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 Protection et guerre — ft Hüsel Nyaltyn

Adaryon Maedan
Adaryon Maedan
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Protection et guerre — ft Hüsel Nyaltyn EmptyMer 8 Jan - 20:42
Irys : 163434
My'trän +2 ~ Chimères
Un grondement lointain roula sur les nuages étendus, amené par des vents calmes qui transportaient le bruit par leurs venues indolentes. L'éclat, qui paraissait encore plus gros par l'écho incessant de son rebondissement entre les montagnes, creusait sa place dans le territoire depuis déjà quelques heures; voyageant de berceau en palais, il ne semblait plus vouloir arrêter de se faire entendre. Qu’annonçait-il donc vraiment, cet aboiement du ciel? Simplement une tempête naturelle qui sévirait bientôt sur la terre, ou alors quelque chose de plus cruel, de plus... Humain ?

Adaryon secoua diligemment ses ailes, laissant glisser une fratrie de perles translucides sur son pelage épais. Maintenant amplement habitué à ce geste, car il l'exécutait depuis quelque temps déjà — une mince couche translucide et cristalline s'était déjà installée sur la faune et la flore —, il s'était accoutumé à cette pluie paresseuse qui s'échouait mollement sur son bec humide. Elle ne représentait que peu d'ennui pour son vol, d'autant plus que cette forme-ci le protégeait d'une certaine moiteur; il pouvait donc se concentrer sur sa tâche de repérage, orné de minces yeux pour le grand territoire. Aviser par la droite, observer par la gauche… Aussitôt dit, aussitôt fait, sa mission se terminerait bientôt car, heureusement, la découverte des arbres qui coupait une grande plaine venait de lui confirmer son arrivée prochaine. Ainsi assuré qu'il allait dans la bonne direction, il évertua un dernier examen avant de se recueillir brièvement, ressentant le tiraillement significatif vers son ventre qui signifiait...


Adaryon rouvrit lentement les yeux, cette fois-ci non pas bercé par le vent, mais par le doux ballottement de sa monture qui se déplaçait. Vers l'avant, vers l'arrière; du mouvement de la course de Dallyo s'échappait de gros morceaux de terres colorés, égrainés en blocs humides qui s’échappaient en formant artifice de couleur chatoyante. Comme une fusée multicolore, le duo filait dans la plaine dépourvue d’âmes, suivi par un oiseau ébène qui voletait dans les airs; le groupe spécial que formaient ces trois-là se distinguait particulièrement de l’air maussade du ciel. Si un passant avait capté ces trois âmes dans son regard, qu’aurait-il donc pensé de leur action et destination? L’humain seul savait sa mission.

L’adepte d’Orshin était en cavale depuis un exactement un jour. Sa communauté s'était à peine installée près de Loros, ville aux mille couleurs, qu'une demande arrivait déjà, apportée par un messager et son oiseau à l'air exténués. Déroulée, la lettre avait par une quelconque chance (ou malchance) attiré l'attention à son égard, les supérieurs le choisissant pour mener à bien cette occupation. Il n’avait même pas pu profiter d’un instant de solitude avant de retourner sur son Shuurga, pressé par l’annonciateur qui bafouillait des explications sur une guerre et sur la protection — le nomade n’avait pas tout compris — et le tour était joué, l’envoyant au loin. Des au revoir flegmatiques avaient été échangés, un sac empaqueté et ce fut de cette manière qu'Adaryon décampa, voile gonflé vers un village construit dans une forêt à l’ouest. La route n’avait pas été trop difficile, ni trop ennuyeuse, et ce, surtout à cause des nouvelles créatures qui étaient apparues devant ces yeux émerveillés. Accaparant son attention, elles avaient chassé ses pensées grognonnes sur le chemin de l’allée, mais le temps de l’amour était révolu; il n’avait hélas plus le temps de s’arrêter pour les observer. Fouillant dans son vieux sac qui ballottait à ses côtés, Adaryon posa une nouvelle fois ses yeux sur le parchemin au contenu plus que bref. ‘’ Protection faune et flore, demande à la tribu d’Orshin la plus proche, village à l’ouest de Loros.‘’ Les quelques mots ne lui suffisaient guère pour comprendre la situation qui allait l’attendre et le jeune homme, déjà un peu ennuyé, se doutait qu’il allait devoir se mêler à plusieurs gens pour tenter de clarifier sa tâche. Tant qu’on ne le bassinait pas avec de la politique…

Perdu dans ses pensées, il ne remarqua pas tout de suite le malaise palpitant dans l’air autour de lui. Pourtant, à mesure que son Shuurga avançait vers la forêt au loin, il ne pouvait plus ignorer cette sensation étrange, souffle qui creusait en lui une ambiance malsaine. La pesanteur s’accrut davantage lorsque le trio franchit la première ligne d’arbres, faisant stopper le groupe d’un même mouvement.

Vous sentez ça ? demanda doucement Adaryon à ses deux compagnons, question qui en cachait sûrement une autre.

De la peur. Cette même réponse du duo animal tinta une cloche en arrière de son crâne, l’amenant à croire que cette mission serait peut-être un peu moins facile que prévu.

Il débarqua de Dallyo, aux aguets de moindres bruits qui pourraient lui donner une idée sur la situation présente. Mais là était le problème, car la forêt était calme, trop calme; aucun bruit ne brisait l’anonymat du territoire, nappant celui-ci d’un drap de mutisme. L’adepte d’Orshin ferma alors les yeux, choisissant de se concentrer davantage sur l’odorat que l’ouïe; une main sur sa monture, il accumula un peu d’énergie pour lui emprunter ses nasaux plus avantageux. La première chose qu’il remarqua, frappante, fut encore une fois l’odeur de peur qui régnait par si et par là. Il arriva cette fois à trouver un point spécifique, un point qui se trouvait quelques kilomètres vers l’ouest, un point suintant la crainte par tous ses pores, un point qui fit partir Adaryon dès l’instant où il quitta sa transe. Demandant à son duo de rester à la lisière – il était certain de ne pas vouloir les amener dans cet endroit étrange, l’homme s’élança devant lui, bougeant avec grâce parmi les arbres et racines proéminentes.

Ce fut après quinze minutes qu’il découvrit la première scène de vie. Suspendu par les jambes, tête en bas, mais corps en hauteur, il remarqua des mouvements étranges dans l’herbe, celle-ci provoquant des ondulations anormales. Il lui fallut alors quelques secondes pour comprendre que ce n’était pas des créatures, mais des humains, au moins dix, qui se déplaçait en écrasant branches et fruits sur leur passage. Fronçant les sourcils, Adaryon se remit silencieusement en équilibre sur sa branche, les observant tenter de se frayer un passage du haut de son perchoir. Ils n’y parvenaient pas franchement bien et un œil moindrement aguerri les aurait tout de suite repérés, mais l’adepte d’Orshin comprit dans leur mouvement qu’il tentait d’agir sans faire le moindre bruit. Pourquoi agir de la sorte? Ce groupe était-il celui qui l’avait embauché pour la mission? Et d’ailleurs, que devait-il vraiment faire? Le papier ne lui avait laissé que peu de détails… Il décida alors simplement de les suivre en restant caché entre les feuilles, profitant pour les observer plus en détail.

