Revenir en hautAller en bas
Chroniques d'Irydaë
Bonjour, et bienvenue sur les Chroniques d'Irydaë. Déjà inscrit ? N'attends plus, et connecte-toi dès maintenant en cliquant sur le bouton "Connexion" ci-dessous !

Vous êtes nouveaux, que ce soit sur ce forum ou dans le monde du RPG ? Le choix d'un forum sur lequel vous pourrez vous épanouir n'est pas anodin, et il vaut mieux pour cela connaître l'univers dans lequel vous vous trouvez ! Nous avons pensé à vous, en vous préparant un guide qui vous permettra de découvrir pas à pas le monde des Chroniques d'Irydaë.

Si malgré cela, des doutes subsistent, n'hésitez pas à adresser vos questions aux Administrateurs.

En vous souhaitant une agréable visite !
Chroniques d'Irydaë
Bonjour, et bienvenue sur les Chroniques d'Irydaë. Déjà inscrit ? N'attends plus, et connecte-toi dès maintenant en cliquant sur le bouton "Connexion" ci-dessous !

Vous êtes nouveaux, que ce soit sur ce forum ou dans le monde du RPG ? Le choix d'un forum sur lequel vous pourrez vous épanouir n'est pas anodin, et il vaut mieux pour cela connaître l'univers dans lequel vous vous trouvez ! Nous avons pensé à vous, en vous préparant un guide qui vous permettra de découvrir pas à pas le monde des Chroniques d'Irydaë.

Si malgré cela, des doutes subsistent, n'hésitez pas à adresser vos questions aux Administrateurs.

En vous souhaitant une agréable visite !
-45%
Le deal à ne pas rater :
WHIRLPOOL OWFC3C26X – Lave-vaisselle pose libre 14 couverts – ...
339 € 622 €
Voir le deal




 :: Les terres d'Irydaë :: My'trä :: Zolios
Page 1 sur 1


 La mage guérisseuse et l'idiot technologiste. [Pv Altou]

Chafouin
Chafouin
La mage guérisseuse et l'idiot technologiste.  [Pv Altou] Empty
La mage guérisseuse et l'idiot technologiste.  [Pv Altou] EmptyMar 8 Oct - 17:51
Irys : 938177
Profession : Homme à tout faire
Daënar -2
C'était une chaude journée d'été à Zolios, le genre de journée où l'atmosphère était lourde et où des nuages annonçaient une soirée orageuse. Les forets méridionales de l'ouest d'Eoril étaient plongées dans un calme relatif uniquement troublée par les bruits usuels de la faune et de la flore. La forêt vivait sa vie habituelle jusqu'à ce qu'un coup de feu résonne, les oiseaux prirent leur envol, les rongeurs cherchèrent refuge dans leur terriers et les autres mammifères fuirent aussi vite qu'ils le purent. Et une autre personne qui allait croiser la route de votre serviteur ne fut certainement pas heureuse d'entendre ce son, un son typiquement daënar, hérétique.

Chafouin rengaina son revolver alors que l'homme qui lui faisait face gisait par terre en se tenant le flan et en gémissant de douleur, trop touché par jurer à plein poumons contre son agresseur, Chafouin s'en fichait, il donnait un coup de pied à l'épée courte du my'trän déjà tachée de sang pour la dégager et entama de s'occuper de celui que la lame avait touché. Il s'occuperait du cas de son adversaire plus tard, après tout on l'avait payé pour ce débarrasser de ce type, c'était le premier contrat que lui avait proposé quand un my'trän s'étant dit que son pistolet magnum à la hanche n'était pas là que pour faire joli. Comme quoi les habitudes avaient la vie dure, son premier travail était un assassinat, cependant sa cible ferait un nouveau mort s'il ne faisait rien pour empêcher le saignement de la victime. Il avait des bandages sur lui évidemment, mais il n'arrivait même pas à se rappeler la dernière fois où il avait joué au docteur, surtout sur un cas comme celui-là. Il avisait que le gars continuait bien de se vider tranquillement de son sang avant de se pencher et de commencer son travail, il aurait bien souhaité avoir un médecin avec lui sur le moment.

-Reste tranquille mon gars, faut que je te soigne, ça ne prendra pas longtemps si tu m'aides.

Il sortit du tissu d'une de ses poches tacha de dérouler une bonne bande avant de faire un bandage à celui qui gisait au sol. Il se débattit faiblement et Chafouin jura fortement, ils étaient donc tous comme ça les natifs de My'trä, à tout faire pour éviter les soins ?
Un bruit de pas commença à se faire entendre, et merde, manquait plus que ça. Chafouin se trouvait dans un chemin sinueux  en pente, entouré de pas mal de rochers, le petit trio était rapproché de près et les bruits de pas venaient d'une montée que Chafouin avait atteint avant de tomber sur le type qu'il devait assassiner. Quand cette nouvelle personne atteindrait cet endroit et que son regard se poserait sur ce drôle de spectacle, il ne comprendrait sans doute pas ce qui se passerait sous ses yeux à l'évidence. Chafouin lui, serait bien trop occupé à soigner sa victime pour lui accorder de l'attention. C'est lorsque les bruits de pas se firent beaucoup plus fort, puis se stoppèrent, que Chafouin marqua une courte pause. Il laissa une seconde pour tenter au cerveau du nouvel arrivant d’appréhender la scène puis il prit la parole d'un air peu assuré.

-Vous, le type que j'ai entendu arriver, venez me filer un coup de main, faut qu'on soigne ce petit gars.

Depuis le début Chafouin était occupé à tenter de bander la plaie d'un animal et pas n'importe quelle créature, un tairakh, blessé au flanc par le type de l'autre côté de la pente. C'était pour ça que cela requérait toute sa concentration au point de ne pas pouvoir jeter un seul coup d’œil derrière lui. Il avait entendu tellement d'histoire sur ces petites bêtes en, apparence si dociles, dévorer des gars qui au moment de s'endormir, s'était cru totalement en sécurité. Le genre d'histoire qu'on racontait aux gosses pas sages qui avaient fait chier leur daron. « Tiens gamin, si tu continues de m'emmerder, les tairakhs dans les tuyaux viendront te bouffer ! » qu'est-ce qu'il l'avait pu entendre dans son enfance celle-là. Mais maintenant qu'il se retrouvait confronté à un vrai, c'était beaucoup moins drôle. Heureusement pour lui la bestiole était trop gravement blessée pour se débattre avec énergie. Même si elle essayait de lui mordiller avec son museau que Chafouin repoussait avec sa poigne en transpirant à l'idée de se faire mordre. En revanche, il n'avait pas pu empêcher l'animal de le griffer avec ses pattes arrières, près de là où la blessure était située. La partie superstitieuse de son être se mettait à prier tous les architectes et même à inventer de nouveaux si cela pouvait le permettre d'échapper au poison. Il savait que le venin était contenu dans les crocs des tairakhs, mais il n'avait aucune idée si l'on en retrouvait dans les griffes, pour l'instant il n'avait pas d’engourdissement aux mains, même si ses mitaines étaient déchirées et qu'il saignait à grosse goutte.

Le deuxième problème maintenant, après quelques secondes, l'inconnu dans son dos n'avait pas encore fait son choix, il n'allait pas lui jeter la pierre après tout, il n'était plus à Daënastre. Qu'aurait-il fait lui, s'il avait croisé au détour d'un chemin un daënar en train d'agoniser et un my'trän qui n'avait rien trouvé de plus stupide à faire que de porter secours à une bête plus que dangereuse. Ouais ça portait à réflexion, enfin cela aurait porté à réflexion si toute sa concentration n'était pas portée sur le fait d’empêcher le tairakh de le mordre en ce moment même. Il devait porter des vêtements bien trop typiques de Daënastre ou alors c'était peux être la crosse de son pistolet magnum dépassant de son holster. Bon morceau de technologie, mais sans doute pas très ragoutant pour un my'trän ? Attendez, est-ce qu'il avait la raie des fesses qui dépassait ? Il n’espérait pas, ça aurait été le déshonneur total ! Mais il préférait encore le déshonneur que de se faire manger par quelque chose de cent fois moins lourd que lui. Il ne sut après combien de temps, cela lui semblait une éternité alors que quelques secondes à peine devaient s'être écoulées, mais il commença doucement à paniquer, parce que la bête commençait à manquer d'énergie pour se débattre et que le tissu commençait à bien être imbibé de sang. Alors, il prit sa voix la plus motivée et autoritaire pour tenter de débloquer l'inaction du nouvel arrivant.

-Allez on se bouge ! Ya une vie à sauver et j'ai pas envie de me faire mordre moi !

Il se maudit d'être stupide au point de sauver un animal plutôt que d'achever un humain, maudit tairakh avec ton pelage tigré sombre et grisâtre ! Tu avais fait fondre le cœur d'un homme ! D'ailleurs en parlant d'achever, l'observateur extérieur aura bien eu le temps de noter qu'il parlait d'une vie à sauver et non deux.

Voila voila:

Althéa Ley Ka'Ori
Althéa Ley Ka'Ori
La mage guérisseuse et l'idiot technologiste.  [Pv Altou] Empty
La mage guérisseuse et l'idiot technologiste.  [Pv Altou] EmptyMer 9 Oct - 22:49
Irys : 507592
Profession : Guérisseuse du Troisième Cercle
My'trän +3 ~ Suhury (femme)
Un bruit de tonnerre s’éclata sur la fine membrane de ses tympans, alors que son corps répondait à la peur par un sursaut incontrôlable. Sa monture ailée plongea vers le sol sous sa commande télépathique, alors qu’elle assimilait encore la réalité du son perçu. En toute logique, ce devait être un étranger, Daënar ou Pérégrin, qui se baladait dans les parages, paré qui plus est d’une atrocité sans nom ; une machine de bruit et d’étincelles formée, qui non contente de provenir de l’autre continent était également extrêmement létal. De ce qu’elle avait pu observer de ses errances en Daënastre, comme en ses propres terres d’ailleurs, un simple coup de feu infligeait des blessures redoutables. A son plus grand déshonneur, ses soins n’en venaient pas toujours à bout ; la plupart des blessés se vidaient de leur sang avant que les guérisseurs n’interviennent ! Encore qu’il fallût être dans le cas fortuné où la victime n’avait pas décédé sur le coup. Si le projectile de métal s’était fiché dans un organe vital, son espérance de vie se comptait en fractions de secondes – une unité bien minuscule lorsqu’il s’agissait de mesurer une existence.

    « Par Möchlog ! pesta-t-elle. »


Moe se reçut sans délicatesse à la base du versant dégagé de la colline, dans une discrétion qui laissait fort à désirer, mais avec une rapidité fort admirable. Le couvert des arbres leur offrait plus de sécurité que le vol à ciel ouvert. Mais alors, qu’espérait-elle en marchant ainsi à l’encontre d’une scène dangereuse, et potentiellement d’un ennemi de la nation ? Pourquoi après les avoir précipités hors de vue, elle et son griffon, se ruait-elle à l’avant du danger ? Pour sauver la victime, par tous les Architectes ! Et qui sait, peut-être même arrêter un individu dangereux ?

Néanmoins, il fallait se rendre à l’évidence, c’est en premier lieu la curiosité et l’adrénaline, saupoudrées par son sens du devoir, qui l’incitèrent à remonter le sentier battu.  La brassière des Cercles de l’Aube ne l’avait pas quittée depuis la conférence en Zochlom, et son stupide serment l’obligeait à porter assistance aux êtres dans le besoin. D’un signe de la main négligeant, la guérisseuse enjoignit Moe de rester sous le couvert des arbres. Au même moment, elle érigea une barrière dorée devant elle, avec l’incertitude que ce bouclier magique arrêterait les balles. Après tout, elle n’en avait jamais fait l’expérience, et qui savait combien la technologie pouvait profaner la magie…

La scène qu’elle découvrit fut à la hauteur de son effroi. Un homme qui de tout évidence n’appartenait pas à sa patrie la pressait de sauver une vie… Celle du Tairakh, sa propre vie, ou celle du My’trän qui gisait à terre ? Ma foi quelle idée de vouloir neutraliser un Tairakh à mains nues ! Elle projeta sa conscience vers le My’trän à terre, et une joie singulière s’insinua dans ses veines lorsqu’elle sentit la faible énergie vitale qui émanait encore de lui. La deuxième invective de Chafouin ne fit qu’amplifier la frustration qu’elle ressentait déjà en imaginant ce qu’il avait dû se produire. Néanmoins, elle se rappela également les six mois en Daënastre, la peur constante en tant qu’expatriée d’être assassinée au moindre usage de la magie, le tout ajouté à l’appréhension d’être discriminée et haïe pour ses moindres faits et gestes. Le My’trän avait-il tenté de le tuer ? Pouvait-elle donner le bénéfice du doute au Daënar ? Il était en danger éminent, et requérait ostensiblement son aide. Avec un gémissement de mécontentement, elle enjamba la distance qui les séparait, et s’agenouilla de l’autre côté de l’animal.

    « Silence, souffla-t-elle dans un murmure sec, comme pour se donner du temps pour réfléchir. »


Elle ignorait exactement pourquoi elle lui en voulait, étant donné qu’elle ignorait le contexte de cette altercation, et encore plus comment un Tairakh s’était retrouvé mêlé au duel, mais elle lui en voulait tout de même. Peut-être était-ce lié au fait qu’il lui adressait la parole avec la courtoisie d’un mammouth obèse et qu’il lui donnait des ordres comme s’ils étaient parents. Peut-être aussi, il fallait l’admettre, qu’elle lui en voulait de tous les signes d’affiliation daënar qu’il exhibait. Tout ce qu’il fallait retenir, c’est que son calme olympien la rendait d’ordinaire peu prompte à exprimer son irritation de la sorte. Sans vouloir l’offenser.

Elle couvrit sa main d’un bouclier ambré, étrangement similaire à l’éclat de ses iris, et plongea la main vers la gueule de la bestiole. Le Tairakh ne manqua pas l’occasion d’enfoncer ses crocs dans son gant magique, mais le venin qu’il éjecta ne parvint pas jusqu’à la chair humaine pourtant si appétissante. Quoi qu’il en soit, la morsure donna un peu de répit au reste de son corps frêle, comme si l’animal concentrait l’ensemble de ses forces dans ses mâchoires meurtrières. La guérisseuse en profita pour le bercer jusqu’à un état de veille proche du coma avant de guérir de sa main libre la large plaie qui l’agitait. Tout au long de ses soins, elle n’avait pas quitté l’inconnu du coin de l’œil, anxieuse à l’idée qu’il ne l’attaque par surprise.

    « Vous pouvez le lâcher. Et rincez vos griffures avec de l’eau pour le moment. »


La précision impliquait qu’elle s’occuperait de son cas une fois le Tairakh stabilisé. Mais le souhaitait-elle seulement ? En réalité, elle cherchait plutôt à l’écarter d’elle. Elle n’avait pu s’empêcher de noter sa balafre et sa carrure solide, ainsi que d’apercevoir la raison de son léger mal de tête au creux de son épaule. Trois éléments suffisants pour indiquer son aptitude au combat, et elle n’avait aucune chance de dégainer une arme avant qu’il ne la descende. Il fallait donc compter sur la vivacité de sa magie, et la bénédiction de Möchlog s’il s’en prenait à elle.

De son côté, le Tairakh s’enfonçait toujours plus dans un sommeil réparateur, sa mâchoire mollement ouverte. Il serait maintenu dans anesthésie pendant quelques minutes encore – quelle ironie, pour un être qui anesthésiait lui-même ! Furtivement, Althéa dégagea sa main de ses crocs, et plongea sous sa cape pour y enfiler un de ses gants griffés, feignant la recherche de quelque bandage ou herbe médicinale dans ses poches intérieures. Alors, empruntant la rapidité et la force dont elle manquait à Möchlog, elle renforça son corps et se propulsa sur ses deux appuis, sa main toujours dissimulée sous la cape. Un air ferme, presque féroce, apparut son visage. Il jurait étrangement avec la douceur de ses traits.

    « J’ignore ce qui vous a amené à l’attaquer, mais j’ai devoir de protéger toute vie en danger, indépendamment de ma volonté, se défendit-elle en désignant l’homme à terre. »


Elle tentait de maîtriser sa voix, mais elle craignait plus que tout l’arme qui avait blessé l’autre mage. La disciple de Möchlog pouvait écouter la mélodie de sa vie s’estomper au gré du vent, et bientôt elle ne pourrait plus percevoir la lueur de son existence tant elle semblait s’éteindre vite. Elle ignorait si elle avait pris la bonne décision en adoptant une posture menaçante, mais elle ignorait si une meilleure stratégie existait. Si le My’trän avait attenté à sa vie, il aurait tout intérêt à fuir dès maintenant. En revanche, s’il avait débuté les hostilités, il y avait peu de chance qu’il la laisse le soigner sans protester. Aussi, elle n’efforçait que de tuer les protestations dans l’œuf, pas de démarrer un duel !

    « Vous n’êtes pas forcé de rester, ajouta-t-elle avec un manque apparent de conviction.»

