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 Les sommets de l’ingénierie

Elenor Kingston
Elenor Kingston
Les sommets de l’ingénierie Empty
Les sommets de l’ingénierie EmptyDim 24 Mar - 1:44
Irys : 276165
Profession : Haute Générale commandant des forces navales de Daënastre
Daënar +3 ~ Tyorum (femme)

Elenor regardait l’eau s’écouler du robinet, tourbillonner dans la vasque de faïence avant de disparaître dans la bonde d’évacuation avec un glougloutement anodin. Elle songeait aux centaines de mètres de canalisation, de jeux de pression, de sas et de réservoirs intermédiaires qui étaient nécessaires pour amener l’eau courante à cette hauteur sans enlaidir le plan des Astraux avec des structures aussi vulgaires que des châteaux d’eau. Il devait y avoir des dizaines de réservoirs astucieusement camouflés dans une statue, dans une colonne imposante ou en bassin de décoration… Peut-être même les plus riches avaient-ils poussé la frivolité jusqu’à utiliser des magilithes afin de réguler au mieux la pression : cela faisait déjà plusieurs minutes qu’elle laissait couler le précieux liquide et pas la moindre fluctuation du débit après tout. Mais il se pouvait simplement que la Haute Université des Sciences et de l’Ingénierie Magithèques dispose de réservoirs particulièrement important.
La Haute Générale desserra ses doigts du bord de l’évier, recueillit un peu d’eau dans ses mains en coupe et s’en aspergea le visage avant d’enfin fermer le robinet. Elle attrapa une serviette brodée du sigle de l’université et s’essuya soigneusement. Une fois ceci fait elle s’examina dans la glace. Elle avait une mine bien moins affreuse qu’elle ne l’avait craint : un peu de fond de teint pour camoufler les cernes et les traces de fatigue de sa nuit d’insomnie, un trait de khôl pour souligner son regard et un peu de rouge à lèvre pour compléter. Elle avait désormais l’air aussi fraîche qu’après une bonne nuit de sommeil.
Elle porta ses doigts prothétiques à sa bouche et en sortit un petit morceau de papier buvard qu’elle jaugea un moment. Il y avait encore dedans de quoi la faire tenir pour presque deux jours entiers mais elle n’avait besoin que d’un léger coup de pouce pour assurer la présentation. Elle écrasa le papier entre deux doigts tandis que de son autre main elle fouillait dans sa veste pour en sortir un briquet à magilithe. Elle l’alluma d’un geste sec et l’approcha du papier. Il fallut un peu de temps pour que la chaleur n’assèche complètement le buvard mais celui-ci partit soudain comme une mèche, une longue flamme à l’étrange couleur un peu verdâtre s’en élevant. Elle le laissa se consumer jusqu’au bout, ses doigts d’ivoire étant insensibles à la morsure des flammes. Elle se débarrassa des quelques cendres qui restaient au-dessus de l’évier et fit brièvement couler l’eau pour nettoyer la faïence et ses doigts.
Elle attrapa la cravate rouge qui reposait sur le dossier d’une chaise et la noua autour de son cou avec une efficacité née de l’habitude puis elle se saisit de la veste de son uniforme qu’elle enfila et dont elle passa quelques minutes à ajuster la façon exacte dont le drapé retombait. Elle glissa une mèche de cheveux derrière son oreille et, après un dernier regard à sa mise en plis, se détourna du miroir et quitta les toilettes.

