| | Allys Terasu
| Mer 30 Oct - 10:02 | | Irys : 1596854 Profession : Ingénieur mécanique
| En cette fin d’octobre, Allys était déjà à nouveau sur les routes. Pourtant la jeune femme pensait se poser mais on ne change pas ce que l’on est n’est-ce pas ? Éternellement insatisfaite avec un trop pleins de rage en soi dont elle ne sait quoi en faire. Ce qu’il s’est passé une semaine plus tôt l’avait décidée à quitter Unëllia, voir même si possible de quitter Daënastre tout court. Au moins pour un temps. Quoi que l’on en dise, Lys n’était pas une Daënare, ni même une My’träne, non elle était Zoch et le serait toujours. Son accent, son style vestimentaire, elle l’avait toujours gardé et ce n’était pas deux prothèses qui décideraient du contraire. Dans ses veines coulaient le sang des deux nations et elle comptait bien ne pas se mêler de ces querelles imbéciles.
Avant de partir, elle avait engagé un employé pour tenir sa boutique. Assez grassement payé d’ailleurs pour qu’il en prenne soin comme à la prunelle de ses yeux. C’est donc sans regret qu’elle prit le train en direction de Ratham, embarquant avec elle son mal-être masqué par l’alcool. Oh ce n’était pas la guerre à venir qui l’avait replongé dans sa dépendance mais plutôt la déchéance de sa famille. Il y a environ un an la compagne de son petit frère avait été déclarée morte lors du saccage de son village et celui-ci ne l’avait pas supporté. Hypérion était depuis lors en institut pour les fous. Quant à sa demie-sœur celle-ci était toujours fourrée dans de sales histoires donc difficilement joignable. Mais ce qui avait ramené Allys à régresser à ce point était la raison pour laquelle elle portait à son cou les plaques militaires de Hex Hekmatyar. Il avait été porté disparu plusieurs mois avant qu’on rapporte finalement celles-ci à la jeune femme en lui annonçant sa mort. Comment, quand et pourquoi ? Secret défense. C’était bien commode comme justification mais il y a longtemps qu’elle s’était fait une raison. Cela devait être vrai.
Allys portait donc depuis beaucoup de rage et de rancœur qui ne demandait qu’à être extériorisé. Heureusement pour les autres, elle était souvent bien trop ivre pour laisser son potentiel laisser court à sa créativité. Mais cela risquait fort d’arriver au vu du plaisir jubilatoire qu’elle avait ressenti à Unëllia en se défoulant sur les deux partis hostiles qui s’étaient affrontés la semaine précédente.
C’est donc après avoir déposé ses bagages dans l’ancien manoir de ses parents, qu’elle se rendit dans la première taverne venue. En guise de bienvenue, Lys senti quelques regards appuyés mais elle n’y prêta pas attention. L’ingénieure était une jolie femme avec des formes généreuses qu’elle ne cachait pas sous des épais manteaux. Un chemisier, un pantalon de cuir et ses armes apparentes en guise d’avertissement étaient un équilibre suffisant. Dans la plus grande partie des cas. Bien sûr, certains tentaient toujours leur chance.
Confortablement assise à une table excentrée, Lys ne manqua pas d’attirer l’un d’entre deux. Un rouquin au nez crochu et à l’allure rachitique déposa un verre devant la jeune femme. Celle-ci eut la curiosité de regarder la boisson, un cocktail aux senteurs de framboise muni d’une décoration futile. C’est avec un long soupire qu’elle plissa les yeux avant de les planter avec dédain dans ceux du pauvre bougre.
« Sérieux ? » « Une belle liqueur pour une belle damoiselle. » « Ah pitié… Tu m’as prise pour une greluche qui va minauder en battant des cils parce qu’un don Juan lui a offert une boisson de fillette et qu’elle se sent plus pisser ? » « Tu vas voir, ingrate ! »
Osa-t-il s’emporter en levant la main vers Allys. Celle-ci l’attrapa au vol de sa main mécanique jusqu’à ce qu’il couine misérablement. Elle le lâcha aussitôt, comprenant qu’elle n’en avait fait qu’une bouchée, ayant une force décuplée de sa main d’acier.
« Quoi tu chiales ? Allez retourne jouer plus loin gamin. »
Décidément, cette soirée était décevante dès le départ. |
| | | Eylohr Lothar
| Sam 2 Nov - 0:07 | | Irys : 401379 Profession : Terroriste en fuite - Hermite
| Les évènements s’étaient enchainés à une vitesse folle. Eylohr, le fléau de l’union, l’Ours du Nord, le colosse venu d’Aildor, avait traversé le monde d’Est en Ouest et du Nord au Sud, affrontant les pires démons que les Hommes aient connus, et devenant certainement le plus violent d’entre eux. Au départ simple forgeron, armurier et guide d’expédition vers les plaines glacées, il était devenu un pirate sanguinaire, un forban sans âme et sans cœur, et une menace pour l’union qui commençait déjà à placarder des affiches dans tous les bureaux des douanes, des policiers et des services de renseignements, pour capturer, mort, ou mort, cet homme que d’aucun décrivait comme un démon de chaire et de sang. Il avait été impliqué dans de nombreux abordages, détruisant et massacrant des équipages entiers de marchands et de miliciens, mais aussi parfois d’autres corsaires ou contrebandiers ayant fait faux bon au code des hors la loi. Avec le légendaire Pedro De Sousa, il avait braqué un laboratoire d’expérimentions magithèque top secret, dérobant une importante quantité de magilithe et massacrant au passage l’entièreté de la garnison milicienne et des effectifs scientifiques. Il fut stoppé et emprisonné par une unité des Forces Expérimentales, laquelle fut durement éprouvée durant les combats contre les pirates, et principalement, il faut bien l’admettre, contre Eylohr. Evadé grâce aux corsaires qui voulaient le revoir dehors, il détruisit et massacra tout un village, raya la moitié d’un autre, kidnappa une journaliste, fomenta un attentat contre un village pour dérober des informations qui, en fait, n’en étaient pas, assassina un juge surprotégé, et fut chassé par une abomination de l’union : une légionnaire. Et pour finir, il se trancha le bras, et le remplaça par une prothèse magithèque surpuissante, gardée secrète, lui conférant un avantage certain pour ses futurs combats.
Nous parlions d’une légionnaire. Oui. Cette légionnaire avait été envoyée directement par le conseil de l’union pour donner la chasse à Eylohr, et le capturer, si possible, ou l’exécuter, de préférence. Leur première – et unique – rencontre se déroula au Sud du continent, au large des côtes, dans un combat tonitruant entre le navire pirate sur lequel servait le colosse et celui réquisitionné par la légionnaire. S’en résulta un exæquo. Les deux navires sombrèrent après moultes canonnades, emportant chacun plusieurs membres d’équipages. Les combattants survivants furent soit échoués, soit noyés, soit disparus aux grès des flots. Une poignée parvint à survivre, d’un côté comme de l’autre, mais plus jamais les deux adversaires ne s’étaient rencontrés. Conscient qu’un grand danger planait au-dessus de sa tête, et des inquiétudes que cela devait lui procurer autant que du crédit apporté à sa cause, Eylohr décida de retourner sur le continent gelé du Nord : Marnaka. Seulement, traverser l’entièreté du continent technologiste n’allait pas être chose aisée. Il lui fallut presque trois semaines pour pouvoir rallier Rathram, passant par des souterrains sous les postes douaniers, voyageant caché, changeant d’identité, et dilapidant ses irys pour ne pas être arrêté ou dénoncé.
Et c’est ainsi qu’Eylohr se retrouva une nouvelle fois dans la région qu’il convoitait autant qu’il détestait : Rathram. Ici, il avait commis la plupart de ses méfaits, et il avait l’intention d’en commettre d’autres : attentats, meurtres et… recrutement. Recrutement de chaire à canon pour son projet fou : détruire l’union. Et pour cela, il fallait de l’or, des hommes, des armes et des moyens prodigieux. Aussi s’était-il mit en tête de prendre le contrôle de Marnaka, d’y imposer des règles strictes et de recruter partout dans le monde, celles et ceux qui voulaient se soulever contre la tyrannie technologiste. Nombreux furent celles et ceux qui reçurent dors et déjà son message, des quartiers sombres aux repaires de bandits en passant par les cavernes sombres des esclaves dans les mines. Et il espérait que, tôt ou tard, tous viendraient le rejoindre. Mais en attendant, il devait faire profil bas.
L’avantage des bas quartiers, c’est que tout est monnayable. Il est possible de disparaître de la circulation pendant quelques jours pour une poignée d’irys. L’inconvénient, c’est que des yeux curieux traînent partout, et qu’une information est toujours monnayable en retour. De fil en aiguille, ceux qui se pensent cacher ne le sont plus, et c’est ainsi que des gens disparaissent pour toujours. Dans le cas d’Eylohr, trop de gens étaient effrayés par lui et ses méfaits pour vouloir attenter à sa vie, mais beaucoup pouvaient essayer de saisir une quelconque opportunité pour toucher la prime qui trône sur sa tête. Enfin, surtout les voyous les plus lâches et ceux qui savent courir vite.
