord: Phileas savait relativement bien se débrouiller en combat au corps-à-corps et avait des restes d’une condition physique jadis excellente. Cependant de là à s’attaquer, désarmé, à une troupe non seulement armée mais qui en plus avait l’air composée de combattants aguerris, il y avait bien plus qu’un pas. Sans compter que la présence d’Eva et de Tobias compliquait encore les choses, puisqu’il pouvait difficilement les abandonner.
Avant même que le Vereistien parvienne à déterminer ce qu’il devait faire, il se retrouva projeté à terre par le souffle d’une violente explosion. L’air quitta brusquement ses poumons et la poussière qui y entra quand il prit une longue inspiration le fit tousser. Comme si cela ne suffisait pas, il avait un sifflement désagréable dans les oreilles. Il se secoua pour reprendre ses esprits au plus vite et vit qu’il était tombé à moitié sur Eva. Bon, une chance qu’il ne soit pas trop lourd. Par contre, la jeune femme avait perdu connaissance, ce qui avait probablement un lien avec la roue de wagon en métal que sa tête avait dû heurter. Tobias, par contre, avait disparu. Cette constatation glaça Phileas plus encore que le brusque débarquement des forbans ne l’avait fait.
Mais il n’eut pas le temps de se mettre à la recherche du gamin: déjà des mains rudes le relevaient sans ménagement. Instinctivement, il se défendit en envoyant son coude droit là où il estimait que le nez d’un de ses agresseurs devait être, puis son coude gauche à hauteur de l’estomac de l’autre. Le second bandit se plia en deux sous le choc, par contre le premier coup n’atteignit son destinataire qu’à l’épaule, ce qui eut beaucoup moins d’effet. Résultat, le clerc réussit juste à récolter un coup de poing à hauteur de la mâchoire et un coup de tête qui lui fit voir des étoiles. Entre-temps, le second malfaiteur avait récupéré et s’était à nouveau emparé de lui. Groggy, en sous-nombre, le Vereistien ne put qu’assister impuissant au meurtre de la jeune femme qu’il venait de rencontrer. Et ni ses efforts pour se dégager de la poigne des deux meurtriers ni le flot d’injures qu’il déversait à leur encontre ne l’aidèrent: il se trouva entraîné inexorablement là où ils voulaient l’emmener.
L’esprit est une chose étrange. Alors que le train s’éloignait du massacre à vitesse grandissante, les pensées de Phileas étaient à mille lieues de questions relativement vitales telles que: pourquoi cette attaque? pourquoi avait-il été épargné (pour le moment) et enlevé? qu’est-ce que ces pillards attendaient de lui? Même le carnage auquel il venait d’assister lui apparaissait comme une image trouble, telle une photo mal développée. Non, l’image qui semblait incrustée sur sa rétine était le sourire joyeux de Tobias quand il avait montré à sa mère à peine réveillée sa petite fleur en papier. Qu’est-ce qui était arrivé à ce gosse? Avait-il survécu? Si oui, qu’adviendrait-il de lui maintenant qu’il était orphelin? Le clerc aurait sans doute pleuré pour ces deux vies détruites (et pour les nombreux autres anonymes qui jonchaient maintenant le sol de la gare) s’il n’avait pas été aussi furieux. Une colère sourde grondait en lui et lui épargnait pour le moment les douleurs physiques et mentales qui se feraient certainement sentir plus tard. |
| | | Eylohr Lothar
| Sam 6 Avr - 14:04 | | Irys : 401379 Profession : Terroriste en fuite - Hermite
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| | | Phileas Graf
| Dim 28 Avr - 15:42 | | Irys : 224957 Profession : Clerc de notaire
| Passé un moment, n’importe qui commence à tourner en rond avec les malédictions et les injures. Sans compter que ni les unes ni les autres n’avaient l’air d’avoir le moindre effet sur les ravisseurs de Phileas. Forcément. Il finit donc par se taire, même s’il n’en pensait pas moins. Il n’était pas d’un naturel colérique, mais même lui avait ses limites, limites qui avaient été largement dépassées par les récents événements.