Chafouin
Chafouin
La mage guérisseuse et l'idiot technologiste.  [Pv Altou] Empty
La mage guérisseuse et l'idiot technologiste.  [Pv Altou] EmptyVen 11 Oct - 22:39
Irys : 938177
Profession : Homme à tout faire
Daënar -2
Quand la personne vint s'agenouiller de l'autre côté de l'animal, il crut que les architectes eux-mêmes l'envoyaient. D'abord il nota la faible carrure de la jeune fille, mais ce qu'il remarqua surtout était le brassard des cercles entouré autour d'un de ses bras. Que le saint père Mererson soit loué, il commençait enfin à avoir un peu de chance dans ce pays. Dès qu'elle lui intima le silence, il respecta son ordre avec un silence religieux digne d'un calme de cathédrale. À vrai dire il était tombé pile poil sur la personne pouvait résoudre son problème, enfin le problème de tairakh en l’occurrence. Quand la jeune fille se mit à son œuvre, il l'observa avec grande attention, il n'avait vu que peu de cercles à l’œuvre, encore moins des my'träns et la scène fut forte intéressante.

D'abord une sorte de halo ambré se forma autour de la main de la jeune fille qui plongea vers la gueule de la bestiole. Celle-ci voyant cette nouvelle intruse entrer dans sa faible zone de confort et planta les crocs dedans, une douche glacée parcouru le dos de Chafouin en voyant la gueule du tairakh se refermer sur la main. Pourtant, la guérisseuse ne cilla pas d'un pouce, se contentant de faire son truc de la magie de Möchlog, la petite bête cessa de s'agiter, comme anesthésié, c'était comme si elle avait retourné son poison contre lui, impressionnant ! Pensa Chafouin.

Puis dès qu'il lui fit signe qu'il pouvait le lâcher, il souffla de soulagement et se leva, pas tellement pour lui en fait, le petit père était dans un état comateux, en train de baver la gueule grande ouverte comme après une bonne cuite. Un tableau qui le fit doucement sourire, il était heureux que cette bestiole s'en sorte, bizarrement il sentait qu'il n'aurait pas éprouvé autant de satisfaction à voir un humain s'en tirer ainsi.

-Ça va le faire. Ça ne m'a pas entaillé profondément. Lui répondit-il au sujet des griffures.

Par contre qu'est-ce que ça piquait ! Mais bon la my'träne s'en foutait peux être de son cas après tout, les deux protagonistes étaient censés avoir comme qui dirait un léger différent d'opinion sur la philosophie de la vie en général qui condamnaient leurs pays respectifs à un désaccord assez conséquent. Alors qu'il arrachait des bouts de ses mitaines pour verser un peu d'eau de sa gourde sur ses blessures, il observa du coin de l’œil la jeune guérisseuse en sachant très bien vers où ça allait tourner ensuite. Il se tendit alors qu'il enfilait quelques bandages de fortune autour de ses doigts, en voyant la jeune fille faire mine de chercher quelque chose dans ses habits, c'était jamais bon ce genre de plan. Et ses soupçons se confirmèrent quand elle voulut prendre une position bien plus parée à l'action. Son expression de concentration lorsqu'elle s'était vouée à son travail s'était mué en une expression déterminée de quelqu'un souhaitant protéger quelque chose au péril de sa vie, ici le my'trän. Bien qu'elle dissimulait ce qu'elle avait dans la manche, Chafouin vit bien qu'il n'avait pas affaire à une guerrière, ses appuis bien que puissants, sans doute dues à cette fameuse magie de Möchlog, manquaient de souplesse et il pouvait lire à son expression qu'elle se forçait vraiment à l'impressionner. De plus, si son attention était de le tuer, elle s'y serait pris autrement et beaucoup plus tôt que ça.

-J’ignore ce qui vous a amené à l’attaquer, mais j’ai devoir de protéger toute vie en danger, indépendamment de ma volonté. Le regard de Chafouin se porta sur le type à terre, l'homme aux cheveux cendrés paraissait pensif. Vous n’êtes pas forcé de rester.

Ah évidemment, c'était trop beau en même temps, forcément qu'elle se devait de protéger n'importe quelle victime, les cercles devaient bien avoir un credo dans ce genre-là. Et visiblement elle était prête à l'appliquer au pied de la lettre, quitte à se battre et à tuer ? Chafouin n'y croyait pas, elle cherchait autre chose, une échappatoire ? Forcément, il lui devait une justification pour le type qui se vidait. Celui-là continuait de gémir doucement, ses deux mains plaquées sur sa blessure par balle, bordel il voulait vraiment pas crever celui-là. Chafouin poussa un soupir.

-C'est pourtant ce que je vais faire. Dit-il en prenant une voix apaisante et en plaçant sa paume en avant en signe d'apaisement. De manière à calmer le jeu.

Et aussi en partie car il pouvait fermer le poing pour activer le bouton d'un de ses grappins dynamiques, mais il n'aurait normalement pas à en user, du moins il l'espérait, trop de sang avait déjà coulé inutilement. Mais il devait lui expliquer ce que diable il faisait-là depuis le début.

-Le type qui est au sol, est une mauvaise personne. Il sembla chercher ses mots, il n'allait pas la convaincre avec une explication aussi fade. C'est un braconnier si tu préfères. Un garde forestier, mage d'orshin le suspectait de capturer des bêtes dans la région, il a commencé à le pister, mais le braconnier, Ordine, enfin je me souviens de son nom ! S'est démerder pour tuer son chien. Il vit qu'elle l'écoutait avec plus d'attention alors, il baissa sa garde et s'assit pour tâter ses doigts bandés et encore endoloris. L'homme qui m'a engagé, Altamer, il est pas du genre violent, il est bien trop doux, mes avis que c'est pour ça qu'il traîne plus en forêt que dans les villes. Enfin bref, il pouvait pas prouver qu'Ordine était... Il tourna le regard vers le fameux criminel. Est braconnier et il avait pas le courage de se venger. Du coup ben. Chafouin se désigna. J'ai pisté ce fumier, je l'ai trouvé et encore mieux, j'ai trouver l'endroit où il retient un paquet de bêtes, une veille carrière de cobalt abandonnée à un peine un kilomètre où deux d'ici. J'irais faire un tour après, les types qui emprisonnent des animaux ça me met hors de moi. C'est pour ça que je l'ai poursuivit si loin quand j'ai vu qu'il traquait le tairakh. Il posa un regard compatissant sur le petit tairakh, bizarrement il ne se sentait pas prêt d'abandonner la bestiole ici. Je te jure, des humains je pourrais en tuer à tour de bras, ça me ferait ni chaud ni froid, mais de voir ce petit gars dans cet état, ça m'a mit dans une de ces rages, j'ai même pas réfléchit avant de tirer c'est pour dire.

Il souffla un bon coup en secouant la tête et résista à l'envie de se faire une cigarette, ça allait coûter beaucoup plus cher de se fournir en poison ici, mieux fallait économiser, pour quand sa petite mission serait terminée. À vrai dire il s'était surpris lui-même, d'habitude il ne se justifiait pas autant pour si peu de choses, fallait-il voir une volonté de changer ? Non plutôt de se faire bien voir surtout, du moins c'est c'est qu'il se persuada.

-Écoute mademoiselle la cercle, je comprends que tes devoirs t'obligent à aider ce Ordine. Mais c'est pas la bonne solution, si tu le guéris maintenant, il continuera ses méfaits. C'est peux être que des animaux qu'il tue et emprisonne, mais ça reste des êtres vivants. Il avait gardé un air aussi serein qu'il le pouvait et tâcha de la regarder droit dans les yeux. Je m’appelle Chafouin au fait. Te mets pas en travers de ma route... s'il te plaît ? T'as pas l'air d'être une idiote, fais le bon choix.

Il ne la lâchait pas du regard, c'est comme s'il la suppliait d'abandonner son devoir, ou du moins, de trouver un compromis qui les arrangeraient tous les deux.

Althéa Ley Ka'Ori
Althéa Ley Ka'Ori
La mage guérisseuse et l'idiot technologiste.  [Pv Altou] Empty
La mage guérisseuse et l'idiot technologiste.  [Pv Altou] EmptyMer 16 Oct - 0:04
Irys : 507592
Profession : Guérisseuse du Troisième Cercle
My'trän +3 ~ Suhury (femme)
La guérisseuse l’écoutait d’une oreille attentive, utilisant chacune de ses paroles pour parfaire son jugement, et chacun de ses silences pour analyser la situation. Elle cherchait des indices de son honnêteté, et surtout, de quoi rassurer ses sens aux aguets. Son regard noisette détaillait avec minutie le visage de son interlocuteur, puis alternait, le temps d’une fraction de seconde, sur l’arme coincée sous son aisselle, trahissant sans le vouloir sa profonde inquiétude. Peut-être Chafouin interpréta sa position de garde pour de la prudence plutôt que de l’agressivité, car il présenta sa paume en avant en signe de paix, désamorçant ainsi un combat fort regrettable. S’il avait escompté apaiser les tensions, il avait vu juste quant à sa stratégie. Dans la seconde qui suivit, la jeune femme se détendit à vue d’œil, alors que ses épaules retrouvaient une flexibilité perdue dans les abysses.

A ses yeux, cette main ouverte constituait la preuve ultime de ses intentions pacifistes, ou peu s’en fallait, puisqu’il l’éloignait à une distance plus que respectable de son arme à feu. De toute évidence, elle ignorait tout de la présence du grapin dynamique, et aurait bien peiné à comprendre comment les technologues en usaient pour combattre. De cette façon, inconsciente de ce danger qu’elle ignorait, elle fit un effort similaire dans le sens de la négociation. Elle retira sa main de sous sa cape, et présenta le gant griffu en l’air, espérant en son for intérieur qu’il ne prendrait pas ce geste pour une menace. Les griffes acérées reposaient entre ses doigts écartés et étaient tout à fait inoffensives tant qu’elle ne refermait pas le poing. Ironiquement, Chafouin était dans une situation similaire. Un délicieux miroir se dressaient entre nos deux protagonistes, entres leurs paumes accueillantes mais leurs poings meurtriers.

La Suhur tourna dorénavant son attention sur les paroles du Daënar. La tirade délivrée lui parut touchante, emmêlée qu’elle l’était d’une noblesse dont peu de technologues avaient fait preuve à son égard. Son histoire bien ficelée imitait si bien la vérité qu’elle se prit à lui faire confiance. Néanmoins, elle conserva une expression impassible, que seul son regard attendri démentait.

    « Je te crois, lâcha-t-elle sans ambages ni animosité. »


La jeune femme était sincère. Pendant près d’une demi-année, elle avait vécu le cauchemar de l’expatriation, et son corps entier rejetait avec véhémence la possibilité de devenir à son tour le bourreau injuste d’un étranger. Par ailleurs, il allait sans dire qu’elle réservait le même traitement aux Daënars et autres Pérégrins que ses concitoyens my’träns ; en effet, elle les traitait tous avec une méfiance égale. Avant de se laisser conquérir, éventuellement, par leurs individualités. La seule différence notable résidait dans la technologie infâme que certains trimbalaient par ignorance près des mages innocents. Elle ne parvenait à s’y accoutumer. Brisant son masque impénétrable, ses lèvres se tordirent en un sourire amer, avant que celui-ci ne disparaisse sous le flot de ses paroles.

    « Mais je dois prendre des précautions. Sa vie m’importe peu, surtout s’il a fait toutes les choses que tu mentionnes. Mais maintenant nous avons des preuves de sa culpabilité, il nous suffit de le ramener à la milice, c’est ce que voulait ton contracteur originellement, n’est-ce pas ? L’amener en justice ? Je peux témoigner avec toi du mal qu’il a fait à ce Tairakh. »


Un Tairakh qui par ailleurs se remettait littéralement sur pattes, les yeux lourds et la queue touffue s’agitant d’un mélange d’excitation et d’inquiétude. Son petit museau plongea dans un premier temps sur son flanc, et sa truffe renifla avec frénésie la grande balafre de peau fraîche qui traversait son abdomen. Les poils repousseraient avec le temps, mais c’était plus l’absence de sang que de fourrure qui l’intriguait actuellement. Remarquant qu’on le dévisageait, il se dressa sur ses pattes avant, puis avec un peu plus de prudence sur celles arrières, entreprenant un ou deux pas vers les deux protagonistes. Là, il s’assit docilement, ses yeux vibrants braqués sur le My’trän à terre. Il avait faim, et tout le monde sauf le blessé comprit de quelle viande il espérait se rassasier lorsqu’il se mit à trotter vers l’homme à l’agonie.

    « Non ! Bas les pattes ! »


Althéa se dressa sur son chemin, et il dévia quelque peu, s’arrêtant de biais à quelques pas de l’homme à terre. Il s’assit à nouveau, l’air calme. Il n’était que question de temps avant que l’homme ne souffle sa dernière expiration, il attendrait que son heure sonne – et par la même occasion, celle du repas ! La Suhur sembla perdre patience. Sa magie latente maintenait tout juste le braconnier en vie, mais sans contact direct avec son patient, elle ne pouvait le stabiliser ad vitam aeternam. Et puis, enfin, elle venait de sauver la vie à un Tairakh, et potentiellement de prévenir l’anesthésie de Chafouin, ne pouvaient-ils pas se montrer plus reconnaissants, tous les deux ? Ils lui en devaient bien une, et elle se devait de faire profil bas ces temps-ci ; si quiconque apprenait qu’elle avait laissé périr une personne en danger… C’en était fini de sa place aux Cercles de l’Aube. Elle craignait déjà qu’ils n’apprennent son engagement (trop) dévoué pour sa patrie, elle ne pouvait pas laisser les intérêts des autres empiéter sur les siens.

    « Je ne me mets pas en travers de votre route, et à vrai dire, je crois plutôt être allée dans votre sens en vous venant en aide. Maintenant, je vais soigner cet idiot avant qu'il ne me meure entre les mains ! »


La guérisseuse avait perdu son calme et sa retenue. Elle espérait qu’en employant un ton plus assuré, elle parviendrait à asseoir son autorité. Pour mêler des actes à ses paroles, elle tourna les talons et s’agenouilla près du My’trän en peine, projetant l’ensemble de sa foi vers sa plaie béante. Son corps frôlait tant la mort qu’elle doutait encore qu’il lui appartienne à elle, et non pas à Möchlog.

Chafouin
Chafouin
La mage guérisseuse et l'idiot technologiste.  [Pv Altou] Empty
La mage guérisseuse et l'idiot technologiste.  [Pv Altou] EmptyVen 18 Oct - 19:55
Irys : 938177
Profession : Homme à tout faire
Daënar -2
Ce petit « Je te crois.  »  eu l'effet d'un baume pour Chafouin, lui qui  pensait ne pas réussir à désamorcer cette situation  difficile à première vue, un soupir de soulagement s'échappa de sa gorge. Il se détendit mais prêta attention aux paroles de la jeune my'träne, plutôt que de le tuer ici et maintenant, il fallait l’amener à la milice. Les occidentaux avaient donc un système d'ordre bien défini ? Bon encore une structure avec laquelle il allait devoir faire copain-copain. Quant aux instructions donnée par Altamer pour gérer le cas d'Ordine, elles étaient en effet assez vagues.

-Altamer souhaitait, selon ses mots exacts, « que je m'occupe de lui » le genre de phrases pouvant être interprété de toutes les manières possibles pas vrai ? Répondit-il à Althéa avec un sourire. On le livre aux flics alors, si c'est bien comme ça qu'on les appelles dans le coin ?

Ainsi leur accord était scellé avec ce compromis, Chafouin s'écarta d'elle pour lui laisser le champ libre d'opérer sur le braconnier, tandis que le tairakh se remettait sur pattes avec une lenteur calculée. Étonné de voir que sa blessure s'était envolé par magie visiblement, il céda ensuite à un instinct qui animait la plupart des créatures après avoir perdu trop de sang, se rassasier pour en compenser la perte. Il regarda Chafouin et Althéa avec un regard brillant, comme s'il reconnaissait son salut en leur personne, puis son museau, attiré par l'odeur du sang, poussa le reste de son corps vers ce pauvre Ordine qui se vidait littéralement d'un liquide sans aucun doute très fameux à ses narines. Il fallait dire que l'odeur du sang frais attirait ces prédateurs comme le sang attire les requins. La jeune fille aux plumes se mit au travers de sa route et le tairakh se stoppa, attendant avec patience, que sa proie soit cuisiné pour le souper peux être ?

-Heheh, il est malin il sait très bien où se trouve le buffet. Chafouin vit le regard venant de la cercle. Ho ça va, je plaisante.

Il s'agenouilla et émit un sifflement, le tairakh le regarda avec un air intrigué, les mains de Chafouin plongèrent dans une de ses larges poches de manteau pour y dévoiler un sandwich, assemblé sommairement, mais garni d'une bonne tranche de viande. La queue du petit animal frétilla à la vue de la barbaque et Chafouin enleva le bon de viande pour le présenter dans sa main. Avec une méfiance mêlée à de l’excitation et surtout de la faim, le tairakh au pelage grisâtre s'avança à pas de loup reniflant la main et surtout la bouffe au creux de celle-ci avant de s'en saisir et de se précipiter dans son coin pour grignoter le bout de gras démesurément grand par rapport à sa truffe. Chafouin leva le bout de pain qui lui restait dans la main.

-Et bon appétit surtout !


Bon au moins, tenir à l'écart la petite bête d'Ordine, c'était réglé, pour le moment. La jeune cercle elle, s'affairait maintenant à se concentrer à maintenir le braconnier en vie avec un timbre de voix qui passa comme de la ferveur de réaliser son devoir de cercle. Chafouin la regarda avec des yeux ronds, peu motivé à la décourager à vrai dire.

-Heu oui oui si ça t'amuse, j'ai un sandwich en rab au cas où tu as faim Plume.

Il l'avait appelé comme ça du tac au tac sans vraiment réfléchir à comment l'appeler, se focalisant seulement sur ses parures qui devaient lui demander beaucoup d’investissement pour arriver à un résultat si éclatant ! Mais de toute manière elle ne releva pas ce qu'il lui dit et Chafouin nota bien de lui demander son vrai nom, bien qu'il trouvait ce surnom assez approprié pour la jeune fille.