Aussi veillait-il à rester discret avant de rejoindre le continent glacial, où il pourrait disparaître des radars. Assis à une table reculée, dans un coin ombragé où seul ses formes étaient grossièrement visibles, lui rendant une impression spectrale qui disparaissait uniquement grâce à un bas de jambe apparaissant dans un faisceau de lumière, il prenait un peu de repos et un copieux repas. Emmitouflé dans un grand imper de cuir noir doublé de fourrure, la tête enfouie dans une capuche de fourrure gris sombre, il ne ressemblait qu’à un bloc de pierre imposant. Sa tenue cachait aussi bien sa musculature que ses armes, ce qui évitait qu’on s’attarde sur lui, et cela lui allait bien comme cela. Il dégustait – ou plutôt mangeait sans réellement s’attarder – une pièce de bœuf saignante à souhait et assortie d’une grosse quantité de pommes de terre et de quelques légumes, le tout, passant jusqu’à fond de gosier grâce à plusieurs choppes de bière. Bien qu’on puisse deviner sa présence, le fait qu’il soit dans l’ombre le rendait invisible : ni visage, ni traits, ni mouvements précis ne pouvaient être aperçus, mis à part ses yeux lorsqu’il arrêtait de manger ou de boire pour pouvoir tirer sur sa pipe en bois. Les lueurs du tabac brulant éclairaient alors subrepticement son visage avant de retourner dans les abymes. Il ne manqua rien du spectacle de la main détruite par une femme visiblement très belle mais aussi très forte. Cela lui arracha d’ailleurs un petit rictus, mais il l’oublia rapidement. Le colosse ne voulait d’embrouilles, et il attendrait les heures les moins fréquentées pour sortir par la petite porte et poursuivre sa route vers le Nord.
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| | | Allys Terasu
| Lun 4 Nov - 10:04 | | Irys : 1596854 Profession : Ingénieur mécanique
| Le petit piaillard fit comme elle le lui avait demandé. Il repartit mais non sans lui lancer un regard empli de dédain. Allys haussa les épaules, elle en avait vu d’autres. Une fois l’importun hors de sa vue, l’ingénieure héla une serveuse pour lui commander une bouteille de rhum ainsi qu’un bon repas chaud. La jeune fille hocha la tête et parti au comptoir. Pendant ce temps-là s’installait sur la scène de la taverne une troupe de comédiens. Ils déposaient quelques éléments de décors et accessoires et s’échauffaient la voix.
La serveuse revint avec un verre et la bouteille demandée, l’ouvrit et servit l’ingénieure avant de reposer celle-ci sur la table. Elle l’averti le le plat arriverai dans quelques minutes et reparti s’occuper d’autres clients, laissant tout le loisir à Allys de savourer le parfum enivrant d’un rhum de qualité en de douces gorgées qui lui réchauffaient le gosier. Le meneur de la troupe prit alors la parole après quelques sons de cordes mélodieux de ses partenaires musiciens.
« Bonsoir gents et gentes de Ratham et voyageurs de passage. Nous sommes la troupe Sur-le-fil et nous allons vous interpréter Passion Impossible, l’histoire d’un amour trans-frontière... »
Ah, Fantastique, songea Allys avec un soupire. De la mièvrerie. Super. Au moins son repas fûmant arrivait à point nommé. Une pintade accompagné de légumes glacés à la fois croquants et fondants le tout accompagné d’une sauce au cidre à tomber. Allys en avait des gargouillis de ventre, prête à dévorer son plat avec appétit. Elle coupa un morceau, le plongea dans la soupe et le laissa fondre sur salangues avant de l’avaler avec délice. Ce repas était succulent.
Mais comme toujours il fallait qu’on l’empêche de manger. C’était devenu récurent ces derniers temps. Une mode peut être ? Mais toujours pour sa pomme, à croire qu’elle attirait les crétins. Trois silhouettes se postèrent devant Allys, lui masquant la patétique vision de la pièce théatrale. Elle leva les yeux après un soupire d’exaspération. Il s’agissait de l’autre imbécile à qui elle avait fait mal mais il s’était accompagné de deux colosses. Décidément…
« Sérieux ? Tu veux pas lâcher l’affaire et aller draguer une autre midinette là ? Au comptoir y a largement de quoi choisir. » « Je suis venu obtenir réparation. » « Vraiment ? Laisses tomber tu devrais passer ton chemin. Ça ne va rien t’apporter de bon et à tes amis non plus, je suis sérieuse. »
Non contents de lui masquer la vue, l’un des colosse lui retira le plat alors qu’elle comptait goûter à la purée qui accompagnait ses légumes glacés. Mais qu’ils étaient agaçants ces rathras. Allys plissa son nez fin dans une mimique d’agacement alors que les deux gros baraqués se mirent à jouer les gros muscles histoire de l’impressionner.
« Aaaah… Très bien. Tu veux des excuses ? Ok. Pardon de t’avoir fait pleurer comme un gosse de deux ans et renvoyé dans les jupes de tes parents, qui soit dit en passant sont très mignonnes de t’avoir accompagné. C’est bon, t’es content ? » « Sale putain bonne à te faire retrousser je vais te faire ravaler ta langue ! »
D’un geste rageur, le petit homme chétif envoya valser la bouteille de rhum, qui s’éclata au contact du sol, avant d’en faire de même avec le reste du repas de la jeune femme. S’il comptait l’énerver c’était vraiment pile ce qu’il fallait faire. Allys n’arrivait jamais à finir la moindre consommation dans les tavernes en ce moment c’était une vraie malédiction et toujours causé par de sombres imbéciles. A nouveau Lys souffla d’exaspération.
Non seulement ils venaient de lui gâcher la soirée mais en plus ils allait faire dégénérer la situation. Les deux gros bras n’étaient pas là spécialement pour frapper une femme, mais plutôt pour tenter d’emmener de force celle-ci hors de la taverne et lui régler son compte autrement… Mais Allys n’était pas une proie facile. Le premier des gros bras la saisit par les épaules pour la lever impérieusement de sa chaise mais lorsque le second tenta de lui maintenir les bras elle lui décocha une sacoche en plein estomac de sa jambe améliorée. Il décolla jusqu’à la table voisine et se prit une seconde mandale d’un client mécontent de s’être reçu une montagne en pleine face et termina sa chute dans le plat de l’ours du Nord.
La troupe s’arrêta de jouer et dans le silence qui s’était installé les regards étaient rivés sur le joyeux bordel qui s’annonçait. Le colosse qui tenait fermement Allys avait enroulé ses bras autour de son cou et de son visage dans l’idée de l’étouffer suffisamment pour qu’elle perde connaissance mais au lieu de tenter de s’extirper de l’étreinte, l’argentée lui mordit le bras jusqu’au sang. Il relâcha la pression immédiatement en hurlant de douleur et elle en profita pour s’écarter.
Jetant quelques coups d’œil autour d’elle, Allys se rendit compte que l’atmosphère dans la taverne s’était aussitôt réchauffée et que les clients commençaient déjà s’échauffer les uns les autres dans un joyeux bazar. Les portes de sorties n’étaient visiblement pas accessibles ou du moins pas aisément au vu de l’agitation qui avait rapidement saisi les esprits. D’autant plus qu’elle avait toujours deux adversaires qui ne la lâcheraient pas, en plus de quelques autres qui avaient prit parti pour l’autre imbécile de rouquin.
Allys allait soit devoir la jouer fine, soit rentrer dans le tas avec toute la violence qu'elle contenait. |
| | | Eylohr Lothar
| Lun 4 Nov - 22:01 | | Irys : 401379 Profession : Terroriste en fuite - Hermite
| Qu’il était agréable ce repas copieux, cet alcool agréable et cet endroit bercé d’ombre et d’anonymat. L’espace d’un instant, Eylohr en oublia presque la prime sur sa tête, la violence des bas-quartiers, et les troubles des bas-fonds qui entouraient chaque âme vivant dans ces taudis, ces viviers à criminels, ces lieux abandonnés de toute grâce. Et comme si la soirée n’était déjà pas assez agréable – ou curieusement ennuyeuse – une bande de joyeux lurons s’apprêtait à faire vibrer la salle à grands renforts de musiques et de danses, et, pourquoi pas, d’interludes comiques et grossiers. Assi seul, dans son coin, il avait un peu l’impression d’être le roi de ces lieux, aussi éloignés des miséreux que le sont les dirigeants de l’union de leurs administrés. Cette solitude lui allait à ravir, quand bien même il n’était pas contre le fait de retrouver une franche camaraderie corsaire, faite de beuveries de bonne viande, ni contre le fait de faire sauter une jeune femme sur ses genoux. Seulement voilà…
La jeune femme de tout à l’heure, au crin éclatant et au visage visiblement faussement enjôleur, semblait de nouveau faire face à une sinistre plaisanterie : l’homme, autrefois rejeté et bafoué devant public, revenait à la charge et était entouré par deux molosses payés à prix d’or. Et c’est ainsi entouré et ainsi épaulé qu’il vint s’enticher de la jeune femme tout en s’apprêtant à demander « réparation » comme venait de le dire avec une certaine vindicte. Et la jeune femme, bien que bien plus frêle et moins grande, s’opposait à lui avec une féroce appétence à ne point se laisser désarçonner ! Diable, si le colosse avait un temps soit peu d’humanité, ou un cœur de chaire, nul doute que la jeune femme saurait s’y frayer un chemin. Au lieu de cela, sa façon d’être et sa verve acerbe firent poindre un certain sourire sur le visage pourtant habituellement glacial du colosse.
Enfin, tout cela, ce spectacle grotesque visiblement tué dans l’œuf, cette opérette tragique et cette future bagarre, auraient pu être un divertissement suffisant lorsque survint le drame. La jeune femme, bien que maintenue par un colosse à l’épaisse musculature, développa une force incroyable dans un coup de pied magistral, lequel propulsa le pauvre chétif sur un table un peu trop proche aux goûts du colosse. Et c’était sans compter sur le locataire de la tablée qui, furieux d’avoir ainsi perdu son diner, renvoya à nouveau le chétif dans ses buts, buts qui, en l’occurrence, se trouvaient être la table de l’Ours du Nord. Soudainement, l’atmosphère changea brusquement. De l’attente d’un spectacle alcoolisé et sans but, on s’attendait dorénavant à une bagarre générale sans fondements, et à l’issue sans aucun doute fatale.
