Une étrange créature

23 mai 934:
Il fallait s’y attendre, après avoir tué les dragons qui menaçait le trafic aérien, l’état-major me croit capable de chasser toutes les bêtes du continent ! Pourtant je n’ai plus le redoutable fusil « Dragon », que j’ai dû rendre à l’armurier Heinrich Voltz, pour qu’il fasse les derniers réglages, il va donc falloir que je fasse « à l’ancienne » avec juste les canons et les balistes de l’Entreprise, mon brick de combat.

Comme d’habitude je reçois très peu d’information, apparemment un expert va venir, un certain Douglas McGoofield, une personne qui a déjà fais de nombreuses missions pour le compte de l’UNE. C’est vrai que lors de la dernière grande chasse que j’ai réalisée, j’ai pu avoir un grand connaisseur des Tengeriin'avas, le jeune Ménélik, ce qui a certainement sauvé mon navire et tous les membres de mon équipage, je suis plutôt content d’avoir à nouveau cette opportunité de travailler avec un véritable professionnel.

C’est pourquoi j’attends avec impatience sur le quai de l’aérogare situé au nord de cette ville immense, mon invité, espérant qu’il ne tardera pas trop. Je décide pour passer le temps d’admirer le paysage, il faut dire que la vue du mur Sarah est impressionnante avec le mur Cyrus qui culmine à une hauteur vertigineuse, entourant le plan des astraux et des versos, même si le premier seulement est visible.

A mes pieds, s’étalent le deuxième et troisième quartier et tout au bout je distingue le mur Marco, qui semble tout petit en comparaissant des ouvrages plus anciens. C’est dans ces moments-là, que je suis fier de nos ingénieurs et bâtisseurs qui ont rendu cette prouesse d’architecture possible et que je me sens au diapason de ces millions d’individus qui peuple la capitale.

Je suis tiré de ma rêverie par Jasmine, une nouvelle mousse qui vient d’intégrer mon équipage et qui commence par me saluer de manière réglementaire avant de me dire :

Capitaine Fabius, le second Lars m’envoie pour vous dire que nous sommes prêts à appareiller.

Je me tourne vers la messagère et je ne peux m’empêcher de détailler ce beau brun de fille qui est devant moi, grande, fine, avec de magnifiques cheveux longs, elle ne me sourit pas, gardant toujours son masque impénétrable, j’ai d’ailleurs du mal à savoir ce qu’elle pense, est-ce qu’elle m’en veut toujours d’avoir fait arrêter sa sœur ? Je lui réponds donc, d'un ton un peu sec:

C'est noté, vous pouvez remonté.

Comme je n'arrive pas à la cerner, je suis un peu mal à l'aise et ça se ressent dans mon comportement. Je devrais un jour ou l'autre avoir une discussion franche avec elle. Je chasse cette pensée de mon esprit, car je vois un homme s’approcher, je ne sais pas si c’est si c’est le fameux chasseur qui va m’aider dans cette mission, et je reste à côté de la rampe d’embarquement à l’attendre, pendant que j’entends les moteurs grondés de toute leur puissance, exprimant mieux que des mots, la puissance de la technologie Daenar.

Le vieil homme se massait les tempes au fond de sa cabine, il avait pris le train en hâte en direction d'Unellia. Quelque chose semblait le turlupiner, il ne cessait de gesticuler sur sa banquette qui couinait au moindre mouvement de son bassin alors que le quais de la gare se profilait à l'horizon. -Hmpf..A la bonne heure !- Agacé, il s'extirpa de sa place en prenant soin d'adoucir les vilaines pliures de son costume, froissé par sa pénible et vaine quête de trouver un quelconque confort. Il se positionna dans le soufflet entre deux wagons, une sorte d'accordéon souple de grande taille, espérant que le train s'arrête enfin.

S'il était si angoissé c'est parce que l'U.N.E le contacta avec une requête inopinée qui venait s'écraser en plein milieu de son emploi du temps millimétré et qui se plaçait au dessus de tout ce qu'il avait pu prévoir de par la gravité de la situation. Le train freina et finit par s'arrêter dans un vacarme métallique de pistons et de vapeur, accordé avec le train, l'homme de science mécanisé déboula sur les quais bondés de la gare nord d'Unellia.

Usant de sa main comme d'une visière il tentait d'apercevoir dans la foule les émissaires de l'U.N.E avec qui il devait coopérer. Un étrange rassemblement qui semblait attendre sur les bordures de la voie depuis quelques temps déjà accrocha le regard perçant de Douglas qui s'élança sans se soucier de bousculer les passants. Sans s'arrêter il s'empressa de toucher les épaules des intéressés comme une accolade joviale, il continua sa course au travers des escaliers qui menaient aux niveaux inférieurs tout en leur expliquant la situation.