Chafouin se pencha quand même sur le cas du blessé, il saignait toujours, mais à bien regarder, il n'avait pas perdu tant de sang que ça, à vue de nez la flaque devait faire un peu moins d'un litre. C'était quoi la limite déjà ? Deux ou trois litres ? Chafouin ne se souvenait pas de la limite qui lui avait un jour dit les toubibs de l'armée. Eux généralement, ils calculaient par rapport à la taille de la flaque de sang. Et en ce moment, l'experte pour ça c'était plutôt Plume. Il était un peu gêné, il la mettait un peu les mains dans le cambouis sans avoir de conseils particuliers à lui donner. Quoique il pouvait peux être lui apporter son expertise pour les blessures par balle.

-Généralement pour les blessures par balles, on tâche d'y aller avec un couteau pour enlever le métal et... On prie pour que la munition ne se soit pas fragmentée dans la chair sinon c'est la merde.Heu,  désolé, ça doit te donner bien plus de boulot pour tu sais, sauver ce type, mais...

Elle lui lança un regard peu commode, avec sa lueur de menace qui l'invitait à se taire. Malgré sa carrure de guêpe et ses trais assez fins, Chafouin sentait que Plume avait de la combativité à revendre, il commençait à l'apprécier à vrai dire. Malgré le regard qu'il soutint il secoua la tête comme pour comprendre son erreur et dit d'une voix assurée :

-Ok, dis-moi comment je peux me rendre utile ? Ce serait mieux si je savais comment t'appeler aussi ?

Pendant ce temps-là le petit tairakh au poil grisâtre avait fini son entremet et espérait sans doute que les deux protagonistes échouent dans leur sauvetage. Dans ses errements futurs, Chafouin sourirait sûrement en se disant qu'il n'aurait jamais imaginé se trouver dans une histoire mêlant un daënar, une cercle, un my'trän et un tairakh, on aurait presque dit le début d'une mauvaise blague.

Althéa Ley Ka'Ori
Althéa Ley Ka'Ori
La mage guérisseuse et l'idiot technologiste.  [Pv Altou] Empty
La mage guérisseuse et l'idiot technologiste.  [Pv Altou] EmptyMer 23 Oct - 0:46
Irys : 507592
Profession : Guérisseuse du Troisième Cercle
My'trän +3 ~ Suhury (femme)
Ses manières plus déterminées et son ton plus décisif eurent raison de leur adversité. Comme Chafouin agréait son plan de remettre Ordine à la garde, Althéa exhala son angoisse dans un soupir soulagé. Avis aux My’träns sceptiques, l’on pouvait bel et bien faire entendre raison aux Daënars, pour peu qu’on insiste un peu ! A vrai dire, cette caractéristique variait peu selon la nationalité. Les paroles qu’il prononça alors firent étrangement écho chez la guérisseuse. Il faisait preuve de plus de rudesse qu’elle ne se le permettrait jamais, et il s’exprimait comme un technologue, mais dans le fond sa pensée était similaire, il maniait les concepts et les mots pour arranger sa vérité comme elle l’avait fait moultes fois par le passé. Deux êtres gentiment sournois.

La chevêche écarta ses divagations d’une secousse de la tête, et s’affaira auprès du blessé. Il arrosait l’herbe de son sang perdu, au plus grand détriment de son espérance de vie autant que de celle des végétaux alentour, qui après tout ne s’abreuvaient qu’à contrecœur de son nectar écarlate. Son attention entière se portait vers la faible lueur de vie encore présente dans ce corps qui tressautait par à-coups sauvages de temps à autres. Le surnom de " Plume " la tira momentanément de sa torpeur. Ses oreilles frétillèrent discrètement, un début de sourire prit d’assaut ses joues avant qu’elle l’étouffe malgré elle. Elle réfléchirait aux implications en temps et en heure. Elle n’avait également pas le temps de se soucier de son sandwiche en rab.

Quelque chose d’absolument humiliant se produisit alors. Chafouin lui donna un conseil ou deux, lancés avec légèreté et insouciance, dans l’espoir de se rendre quelque peu utile – bien qu’il suffise pour cela de tenir le Tairakh à distance, et Althéa aurait déjà eu un problème de moins sur la conscience. Son égo piqué à vif, elle rejeta la tête en arrière pour le dévisager, mais ne lut aucune méchanceté dans son regard. Elle était d’autant plus vexée qu’il avait posé le doigt sur ce qui bloquait manifestement le bon déroulement de ses soins. Elle avait retiré de ses doigts habiles un des fragments mentionnés, mais elle ne parvenait pas à réduire la douleur qu’il ressentait, ni à refermer la plaie correctement. Confrontée à l’évidence de sa sagesse, elle fit ce qu’il est pourtant si difficile de faire pour une femme de son âge et de sa profession ; elle ravala sa fierté avec douleur, et se para d’une expression plus avenante. Il n’était pas responsable pour son propre manque d’expérience en blessures technologiques, et son expertise se montrait en l’occurrence salutaire.

    « Althéa, mais certains m’appellent en effet Plume, se présenta-t-elle d’un ton pressé mais dénué de reproches. Tiens Ordine en place, et surveille le Tairakh de l’œil si tu peux. »


Le blessé s’agitait trop, et elle perdait en concentration à le maintenir en place de sa main gauche. Elle lui laissa ce rôle, et porta ses deux paumes vers la blessure béante qui se réduisait à vue d’œil. Le sang ne coulait plus à flot, mais de minuscules fragments suintaient comme des excroissances malvenues et minuscules relativement à la douleur qu’elles infligeaient. Une chaleur douce émanait de sa main droite, tandis qu’elle accompagnait les fragments hors du corps du My’trän de sa main libre à présent. Elle avait ôté le gant griffé au préalable pour ne pas aggraver la blessure qu’elle traitait. Elle avait littéralement baissé ses armes au nom d’une confiance naissante en Chafouin, et peut-être naïve il est vrai. Mais dorénavant elle maîtrisait mieux ses boucliers, et s’en trouvait naturellement moins méfiante des étrangers.

    « C’est vraiment une horreur, commenta-t-elle au sujet de la balle, une étincelle révulsée au creux de son regard. Ce n’est pas… naturel. »


Au moment-même où elle finissait sa phrase, elle sentit que si sa conviction était réelle, son argument sonnait faux. Il était bien des choses qui allaient à l’encontre de la nature, mais ne subissaient guère son jugement. Elle prit une respiration hachée, et eut un tremblement incontrôlable qu’elle dissimula tant bien que mal en réajustant sa position. Le dernier fragment s’écrasa de lui-même sur le sol, mais elle ne se précipita pas pour fermer la plaie. Faisant grand cas du conseil avisé du Daënar, elle vérifia parcelle par parcelle le corps de son patient jusqu’à ce qu’aucun doute ne subsistât dans son esprit ; plus aucun fragment ne demeurait. Alors elle finit son travail. Là, elle se redressa sur ses jambes, et plantant son index et son pouce aux coins de ses lèvres, siffla à en faire vibrer les brins d’herbe. Le My’trän s’agita dans son semi-coma, mais c’était surtout son griffon qu’elle voulait éveiller. Fidèle, Moe remonta la pente dégagée et s’approcha en trottinant, s’appuyant sur le coude de ses ailes pour marcher vers le trio qu’ils formaient. Il manqua de piétiner le Tairakh au passage, qui cracha un miaulement rauque de peur plus que d’agressivité.

    « Du calme, Moe, du calme ! vociféra Althéa dans sa peur d’envenimer la situation avec le Tairakh.»


Le griffon perçut ses émotions, et s’immobilisa sur place, l’encolure tendue pour quêter une caresse. Contre toute attente, le visage d’Althéa s’adoucit et elle le prit par le cou avec chaleur. Après deux passages dans les plumes ivoires du griffon, elle reprit ses esprits et se rappela avec gêne qu’un inconnu était dans les parages. Elle s’écarta du seul animal qu’elle tolérait un tant soit peu, et en toute honnêteté chérissait presque autant qu’un membre de sa tribu, et souffla avec regret à sa monture qui ne pouvait la comprendre :

    « Ça ne va pas te plaire… »


Elle fit signe à Chafouin de l’aider à charger le My’trän sur le dos du griffon. Sa magie de renforcement les aida grandement à ne pas trop subir le poids mort qu’il constituait. L’oiseau blanc se montra fort docile au vu de sa mission, courbant l’échine pour recevoir son fardeau. Elle ramassa les griffes déposées à terre, et les rangea soigneusement au fond de sa poche intérieure, et ils se mirent en route vers Eoril, un Tairakh toujours affamé sur les talons. L’expression de nouveau impassible et distance, Althéa observait discrètement son compagnon de marche, et jetait des coups d’œil en arrière.

    « C’est comme ça que Moe a gagné mon cœur, en me collant aux basques,  se confia-t-elle avec un sourire malicieux, désignant d’un geste de la tête le petit quadrupède qui galopait à leur suite. »


Il s’était entiché d’elle sans crier gare une fois secouru par ses soins, et l’avait suivie jusqu’à la ville voisine, volant bien au-dessus d’elle et sans jamais la perdre du regard. Par principe, Althéa détestait les animaux. Il charriait toutes sortes de maladies, causaient des blessures, et pour ne rien arranger, laissaient fréquemment des infections dans leurs morsures. La plupart se révélaient téméraires et indomptables. Tout juste un désagrément.
Et puis, il y avait Moe. Un piaf plus jovial que les autres, dont l’enjouement avait su briser ses remparts glaciaux pour parer son sérieux et son sens du protocolaire d’une once de joie plus spontanée. Un des rares à lui avoir fait baisser sa garde, peut-être parce qu’il semblait si résolu à lui prouver sa loyauté. Le secret de son succès ? Une dose raisonnable de persévérance ! Comme pour chaque personne de la poignée d’élus qui avait su s’attirer son affection.

    « Chafouin ? Une fois arrivés à… la milice. Ou la garde, pas les « flics », d’accord ? Il vaudrait mieux éviter d’être suspects. Je parle de ton arme, elle me donne la nausée rien qu’à la regarder – sans vouloir t’offenser. On pourrait la cacher dans un fourré et la récupérer plus tard. »


Le My’trän s’agitait de plus en plus sur le dos de Moe, mais Althéa fixait à présent Chafouin dans les yeux, guettant sa réaction.

Chafouin
Chafouin
La mage guérisseuse et l'idiot technologiste.  [Pv Altou] Empty
La mage guérisseuse et l'idiot technologiste.  [Pv Altou] EmptyDim 27 Oct - 18:19
Irys : 938177
Profession : Homme à tout faire
Daënar -2
Avec un ton de quelqu'un qui venait de se faire interrompre dans une tâche cruciale, elle lui indiqua de tenir Ordine et de vieller à ce que le tairakh ne tente pas d'en faire son casse croûte. Plus facile à dire qu'a faire, le braconnier était parcouru de spasme qui rendait l'opération de la cercle assez compliquée. Le tairakh lui cependant, semblait attendre bien sagement que l'office soit faite. La fille qui avait fini par lui dévoiler qu'elle s'appelait Althéa commença à faire de drôles de remarques sur la balle coincée dans la chair de son patient, ce qui ne manqua pas de surprendre Chafouin, elle semblait vraiment ne jamais avoir eu affaire à ce type de blessure, il avait peux être bien fait de la mettre en garde alors.

-Bien sûr que ça n'a rien de naturel. Il remarqua son tremblement. Mais ce n'est pas pour ça que ça doit te mettre en difficulté, tu peux le faire.

Il disait ça, mais il n'avait pas vraiment d'information réelle sur les capacités de la cercle, c'était surtout un truc qui se disait pour motiver les gens, et c'eut l'air de faire son effet. Après avoir expulsé le dernier fragment, la plaie fut recousue, Ordine était plus livide qu'auparavant mais toujours en vie, tant mieux pour lui. Ce fut aussi le moment où Chafouin se dit qu'il faudrait le transporter sur une longue distance, quelle merde, il n'avait pas vraiment envie de se farcir le poids de ce type sur les épaules. Il regarda Plume se mettre à siffler quelque chose et plissa les yeux, qu'est ce qu'elle appelait au juste ?

-Oh putain ! Cria-t-il en voyant le griffon débouler, manquant de peu d'écraser le petit tairakh. Il recula mais stoppa sa retraite quand il remarqua que la bête était largement affiliée à Althéa, il souffla de soulagement et se sentit bête d'avoir autant paniqué pour rien. Alors que la cercle était occupé à étreindre son oiseau géant de compagnie Chafouin se sentait légèrement de trop.

-Hmpf, vous me dites si vous avez besoin d'un peu de temps seuls ?

Heureusement ça ne dura pas longtemps et elle lui fit signe de l'aider à charger le presque cadavre sur Moe, bon au moins il n'allait pas se fatiguer le dos, bonne nouvelle. Suite à cela ils se remirent en route pour Eoril, Chafouin ne pouvait s'empêcher de jeter des coups d’œils nerveux derrière lui pour garder le griffon à l’œil régulièrement, remarque il se faisait peux être du mouron pour rien, ce griffon n'était pas si énorme que ça et il semblait bien dressé par Plume. D'ailleurs il sourit quand elle lui fit la remarque sur comment il avait gagné le cœur de la jeune cercle. Chafouin aimait bien les animaux, sans doute plus que les humains à vrai dire et ainsi, il décida d'accorder autant de confiance à ce Moe, qu'à Althéa, il arrêta ses coups d’œils vers l'arrière. Peu de temps après, Plume lui indiqua qu'il lui faudrait certainement se débarrasser de ses armes, il comprenait la logique, venir armé de revolvers et pistolets daënar n'était pas forcément une bonne idée devant des gardes my'träns, surtout en ce moment. Il acquiesça de la tête en regardant la jeune cercle.

-Ouais je comprends, ça risque de faire du grabuge une fois arrivé chez la milice, je trouverais bien un coin ou les cacher, je reviendrais sans doute par là de toute manière quand je retournerais à cette carrière dont je t'ai parlé auparavant. Il repéra une souche d'arbre à côté d'une grosse pierre, un endroit assez reconnaissable pour qu'il s'en souvienne assez, là il se délesta de son pistolet magnum et de son revolver en prenant bien soin de les garder dans leur holster. Il inspecta la souche, pas trop frappé par l'humidité. Il nota quelque repère pour ne pas oublier l'endroit puis déclara :

-Bien, maintenant dans l'ordre, Altamer est sur la route, on s’arrête pour que je touche ma paie, ensuite on amène Ordine aux gardes et on les amène à la carrière pour confirmer mon histoire. Ça vous va, Plume, Moe ? Et...

Chafouin jeta un coup d’œil au tairakh qui les avait accompagnés, toujours à l’affût de quelque chose avec ses yeux brillants. Chafouin haussa les épaules et sortit son deuxième sandwich en supposant qu'il avait encore faim après sa blessure, ça ne manqua pas. Le petit animal se mit sur ses appuis, visiblement assez excité par l'odeur de la viande cuite que Chafouin lui lança, mais cette fois, une fois que le tairakh eut attrapé la barbaque, il disparut entre des fourrés. Chafouin fut un peu surpris d'éprouver une pointe de tristesse en voyant le tairakh les abandonner pour sa nourriture, il resta quelques instants légèrement troublé en ayant le sentiment que ce n'était pas la dernière fois qu'il le reverrait. Il se tourna vers Althéa et s'excusa en grommelant pour ce moment d'absence et ils reprirent la marche. Sur les premières centaines de mètres, il y eut un silence gênant que Chafouin se sentit obligé de briser.

-Tu sais, je suis pas particulièrement énervé ou quoi que ce soit contre le fait de planquer mes flingues aux yeux des my'träns, j'ai souvent vu le même genre de situation mais pour un my'trän à Daënastre, alors je pense qu'il vaut mieux que je ne fasse pas de vague pour l'instant. Surtout après cette histoire de mine qui a été attaqué il y a quelques temps, c'est pas vraiment le bon moment pour être daënar dans le coin, mais bon je m'en sortirais je suppose.

Il disait cela avec un détachement assez simple, en même temps il n'avait rien dit à Althéa, mais mis à part le couteau qui était attaché à sa ceinture, il ne manquait pas de moyen de se défendre. Il y avait ses deux grappins dynamiques miniaturisés aux poignets qui pouvaient se transformer en armes redoutables, ainsi qu'une chevalière contenant un poison mortel sur sa main droite. Il était vrai que ces gadgets favorisaient quelque peu son sentiment de sécurité personnelle. Puis il dit à Althéa de le laisser parler quand ils verraient les gardes, ils auraient sans doute des questions et il trouverait le moyen de les baratiner. Ceci étant dit, elle avait sans doute quelques questions elle-même, pourquoi un daënar était-il venu dans une poudrière à en devenir comme My'trä ?

-À vrai dire je cherche quelqu'un, ou plutôt un nom, Deckter, est-ce que ça t'évoque quelque chose dont tu as déjà entendu parler ? Non ? Ah ça m'étonne pas, il parait que c'est pas commun comme nom.

