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Chroniques d'Irydaë
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 :: Les terres d'Irydaë :: Daënastre :: Rathram
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 De l'importance de l'information

Eylohr Lothar
Eylohr Lothar
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De l'importance de l'information EmptyVen 25 Jan - 10:03
Irys : 401379
Profession : Terroriste en fuite - Hermite
Pérégrins -2

  • Ce qu’il y avait de satisfaisant à se faire connaitre comme une bête assoiffée de sang, comme un forban implacable, un mercenaire de qualité, un combattant des mers, une menace redoutable, c’est qu’il était extrêmement facile d’obtenir des informations sur tout et n’importe quoi. En revanche, rien ne permettait de s’assurer de la véracité de ces informations, ni de leur viabilité, le monde changeant parfois à vitesse grand V. Et si une information était bonne à une époque, elle ne l’est peut-être plus au jour d’aujourd’hui. Il est parfois très facile de disparaître dans ce monde, surtout lorsque l’on se trouve du côté hasardeux de la loi…

    Eylohr aurait sans doute dû prendre le temps de vérifier les informations qu’une fouine des bas quartiers de Vereist lui avait fourni. Un homme, d’un jeune âge, chichement vêtu, transporterait avec lui et de manière tout à fait secrète, des informations importantes concernant des hauts gradés de l’armée de l’UNE, et les emplacements de stocks d’armes des forces armées sur le continent. En somme, voilà qui avait suffisamment mit l’eau à la bouche du colosse pour le pousser à recruter parmi les membres de la Flamme Noire et parmi les quartiers malfamés, afin de mettre la main sur cet homme qui serait, il le croyait fermement, sa poule aux œufs d’or. C’est ainsi qu’accompagné d’une quinzaine d’individus habillés de manière tout à fait ordinaire et transportant des armes et des pièces d’armures dans de gros sacs de transport de type militaire, il prit le chemin d’une petite bourgade de quelques centaines d’âmes, bourgade par laquelle passerait l’homme recherché dans un train, train qu’ils allaient devoir braquer. Ils firent également l’acquisition de 6 bâtons de dynamites dopée. Dopée ? Oui. Ils contenaient de plus grandes doses de TNT et, surtout, il y avait à plusieurs endroits, de petites doses de nitroglycérines. De quoi faire un maximum de dégât, donc. Ils étaient prêts à tout pour obtenir les plans et enlever cet homme. Ils disposaient d’une planque, à quelques kilomètres du village, planque qu’ils atteindraient sans trop de difficultés, car ils avaient prévu de semer un tel carnage que les quelques garnisons miliciennes seraient occupées ailleurs. Oui, une diversion en langage commun. Et quelle diversion…

    Ils prirent la direction de la gare du village par petits groupes. Certains partirent de Cerka, d’autres débarquèrent du navire pirate dans une crique protégée, d’autres encore avaient fait un grand détour, passant à travers plusieurs villages avant de bifurquer et d’atteindre le village cible, tout cela dans le but de brouiller les pistes et d’éviter d’être reconnu. Oui, il n’était pas trop con parfois le géant venu du Nord. Ou plutôt, il avait appris de certaines erreurs, mais pas de toutes, visiblement. Ils arrivèrent dans la journée dans le village cible, et préparèrent leur méfait. Un groupe de pirate correctement armé s’était faufilé jusqu’au chef-lieu du village, la mairie du bourgmestre. Là, ils commencèrent à établir leur mission : plastiquer la mairie en plusieurs endroits, dans le but premier de faire diversion, mais également que cette diversion soit suffisamment meurtrière et choquant afin qu’elle puisse attirer toutes les forces miliciennes dans les environs. Durant ce temps, le gros du contingent de flibustier se dirigeait vers la gare, prêt à cueillir celui qui détenait, disait-on, des informations hautement sensibles et qui seraient croustillantes pour le colosse en quête de destruction. Là, il faudrait agir minutieusement. Mais tout d’abord, il faut repérer les lieux.

Phileas Graf
Phileas Graf
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De l'importance de l'information EmptyJeu 14 Fév - 10:51
Irys : 224957
Profession : Clerc de notaire
Daënar 0
Il faut rendre à Boëlyn ce qui est à Boëlyn, l'informateur du pirate avait été correct sur un point: il y avait bel et bien un homme, d'un jeune âge, dont les vêtements avaient vu des jours meilleurs dans le train vers Cerka. Et il avait en effet rendez-vous avec un ponte de l'armée daënare l'après-midi d'après. En revanche, le motif de ce rendez-vous était bien plus banal qu'un transport de documents classés secret défense. Il s'agissait de ni plus ni moins qu'un acte concernant l'achat d'une maison à Alexandria. Et, puisque cet éminent personnage était trop occupé pour se déplacer à la capitale et assez influent pour obtenir une attention particulière, le notaire avait envoyé son clerc.

Ce qui nous amène donc à la raison de la présence de Phileas dans ce fameux train d'Alexandria à Cerka. Il était loin de se douter de l'épée de Damoclès qui lui pendait au dessus de la tête et savourait le fait que pour l'occasion son employeur ait daigné lui payer une place en seconde classe plutôt qu'en troisième. Bon, uniquement pour l'allée, il ne fallait pas exagérer non plus. Mais c'était déjà ça.

Pour le moment, il profitait des sièges au rembourrage plus comfortable que le bois dur des troisièmes classes ou de sa chaise du bureau et regardait défiler le paysage à travers la vitre. Ils avaient quitté les zones urbaines depuis un moment déjà et laissé derrière eux les lignes surélevées d'Ünellia pour s'enfoncer dans les forêts de Rathram. Elles n'avaient rien à voir avec sa taïga natale, mais c'était déjà une amélioration par rapport aux monstres de pierre qui composaient Alexandria. Dans l'ensemble, l'ancien trappeur était donc ravi de ce voyage, d'autant plus qu'il lui permettait d'échapper pendant quelques jours à son irascible patron, dont le caractère ne s'améliorait pas avec l'âge (au contraire!)

Bon, évidemment, sur un trajet pareil, il y avait des haltes de temps en temps, nécessaires tant pour les passagers que pour le train et ceux qui s'occupaient de le faire avancer. Ils avaient fait déjà deux haltes, l'une très brève et l'autre un peu plus longue, dans des gares de moindre envergure, et la prochaine était prévue pour quelques heures plus tard. C'était la dernière étape avant leur arrivée et le Vereistien était impatient de pouvoir à nouveau se dégourdir les jambes, même brièvement.

Eylohr Lothar
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De l'importance de l'information EmptyJeu 14 Fév - 11:33
Irys : 401379
Profession : Terroriste en fuite - Hermite
Pérégrins -2
  • D’après le petit tableau mit à jour régulièrement par un des contrôleurs de la petite gare, bien joufflu et à la panse visiblement bien alimentée, le prochain train arriverait dans 2h30. Très bien. Ce serait même peut-être un peu long pour le colosse qui n’avait pas besoin d’autant de temps. Il fit ajuster sa montre à gousset et celle de ses hommes, et en envoya un faire l’aller et le retour jusqu’à la place forte de la petite ville, afin que la synchronisation soit presque parfaite. Il devait y avoir 10 minutes entre le déclenchement de la diversion et l’attaque du train, en espérant que le train ne soit pas trop en avance.