Cinq petites minutes passèrent pendant lesquelles le grimpeur ne se dévoila pas. La sixième, elle, vint lui prouver qu’il avait eu la bonne réaction en restant à distance. Vers la droite, deux Erveekhei étaient figés, immobiles dans l’herbe, n’osant plus bouger en voyant le groupe de marcheurs s’avancer droit vers eux. Caractéristique de la petite race d’herbivore, Adaryon savait très bien que ce petit duo ne bougerait pas tant que la peur ne serait point partie; cette espèce était extrêmement craintive et n'esquissait pas le moindre geste lorsque l’étau de la terreur s’abattait. Le garçon fronça alors ses sourcils, inquiets. Ils allaient bien devoir s’arrêter, non? Le respect de son architecte le demandait et il n’avait jamais vu aucun être porter préjudice à la faune et la flore… Mais plus le peloton se rapprochait, plus la surprise du mâle augmentait. Personne ne s’arrêtait, et plus surprenant encore, personne ne semblait regarder autour de soi pour porter attention. Ils étaient.. Irrespectueux, oui, insolent dans leur moindre geste. Adaryon sut donc qu’il devait agir. Et vite.

Percutant la terre meuble avec son épaule droite, il réalisa son atterrissage en prenant bien soin d’esquisser la parade en diagonale, les bras arrondis et le menton rentré. Ses mains gantées attrapèrent avec agilité les deux corps paralysés et il n’eut besoin que d’une petite propulsion pour se hisser à la verticale, bondissant par la suite derrière un arbre massif. Tout avait été clair, vif et précis, contrairement à ce qui se déroulait autour de lui; la suite des évènements se passa dans des grognements bizarres et des éclats de bruits qui s’élevèrent, bruits où Adaryon crut discerner des plaintes de douleur qui le surprirent pendant un instant. Il n’avait pas provoqué tout ça, quand même? Il jeta un coup d’œil derrière lui et eut la surprise de voir le groupe en plein combat contre un autre, le tintement des épées et les chuchotements des adeptes s’élevant aux alentours alors que son visage s’emplissait d’atrocité. Qu’est-ce qu’il se passait, au nom d’Orshin?

Dorénavant aussi paralysé que les deux Erveekhei, il ne peut qu’observer avec béatitude les coups s’échanger, caché derrière son repaire de fortune. Dans quelle mission l’avait-on envoyé?

Hüsel Nyaltyn
Hüsel Nyaltyn
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Protection et guerre — ft Hüsel Nyaltyn EmptyJeu 9 Jan - 0:47
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My'trän +3 ~ Zolios (femme)
Collines et steppes, montagnes et forêts, plateaux et rivières, tout autant de paysages qui se chevauchent, s'enchaînent comme si tout cet horizon n'avait forgé que par pur caprice. Tantôt les cimes des géantes rocheuses projetaient leurs ombres sur une terre plate comme l'eau, tantôt c'étaient les feuilles qui privaient le sol des rayons du soleil. En Zolios, tout était extravagant, et dans ce goût dans l'absolu, tout trouvait une harmonie. L'image de la déesse embrasée régnait partout sur ces herbes, qu'elles soient nappées d'ombrage ou qu'elles reflètent la lueur de l'ardent vigile. C'était ici le territoire de Süns, et sa sacralité n'avait d'égal que l'ardente foi de ceux qu'il abrite. Tout était honnête, tout était beau. Et cette beauté ne saurait être violée sans que le juste châtiment soit rendu à l'insensé qui oserait commettre l'affront.

L'ombre au tableau était pourtant déjà présente, elle l'avait été depuis bien longtemps et aucun moyen ne permettait de rendre cette esquisse parfaite. Alors, pour conserver sa perfection, il fallait retirer les crasses une par une, que ce soit d'un simple souffle ou en arrachant les erreurs. My'tra était noyée dans sa rivalité avec l'orient, rivalité nullement arrangée par toutes celles qui perduraient dans l'enceinte même de ses murs. Les régions voulaient la paix, mais les clans voulaient la tranquillité et beaucoup d'entre eux posent une frontière très nette entre ces deux concepts. Leur harmonie, les tribus urbaines l'achetaient par le fer et l'acier, forgés dans les flammes de la guerre. Quelle alliance pouvait perdurer, là où tout affront mène au massacre ? Et les zoliens, lorsqu'ils se confrontent à leurs voisins du nord, ne voient qu'offense à l'entrée des zagashiens sur leurs terres.

Hüsel en avait connu, des conflits, des batailles. Mais la guerre ? La vraie ? Elle n'était jamais qu'un concept et si elle avait déjà existé, alors ils l'auraient perdue bien vite. De son propre chef, elle avait chevauché avec une escorte armée au nord de Zolios, là où le sang coule le plus fréquemment. Si l'envie lui avait pris, la primo-gharyne aurait pu dénombrer le nombre de nordiques qu'elle avait mis en terre dans les alentours de ces contrées. Le rouge, elle l'avait vu couler et aussi malavisé que cela puisse paraître, elle savait que ce remède n'était pas celui dont My'tra avait besoin. Les cendres ne font que raviver les flammes, propageant la destruction qu'elles peuvent semer. Si elle était de nouveau présente, c'était pour une seule raison : la paix, sans compromis.

Les négociations avaient cependant échouées, et les adeptes de la déesse des océans, malgré les avertissements proférés, n'étaient pas retournés sur les terres qui étaient de droit les leurs. Par dépit, mais aussi avec une certaine satisfaction de donner une leçon valable aux clans rivaux "égarés", son bouclier avait rejoint son poing et la lame de son épée, ses doigts. Un éclaireur posté aux abords du clan adverse avait informé qu'une assemblée de nordiques avait rejoint les bois dans la matinée, terrain de chasse favori de la tribu qu'avait rejointe la dirigeante. Leur but pouvait être double, soit ils comptaient vider la forêt de son gibier, soit ils allaient tendre une embuscade au premier chasseur zolien venu pour en faire un otage de poids dans des négociations à sens unique. Aucune de ces éventualités n'était acceptable, alors il fallait agir.

L'orage grondait au loin, un mauvais présage pour les infidèles, mais un véritable présent de la déesse pour les initiés. Süns les suivait dans cette entreprise. Menant ses propres hommes dans les bois, Hüsel suivit le conseil avisé d'un des traqueurs qui avait suggéré de mener une embuscade avant le creux des bois, là où l'on ne voyait plus la lumière du jour briller. Buissons, fourrés, troncs, branches, tout ici n'était que postes à pièges, on ne voyait pas à dix mètres devant soi tant la verdure avait réclamé ses droits sur cette vie. Tous se postèrent, silencieux comme des chats, muets comme des tombes. Certains blêmissaient, d'autres frissonnaient et la primo-gharyne était concentrée à écouter les feuilles tomber lui parler. De longues heures durant, elles ne dirent mot, mais lorsqu'elles susurrèrent qu'un pas était venu les écraser, alors le coeur de tous dans l'assemblée ignora un battement. Le sang des soldats ne fit qu'un tour lorsque le premier reflet sur l'acier scintilla.