Il n'eut pas envie de rajouter plus pour l'instant, il chercha à parler de sujets un peu plus légers pour agrémenter la balade. Il parla vite fait de My'trä en la comparant à Daënatre, il disait qu'elle lui faisait penser aux plus jolis coins bucoliques de sa nation d'origine mais que pour l'instant il ne s'était pas encore fait un avis tranché sur le pays des mages, attendait d'en découvrir plus par lui-même.
De même, il préféra ne pas aborder tout ce qui aurait pu toucher au conflit my'trän-daënar pour l'instant, ne souhaitant pas directement tomber sur une pente glissante avec la première personne qui était agréable avec lui pour l'instant. Alors il parla de lui, mais très peu, lui indiquant juste où il avait grandit et ce qu'il avait fait, de son enragement à l'armée et de son morceau de vie à Prorig. Il n'entra pas dans les détails sur ses activités criminelles à Daënastre en indiquant juste qu'il lui était arrivé pas mal de fois de « faire chier les hautes-instantes de l'union ».
Ça n'avait pas l'air de déranger la jeune fille, au contraire même.
Il lui demanda d'ailleurs d'où venait tout cet attirail de plume dont se paraît Althéa, il hasarda sur le fait que c'était parce qu'elle aimait les griffons avant de changer d'avis et de demander si c'était en hommage à un architecte, Süns ou Mochlög par exemple. En tout cas, il trouvait que ça avait un certain style comparé à certaines tenues daënars qui étaient parfois bien plus pompeuse que réellement classe.

Ils arrivèrent enfin devant une cabane en pierre en quittant les fourrés. Chafouin indiqua à Althéa de rester près de Moe alors qu'il allait demander sa paie à Altamer. Il alla frappa à la porte, d'emblée quand l'homme aux cheveux cendrés désigna le corps d'Ordine à Altamer le my'trän ne parut pas vraiment satisfait. La discussion monta de plusieurs octaves avant que Chafouin ne revienne finalement vers elle avec une bourse à la main.

-Il n'acceptait pas vraiment de devoir mieux choisir ses mots quand il demande quelque chose, mais bon j'ai touché toute la somme convenue, quant à lui, il devra se satisfaire de voir Ordine croupir en prison je suppose.

Puis une fois remis en route, ils s’arrêtèrent un kilomètre plus tard à un poste de gardes aux abords des faubourgs d'Eoril, quatre hommes en faction regardèrent arriver cette drôle d'équipe. Celui qui semblait être le chef, avec ses habits rougeoyants, peu vêtu d'armure contrairement au reste de ses hommes, envoya un garde demander ce qu'il se passait, Chafouin fit un signe de tête à Althéa pour gérer ça à sa manière.

-Vous êtes qui vous ? Demanda-t-il uniquement à Chafouin. Et il désigna le braconnier. Et lui qu'est ce qu'il fait sur ce griffon ?

-C'est un braconnier, il s'est retrouvé attaqué par une bête sauvage, mais on a la preuve qu'il enfermait des animaux dans une carrière à sept ou huit kilomètres d'ici, la jeune fille pourra corroborer mes dires.

Le garde ne semblait pas vraiment convaincu, certainement à cause de la tête du client, mais Althéa pouvait confirmer ce que disait Chafouin, du moins, confirmer sa version. L'homme repartit voir son chef et celui-ci fit signe de descendre Ordine, puis il s'approcha de Chafouin.

-Et vous qu'est-ce que vous venez faire dans le coin daënar ? Sur un ton peu commode.

-Visiter le coin et donner des coups de main autant que je le peux, j'étais inspecteur sur l'autre continent, je devais découvrir ce que faisait Ordine pour le compte d'un gars qui s'appelait Altamer.

-Oui je connais Altamer, il m'avait déjà parlé de ses soupçons concernant Ordine.

Malgré cela, le ton de méfiance du my'trän ne semblait pas s'estomper, il vit ses hommes porter Ordine et jeta un coup d’œil à sa blessure.

-Ça ne ressemble pas vraiment à une blessure de bête sauvage ça dite moi.

-Qu'est-ce que j'en sais ? C'est vous l'expert de la faune locale ici.

-Vous avez des objets technologiques sur vous ? Demanda-t-il en changeant de sujet. Comme s'il sentait que Chafouin dissimulait sa technologie.

Effectivement, il redressa une de ses manches, laissant mieux apparaître le dispositif de grappin dynamique.

-Juste ça.

-Ça pue la technologie. Commenta le chef d'un air dégoutté tout en ne réalisant pas vraiment le but premier du dispositif.

Chafouin faillit répondre « Eh bien retenez votre respiration alors », mais il ne laissa qu'un souffle échapper de sa bouche avant de faire cette connerie. Ce type représentait une autorité sur laquelle il n'avait aucun contrôle contrairement à la milice de Prorig, il ne pouvait pas se permettre de faire le malin à tout bout de champ. Et clairement, l'homme ne l'avait pas à la bonne.

-Bon, je vais m'occuper de mettre Ordine dans une cellule, en attendant, je vais envoyer trois de mes hommes avec vous pour trouver cette clairière, si ce que vous dite est vrai, alors on aura la preuve pour le garder en prison durant quelques années. Partez devant, je vous rejoins plus tard.

Chafouin retrouva Althéa et Moe et ils se mirent en route destination de cette fameuse clairière, sur le chemin Moe, Chafouin et Althéa se tenaient devant le trio de garde, l'homme aux cheveux cendrés glissa à la cercle :

-Ce sont des sacrés connards ces types de la milice, comme à Daënastre, sur ça au moins je suis pas dépaysé. Il lui fit un clin d’œil et ajouta plus bas. Le chef a de gros doutes sur moi, je pense qu'il arrivera à déterminer que c'est une blessure par balle, mais en l'absence d'armes à feu sur moi, il ne pourra pas prouver que je suis coupable. Même si Ordine se réveille on sera déjà arrivé bien assez tôt sur la carrière. Même si je suis daënar, son témoignage ne vaudra rien s'il n'a pas plus de preuve. Ça devrait bien se passer.  

Du moins il l'espérait, et il espérait aussi que Plume ne le la lui ferait pas à l'envers, après tout maintenant qu'ils avaient ramené Ordine aux gardes, elle n'avait en vérité par grandes raisons de rester de son côté s'il se retrouvait dans la merde.

Althéa Ley Ka'Ori
Althéa Ley Ka'Ori
La mage guérisseuse et l'idiot technologiste.  [Pv Altou] Empty
La mage guérisseuse et l'idiot technologiste.  [Pv Altou] EmptyMer 6 Nov - 2:51
Irys : 507592
Profession : Guérisseuse du Troisième Cercle
My'trän +3 ~ Suhury (femme)
A son plus grand étonnement, le Daënar consentit à se débarrasser temporairement de ses armes, et son acquiescement acheva d’apaiser les doutes qui la taraudaient encore à son sujet. Elle avait feint la plupart de son enthousiasme apaisé, mais dorénavant seule la curiosité subsistait réellement dans un recoin de son cerveau émotionnel. Que faisait un technologiste dans les environs ? S’était-il perdu en chemin ? Elle doutait que même les Daënars soient suffisamment incompétents pour se tromper de continent, mais tout de même ; les temps semblaient peu propices à l’expatriation volontaire !

Il lui colla une sueur froide en mentionnant une histoire de mine prise d’assaut. Les nouvelles se propageaient bien trop vite à son goût. Son visage s’assombrit l’espace d’une seconde, mais elle reprit bien vite un sourire joueur, décidée à ne pas approfondir les sujets qui fâchaient. Il aurait tout le loisir de découvrir son implication dans ce genre de hauts faits patriotiques à un autre moment, et s’il lui prenait de la juger, leur partenariat en serait fort écourté. Elle évita donc soigneusement le sujet, se concentrant sur les armes qu’il avait délaissées.

    « En toute honnêteté, c’était un peu par égoïsme que je t’ai demandé de t’en débarrasser, admit-elle avec un semblant d’insolence. Leur présence me donnait la nausée, et le tournis. »


La guérisseuse souriait, une inflexion légèrement sarcastique perçant dans sa voix. Elle profitait qu’il lui confesse ne pas s’être énervé pour titiller son irascibilité d’un frôlement de plume. Elle était experte dans ce domaine. Elle ne ralentit pas le temps pour autant. Après quelques secondes de marche, il répondit à ses interrogations tacites, aux questions indicibles ou pas tout à fait formulées dans son esprit, et monta conséquemment dans son estime. Rien n’était plus satisfaisait pour le curieux, que celui qui parle spontanément, et droit au but qui plus est. Elle fronça pensivement les sourcils, et ses yeux perdirent quelque peu d’éclat dans le procédé.

    « Tu es sûr que tu cherches au bon endroit ? se contenta-t-elle de demander. Ce nom n’a pas une consonnance my’trän. »


La conversation s’enchaîna sans heurt, et Althéa oublia l’espace d’un instant qui elle était et avec qui elle discutait, congédiant momentanément la spirale de violence qu’engendrait la lutte de leur peuple respectif. Son frère aîné l’aurait probablement assassinée sur place s’il avait eu vent de cette présente aventure, pourtant insignifiante. A dire vrai, il aurait considéré la moindre des politesses échangée avec un étranger comme le signe qu’elle avait sympathisé avec l’ennemi tant redouté. En dépit de ce que lui avait inculqué son fraternel, elle se plaisait à échanger avec l’inconnu. C’était un homme de main, et ils auraient pu faire une alliance convenable s’ils avaient partagé leur nationalité ! Althéa s’était prise à plusieurs reprises à donner du travail aux voyous de son genre. La conversation dévia avec fluidité sur les ornements de plumes dont elle se parait.

    « Les plumes ont le sens qu’on veut leur donner. Moe m’en fournit la majeure partie, je les porte donc à sa gloire, mais aussi à celle de ses cousins architectes. Ma tribu vénère Khugatsaa, et je l’ai vénéré étant petite. Fatalement, j’ai grandi dans la déférence de sa jumelle Süns. Lorsque je me suis vouée à Möchlog, j’y ai ajouté des plumes de chouette. Elles me portent chance, et me rapprochent de trois de mes créateurs. Certains y voient un hommage, d’autres une simple décoration. Mais je dois dire que ces derniers temps on m’a surtout reproché de les porter pour des raisons autrement plus austères. »


Ses lèvres closes se figèrent en un sourire espiègle, et elle refusa d’en dire davantage. Certains la croyaient déjà irrationnelle de continuer ses errances et ses voyages en solitaire. A ce titre, ne serait-ce que faire allusion à ses pouvoirs de nécromancie relevait de la plus pure des insanités ! Après tout, Möchlog lui avait octroyé de grands pouvoirs, et elle les risquait quotidiennement en se rendant sur tous les continents, sans prendre garde aux risques inconscients qu’elle prenait, sans se cacher de son allégeance au rapace nocturne. Mais elle ne pouvait s’empêcher de croire avec ferveur que son Architecte l’avait bénie de sa magie pour agir, à l’inverse de tous ces mages qui se cloitraient dans quelque abri surprotégé de Darga.
Toutefois, et en dépit de sa claire imprudence, elle préférait ne pas révéler son statut de maître au premier venu, aussi avenant fût-il. Peut-être ne comprendrait-il même pas la portée de la révélation. Pire, il pourrait être effrayé par ces arcanes insondables et morbides.

Pour faire diversion, elle porta une main gracile vers sa ceinture de cuir, qui entourait sa hanche à double tour, et décrocha une barrette placée à sa taille. Elle comportait trois plumes soyeuses, vraisemblablement nettoyées et lustrées par ses soins. L’une d’entre elles ne laissait pas de doute ; elle appartenait au plumage immaculé de Moe. La seconde se parait de tant d’obscurité que l’on doutait de sa présence lorsque la lumière ne l’éclairait pas directement ; elle devait représenter Süns. Pour finir, une plume bien plus fine, presque aussi cendrée que la chevelure de Chafouin, était accrochée à l’extrémité de l’épingle, comme pour finir à la même hauteur que ses deux homologues lorsqu’on tenait la barrette à la verticale ; une plume de chouette. Sans demander sa permission, elle fixa l’épingle au fourreau de son poignard, coinçant le cuir entre les deux branches de l’épingle.

    « La plupart des guerriers accrochent ces porte-bonheurs sur leurs armes et leurs armures pour que Möchlog accroisse leur force, leur endurance et stimule leur moral. Tu n’es pas obligé de le garder, mais si jamais tu t’en débarrasses, fais en sorte que je ne te vois pas le faire. »


Ils arrivèrent à l’adresse d’Altamer, et de là Althéa fut bien heureuse de le laisser prendre la main. Elle était épuisée de son voyage depuis Zochlom ; les pourparlers avaient été plein de rebondissements lors de la conférence des Cercles. Elle préférait ménager ses forces pour les moments fatidiques. Ce qui ne semblait pas en être un puisque Chafouin revint la main pleine d’une bourse convenablement pleine d’Irys.

    « Où est ma part ? taquina-t-elle avant de reprendre avec plus de sérieux. Je plaisante, ne t’en fais pas. »


Il lui manquait à peu près de tout sauf de l’argent, et elle n’avait que faire de ses Irys. En revanche, elle ne donnait pas de prix à l’expression stupéfaite qui s’afficha sur son visage, le temps d’une demi-seconde. Sa surprise était-elle dû à son évidente entorse à la courtoisie ou à un potentiel instinct vénal qu’il lui découvrait ? Elle osait espérer qu’il ne lui affublerait ni l’un ni l’autre.

L’étape suivante se déroula plus péniblement que la précédente, mais comme convenu, elle évita d’intervenir, laissant la main à Chafouin. Elle confirmait ses dires d’un acquiescement de la tête, espérant qu’il ferait confiance à une compatriote à défaut d’un Daënar. Par ailleurs, elle se retint de contempler de trop près les grapins qu’il leur présentait ; ainsi donc, il lui restait encore des armes technologiques, le fourbe ! Mais comment fonctionnaient ces petits embouts ? Althéa détourna son attention de la chose, consciente que son intérêt trop poussé pour ces outils méconnus raviverait la méfiance des gardes.

Ils s’éloignèrent, ouvrant la marche vers la clairière supposée qui était leur destination, et elle espéra de tout son cœur qu’elle ne marchait pas vers un piège bien ficelé du Daënar. Le fait que trois gardes leur collaient aux basques ne lui semblaient par ailleurs pas des plus rassurant. Et si Ordine se réveillait et parlait ? Il semblait déjà s’agiter sur le dos de Moe, peut-être sortait-il déjà de l’inconscience dans laquelle il avait sombré.

    « Attends qu’on soit autour d’un bon verre de lait avant de les insulter, murmura-t-elle pour toute réponse. »


Il poursuivit toutefois, confirmant que lui aussi craignait le réveil d’Ordine, mais proposant instantanément un remède à ce problème tenace. Arriver à la clairière avant qu’il ne se réveille ! Elle pencha la tête et ne put retenir son acerbité, exagérant volontairement les faits.

    « Dire que si tu ne m’avais pas suppliée de t’aider, je serais à des lieux de là ! »


Ils cherchèrent la clairière, puis ils trouvèrent la clairière. Comme prévu, des animaux de toute sorte, d’exotique à banal, s’y prélassaient sans joie. Althéa ne put retenir un soupir de soulagement. Elle n’était pas forcément attachée aux animaux, et se moquait quelque peu de leur sort. En revanche, elle tenait à sa vie, et à sa crédibilité auprès des gardes. Moe pour sa part fut immédiatement subjugué par la beauté d’un griffon femelle enchaînée à un arbre, et une fois qu’il l’eût vu, plus rien ne sembla exister autour de lui. Il s’immobilisa sur place, et prit une bonne poignée de secondes de pause avant d’oser faire un simple pas dans sa direction. Althéa ravala la pointe de jalousie qui lui donnait des fourmis dans les doigts, et s’occupa plutôt d’encourager les gardes à faire ce pour quoi ils étaient payés ; libérer les bêtes et punir leur braconnier. L’un des trois gardes lui répondit simplement, avec le ton de l’évidence :

    « Ah non, hé, on peut pas. On doit attendre les ordres du chef, il a dit qu’l’était en route. »


La guérisseuse dut réfléchir longuement pour assimiler la pleine absurdité de sa logique.

Chafouin
Chafouin
La mage guérisseuse et l'idiot technologiste.  [Pv Altou] Empty
La mage guérisseuse et l'idiot technologiste.  [Pv Altou] EmptyDim 10 Nov - 17:19
Irys : 938177
Profession : Homme à tout faire
Daënar -2
Chafouin fit un regard mauvais quand Plume grogna son léger ressentiment envers lui pour l'avoir entraînée dans cette galère, Chafouin ne sut répondre qu'un :

-Mrrph, bon ça va hein, t'étais pas obligé de me suivre non plus.

Pitoyable répartie s'il en était, mais il savait très bien qu'au fond de lui, il en devait une à Althéa pour le coup de main et il n'était pas sûr de pouvoir effectuer une juste compensation envers la jeune fille. Réalisant quelque chose d'autant plus important, il la regarda.

-Autant un peu, tu bois du lait ? Quand tu vas dans une taverne, tu bois du lait, le truc blanc non alcoolisé qui sort des pis d'une vache ?

S'ensuivit quelques mots et des regards d’incompréhensions entre Chafouin et Plume.

-Ouais... Du lait hein, non mais après tout t'as le droit, c'est juste que... Non rien en fait.