C’est à l’Ours du Nord d’entrer en scène. Passant une pogne caleuse sur son visage encore endolori par les précédents affrontements contre la légionnaire pour sécher les gerbes de bières provoquées par le chétif arrogant, Eylohr reporta son attention sur pauvret avachi par terre et l’abdomen visiblement blessé. Il se tortillait comme un ver, et c’est comme un ver que le colosse irait l’écraser. Profitant de l’obscurité qui cachait ses actes, le colosse se courba au-dessus du futur sacrifié et joignit ses pognes autour de sa frêle gorge de colombe. Il appuya, il appuya tant et si bien que le visage du supplicié vira du pâle au violet en passant par toutes les teintes de bleu. Ses yeux grossirent à vue d’œil, et très vite, ils en furent exorbités. Serrant plus fort encore de sa main d’acier, développant une force incroyable du fait des pistons et de la magilithe qui coulait dans les veines de la prothèse, il termina de broyer la gorge de sa victime, provoquant un mouvement ignoble de la langue qui manqua de sortir complètement de sa bouche. S’en était fini du freluquet. Et pour le faire savoir à tout le monde, et surtout aux deux gros bras qui tentaient toujours de s’occuper de la blondinette, il se releva avec un certain flegme. Ses jambes se détendirent et dévoilèrent peu à peu toute l’étendue de son physique hors norme. Presque 2 mètres 20 pour environs 180 kilos de muscles, doué d’une force surhumaine déjà bien avant la pose de la prothèse, il était digne du qualificatif de « monstruosité ». Surtout si l’on regardait ses actes de cruauté qui n’en finissaient plus de défrayer la chronique.
Alors, une fois totalement relevé, et encore partiellement tapis dans l’ombre, il prit dans ses bras le corps de celui qui fut l’initiateur de toute cette bêtise et dont la mort était aussi inutile et bête que sa vie à n’en pas douter. Et avec la force décuplée par sa prothèse tenue au secret, couverte par son épais manteau et par un gant de cuir, il envoya le cadavre jusque dans les bras des badauds du premier rang, lesquels furent bien surpris et s’écroulèrent devant ce paquet cadeau envoyé sans ménagement. C’est ce moment là que choisi Eylohr pour sortir de l’ombre. Dévoilant son visage jusque-là caché par l’obscurité et sa capuche, démontrant toute sa hauteur et sa musculature – bien que toujours cachée sous l’épais manteau de cuir – il se dévoila à la petite assemblée. Il fit quelques pas en direction de la blondinette, dégaina son révolver, arma le chien et plaça le canon contre l’arrière du crâne.
- Lâche la donzelle, et écarte toi douc’ment. Il attend qu’il s’exécute pour reprendre sa diatribe. Pour ceux qu’m’reconnaissent pas malgré toutes c’putains d’affiches, j’suis l’Ours du Nord. Eh oui, c’moi. J’pensais manger ici, m’pieuter ici, baiser ici, et m’casser ailleurs. Mais visib’ment, y’en a qui veulent bouffer les pissenlits par la racine c’soir. Il tire sans sommation, en direction des deux colosses, puis d’un autre type qui avait une sale tronche.- Alors ? On s’arrête là, où j’dois tous vous tuer un par un ?
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| | | Allys Terasu
| Sam 9 Nov - 10:29 | | Irys : 1596854 Profession : Ingénieur mécanique
| Alors que la jeune femme venait de se débarrasser d’un des gorille, le second prit le relais en lui saisissant les bras qu’il lui maintint dans le dos. La prise était douloureuse et ne laissait à la jeune femme que ses jambes de libre. Celui a qui elle avait mordu la chaire s’approchait déjà dangereusement d’elle mais il ne ferait pas l’erreur de laisser quoi que ce soit à la portée de ses crocs cette fois-ci. Allys lui décochait pourtant un regard féroce. Même dans une position en sa défaveur, la jeune femme était du genre sauvage et particulièrement dangereuse… L’adrénaline et l’instinct de survie sur-développé chez elle avait tendance à la transformer en véritable monstre. Par le passé c’était bien ce qui lui avait sauvé la vie à plusieurs reprises.
Mais heureusement pour elle, enfin sans doute plus pour les deux phacochères, le corps du rouquin se fit jeté sur les badauds non loin et il fallait bien avouer qu’il ne ressemblait plus à grand-chose. Celui qui lui avait fait ça avait prit un malin plaisir à le réduire en bouilli. Allys entendit de nombreux hoquets de stupeur et d’horreur mais elle resta insensible face à cette vision dérangeante. Elle-même avait déjà provoqué ce genre d’effroi et bien que depuis elle avait dompté son monstre intérieur, les événements récents l’avaient de nouveau réveillé. Loin de se choquer, l’ingénieure avait plutôt son appétit sanglant qui s’éveillait, notamment parce qu’elle avait la bouche maculée du sang de quelqu’un et aussi parce qu’elle pouvait être sacrément dérangée lorsqu’elle perdait la raison.
L’auteur de ce méfait apparut alors. Un colosse haut de plus de deux mètres au moins. Allys avait beau être une grande femme élancée et athlétique, elle était insignifiante face à cette montagne tout en muscles. C’était grisant et effrayant de se trouver en sa présence. Allys sentit des frissons lui parcourir le corps alors qu’il s’approchait d’elle et de ses deux agresseurs. La question était de savoir s’il était de son côté ou s’il voulait juste éteindre la vie de tout ceux qui avaient eut l'outrecuidance de l’importuner durant son paisible repas. Elle n’eut pas à attendre longtemps avant d’en connaître la réponse puisqu’il ordonna impérieusement à son agresseur de la relâcher tandis qu’il posait le métal froid du revolver contre le crâne de celui-ci.
Allys s’écarta alors vivement dès qu’elle en eut l’occasion et se posta aux côtés de son allié imposant. Il s’agissait de l’Ours du Nord en personne, l’une des personnalités dangereuse les plus recherchée de daënastre mais pourtant elle n’avait pas eu une once d’hésitation. En tout cas le monologue qu’il entama de sa voix grave avait tôt fait de calmer les plus ardents spectateurs et un silence de mort s’ensuivit lorsqu’il descendit les deux molosses et une troisième personne. Seul un cri émit de la bouche du voisin de ce dernier retentit dans la salle. De l’autre côté de la pièce le tavernier avait lit les voiles, sans doute pour avertir la milice du danger qui avait envahi son établissement mais à part ce détail, les clients étaient restés pétrifiés d’effroi.
« On devrait filer. » Lâcha Allys.
Profitant qu’ils étaient figés d’effroi, la jeune femme emboîta le pas vers la sortie. Pas un ne tenta de les dissuader de s’en aller de peur de voir leur vie s’éteindre à leur tour. Ils espéraient surement simplement que ce calvaire se termine au plus vite que ce soit par la sortie du terrifiant Ours du Nord ou l’intervention des autorités. Allys ne tenait pas à la seconde option. Non pas qu’elle se sentait responsable du drame elle serait forcément cataloguée comme complice d’un meurtrier recherché de toute manière. Autant que la milice ignore son identité, c’était plus simple. Et puis il venait de lui sauver la mise et elle n’était pas une ingrate. Alors qu’ils mettaient les pieds hors de l’établissement, Allys se tourna vers son sauveur.
« Vu ta réputation ils ne vont pas te lâcher la grappe. Tu peux tenter ta chance tout seul, sinon tu me fais confiance et tu me suis. Dans tous les cas, choisi vite. »
Qu’importe la réponse qu’il lui fourni, Allys ne perdit pas plus de temps pour s’élancer vers les hauteurs de Cerka. Sa bâtisse se trouvait dans un quartier excentré mais non loin de la taverne miteuse. Il s’agissait d’un vieux manoir. L’endroit ne payait pas de mine malgré quelques travaux réalisés ces dernières années mais il servait seulement de point de chute pour Allys, cela n’avait rien d’une demeure principale. C’est ici que la jeune femme guida l’Ours s’il accepta sa proposition. |
| | | Eylohr Lothar
| Lun 11 Nov - 10:37 | | Irys : 401379 Profession : Terroriste en fuite - Hermite
| L’effet était total. Il était même plus efficace que ce qu’avait espéré le colosse venu du Nord. Par ce cadavre mutilé, il espérait engendrer la peur. Par sa présence, il espérait engendrer l’effroi. Par sa réputation, il espérait engendrer la crainte et l’admiration et par les deux autres cadavres… Il espérait seulement que les choses s’arrêtent là. Ce qu’il n’avait pas prévu, c’était que le tavernier ne se carapate pour prendre la direction de la première patrouille milicienne de ces rues. D’ordinaire, ce qu’il y avait de bien avec les bas-quartiers, c’est que les tenanciers et autres aubergistes connaissaient toutes les règles de ces sombres endroits, notamment la règle du silence et la règle de la discrétion. Les bagarres de tavernes n’étaient pas choses rares, les meurtres non plus, mais le plus souvent, ces affres se réglaient à grands renforts de bourses d’irys dorés, et par un nettoyage plus qu’efficace des zones incriminées. Et tout le petit monde pouvait continuer à tourner. Aussi Eylohr s’attendait plus à une fuite de la part d’un des clients, et non du tenancier. Trop rapide pour être stoppé, il lui fallait maintenant agir. Il reprit la parole :
- Détendez vous m’sieurs dames, j’n’ai rien contr’ vous. J’sais c’que vous savez tous sur moi. Ouais, j’suis un monstre, ouaip. C’moi, qu’ait coulé des dizaines d’navires, c’moi qu’ait attaqué un labo l’UNE… C’que vous savez moins, c’est pourquoi que j’fais tout ça. J’veux détruire l’UNE. J’veux li’brer ceux qui triment pour surviv’ pendant qu’l’UNE d’vient plus riche que riche. C’pour vous ! Il pointe la foule de son canon de revolver brillant. Que j’fais tout ça. Pour qu’vous ayez plus à trimer 14h par jour, pour vivre dans c’taudis, pendant qu’l’UNE s’gave sur vot dos. On est d’jà des milliers à s’rassembler contr’ ces salops. R’joignez moi, et on les détruira ! L’tavernier est parti prév’nir c’potes, les miliciens d’l’UNE. On s’ra tous arrêté. Alors barrez-vous, j’vais m’occuper d’ça. Cassez-vous, et l’moment v’nu, r’joignez moi. Il n’était pas un orateur brillant. Il n’était pas un meneur de foules. Il n’avait pas le verbe de l’écrivain ni la fougue de l’orateur. Cependant, il avait fini par se convaincre lui-même du bienfondé de son combat. Il s’était convaincu lui-même qu’il faisait tout ça pour sauver les opprimés, pour défendre et libérer ceux qui travaillent jusqu’à en mourir pendant que l’Union approvisionnait sa machine de guerre et ses usines. Il s’était convaincu tant et si bien, qu’il en parlait avec une certaine sincérité. Mais quelque part en lui continuait à vivre la véritable raison du pourquoi de ce projet titanesque : sa haine contre l’Union et sa folie. Sa grande et inconditionnelle folie.