-Pardonnez ma hâte... Mais il faut que nous nous dépêchons, nous faisons face à un cas de force majeure.- Il reprit brièvement son souffle au coin d'une rue le temps d'une courte pause avant de reprendre. -Je ne sais pas si la source est fiable, parce que ça me parait un peu gros pour tout vous dire, mais on se doit d'aller vérifier. Des sans-abris des mauvais quartiers ont rapportés des nuisances et des poubelles éventrées, et ce sont les mots édulcorés de l'U.N.E, on parle de plusieurs morts. Un Aimshgiin adulte importé clandestinement par des forains pour je ne sais quelle raison s'est échappé de ses entraves et a massacré ses geôliers.-

Sans en dire plus, il longea une grande rue titubant sur les pavés de moins en moins bien agencé au fur et à mesure qu'il s'enfonçait dans les bas-fonds. Un Aimsghiin n'est pas une bestiole à prendre à la rigolade, c'est une réelle menace dans une cité aussi dense. D'après ses sources Douglas sait que la bête est affamée et blessée, bien qu'elle soit affaiblie elle n'est reste pas moins mortellement dangereuse. Dans les rues étroites et les quelques terrains vagues qui parsèment les bas-fonds le prédateur ne dispose pas de sa canopée habituelle pour se dissimuler. Il se terre sûrement dans les égouts ou à l'ombre de deux bâtisses récupérant de ses blessures, désorienté par la cacophonie ambiante commune aux villes Daenars.

Finalement ce n’est pas l’homme que j’attendais qui arrive mais un coursier en nage, qui se présente à moi, je le vois transpirer à grosse goutte à cause de la chaleur torride en ce début de matinée, surtout qu’il n’existe aucun coin d’ombre sur les quais d’une aérogare militaire. C’est dans ces moments-là que je suis bien content que mon uniforme comporte une casquette qui me protège contre les rayons ardent du soleil et ainsi éviter d’avoir une insolation.

Le messager lui, n’a pas cette chance et c’est donc avec difficulté dut à une gorge sèche qu’il m’indique :

Capitaine Solar, il y a eu un contrordre du commandement des forces célestes et le rendez-vous est à la gare de l’Ouest, point de rassemblement 66B, le train arrive à 8h47.

Saperlipopette, si je ne me dépêche pas je vais être en retard ! Je fais signe à Jasmine, une jeune mousse qui s’est révélé être un tireur d’élite et mon chef des commandos d’abordage, Perceval de m’accompagner et en empruntant la voie prioritaire réservé au militaire, nous n’arrivons au point indiqué pile à l’heure, pourtant nous ne voyons personne sur le quai, l’explication vient très vite par un agent de la gare qui nous informe que train à dix minutes de retard !

Je prends le temps de digérer cette information il faut dire qu’il est rare que les trains arrivent à l’heure, les monstres qui sillonnent les plaines tout autour de la capitale obligent, les trains à ralentir, voir à s’arrêter complètement, le temps que le danger soit passé. Je rêve d’un pays où il n’y a aucun monstre, je suis sûr que les trains n’auraient plus aucun retard !

Je vois la foule s’agiter autour de moi, et une habitante d’Alexandria commence à haranguer la foule, en demandant :

Mais que fais notre gouvernement, nous devrions tuer toutes ces bêtes !

Je me tourne alors vers le petit attroupement que cette femme à causée et je lui réponds d’une voix posée :

Il y a deux problèmes majeurs à cela, le premier est que nous ne sommes pas sûr de pouvoir tuer la créature d’un seul coup, que se passerait-il si fou de douleur, elle chargeai droit devant elle et que notre capitale soit sur son chemin ? Le deuxième problème est que si nous arrivons à la tuer, il y aura une décomposition du corps pendant de longues semaines, voire des mois, avec le risque que des maladies soient répandus dans l’air, et je ne vous parle pas de l’odeur…

Je vois que j’ai réussis à convaincre mon auditoire et la femme, voyant tous ces soutiens acquiescer à mes paroles, maugrée un peu avant de s’assoir sur un banc non loin. Finalement, le train arrive et les voyageurs se précipitent, pendant un moment, c’est la cohue et j’ai peur dans ces mouvements désordonné de ne pas voir l’homme que je suis censé accueillir, mais c’est lui qui nous trouve et après nous avoir touché l’épaule, il continu son chemin. Je le rattrape en courant et une fois arriver à sa hauteur, je lui demande :

Professeur McGoodfield je présume ?

Il ne semble pas m’avoir entendu et commence à s’excuser pour son empressement, tout en marchand vers les escaliers inférieurs, alors que je m’apprêtais à lui dire que mon aéronef se trouvait dans la direction opposé, le scientifique continu ces explications et je sens un début d’appréhension envers la situation monté en moi, quand j’apprends que nous allons traquer une des bêtes les plus malfaisantes de tout le continent, un Aimsghiin ! Ces créatures sont des sadiques qui aiment faire souffrir puis tuer leurs victimes et je frissonne à l’idée de ce qui pourrais nous arriver si nous tombions entre leurs larges pattes griffues.

Heureusement, il n’y en a qu’un et la menace peut être circonscrite rapidement et sans ébruiter l’affaire, afin d’éviter un début de panique. Quelques balles dans le corps, devrait résoudre le problème, mais je ne connais pas bien son anatomie, tout en marchant, je demande donc à l’homme à la tenue froissée, comme s’il avait dormi tout habillé :

Je ne me suis pas présenté, je suis Fabius Solar, capitaine du bric l’Entreprise et voici les deux membres d’équipage qui m’accompagne, Monsieur Gallick et Mademoiselle Marschall. Pouvez-vous nous indiquer où nous devons tirer pour arrêter ce monstre à coup sûr ?

Je me souviens en effet de mon cour de chasse à l’académie qui nous démontrais qu’une bête blessé étais deux fois plus dangereuse que si elle étais indemne, car elle sait qu'elle ne peut plus s'enfuir, il vaut mieux tirer pour tuer.