    Ils repérèrent les lieux. La gare était un grand bâtiment doté de plusieurs salles : une grande salle d’attente, où les panneaux d’affichages sont mis à jour régulièrement, une salle de contrôle avec tout le nécessaire de communication, et de plus petites salles dotées de sièges et de canapés. Une dépendance faite de tôle renfermait les outils, les uniformes et les ustensiles nécessaires aux mécaniciens, aux contrôleurs et aux agents d’entretiens pour mener à bien leurs missions. Les deux bâtiments, sur deux étages pour la gare et un seul pour la dépendance, devaient faire environs 250m2, au moins. Il y avait donc de la place pour agir. Face à cette gare se trouvaient plusieurs lignes de rails, quatre pour être précis, lesquelles permettaient à deux trains de se rencontrer sans entrer en collision. D’autres permettaient à un train de s’arrêter plus longuement tout en évitant de bloquer les rails principaux. Ils ne sont pas bêtes les Daënars parfois.

    Vu la disposition, les bâtiments et le plan d’action, ils auraient besoins de quelques bâtons de dynamite. Ça tombe bien, il en avait plusieurs. Sur les six bâtons qu’il avait réussi à obtenir, il en donna 3 au groupe de diversion, en réserva deux pour le coup du train, et un… Au cas où.

    Les quelques forbans qui étaient restés avec lui, au nombre de 6 sur les 15 au départ, s’attroupèrent autour de lui afin d’écouter le plan. Celui-ci était simple. Alors que la distraction était sensée attirer tout le monde vers le centre de l’agglomération, et faire fuir les civils les moins téméraires, ils attendraient l’arrivée du train et son arrêt total pour pouvoir plastiquer et détruire le poste de garde et tous les postes radios et télégraphiques. La communication serait beaucoup plus difficile entre la gare et les gardes de la milice qui seraient au charbon. Ensuite, il fallait se préparer un itinéraire de sortie. Et celui-ci était tout trouvé : le train. Il suffisait de détacher la locomotive – et éventuellement un des nombreux wagons – et de la faire repartir pour pouvoir s’éloigner aussi rapidement que possible. Et une fois suffisamment loin de la ville, ils s’arrêteraient, et reprendrait la route vers le navire sans jamais passer par les villes et villages. Il faudrait marcher quelque peu, ou voler des chevaux. Et si le train ne s’arrêtait pas ? On ferait exploser les rails, dérailler les trains, et on prierait que l’informateur ne soit pas trop amoché.

    Un corsaire joua le rôle d’un ivrogne, comme il y en avait de nombreux ici-bas. Et une fois sur les rails, il fit mine de chuter, et plaça le bâton de dynamite et le système de mise à feu. Pour pouvoir l’activer, il suffirait simplement de revenir et de l’allumer, et de s’éloigner rapidement avant la fin du délai de 10 secondes. Et pour le poste de garde, il suffirait de balancer le bâton de dynamite allumé, et de s’en éloigner rapidement. N’oublions pas que ces bâtons surdosés et dopés à la nitroglycérine allaient faire d’énormes dégâts.

    Tout était en place. Les corsaires se placèrent à différents endroits stratégiques afin d’être plus rapide. Celui qui se fit passer pour un alcoolique avait été mit dehors et attendait en face de la gare, de l’autre côté des rails, là où descendaient d’ordinaire les passagers des trains arrivant en sens inverse. Il était seul, puisque personne n’attendait de train. Un autre était en face de lui, prêt de là où les passagers du train ciblé allaient devoir descendre. Un troisième était dans la salle d’affichage. Un quatrième était près de la dépendance technique, et un cinquième se trouvait prêt du poste de garde. Eylohr, lui, s’était assis dans la salle d’attente, afin que sa grande taille passe un peu plus inaperçue. Il ne manquait plus que de voir le contrôleur afficher l’arrivée du train quelques minutes avant, pour que tout le monde se mette en place.


Phileas Graf
Phileas Graf
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De l'importance de l'information EmptyMer 6 Mar - 23:15
Irys : 224957
Profession : Clerc de notaire
Daënar 0
Pendant les deux dernières heures avant leur prochaine étape, Phileas ressentit de plus en plus le besoin de se dégourdir les jambes, de déplier ses genoux qui commençaient à devenir sacrément ankylosés. Il était trop jeune pour blâmer l’âge pour ses désagréments, qu’il ne pouvait donc attribuer qu’au manque d’exercice physique et à ses conditions de vie pas franchement idéales. Enfin, au moins il parvenait à envoyer chaque mois une petite somme d’argent à sa famille.

En face de lui, un enfant remuait sur les genoux d’une jeune femme qui avait fermé les yeux un quart d’heure plus tôt, probablement épuisée par le voyage ou l’attention continue qu’un gamin si jeune exigeait en permanence. Le Vereistien s’était occupé d’assez de ses frères et soeurs à cet âge-là pour avoir de la sympathie pour la voyageuse et trouver un moyen de lui donner l’opportunité d’avoir un peu du repos dont elle semblait avoir tant besoin.

D’une poche intérieure de sa redingote, il tira un petit carnet auquel il arracha une feuille. Puis, après avoir accroché le regard du jeune garçon, il se mit à la plier méthodiquement. Un coup d’oeil à l’enfant lui permit de constater avec satisfaction qu’il l’observait attentivement, trop content d’avoir quelque chose de plus intéressant à regarder que le paysage qui défilait. Quand Phileas eut fini son oeuvre, une délicate fleur de papier trônait là où il avait posé une simple feuille de papier. Il la tendit vers son unique spectateur… pour la faire disparaître quand celui-ci tendit la main pour s’en emparer! Surprise et courroux se dessinèrent sur le visage de l’enfant, puis cédèrent la place à un grand sourire quand le clerc « retrouva » le délicat objet derrière son oreille. Il s’agissait d’un tour de passe-passe qui demandait une certain pratique, mais dont le résultat surprenait toujours… tant que le spectateur ne connaissait pas le truc.

Pendant une bonne partie du trajet, la fleur en papier multiplia les apparitions et les disparitions, jusqu’à ce que son créateur la tende au gamin face à lui. Il arracha ensuite deux nouvelles feuilles à son cahier et entreprit de monter au garçon comment lui aussi pouvait la plier pour donner naissance à une fleur. Le résultat ne fut pas franchement concluant, mais au moins il occupa le jeune voyageur jusqu’à leur arrivée en gare.

Une fois le train arrêté, Phileas hésita à réveiller la jeune femme pour lui signaler qu’elle pouvait quitter le train pendant un moment, mais le garçon (son fils? neveu? autre?) prit la décision à sa place, trop pressé de lui montrer sa dernière création.

« Regarde, j’ai fait une fleur! »


La fleur en question était un peu de travers et un peu aplatie, mais vaguement reconnaissable.

« Et le monsieur sait les faire disparaître! »

Avec des restes de sommeil sur le visage et de sacrés points d’interrogation dans les yeux, la jeune femme porta son regard vers Phileas. Plutôt que d’expliquer la situation, ce dernier se contenta de lui montrer la fleur qu’il avait toujours en main et de la faire disparaître une nouvelle fois. Une lueur de compréhension passa dans les yeux de sa voisine, qui lui adressa un sourire fatigué.

« Nous sommes arrivés en gare, je peux vous ramener quelque chose si vous souhaitez vous reposer pendant l’étape. »

Elle secoua la tête en réponse à cette proposition.

« Un peu d’air frais nous fera du bien. Je m’appelle Eva Amsel, et mon fils s’appelle Tobias. »

« Phileas Graf, enchanté. »

Il se leva, la précédant hors du wagon pour lui offrir son bras pour passer la marche qui menait du wagon au quai. Un geste motivé par une certaine galanterie apprise depuis son arrivée à Alexandria plutôt que par une quelconque conviction qu’elle était incapable de faire ces quelques pas sans aide. Elle accepta son bras et ne le relâcha pas immédiatement une fois sur le quai, ce qui devait vouloir dire qu’elle n’avait rien contre un tel geste.