L’ensemble des conjurés et des clients quitta la taverne au grand galop, laissant seuls le colosse et la jeune donzelle. Profitant de cela – et quelque peu heureux de voir que ses paroles reçurent un certain écho dans leurs caboches – Eylohr décida qu’il était temps de punir le tavernier récalcitrant, désormais connu pour son appétence à s’acoquiner avec l’Union. Il y avait un feu dans l’âtre, non loin de là. Eylohr s’y rendit, et sur son chemin, arracha tous les draps et tous les rideaux qu’il disposa ensuite de telle sorte que les flammes puissent rapidement dévorer les tissus, puis le mobilier, avant de réduire la demeure en cendre. Et il déposa d’autres denrées, notamment l’huile des différentes lampes, qui devraient alors s’enflammer sans le moindre problème. Et une fois l’incendie débuté, il retourna avec la jeune femme qu’il venait de sauver – ce mot ne lui allait pas du tout – avant de la suivre jusque seule elle sait-où.
« Vu ta réputation ils ne vont pas te lâcher la grappe. Tu peux tenter ta chance tout seul, sinon tu me fais confiance et tu me suis. Dans tous les cas, choisi vite. » Elle n’avait pas tort. La réputation du colosse précédait beaucoup de choses ici-bas, notamment les réactions des gens qui croisaient sa route, et surtout, celle des miliciens. Il faut dire que tant des leurs avaient péris sous la lame du colosse ou sous ses coups de boutoirs. Que tant de gens avaient souffert, tels des martyres, à cause d’une sombre folie qui animait le cœur de pierre du colosse et son impétueuse folie. Que dirait cette jeune femme à ses côtés, si elle se doutait une seule seconde qu’elle se trouvait aux côtés d’un des pires criminels que cette terre ait portés ? à côté d’un monstre assoiffé de sang ? D’un fou sans aucune limite ? Vers où l’emmenait-elle, d’ailleurs ?
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| | | Allys Terasu
| Lun 11 Nov - 17:06 | | Irys : 1596854 Profession : Ingénieur mécanique
| Allys était bien trop dans l’urgence pour se formaliser du discourt de l’homme qui l’accompagnait. Elle avait bien saisi qu’il s’agissait d’un criminel recherché mais après tout la jeune femme avait déjà commis des crimes elle aussi, même si tout cela avait fait dans le cadre de l’auto-défense ou tout simplement couvert par une organisation telle que l’ordre de la pénitence… Quoi qu’il en soit la différence fondamentale entre les deux étrangers étaient que l’un d’eux était recherché pour ses méfaits. Méfaits qu’il justifiait devant l’assemblée de la taverne avant qu’ils ne décampent.
Mais puisque l’Ours avait choisi de la suivre elle aurait tout le loisir de le questionner à ce sujet plus tard. La jeune femme n’était pas une fervente défenseure de daënastre et encore moins en faveur des puissants. Elle était un électron libre et bien qu’elle tente vainement de garder un code d’honneur, il était clair qu’il tenait de moins en moins debout. Quoi qu’il en soit peut importe les origines, les convictions ou les actes d’autrui, tant que cela ne la visait pas personnellement elle n’avait aucune raison d’éprouver du ressentiment envers eux. Cet homme qui menait visiblement une croisade contre l’UNE quitte à se salir les mains ne l’effrayait donc pas et elle n’avait pas non plus de haine particulière à son égare. Il s’agissait juste d’un donnant-donnant.
Allys avait donc mené l’Ours du Nord dans son ancienne demeure familiale. Le fameux manoir excentré qui avait sérieusement besoin d’un ravalement de façade. Le quartier était calme dans ce coin de Cerka et à part un chat qui siffla en passant à vive allure près d’eux, il n’y avait pas âme qui vive à cette heure-là. La jeune femme invita son acolyte à entrer, jetant tout de même quelques regards auparavant pour vérifier qu’ils n’avaient pas été suivis, mais non, puis entra à son tour.
Son premier réflexe fut de se diriger dans le salon et fermer soignement les volets afin qu’ils ne puissent être observés. Le salon était assez spacieux, un grand canapé plus de toute jeunesse trônait en son centre, entouré de coussins rembourrés servant sans doute de sièges d’appoints. A la gauche de la pièce se trouvait une cheminée. Allys s’y affairait afin de réchauffer la pièce dont l’atmosphère était glaciale. Très vite le crépitement du feu qui chatouillait de ses braises les bûches envahit la salle. Allys se tourna alors vers son invité.
« Cet endroit appartient à ma famille, mais rassures-toi à part moi plus personne ne risque d’y venir. Tu peux rester ici autant que tu le souhaite. »
Si l’homme avait la curiosité de regarder en détail deux éléments le frapperaient. Déjà, la bâtisse était certes grande mais usée par le temps et suffisamment poussiéreuse pour attester qu’il ne s’agissait qu’un point de chute de la jeune femme pendant de courts laps de temps. La seconde était que le manoir était chargé en souvenirs et fortement imprégné des passages de la jeune femme. Il y avait beaucoup de dessins représentant la jeune fille et ses parents, dessinés d’une main adroite dans un style fortement réaliste. Quelques uns représentaient également un autre homme mais ils étaient actuellement retournés sur le verso, posés ainsi pour ne pas être visibles. Beaucoup de croquis et maquettes traînaient sur la table basse du salon, mais il s’agissait visiblement de travaux liés au travail de la jeune femme.
« Tu veux boire quelque chose ? Il doit bien me rester du café quelque part ou une bouteille… A défaut de quelque chose de consistant. »
Elle attendit qu’il lui réponde puis s’éclipsa quelques instant avant de revenir avec deux tasses fumantes, et une bouteille de whisky calée sous le bras. Elle fit un peu de place sur la table en poussant ses croquis du bout du pied et déposa les brevages avant de s’asseoir sur l’un des pouf. Elle rajouta une bonne dose d’alcool dans le sien et le porta à ses lèvres. |
| | | Eylohr Lothar
| Mer 13 Nov - 11:27 | | Irys : 401379 Profession : Terroriste en fuite - Hermite
| Elle était peu loquace, mais suffisamment tout de même pour pouvoir fournir le minimum d’information nécessaire à la suite des opérations. Il devait la suivre. En tout cas il devait rapidement faire ce choix. Il ne savait pas vraiment pourquoi, mais il décida de lui faire confiance. D’ordinaire, Eylohr est du genre à marquer les esprits, et à laisser des traces. Incendier la taverne avec trois corps à l’intérieur, avant de faire un petit discours de motivation, c’était suffisant pour éviter de faire une quatrième victime inutile. D’autant que cette demoiselle venait d’obtenir indirectement l’aide du colosse, et pour le bien de son projet, Eylohr devait savoir faire taire ses pulsions meurtrières. Peut-être que cette jeune femme pourrait être d’une aide encore insoupçonnée ?
Le trajet fut sans encombre. Correctement emmitouflé sous son pagne de cuir et de fourrure qui ne laissait rien dépasser sinon sa tête elle aussi planquée dans une capuche, il avançait, tel un immense rocher en mouvement. Sous ce pagne, il avait un revolver dans chaque main, prêt à dégainer. Les quelques âmes qu’ils croisèrent dans un premier temps, regardaient le colosse avec des yeux ahuris comme ceux qui vont au cirque pour voir des animaux exotiques ou des bêtes de foires. Mais il n’y eut ni heurt, ni altercation. Tout se passa étonnement bien.