Oui Althéa avait le droit de boire du lait en allant au bar, c'est juste que Chafouin aurait un peu de mal à l'accepter. Non il allait faire un effort, c'était ses goûts après tout. Ils continuèrent quelques moments à marcher avant qu'un silence gênant s'installe, grandement amené par Chafouin il ne fallait pas se mentir. Il se mit à tripoter la manche de son poignard où Althéa avait accroché ses fameuses plumes. Cet égard envers lui, l'avait vraiment surpris, pour dire vrai, cela lui faisait chaud au cœur, même s'il ne l’avouerait sans doute pas, qu'une étrangère lui témoigne autant d'intérêt au point de lui offrir un cadeau. Il se rendit compte qu'il n'avait pas vraiment de compensation et il ne souhaitait pas passer pour un ingrat complet, à bien réfléchir il avait bien quelque chose qu'il avait réussi à emporter en catastrophe de son appartement. Il fouilla dans une de ses poches à la recherche de quelque chose.

-Au fait Plume, j'ai pas eu vraiment d'occasion de te remercier pour les, plumes oui. Cependant ya deux choses que j'ai emportés avant de quitter Daënastre. Il sortit une petite statuette de bois, représentant une chouette. Elle est à toi, je pense que Möchlog préférerait accompagner un de ses disciples plutôt qu'un daënar, moi j'ai déjà une autre statuette pour Khugastaa. Celle-là par contre je ne m'en sépare pas, c'est l'une des seules choses qui aient une valeur sentimentale pour moi.

Ils continuèrent leur chemin, la carrière était encore assez loin, à une bonne heure de marche. Cela laissa le temps de réfléchir à ce que ferait Chafouin après cette affaire, peux être commencer à creuser son trou chez la crapule d'Eoril, après tout, même si on était daënar, il y avait sans doute de bons contacts à se faire là-bas pour l'aider à trouver ses origines. Il pouvait tout aussi bien se proposer pour aider ces fameux patriotes destructeurs de mines, après tout il pourrait les embobiner dans un plan en leur prétendant qu'en temps que daënar, ses compatriotes ne se méfiaient pas de lui. Mais pour l'instant il fallait mieux se concentrer sur l'avenir proche.

-Tu sais Althéa, à bien réfléchir je pense que tu mérites une petite part de ce que j'ai gagné. Et si on continue notre bout de chemin, tu mériterais sans doute que je te le paye, ton verre de lait. Il lui glissa un clin d’œil. Après tout vous les cercles vous ne rendez pas des services gratis, c'est pas un reproche hein, c'est une constatation. En fait tu sais ce qui manque à Irydaë ? Un service de soins gratuits, qui serait financé par l'argent des contribuables, un genre de truc communautaire tu vois ? Il stoppa sa réflexion et émit un petit rire moqueur en réalisant ce qu'il disait. Bah je dis vraiment n'importe quoi, aucune chance que ça marche un truc pareil.

Finalement, ils arrivèrent à la carrière, Chafouin fit un signe de tête à Althéa en disant qu'il n'avait pas menti. Les gardes et le trio composé de Chafouin, Althéa et Moe se dispersèrent dans cette carrière. L'homme aux cheveux cendrés ne put que constater de nouveau le triste état des animaux mis en cage, ils semblaient avoir bien moins de volonté dans le regard que le tairakh de tout à l'heure, en parlant de lui, il n'était toujours pas réapparu le bougre. Chafouin eut une petite pointe au cœur en pensant qu'il avait filé pour de bon. Althéa de son côté encourageait les gardes à faire le travail pour lequel ils étaient payés, mais ils répondirent par un élan de stupidité. Attendre le chef, ben voyons qu'est-ce que ça leur coûtait d'ouvrir ces fichus cages ?

-Et vous voudriez pas faire un effort plutôt que de trouver une excuse pour tirer au flan ?

-Ferme là le daënar, ou je m'occupe de ton cas. T'as aucun ordre à nous donner. Dit l'un d'entre eux.

Chafouin grogna et se plaça sur un roche en tâchant de ne pas ruminer son mécontentement, il regarda Moe. Le volatile était toujours concentré sur cette femelle griffon et Chafouin en était désolé pour lui.

-Désolé mon grand, les gardes sont trop cons pour comprendre ta détresse. Murmura-t-il.

Malgré tout, il cru voir le griffon esquisser un mouvement dans sa direction comme s'il comprenait ce qu'il lui avait dit, mais c'était peux être son imagination. Après de nombreuses et trop longues minutes. On vit apparaître une nouvelle silhouette dans la carrière, le chef des gardes, celui-ci devait sans doute avoir suivi leurs traces. Chafouin remarqua qu'il n'avait pas l'air en forme. Et se rappela qu'il avait jeté un coup d’œil réflexe à la souche d'arbre dans laquelle il avait planqué ses flingues quand ils étaient revenus sur leurs pas. L'homme regarda tout autour de lui avisant les cages, puis dit enfin :

-Ok brisez-moi ces verrous, les animaux sont libres de partir.

C'était pas trop tôt, Chafouin sauta du rocher sur lequel il se tenait pour se mettre à l'ouvrage, il commença par le griffon femelle que Moe n’arrêtait pas de reluquer. Il s'approcha doucement d'elle, mais elle était allongée par terre avec à peine assez de volonté pour lever le regard. Mais une fois ses liens enlevés. Une pointe d'énergie sembla naître dans son regard. Elle renifla ses liens enlevés et se leva pour marcher lentement, avant de filer dans les bois. Moe n'écouta même pas sa maîtresse et fondit à la suite de la femelle, disparaissant à son tour. Chafouin regarda Althéa et haussa les épaules, il reviendra sûrement ce grand oiseau.

Ils s'occupèrent ensuite du reste des cages, Chafouin sifflotait doucement en ayant la nette impression d'être le gentil de l'histoire, ça faisait longtemps qu'il n'avait pas ressenti cela et ça faisait plutôt du bien. L'affaire était rondement menée, Ordine allait finir en tôle, et lui allait se bourrer la gueule avec de l'argent amplement mérité, c'est ce qu'il se dit quand il vit son propre revolver et son pistolet atterrir à quelques mètres devant lui.

-Ah, bien mieux. Fit le chef des gardes en soufflant un bon coup, il semblait bien plus en forme maintenant qu'il avait sortit les armes de sa besace. Inutile de dire que tu ne reconnaîs pas ces instruments, je sais très bien qu'ils t'appartiennent. J'ai n'ai vu que très peu de blessures par balle mais je sais les reconnaître.

-Ben voyons, je suis le seul daënar dans le coin et ces trucs m'appartiennent forcément ? Une chance que tu soit garde et pas enquêteur.

-Pas la peine de chercher des excuses, tu es venu directement nous voir avec ce type, sachant très bien qu'Altamer avait une dent contre lui, de plus tu savais ou était cette carrière. Ça fait beaucoup de coïncidence tu ne crois pas ? Il désigna les armes au sol et s'adressa à Althéa. Je ne sais pas ce que ce technologiste t'as raconté, mais il s'est clairement foutue de ta gueule, désolé de te le dire. Ce salopard cherche seulement à tuer du my'trän en toute impunité.

Chafouin regarda Althéa avec un regard grave, après ce qu'elle avait fait pour lui, il ne pouvait pas lui demander de prendre sa défense. Il était sûr de pouvoir gérer les quatre types. Les gardes étaient clairement du menu fretin, ne dépassant sans doute pas le niveau de novice dans leur magie, ils utiliseraient certainement leurs épées plutôt qu'autre chose. En revanche, le chef semblait être un combattant bien plus expérimenté, Chafouin pouvait noter une certaine souplesse chez lui, un sabre de qualité et de nombreuses plumes noires attaché dans sa tenue rougeoyante. Tout semblait indiquer un mage de feu, ça n'allait pas être coton à gérer ça.

-Ne t'en mêle pas la cercle, c'est une affaire de zoliens. Dans les cas comme ça on met les types au trou jusqu'à ce que mort s'ensuive. Mais je pense qu'au vu des derniers événements. Les tribus seront ravies de voir un cadavre daënar se balancer au bout d'une corde sur la route. Allez les gars, saisissez-moi ce type, tuer le s'il résiste.

Chafouin recula en levant ses deux paumes, faisant mine d'apaiser les hommes qui dégainaient leurs épées, là c'était mal. Il pouvait tuer les deux en quelques secondes en visant leur cou avec ses grappins. Le troisième également, mais il doutait que le chef se laisse abattre si facilement. Ça risquait d'être bien moins facile d'un coup.

Althéa Ley Ka'Ori
Althéa Ley Ka'Ori
La mage guérisseuse et l'idiot technologiste.  [Pv Altou] Empty
La mage guérisseuse et l'idiot technologiste.  [Pv Altou] EmptyMar 12 Nov - 21:41
Irys : 507592
Profession : Guérisseuse du Troisième Cercle
My'trän +3 ~ Suhury (femme)
La jeune guérisseuse retint un éclat de rire ; la boisson était le vice de son temps, et elle n’y succombait pas, au plus grand dam de Chafouin. Son goût évident pour l’alcool ne l’étonnait pas en revanche, elle aurait mis sa main au feu de Süns qu’il s’adonnait régulièrement à quelques verres à la taverne. Il avait le profil idéal d’un habitué, le ton bourru, le cœur solide et enfoui derrière une carapace épaisse de rudesse, et la voix enrouée pour parfaire l’ensemble. L’on ne saurait juger sur les apparences, mais à l’inverse s’en inspirer porte rarement préjudice. De surcroît, le commun des mortels noyait ses peines les plus infimes dans un doigt d’alcool, et Althéa se gardait bien de juger cette pratique qu’elle pensait ignorante plutôt que fondamentalement stupide. Si autant de personnes y investissait du temps et d’argent, elle osait croire qu’ils en tiraient quelques bénéfices. Elle se montrait plus intraitable lorsque l’habitude apparaissait chez ses confrères Suhurs.

    « Tu n’es pas le premier à railler ma sobriété. Mais prend en considération mon affiliation à Möchlog le temps d’une seconde. J’ai conscience du moindre effet néfaste de l’alcool sur mon corps, et c’est suffisant pour ne pas m’inciter à boire. Certains mages de l’altération aggravent sa toxicité, et l’ivresse qui l’accompagne, quelques-uns précipitent l’inconscience qu’il provoque parfois. Je préfère ne pas me mettre dans une telle situation de vulnérabilité, je ne peux compter que sur moi-même pour me protéger. »


Le cordonnier est toujours le plus mal chaussé ; le médecin est toujours le plus mal soigné. Si elle n’était plus à même de se protéger, il y avait peu de chance que quelqu’un d’autre le fasse à sa place. Si ma foi elle trouvait quelqu’un de confiance, alors peut-être un jour se laisserait-elle aller aux plaisirs de l’ivresse, mais pas avant. Qu’il la juge, elle se contenterait de prendre ombrage et de ravaler son air vexé avant que l’amertume n’échauffe la conversation. Au lieu de ça, il récupéra le coup en lui faisant cadeau d’une petite statuette, et toute trace de ressentiment disparut de son visage lisse, pour céder à la pleine reconnaissance. Elle ne souriait plus, mais elle ne quittait plus des yeux le présent de bois. Ses yeux disaient sa gratitude avec plus de délicatesse que les mots qui lui manquaient.

    « Deckter est un nom Khurmis ? se hasarda-t-elle à demander. »


La jeune Suhur espérait faire le lien entre son attachement pour la statuette de Khugatsaa et la raison de sa présence en My’trä, mais elle aurait compris qu’il préfère taire cette information. Pour sa part, elle tenait toujours la statuette entre ses mains, et elle y jetait un coup d’œil discret de temps à autres pour en apprécier les détails. Elle finit par se résoudre à la ranger, l’empaquetant soigneusement dans l’une des sacoches transportées par Moe.

    « Un verre de lait, ça me semble être une compensation raisonnable acquiesça-t-elle avec un sourire. Quant au reste… Peut-être ce genre de système existera un jour, qui sait. Mais nous sommes trop divisés pour mettre en place un système régi par l’entraide. »


Les événements allaient lui donner raison. Malgré l’existence fédératrice du Conseil de la Convergence, les contrées étaient animées par l’hostilité, et au sein-même des mages de même foi, les tensions étaient palpables. Il n’y avait qu’à voir les tribus belliqueuses de Zagash à titre d’exemple ! Jamais une nation marquée par tant de différends agréerait un projet social d’une telle envergure. En parlant de tensions, elles étaient également omniprésentes entre le Daënar et les gardes. L’arrivée du capitaine sembla donner une trêve à leur dispute tacite, et ils s’occupèrent de détacher les quelques animaux misérables qu’Ordine avait capturé au coût de lourdes blessures, et emprisonné dans des conditions déplorables.

Moe piétinait littéralement le sol d’enthousiasme lorsque Chafouin libéra sa nouvelle compagne. Les griffons étaient dotés d’une jovialité et d’une sensibilité sans faille, et il fit preuve des deux en s’élançant à la suite de la femelle lorsqu’elle disparut dans les bois. Cette dernière devait être trop affaiblie par sa captivité pour pouvoir décoller depuis un terrain plat, ce qui expliquait leur cavale à pied. Althéa ne put réprimer une pointe de frustration devant cette impromptue disparition, mais elle se rendit vite à l’évidence qu’il ne l’abandonnait pas ; suivant les instincts de sa maîtresse, il protégeait ceux dans le besoin. Les premières fois où il lui avait faussé compagnie de la sorte, du temps où elle était convaincue qu’elle n’apprécierait jamais l’animal, elle avait espéré en vain qu’il ne revienne pas. Mais il avait inlassablement retrouvé sa trace, et sa place à ses côtés. A croire qu’il était le seul à lui vouer une loyauté sans faille, et pour la seule raison qu’elle n’avait pas cherché à la cueillir ; il lui avait offerte de son plein gré.

    « Inutile de dire que tu ne reconnais pas ces instruments, je sais très bien qu'ils t'appartiennent. J'ai n'ai vu que très peu de blessures par balle mais je sais les reconnaître. »


Althéa tentait tant bien que mal de défaire les liens d’un Yamaany à coup de griffes, une arme peu adaptée pour la situation, surtout sous les plaintes craintives de l’idiote de bête qui la prenait pour un braconnier. La déclaration du capitaine accrocha néanmoins son attention distraite, et elle se détourna du Yamaany. Son cœur manqua un battement lorsque ses yeux se posèrent sur les armes à feu, reconnaissables entre toutes puisqu’elles devaient être les seules à des kilomètres à la ronde. Le capitaine avait fouiné et trouvé un précieux trésor pour incriminer Chafouin. Elle retint un juron qui ne lui seyait guère, et fronça les sourcils lorsqu’il lui adressa la parole. Comment, il n’allait pas même lui demander ce qu’elle savait de la situation avant d’enfermer le technologue à double tour ? Le regard que lui offrit Chafouin semblait résigné, il ne demandait pas son aide. Son acceptation de l’injustice qu’il endurait ajouta à son indignation. Sans réfléchir, elle s’interposa entre les deux partis.

    « Vous ne ferez rien de tel, il travaille pour moi et j’exige que vous le laissiez partir.
    - J’en ai rien à carrer, il pourrait travailler pour le Conseil qu’je changerais pas d’avis. On a marre de la racaille daënar, ça apporte que des emmerdes. Vous attendez quoi, bande de tire-au-flanc ? ajouta-t-il à l’adresse de ses subordonnés. »


Elle n’avait aucun pouvoir, aucune réputation à faire valoir à Zolios ; son ton décisif, à défaut d’obtenir ce qu’elle espérait, ne faisait qu’irriter davantage son interlocuteur. Elle était un quidam parmi d’autres, que le garde poussa sans ménagement sur son passage. Il la jeta au sol, prise au dépourvu, avant de faire face à Chafouin. La seconde suivante une giclée de sang la força à fermer brièvement les yeux. Lorsqu’elle ouvrit de nouveau les paupières, les deux gardes en première ligne s’écroulaient au sol sous le cri étouffé d’Althéa et les injures du capitaine. Ces morts inutiles lui firent chavirer le cœur, et elle se jeta sur le garde dans l’espoir de sentir une once de vie dans son corps inerte. Mais elle l’avait quitté dès l’impact, et il ne restait rien à sauver des emprises de la mort.

Le capitaine dégaina aussitôt son épée, laquelle s’embrasa de flammes alléchantes et avides de chair. Fou de rage, il s’élança vers Chafouin. A cet instant, Althéa dut choisir son camp. Aussi attachée qu’elle fût aux My’träns, et accablée de favoriser leur trépas, elle ne put fermer les yeux devant leur iniquité. Elle brandit sa main devant elle dans un geste sec et matérialisa un bouclier protecteur pour séparer les deux adversaires. Le capitaine heurta le mur invisible de plein fouet, et voulut l’esquiver mais un second se matérialisa devant lui. Il lâcha la garde de son épée deux mains pour générer une sphère de feu qu’il propulsa dans la direction d’Althéa. Elle dut se jeter à plat ventre pour l’éviter, mais sentit sa brûlure lancinante sur son mollet. Elle perdit la concentration qu’elle consacrait au bouclier dans la douleur, et le subordonné en vie se rua sans plus attendre sur le Daënar.

    « Parjure ! cracha-t-il à son intention. »


Sa fureur ignare la vexa presque autant que son insulte. Althéa, traîtresse à sa patrie ? Elle ne vivait que pour elle ! Des années durant elle s’était consacrée au bien-être de ses pairs, pour qu’un citoyen lambda la juge sans savoir ce qu’elle avait enduré pour Khurmag, pour Suhury, au nom de My’trä tout entier ? Pour les esclaves et les travailleurs ? Pour les My’träns de l’autre continent ? Elle se redressa sur ses appuis, pantelante devant la souffrance aigüe qui faisait trembler sa jambe, et elle maudit Moe d’être parti avec son arc sur le dos. Elle devait se débrouiller en combat rapproché, ce qui n’était pas idéal contre un épéiste. Son visage doux semblait avoir perdu de sa jeunesse, et elle invoqua ses pouvoirs de Möchlog pour augmenter ses capacités physiques et celles de Chafouin à quelques pas de là. Il voulait affronter une disciple de la chouette, il ferait les frais de ses capacités renforcées, et toutes les brûlures qui lui infligerait n’égalerait pas son impitoyabilité. A vrai dire, seule l'adrénaline et la douleur étaient à même de la pousser dans de telles extrêmes.