Eylohr Lothar
Eylohr Lothar
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De l'importance de l'information EmptyJeu 7 Mar - 15:22
Irys : 401379
Profession : Terroriste en fuite - Hermite
Pérégrins -2

  • Tapi dans l’ombre de ces lieux, l’œil vif, le rictus déformant son visage, Eylohr attendait depuis ce qui semblait être une éternité, que le signal de l’attaque lui parvienne aux oreilles, après quoi, il n’aurait plus que quelques minutes à attendre pour mettre la main sur l’informateur de l’armée. Il se délectait déjà du visage ahurit qu’il arborerait face aux corsaires, lui qui devait être certain de sa discrétion en prenant un train peu fréquenté et, surtout, peu luxueux, pour apporter des documents ultra confidentiels à un militaire qui devait être bien placé. Selon les informations dont disposait le colosse, qu’il obtint de manière fort peu conventionnelle mais dont il ne remit pas en cause la véracité, une telle débauche de moyen serait couronnée par d’excellentes informations. Alors il attendait, patiemment, un peu trop pour lui. Il n’était pas particulièrement patient d’ordinaire…

    ~~~~ ~~~~ ~~~~ ~~~~ ~~~~ ~~~~ ~~~~ ~~~~ ~~~~ ~~~~ ~~~~ ~~~~ ~~~~ ~~~~ ~~~~ ~~~~

    Pendant ce temps, à environ 1500 mètres de la gare excentrée, le groupe de corsaire qui s’improvisait maintenant milice criminelle, était en position. Ils étaient entrés dans la mairie du bourg, où se trouvait les bureaux du bourgmestre et une queue de citoyens en quête d’informations. Ils se dispersèrent, un peu comme à l’image du groupe mené par Eylohr. Sur les 8 forbans du groupe, deux étaient entrés à l’intérieur pour placer les trois charges aux points stratégiques : l’une fut placée dans une salle d’eau, comprenez, les sanitaires publics, laquelle se trouvait non loin des bureaux du bourgmestre à l’étage. Une seconde fut placée totalement à l’opposée, près de l’entrée de service, dissimulée par une grande plante d’intérieure touffue et pleine de feuilles. Le corsaire qui s’était occupé de la pose était resté à côté, surveillant le décompte, attendant l’ultime seconde pour s’enfuir et s’assurer que rien ni personne ne pouvait par mégarde se rendre compte de la présence de la charge explosive. La dernière, elle, était déjà armée et se trouvait dans la poche du corsaire chargé de l’attaque : Gontran Frantz, mais qui se faisait appeler « le borgne » à cause de son œil de verre.

    Les minutes défilaient, tant et si bien que lorsque les montres à gousset indiquaient la présence du trait dans 11 minutes, les corsaires sortirent de la Mairie afin de se mettre en sécurité à l’extérieur. Ils avaient préparé des positions de défense pour faire face aux avancées des miliciens et continuer de fournir une diversion mortelle pour le groupe d’Eylohr. Cette position était faite de bancs de pierres et de pots de fleurs communaux en pierre, lesquels assuraient une bonne protection à quiconque se cacherait derrière. Enfin, un appartement allait être réquisitionné, comprenez attaquer, afin de servir de poste de tir en hauteur et surprendre les miliciens. Cet appartement se trouvait face à la Mairie, et offrirait, l’espace de quelques temps seulement, des tirs croisés extrêmement mortels. Et ce, jusqu’à-ce que les miliciens ne fassent venir les armures magithèques et les roquettes portatives, qui auraient tôt fait d’anéantir les positions pirates. Mais, normalement, ils seraient déjà partis d’ici là.

    L’heure était arrivée. Dans quelques secondes, les charge allaient exploser et le coup pourrait commencer. Impossible de revenir en arrière. « Le Borgne » était entré dans la Mairie, tandis qu’un des forbans en sortit en courant. Dévoilant le bâton de dynamite relié à un minuteur qui affichait bientôt zéro, il jeta ledit bâton au-dessus de la file de clients qui alla s’écraser contre le guichet, dans la surprise générale. Il fit demi-tour, prit le chemin de la porte et s’éloigna tant que possible du lieu qui devait exploser dans quelques secondes. Il prit le soin de fermer la double porte et de mettre une barre de fer, et, en se retournant, il vit un seul des deux pirates dehors, en position, tandis que les 5 autres prirent position derrière les bancs de pierre, ou se préparèrent à attaquer l’appartement. La surprise du Borgne était certaine, mais il n’avait pas le temps de s’apitoyer sur le sort du pirate à l’intérieur. Il s’éloigna, et se mit à couvert.

    A l’intérieur se trouvait « Brindille », un jeune corsaire à peine majeur qui devait avoir quelques troubles de l’intelligence. Il n’était pas idiot, mais pas intelligent non plus. Tout juste était-il parfois capable de compter sur ses doigts et de se souvenir de son prénom. Son surnom, lui, venait de sa faible musculature et de son physique tout en longueur et en finesse. Lorsqu’on lui demanda plus tôt de calquer sa montre à gousset sur celle du décompte, il ne comprit qu’à moitié et recula le décompte de quelques minutes. Il pensait devoir sortir dans 10 minutes seulement, et non tout de suite, maintenant. Lorsqu’il entendit la stupeur des clients, il crut qu’il s’agissait d’une énième dispute face à une secrétaire trop lente et trop fainéante. Il ne vit rien de l’explosion formidable qui s’en suivit, et de la destruction des lieux. Pauvre Brindille.
    L’explosion fut cataclysmique. L’explosif dopé de nitroglycérine tint toutes ses promesses et les trois charges explosèrent en même temps. La solidité des murs et le faible nombre de fenêtre s’occupèrent, dans un premier temps, de réverbérer l’onde de choc qui détruisit tout à l’intérieur de l’habitation, y comprit les clients. Ensuite, la déflagration, les flemmes et l’explosion en elle-même s’occupèrent d’éventrer les murs et les plafonds. Le bâtiment semblait se soulever lui-même, éventré en son centre, alors que le toit se soulevait en l’air pour retomber en des milliers de copeaux de bois, de cendres et de pierres brulées. En un éclair, le bâtiment fut détruit, anéanti. Il ne restait que les fondations, tandis que le bâtiment s’éparpillait partout sur la place centrale, ne laissant que peu d’incertitude quant aux destins des clients, des employés et du bourgmestre.

    Le trio qui s’enfonçait dans la résidence en face ne vit rien de cette explosion. En revanche, l’onde de choc et l’explosion firent trembler les lieux, ce qui donna le signal de l’assaut. Le trio défonça la porte, surprenant les pauvres habitants qui furent tués immédiatement. Deux propriétaires, deux balles, deux morts. Ils s’occupèrent de barricader les fenêtres et les baies vitrées, à grands renforts de mobiliers, alors qu’ils préparèrent fusils et munitions, pour faire face aux assauts des miliciens, alors le chao s’étendait partout autour de la place centrale.

    ~~~~ ~~~~ ~~~~ ~~~~ ~~~~ ~~~~ ~~~~ ~~~~ ~~~~ ~~~~ ~~~~ ~~~~ ~~~~ ~~~~ ~~~~ ~~~~

    L’explosion fut entendue jusqu’à la gare. Plus diffuse, mais le sol trembla sans faiblir. Les quelques clients purent voir le panache de fumées noires qui s’élevait loin au milieu de la ville. Des hoquets de stupeurs, des bouches grandes ouvertes, des visages pétrifiés se virent dans la petite population de client interloqués. Beaucoup n’osaient même plus bouger, alors que le train était signalé « d’un moment à l’autre ». Le contrôleur dodu sortit lui-même de son poste de surveillance et de gestion, tout surprit qu’il fût.