Dans le petit couloir l’attendaient Butler, dans son uniforme de majordome, ainsi que deux fusiliers de la Flotte en équipement complet, avec plastron d’apparat et fusil prototypes à l’épaule. Tous les trois se mirent au garde-à-vous en la voyant sortir et la suivirent avec une coordination impressionnante quand elle se remit en route. Le petit groupe traversa plusieurs couloirs qui mettaient en valeur les moyens colossaux de l’université mais dont Elenor trouvait l’architecture trop classique et un peu vieillotte, surtout pour ce qui se voulait un temple de la modernité et des avancées technologiques. Le long des murs, des tableaux représentaient certains des plus grands ingénieurs ayant appartenus à l’université ou bien certaines des étranges machines développées ici, notamment les tous premiers modèles d’aéronefs. Parfois un petit renfoncement abritait un buste ou une quelconque pièce de musée conservée sous une cloche de verre.
Ils traversèrent également une galerie dont les grandes baies vitrées offraient une vue plongeante sur l’un des fameux jardins suspendus du quartier des Astraux, avec son esthétique raffiné et ses plantes rares. Le reste de la vue était globalement bouché par les autres tours du quartier, rivalisant en taille et en décorations, si bien que si elle ne l’avait pas sue, Elenor aurait pu oublier qu’elle se trouvait à plusieurs centaines de mètres au-dessus du niveau de la mer et que derrière ces bâtiments grandioses se trouvaient les plaines d’Ünellia. Une brève ouverture entre deux tours lui permit d’apercevoir un instant cet océan émeraude au loin.
Ils croisaient parfois de petits groupes de personnes au hasard des couloirs. Les étudiants ou le personnel de moindre importance avaient tendance s’écarter précipitamment de leur chemin et certains s’arrêtaient pour la saluer. La plupart se contentaient de baisser la tête mais quelques-uns faisaient un salut militaire, généralement très imparfait et toujours injustifié puisqu’aucun d’eux n’appartenait à sa chaîne hiérarchique. Elle se contentait en réponse d’un vague hochement de tête pour signifier qu’elle les avait vus. Ils croisèrent à un moment un jeune homme qu’elle reconnut comme l’un des étudiants ingénieurs de Felsberg qui avait obtenu une bourse d’excellence pour cette université l’année dernière. Quand il passa près d’elle il s’inclina plus que la moyenne :
« Madame.
-Bonjour Bruno. »
Sa réponse déclencha quelques rumeurs qu’elle entendit s’éloigner derrière elle, le futur ingénieur ayant été visiblement surpris et flatté qu’elle se souvienne de son prénom, ce que les camarades qui l’accompagnaient ne manquaient pas d’encenser. Il aurait été beaucoup moins heureux s’il avait su qu’il y avait moins de cinq personnes chaque année qui effectuaient le même genre de transfert, ce qui rendait particulièrement facile la mémorisation de leur nom, et qu’ils étaient sélectionnés sur instruction d’Elenor  non pas pour leurs compétences particulièrement élevées mais sur la base qu’elle ne les regretterait pas s’ils venaient à choisir une autre spécialité que l’ingénierie navale et ne revenaient pas travailler à Fort Felsberg ou en collaboration avec.
Quand ils croisaient des professeurs renommés ou des membre de la haute administration de l’université ceux-ci ne manquaient pas de s’arrêter pour échanger quelques mots avec la Haute Générale, discutant des dernières avancées, de politique, de budget de recherche ou de futurs projets au sein de l’Université ou qu’elle-même aurait en tête. C’était l’occasion d’une courte discussion très polie et ampoulée avant que les deux partis ne se séparent pour reprendre leur route. Puis la plupart du temps ceux qui auraient eu l’ouïe très sensible et croisé Elenor aurait eu l’occasion de l’entendre râler sur l’intelligence de certains, les moqueries dissimulées des autres et  sur l’absurdité de ces conversations qui lui faisaient perdre son temps.

Finalement ils arrivèrent devant une porte de l’autre côté de laquelle provenait une voix étouffée, visiblement en plein monologue rébarbatif de ce qu’Elenor pouvait en juger. Elle s’assit donc sur un rebord de fenêtre, croisant les jambes et les mains posées sur les genoux, puis attendit patiemment. Les deux gardes qui l’accompagnaient l’encadrèrent tandis que le regard de Butler effectua plusieurs aller-retour entre la porte et Elenor, avant qu’il ne se décide à poser la question qu’il avait en tête.