Chafouin
Chafouin
La mage guérisseuse et l'idiot technologiste.  [Pv Altou] Empty
La mage guérisseuse et l'idiot technologiste.  [Pv Altou] EmptyMer 13 Nov - 21:07
Irys : 938177
Profession : Homme à tout faire
Daënar -2
-Doucement les gars, faites pas quelque chose que vous pourriez regretter.

Fit Chafouin tel un dresseur de fauve en train de calmer des félins particulièrement agressifs, il gardait son calme envers ses adversaires, mais fut assez énervé quand le chef poussa Althéa par terre pour l’empêcher de lui gêner le passage.

-Hey doucement, elle n'a rien à voir avec ça.

Puis les deux hommes se jetèrent sur lui et merde, il n'avait plus le choix. Ses deux paumes se refermèrent bien fort et les deux pointes au-dessus de ses poignets partirent comme des serpents, chacune perfora le crâne d'un garde, réduisant le nombre des adversaires de moitié et provoquant la rage des deux autres. Chafouin recula, mais jura en voyant Plume se jeter sur l'un d'entre eux pour vérifier s'il lui restait une once de vie, mais il faisait trop bien les choses, il avait apprit à frapper les points vitaux avec ses grappins des années auparavant, les coups étaient quasiment chaque fois létaux. Et il ne souhaitait pas qu'Althéa perdre son temps dans une vaine tentative de soin qui la mettrait en danger. Le chef des gardes avait peux être raison sur un point, ce n'était pas son combat. En parlant de ce dernier il fondit sur Chafouin avec la vitesse d'un combattant expérimenté, l'homme aux cheveux cendrés jura en pointant ses paumes vers lui, il risquait de se prendre un coup de lame même s'il touchait l'homme, cependant un champ de force dévia les grappins qu'il envoya et fit rebondir la lame du garde qui jeta un regard rageur envers la responsable de ce champ de force.

-Althéa, t'a pas à faire ça, c'est pas ton combat !

Il tâchait de prendre une voix énervée envers elle, mais il semblait bien plus inquiet que réellement rageur. De toute manière le deuxième garde ne le laisserait pas aider la jeune chouette contre le combattant rougeoyant. Il devait se charger de lui, bien qu'il avait une lame assez courte, Chafouin dû faire un pas en arrière pour éviter le coup circulaire du garde. Il fut étonnement surpris de la distance qu'il réussit à couvrir avec ce retrait. Quand le garde attaqua de nouveau avec un coup haut, il fut assez rapide pour feinter d'un pas de côté et écrasa son poing sur la mâchoire du jeune homme, il avait l'impression d'avoir mangé du lion ! Le jeune garde posa genoux à terre et ce ne fut pas difficile pour Chafouin de lui faire une clé de bras pour lui faire lâcher son arme. Il le plaqua à terre, main dans le dos, en pointa sa paume vers le visage du garde qui le regarda horrifié. L'image d'Althéa en train de se jeter sur ce garde mort revint dans l'esprit de Chafouin et il renferma son poing en l'envoyant s'écraser contre la face du jeune homme. K-O sur le coup, un simple détail avait joué entre la vie et la mort de ce my'trän, pour l'instant du moins.

Il ne restait que le chef, celui-ci était aux prises avec Althéa et visiblement, elle n'en menait pas large. Le chef semblait virevolter contre ses boucliers, et semblait les faire fondre à chaque fois que l'un d'eux apparaissait. Pourquoi elle n'arrivait pas à prendre l’ascendant ? Plume tomba par terre et Chafouin se concentra pour tirer sur le guerrier maintenant qu'il avait une vue bien dégagé sur sa tête. Son grappin partit, filant tout droit, mais le my'trän dévia la pointe d'un coup de lame.

-Putain ! Rapide.

L'homme rougeoyant fit apparaître une flamme autour de son épée et s’élança vers Chafouin, celui-ci tira une nouvelle fois au grappin, pas plus de succès. L'homme avait des réflexes de serpent. Chafouin dégaina son poignard et pria les trois architectes rassemblés sur la manche de lui donner tout ce qu'ils avaient. Étonnamment cela sembla marcher, il sentit de nouveaux la force de lion qu'il avait sentit dans ses muscles réapparaître et d'un coup les mouvements du rouge lui parurent bien plus lents. Alors qu'il portait son coup circulaire sur Chafouin, ce dernier esquiva sur le côté et eu enfin le champ de tir qu'il avait besoin pour toucher le garde en pleine tête. Il ne pouvait plus le louper maintenant, il était trop proche pour esquiver le grappin, Chafouin sentit que tous ses sens êtres poussés à l’extrême alors que sa pointe partait, il vit le visage de son adversaire se tourner vers lui et disparaître dans un nuage de fumée alors que la pointe le heurtait. Il marmonna bien fort « c'est une putain de blague. » quand il ressentit une déchirure dans les côtes.

En tombant au sol en se tenant le ventre qui était trempé de sang, il ne pensait qu'à ça, une putain de blague, mais à bien réfléchir, tout semblait terriblement logique, Zolios était proche de Khurmag. Süns était la sœur de Khugastaa. Il était normal qu'ils envoient un champion combinant les deux magies pour le défaire lui, l'hérétique. C'était une putain de blague, et ses fichus babioles qu'il transportait, elles marchaient pas ou quoi ? C'était lui qui avait la statuette de Khugastaa, c'est lui qui aurait dû être aidé par l’architecte, demander à un superstitieux à cause de quoi il pouvait perde et il ne vous expliquera jamais que ce sont ses capacités qui lui ont fait défaut. Les plumes d'Althéa elles servaient à quoi au final ? Il avait plus d'architectes de son côté, mathématiquement c'est lui qui gagnait ! Alors pourquoi il était allongé par terre alors que ce fumier était toujours debout ? C'était une putain de blague et il commençait à trouver ça très drôle au final, ça allait finir comme ça avait commencé, avec un homme à terre et un autre qui le dominait de toute sa hauteur. Il comprenait ce qu'Ordine avait dû ressentir quelques heures plus tôt. Le my'trän essuya son épée avec suffisance, Chafouin aurait bien voulu lui planter les grappins dans le crâne, mais il était trop occupé à retenir son sang de ses deux mains, il n'arrivait même pas à dire si c'était grave ou non. De toute manière même s'il tirait, l'homme pourrait sans doute feinter avec sa magie encore une fois.

-Tu la fermes enfin ? Je t'ai connu avec plus de verve que ça le daënar.

Il n'avait pas envie de lui faire le plaisir de répondre, il avait déjà assez gagné comme ça. Quoi qu'en regardant autour, il repéra Althéa, elle était toujours au sol, l'avait-il blessée au final ? Sa vision se fit trop trouble pour le définir en tout cas elle bougeait c'était sûr. En regardant les cages ouvertes une pensée lui vint en tête.

-Ordine... Il étouffa un crachat de sang. Il, reste en prison ?

Le garde eu un sourire mauvais.

-Tu as prouvé qu'il faisait du braconnage, il va rester dans les geôles, trois années de prison, mais certainement moins s'il ne fait pas trop de vague. Tu vois, je sais me montrer juste.

Clairement cette réponse ne le réjouit pas. Il se contenta de baisser la tête, quelle putain de blague, dire que quelques dizaines de minutes à peine, il avait l'impression de maîtriser totalement la situation.

-Eh bien ? Dis au moins quelque chose pour rendre ta mort un minimum intéressante !

-Va chier. Et fait ce que t'a à faire.

Althéa Ley Ka'Ori
Althéa Ley Ka'Ori
La mage guérisseuse et l'idiot technologiste.  [Pv Altou] Empty
La mage guérisseuse et l'idiot technologiste.  [Pv Altou] EmptyDim 17 Nov - 15:50
Irys : 507592
Profession : Guérisseuse du Troisième Cercle
My'trän +3 ~ Suhury (femme)
La guérisseuse fit la sourde oreilles aux injonctions inquiètes de Chafouin. Elle n’agissait ni par courage ni par honneur, mais parce que l’adrénaline infectait ses pensées de principes fiévreux et de valeurs transcendantes à son caractère. En un mot, elle le faisait pour le pouvoir grisant que cette prise de parti lui conférait. Il eût été aisé de leur laisser la voie libre, de se soumettre en bon My’trän au jugement faussé de ses pairs, mais elle s’enivrait d’une mégalomanie aiguë à s’opposer à l’autorité en place. Möchlog lui faisait confiance, dorénavant les autres, qu’importe leur grade, écouteraient la volonté de l’Architecte via ses propres paroles. Ceux qui ne lui donnaient aucun crédit endureraient à juste titre leur punition.

En dépit de cette bestialité insolite qui agitait son cœur, en grande partie due à ses errances avec Zora, il fallait se rendre à l’évidence qu’elle avait de réels intérêts à défendre un innocent ; elle ne pouvait se prétendre protectrice de My’trä tout en fermant les yeux sur ses manquements. Comment plaider l’irréprochabilité lorsque les forces de l’ordre semaient le chaos, lorsque l’autorité se muait en autoritarisme, lorsque les bien-pensants fondaient les courants de pensées ? Elle aurait sacrifié sa vie pour éradiquer la vermine daënar qui pullulait dans les mines de magilithe et exploitait ses confrères my’träns, mais le seul moyen de négocier un tel retrait serait de se montrer immaculés aux yeux du monde ! Que soit mis en exergue l’avarice de l’intelligentsia de l’UNE, et traités avec respect ceux qui n’avaient pas même levé le petit doigt contre sa nation !

    « Si, c’est mon combat.
    - Tu parles d’un combat ! T’acoquiner avec ces vauriens ! »


L’expression d’Althéa se durcit. Elle croyait peu en la supériorité du peuple my’trän. En revanche elle ne doutait pas de ses mœurs plus ancrées qu’en Daënastre. Le peuple technologue était jeune, et il avait clamé son autonomie trop tôt. Il tâtonnait encore à se créer une identité et à établir ses idéaux. Elle refusait de croire que la cupidité de certains faisaient la norme. Il fallait simplement retrouver un équilibre entre les deux nations qui existaient du temps où ils ne formaient qu’un seul tout. Le parent et l’enfant s’affrontent, mais souvent le parent en sait trop pour que sa sagesse soit acceptée. De la même façon, My’trä avait accepté la présence des Daënars par souci de réconciliation, accueillant ses petits au bercail, et à présent il était de leur devoir de leur faire comprendre que la magilithe était une pierre sacrée dont il ne fallait pas abuser. Cela ne signifiait aucunement que la racaille de la garde pouvait s’en prendre aux premiers étrangers venus.

Sa colère et son esprit dissipé lui valurent une nouvelle brûlure, provenant de l’épée cette fois. Elle siffla de douleur, une paume protectrice sur son bras et le garde sembla disparaître momentanément de sa vision. Althéa esquiva vivement le prochain coup en plongeant au hasard du côté gauche. Il jouait des illusions pour disparaître de son champ de vision, et elle comprit rapidement que rester immobile n’irait pas à son avantage. Submergée, elle suivit les pas de la danse flamboyante de son adversaire, et dut vivement freiner son mouvement pour ne pas plonger vers le tir de grappin de Chafouin. L’épéiste se rua alors vers le Daënar, un mélange de rage et de panique s’exprimant dans son cri d’attaque. Il fallait en finir avec ce capitaine insane ! La guérisseuse offrit toute la force qu’elle pouvait transmettre à Chafouin, et…


SBAM.


La guérisseuse étouffa un nouveau hurlement de douleur, s’écroulant consécutivement au sol. Quelques secondes plus tard, Chafouin la suivit dans sa chute, puisqu’il ne bénéficiait plus de ses pouvoirs de renforcement. Les deux alliés de circonstances mangeaient la poussière, aux prises à leur adversaire respectif. Et pour cause, le Yamaany avait fini de défaire ses liens déjà bien entamés, et ayant pris la Suhur pour une braconnière, avait chargé à pleine vitesse contre elle.

    « Ô Süns, pourquoi les avoir faits aussi stupides ! geignit-elle pour elle-même. »


Les blessures de son épaule et de son mollet avaient été rudement malmenés par cette chute imprévue, et la douleur redoubla en intensité, floutant momentanément sa vision. Elle distinguait vaguement les couleurs du décor ; le Yamaany prenait à nouveau son élan. Elle profita du répit pour atténuer sa souffrance physique et stabiliser sa vision. Lorsque l’animal en rogne fonça de nouveau dans sa direction, elle matérialisa un puissant bouclier pour absorber le choc. L’animal semblait sonné, mais se trouvait sans doute moins dans le pétrin que Chafouin. Le garde se délectait de la position de faiblesse du Daënar, lui servant un discours exécrable sur la justice.

Althéa se tira tant bien que mal de la couche confortable de feuilles mortes pour se dresser sur ses deux appuis. Elle avait déjà chassé du Yamaany par le passé, notamment aux côtés d’Aurore, et elle se souvenait de la pierre angulaire des techniques de chasse employées contre eux : leur propre stupidité. Elle se plaça entre le Yamaany et le garde, et dut se faire violence pour se figer sur place alors que la bête idiote reprenait de nouveau son élan. Cette fois-ci, aucun bouclier se matérialisa sur son chemin. Elle attendit que le Yamaany fonce tête baissée, et alors que ses yeux ne se rivaient plus dans sa direction, Althéa plongea sur le côté à la manière d’un toréador en mal flagrant de grâce. A ceci près qu’une de ses cornes érafla son flanc pour former une énième blessure, sans freiner le moins du monde sa course toutefois. Elle pria pour que Chafouin ait vu venir la bête tandis que le dos tourné du capitaine ne se doutait de rien. L’espoir faisait vivre ! Tout comme voir le danger nous foncer droit dessus !

A vrai dire, la guérisseuse n’eut pas le temps de s’en préoccuper. Ses yeux étaient tombés sur une lueur scintillante au sol, et contre son propre jugement, elle s’en empara d’une main ferme. Le mal de tête la prit sans attendre, s’ajoutant aux pulsions douloureuses de son sang contre ses plaies ouvertes. Pire, une nausée terrible lui donnait l’envie irrépressible de régurgiter l’ensemble de ses dix-huit derniers repas.

    « Chafouin ! »


Sans réfléchir une seconde de plus, désireuse qu’elle l’était de se débarrasser de cette ignominie, elle jeta le révolver dans la direction de Chafouin. Toujours agenouillée, et pria les sept Architectes que l’arme ne se déclenche pas en plein vol et que le Daënar parvienne à s’en emparer à temps. Elle n’y connaissait pas grand-chose en technologie, aussi elle ne se souciait pas des tirs involontaires ; en revanche elle avait pu constater la vitesse fulgurante de ces petits cylindres de métal qui s’échappaient de leur canon, trop vite pour que l’œil puisse les traquer en temps réel. Avec un peu de chance, cette célérité aurait raison des tours de passe-passe du capitaine.

Chafouin
Chafouin
La mage guérisseuse et l'idiot technologiste.  [Pv Altou] Empty
La mage guérisseuse et l'idiot technologiste.  [Pv Altou] EmptyMer 20 Nov - 19:28
Irys : 938177
Profession : Homme à tout faire
Daënar -2
Le coup final allait s’abattre sur lui, mais le capitaine fut d'un coup chargé par un yamaany assez énervé, la bête semblait s'acharner sur le garde sans prêter attention à ce qu'il se passait autour d'elle. Chafouin regardait d'un air hébété ce drôle de combat se poursuivre sans lui, il voulu esquisser un mouvement pour s'en échapper, mais la douleur qu'il ressentant à son ventre était bien trop importante pour espérer se relever. Il ne fallait pas miser sur la victoire du yamaany sur le capitaine. S'il arrivait à tirer ne serait qu'une seule fois au grappin il pourrait peux être l’abattre. Mais comment obtenir un angle de tir dégagé pour être certain de le toucher ? Et surtout, arriverait-il à le toucher sans que le garde n'utilise ses illusions ?

Une clameur se fit entendre et il tourna la tête, un éclat de lumière volait dans sa direction, Chafouin reconnu le métal de son revolver et se fit violence pour ignorer la douleur lorsqu'il abandonna sa blessure de sa main droite pour lever son bras et réceptionner le revolver. Tenant toujours son flan d'une main et armant l'arme de l'autre. Il tourna son attention vers son adversaire. Sur les deux silhouettes, l'une était à terre et l'autre se relevait à tirant son épée du corps sans vie du yamaany. Le chef à la tenue éclatante leva le regard vers lui et écarquilla les yeux une seconde avant que Chafouin ne se mette à tirer toutes les munitions qu'il lui restait. Les projectiles partirent vers le garde qui disparut quelques secondes dans une fumée sombre, mais ce n'était que de l'illusion et non pas la réalité. La fumée se dissipa bien vite et le zolien recula de quelques pas en tombant à genoux et laissant tomber son arme. Des impacts l'avaient atteint au ventre qu'il tenait lui aussi d'une de ses mains. Bien fait pour lui, la balance des blessures était maintenant rééquilibré, sauf que...

-Bordel, mais tu vas crever salopard ? Grogna Chafouin à son adversaire.