Une première flèche vola, puis une autre, puis une autre, avant que les arcs ennemis ne répondent. Les hurlements indiquaient la précision des tirs, ainsi que la position adverse. Dans son fourré, à droite de sa propre compagnie, Hüsel écarta des yeux enivrés par la promesse d'une bataille. Quand bien même la paix avait sa saveur, un bon combat ne pouvait jamais être refusé. Ses pupilles se mirent à scintiller des couleurs de l'aube, son épée, glissée dans son dos, vint dessiner un cercle sur le sol. Lorsque la lame se leva subitement après avoir frotté contre la terre, elle s'embrasa en son bout, dessinant dans l'air un rideau de braises dansantes. La vague se répandit dans les feuilles jusque dans les rangs adverses qui trouvèrent très vite une réponse à cette offensive. Des gourdes des zagashiens à l'arrière sortirent des trombes d'eau qui noyèrent le feu, concentrant leur attention sur leur maîtrise parfaite d'une magie assouvie.

Sous les talons de la primo-gharyne, des étincelles se mirent à jaillir, un frisson remonta jusqu'à ses hanches, puis son buste, jusque dans ses yeux. De l'aurore, son regard passa à l'azur illuminé tandis qu'un bandeau de foudres éparses enveloppa sa tête. Un grondement retentit, lourd comme la pluie et violent comme un tonnerre. En quelques secondes à peine, elle se trouvait, épée levée, sur le flanc du rang de nordiques, les pieds nageant dans l'air haut au-dessus du sol. Lorsque la lame trouva alors la chaire dans laquelle se loger, elle le fit en partant de l'épaule et s'enfonça nettement, brisant la clavicule du zagashien. Le fil de l'acier, pointé vers les camarades du tranché, vint cracher un couloir bleuté en une seconde clameur qui fit trembler le vent. Le soutien fut éliminé, et les guerriers qui étaient passés au front avaient été délestés de leur aide. Ils furent fauchés ou soumis, gardés en tant que captifs.

Déjà les quelques rumeurs satisfaites du groupe de zoliens se mirent à résonner. Hüsel elle-même souriait de cette petite victoire, toujours consciente du gâchis que cela représentait. La bataille avait été courte, finalement, à tel point qu'elle aurait presque voulu qu'il y ait plus des leurs cachés quelques parts dans les fourrés ... ce qui lui rappela d'ailleurs qu'ils n'avaient pas exactement fini. De sa voix qu'elle savait forte, elle ordonna.

- Bien ! Amenez les prisonniers au clan. J'ai besoin de six d'entre vous pour surveiller le reste de la forêt et surtout de la fouiller ! Soufflez dans vos cornes à la moindre suspicion. Je pars devant.

Et un énième grondement retentit, tandis que la traînée azurée se mit à slalomer entre les arbres, cherchant la moindre présence. L'oeil attentif, Hüsel cherchait la moindre silhouette, la moindre petite ombre qui aurait pu ne serait-ce que faire penser à un humain. De temps à autre, elle s'arrêtait sur une silhouette qui la trompait, que ce soit un arbre trop bien façonné ou un buisson qui cachait de fausses ombres. Mais, du bord de sa vision périphérique, elle crut voir quelqu'un, prostré devant l'un des innombrables troncs. Si c'était encore un fourré qui lui faisait une blague, elle jurait de le brûler ... non, ça, c'était un homme, mais quelle silhouette étrange ... comme s'il y avait quelque chose qui dépassait de ses bras enveloppés.

Toujours sous son manteau de foudre, elle se déplaça à toute vitesse vers l'étranger, ne s'arrêtant qu'en laissant ses pieds glisser sur le tapis de brindilles sous les feuilles. Bouclier en avant, fil de la lame apposé sur la bordure de celui-ci, elle désignait du bout de son épée le jeune homme devant elle. Pour une fois que ce n'était pas un buisson ! Reprenant le souffle qu'elle avait perdu dans sa recherche, elle avertit l'inconnu d'un rire d'excitation mêlé à ses paroles.

- Oh, fais-moi plaisir et tire tes armes, que je m'amuse un peu, cette fois !

La moitié du regard que son égide cachait ne se révéla qu'au moment d'une expiration, où l'acier gardien se baissa pour laisser apercevoir deux bestioles dans les mains de cette singulière apparition. Elle esquissa une première expression interloquée, avant d'arborer un air complètement confus. Sa garde se rabaissa quelque peu, bien qu'elle continuait à le regarder de biais.

- Si un seul de tes amis m'attaque, il finit en rôti. Dis-moi qui tu es et ce que tu fais ici, MAINTENANT !

C'était l'une des manies de Hüsel de grogner ses instructions lorsqu'elle n'avait plus envie de rigoler. Il avait la tête d'un fidèle de l'araignée, alors pas besoin de se méfier de quelconque source d'eau alentours. Qu'est-ce qu'un adepte d'Orshin pouvait bien foutre là, merde ?!

Adaryon Maedan
Adaryon Maedan
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Protection et guerre — ft Hüsel Nyaltyn EmptySam 11 Jan - 8:26
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Adaryon n'avait jamais rien vu de tel. Jamais. Ce qui se passait-là, sous ses yeux, était une forme de barbarie que même dans ses plus grands cauchemars il n'aurait jamais imaginé, une cruauté qui n'aurait en aucun cas dû se matérialiser devant ses orbites. Hideuse calomnie, protubérance démoniaque d'une forêt se retrouvant prise entre des tentacules corrompues, gangrène qui ne s'achevait plus, c'était la violence à l'état pur. Son cerveau, au ralenti, analysait la scène dans laquelle on pouvait voir des corps tomber sous des coups d’épée, éclaboussant des buissons de sang pourpre qui détonnait avec l'ancienne beauté des lieux. Horrible. Tout l'était. Dans la cacophonie ambiante, l'adepte d'Orshin aurait pu s'enfuir, laisser l'agitation derrière lui, mais il était devenu comme les deux créatures entre ses bras; pétrifié, incapable de bouger ni de prononcer le moindre mot. Glacé de la tête au pieds, ce qui dura des minutes sembla s'allonger en heure, et Adaryon perdit sa cognition dans le clapotement des larmes de sèves d'hommes au sol.  

Puis, tel réveil brutal, un grondement menaçant parvenu du ciel le réveilla de sa transe fantomatique. Levant les yeux vers le bruit, il eut la surprise de voir arriver, aussi vite qu'un éclair, un être en armure qui ficha son épée dans l'épaule d'une autre personne, provoquant un craquement écœurant qui remua l'intestin du garçon. Cette vision, et l'odeur de chair brûlé qui vint avec, acheva de le sortir de son amorphe cocon et il s'obligea à lentement reculer, les deux bêtes entre ses bras. Amenant par la suite ses pieds à abdiquer à une course rapide, il dérapa à toute vitesse derrière lui, cherchant dans ses muscles l'appui pour le faire avancer. Quelques minutes plus tard, il se recroquevilla devant un énorme tronc d'arbre, son cœur battant à tout rompre dans sa cage thoracique.