« Je pensai qu’il n’y avait rien avant votre présentation.
-Il n’y avait rien d’intéressant auquel assister.
-Je vois. »

Au bout d’une demi-douzaine de minutes d’attente des bruits d’applaudissement se firent entendre de l’autre côté de la porte tandis qu’une autre voix, plus à l’aise et puissante, donnait quelques explications difficiles à comprendre depuis l’autre côté des panneaux de bois. Ceux-ci s’ouvrirent bientôt pour laisser passer un homme d’une bonne cinquantaine d’années qui portait un costume au style un peu vieillot mais dont les ornements montraient qu’il s’agissait d’un uniforme officiel de l’université. En voyant Elenor son visage s’éclaira d’un grand sourire et il l’approcha à grandes enjambées en ignorant copieusement les trois personnes qui constituaient son escorte. Il attrapa délicatement la main de la jeune femme, qui s’était relevée, pour y déposer un baisemain avant de parler.

« Je suis ravi que vous ayez pu venir Mlle Kingston, j’ai eu peur de devoir annoncer à l’assemblée que votre présentation était annulée. De nombreuses personnes auraient été déçues, à n’en pas douter.
-Je vous ai dit que je viendrais. Je n’aurais pas manqué de vous faire prévenir si un empêchement suffisamment important s’était présenté.
-Oui. Pourtant, loin de moi l’idée de me montrer discourtois, mais vous n’étiez pas présente pour assister aux démonstrations des jeunes ingénieurs.
-Oh ! Ca a dû me sortir de l’esprit, mes excuses »

Un sourire enjôleur et quelques battements de paupières pour appuyer son mensonge. Si cela ne fut peut-être pas suffisant pour lever tous soupçons chez son interlocuteur, qui se rengorgea un peu en se croyant charmeur, il n’allait pas l’accuser de mentir frontalement et il l’invita à le suivre dans la salle. Elle intima à ses gardes de rester à l’extérieur, au repos. Seul Butler la suivit, refermant la porte derrière elle et se fondant dans l’ombre de la salle. Il s’agissait d’un amphithéâtre de belle taille, dont les gradins étaient garnis de confortables sièges rembourrés sur les premiers rangs : ici se trouvaient les plus éminents des spectateurs, des intellectuels renommés légitimement intéressés par les sujets présentés aux oisifs qui ne voyaient là qu’une occasion de sortir en ayant l’air cultivé en passant par les riches mécènes à la recherche d’un nouveau talent. Plus haut dans les gradins, les sièges laissaient la place à des bancs, encore très confortables toutefois, et des pupitres s’ajoutaient également pour les étudiants et scientifiques encore novices qui venaient avant tout ici pour s’instruire ou parce qu’on le leur avait imposé, les deux populations étant faciles à discerner même depuis le plancher. Butler s’était glissé sur le côté de la porte, contre le mur et au pied des gradins, une position d’où il pouvait surveiller toute la salle facilement.
Pendait qu’Elenor s’installait sur l’estrade au centre de toute les attentions, disposant les quelques notes qu’elle avait amené avec elle sur le pupitre à sa disposition tandis que l’organisateur venu la chercher se chargeait maintenant de la présenter :

« Mesdames, messieurs, voici notre intervenante principale de l’événement, la Haute Générale commandant aux forces navales de l’Union des Nations Evoluées, mademoiselle Elenor Kingston. Ingénieure de grand talent, formée à Fort Felsberg, elle est le cerveau à qui nous devons la conception du fleuron de la flotte, un navire capable non pas seulement de voguer à la surface mais également sous les flots : le Verster. Et aujourd’hui, elle vint nous en expliquer les détails techniques et les prouesses d’ingénieries qui ont permis sa construction. »

Elenor grinça un peu des dents en constatant qu’il ne disait pas un mot de sa carrière militaire plus traditionnelle, comme si celle-ci ne comptait pas. Elle était incroyablement fière de ses inventions, bien sûr, mais ce n’était pas une raison pour qu’elles éclipsent ses autres succès. Une fois le discours d’introduction terminée, elle s’éclaircit légèrement la gorge et parcourut l’assemblée de spectateurs du regard avant de commencer. Tous, pour l’heure, étaient attentifs et semblaient intéressés et elle n’en était pas peu fière.