Celui-ci leva la tête et lui lança un regard haineux, au vu des blessures, il se savait fini, il ne lui restait plus qu'un dernier coup à jouer. Il leva une main d'où une boule rougeoyante commença à se former. Chafouin appuya de nouveau sur la détente, mais toutes les balles avaient déjà été tirées. Il lâcha son revolver et regarda paniqué, la mort en face.

Une petite forme bondit alors sur le bras du mage, celui-ci hurla de douleur alors qu'une boule de poil plantait ses crocs dans le bras du magicien. Chafouin écarquilla les yeux en reconnaissant le tairakh qu'il avait secouru quelques heures plus tôt, leur adversaire secoua vigoureusement le bras pour s'en débarrasser et la petite bête se réceptionna sur le sol, mais le poison commençait déjà à faire effet, le regard du garde semblait bien moins vif, il sembla chercher Chafouin du regard. L'homme aux cheveux cendrés n'aurait pas d'autres occasions, il referma le poing avec force et son grappin partit droit dans le crâne de son adversaire. Cette fois pas de fumée ou de tour de passe-passe, le fil traversa la tête et le rebobinage du gadget produisit un bruit de craquement ô combien satisfaisant pour Chafouin.

Il se rendit compte qu'il n'avait pas vraiment balancé de répliques bien sentie comme son adversaire aurait souhaité, en même temps il n'avait pas eu de temps à perdre avec ça, sa vie n'avait tenu qu'à un fil, mais maintenant que son adversaire était enfin mort, il pouvait enfin dire quelques railleries. En voyant le tairakh s’asseoir à côté du corps, un regard brillant de fierté. Une réplique bien sentie apparut clairement à Chafouin.

-Je suis mage d'Orshin connard. Il ne savait pas trop ce que la bestiole attendait elle. Bien joué petit gars.

Le compliment sembla passer plutôt bien, le tairakh glapi et se mit à tourner autour du corps encore chaud pour commencer à lui boulotter les doigts. Par contre maintenant Chafouin devait s'occuper de lui, sa blessure restait grave, mais il ne savait pas s'il pourrait s'en sortir seulement avec des bandages. En vérité, il craignait de reparler à Althéa après ce qu'il venait de se passer. Il entendit les bruits de pas dans sa direction. Et baissa la tête pour remettre ses mains sur sa blessure.

Cela aurait pu mieux se passer, c'était clair, mais au fond de lui, il savait très bien que l'issue n'aurait jamais changé dès qu'il était rentré dans cette carrière. Même sans réel motif, les gardes se seraient quand même occupés de son cas, c'était forcément le bon moment pour se montrer patriote et faire disparaître un daënar dès qu'on le pouvait. Est-ce qu'il pouvait les blâmer ? Il avait souvent été à la place du bourreau, dans ce genre de situation, il aurait sans doute fait pareil, à une différence près, il n'aurait jamais attaqué une personne en prétextant son appartenance à une nation ou ethnie quelconque pour seule raison. Au final c'était juste une haine pure qui avait animé les motivations des gardes.

Et Althéa alors ? Chafouin s'en rendit compte que sans elle, il serait mort. Ces coups de chauds qu'il avait ressentit, c'était sans doute sa magie qui animait son corps pour le renforcer. Elle qui lui avait lancé le revolver, lui depuis le début, n'avait fait que la traîner de merdes en merdes encore plus noires. Il lui devait clairement cette journée, d'ailleurs maintenant, il se doutait qu'il ne pourrait pas s'en sortir sans son aide et sa magie. Mais pourquoi elle l'aiderait au juste ? Il avait bien tué trois my'träns, pour se défendre ou juste de sang-froid ? Pour lui il avait l'impression que ça ne changeait  rien. Pourquoi se figurait-il qu'elle devait l'aider ? Ils avaient discuté quelques heures, échanger quelques babioles et avait fait une promesse idiote avec un verre de lait ? Comme si ça suffisait à enterrer des siècles de haine alimentées par des gens qui prétendaient détenir les secrets de l'ancien temps. La vérité c'est que si Chafouin avait vraiment pensé à se faire d'Althéa une alliée, il se rendait compte à quel point il avait été con de penser qu'il ne lui causerait aucun tort et que ça pourrait marche entre les deux personnes.

-Tu devrais te barrer Plume. Fit-il faiblement. Je pensais qu'en venant à My'trä je changerais, j’arrêterais de me retrouver dans des plans de merde, mais regarde à quoi ça m'a mené. Ça change jamais au final. Regarde ce gâchis, je suis désolé de t'avoir embarqué dans ça.

Althéa Ley Ka'Ori
Althéa Ley Ka'Ori
La mage guérisseuse et l'idiot technologiste.  [Pv Altou] Empty
La mage guérisseuse et l'idiot technologiste.  [Pv Altou] EmptyMer 15 Jan - 16:54
Irys : 507592
Profession : Guérisseuse du Troisième Cercle
My'trän +3 ~ Suhury (femme)
Les deux vainqueurs de l’affrontement affichaient bien piètre allure. Les vêtements couverts de crasse et de tâches écarlates, la guérisseuse observait l’œil hagard la scène pittoresque entre le Tairakh et Chafouin, semblait-il sonnée par un mélange de lassitude et de mélancolie. En silence, elle avisait l’ironie de cette union improbable qui contrastait en tout point avec la division impitoyable entre My’trä et Daënastre. Même les animaux savaient taire leurs instincts prédateurs envers une espèce différente, pourquoi les hommes ne savaient en faire autant ? Les cadavres jonchaient le sol, et un regret réel lui brisait le cœur d’avoir assisté au gâchis de l’œuvre de Möchlog. Un peu machinalement, elle régénérait graduellement ses plaies, et ne sortit de sa torpeur que lorsque Chafouin s’adressa de nouveau à elle. Un soupir insoumis répondit à sa demande.

    « A en juger par les événements de cette journée, tu ne survivrais pas bien longtemps sans moi. »


La pique involontaire était partie sans crier gare, pragmatique, voire sèche, mais en aucun cas arrogante. Éprouvée, mais trouvant en elle une vigueur que seule Möchlog pouvait soupçonner, elle se releva pour soigner le Daënar, les mains plaquées autour de sa blessure au ventre. De nouveau, son regard se fit rêveur, et le fin observateur aurait su associer cet état pensif à l'élaboration d'un plan. Il n’était guère dans ses intérêts ni dans ses principes de fuir, et de laisser Chafouin s’embourber dans les ennuis. Lorsqu’elle s’extirpa de nouveau de ses pensées, elle semblait avoir recouvré sa détermination froide et son air calculateur, et n'en paraissait que plus effrayante. Elle essuya les traces de poussière sur son visage, et cueillit une plume de sa chevelure qu’elle déposa au creux de la main du garde encore évanoui, avant de croiser ses mains sur son torse. La rémige ivoire se détachait nettement contre la peau basanée du Zolien. Pour sa part, l’étrangeté de cette position n'était pas sans rappeler le repos d'un mort. Agenouillée près de l’inconscient, elle jeta un regard en arrière, ses yeux d’ambre presque suppliants.

    « J’aimerais mieux que tu ne vois pas ça, ou du moins que tu taises ce que tu t’apprêtes à voir. »


Sans prendre la peine d’attendre sa réponse, ou de vérifier qu’il détournait le regard, elle repoussa sa chevelure derrière ses épaules, et se mit à l’œuvre. Un son vibrant, comme porté par la magie, faisait écho dans la clairière, et bien vite le Daënar réalisa qu’elle chantait une prière pour Möchlog. Renforçant ses bras, elle apposa sa main sur les voies respiratoires du garde, et l’étouffa. Il eut un sursaut de vigueur et se mit à se débattre, mais il était en état de faiblesse. La magie d’altération couplée à la force de ses bras eurent raison de sa vitalité. Pantelante, Althéa se redressa, le dos droit, l’expression froide. Les tatouages sur ses mains s’illuminaient à présent d’une lumière blanche, éblouissante, et la fille de Möchlog d’un toucher tendre parcourait le corps inerte, influant progressivement la vie à chaque cellule de son être. Un mouvement brusque fit sursauter le cadavre, puis l’immobilité le reprit. Soudain, il ouvrit la bouche pour inspirer désespérément une bouffée d’air, emplissant ses poumons vides d’oxygène. Ses yeux perdus semblaient chercher en vain une réponse à une question muette.

    « Qu’est-ce que… »


Althéa se jeta sur ses appuis, car elle le sentait lutter contre son contrôle. Elle n’avait émis aucun doute sur le fait qu’il serait coriace, mais elle avait surestimé sa propre volonté. Concentrant de nouveau tout son attention, elle renvoya une vague dominatrice vers son Eveillé, annihilant toute trace de libre-arbitre de son caractère. Le regard vitreux, le rictus égaré, il se redressa de toute sa hauteur avant de s’effondrer à moitié sur la guérisseuse.

    « Attends-moi ici. Libère les animaux si le veux bien. »


***

Plusieurs longues minutes s’écoulèrent, peut-être plusieurs heures. La lumière du jour déclinait pour pourvoir les arbres de rayons de miel et la clairière d’une clarté tamisée. Althéa surgit, visiblement pressée par le temps, et chercha Chafouin du regard. Lorsqu’elle le vit, elle se mit à marcher plus vite. Elle ne doutait pas qu’il aurait des questions, et l’informerait bien entendu de ce qu’elle avait manigancé pendant tout ce temps, mais l’urgence voulait qu’elle l’entraîne loin de la clairière.

    « Il faut partir avant que la garde ne rapplique. Je leur ai faussé compagnie en prétextant une mission médicale urgente, je préfère qu’ils ne me voient pas traîner dans les environs. »


Sans vérifier qu’il la suivait, espérant que son ton serait suffisamment catégorique, elle s’enfonça dans les sous-bois dans la direction où le couple de griffons s’en était allé vivre des transports frivoles. Consciencieusement, la guérisseuse essuyait ses mains de l’odeur pestilentielle du sang et de la mort. Elle conserva un silence glacé pendant longtemps avant de sortir de son mutisme. Alors seulement elle remarqua la présence du petit Tairakh qui gambadait sur ses petites pattes étonnamment propices à la marche en forêt pour un animal de sa corpulence. Il semblait plus se penser plus que redevable auprès du Daënar ! Lorsqu’elle reprit la parole, l’on pouvait sentir qu’elle manquait d’entrain, et tentait de retarder le sujet fatidique de ses agissements dans la clairière.

    « Il vaudrait mieux que vous partiez de Zolios, toi et ton heureux compagnon. Ses habitants ont un tempérament imprévisible et émotif, et tu ne seras jamais à l’abri de leur impulsivité. A moins d’abandonner sans condition ton identité daënar… Si tu le souhaites, je peux t’emmener ailleurs, du moins lorsque Moe daignera faire sa réapparition. Khurmag est une contrée bien plus hospitalière que Zolios, et Suhury et plus… cosmopolite. A vrai dire, même les Zagashiens auraient au moins le mérite d’apprécier tes capacités au combat là où les Zoliens ne verraient que des inconvénients à ta présence. »


Chafouin
Chafouin
La mage guérisseuse et l'idiot technologiste.  [Pv Altou] Empty
La mage guérisseuse et l'idiot technologiste.  [Pv Altou] EmptyDim 19 Jan - 18:24
Irys : 938177
Profession : Homme à tout faire
Daënar -2
Il ne s’attendit pas vraiment à la petite pique que lui envoya la jeune my’trän. Il ne pouvait pas non plus lui donner tort, Althéa s’était rendu plus qu’utile lors de cette journée, maintenant il avait peut-être une dette envers elle. Cependant il préférait garder le peu de force qu’il lui restait pour attendre l’aide de Plume. Elle finit par le soigné, Chafouin fut soulagé, à vrai dire il s’attendait à ce qu’elle passe son chemin. La sensation de sa chair en train de se régénérer à vitesse grand V lui fit un effet des plus étranges. La jeune mage devait être une soigneuse d’exception pour rafistoler les gens aussi vite. Il se releva et se dégourdit les membres pour vérifier que tout était bien en place, une petite douleur résiduelle restait encore au niveau de son ventre, mais il sentait que celle-ci s’estompait de secondes en secondes, les choses semblaient rentrés dans l’ordre.

Il assista alors à un spectacle des plus étranges. Althéa s’approcha du garde qui était encore assommé et s’agenouilla à son chevet. Chafouin s’attendit à ce qu’elle le soigne ou quelque chose du style. Mais elle lança une phrase sans équivoque sur ce qu’elle comptait faire, du moins c’est ce qu’il crut en premier lieu. Elle se mit à réciter une prière qui lui échappait, puis s’adonna à sa sinistre besogne, le type se défendait à peine, ce fut fini bien vite. Elle ne voulait laisser aucun témoin visiblement.

-J’aurais pu m’en charger tu sais.

Mais malgré son brassard des cercles, la jeune fille ne semblait pas vraiment étrangère à l’idée de tuer. Bizarre tout de même, Chafouin se demandait quel genre de passif elle avait. Il trouvait aussi bizarre qu’elle lui demande de fermer les yeux sur ce qu’elle venait de faire, la carrière était déjà couverte de mort, un de plus, un de moins, qu’est-ce que ça changeait ? Il sursauta quand ce un de moins devint égal à un de plus. Qu’est ce qui venait de se passer ? L’instant d’avant il était quasiment sûr que ce type venait de casser sa pipe et maintenant il cherchait sa respiration comme s’il venait de revenir à la vie, qu’est ce qu’elle lui avait faite ? Le gars se releva et se mit à trébucher. Par habitude Chafouin avait braqué son arme sur cet ennemi relevé d’entre les morts. Mais il semblait maintenant obéir à Plume. C’était de plus en plus étrange et quand Althéa lui dit de libérer les animaux et de l’attendre, un millier de questions attendaient de franchir ses lèvres.

-Ouais, je vais faire ça. Lui déclara-t-il un peu anxieux et passablement effrayé.

Il passa quelques temps à libérer le peu d’animaux qui n’étaient pas encore libre. La plupart à cause de leur dangerosité, mais la totalité préféra partir dans les bois dès qu’il les libéra de leurs liens. Puis il tourna sa tête vers le petit tairakh qui était toujours dans le coin à l’observer.

-Tu ne va pas partir hein ? Il remua la queue. Bon ok alors.

Cela signifiait sans doute qu’il était lié maintenant. De ce que Chafouin savait des tairakhs, ils étaient plutôt fidèles à leur groupe, peu de chance que celui-ci lui aurait autant collé au basques s’il avait eu une meute à rejoindre. C’était donc un solitaire, ça leur faisait au moins un point commun. Chafouin passa le reste du temps à aligner les corps des gardes l’un à côté de l’autre. Puis voyant que la bestiole reniflait toujours les cadavres avec avidité. Il décida de couper l’un des doigts d’un des corps pour le lui lancer. Le tairakh l’attrapa en vol et commença à le grignoter. Chafouin haussa les épaules et se fit donc un petit tas de doigts coupés à balancer à son nouveau compagnon, pas vraiment la chose la plus glauque qu’il ait faite et au moins ça l’occupait. Mais alors qu’il jetait les bouts de doigts, son esprit était bien occupé à autre chose. À savoir deviner ce qu’il venait de se passer auparavant avec Althéa. Il avait halluciné ou quoi ? Pourtant, ce type était bien parti avec Althéa sans protester, à sa connaissance, il n’y avait que la magie de Khugastaa qui était capable de manipuler les êtres humains, mais il n’en était plus sûr. Mais au final ce qui était vraiment important, c’est ce qu’elle était partie faire avec ce garde, Chafouin en avait sa petite idée, c’est pourquoi il gardait souvent la main près de son holster.

La my’träne revint en fin de journée, seule. Ce qui rassura l’homme cendré. Il se releva, son stock de doigts était quasiment épuisé maintenant, le tairakh avait eu une faim de nokhoi.  Chafouin avait aussi eu le temps de trouver un petit ruisseau pour éponger ses vêtements couverts de sang, il devrait les changer bientôt néanmoins.  Althéa vint lui apprendre la nécessité de fuir l’endroit sur-le-champ. Chose avec laquelle il était on ne peut plus d’accord.

-C’est marrant j’étais justement en train de penser à la même chose.

S’il avait eu des doutes sur le fait de se faire balancer par Althéa à la garde, ils étaient maintenant dissipés, inutile de ne pas lui faire un peu confiance maintenant. Il se demandait tout de même ce qu’elle avait fait avec ce garde, surtout maintenant qu’il n’était plus là. Ils partirent dans la direction où Moe s’était éclipsé avec le nouveau petit compagnon de Chafouin sur les talons. Il fallait lui trouver un nom aussi, comment pourrai-il l’appeler ? Gobe-doigt ? Le grignoteur ? Chafouineur ? Ouais, là il n’avait pas que des bonnes idées visiblement, Althéa pourrait l’aiguiller sur un nom my’trän, après tout il fallait un nom qui aille avec l’endroit d’où il était originaire.

Ils marchaient depuis un moment dans un silence de mort quand Plume lui annonça la couleur : il fallait qu’il parte. Cela ne semblait pas dénué de logique, après tout venir à my’trä quand on était daënar était déjà une folie de base, surtout avec le contexte actuel. Elle lui parla des différentes régions où il pouvait aller, il était bien incapable de faire la différence entre les habitants du coin à vrai dire. Pour lui un daënar était un daënar et un my’trân un my’trän, mais il sentait bien qu’ici, les choses n’étaient pas aussi bien définis comme elles l’étaient à Daënastre, cela lui prendrait du temps de connaitre les us et coutumes et les habitants de ces régions. Faudrait qu’il évite de passer des journées comme celle-ci à les tuer aussi.