Que venait-il de voir ? Pourquoi les deux groupes s'étaient-ils attaqués aussi violemment alors que les deux ne faisaient rien de mal, du moins en apparence ? Comment en étaient-ils venus à cette conclusion ? Un des deux clans était-il formé de Daenar ... ? Pourtant son peuple nomade lui avait dit que ceux-ci n'avaient point de pouvoir magique ! Comment, pourquoi, à quoi bon ? L'adepte, sur le bord de rendre son dîner, ne trouvait pas d'excuses valables à cette sauvagerie à laquelle il venait juste d'assister. Non, non, non, il ne pouvait imaginer que deux clans se haïssent au point d'en venir à ce niveau de violence. Juste le fait d'y penser, même d'effleurer cette idée, le rendait.. Le rendait..

Son corps fut le premier à réagir, ses années de vie passées dans la forêt agissant comme un automatisme sur ses muscles. Les tendons de son organisme le firent tant bien que mal bondirent sur ses pieds, les créatures toujours dans ses bras, et son dos se plaqua contre l'arbre derrière lui alors que son cerveau tentait de se remettre en marche. L'alerte, ralentie par l'atrocité dont il avait été témoin, avait sonné trop tard; chaîne manquante, il eut conscience en retard du bruit anormal qui se rapprochait en trombe de sa cachette. N'ayant ni le temps de fuir ni de se préparer, Adaryon se crispa en attendant le premier contact. Un froissement de feuille annonça l'arrivée de la deuxième personne, l'inconnue s'insinuant dans son champ de vision à une vitesse phénoménale. L'être innommé, lame accotée sur son bouclier et pointée sur lui, sembla chercher son souffle quelques secondes avant qu'un flot de parole et de rire embrasé ne sorte de sa bouche;

- Oh, fais-moi plaisir et tire tes armes, que je m'amuse un peu, cette fois !

L'adepte d'Orshin, glacé, n'esquissa pas un geste alors que les rouages de son cerveau roulaient à toute vitesse. L'effluence de sang qui émanait de sa lame, écœurante, s'insinuait par son nez pour poisser son corps, s'introduisant dans chaque partie de sa peau pour la tacher, pour la serrer. Cette même odeur l'empêchait de répondre convenablement — sa langue semblait fondre dans sa gorge, et le jeune ne put qu'esquisser un faible clignement d'oeil en réponse. Néanmoins, aucun bout tranchant ne l'atteint, sauf le regard étrange de l’innommée qui croisa le fer avec sa propre vision apathique. Jamais personne auparavant ne l'avait menacé de la sorte.

- Si un seul de tes amis m'attaque, il finit en rôti. Dis-moi qui tu es et ce que tu fais ici, MAINTENANT !

L'ordre, grogné et jeté sur lui, eut au moins l'effet de le secouer un peu, douche froide chassant de sa tête la pensée du sang gluant qui s'agitait devant sa tête. Oui, il était ici à cause d'un sauvetage — rien n'était donc plus important que de sécuriser le trésor entre ses bras. Puis... le fait qu'elle ait parlé de quelque chose qu'il connaisse, bêtement, le rassura et amena ses pensées à s'engouffrer dans ce sujet, automatique défense de son esprit troublé.

L'apprenti pivota alors son attention vers les deux Erveekhei, soucieux de savoir si un d'eux avait été blessé. Rien, au premier regard, mais le stress provoqué par l'agitation avait activé leur automatisme, faisant rebrousser leur pelage alors que l'urticaire acide commençait à se faire ressentir sous ses propres gants. Adaryon se laissa, sur ces entrefaites, tomber sur ses genoux, mettant avec délicatesse le duo au sol devant lui. Il enleva par la suite ses protecteurs, les posa à côté de lui, puis installa ses deux index sur le front respectif des créatures. Exécutant d'un même mouvement une caresse vers l'épine dorsale, il s'activa avec minutie en prenant bien soin de déplacer ses doigts sous le poil, les yeux plissés de concentration. Un peu plus fort.. Plus doucement.. Et le tour était joué. Les êtres, de nouveaux drapés d'un poil lisse, vinrent se frotter sur lui, affectueux dans leur geste alors que le fils d'Orshin les récupérait au creux de ses bras.

Aaahhh , s'exclama-t-il doucement, satisfait des résultats. Comme ça, comme ça... Ayant oublié momentanément la présence imposante de la nouvelle arrivée, il reprit conscience du tout et se releva d'un geste agile.

Il plaça les deux boules somnolentes sur ses épaules, puis dirigea son attention vers la femme dans l'intention de lui répondre. Sa voix mélodieuse s'éleva donc, toujours imprégnée de la douceur harmonieuse dont il avait hérité à sa naissance;

L'.. L'.. L'Erveekhei n'est p-pas un animal dangereux, au contraire. Ses deux yeux se posèrent sur la lame qui se tenait toujours prêt de lui et il déglutit, reculant d'un pas. Je suis v.. venu ici parce qu'on m'y a envoyé. Mon.. Mon.. Mon clan a reçu un message.. Il farfouilla dans sa poche, puis sortit ce dont il parlait, dans lequel j-je devais me rendre ici p... pour une mission de protection envers la faune et la flore.

Toujours sur ses gardes, il posa sa main libre sur le tronc derrière lui, heureux de sentir un quelconque support physique. Le bipède en profita aussi pour détailler la femme (il l'avait deviné à sa voix) devant lui, traçant de son regard les courbes de ses armes étincelantes. Son bouclier, son épée, sa rapidité... Elle ressemblait grandement à la guerrière qui avait auparavant planté son épée dans l'épaule d'un ennemi. Une adepte de Suns, alors ? Adaryon n'en avait jamais rencontré, si ses souvenirs étaient bons, et les seules choses qu'il savait sur ces magiciens était ce qu'on lui avait enseigné à l'école. Pourtant, son professeur n'avait jamais mentionné de guerre comme celle-ci, à part celle contre le peuple sans don... Et comment, comment deux groupes qui avaient autant de magie en eux pouvaient-ils se battre en ne démontrant aucun respect ? Brûler des arbres, projeter des fléaux d'eau à en détruire des rochers... Était-ce une énorme erreur ? S'était-il trompé de place ?

J... Je... Je viens simplement p-pour ça, se permit-il de rajouter en combattant contre sa gorge sèche. La p--peur, celle de tous les animaux, c'est la p-première chose que... que j'ai ressenti en arrivant ici.

Il ne rajouta rien d'autre, encore trop ébahi de voir cette lame fine se promener devant lui. Les mots ne venaient pas, mais ses pensées roulaient maintenant à l'allure d'un Shuurga Orshin; allait-il finir lui aussi brûlé comme les arbres qui avaient couvé la bataille ?