    L’arrivée du train fut presque passée inaperçue, tant la stupeur et la tristesse était grande en cet instant dans le cœur des habitants et des voyageurs itinérants.

    Le groupe de forban se mit en action. Ils se rapprochèrent de leurs zones d’action. Voyant que le train s’était arrêté, le forban jouant l’alcoolique reprit le bâton de dynamite en veillant à ne pas actionner le système de mise à feu. Il le neutralisant et le remit en poche, avant de sauter discrètement dans le train et de se rendre en direction de la locomotive. Le mécanicien, qui prenait une pause bien méritée dans sa cabine, ne vit rien de la menace qui arrivait. Stratégiquement et discrètement, le forban qui ne jouait plus aucun rôle autre que le sien, plaça sa main sur la bouche du mécanicien, et sa lame sur la gorge, avant de donna un coup sec, lequel mit à nu l’anatomie vasculaire et respiratoire du pauvret qui se vida rapidement de son sang dans d’horrible gargouillis.

    Pendant ce temps, deux forbans prirent la direction du quai, prêt à cueillir celui qui était sensé être un informateur. Ce dernier fut rapidement reconnu, tant ses frusques tranchaient avec celles autres clients et habitants. Il semblait riche, plus riche que les autres, et il correspondait à la description qu’Eylohr avait reçu. Ni une ni deux, les deux forbans s’avancèrent vers lui. Un troisième entra dans la salle de contrôle et de surveillance, ferma la porte et tira deux balles dans la caboche du grassouillet. Les bruits de déflagrations se firent entendre, mais ressemblaient d’avantages à deux coups de tambours sourds, tant la salle était insonorisée. Le forban plaça une charge qui devait exploser 15 secondes après. Il fallait faire vite.

    Tous les forbans sortirent en trompe de la gare, sous les yeux médusés des clients qui ne savait pas quoi penser, alors qu’au loin commençaient à résonner les bruits des coups de feu d’un affrontement intense et violent. Tels des biches prises dans les phares d’un train la nuit, ils n’osaient bouger et restèrent plantés là, tels des statues de cires, attendant… Les Architectes savent quoi. Quelques employés de la gare réagirent, eux. Devant les évènements du centre-ville, et flairant les ennuis, quelques-uns tentèrent d’y voir clair et alpaguèrent les forbans à grands renforts d’avertissements. Tous les pirates étaient montés dans le train, sauf Eylohr et les deux autres chargés de ramasser la cible qui tenait dans un de ses bras une demoiselle et un enfant. Un lourd silence advint, précédent un second chao.

    La charge explosa à son tour. Le poste de surveillance fut totalement détruit, beaucoup de clients furent tués sur le coup et ceux qui survécurent aux dégâts des flammes et des débris furent projetés par l’onde de choc et assommés par la déflagration. A quelques mètres de là, la cible, le dénommé Philéas, qui se trouvait à bonne distance pour ne pas mourir mais suffisamment prêt pour être projeté en arrière, devait s’écrouler comme un château de carte.

    Arrivant à sa hauteur, les deux corsaires s’occupèrent de le relever et de l’emmener, lui et sa serviette en cuir, afin de l’enfermer dans le train. La demoiselle qui était avec lui, et qui vit s’approcher les forbans, reçu, elle, la peine capitale. L’enfant, lui, était introuvable. Ils remontèrent dans le train, lequel avait commencé à redémarrer pour prendre la fuite.

Phileas Graf
Phileas Graf
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De l'importance de l'information EmptyMar 2 Avr - 22:12
Irys : 224957
Profession : Clerc de notaire
Daënar 0
Dès qu’il eut mis un pied sur le quai de la gare, Phileas sentit l’étrange ambiance qui pesait sur les lieux. Il y avait dans les airs une tension, une peur qui n’avait rien à voir avec l’arrivée du train, vu comme tous les regards convergeaient vers un point dans une direction bien différente. Automatiquement, instinctivement, Eva et Phileas tournèrent eux aussi les yeux vers ce point qui suscitait tant d’intérêt… pour découvrir ce qui de loin ressemblait à un nuage de mauvais augure et de près devrait être rien de moins que catastrophique.

Avec une bonne partie de son attention tournée vers la colonne de fumée qui s’élevaient au loin, le clerc remarqua à peine certains mouvements suspects qui avaient lieu bien plus près de lui. Ce n’est qu’en entendant deux coups sourds qu’il réalisa que quelque chose de pas normal se tramait. Cependant, il n’eut pas le temps de se préparer à quoi que ce soit avant qu’une horde hurlante se rue sur la petite foule dans la gare et que le chaos démarre.

Alors d’accord: Phileas savait relativement bien se débrouiller en combat au corps-à-corps et avait des restes d’une condition physique jadis excellente. Cependant de là à s’attaquer, désarmé, à une troupe non seulement armée mais qui en plus avait l’air composée de combattants aguerris, il y avait bien plus qu’un pas. Sans compter que la présence d’Eva et de Tobias compliquait encore les choses, puisqu’il pouvait difficilement les abandonner.

Avant même que le Vereistien parvienne à déterminer ce qu’il devait faire, il se retrouva projeté à terre par le souffle d’une violente explosion. L’air quitta brusquement ses poumons et la poussière qui y entra quand il prit une longue inspiration le fit tousser. Comme si cela ne suffisait pas, il avait un sifflement désagréable dans les oreilles. Il se secoua pour reprendre ses esprits au plus vite et vit qu’il était tombé à moitié sur Eva. Bon, une chance qu’il ne soit pas trop lourd. Par contre, la jeune femme avait perdu connaissance, ce qui avait probablement un lien avec la roue de wagon en métal que sa tête avait dû heurter. Tobias, par contre, avait disparu. Cette constatation glaça Phileas plus encore que le brusque débarquement des forbans ne l’avait fait.

Mais il n’eut pas le temps de se mettre à la recherche du gamin: déjà des mains rudes le relevaient sans ménagement. Instinctivement, il se défendit en envoyant son coude droit là où il estimait que le nez d’un de ses agresseurs devait être, puis son coude gauche à hauteur de l’estomac de l’autre. Le second bandit se plia en deux sous le choc, par contre le premier coup n’atteignit son destinataire qu’à l’épaule, ce qui eut beaucoup moins d’effet. Résultat, le clerc réussit juste à récolter un coup de poing à hauteur de la mâchoire et un coup de tête qui lui fit voir des étoiles. Entre-temps, le second malfaiteur avait récupéré et s’était à nouveau emparé de lui. Groggy, en sous-nombre, le Vereistien ne put qu’assister impuissant au meurtre de la jeune femme qu’il venait de rencontrer. Et ni ses efforts pour se dégager de la poigne des deux meurtriers ni le flot d’injures qu’il déversait à leur encontre ne l’aidèrent: il se trouva entraîné inexorablement là où ils voulaient l’emmener.

L’esprit est une chose étrange. Alors que le train s’éloignait du massacre à vitesse grandissante, les pensées de Phileas étaient à mille lieues de questions relativement vitales telles que: pourquoi cette attaque? pourquoi avait-il été épargné (pour le moment) et enlevé? qu’est-ce que ces pillards attendaient de lui? Même le carnage auquel il venait d’assister lui apparaissait comme une image trouble, telle une photo mal développée. Non, l’image qui semblait incrustée sur sa rétine était le sourire joyeux de Tobias quand il avait montré à sa mère à peine réveillée sa petite fleur en papier. Qu’est-ce qui était arrivé à ce gosse? Avait-il survécu? Si oui, qu’adviendrait-il de lui maintenant qu’il était orphelin? Le clerc aurait sans doute pleuré pour ces deux vies détruites (et pour les nombreux autres anonymes qui jonchaient maintenant le sol de la gare) s’il n’avait pas été aussi furieux. Une colère sourde grondait en lui et lui épargnait pour le moment les douleurs physiques et mentales qui se feraient certainement sentir plus tard.