Entrant à la suite de la demoiselle, il entreprit de scruter absolument tout ce qui se trouvait autour de lui. L’endroit semblait vieux, quelque peu vétuste et pour ainsi dire inhabité. La poussière était omniprésente, et cela lui chatouilla quelque peu les narines, bien qu’il réussît à réprimer un éternuement. Toujours son revolver en main, caché sous son grand imper, il avançait précautionneusement. Le bruit de plusieurs buches allumées dans l’âtre lui indiqua que l’endroit était suffisamment sûr pour qu’il puisse se détendre. Alors, c’est ce qu’il fit. Il y avait un canapé confortable, lequel sembla gémir tous ses maux lorsque le colosse s’y appuya de toute sa masse. Les vieux ressorts, les vieux tissus, et l’entièreté de ce meuble, semblaient crier à l’unisson leur vieillesse alors que celui qui s’y était assis ne semblait avoir aucune pitié. Tel un pacha, le colosse étala toute son envergure en étirant ses bras de part et d’autre, avachi qu’il était maintenant qu’il pouvait enfin souffler. Il enleva alors son épais manteau de cuir et de fourrure qu’il plaça à côté de lui. Dévoilant alors sa légère armure de cuir renforcée, il étala ses armes sur la table devant lui, prenant d’abord soin de virer les dessins qui s’y trouvaient. Il posa ses deux revolvers, une sacoche à munitions et son fusil à canon scié. A la question de la jeune femme il répondit :
- S’ta du whisky, j’suis preneur. Et un café f’rait l’affaire. J’te r’mercie fillette. Alors qu’elle partait en direction de la salle qui devait vraisemblablement renfermer les fameux liquides demandés, Eylohr s’occupa de recharger son revolver avec lequel il avait tiré tout à l’heure. Dévoilant le barillet, il sortit deux cartouches de sa sacoche. Les deux ogives, en métal emboutit, aux douilles aux reflets dorés, s’emboitèrent parfaitement dans les emplacements du barillet. Le doux bruit du métal glissant l’un contre l’autre était agréable aux oreilles du géant, et le cliquetis du barillet replacé était très satisfaisant. Il reposa ses armes, et patienta.
Il repensait à tout ce qui allait se passer dans le futur. Il allait revenir sur sa terre natale : Marnaka. Dans la cité d’Aildor, il irait retrouver ses employés qui, depuis presque deux ans, faisaient tourner sa forge pour lui. Pour sûr, il récupérerait un sacré butin en récupérant sa part. Ses deux fidèles employés, proches de ses idées, et qu’il avait formé pendant des années, n’attendaient qu’une chose : se rallier à lui. De là, il commencerait à recruter. Tout d’abord dans lieux directement proches de sa forge. En effet, il avait rendu tout un tas de services à ces gens-là, notamment en détruisant l’ancien parrain qui dirigeait les lieux. Cette ordure – qui avait aussi profondément ennuyé un parrain encore plus puissant nommé Ludwig Strauss – dirigeait le quartier avec une main de fer, main qui fut arrachée par Eylohr en personne, avant d’être ensuite décapité par l’Ours du Nord. Ce meurtre avait « libéré » le quartier, qui n’était plus réellement contrôlé par qui que ce soit. Eylohr était donc en état de grâce auprès de ces gens, qui voyaient en lui un meneur, et surtout, un atout puissant à garder dans son camp. C’était là, la première étape de son plan. La seconde consistait à fédérer cette bande de criminels sous une seule bannière : la haine de l’Union. L’union, très gros client du marché noir d’Aildor mais également principal concurrent de celui-ci, et principal oppresseur, devait faire un bouc-émissaire parfait. A cette première troupe s’ajouterait d’autres contacts aux habilités uniques et ô combien précieuses. Et une fois fait, la troisième partie du plan pourrait être enclenchée. Et celle-ci serait cataclysmique. Sa forge, située à proximité des quais cachés de la cité, des zones de déchargement et de stockage, serait la base de départ de la conquête d’Aildor. Les demeures et les quartiers-généraux des principaux concurrents directs seraient dynamités. L’entourage le plus fidèle de ces personnages serait anéanti, et ceux qui cherchent la puissance, la richesse et la violence, rejoindraient le camp d’Eylohr devant cette démonstration de force. Conquérir Aildor n’était pas possible. Il y avait trop de parrains puissants et aux réseaux tentaculaires pour pouvoir les abattre. Mais il serait possible de conquérir les zones cruciales des embarcadères et des stockages, et ainsi asseoir non seulement sa puissance mais également ses règles et collecter les pots de vin. Il installerait ensuite ses partenaires commerciaux, lesquels ouvriraient rapidement leurs propres réseaux et les marchandises, les pots de vin, la contrebande et les accords commerciaux renaîtraient immédiatement et avec une certaine force. Les irys dorés continueraient de tomber, et les concurrents potentiels trouveraient quand même une juste compensation. Et tandis qu’il prendrait dans une main, une donnerait dans l’autre, recrutant à tour de bras dans les viviers anarchistes et profondément anti-union. Et pour dissimuler tout ça, rien de tel que de creuser sous la ville. Des réseaux de galeries, de tunnels, de boyaux et de demeures creusées dans le roc du continent de Marnaka. Il y cacherait ses recrues fanatisées, les armes, les navires, et tout l’équipement dont il aurait besoin pour lancer son offensive mortelle et cruelle contre l’Union lorsque celle-ci serait la plus affaiblie face aux Myträns.
Il était tout à ses pensées lorsque la demoiselle revint avec les breuvages désirés. Un large sourire s’était dessiné sur son visage alors qu’il revoyait pour la énième fois son plan de bataille machiavélique, qui disparut doucement lorsqu’il revint à la réalité. Il prit la bouteille de whisky et se servit un grand verre qu’il vida à moitié d’une traite. Il remplit à nouveau le verre à moitié vide, et le vide ensuite, cul sec. Il se sert une troisième fois un plein verre qu’il ne touche pas. S’appuyant de tout son poids à nouveau sur le dossier du canapé toujours grinçant, il prit le temps de dévisager la donzelle. Elle était agréable à regarder, et plutôt bien faite. Ses hanches laissaient deviner une croupe bien faite et sa poitrine semblait arrogante. Elle était désirable. Mais ce qu’Eylohr avait apprit à force de trainer dans les bas quartiers, c’était que les jeunes femmes, même les plus belles, étaient, au pire des tueurs à gage émérites capable d’ôter la vie avec une seule épingle à cheveux, ou, au mieux, des prostituées. Aussi devait-il toujours se méfier face à elle. Après tout, n’avait-elle pas envoyer dans les airs, un homme bien plus fort qu’elle avec juste un coup de pied.
- Qu’est-ce que t’fais ici donzelle ? T’as des affaires à m’ner ? Une vengeance ? Ou juste pas d’bol ? |
| | | Allys Terasu
| Mer 13 Nov - 16:24 | | Irys : 1596854 Profession : Ingénieur mécanique
| L'ours du Nord n'avait pas mit longtemps avant de prendre ses aises. Ce n'était pas tant qu'il faisait une confiance aveugle en son hôte mais il faut dire qu'un homme de cette stature, armé et violent avait de quoi se sentir plus en sécurité qu'une jeune femme plantureuse.
Allys ne s'en formalisa pas, après tout elle lui avait signifié qu'il pouvait se mettre à l'aise. Elle constata toutefois qu'il avait une sacrée descente niveau alcool et ce n'est pas elle qui lui ferait les gros yeux. Bien au contraire, la jeune femme suivit le mouvement, à la différence qu'elle prenait le temps de savourer celui-ci au passage. Elle termina son café agrémenté d'alcool puis se servit un verre de pur whisky qu'elle dégusta alors qu'il prenait la parole.
« Bonne question… » souffla-t-elle en réponse. « L'amertume et la frustration. Le manque d'une cible où diriger ma colère et le fait que je n'ai plus foi en quoi que ce soit. Ça résume à peu près. »
Si seulement elle pouvait avoir un coupable tout désigné, elle érigerait le plan le plus fou pour le faire souffrir comme ce n'était pas permis. Si seulement elle avait un but, elle s'y plongerait la tête baissée. Quand au fait de manquer de chance, c'était plus que cela. Allys était perdue, sans attache, une roue libre qui n'avait plus de chemin à suivre.
L'ingénieur avait beau être jeune, sa vie avait consisté la majeure partie à survivre et se surpasser et se mettre à distance des autres quitte à se noyer dans l'alcool et le travail. Et lorsque qu'elle avait eu l'impertinence de penser mériter une once de bonheur cela lui avait éclaté à la figure. Le retour à la case départ était terrible. Puis plus que ceux qu'elle avait déjà encaissé par le passé.
« Au moins Tu en as un toi, de but, à ce que j'ai cru comprendre. Cela dit qu'est-ce qui te pousse à haïr à ce point l'UNE ? »
C'était une première questions afin d'ouvrir le dialogue mais elle était réellement intriguée. Qu'est-ce qui pouvait bien pousser un homme à quitter sa vie tranquille pour se lancer dans une guérilla contre son propre gouvernement ? Et comment comptait-il s'y prendre d'ailleurs ? Ce n'était pas des meurtres de sang froid ou quelques attentats qui changeraient les choses. |
| | | Eylohr Lothar
| Jeu 14 Nov - 11:25 | | Irys : 401379 Profession : Terroriste en fuite - Hermite
| La demoiselle parlait plutôt bien pour une individu des bas-quartiers. Elle ne coupait ni ne raccourcissait pas ses mots, n’utilisait aucune expression peu ragoutante. Elle semblait aussi agréable à écouter qu’à regarder. Cependant, son discours laissait entrevoir – même pour une personne n’étant pas dotée d’une formation de psychologue – qu’elle était amère, frustrée, triste et quelque peu rancunière de quelqu’un ou de quelque chose, d’un passé pas si lointain que cela, et que cette demeure semblait, d’une manière ou d’une autre, être un élément de départ pour comprendre ce qui lui remuait l’esprit. Elle n’avait également plus foi en quoi que ce soit. Chose extrêmement intéressante. Pourquoi ? Parce qu’une personne n’ayant plus ni repère ni but est une personne influençable, et qui dit influençable dit… future recrue ? D’autant qu’avec ses potentielles habilités, elle pourrait être d’un atout non négligeable…
Elle était vraisemblablement aussi à l’aise avec l’alcool que pouvait l’être Eylohr, à ceci prêt qu’elle semble déguster ses verres plutôt que de les avaler sans demander aucun reste. Et sans grimacer en plus. Pourtant, son élixir ambré avait de quoi tirailler quelques traits de visages, le colosse devait l’avouer. Mais après plusieurs mois à boire l’alcool frelaté brassé à bord des navires, au pourcentage d’alcool si grand et aux excipients si… Inattendus, un whisky fort ressemblait plus ou moins à du petit lait. La question posée par la blondinette attira toute l’attention du géant venu du Nord. Elle était une potentielle recrue, finalement. Alors, il tenta de faire valoir sa cause sans en dévoiler les noirs secrets.