« Bonjour à tous. Tout d’abord je souhaite remercier la Haute Université des Sciences et de l’Ingénierie Magithèque pour m’accueillir aujourd’hui, présenter le fruit de plusieurs années de travail est très gratifiant et flatteur pour moi et pour les ingénieurs de Fort Felsberg qui m’ont aidé à concrétiser ce projet que certains considéraient comme fou. Celui qui met les fonds marins à notre portée et nous assurera, un jour, le plein et entier contrôle des mers, tout autant que nos aéronefs nous permettent de nous assurer le contrôle des cieux.
Si vous voulez bien accrocher la première affiche. »


Cette dernière phrase était adressée à deux assistants qui attendaient à l’arrière de l’estrade, à côté d’un certain nombre de rouleaux de papier épais. Ils s’empressèrent de se saisir de celui numéroté du chiffre un et de le déplier pour l’accrocher devant le tableau qui ornait le mur. Sur l’affiche était dessiné le schéma d’un verster, légendé des différentes parties les plus importantes de l’appareil.

« Merci. Comme les plus attentifs l’auront déjà remarqué, le Verster ne possède pas la forme d’un bateau habituel. En effet, contrairement à une coque classique qui ne doit fendre que la surface de l’eau, celle du Verster est profilée de manière à pouvoir pénétrer dans l’eau complètement et de la façon la plus optimale possible. » Elle ignora les quelques rires que l’utilisation de mot pénétrer fit naitre parmi les étudiants les plus jeunes et stupides : « Pour ce faire nous nous sommes inspirés du profil des animaux marins d’une taille similaire, à savoir les baleines. Toutefois d’autres formes sont également à l’étude car bien que celle-ci ait montré des résultats plus qu’acceptables elle ne permet pas une bonne optimisation de l’espace interne du sous-marin, un autre enjeu d’importance lors de la construction. Nous avons dû également décider de comment construire la coque : si le bois nous est apparu comme la première solution évidente, savoir comment assembler les planches a été un plus long débat. Nous nous sommes finalement décidé pour des planches majoritairement assemblées perpendiculairement au sens de déplacement et se chevauchant légèrement les unes les autres, semblables à des écailles de poisson. Cette solution nous semble actuellement la meilleur pour réduire les forces de frottement dans l’eau qui ralentissent le Verster.
Les plus férus de navigation noteront également l’absence de quille sous la coque puisque que contrairement à un bateau ordinaire le Vertser n’est que peu sujet à la houle et ne peut de toutes façons pas chavirer. De plus une quille créerait des turbulences dans l’eau qui gêneraient sa progression. Au lieu de ça, l’organisation de l’intérieur du sous-marin est faites de telle sorte que le poids de l’engin soit majoritairement concentré dans sa partie inférieure pour l’empêcher de complètement se retourner. Plusieurs équipes planchent en ce moment même sur la création d’ailettes latérales qui ne perturberaient pas le déplacement tout en augmentant la stabilité, qui peut toutefois demeurer un problème notamment si le Verster n’est pas assez chargé. »


Elle s’arrêta quelques instants, laissant le temps à son public d’assimiler les informations, pour ceux qui cherchaient réellement à le faire en tout cas, tout en faisant signe aux assistants d’accrocher la deuxième affiche, qui montrait un schéma explicatif de la poussée d’Archimède.