Il avait vu le géant avant que celui-ci ne parle, évidemment. C’est ne pas le remarquer qui aurait été difficile: sa carrure seule suffisait à garantir qu’on ne puisse pas le rater, mais en plus le clerc soupçonnait qu’il était le meneur de cette bande de criminels. En tout cas, le peu qu’il avait vu de la dynamique du groupe lui donnait cette impression. La loi du plus fort primait, sans doute. Quelle surprise. À la colère se mêla un profond dégoût pour ces personnes qui usaient d’une violence aussi bestiale sans paraître éprouver le moindre remord. Mais toujours pas de peur.
Même quand le colosse daigna enfin lui accorder son attention, malgré la menace on ne peut plus claire et la voix proche du grondement, l’ancien trappeur ne ressentit aucune crainte. Et pourtant, il savait que tout, de sa situation à la présente compagnie en passant par ce qu’il venait de vivre, aurait dû le terrifier, le tétaniser. Il était d’ailleurs le premier étonné de ne pas être paralysé par l’effroi. Pourtant, les faits étaient là. Que ce soit un étrange symptôme post-traumatique ou simplement parce qu’il n’y avait plus de place dans son esprit à côté des autres émotions qui y faisaient déjà rage, la peur brillait par son absence.
Seulement voilà: la peur est une composante essentielle de l’instinct de survie. Certes, le courage consistait à passer outre cette émotion paralysante, mais la témérité était quelque chose de bien différent. En l’absence de crainte, Phileas fit donc quelque chose de parfaitement et complètement stupide: il leva les yeux et les planta fermement dans ceux de son interrogateur, comme un défi silencieux. Et, comme un malheur ne vient jamais seul, il ne put s’empêcher de l’ouvrir.
« Parole de corsaires? Et elle est censée valoir quoi, la parole de quelqu’un qui vient de massacrer des innocents sans le moindre scrupule? Et depuis quand est-ce que des corsaires s’attaquent aux civils de leur propre nation? »
Une tirade aussi furieuse que ses précédentes vociférations n’était pas la bonne manière de réagir aux exigences du corsaire autoproclamé (qui était plus probablement un pirate ou un bandit). Il aurait dû courber l’échine, se montrer coopératif, faire preuve du même flegme que quand son employeur le rabaissait plus bas que terre… Mais la vue du sang qui quittait le corps de sa voisine de compartiment l’avait aveuglé et prudence n’était en ce moment qu’un concept très abstrait, trop abstrait pour se frayer un chemin dans son esprit embrumé. |
| | | Eylohr Lothar
| Mer 8 Mai - 11:46 | | Irys : 401379 Profession : Terroriste en fuite - Hermite
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| | | Phileas Graf
| Sam 20 Juil - 21:55 | | Irys : 224957 Profession : Clerc de notaire
| Il aurait dû savoir que défier quelqu’un capable de la violence à laquelle il venait d’assister n’était pas une bonne idée. D’ailleurs, défier n’importe qui en étant en infériorité numérique, à fortiori quelqu’un qui faisait trois fois sa taille (et Phileas n’était pourtant pas un gringalet), était une mauvaise idée. Et pourtant, il ne vit pas arriver le coup qu’il se prit et qui envoya presque sa tête se cogner contre son épaule gauche. Il vit des étoiles, bien vite remplacées par un voile noir qui lui épargna d’entendre le « crac » peu engageant que fit quelque chose dans sa mâchoire.
Il revint à lui quelques instants plus tard, le visage sacrément malmené et encore un peu sonné. L’esprit embrumé, il tenta de se concentrer sur les mots du géant pour comprendre ce qu’il lui voulait, mais… il avait la très nette impression que quelque chose lui échappait.