Eylohr Lothar
Eylohr Lothar
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De l'importance de l'information EmptySam 6 Avr - 14:04
Irys : 401379
Profession : Terroriste en fuite - Hermite
Pérégrins -2
  • Une opération rondement menée dans l’esprit du colosse. La gare était en partie réduite en morceau, la cible était dans les bras de deux corsaires aussi forts qu’ils peuvent être bête, et la diversion devait faire son effet si on en juge les nombreux coups de feu qui claquent au loin. Eylohr époussetait encore ses épaules pleines de poussières et de petits gravas lorsqu’il monta à bord du train qui commençait à reprendre sa course. Le corsaire qui avait neutralisé l’innocent mécanicien et jeté son corps par-dessus bord, était plutôt à l’aise avec les locomotives Daënars. Et au vu du nombre qu’il avait piloté dans sa précédente vie, cet exploit est plutôt relatif donc, mais bienvenu ici. Les six autres corsaires qui participèrent à l’opération aux côtés d’Eylohr montèrent donc tour à tour dans la locomotive et le premier wagon, après avoir pris soin de désarrimer les autres, pour alléger le convoi.

    Mais, un petit problème, un grain de sable dans le mécanisme, vint faire grincer des dents le colosse particulièrement colérique. En effet, si la gare était en charpie, si les contrôleurs, gardes, mécaniciens et autres employés étaient morts, il ne fallait pas oublier que nous étions dans le pays des Technologistes, et qu’ici-bas, les armes sont Reines et présentes dans tous les moments de la vie. C’est ainsi qu’un jeune homme, un Daënars un peu trop impétueux et que l’explosion n’avait qu’envoyé à terre pour goûter à la terre, eut le temps de dégainer son petit calibre de poche et de le braquer en direction d’un forban qui se croyait en territoire conquis. Sa nonchalance et son orgueil provoquèrent cet accident fort déplaisant. Le jeune Daënars tira à trois reprises. La première balle ricocha contre la carlingue métallique du train, et se ficha dans l’œil droit du flibustier mal avisé. Les deux autres balles, elles, se fichèrent dans un genou, amochant la rotule, et dans le flanc. L’homme ciblé chuta comme un vulgaire sac de pomme-de-terre. D’un bloc, comme figé dans la position qu’il opta pour grimper à bord du train, il se retrouva au sol, neutralisé par les tirs chanceux et peu précis d’un jeune homme enhardi. Mais il était vivant. Et alors que le train allait repartir, nul doute que « Le Bouc » allait passer un sale quart d’heure mêlé de douleurs et d’incertitudes pour l’avenir.

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    Au centre-ville, une scène de guerre était en train de se dérouler. Partout autour de la place centrale et des rues adjacentes, des civils apeurés, des mères éplorés, des enfants terrifiés, couraient ça et là pour fuir les tirs et les balles perdues qui soulevaient de petits nuages de poussières lorsqu’elles impactaient les sols et les bâtisses. Les 4 corsaires qui s’étaient barricadés derrières de pots de fleurs en pierre et des gravats, tiraient à vu sur les miliciens qui quittèrent leurs rondes et leurs casernements en trombe, parfois à moitié habillés ou équipés. Les premières escouades de miliciens arrivèrent par le Nord de la place, et furent prises sous un feu nourri de la part des pirates. Les premières lignes tombèrent, mortes ou blessées, après quoi, les effectifs miliciens décidèrent enfin de se mettre à couvert, limitant l’exposition physique mais également les possibilités de tirs.

    Face Est de la place, là où un trio de bandit avait pris possession d’un appartement, tout était calme jusqu’à l’arrivée de deux escouades de milicien très bien armés. Arrivant directement face à la ligne de défense des pirates, dans une ruelle en ligne droite et donc très peu protectrices des tirs directs, ils furent anéantis. Pris dans des tirs croisés, certains venant d’en haut, d’autres venant d’en face, ils n’eurent aucune chance à aucun moment. Paix à leurs âmes. La situation était donc maîtrisée, pour le plus grand bonheur d’Eylohr qui s’en doutait bien. En revanche, ce dont il se doutait moins, c’est que l’explosion de la gare était passée inaperçue. Oh, les montres à gousset indiquaient bien l’heure, et d’après les informations reçues et l’heure de leur propre attaque, « Le Borgne », qui dirigeait les effectifs des corsaires dans cette attaque, ne pouvait que supposer que l’attaque de la gare avait été un succès. Mais alors… Quand fallait-il s’enfuir pour pouvoir retrouver les pirates une fois la partie du contrat réalisée ? S’il était fidèle, « Le Borgne » n’en était pas non plus stupide. Hors de question pour lui de mourir en martyr pour le simple plaisir d’un colosse qui n’en avait rien à faire de la vie de ses compatriotes. Nul doute que les miliciens allaient sortir l’artillerie lourde tôt ou tard, et a cet instant-là, il vaudrait mieux que les pirates se soient échappés.

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    Le train s’éloignait des lieux de l’attaque à bonne vitesse. Très vite, les tirs disparurent, la fumée devint nuage et les morts disparurent de l’horizon. Eylohr ne se rendit pas compte de l’absence du corsaire qui se faisait appeler « Le Bouc ». Il était trop occupé à surveiller la cible, ce jeune freluquet correctement habillé qui n’en finissait plus de pester, d’injurier et de crier son mécontentement, mériterait bien une ou deux paires de claques. Pourtant, l’explosion avait déjà dû provoquer suffisamment d’effets chez lui, et nul doute qu’il devait en être encore entièrement chamboulé. Assis, les coudes sur ses genoux, le dos vouté, il regardait l’homme de ses yeux de prédateur, comme un Ours surveillant le saumon qui migre dans les rivières une fois les beaux jours revenus. La serviette de cuir avait été récupérée, et l’informateur aussi. Il était temps de le cuisiner un peu.

    - Alors, freluquet. Y parait qu’tu possèdes des infos précieuses qu’pourraient m’intéresser ! S’tu parles, s’tu m’dis tout c’que t’sais, t’en sortiras vivant, parole d’corsaires ! Mais s’tu parles pas… J’vais être forcé d’te cuisiner et j’te promet qu’t’vas pas apprécier.

    Simple mais explicit, cette perspective devait être suffisamment décourageante pour annihiler toute envie de velléité ou de résistance. La suite des évènements dépendrait uniquement du comportement du clerc de notaire.


Phileas Graf
Phileas Graf
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De l'importance de l'information EmptyDim 28 Avr - 15:42
Irys : 224957
Profession : Clerc de notaire
Daënar 0
Passé un moment, n’importe qui commence à tourner en rond avec les malédictions et les injures. Sans compter que ni les unes ni les autres n’avaient l’air d’avoir le moindre effet sur les ravisseurs de Phileas. Forcément. Il finit donc par se taire, même s’il n’en pensait pas moins. Il n’était pas d’un naturel colérique, mais même lui avait ses limites, limites qui avaient été largement dépassées par les récents événements.