-Ouais je comprends la logique de partir du coin, mais à vrai dire, je ne vais pas le faire. Tu as partagé un truc que tu sembles tenir secret alors je vais en faire autant. Il n’y a pas longtemps, j’ai appris que j’avais peut-être des origines my’träns. J’ai… jamais connus ma famille ou eu de proches. Alors, j’aimerais au moins savoir qui ils sont, si j’arrive à trouver des preuves, elles sont à my’trä et Eoril reste le meilleur départ pour moi. Quoi qu’il puisse s’y passer, j’arriverais à gérer. J’ai déjà connu pire et cette journée était un coup de malchance particulier, c’est tout.

Un craquement de bois résonna et les plumes d’ivoire du griffon d’Althéa firent leur apparition, les deux humains furent bien soulagé de voir apparaitre celui qui pouvait les tirer de ce mauvais pas. Bon sang, le bougre était parti avant le début de la bataille et il revenait une fois la guerre gagnée. Il fallait qu’il leur rende la pareille pour avoir pu se payer du bon temps. Chafouin en avait perdu le fil de sa conversation.

-En fait, je crois bien que je t’en dois une pour aujourd’hui, peut-être même deux… Je t’en dois beaucoup en fait. Est-ce que Moe peut nous faire sortir de cette galère ? Il nous faudrait vraiment un endroit où aller pour parler à tête reposée.

***

Chafouin vint s’assoir à la table de cette petite auberge pittoresque, lui et Althéa ressemblaient à des voyageurs épuisés, personne ne leur accordait trop d’attention, ils avaient mis suffisamment de distance entre eux et les évènements pour souffler ce soir.

L’homme cendra posa sa commande sur la table, une pinte assez gourmande de bière et…

-Et voilà, du liquide blanc, non alcoolisé, tout droit sorti des pis d’une vache, comme promis.

Il lui jeta un sourire. Cela faisait du bien de souffler un moment de temps, surtout maintenant qu’ils devaient avoir de nombreuses questions à poser. Tant et si bien que Chafouin ne savait pas trop par où commencer.

-Bon, c’était quoi qui s’est passé avec ce garde ? Et, c’est quoi les différences entre Zoliens et le reste de my’trä exactement ?

Althéa Ley Ka'Ori
Althéa Ley Ka'Ori
La mage guérisseuse et l'idiot technologiste.  [Pv Altou] Empty
La mage guérisseuse et l'idiot technologiste.  [Pv Altou] EmptyVen 20 Mar - 14:54
Irys : 507592
Profession : Guérisseuse du Troisième Cercle
My'trän +3 ~ Suhury (femme)
Althéa démontra un intérêt certain pour les raisons de sa venue en My’trä. Elle avait ralenti le pas jusqu’à s’arrêter net, le regard tourné vers lui. Sa curiosité prenait souvent le pas sur l’urgence, et il semblait à son air intrigué que sa préoccupation pour la fuite venait de s’envoler. Ainsi donc, il espérait trouver ses origines, ou mieux, une famille, au sein des terres hostiles à son peuple. A bien des égards, elle jugeait cela inutile ; elle-même avait vu ses parents abandonner sa fratrie, inlassablement, fondant à chaque arrivée des espoirs irrationnels, et les brisant impitoyablement à chaque départ. Elle avait cessé de croire à la légitimité des parents à obtenir une place de confiance auprès de leurs descendants. Néanmoins, pour la première fois, elle rencontrait un Daënar qui infiltrait ses terres ni par appât du gain ni par patriotisme anti-My’trän. Ce simple fait méritait une ovation. Moe choisit cet instant pour refaire son apparition, et elle ne put lui offrir sa cruelle analyse de ses vains désirs. C’était sans doute pour le mieux.

    « En selle, acquiesça la guérisseuse à ses paroles, un soulagement non feint perçant dans sa voix douce. »


Plus ils mettraient de distance avec cette clairière, mieux leur présomption d’innocence se porterait. Althéa se hissa sur sa fière monture et prêta main forte à Chafouin. Le dispositif convenait peu à maintenir deux personnes adultes sur le dos du griffon, mais il ferait l’affaire pour leur court voyage. Le Tairakh pour sa part fut posé dans une sacoche sur fond de couverture, et cette couche improvisée sembla lui convenir. Elle flatta l’encolure de Moe, qui déploya ses ailes de toute leur envergure avant de les battre puissamment contre les vents porteurs. Ils décollèrent avec difficulté parmi les arbres, et Althéa songea à la griffon femelle libérée plus tôt ; où se trouvait-elle ? Pour toute réponse, Moe émit un son joyeux, similaire à un rire d’oiseau. La guérisseuse pria tous les dieux qu’il ne lui ramènerait pas des griffons miniatures d’ici quelques mois… C’était bien la dernière chose dont elle avait besoin !

    « Retour à Eoril, dans ce cas ? interrogea-t-elle son autre compagnon de voyage, avant de guider Moe vers la capitale régionale. »


***


L’enceinte de la ville zolienne n’avait pas changé depuis… ce matin-même, où elle l’avait quittée. La guérisseuse choisit stratégiquement une porte à l’Est, à l’opposé de la clairière. Ils atterrirent parmi les vignobles avoisinants, et ils descendirent tous deux de la monture avant de se diriger vers les miliciens qui contrôlaient les entrées. « Ne montre surtout pas tes armes, avait-elle cru bon de préciser. » La Technologie n’était pas interdite en ces terres, mais elle n’attirait aucun regard conciliant. A l’inverse, quiconque en possédait se garantissait le droit de se faire des ennemis en l’exhibant. Ils dénichèrent sans mal dans une auberge dans le coin, où Althéa confia Moe aux écuries, avant de s’asseoir avec douceur sur une des chaises de la taverne. Plongée dans la torpeur, elle mit du temps à réaliser qu’ils s’en étaient sortis indemnes et probablement non-inculpables.

    « Et voilà, du liquide blanc, non alcoolisé, tout droit sorti des pis d’une vache, comme promis.
    - Tu le vends si bien, je ne peux que boire d’une traite, sourit-elle. »


La légèreté recouvrait son visage de plénitude, et quelque chose dans son regard racontait qu’elle n’avait connu que la gravité et le sérieux depuis des mois, et que cet instant lui était précieux. Pour la première fois, elle partageait un moment de camaraderie avec un inconnu, et ils avaient restauré la justice là où la tyrannie milicienne régnait. Du moins, c’est ainsi qu’elle le percevait, sous son spectre de valeurs et de principes que même le crime ne savait teinter. Tout sourire, elle trinqua son verre de lait contre la bière de son coéquipier, et porta le lait à ses lèvres.

    « Oh, je t’en parlerai quand tu auras bu une ou deux bières de plus, fit-elle pour seule réponse. »


Son état d’ébriété importait moins que la fréquentation de la taverne. Au fur et à mesure que leurs verres se vidaient, et la taverne aussi, les moins vaillants rejoignaient leurs pieux, et bientôt ne demeurèrent que les plus tenaces – et donc les moins susceptibles d’écouter leur conversation. Si elle tarda à lui expliquer le reste des péripéties avec les gardes, elle ne se gêna pas pour dresser le profil des différents My’träns pour passer le temps.

    « Les Zoliens sont plus… fougueux. Ils se font violence pour maîtriser leurs émotions, mais elles sont à l’origine de tous leurs choix. Le capitaine de la milice, reprit-elle plus bas, aurait dû faire preuve de plus de raison. Mais de toute évidence, la passion et la haine guidaient ses choix. Ils prétendront le contraire, mais ils sont moins rationnels qu’ils ne veulent bien l’avouer. Pour les autres My’träns, ma foi, je te laisserai les découvrir par toi-même. Je ne voudrais pas gâcher le plaisir de la découverte. Pour ce que cela t’apporte, sache que j’ai grandi à Khurmag, et mûri à Suhury. Qui sait, peut-être pourras-tu en déduire quelques informations. »


Elle avait acquis comme caractéristiques le désir d’irréprochabilité de l’un, la complexité impassible de l’autre. On comprenait mieux pourquoi les Khurmis et les Suhurs fusionnaient si mal, leurs enfants passaient souvent pour des détraqués, au regard de ce qu’était devenu ses frères également. Dans cette optique, elle se garderait bien de révéler de son propre chef que son aîné, Quevven, aurait volontiers abattu Chafouin pour le désordre qu’il avait semé malgré lui au cours de cette triste journée. Peu importait si sa culpabilité eût été avérée ou non. Assombrie par cette pensée, Althéa se reprit pour afficher derechef un sourire conciliant. Jaugeant du regard la salle vidée, elle décida de répondre à la question en suspens.

    « Je peux ressusciter les morts, révéla-t-elle sans ambages. Bien évidemment, ça ne dure qu’un temps, et les éveillés ne sont plus vraiment eux-mêmes. Personne possédant un semblant de cœur ne souhaite ce type d’existence à un proche défunt. »


Son sourire s’était effacé de ses lèvres, et une sorte de tristesse amère glissait dans ses pupilles ternies par la mélancolie. C’était une part de sa magie qu’elle semblait rejeter de tout son être, mais juger indispensable à la fois. Il y avait là une contradiction immuable qui la fatiguait profondément, et peut-être ne se serait-elle pas confiée autant auprès du Daënar si elle ne l’avait pas connu depuis si peu.

    « Tu l’as vu de tes propres yeux, j’ai "réveillé" le garde mort, et je l’ai amené avec moi jusqu’à la milice. Sous mon emprise, il a expliqué à ses homologues qu’il y avait d’autres braconniers sur place, et qu’ils avaient tué le capitaine et les autres gardes. Cela devrait nous innocenter. Ils seront sans doute confus par les impacts de balle, mais le garde les a décrits comme des pérégrins armés de fusils. Ils sont partis traquer le reste des braconniers, et ils en auront pour un bout de temps. Moi, j’ai offert de soigner et raccompagner le garde blessé. En vérité, je lui ai simplement ordonné de vaquer à ses occupations et de s’empoisonner d’ici quelques jours. Je ne peux pas le maintenir en vie éternellement. »


La jeune guérisseuse, plus âgée que jamais en cet instant, s’adossa à sa chaise, lâchant un soupir mi-forcé mi-libérateur. Elle espérait que ses mots ne seraient pas retournés contre elle. Plongeant son regard dans celui de Chafouin, elle tenta de décrypter les émotions qui se dessinaient sur le visage du cendré. Du dégoût, de la colère, de l’indifférence ?

    « Tu trouves ça monstrueux, n’est-ce pas ? Tu peux être honnête, je le pense moi-même. Plus je progresse dans ma dévotion pour Möchlog, et plus la morale me semble être un concept distant. Plus je côtoie la mort, plus la vie perd en valeur à mes yeux. »


Son expression ironique trahissait plus de perdition que de moquerie. De nouveau, elle trinqua le verre à présent presque vide de Chafouin, et but une gorgée du liquide diaphane qui roulait des arabesques contre les parois de verre. Lorsqu’elle le reposa sur la table, le petit Tairakh s’approcha prudemment pour demander son dû. Par peur d’y laisser un doigt, elle versa le reste du lait dans l’assiette creuse qui avait accueilli son ragoût quelques heures auparavant. Frétillant, il en but à son tour une lampée. Althéa songea au fait que son partenariat avec Moe la rendait de plus en plus sensible aux animaux, alors que celui avec Möchlog l’éloignait des humains. Il fut un temps où elle se serait contentée de l’envoyer valser d’une tape sans douceur.

    « Enfin, nous avons tous nos parts d’ombre. Tes origines my’träns, par exemple, qu’est-ce qui a motivé ce soudain intérêt pour elles ? Au risque de paraître insensible, si ta famille t’a abandonné une fois, elle n’hésitera pas à le faire une nouvelle fois. »

Chafouin
Chafouin
La mage guérisseuse et l'idiot technologiste.  [Pv Altou] Empty
La mage guérisseuse et l'idiot technologiste.  [Pv Altou] EmptyJeu 26 Mar - 22:16
Irys : 938177
Profession : Homme à tout faire
Daënar -2
La promesse de répondre à ses questions lorsqu’il aurait enchaîné les verres le motiva d’autant plus. Althéa n’avait même pas fini son liquide non alcoolisé qu’il commandait une deuxième bière, il remarqua aussi qu’elle souhaitait plus qu’il soit tranquille dans la taverne pour parler sans ambages, peur des oreilles indiscrètes sans doute ? Remarque ça se comprenait, avec ce qu’il avait vu, il ne s’attendait pas à entendre du joli. Elle lui expliqua que le tempérament des my’träns semblaient plutôt être lié à la région, question de coutumes ou de croyances ? Il n’arrivait pas trop à le déterminer.

-Donc c’est une histoire de région ? Marrant, à Daënastre on ne nous fait jamais différencier les mages, pour nous, un my’trän reste un my’trän peu importe la région d’où il vient.

Alors qu’il enchaînait son deuxième verre, elle lui révéla son secret. Il posa le verre et lui accorda toute sa concentration, à vrai dire, il s’en doutait, mais il avait encore du mal à réaliser que c’était effectivement possible. Elle lui expliqua des détails techniques sur ses « éveillés ». Il se contenta d’écouter d’une oreille attentive sans commenter. Puis quand elle eut fini de lui expliquer ce qu’elle avait fait avec le garde, il laissa échapper un petit rire sec.

-Ah, plutôt malin.

L’espace d’un instant, il se demanda ce qu’il pourrait faire avec un tel pouvoir. Oh il s’imaginait déjà devenir roi, avec une armée de laquais à ses ordres qu’il ressusciterait chaque semaine. Puis il pensa à des personnes en particulier qu’il pourrait ressusciter, mais en en pensant à une, il se dit que ce n’était sans doute pas un si bon pouvoir que ça, il commença à comprendre ce qu’Althéa voulait dire par « personne ne souhaite ça à ses proches. »

« Tu trouves ça monstrueux, n’est-ce pas ? Tu peux être honnête, je le pense moi-même. Plus je progresse dans ma dévotion pour Möchlog, et plus la morale me semble être un concept distant. Plus je côtoie la mort, plus la vie perd en valeur à mes yeux. »

Il resta silencieux quelques secondes, la regardant avec gravité. Elle sembla vraiment avoir une mauvaise image d’elle-même la pauvre Plume, pour pouvoir se figurer ses pensées avant même qu’il ne les ait exprimés.

-Plume, tu parles à quelqu’un qui côtoie la mort depuis ses quatorze ans, tu crois vraiment que c’est à moi de te juger ? Ce n’est pas ton pouvoir qui te rend mauvaise, c’est la manière dont tu l’utilises. Et vu la manière dont tu l’as utilisé cet après-midi, tu as assez de jugeote pour mériter ce pouvoir. Mais bon. Il regarda autour de lui. On ne va pas développer le sujet non plus.


Il trinqua avec son verre presque déjà vide. Pour la question de la valeur de la vie, il n’avait pas vraiment envie de débattre, lui-même n’accordait que très peu de valeur à la sienne et généralement, il ne faisait pas grand cas du devenir de la majeure partie des personnes qu’il croisait. Il était convaincu qu’à part un cercle restreint de proches se formant autour d’une personne, le reste du monde pouvait bien crever si ça lui chantait, il ne s’en porterait pas plus mal.

En parlant de cercle restreint, en voyant le petit tairakh s’approcher du lait qu’avait versé Althéa, il eut un petit sourire et essaya de caresser sa petite tête, la créature se figea, émit un petit bruit de contentement avant de continuer d’aspirer le lait avec sa petite bouche. Plume décida alors de changer de sujet, le portant sur sa personne. Il prit un regard songeur quand elle le questionna sur ses motivations, ses interrogations étaient aussi assez pertinentes.

-Toute ma vie, je suis resté seul, aussi loin que je m’en rappelle dans les taudis de Skingrad, il n’y avait que moi, mes fringues, le peu de choses que je récupérais par terre pour me défendre et des alliés de providence. J’étais abandonné, sans famille, ni lieu ou vivre. Aucun repère jusqu’à ce que je m’engage à l’armée. Il finit sa bière et caressa doucement le tairakh. Si tu peux t’imaginer quel genre de pourriture est prêt à abandonner un gosse à ce destin, alors tu dois comprendre mon besoin de retrouver mes origines. Je ne le fais pas pour trouver une famille particulièrement, je veux juste confronter ces salopards. Ce que je déciderais quand je les retrouverais, je ne sais pas encore…

Sa soif n’étant toujours pas étanché, il fit demander une autre tournée pour eux deux.

-Je sais ce que tu te dis, ça ne sert sans doute à rien, ça doit faire tellement longtemps qu’ils doivent sans doute être morts. Mais il doit bien rester une trace quelque part, j’en suis persuadé. Il la regarda l’air pensif. Tu ne connaîtrais personne toi qui s’y connais en Ethylo, ethano, Ethymi… oh merde, le truc pour chercher l’origine des mots et des noms là ? Il prit un air gêné en regardant le tairakh. De plus, je ne pense pas que le tairakh va partir de lui-même maintenant. Tu n’aurais pas une idée de nom à lui donner ? C’est un my’trän après tout.

Contenu sponsorisé
La mage guérisseuse et l'idiot technologiste.  [Pv Altou] Empty
La mage guérisseuse et l'idiot technologiste.  [Pv Altou] Empty

Chroniques d'Irydaë :: Les terres d'Irydaë :: My'trä :: Zolios
 Sujets similaires
-
» [Terminé] Fin de mission à Darga et mage blasée de ses concitoyens ~Mary