« L’armée? »
Aie, parler lui faisait mal, il aurait mieux fait de s’abstenir. Enfin, non: s’abstenir n’était pas une option vu la lame qui se trouvait dangereusement près de certains organes dont il avait besoin sans trous et en une seule pièce. Au prix d’un effort qui lui parut surhumain, il se concentra pour relier entre eux les différents éléments dont il disposait. L’attaque de la gare, probablement liée à la fumée qu’il avait auparavant aperçue au loin, les meurtres sans logique apparente alors que lui était épargné et emmené, cet interrogatoire qui allait droit au but et pourtant lui paraissait n’avoir ni queue ni tête… On le prenait sans doute pour le porteur de documents secrets.
« Merde… »
Cette fois, le juron n’était destiné à personne en particulier, mais une simple réaction à sa situation, qu’il venait à peine de comprendre. La peur, si longtemps absente, choisit se moment pour frapper et prendre le clerc aux tripes. S’il n’avait pas été tenu par le col et semi-soulevé, ses genoux se seraient sans doute dérobés sous lui. Il n’était pas franchement fier, mais d’un autre côté, il n’y avait pas grand-monde dont l’opinion lui importait dans les parages.
Heureusement, la peur a parfois aussi des effets positifs, et elle réveilla l’instinct de survie jusque là défaillant du Vereistien. Si vraiment il avait transporté des documents top secret d’importance capitale, peut-être se serait-il convaincu qu’il y avait un certain honneur à mourir héroïquement pour protéger le secret, comme certains héros de romans d’aventure le faisaient. Seulement il transportait uniquement un banal acte de vente immobilière et il n’avait vraiment pas envie d’être tué parce qu’un haut ponte de l’armée avait acheté une maison de campagne. Mais voilà: la vérité ne lui serait d’aucun secours car, soit on ne le croirait pas, soit ses assaillants en déduiraient qu’il leur avait fait perdre leur temps et qu’il ne leur était d’aucune utilité. Dans les deux cas, sa santé en prendrait un coup. Il devait trouver une autre manière de s’en sortir. Ca voulait dire: broder et espérer que les autres avaleraient ce qu’il racontait.
« Vous pourrez rien faire de mes documents. »
Parler faisait toujours aussi mal. Il devait voir le bon côté des choses: au moins il n’avait pas à jouer la douleur et la trouille, puisque les deux lui venaient naturellement. Maintenant, il espérait que ce qu’il avait en tête passerait.
« Ils sont pas complets. Ils sont inutilisables sans l’autre partie au cas où ils tomberaient en de mauvaises mains. »
Bien qu’il ne soit pas dans l’armée, c’était ce qu’il ferait s’il devait transporter des documents de haute importance. En tout cas, le stratagème lui paraissait crédible.
« Ils donnent pas toutes les informations aux messagers. Je sais juste où je devais apporter mes documents à moi, mais ça serait pas la première fois qu’ils utilisent le même point de rendez-vous pour plusieurs parties. »
Est-ce qu’ils avaleraient ça? Il l’espérait de tout coeur, mais au moins il avait l’impression qu’il serait vite fixé. Ces types-là ne tournaient pas autour du pot. |
| | | Eylohr Lothar
| Jeu 31 Oct - 10:28 | | Irys : 401379 Profession : Terroriste en fuite - Hermite
| « Le Borgne » était impuissant face à la suite des évènements. Derrière lui, les ruines de la Mairie du Bourgmestre fumaient encore un peu après l’immense explosion qui avait détruit l’ensemble du bâtiment, et soufflée la quasi-totalité des fenêtres des autres appartements autour de la place centrale. Il faut dire que les pirates avaient placé des charges de dynamites dopées à la pyromagilithe. La puissance de chaque charge était alors largement augmentée, et les dégâts furent impressionnants. Devant lui, la ligne d’appartements enfoncés dans un grand immeuble long de plusieurs dizaines de mètres. Dans cette barre d’immeuble se trouvait l’appartement où, quelques minutes auparavant, les corsaires avaient