Dernière édition par Adaryon Maedan le Lun 13 Jan - 21:27, édité 2 fois

Hüsel Nyaltyn
Hüsel Nyaltyn
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Protection et guerre — ft Hüsel Nyaltyn EmptyLun 13 Jan - 17:42
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My'trän +3 ~ Zolios (femme)
Hüsel avait un cœur de guerrière, une âme de combattante et un esprit de fauve. Le combat, c’était sa vie et elle n’avait jamais trouvé meilleur soulagement que la satisfaction d’une bataille remportée. La fierté, le sentiment de puissance, tous ces vices qui la prenaient et qui lui disaient « tu as bien agi ». C’était pour ça qu’elle vivait, pour que le sang qui coule tombe sous la gloire et que sous cette gloire naisse le rayon de soleil d’un avenir nouveau. Elle était une femme de glaive, une personne qui n’aurait pas trouvé d’autre sens à sa vie que la bataille, loyale et digne …

Et pourtant, lorsqu’elle vit les deux bestioles appuyer affectueusement le haut de leurs crânes sur le buste de l’étranger, Hüsel sentit son cœur fondre. Instantanément, elle se sentit monstrueuse de menacer ce gamin comme s’il était un moins que rien qui méritait la caresse de l’acier. Pour autant, elle ne baissa pas sa lame … de quoi elle aurait l’air si elle fondait en excuses, là, maintenant ? Mais merde, même à l’aspect il n’avait rien d’un guerrier ! Il s’agissait là d’un enfant, d’un pauvre diable qui n’avait pas eu la chance d’être écarté de toutes les horreurs qui s’étaient déroulées dans ce bosquet. Alors quand elle avait … « séparé » ce zagashien, il était là à regarder ? La primo-gharyne ne savait pas que penser de ça, elle était dubitative. D’un côté, ce sont les pires expériences qui forgent le caractère, d’un autre, n’était-ce pas violer l’innocence d’un pauvre jeune homme que d’ainsi abattre un semblable comme du gibier.

Il mentionna son clan, comme quoi lui aussi était là en mission. Les disciples d’Orshin, décidément … pas un pour rattraper l’autre, et à cause de ces mentalités, on finit avec des dommages collatéraux inutiles et des morts sur la conscience. Tout ça pour sauver d’adorables petites bêtes qui n’avaient rien demandé à personne, inoffensives comme des gouttes de pluie dans une tempête. L’embarras d’Hüsel était si grand qu’elle en rougit presque, et elle était très mauvaise pour cacher ce genre de choses. Maintenant elle ne savait plus trop où se mettre, notamment à cause d’un soupçon de culpabilité qui lui taquinait les entrailles. Dans toutes ses batailles, tous ses massacres, elle n’avait que rarement pensé aux dégâts que subissait la nature de son art destructeur. Bon sang, elle ne pouvait même plus se déchainer dehors, en fait …

Et donc, ce jeune garçon était là pour protéger la faune et la flore que le Grand Tisseur aimait tant. Logique. Inconvenant, mais logique. D’autant plus que cette guerre était loin d’être terminée, et que le clan zagashien ne ferait qu’attendre une nouvelle opportunité pour revenir à la charge. Il était probable que ce conflit ne s’arrêterait que lorsque le chef adverse serait mis à genoux et forcé à se soumettre, avant d’être renvoyé à Zagash, s’il n’était pas exécuté avant. Cette seconde possibilité serait élucidée en fonction du nombre de morts zoliens qu’aura entraîné cette dispute stupide. Mais qu’est-ce qu’elle était censée faire maintenant ? Enfin, la première étape serait peut-être de baisser son arme, la cheffe de guerre avait l’impression qu’il allait s’évanouir si elle continuait à le menacer.

Alors, elle le fit, rangeant au fourreau sa lame et levant les mains vers le ciel, pour signifier qu’elle ne comptait pas lui faire de mal. Elle rattrapa le pas en avant que le garçon avait fait en arrière, et, posant son bouclier au sol, elle baissa le visage, comme pour laisser un peu de hauteur au jeune homme, qu’il ne se sente pas écrasé. Avec un ton qu’elle voulait rassurant, elle commença à parler d’une voix apaisante.

- D’accord, j’ai bien compris. Je ne vais pas te faire de mal.


Elle prit un autre pas en avant, et se retrouva à quelques dizaines de centimètres du garçon, dans son espace intime. Tendant la main, elle caressa doucement le pelage des petites créatures qui trônaient sur les frêles épaules du jeune homme. Aucun ne réagissait, c’était adorable. La primo-gharyne était déjà toute fondue devant tant de docilité et les petites mines somnolentes des bestioles. Toute guerrière qu’elle était, avant tout, c’était une personne bourrée de sentiments et elle passa au moins plusieurs bonnes dizaines de secondes à s’émerveiller devant ces petites boules sauvages. Après quelques caresses silencieuses, elle lâcha.

- Je suis Hüsel Nyaltyn, primo-gharyne de Zolios. Comment tu t’appelles, mon garçon ? Tu étais au courant qu’il y avait une bataille qui se déroulait, par ici ?

Adaryon Maedan
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Protection et guerre — ft Hüsel Nyaltyn EmptyMar 14 Jan - 2:01
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Les arbres se balançaient, musicaux, menés par la brise satinée d'une tempête qui ne tarderait plus à se rapprocher. Valse dansante, les artistes de la forêts penchaient leurs branches vers le duo inhabituel, comme s'ils regardaient et attendaient la suite de cette atypique histoire d'étrangers. Au milieu des feuilles, ils étaient leurs invités; mais qui se cachait-donc sous ces gestes étriqués ? L'un d'eux avait peur, comme les créatures de cette forêt — peut-être était-il plus animal qu'humain, formé d'un cœur qui battait en harmonie avec toutes ces bêtes opposées. Ainsi craintif, il attendait un coup d'épée ou de bouclier, une sentence quelconque qui le ferait taire pour l'éternité.


Silence

Rien ne vint se ficher dans ses ligaments, pas même un membre qui l'aurait sorti avec violence de ce territoire de guerre. Au contraire, l'inconnue élimina sa lame du tableau, la mettant doucement dans son fourreau alors que ses deux mains venaient pacifiquement se lever dans les airs. Surpris, Adaryon sentit ses traits muter d’une peur aiguë à une surprise étonnée alors que le bouclier adhéra de même à la paix, fiché au sol avec les doutes alarmistes de l'adepte d'Orshin. Voilà, il n'avait plus à craindre ? Elle n'allait pas l'attaquer violemment ?

- D’accord, j’ai bien compris. Je ne vais pas te faire de mal.

Un petit souffle à demi-étranglé s'écoula de la gorge du mage, souffle qu'il n'avait pas remarqué caché à l'intérieur de lui jusqu'à ce point précis. La voix de la guerrière avait changé du tout au tout et sa position, plus douce et avenante, permit au bipède de se chasser un peu la tension au sein de ses muscles engourdis. Dans toute cette agitation, il n'avait même pas remarqué que sa carcasse s'était intégralement reculée vers l'arrière pour se faire toute petite, de sorte que la combattante le dépassait de plusieurs centimètres. Maintenant un peu plus calme, sa taille assez grande pour son âge les mettait plutôt face à face, mais rien que physiquement; psychologiquement, son envergure dépassait par les moindres failles de son armure, caractère bien plus forgé que le petit. Preuve de ce point, Adaryon sentit une autre vague de nervosité le frapper quand elle tendit la main vers lui, mais celle-ci ne fit que se poser sur le pelage bigarré d'un des Erveekhei. Il regarda l'échange avec une réservation curieuse, observant la boule de poil agiter la longue plume sur son crâne dans une satisfaction évidente.