Il avait vu le géant avant que celui-ci ne parle, évidemment. C’est ne pas le remarquer qui aurait été difficile: sa carrure seule suffisait à garantir qu’on ne puisse pas le rater, mais en plus le clerc soupçonnait qu’il était le meneur de cette bande de criminels. En tout cas, le peu qu’il avait vu de la dynamique du groupe lui donnait cette impression. La loi du plus fort primait, sans doute. Quelle surprise. À la colère se mêla un profond dégoût pour ces personnes qui usaient d’une violence aussi bestiale sans paraître éprouver le moindre remord. Mais toujours pas de peur.

Même quand le colosse daigna enfin lui accorder son attention, malgré la menace on ne peut plus claire et la voix proche du grondement, l’ancien trappeur ne ressentit aucune crainte. Et pourtant, il savait que tout, de sa situation à la présente compagnie en passant par ce qu’il venait de vivre, aurait dû le terrifier, le tétaniser. Il était d’ailleurs le premier étonné de ne pas être paralysé par l’effroi. Pourtant, les faits étaient là. Que ce soit un étrange symptôme post-traumatique ou simplement parce qu’il n’y avait plus de place dans son esprit à côté des autres émotions qui y faisaient déjà rage, la peur brillait par son absence.

Seulement voilà: la peur est une composante essentielle de l’instinct de survie. Certes, le courage consistait à passer outre cette émotion paralysante, mais la témérité était quelque chose de bien différent. En l’absence de crainte, Phileas fit donc quelque chose de parfaitement et complètement stupide: il leva les yeux et les planta fermement dans ceux de son interrogateur, comme un défi silencieux. Et, comme un malheur ne vient jamais seul, il ne put s’empêcher de l’ouvrir.

« Parole de corsaires? Et elle est censée valoir quoi, la parole de quelqu’un qui vient de massacrer des innocents sans le moindre scrupule? Et depuis quand est-ce que des corsaires s’attaquent aux civils de leur propre nation? »

Une tirade aussi furieuse que ses précédentes vociférations n’était pas la bonne manière de réagir aux exigences du corsaire autoproclamé (qui était plus probablement un pirate ou un bandit). Il aurait dû courber l’échine, se montrer coopératif, faire preuve du même flegme que quand son employeur le rabaissait plus bas que terre… Mais la vue du sang qui quittait le corps de sa voisine de compartiment l’avait aveuglé et prudence n’était en ce moment qu’un concept très abstrait, trop abstrait pour se frayer un chemin dans son esprit embrumé.

Eylohr Lothar
Eylohr Lothar
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De l'importance de l'information EmptyMer 8 Mai - 11:46
Irys : 401379
Profession : Terroriste en fuite - Hermite
Pérégrins -2

  • « Le Borgne » enchainait les tirs de son fusil semi-automatique, et les coups d’œil à sa montre à gousset. L’heure tournait de son insatiable course, et à chaque fois qu’une minute était égrenée, il se demandait ce qu’il devait faire pour pouvoir prendre la fuite et rejoindre le reste des forbans, comme cela était prévu. Il oscillait entre colère et hargne, la colère d’avoir probablement été piégé et la hargne de faire face aux miliciens qu’il déteste. Chaque tir lui provoquait un sentiment de plaisir et de satisfaction, alors que son visage grimaçait, tel celui d’une bête enragée. Il faut dire que les corsaires étaient surarmés, et ils disposaient de munitions à ne plus savoir quoi en faire. Durant plusieurs minutes, les échanges de tirs étaient en faveur des pirates, qui s’était positionnés de telle sorte qu’il leur était possible de tirer dans quasiment toutes les directions en tirs croisés. Derrière eux se trouvaient les ruines de ce qui fut jadis le grand bâtiment de la mairie du village, maintenant vulgaire tas de pierres détruites et de cendres, animées par quelques braséros impétueux aux crépitements très caractéristiques. Mais si leurs arrières étaient assurés, cela voulait également dire que leurs possibilités de fuite étaient réduites.

    Et « Le Borgne » n’allait pas tarder à être définitivement apeuré. Dans une ruelle, sur le flanc droit des défenses où se trouvaient le borgne, et à l’extrême gauche de ceux qui se trouvaient dans l’appartement, un bruit mécanique accompagné de cliquetis lugubres commençait à se faire entendre, de manière régulière, à un rythme presque musical. « Clac… Clac… Clac… Clac », encore et encore, jusqu’à-ce que, au travers des fumées et des poussières, « Le Borgne » pu distinguer la silhouette de ce qui allait certainement être le début de la fin de cette aventure : une pièce d’artillerie. Elle était poussée par des miliciens aidés d’une machine puissante, et protégés par les épaisses plaques d’acier protégeant initialement les tireurs. Naturellement, une partie des tirs des corsaires fut déviée en direction de ce nouvel arrivant, mais les plaques d’acier suffisaient à protéger les servants et les miliciens, annulant ainsi la puissance de feu toute relative des corsaires. Les miliciens se mirent en place, pointèrent le canon en direction de l’appartement occupé par les terroristes, chargèrent un obus explosif et une charge d’amorçage, avant de débuter la procédure. « Le Borgne » n’en finissait plus de regarder cette bête de destruction, et ses yeux alternaient entre le canon et l’appartement, l’appartement et le canon, les gouttes de sueur sur son front se faisant de plus en plus grosses et de plus en plus nombreuses. Il se rappela alors les mots du colosse avant que toute cette opération ne commence :

    « - L’Borgne, c’bientôt l’début d’la fin pour l’UNE. C’qu’on va faire, c’permettre à nos frères et à nos sœurs d’vivre loin d’l’UNE. Y aura plus d’esclaves, y aura plus d’guerre, y aura plus d’pauvres types utilisés dans les mines et d’pauvres femmes utilisées pour pondre d’futurs esclaves. On va libérer nos familles. C’va pas être rose, c’va être sanglant, mais on s’souviendra d’nous ! »

    Soudainement, « Le Borgne » comprit l’importance de sa mission. Ce n’était pas seulement de tuer des miliciens, de créer une diversion, de s’attaquer à un symbole… C’était de prouver que l’UNE était un colosse aux pieds d’argile, et que ceux qui passaient pour des terroristes étaient, en fait, des rebelles luttant pour une cause commune. Était-ce vrai ? Le colosse était-il sincère ? Était-ce un moyen de rassembler et de manipuler à son tour ? A ce moment, « Le Borgne » s’en foutait bien, il venait de trouver une justification à tout cela, et cette justification lui redonnait du baume au cœur et du cœur à l’ouvrage. Vous savez, comme dans ces moments où vous savez que tout est perdu, et vous vous raccrochez à un mince espoir, et à une illusion qui devient bien réelle pour vous. Un bruit sourd vint le tirer de sa rêverie, et de là où provenait le bruit sourd, un épais panache de fumée blanche était visible. Un bruit strident, comme un sifflement, traversa la place dans la diagonale, puis une explosion survint. Le canon avait fait feu, et l’obus avait atterrit juste en-dessous de l’appartement occupé par les pirates. Ces derniers répliquèrent, tirant en direction du canon trop bien protégé. Les miliciens qui étaient dans la rue adjacente, se mirent eux aussi à tirer mais en direction de l’appartement afin que les impacts puissent aider les artilleurs à ajuster leurs mires. Le deuxième tir fut sans appel. L’appartement explosa entièrement, projetant partout autour du bâtiment, des restes humains, du verre brisé, des poutres en feu et des morceaux de métaux chauffés à blanc. Le spectacle était à la fois magnifique et terrifiant.