pris position pour tirer sur les miliciens qui ne se doutaient pas de la puissance de feu de leur adversaire. C’est également là que le canon de 88 millimètres des miliciens tira deux obus, détruisant l’entièreté de l’appartement et anéantissant ainsi la force de frappe des pirates. Bizarrement, le temps semblait figé. Miliciens comme corsaires voyaient les débris, les projectiles et les cadavres tomber au ralenti, tandis que leurs mouvements semblaient eux aussi entravés. « Le Borgne » et deux autres gars rechargeaient leurs armes pour pouvoir prendre la fuite, et, de là où ils étaient, ils avaient une vue imprenable sur les mouvements des miliciens face à eux, et pouvaient entendre les artilleurs, derrière eux, recharger l’effroyable pièce d’artillerie. Ils n’avaient plus beaucoup de temps. Les ruines de la Mairie protégeaient « Le Borgne » et les deux autres d’un tir direct de l’artillerie, mais ils étaient bel et bien en danger. Tous les trois, ils effectuèrent un « tir de couverture » comme disent les militaires. Ils tirèrent chacun cinq cartouches, vidant de moitié les chargeurs de leurs fusils, avant de traverser la place en direction de l’Est. Ils traversèrent ainsi la rue où se trouvait le canon, au nez et à la barbe des artilleurs, les tirs forçant les miliciens qui étaient en face des corsaires, à baisser la tête pour se protéger. Ils coururent à perdre haleine, souhaitant traverser la place pour pouvoir ensuite fuir au loin. Seulement voilà : les miliciens ouvrirent le feu, se rendant bien compte qu’il fallait agir vite pour ne pas perdre de vue les terroristes en fuite. Une dizaine d’entre eux ouvrirent le feu sur les trois corsaires, et ce qui devait arriver, arriva. Le corsaire en troisième position fut touché par deux fois à la jambe gauche, et une troisième balle percuta le bassin, fut déviée par la solidité de l’os, avant de remonter en direction du thorax depuis l’intérieur, éclatant la vessie, section un uretère, et lésant l’artère aortique abdominale. Il chuta lourdement, sans demander son reste, roulant au sol comme le ferait un sac de patate abandonné par une voiture de livraison. Il cria immédiatement, tant la douleur était intense. Le second, lui, ne pu faire que deux ou trois mètres de plus avant de recevoir deux balles dans le dos. La première le traversa de part en part, dans une gerbe de sang. L’impact fut si fort qu’il fut poussé vers l’avant, comme si une puissante main l’avait poussé au creux du dos pour le faire tomber. La seconde balle, elle, brisa une côte et arracha la pointe du cœur, provoquant un arrêt cardiaque immédiat. Sa chute fut atroce : inanimé, son corps tomba tête en avant, provoquant un ignoble traumatisme facial qui provoqua un saignement abondant. Puis, ce fut au tour du Borgne. Il allait disparaître à l’angle de la rue souhaitée lorsqu’une balle traversa sa poitrine du côté droit. Le choc provoqua un arrêt du souffle, temporairement, mais suffisamment longtemps pour l’obliger à s’asseoir contre le mur. Après une telle course, un arrêt même provisoire de la respiration provoquait un affaiblissement général. Assis durant deux secondes, un regain d’adrénaline lui permit de se relever et de reprendre sa fuite, les talons des bottes des miliciens claquant de plus en plus à proximité. Se sachant condamné, il s’embusqua dans l’embrasure d’une entrée d’un bâtiment résidentiel, profitant de l’épais mur pour se protéger. Deux miliciens s’engouffrèrent dans la rue, sans prendre le temps de contrôler une éventuelle menace. En cause, les traces de sang qui maculaient le sol et le mur. « Le Borgne » ne leur laissa aucune chance : deux balles pour deux miliciens, qui s’effondrèrent instantanément sans geindre ni crier. Les bruits des talons claquant sur les pavés s’arrêtèrent, signe que les miliciens s’agglutinaient derrière le mur pour adopter une autre stratégie. « Le Borgne » en profita pour recharger son