- Si t’me pose c’te question, c’est qu’tu connais pas ma réputation. Il boit une grande rasade de son verre de whisky comme pour s’humidifier la gorge. J’viens d’Aildor, la ville des bandits et des mécréants. C’pas moi qui l’dis donzelle, c’l’union. J’viens d’la ville où l’marché noir est roi. L’première m’nace, l’premier client et l’premier bénéficiaire d’c’te marché maudit, c’l’UNE. Eh oui donzelle. L’UNE est derrière tout c’qui arrive d’mauvais en c’monde. Il reprend une rasade de whisky, vidant son verre un peu trop rapidement à son goût. Il se sert donc de nouveau. Comment qu’t’crois qu’les mines tournent ? Eh oui, d’la main d’œuvre pas chère, ach’tées à Aildor ou Zochlom. Comment qu’t’crois qu’ils savent tout c’qui s’passe partout ? Eh ouais, ils payent, ils enlèvent, ils séquestres, ils torturent et ils tuent. Encore une rasade. y exploitent l’mineur, qu’extrait d’la magilithe, qu’va sur des bateaux aux marins mêm’pas payés, qu’va sur les étales d’bas quartiers ou d’Aildor, pour f’nir sur une arme d’un parrain qu’exécute les enfants. C’beau, hein ? Et si t’marche pas ‘vec eux, t’fini dans leurs prisons méga s’crète comme y disent. Et là, t’sert d’cobaye pour leurs méd’cins et leurs scienti’j’sais pas quoi. J’le sais, j’y suis allé moi. Il dévoile certaines de ses cicatrices au niveau de ses tempes, d’ordinaire cachées par ses longs cheveux noirs ou par sa capuche. Des cicatrices typiques des électrodes qui lui furent presque implantées dans le crâne. Et t’sais c’qui font là-bas ? Y t’foutent des d’charges dans l’crâne, tous les jours, 3h par jours. D’plus en plus puissantes, pour voir c’que ça fait. Et ensuite, ils t’prennent d’sang et y r’garde c’qui a d’dans, et ils t’foutent d’sang d’qu’qu’un d’autre, ou d’autres produits. Moi, y m’ont foutu un virus qu’y disaient. C’truc m’a fait m’vider comme un porc’let qu’on égorge. Et comme j’tais costaux, et qu’y m’connaissaient d’réputation, y ont voulu savoir si j’pouvais endurer d’la douleur. BAM ! Electrochoc, écrase-doigts, une machine qu’enlève quasi tout l’air d’la salle. Y m’ont même enfoncé deux électrodes dans les g’noux pour voir c’que ça donnait. Avant qu’j’m’évade, y voulaient m’ouvrir l’thorax pour r’garder mon cœur battre. Il finit son verre et se met à boire au goulot de la bouteille. C’était un petit jeu, pour paraître plus sincère. Non pas que la description de son vécu était fausse, il avait bel et bien subi tout ça. Mais pour le message transmit… Disons qu’il fallait pouvoir l’enjoliver encore un peu et masquer l’étendue de son esprit chaotique. Faut qu’ça change. Et on est d’jà nombreux à s’préparer. Il laisse volontairement un flou artistique. Le poisson devait mordre l’appât avant de pouvoir ferrer le poisson.
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| | | Allys Terasu
| Sam 16 Nov - 16:02 | | Irys : 1596854 Profession : Ingénieur mécanique
| L’Ours ne réfléchi pas longtemps avant de se lancer dans une longue explication. Au début la jeune femme restait dubitative, buvant son verre tranquillement. Qu’il vienne d’une ville à la mauvaise réputation était une chose, mais il déclarait ouvertement que tout ce qui était mauvais était du fait de l’UNE. Allys arqua un sourcil. C’était bien facile d’accuser les puissants pour justifier toutes les mauvaises actions des uns et des autres. Le libre arbitre existe et à moins d’y être forcé comme un esclave on à le choix de s’y résoudre ou non. Elle était bien placée pour le savoir, enfant elle avait vécu dans la peur des esclavagistes et on lui avait dérobé son frère cadet pour en faire un esclave justement. Mais Allys n’avait pas laissé le destin décider de son propre sort et Hypérion s’était lui-même libéré de son état également. Certes l’UNE fermait les yeux sur beaucoup de choses et cela n’avait rien de juste mais quand le commerce tourne, ce n’est pas leurs affaires. C’est ainsi, les puissants ignorent toujours les plus faibles. C’est la loi de l’échelle sociale. Si on veut s’en libérer il suffit de s’en donner les moyens. Sinon, et bien, on fait avec.
En revanche ce qu’il disait sur leurs enlèvements interpella davantage la jeune femme. Des expériences sur les êtres humains ? Apparemment l’homme avait été emmené dans un endroit secret parce qu’il s’était rebellé contre le système. Et les choses qui lui ont fait subir pour cela n’avaient rien de juste. Électrocuter des gens jusqu’à risquer la lobotomie, les charcuter et les empoisonner c’était aberrant, totalement illégale et monstrueux. L’ingénieure se pencha en avant, le regard plus sombre. Elle était bien plus sensible à ce genre de discourt. Se venger pour des actes abominables, elle n’aurait fait sans hésiter. C’était une motivation qu’elle comprenait et qui la faisait vibrer.
« Effectivement, je comprend ta haine. Au moins sur la dernière partie. Ces gens-là méritent qu’on les détruisent, qu’on leur enlève tout ce qui compte à leurs yeux et qu’il meurent à petit feu dans d’atroces souffrances. Faire des expériences aussi inhumaines impunément, ça c’est intolérable. »
Allys dévisageait l’homme avec une intensité qui laissait entrevoir toute la sauvagerie qui l’habitait. Elle était de ceux que l’on pouvait considérer comme des esprits vengeurs. Faire payer les ordures était pour elle un réel plaisir. Sa violence était sa part d’ombre qu’elle tentait de repousser au maximum mais elle ne résistait jamais son besoin de justice. Elle attrapa à son tour la bouteille afin de se resservir à nouveau et de calmer ses ardeurs. Une fois son verre vidé, elle reprit la parole, la voix beaucoup plus posée.
« En revanche, si je conçoit le fait de détruire ces centres monstrueux, je ne vois pas en quoi annihiler l’UNE dans son entièreté serait une solution, ni même comment tu comptes t’y prendre. De toute manière même si tu y arrives, tu es conscient que les choses finirons inévitablement par recommencer ? Les inégalités ont toujours existé, l’équilibre est impossible et il y aura toujours des crevures pour profiter du nouveau système, quel qu’il soit. Mais ça n’empêche ça m’intrigue, jusqu’où y as-tu pensé ? »
Allys quitta son siège pour venir s’asseoir à l’autre bout du canapé, se renfonçant dans le dossier afin de détendre son dos qu’elle avait gardé bien droit lorsqu’elle se tenait sur le gros coussin. Elle avait pour l’homme aucun ressentiment particulier ni pour ses actes passés ni pour le projet qu’il avait en tête. De toute manière Allys se considérait à part, Zoch de racine et mixte racialement, elle n’était qu’un électron libre qui allait et venait comme bon lui semblait sans se préoccuper de suivre les règles. C’est donc d’un point de vu extérieur qu’elle envisageait les tenants et aboutissants d’une pareille volonté. |
| | | Eylohr Lothar
| Jeu 21 Nov - 16:14 | | Irys : 401379 Profession : Terroriste en fuite - Hermite
| L’Ours venu des froides contrées du Nord ne savait pas à quoi s’attendre. La demoiselle allait-elle s’éclipser devant tant de paroles acides et acerbes ? Allait-elle s’éloigner par peur ? Ou irait-elle droit dans le but de ce discours, et rejoindrait les futurs rangs de ce qu’Eylohr commençait à entrevoir comme sa propre armée ? Rien de certains, rien qu’il ne serait possible de deviner. Si, à première vue, la demoiselle semblait aussi blasée qu’elle pouvait l’être face à une ivrogne tentant de la séduire à grands renforts de rots et d’haleine puante, elle changea complètement d’attitude lorsque colosse parla vrai : sa détention. Sur ce point, il ne mentait ni n’inventait rien du tout. S’il avait, jusqu’ici, enjolivé les choses, mentant tel un politicien, cette partie était tout à fait véridique. La blondinette semblait aussi choquée que révoltée. La révolte était le terreau fertile à la haine, et la haine, peut-être modelée pour peu qu’on sache comment s’y prendre. Y arriverait-il ? Ses multiples péripéties et échecs lui apprirent énormément, lui permettant de connaître ses principaux défauts et ses erreurs. Erreurs qu’il ne comptait pas réitérer, mais sans doute en ferait-il d’autres. Peut-être réussirait-il à faire de cette demoiselle une sympathisante influente ?