« Bien, avant de m’intéresser au principal problème que nous savions qu’il nous fallait résoudre lorsque nous avons attaqué la conception du Verster, je me dois de procéder à quelques rappels élémentaires concernant le principe connu sous le nom de Pousse d’Archimède, du nom de l’illustre scientifique qui a décrit le phénomène des centaines d’années auparavant, alors que nos ancêtres étaient encore des barbares en pagne de l’autre côté de l’océan.
Ce principe dit simplement que lorsqu’un corps est plongé dans l’eau, il reçoit en poussée opposé qui est proportionnel à la quantité d’eau déplacé. Si cette force est suffisamment importante l’objet flotte. En d’autres termes : si un objet pèse moins lourd que son volume en eau, il flotte, s’il pèse plus lourd il coule. Les esprits un peu affûté auront déjà compris le problème : le Verster ne doit ni flotter à la surface ni couler mais bien se déplacer entre deux. Fort heureusement, nous avons découvert rapidement que la force exercée pour une masse d’eau déplacée donnée augmente également avec la profondeur, du au volume d’eau au-dessus qui en quelque sorte ‘écrase’ l’eau des fonds marins. Ceci permet, en ajustant précisément la masse du Verster, de régler sa profondeur de plongée. Comment me direz-vous ? La réponse à cette question est l’un des trois plus importants mécanismes que nous avons dû concevoir pour rendre le Verster fonctionnel. Affiche numéro 3 s’il-vous-plaît.
Comme vous pouvez le constater sur ce schéma, le Verster est doté de quatre réservoirs appelé ballast situés à fond de cale et sur les flancs de la coque. Ceux-ci sont reliés à l’extérieur, sous le ventre de l’appareil et permettent de remplir les ballasts d’eau et ainsi d’alourdir le Verster pour entamer la plongée. Pour remonter, on éjecte l’eau contenue dans les ballasts. Le débit d’eau est contrôlé par un double système : le premier est à base de magilithe d’eau permettant de gérer aussi facilement le flux et le reflux de façon parfaite. Toutefois et afin de palier à un éventuel dysfonctionnement il existe également un système de valves manuel permettant de bloquer l’arrivée d’eau. Les ballasts peuvent également être isolés du reste du Verster et largués ce qui, à l’instar de larguer du lest dans une montgolfière, permettra au Verster de remonter à la surface même en cas de défaillance grave qui empêcherait d’évacuer l’eau déjà contenue dans les ballasts. Bien sûr ce système est bien plus complexe que je ne l’ai décrit afin d’assurer un équilibre optimal au Verster et une gestion parfaite des flux, mais je pense que vous avez compris l’idée générale.

Le deuxième problème que nous savions devoir résoudre est plus simple à expliquer : un moteur à vapeur comme celui qui alimente les hélices a besoin d’air pour fonctionner et doit se débarrasser des fumées produites par la combustion. Il ne peut donc pas fonctionner en plongée totale. Pour contourner ce problème, nous avons développé deux solutions : la première consiste en un duo de cheminées semi-flexibles et escamotables, une pour l’arrivée d’air et une pour l’évacuation des fumées, qui peuvent être déployées tant que le Verster ne se trouve pas à plus de dix mètres de profondeur. Nous avons également rajouté une autre cheminée pour permettre un renouvellement plus régulier de l’air à l’intérieur du Verster lors d’éventuelles missions longues durée, bien que les modèles actuels ne soient pas encore suffisamment sûrs pour de telles expéditions.
La deuxième solution est prévue pour une plongée totale, que ça soit pour ne pas être repéré par le panache de fumée ou pour atteindre une profondeur plus importante : il s’agit d’un second moteur de propulsion, couplé au premier mais alimenté par un nouveau modèle de batteries magilithes, lesquelles sont rechargées lorsque le moteur à vapeur principal est utilisé. L’autonomie maximale de ce moteur secondaire est à l’heure actuelle d’une quinzaine d’heure à pleine puissance, ce qui permet dans des conditions optimales de parcourir presque 60 kilomètres à une profondeur rendant toute détection depuis la surface impossible. »


Elle se tut à nouveau quelques instants, le temps de prendre une gorgée de thé qu’un des assistants lui avait servi et pour que ses interlocuteurs assimilent ces données qui étaient sans doute les plus importantes exprimées jusque-là.