- Je suis Hüsel Nyaltyn, primo-gharyne de Zolios. Le garçon releva ses deux sourcils en même temps, déconcerté. Comment tu t’appelles, mon garçon ? Tu étais au courant qu’il y avait une bataille qui se déroulait, par ici ?

La primo-gharyne de Zolios ? Son propre gharyn lui avait parlé de ces personnages, mais jamais il n'aurait cru en voir un de ses propres yeux — surtout que celle-ci dirigeait ce géant et magnifique territoire, ce qui n'était pas rien dans l'ensemble de Mytr'a. Malgré le beau titre... Était-ce vraiment la vie de ces dirigeants emplis de magie ? Se battre dans de sombres forêts et couper des gens en deux avec une horde d'adeptes qui enflammaient les arbres ? Sceptique, il posa sa main sur l'une des deux créatures pour lisser son pelage brillant, regardant toujours Hüsel d'un oeil curieux.

Je... Je m-me nomme Adaryon. Adaryon Maedan. N-n-non, on ne m'a rien dit sur... Sur une quelconque b-bataille. Il tendit la main devant lui, celle qui tenait toujours le message, s'attendant à ce qu'elle le prenne pour mieux le croire. T-tout ce... Il prit une pause pour respirer à plein poumon, tentant de calmer les mots qui se bousculaient sans pouvoir sortir. T-tout ce que je s-sais ce trouve là-dedans.

Les quelques phrases qui avaient été gravées sur le petit bout de parchemin ne valaient pas grand-chose, peut-être même rien du tout, mais que pouvait-il faire de plus ? C'était tout ce qu'il avait reçu de cet étrange messager, tout ce qu'il avait qui justifiait sa présence dans ces terres inconnues. Peut-être même était-ce l'autre camp, celui des mages de l'eau, qui avait demandé aux nomades d'Orshin de les aider à la protection... N'espérant pas que ce soit le cas, Adaryon toussa nerveusement avant de continuer;

J-je peux m'occup... m'occuper de f-faire la mission s-seul. Je n-ne voudrais pas être un p-poids quand v-vous allez vous b..battre... Souffla-t-il, glissant doucement le dernier mot en évitant soigneusement de la regarder. '' Battre '' n'était pas le terme qu'il aurait utilisé pour cette boucherie, mais parler librement en sa présence n'était pas vraiment dans ses premières envies.

Et maintenant ? Allait-elle le laisser partir seul, le prendre prisonnier, changer d'avis et l'exécuter maintenant ? Le mage ne pouvait point prévoir le futur, mais il espérait grandement que cette Hüsel qui avait auparavant caressé les deux créatures occupait une plus grande partie que celle qui enfonçait des coups d'épée avec violence dans les épaules d’autrui.

Hüsel Nyaltyn
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Protection et guerre — ft Hüsel Nyaltyn EmptyMer 5 Fév - 20:38
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Le garçon ressemblait à ces soldats que l’on envoie au champ de bataille, ignorant, docile, fidèle au poste en dépit des risques. Il avait l’air idiot qui caractérisait chaque visage victime de leur mission, il était un coursier et c’était certainement tout ce qui intéressait ses supérieurs. Hüsel, en tant que primo-gharyne, était terrifiée d’un jour de voir se rendre coupable de pareil crime. Considérer son subordonné comme la chair à canon, c’était l’évidence même pour ceux qui voient la vie comme un échiquier. On ne lui avait pas parlé de la bataille, c’était une évidence, puisque personne ne l’avait prévue. Les négociations avaient échoué, et tout le chaos qu’il se passait aux alentours n’était que le résultat de cet échec. Il y avait donc dans cette dévastation, une certaine logique de cause à conséquences, et cette cause était l’inaptitude de la dirigeante à convaincre les tribus d’aller en paix.

Il lui montra un message, qui aurait tout aussi bien pu être une insulte adressée à lui-même. Cette inscription ne faisait qu’appuyer la croyance que les disciples d’Orshin sont des paresseux bons qu’à se prélasser sur des tas de feuilles. Après tout, ça semblait être réaliste, ils avaient envoyé un gamin pour protéger une partie du pays qui sert presque de frontière entre Zagash et Zolios. Pour des experts du monde animal, ils n’étaient définitivement pas très renseignés sur les pires des loups ; les humains eux-mêmes. Heureusement pour lui qu’elle était née sous le signe de la déesse de la maîtrise, sinon il aurait tout aussi bien pu brûler avec l’arbre sur lequel il s’était reculé. Qu’est-ce qu’il avait à être aussi froussard, celui-là ?

La primo-gharyne abaissa un sourcil, dubitative face à une peur aussi viscérale. Son regard fut attiré par le fond de la forêt, là où avait eu lieu la bataille. De là où elle se tenait, et par conséquent, le jeune homme plus tôt, elle pouvait voir les brindilles brûlées par l’impact de son éclair et le champ était dégagé. En fait, il y avait un couloir très distinct à l’endroit même où elle avait tranché la clavicule du zagashien, plus tôt. Avec un léger soupçon de honte, elle se mordit la lèvre en baissant son visage d’une moue contrite. Bien, au moins ça prenait son sens mais ça n’arrangeait en rien le malaise. Prenant une grande inspiration, la primo-gharyne revint se positionner devant le jeune homme, toujours avec son expression un peu désolée. En guise d’excuse, elle ne fit que lever l’épaule sous son menton, en glissant des mots très peu subtils.

- Au moins … ça te fera les tripes.

Maintenant venait la partie où Hüsel allait devoir faire un choix moral qui lui coûtait. Soit, elle laissait ce garçon à sa tâche et par conséquent, autoriser la possibilité qu’il puisse se trouver une fois encore mêlé aux conflits. Soit, elle lui interdisait de revenir, mais elle n’avait aucune garantie qu’il n’obéisse et le pauvre gamin rentrerait chez lui bredouille. Soit, elle faisait en sorte qu’il ne meure pas dans ses bois en le protégeant comme elle le pouvait. Mais qu’est-ce que ça impliquait, de faire pareil détour pour un gamin ? Ils ne perdraient certainement pas le territoire, mais il serait préférable d’au moins pouvoir écarter les conflits afin de ne pas gâcher la vie d’un enfant.

La primo-gharyne secoua sa tête. Elle était sérieusement en train d’imaginer de changer de stratégie et de plan parce qu’un gamin était venu ici, sur cette terre pour pouvoir protéger les bestioles du coin ? Et puis quoi encore, est-ce que le messire désirait aussi que l’on lui apporte son hydromel ? Mais en même temps, elle se sentirait si coupable de couper les ailes à un my’tran si jeune ! Mais si c’était pour lui sauver la vie, ça irait, non … ? Enfin, il fallait le voir ! Chaque mot qu’il articulait se faisait en doublon, tant il tremblait, c’était comme parler à un bègue ! C’était donc certainement pour son propre bien, si elle devait être un peu sèche. Alors, elle se résolut à lui faire la morale, prenant un air de reproche, qui devint presque maternel tant sa culpabilité ressortait.