Elle était d’ailleurs dotée d’une véritable descente de bonhomme ! Une descente qu’on n’aimerait pas monter à vélo ! Certes, pas aussi impressionnante que celle du colosse, mais pas des moindres non plus compte tenu de son petit gabarit en comparaison. Un bout de femme de plus en plus intéressant donc. Et comme pour se donner du courage, elle avala d’un trait le contenu de son verre pour poser une question intéressante. Elle était curieuse, bien plus que ce qu’il s’attendait. Jusqu’ici, la plupart de ses recrues ou de ses sympathisants s’étaient montrés de vulgaires suiveurs, de la chaire à canon, des gens avides de pouvoirs ou de vengeances, ou aveuglés par toute une vie de servitude – parfois héréditaire – ou encore déçus après s’être battus pour l’Union lors de la dernière guerre, avoir perdu un fils, un frère, un père, sans recevoir aucune compensation. Ces gens posaient peu de questions, notamment parce que le colosse réussissait presque toujours à toucher là où ça faisait mal, là où étaient les cordes sensibles. La plupart voulait immédiatement en découdre, et parfois, le colosse devait même calmer leurs ardeurs. Cette fois, tout serait différent. Il allait devoir argumenter. Aussi entreprit-il de le faire :
- Oh, qu’oui c’s’ra pas facile. Mais d’mande toi qu’qu’chose d’moiselle : c’vrai qu’son sait c’qu’on perd et qu’on sait pas c’qu’on va r’trouver, mais quand les inégalités font qu’les plus faibles triment au fond d’mines d’magilithes qu’les transforment en cibles pour créatures magiques, quand c’système fait qu’les riches d’viennent plus riches, et qu’ceux qui triment s’font d’pouillés par ceux qu’vivent d’rentes, comment k’sa pourrait être pire ? Il laisse un petit temps de pause pour prendre une gorgée de ce whisky qui était très bon soit-dit en passant. C’système valorise t’jours les mêmes, et rétame t’jours les mêmes. Et l’pire, c’est qu’les élites tirent sur ceux d’en d’ssous, tout en les arrosant d’l’autre côté. J’ai vu des agents d’l’union planqué à AIldor, exécuter des caïds qu’voulaient plus payer les pots d’vins. T’vois ? Quand ceux qui t’dirigent t’condamnes à l’échafaud sont ceux qu’règlementent tes crimes… Et après c’nous les criminels ? Ah ! Il termine son verre qui lui tire une certaine grimace, après quoi, il déguste un peu de ce café préparé avec soin. C’que j’compte faire ? Instille un brin d’anarchie, bouscule l’ordre qu’est établi, et dit b’jour au chao. J’suis un diable du chao. Et t’sais c’qui a d’bien avec l’chao ? C’qu’il est impartial. Pas comme l’Union. C’que j’compte faire, c’attaquer l’Union encore et encore, lorsqu’l’Union s’ra au plus faible, et quand les mages auront gagné, et qu’la paix s’ra négociée, y pourront pas faire sans ceux qu’étaient laissés pour compte pour r’construire l’pays ! Et l’prochain gouvern’ment, y s’ra impartial. Il reprend un verre cul-sec et le claque contre la table. Ce faisant, le colosse ne mesurant pas sa force, il brisa en plusieurs morceaux le verre qu’il avait jusqu’ici entre les doigts. Son immense pogne renferma alors une partie des débris, lesquels entaillèrent ses chaires comme le ciseau entaille la feuille de papier. Ouvrant la pogne, il laissa choir sur la table, les débris ensanglantés, et en poussa quelques-uns qui étaient encore plantés dans la main afin de s’en débarrasser. Un léger sourire s’esquissa sur son visage alors que le sang gouttait d’abord abondamment. Ouvrant pleinement la main, il pu mesurer l’ampleur des entailles. Il n’en était ni choqué ni blessé. Pour effacer ce sang, il passa sa main sur son épais manteau de cuir et de fourrure, mais le sang continuait à couler.
- t’aurais d’quoi faire un bandage vite fait ? Qu’est-ce qu’t’en penses toi d’tout c’qu’j’ai déblatéré ? |
| | | Allys Terasu
| Dim 24 Nov - 16:37 | | Irys : 1596854 Profession : Ingénieur mécanique
| Allys resta silencieuse, écoutant l’immense colosse justifier son projet tout en sirotant son verre comme s’il ne s’agissait que d’un jus de fruit. Effectivement, le système était corrompu jusqu’à la moelle et l’ours du nord, convaincu de son propos, était persuadé que rien ne pourrait être pire que c’était déjà, même s’il ne pensait pas que ce serait forcément parfait. En soit ses intentions étaient louable : Vouloir libérer Daënastre d’un système injuste et aussi criminel que les scélérats qui la parcourait. En revanche la manière restait clairement à revoir… Provoquer l’anarchie et le chaos était une solution bien trop aléatoire et cela le perdrait tout autant que ceux qu’il visait. Cela dit il évoqua la victoire des mages et cela éveilla la curiosité de la jeune femme. Comptait-il s’allier avec eux ? Obtenir un traité lui permettant ensuite de remodeler le continent selon son souhait ? Ou bien espérait-il que tout le monde face preuve de bon sens ?
Pour ces réponses Allys devrait attendre car le brutal invité venait de briser dans une myriade d’éclats le verre qui lui avait été offert. L’ingénieur se redressa avec un soupire, déposant le sien avec plus de douceur. Elle jeta un regard sur la main de l’ours du nord, constatant l’ampleur des dégâts. Pour ce qui est du ménage elle en avait déjà à faire de toute manière mais en revanche la paume avait été sérieusement entaillée. L’homme entreprit d’arracher les morceaux qui s’étaient fiché dans sa peau sans plus de cérémonie, les ôtant sans ciller avant d’essuyer son sang sur son lourd manteau. Allys leva les yeux au plafond lorsqu’il lui demanda un bandage. Évidement qu’il lui en fallait un à ce gros bêta. Elle se leva du canapé, non sans le gratifier d’un large soupire.
« Compresse ta main, je reviens. »
La jeune femme quitta la pièce, laissant son invité seul quelques minutes. Lorsqu’elle revint, elle avait dans les mains non seulement de quoi faire un bandage correct mais de quoi essuyer et désinfecter les plaies. C’est donc en s’asseyant tout près de l’homme qu’elle lui attrapa la main sans sommation avant de le soigner convenablement et avec application. Tout en s’affairant, elle répondit à sa question.
« Pour ce que j’en pense, ton projet est louable seulement il me paraît bancale. L’intention d’obtenir un monde meilleur ne suffit pas. Tout comme le fait d’attaquer sans relâche le système de la manière dont tu le fais. C’est trop brutal pour être entendu de la bonne manière. Il ne faut pas agir que sur un coin du tableau, tu vois ? Déjà commence par te faire des alliés, mais pas juste des suiveurs, et pour ça il faudrait que tu sois en mesure d’inspirer la confiance, notamment en leur proposant non seulement un but mais une finalité concrète. Un système équitable, certes, mais en quoi ? Si tu n’es pas en mesure d’expliquer ce que tu demande au peuple et ce que tu compte faire une fois la victoire assurée ton chaos et ton anarchie resteront malgré la paix.
La violence n'est pas une mauvaise chose tant qu’elle est maîtrisée, en revanche il faut plus qu’un élan de haine pour mener un tel projet. Une foule en colère est incontrôlable même pour celui qui l’a instaurée. Une foule aura toujours besoin d’un guide, d’un meneur, d’une voix qui leur dicte quoi faire, pourquoi le faire et sait contenir ses ardeurs. Sinon le chaos que tu veut semer se retournera contre tout le monde, coupables et innocents, riches et pauvres, mages et non mages et au final tout le monde se détestera foncièrement et rien n’arrangera cela.
J’en reviens donc aux alliés. Trouve toi des personnes de confiances que tu mettrais sur un pied d’égalité et qui pourraient compenser là où se trouve tes faiblesses. Les mages sont des alliés potentiels, d’autant plus que si tu prône un monde juste cela implique également que la stupide rancœur qui sépare les mages des non mages cesses et que tous vivent véritablement ensemble sans distinction, sans continent qui les garderaient séparés physiquement et alimenteraient encore ces discriminations. Les opprimés, bien sûr, mais en leur donnant en plus d’un but un espoir, des changements concrets de leur misérable vie. Comment réglerais-tu le problème des mines par exemple ? Les paroles ne doivent pas être vides, les promesses données doivent mener à une finalité réelle. Même les puissants de la société peuvent être des atouts, il suffit d’en convaincre du bien fondé de ta croisade et ils seraient en mesure de retourner le système de l’intérieur, là où toi tu ne peux créer que de la peur chez les habitants en usant de la violence.
Tu vois les choses trop simplement, voilà ce que j’en pense. Il n’y a pas que du noir ou du blanc, tout est nuancé et à son importance. Je ne doute pas que tu réussisse tout ce que tu entreprend par la violence et que la seule vision de ton ombre doit faire pâlir de terreur bien des gens mais ne soit pas aussi benêt que ce que tu parais si tu veux réussir un projet aussi fou. Être fort, oui, mais intelligent et charismatique c’est bien plus impressionnant. »
Les soins et le bandage terminé, la jeune femme libéra la main du colosse. |
| | | Eylohr Lothar
| Mar 3 Déc - 19:39 | | Irys : 401379 Profession : Terroriste en fuite - Hermite
| La jeune femme ne semblait pas choquée ni surprise lorsque le sang commença à couler depuis les plaies, en un léger flux au débit constant quand bien même peu impressionnant. Après tout, ce n’était qu’une petite blessure. Elle s’en occupe cependant de la manière la plus adorable qui soit, et la plus professionnelle, en indiquant au colosse la marche à suivre. Non que celui-ci n’avait aucune connaissance en premiers secours, il avait subi tellement de blessures que celle-ci était facile à gérer, même pour lui. Après tout, il avait beau être un adepte de la destruction, il savait tout de même s’occuper de quelques blessures afin de retarder la mort. Eventuellement. Potentiellement.