arme, lorsqu’une idée lui vint. De nouveau, il tira deux balles : l’une vint s’abattre dans un mur de la bâtisse en face, 150 mètres plus loin, et la seconde arracha quelques débris de l’angle du mur, là où se cachaient les miliciens, signe qu’il ne fallait pas avancer plus avant. « Le Borgne » entra alors dans l’immeuble et traversa la petite cour intérieure. A droite, une autre grande porte permettait d’entrer dans la cage d’escalier en colimaçon qui permet de desservir les étages. Entre chaque palier, de grandes vitres donnaient sur la magnifique place où se déroulaient les combats. « Le Borgne » grimpa sur deux étages, ouvrit la fenêtre et se plaça ainsi au-dessus des miliciens. L’espace d’un clignement d’œil, il put apercevoir les deux corps des deux forbans tués précédemment. Ils baignaient dans une mare de sang. L’appartement détruit par l’artillerie n’était plus masqué par l’épais nuage de poussière, et l’immensité des dégâts était alors pleinement visible. Alors, la rage au ventre, « Le Borgne » passa son long fusil par la fenêtre, et pu apercevoir la quinzaine de miliciens parfaitement en ligne derrière le mur, pendant qu’un bruit métallique commença à envahir la place. Dans une position très désagréable, « Le Borgne » ouvrit pourtant le feu. Une balle en pleine tête, un mort. Une seconde balle vient frapper un milicien dans la nuque, il s’écroule. Une troisième balle, une quatrième, une cinquième… Il tir et recharge le plus rapidement possible, et chaque balle fait mouche, jusqu’à-ce qu’enfin les miliciens comprennent à qui ils ont à faire. Ils ouvrirent le feu tous ensemble, et une balle vint arracher deux doigts au corsaire, tandis qu’un autre vint détruire son fusil. Immédiatement, il se mit à couvert, et se retrancha dans un appartement au troisième étage. Coincé, les miliciens prirent leurs dispositions : le cliquetis métallique n’était autre que le canon de 88mm qui allait être installé sur la place, face à l’appartement retranché, un mitrailleur allait être installé dans un appartement de la barre d’immeuble face à celui où se trouvait « Le Borgne » et une colonne de milicien allait coincer le forban dans l’appartement, en envahissant les escaliers.
~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~ Echafauder des plans était un exercice parfois compliqué par des corsaires habitués à semer la discorde et le chao dans une anarchie totale. Il fallait s’attendre à des imprévus, mais les dires du clerc de notaire étaient à l’encontre de tout ce que le colosse avait prévu. Il ne s’attendait pas à des documents divisés en parties, lesquelles ne seraient compréhensibles qu’une fois toutes les parties réunies. Il comprenait soudainement qu’il avait été dupé, ou du moins, que son informateur n’avait pas été honnête. Et pourtant, cet informateur avait reçu toutes les bonnes grâces du colosse : irys, promesse de marchandise… Puis torture. Au moins pouvait-il se consoler en se disant qu’il savait exactement où il était, et qu’il pourrait l’écraser comme le moucheron qu’il était. Eylohr n’avait donc que très peu de choix : soit il tuait le clerc, et rentrait bredouille une nouvelle fois – ce qui était inenvisageable pour lui, car ses hommes avaient besoin de résultats pour lui rester fidèle, autant que d’or et de menaces – soit il continuait à l’interroger. Il choisit l’interrogatoire : - Parle. Et t’auras la vie sauve. « Canine » qu’est là va garder c’putains d’papelards. Dit-il en montrant d’un geste de la tête, un pirate à la lèvre entaillée et mutilée laissant dévoiler une canine plombée. Toi, t’me dis tout c’que t’sais, toutes tes infos, et tout c’pass’ra bien. Et t’fais pas, personne sauras qu’t’m’as aidé.
Etait-ce la promesse d’un silence et d’une protection contre échange d’information ? Ou la promesse d’un avenir sombre et douloureux pour le pauvre clerc entre les mains d’un fou ? …
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