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    Eylohr, à ce moment, ne songeait pas réellement à ceux qui étaient coincés dans l’attaque de diversion. Il espérait que l’attaque de la gare avait été entendue par les corsaires du centre-ville, et qu’elle avait entrainé un repli de la part de ceux-ci. Quant à lui, il était en bien plus mauvaise posture. Le petit noble ne voulait absolument rien dire, et même, il était hautain et vociférait contre le colosse, ce qui avait le don de l’irriter. Le colosse savait que sa propension à s’emporter et à devenir une véritable tornade de violence lui avait beaucoup apporté mais également beaucoup coûté. Dans cette situation, son instinct et ses pulsions le poussaient à réduire le noble en charpie. Il se voyait déjà le démembrer, lui arracher la gorge à coups de dents, le pendre avec ses propres entrailles… Mais cela voulait dire que les informations étaient perdues, ou du moins, bien plus difficilement utilisables. Et cela, il ne se le permettrait pas.

    Mais un tel comportement ne pouvait pas rester impuni. Et le colosse n’allait pas se laisser faire. Il décocha une droite forte et violente en direction de la joue gauche du clerc qui rougit immédiatement. Il faut dire que la pogne du colosse, ses bras et sa force, rendaient impossible la notion de « douceur ». Parfois, lorsqu’il donnait une tape dans le dos de ses compatriotes, il lui arrivait de faire plus de mal que de bien. Une fois, il avait même décollé le poumon de quelqu’un en le gratifiant d’une tape virile du plat de la main au milieu du dos. Alors cette claque devait plus ressembler à un coup d’enclume qu’autre chose. Pauvre clerc. Le colosse l’agrippa par le col de sa veste et le réveilla par quelques petites claques sur le visage.

    - Eh, t’endors pas p’tiot ! J’ai pas fini avec toi ! J’te prie d’croire qu’tu f’rais mieux d’coopérer et t’t’en sortiras p’têtre en vie. Où sont les documents qu’tu d’vais r’filer à l’armée ? Où s’trouvent les infos secrètes ? Il sort son gigantesque poignard cranté qu’il possédait à la cheville et qui lui servait en temps normal à éviscérer et à écorcher les animaux qu’il chassait. J’te jure qu’t’vas pas apprécier c’qui va s’passer ensuite.

    Il balada le pointu de la lame sur la peau du clerc, partant de sa tempe jusqu’à la base de la gorge et appuyant juste au-dessus du thorax. Il appuyait de plus en plus à chaque second qui passait sans réponse, et l’affut de la lame permettrait de pénétrer la peau très vite…
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Phileas Graf
Phileas Graf
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De l'importance de l'information EmptySam 20 Juil - 21:55
Irys : 224957
Profession : Clerc de notaire
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Il aurait dû savoir que défier quelqu’un capable de la violence à laquelle il venait d’assister n’était pas une bonne idée. D’ailleurs, défier n’importe qui en étant en infériorité numérique, à fortiori quelqu’un qui faisait trois fois sa taille (et Phileas n’était pourtant pas un gringalet), était une mauvaise idée. Et pourtant, il ne vit pas arriver le coup qu’il se prit et qui envoya presque sa tête se cogner contre son épaule gauche. Il vit des étoiles, bien vite remplacées par un voile noir qui lui épargna d’entendre le « crac » peu engageant que fit quelque chose dans sa mâchoire.

Il revint à lui quelques instants plus tard, le visage sacrément malmené et encore un peu sonné. L’esprit embrumé, il tenta de se concentrer sur les mots du géant pour comprendre ce qu’il lui voulait, mais… il avait la très nette impression que quelque chose lui échappait.

« L’armée? »

Aie, parler lui faisait mal, il aurait mieux fait de s’abstenir. Enfin, non: s’abstenir n’était pas une option vu la lame qui se trouvait dangereusement près de certains organes dont il avait besoin sans trous et en une seule pièce. Au prix d’un effort qui lui parut surhumain, il se concentra pour relier entre eux les différents éléments dont il disposait. L’attaque de la gare, probablement liée à la fumée qu’il avait auparavant aperçue au loin, les meurtres sans logique apparente alors que lui était épargné et emmené, cet interrogatoire qui allait droit au but et pourtant lui paraissait n’avoir ni queue ni tête… On le prenait sans doute pour le porteur de documents secrets.

« Merde… »

Cette fois, le juron n’était destiné à personne en particulier, mais une simple réaction à sa situation, qu’il venait à peine de comprendre. La peur, si longtemps absente, choisit se moment pour frapper et prendre le clerc aux tripes. S’il n’avait pas été tenu par le col et semi-soulevé, ses genoux se seraient sans doute dérobés sous lui. Il n’était pas franchement fier, mais d’un autre côté, il n’y avait pas grand-monde dont l’opinion lui importait dans les parages.

Heureusement, la peur a parfois aussi des effets positifs, et elle réveilla l’instinct de survie jusque là défaillant du Vereistien. Si vraiment il avait transporté des documents top secret d’importance capitale, peut-être se serait-il convaincu qu’il y avait un certain honneur à mourir héroïquement pour protéger le secret, comme certains héros de romans d’aventure le faisaient. Seulement il transportait uniquement un banal acte de vente immobilière et il n’avait vraiment pas envie d’être tué parce qu’un haut ponte de l’armée avait acheté une maison de campagne. Mais voilà: la vérité ne lui serait d’aucun secours car, soit on ne le croirait pas, soit ses assaillants en déduiraient qu’il leur avait fait perdre leur temps et qu’il ne leur était d’aucune utilité. Dans les deux cas, sa santé en prendrait un coup. Il devait trouver une autre manière de s’en sortir. Ca voulait dire: broder et espérer que les autres avaleraient ce qu’il racontait.

« Vous pourrez rien faire de mes documents. »

Parler faisait toujours aussi mal. Il devait voir le bon côté des choses: au moins il n’avait pas à jouer la douleur et la trouille, puisque les deux lui venaient naturellement. Maintenant, il espérait que ce qu’il avait en tête passerait.

« Ils sont pas complets. Ils sont inutilisables sans l’autre partie au cas où ils tomberaient en de mauvaises mains. »

Bien qu’il ne soit pas dans l’armée, c’était ce qu’il ferait s’il devait transporter des documents de haute importance. En tout cas, le stratagème lui paraissait crédible.

« Ils donnent pas toutes les informations aux messagers. Je sais juste où je devais apporter mes documents à moi, mais ça serait pas la première fois qu’ils utilisent le même point de rendez-vous pour plusieurs parties. »

Est-ce qu’ils avaleraient ça? Il l’espérait de tout coeur, mais au moins il avait l’impression qu’il serait vite fixé. Ces types-là ne tournaient pas autour du pot.