Ce qui fut tout à fait intéressant, ce fut la réponse de la demoiselle. Oh, elle n’avait sans doute pas fait les grandes écoles des arts militaires, elle n’avait pas bénéficié des enseignements et des conseils des fameuses écoles diplomatiques et politiques. Cependant, elle semblait suffisamment éclairée et clairvoyante sur le sujet, qu’elle transforma sa réponse en une sorte d’argumentation correctement formée et qui, à n’en point douter, renfermerait quelques conseils que le colosse devrait saisir. Elle était intelligente, oh que oui. Bien que le colosse ne soit pas doué pour reconnaître ces qualités, ni pour faire face à de telles personnes – après tout, ces connaissances étaient surtout douées pour enchainer les verres d’alcools forts, les femmes faciles et les meurtres scabreux – elles étaient flagrantes chez elle. Et façon d’analyser la plaidoirie du colosse et de contre-argumenter de manière constructive… Etrangement, le colosse se sentit dépassé d’une part, et en colère d’une autre.
Il y avait quelque chose cependant qu’il n’avait pas révélé. Il avait des gens, là-bas, à Aildor, auprès desquels il s’était assuré une totale confiance et fidélité. Certes, après deux années d’absence, il lui faudrait sans doute retravailler quelque peu ces relations de confiance, mais il y parviendrait. Par le passé, trois hommes, tous doués dans leurs domaines, travaillèrent avec Eylohr dans sa forge et son armurerie. Ils se plièrent à tous ses ordres, et il pouvait compter sur eux quoi qu’il arrive et quoi qu’il en coûte. Aujourd’hui, avec ses plans machiavéliques, il pourrait avoir suffisamment de cordes à son arc pour pouvoir aborder sereinement la suite de son odieux projet. Le bandage terminé, le colosse en profita pour s’adosser complètement contre le dossier du canapé, s’installant tel un pacha. Il regarda fixement Allys, d’un regard à la fois interrogateur et malicieux, comme le ferait un ours scrutant sa future proie. Il resta là, avachi, quelques secondes durant, dévisageant Allys d’une manière, sans doute, très peu agréable. Puis, il se contenta d’afficher un sourire perturbant.
- J’te r’merci d’ton honnêteté donzelle, c’rare d’ces jours. T’fais pas d’soucis, j’ai tout c’qui m’faut par chez moi. Des gars biens couillus, qui f’ront l’taf. Mais p’t’être qu’tu pourrais quand même m’aider ? C’quoi ton domaine ? Ta spécialité ? J’t’écoute. |
| | | Allys Terasu
| Ven 6 Déc - 10:28 | | Irys : 1596854 Profession : Ingénieur mécanique
| Tandis que l’ours s’avachi tel un pacha dans son canapé, Allys rangea son matériel de premiers secours et retourna s’asseoir dans le coin droit du canapé, les jambes croisées en tailleur. Elle soutint sans broncher le regard pourtant carnassier de la montagne qu’elle avait accueillit. La jeune femme n’était pas du genre à se laisser impressionner facilement ni ne possédait de peurs viscérales quant à la perspective de la mort. Hormis le vertige, qu’elle bravait pourtant effrontément malgré la détresse que cela lui procurait, Allys n’avait que peu de peurs. Combien de fois n’était-elle pas déjà passée à deux doigts d’une mort certaine ? Un bon paquet de fois. Ce n’était pas cet homme bestial et disproportionner qui irait lui hérisser les poils, d’autant plus qu’ils ne faisaient que partager des points de vus sur une situation à laquelle Allys ne se sentait directement concernée. L’homme fini par sourire, reprenant finalement le dialogue.
« Je te le concède, la franchise est un concept irréel pour beaucoup. Ce n’est pas mon cas. Je n’en voit de toute manière pas l’utilité de te cacher mon point de vu puisque je ne suis pas hostile au tiens. Pour ma part appelles-moi par mon nom, j’ai conscience de mon jeune âge mais donzelle c’est vraiment horripilant. Je m’appelle Allys Terasu, ou Lys si tu préfères. Quant à mes domaines de prédilection, je suis ingénieure et anciennement mécanicienne. J’invente, je retape, j’améliore. Que ce soit des armes, des machines, des pièces d’armure, même quelques prothèses. »
Au vu du projet colossale de son invité, cela pourrait surement l’intéresser. Et cela ne l’impliquerait pas vraiment puisqu’il ne s’agirait que d’un travail. Après tout Allys ne faisait jamais la fine bouche devant une demande. Que ce soit un particulier, un mercenaire, un militaire, le gouvernent ou qui que ce soit d’ailleurs, l’ingénieure mettait toujours tout en œuvre pour contenter ses clients et elle ne refusait que les projets irréalisables. Qu’elle aide un anarchiste ne l’empêcherait pas d’améliorer l’arme d’un soldat le jour suivant. Un boulot est un boulot, tout simplement.
« Je pourrais sans problème t’équiper de ce qu’il te manque ou augmenter l’efficacité de ce que tu possèdes déjà. Une chance d’être tombé sur moi n’est-ce pas ? » Lâcha-t-elle avec un demi sourire. « Je ne suis même pas gourmande en paiement : échange équivalent ou la garantie de me rendre un service plus tard, et pourquoi pas quelques bouteilles de bon alcool pour me remplir mes placards vides. »
Quant on ne court pas après l’argent, on peut s’arranger pour facilement. La jeune femme ne perdait pas le nord, si elle l’aidait il pourrait lui renvoyer l’ascenseur d’une manière ou d’une autre et si en plus elle pouvait en retirer un avantage quelconque... |
| | | Eylohr Lothar
| Dim 12 Jan - 0:54 | | Irys : 401379 Profession : Terroriste en fuite - Hermite
| Ainsi, la demoiselle avait un nom. Bien. Une charmante demoiselle, au regard vif souligné d’un trait noir et d’un maquillage bien proportionné, au nom tout aussi plaisant. Une belle jeune femme, agréable à regarder et à entendre, et avec qui la discussion était, pour une fois… Intéressante. Oh, bien-sûr, le colosse n’était pas de ceux qui appréciaient les soirées philosophiques où dissertations et débats constructifs s’enchainaient autour d’une bouteille de vin rouge d’un grand cru, et de petites pâtisseries. Ses soirées à lui se déroulent souvent dans des caves humides et peu éclairées, où se battent des hommes avides de violences et désireux de remporter les mises de la soirée. Parfois, ses autres soirées étaient faites de pillages, de meurtres, de viols, de machinations diverses dans le but de devenir, un jour, celui qui renverserait l’union. Aussi, ce genre de soirée comme celle-ci, faite de discussions simples et constructives… N’étaient pas très habituelles, et Eylohr s’en rendait compte.
Alors qu’elle lui indiquait son domaine de compétence et ce qu’elle pourrait éventuellement lui apporter, et ses demandes quant aux futurs paiements de ses compétences, le colosse senti alors son esprit s’assombrir. Pourquoi était-il là ? Il ne le savait pas réellement. Oh, il avait bien sauvé la demoiselle en détresse d’un destin qui, assurément, aurait pu être funeste, mais pourquoi était-il confortablement assis dans un canapé, un verre de whisky à proximité ? D’ordinaire, à cette heure, il aurait ses mains plongées dans les entrailles d’une victime ayant beaucoup trop souffert, ou il se trouverait au-dessus d’une donzelle qui n’aurait rien demandé, et qui, pourtant, subirait les ravages du colosse libérant ses pulsions. Sans doute se rendait-il compte qu’il n’était rien d’autre qu’une boule de nerf ? Une abomination de la nature, causée par une vie difficile, sans amour, sans sentiment, et que des scientifiques et médecins corrompus auraient aggravés grâce aux électrodes, aux chocs électriques, aux médicaments et aux expérimentations toutes plus horribles les unes que les autres. Avait-il seulement une seule once d’humanité en lui aujourd’hui ?
Il ne répondit pas aux propos de la dénommée Allys. Son esprit était focalisé sur autre chose. Il prit alors un verre, et l’avala cul-sec. Ce n’était pas assez. Il prit alors un second verre, et lui réserva le même sort. Ce n’était toujours pas assez. Alors, il débouchonna la bouteille, porte le goulot aux lèvres et ne fit qu’une traite de ce précieux breuvage ambré qui irritait sa gorge. L’avantage d’une telle carrure, en de telles circonstances, c’est qu’il était capable d’avaler des litres de bières et de litres de whisky avant de ressentir le moindre picotement au bout des doigts. La fois où il avait été si saoul qu’il en perdit ses moyens, son équilibre, et sa dignité… Il avait littéralement bu une cinquantaine de litres de bière, une trentaine de litres de whisky, et plusieurs autres d’autres alcools forts dont il avait perdu les noms. Il faut dire que, ce jour-là, il avait perdu bien plus que la mémoire. Ha !
Reposant la bouteille, il voulu en demander plus encore à son hôte, mais garda pour lui cette pensée. Pourquoi ce sentait-il soudainement si seul ? Si… En retrait ? L’alcool ? Cette discussion pacifique ? Il ne comprenait plus rien à rien. Il retira alors le gant de sa main gauche, dévoilant sa main d’acier, sa prothèse, pour la première fois à une inconnue.
- T’as d’autres bouteilles ? Allys ? |
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