« J’ai dit précédemment que nous avions dû développer trois mécanismes entièrement nouveaux pour le Verster, toutefois j’ai déjà montré comment nous avions résolus les problèmes que nous avions prévus. Sauf qu’un problème dont nous n’avions pas soupçonné l’existence avant d’y être confrontés a nécessité ce qui est peut-être la prouesse la plus importante.
En effet j’expliquais que la présence d’une masse d’eau au-dessus d’une autre avait tendance à ‘écraser’ cette dernière, pour simplifier. Et bien le phénomène se produit également sur le Verster et nous avons rapidement compris que les coques en bois ne permettraient pas d’y résister correctement : la pression les disloque légèrement et créé des fuites, peu importe la qualité d’assemblage qui nous est possible. Nous avons dans un premier temps envisagé de renforcer la coque de métal mais il s’est avéré que la présence de plaque d’acier non parfaitement jointes, en plus d’alourdir considérablement le Verster et de réduire son autonomie, aggravaient les choses. Nous avons alors mis en chantier deux techniques : l’une consiste à la création d’une coque entièrement en métal et suffisamment solidement jointe pour résister à la pression, qui est encore en développement  aujourd’hui malgré de solides avancées au cours des dernières années tandis que l’autre, adoptée pour les prototypes de Verster actuellement produits, consiste à intégrer un réseau de magilithe d’air à toute la coque afin que celles-ci créent une fine couche d’air entre le bois et l’eau, épargnant au bois la pression des grands fonds et facilitant considérablement son entretien, du reste. Cette couche d’air n’est interrompue qu’au niveau des entrées d’eau pour les ballasts, qui sont renforcées d’acier de toute façon. »


Nouvelle pause, nouvelle gorgée de thé, avant de reprendre le fil de ses explications, s’intéressant petit à petit à des détails moins importants de l’engin, détaillant sa structure et les différents éléments qui permettaient la navigation en particulier le périscope pour observer la surface et la baie de pilotage avant dont la vitre infusée de magilithe d’illusion permettait, selon un principe semblable aux lunettes développées à Hinaus, de voir ce qui se passait à une certaine distance devant le vaisseau malgré l’absence de luminosité en eau profonde.
Elle expliqua encore d’autres détails de fonctionnement, détailla des pistes d’améliorations possibles tout en se gardant de mentionner les plus intéressantes et confidentielles comme l’idée d’un système de propulsion entièrement basé sur une magilithe d’eau, détailla les utilisations possibles du Verster, principalement en terme d’usage militaire mais pas uniquement, et se garda bien de préciser le véritable objectif qu’elle avait en tête avec le développement d’appareils de combat sous-marins, sachant pertinemment que tout le monde la prendrait pour une folle.

Finalement elle remercia l’assemblée pour son attention et, pendant qu’ils applaudissaient et que l’organisateur revenait sur l’estrade pour la féliciter et organiser la séance de question qui allait suivre, Butler s’approcha d’elle et lui donna une enveloppe en lui expliquant qu’un des professeur l’avait glissé à son intention, refusant d’expliquer par qui elle lui avait été donné et prétextant qu’il ne faisait que rendre un service. En l’ouvrant, Elenor y trouva une simple invitation à se rendre au Fort des Trois sommets à Hinaus, pour y discuter de « problèmes importants » et l’enjoignant à la discrétion. Pas de signature, évidemment.

« Intéressant. » murmura-t-elle pour elle-même tendit qu’une première question lui était adressé dans l’assemblée et qu’elle reporta son attention dessus, glissant l’enveloppe dans sa veste avant de boire une nouvelle gorgée de thé.

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