- Un jeune homme ne devrait pas se balader ici, encore moins s’il n’est pas armé ou capable de défendre sa vie. Ecarte-toi de cette forêt, avec tout ce qui va s’y passer, ça m’étonnerait qu’elle puisse tenir longtemps de toute manière.

Oui, c’était triste pour la vie qui y reposait, mais Hüsel ne pouvait pas être responsable de chaque vie, jusqu’à la plus petite pierre ! Elle avait une frontière à défendre, frontière que leurs voisins du Nord n’arrêtaient pas de franchir pour la proclamer leur, et la primo-gharyne n’avait définitivement pas de temps à perdre avec les inepties de l’Araignée ! Adaryon se ferait réprimander par son gharyn, mais au moins il aura la vie sauve.

- J’ai des priorités et je ne peux ni laisser un gamin gambader dans les bois, ni changer mes plans pour lui. Tu diras à celui qui t’a envoyé que c’est mon ordre.

Adaryon Maedan
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Protection et guerre — ft Hüsel Nyaltyn EmptyVen 7 Fév - 21:08
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Égaré au sein de sa tête, Adaryon tentait tant bien que mal de contrôler ses vagues de pensées scélérates, ses tornades de songes et ses tsunamis remplis de doutes. Là-dedans, il y avait une véritable tempête: sifflant, houlant, grondant, ses pensées avaient muté en un Khorag hivernal dès plus glacé, en une tempête de sable indéchiffrable. Dans ces conditions, l'adepte d'Orshin ne pouvait que s'efforcer de rester calme, car ouvrir une porte dans son esprit, aussi petite soit-elle, emplirait tout son être d'une panique féroce qui finirait, inévitablement, par l'enterrer vivant. Ainsi, il courait pour fermer les accès dans les moindres recoins, l'oiseau au cœur de sa cage d'os battant avec une férocité nouvelle.

Les affres qui dégoulinaient de certains passages le rendaient tétanisé. La crainte d'éveiller l'ouverture grossissait dans ses entrailles, telle une excroissance qu'il ne pouvait point contrôler; composée des indécisions qui avaient ponctué sa vie par ci et par là, l'ignorance ne pouvait plus être appelée. Oui, l'évidence était là, devant lui, presque lapalissade tant les indices qu'on lui avait laissés étaient gargantuesques. Alors que toute sa vie il avait été bercé par les bras mères de sa terre, il se rendait maintenant compte des épines endormantes qui s'étaient logées profondément dans sa peau, pouvoir qui l'avait rendu léthargique et candide. S'il décidait d'arracher les gonds, d'écarter ses bras pour accepter le flot de cette rivière qui finirait pas l'emporter... S'il se décidait à confronter le vrai visage derrière ses pressentiments d'antan... Non. Sous un prétexte de temps, il pouvait encore échapper à cette option inévitable, et pour lui, il était beaucoup trop tôt — du moins, juste en surface.

Mains moites et gorge sèche, la réalité revint peu à peu à la vie en s'assemblant devant ses yeux, lui accordant les sensations qu'il avait cru perdues en errant dans sa tête. Une forêt, un visage, un ciel aux myriades de points vert, Hüsel Nyaltyn, les craquements et chuchotements des arbres qui analysaient... Et la voix inattendue de cette guerrière dans la chanson naturelle, comme un violon mal accordé qui aurait rejoint une harmonie autrefois parfaite;

- Au moins … ça te fera les tripes.

De peur d’exhiber ses vrais sentiments devant la gharyn, il tenta d'asphyxier les émotions de son visage qui s'évertuaient avec véhémence à refléter son interrogation. À cet égard, il se tourna furtivement vers les créatures sur ses épaules pour passer ses doigts dans leur pelage, tentant d'ignorer ce qui allait venir après. L'attente ne fut pas très longue et quand Adaryon releva les yeux, ce fut pour voir un air de reproche accroché au faciès de la femme combattante:

- Un jeune homme ne devrait pas se balader ici, encore moins s’il n’est pas armé ou capable de défendre sa vie. Ecarte-toi de cette forêt, avec tout ce qui va s’y passer, ça m’étonnerait qu’elle puisse tenir longtemps de toute manière.

Au creux de son âme, un pincement — l'adepte d'Orshin fut le premier surpris — revendiqua sa présence par le feu de son action. À cet égard, le magicien haussa les sourcils et posa sa main sur son ventre, surpris par ce sentiment qu'il n'avait jamais vraiment connu avant ce jour. À l'instar d'une révolution, la crispation devint une douce flamme qui graillonnait et qui tentait de se révolter, autrefois couverte par un cocon qui l'avait bâillonné. Sifflant son droit de subsister, elle combattait déjà la poussière noire des paroles de son clan, tentant d'aller à l'encontre de ce qu'on lui avait appris depuis que son primordial cri avait touché le monde. Que se passait-il ?

- J’ai des priorités et je ne peux ni laisser un gamin gambader dans les bois, ni changer mes plans pour lui. Tu diras à celui qui t’a envoyé que c’est mon ordre.
Non.

La braise venait de remonter avec violence le long de sa gorge, explosant à la figure du jeune garçon: lui-même surpris par la véhémence de ce seul mot qui avait rebondi clairement entre les arbres, il ne put que bêtement cligner des yeux avec une surprise non feinte. Que venait-il de se passer ? Jamais au grand jamais il n'aurait osé parler de la sorte à son propre Gharyn, et maintenant il contredisait ouvertement celle de Zolios ?! De surcroît, l'exclamation avait été ponctuée d'un pas qu'il avait effectué pour se rapprocher d'Husel, pas qui avait tranché leur distance à l'aide d'un refus bien net.

E... Euh... J-Je... J-je veux.. J-je veux dire...

Mais qu'avait-il voulu dire, exactement ? De toute évidence, la porte avait été entrebâillée... Et ce qui se trouvait derrière n'était pas une peur viscérale, ni une tristesse sans fin, mais bien une flamboyant et fiévreuse passion qui réduisait en cendre les voix de ses ancêtres. Non. Il l'avait dit, brut et primitif, reflet de son architecte divin qui l'avait poussé dans sa voie exaltée depuis sa sortie du monde. C'était l'exclamation de l'arachnide elle-même, des pensées qu'elle incarnait dans l'amour des créatures qui peuplaient cette terre infinie, de l'ardeur qui l'habitait depuis sa première création éternelle.

J-je ne p-peux pas les l-laisser à leur propre... Leur p-propre sort. Ils ont autant l-le d-droit de v-vivre que les comb... combattants de Suns. Je.. je vais les aider, puis je p-partirai ap-près; je ne s-suis peut-être p-pas aussi fort que v-vous, mais... Mais je s-sais me c-cacher et me f-faufiler.