Eylohr Lothar
Eylohr Lothar
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De l'importance de l'information EmptyJeu 31 Oct - 10:28
Irys : 401379
Profession : Terroriste en fuite - Hermite
Pérégrins -2
« Le Borgne » était impuissant face à la suite des évènements. Derrière lui, les ruines de la Mairie du Bourgmestre fumaient encore un peu après l’immense explosion qui avait détruit l’ensemble du bâtiment, et soufflée la quasi-totalité des fenêtres des autres appartements autour de la place centrale. Il faut dire que les pirates avaient placé des charges de dynamites dopées à la pyromagilithe. La puissance de chaque charge était alors largement augmentée, et les dégâts furent impressionnants. Devant lui, la ligne d’appartements enfoncés dans un grand immeuble long de plusieurs dizaines de mètres. Dans cette barre d’immeuble se trouvait l’appartement où, quelques minutes auparavant, les corsaires avaient pris position pour tirer sur les miliciens qui ne se doutaient pas de la puissance de feu de leur adversaire. C’est également là que le canon de 88 millimètres des miliciens tira deux obus, détruisant l’entièreté de l’appartement et anéantissant ainsi la force de frappe des pirates. Bizarrement, le temps semblait figé. Miliciens comme corsaires voyaient les débris, les projectiles et les cadavres tomber au ralenti, tandis que leurs mouvements semblaient eux aussi entravés. « Le Borgne » et deux autres gars rechargeaient leurs armes pour pouvoir prendre la fuite, et, de là où ils étaient, ils avaient une vue imprenable sur les mouvements des miliciens face à eux, et pouvaient entendre les artilleurs, derrière eux, recharger l’effroyable pièce d’artillerie. Ils n’avaient plus beaucoup de temps. Les ruines de la Mairie protégeaient « Le Borgne » et les deux autres d’un tir direct de l’artillerie, mais ils étaient bel et bien en danger. Tous les trois, ils effectuèrent un « tir de couverture » comme disent les militaires. Ils tirèrent chacun cinq cartouches, vidant de moitié les chargeurs de leurs fusils, avant de traverser la place en direction de l’Est. Ils traversèrent ainsi la rue où se trouvait le canon, au nez et à la barbe des artilleurs, les tirs forçant les miliciens qui étaient en face des corsaires, à baisser la tête pour se protéger. Ils coururent à perdre haleine, souhaitant traverser la place pour pouvoir ensuite fuir au loin. Seulement voilà : les miliciens ouvrirent le feu, se rendant bien compte qu’il fallait agir vite pour ne pas perdre de vue les terroristes en fuite. Une dizaine d’entre eux ouvrirent le feu sur les trois corsaires, et ce qui devait arriver, arriva. Le corsaire en troisième position fut touché par deux fois à la jambe gauche, et une troisième balle percuta le bassin, fut déviée par la solidité de l’os, avant de remonter en direction du thorax depuis l’intérieur, éclatant la vessie, section un uretère, et lésant l’artère aortique abdominale. Il chuta lourdement, sans demander son reste, roulant au sol comme le ferait un sac de patate abandonné par une voiture de livraison. Il cria immédiatement, tant la douleur était intense. Le second, lui, ne pu faire que deux ou trois mètres de plus avant de recevoir deux balles dans le dos. La première le traversa de part en part, dans une gerbe de sang. L’impact fut si fort qu’il fut poussé vers l’avant, comme si une puissante main l’avait poussé au creux du dos pour le faire tomber. La seconde balle, elle, brisa une côte et arracha la pointe du cœur, provoquant un arrêt cardiaque immédiat. Sa chute fut atroce : inanimé, son corps tomba tête en avant, provoquant un ignoble traumatisme facial qui provoqua un saignement abondant. Puis, ce fut au tour du Borgne. Il allait disparaître à l’angle de la rue souhaitée lorsqu’une balle traversa sa poitrine du côté droit. Le choc provoqua un arrêt du souffle, temporairement, mais suffisamment longtemps pour l’obliger à s’asseoir contre le mur. Après une telle course, un arrêt même provisoire de la respiration provoquait un affaiblissement général. Assis durant deux secondes, un regain d’adrénaline lui permit de se relever et de reprendre sa fuite, les talons des bottes des miliciens claquant de plus en plus à proximité. Se sachant condamné, il s’embusqua dans l’embrasure d’une entrée d’un bâtiment résidentiel, profitant de l’épais mur pour se protéger. Deux miliciens s’engouffrèrent dans la rue, sans prendre le temps de contrôler une éventuelle menace. En cause, les traces de sang qui maculaient le sol et le mur. « Le Borgne » ne leur laissa aucune chance : deux balles pour deux miliciens, qui s’effondrèrent instantanément sans geindre ni crier. Les bruits des talons claquant sur les pavés s’arrêtèrent, signe que les miliciens s’agglutinaient derrière le mur pour adopter une autre stratégie. « Le Borgne » en profita pour recharger son arme, lorsqu’une idée lui vint. De nouveau, il tira deux balles : l’une vint s’abattre dans un mur de la bâtisse en face, 150 mètres plus loin, et la seconde arracha quelques débris de l’angle du mur, là où se cachaient les miliciens, signe qu’il ne fallait pas avancer plus avant. « Le Borgne » entra alors dans l’immeuble et traversa la petite cour intérieure. A droite, une autre grande porte permettait d’entrer dans la cage d’escalier en colimaçon qui permet de desservir les étages. Entre chaque palier, de grandes vitres donnaient sur la magnifique place où se déroulaient les combats. « Le Borgne » grimpa sur deux étages, ouvrit la fenêtre et se plaça ainsi au-dessus des miliciens. L’espace d’un clignement d’œil, il put apercevoir les deux corps des deux forbans tués précédemment. Ils baignaient dans une mare de sang. L’appartement détruit par l’artillerie n’était plus masqué par l’épais nuage de poussière, et l’immensité des dégâts était alors pleinement visible. Alors, la rage au ventre, « Le Borgne » passa son long fusil par la fenêtre, et pu apercevoir la quinzaine de miliciens parfaitement en ligne derrière le mur, pendant qu’un bruit métallique commença à envahir la place. Dans une position très désagréable, « Le Borgne » ouvrit pourtant le feu. Une balle en pleine tête, un mort. Une seconde balle vient frapper un milicien dans la nuque, il s’écroule. Une troisième balle, une quatrième, une cinquième… Il tir et recharge le plus rapidement possible, et chaque balle fait mouche, jusqu’à-ce qu’enfin les miliciens comprennent à qui ils ont à faire. Ils ouvrirent le feu tous ensemble, et une balle vint arracher deux doigts au corsaire, tandis qu’un autre vint détruire son fusil. Immédiatement, il se mit à couvert, et se retrancha dans un appartement au troisième étage. Coincé, les miliciens prirent leurs dispositions : le cliquetis métallique n’était autre que le canon de 88mm qui allait être installé sur la place, face à l’appartement retranché, un mitrailleur allait être installé dans un appartement de la barre d’immeuble face à celui où se trouvait « Le Borgne » et une colonne de milicien allait coincer le forban dans l’appartement, en envahissant les escaliers.

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Echafauder des plans était un exercice parfois compliqué par des corsaires habitués à semer la discorde et le chao dans une anarchie totale. Il fallait s’attendre à des imprévus, mais les dires du clerc de notaire étaient à l’encontre de tout ce que le colosse avait prévu. Il ne s’attendait pas à des documents divisés en parties, lesquelles ne seraient compréhensibles qu’une fois toutes les parties réunies. Il comprenait soudainement qu’il avait été dupé, ou du moins, que son informateur n’avait pas été honnête. Et pourtant, cet informateur avait reçu toutes les bonnes grâces du colosse : irys, promesse de marchandise… Puis torture. Au moins pouvait-il se consoler en se disant qu’il savait exactement où il était, et qu’il pourrait l’écraser comme le moucheron qu’il était. Eylohr n’avait donc que très peu de choix : soit il tuait le clerc, et rentrait bredouille une nouvelle fois – ce qui était inenvisageable pour lui, car ses hommes avaient besoin de résultats pour lui rester fidèle, autant que d’or et de menaces – soit il continuait à l’interroger. Il choisit l’interrogatoire :
- Parle. Et t’auras la vie sauve. « Canine » qu’est là va garder c’putains d’papelards. Dit-il en montrant d’un geste de la tête, un pirate à la lèvre entaillée et mutilée laissant dévoiler une canine plombée. Toi, t’me dis tout c’que t’sais, toutes tes infos, et tout c’pass’ra bien. Et t’fais pas, personne sauras qu’t’m’as aidé.

Etait-ce la promesse d’un silence et d’une protection contre échange d’information ? Ou la promesse d’un avenir sombre et douloureux pour le pauvre clerc entre les mains d’un fou ? …

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