Son bégaiement héréditaire allait peut-être le discréditer légèrement, surtout si elle pensait qu'il était seulement créé par la peur (même si celle-ci l'aggravait), mais son point de vue avait été dit et déclaré. Reculant alors d'un pas, un peu embarrassé par sa nouvelle poussée de furie, il passa avec nervosité ses doigts dans le pelage des petits animaux sur son dos. En admettant qu'elle accepte ce qu'il avait dit, peut-être allait-elle le trouver irrespectueux ou totalement fou ? Adaryon avait certes découvert la flamme dans son esprit, mais celle-ci ne pouvait accaparer du jour au lendemain tout son caractère. En conséquence, la chaleur qu'il ressentait dorénavant était plus la cause d'une rougeur sur ses joues que du cri de victoire de son cœur...

Sauvé par la cloche, il sentit soudain un tiraillement dans le fond de son crâne, caractéristique bien spéciale du lien qui se rapprochait avec l'un de ses familiers. Le porteur de don leva donc les yeux au ciel et haussa de quelques centimètres son bras vers le haut, communiquant des sentiments pacifiques au cordon qui reliait les deux esprits. Une seconde passa, une autre, puis une masse noire s'enfonça à toute vitesse entre le feuillage épais, tel un éclair noir expulsé du ciel. Deux ailes s'écartèrent dans le vent à la dernière minute, ralentissant le fracas pour le transformer en un doux chuchotement alors que deux serres vinrent enrouler le bras d'Adaryon. Son Salshogu battit des ailes avec bonheur, poussant son maître d'un coup de tête avant de tirer joyeusement une mèche de ses cheveux. À la suite de cette action, Iryza pivota ses deux yeux jaunes vers Husel, la scrutant fixement sans même abaisser ses paupières. Le rapace avait dû accourir dès qu'elle avait senti le trouble de son maître, cela ne faisait aucun doute; et bien qu'il était heureux de la voir, il espérait que sa soudaine apparition n'allait pas troubler la gouvernante.

P-puis, j'ai Iryza. Elle a u-une v-vue extrêmement p-perçante et p-pourra remarquer les ennemis si.. S'il y en a. Je n-ne cr-crains d-donc p-pas grand chose, ajouta innocemment Adaryon.

Occupé à présenter Iryza aux deux petites bêtes qui avaient l'air mi-apeurées mi-curieuses par son apparition, il délaissa de son champ de vue la combative. Une pensée inoffensive roula dans son esprit, celle du fait que les deux camps, finalement, auraient bien eu besoin d'un oiseau comme son familier dans cette guerre menée dans la forêt impénétrable...

Hüsel Nyaltyn
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Protection et guerre — ft Hüsel Nyaltyn EmptyLun 23 Mar - 11:45
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Hüsel avait déjà commencé à se retourner, elle avait mieux à faire que de sermonner un gamin qui s'était fait embobiner par son chef. Les gharyns n'avaient plus de respect pour leurs subordonnés ... raison de plus de ne pas devenir comme eux. Mais pourtant, le mioche en question réponds à la négative d'un ton sec, presque insolent aux oreilles de la dirigeante. C'était quoi ça ? Pendant un instant on aurait pu croire que le jeune homme s'était laissé pousser des ailes, et en plus, il s'était permis de l'approcher comme l'on confronte un adversaire. Inutile de dire que le regard de la primo-gharyne était devenu sévère, très sévère. Aurait-ce été n'importe quel autre abruti qui lui aurait parlé sur ce ton, fut-il plus vieux et moins insouciant, il aurait très vite regretté ses paroles. En tout cas, il venait du coeur celui-là, finalement, c'était pas si mal.

Et le gamin recommençait à se justifier, en bégayant à nouveau. A croire que cet élan d'assurance n'était causé que par l'adrénaline montante. Hüsel comprenait ce que ça faisait, c'était bien la première à perdre son sang-froid en général. La déesse du feu n'est pas d'une grande tempérance en général, elle n'aide pas plus à se maîtriser soi-même. Il n'y avait vraiment qu'un adepte d'Orshin pour considérer qu'une vie d'animal équivalait à celle d'un humain, ils sont vraiment ailleurs, ces gens-là. Il ne fallait pas penser en mal, c'était touchant après tout, mais ... contraignant. En tant que soldat, la primo-gharyne n'aimerait absolument pas qu'on la sacrifie pour sauver un ver de terre ou elle ne savait quelle autre saleté.

Le pire, c'est qu'il n'aidait pas à faire redescendre la tension le gamin. Oui, c'était un gamin, mais un oiseau qui sort de nulle part, ça n'est jamais un bon signe. Alors, l'espace d'un instant, tandis que les branchages remuaient au-dessus de leurs têtes, le poing d'Hüsel se serra, parcouru d'une aura bleutée. Le volatile ébène ne tenta rien d'agressif, si tant est que pousser sur la joue de son maître soit considéré comme un acte de violence. C'était presque attendrissant, en fait, ça l'était et la primo-gharyne ne retint que trop tard son sourire détendu, fondu devant cette complicité. Elle le redressa bien vite en s'éclaircissant la gorge.

Croisant les bras, elle ferma brièvement les yeux pour réfléchir. Au final qu'est-ce qu'il voulait ? Sécuriser les animaux de la forêt ? Mais ça lui prendrait combien de temps ? Cette escarmouche avec ce clan zagashien était contraignante, elle ne voulait pas prendre le risque de négocier avec eux, si on la reconnaissait en tant que primo-gharyne, ici, ça pourrait compliquer les choses ... les compliquer énormément. Regardant ailleurs, elle expira lourdement avec un air contrarié, avant de rediriger sèchement son regard dans celui du garçon.

- Quand je dis non, c'est NON !

Sa voix résonna dans la forêt, se faufilant au travers des buissons. En réponse, une voix masculine graveleuse retentit jusqu'à leurs oreilles, sans que l'on en voit la provenance.

- Tout va bien, cheffe ?!
- La ferme, Noah !
- Pardon, cheffe ...

Elle laissa s'écouler quelques secondes, le temps que l'écho ne s'efface. Le regard sur son visage était furieux, pour l'instant, il était redirigé vers la voix de son soldat qui avait retenti. Posant une main sur sa hanche, elle commença à remuer son épaule, puis, finalement, elle plongea l'oeillade orageuse dans les pupilles du gamin. Se rapprochant d'un pas, elle se pencha vers lui, tentant d'insister sur son mécontentement qui était plus que visible. "Il n'y a pas que les nuages qui font des tempêtes", disait-on à Eoril ... le dicton était vrai.

- Je sais pas si tu m'as entendu, petit, mais des gens MEURENT ici ! J'ai coupé un type en deux devant tes yeux, tu veux que je te ramène sa charogne pour que tu vois ce qui peut t'arriver ?!

Avec son épée elle désigna la clairière qui avait été nettoyée plus tôt, dont les feuilles étaient encore perlées de gouttes écarlates.

- Et tu vois, ce type là n'a pas eu le temps de souffrir, mais tu sais ce qu'il se passe quand une épée te traverse l'estomac ? Tu meurs beaucoup moins vite, laisse-moi simplement te dire ça. Tu veux sauver des animaux ? Sauve-toi donc toi même, d'abord !

Un bruissement de feuilles vint la distraire, faisant se lever son regard pendant un instant, avant qu'elle ne le rabaisse immédiatement. Une fois encore, elle le releva, n'ayant pas perçu l'information pourtant vitale que transmettait ce petit bruit. Elargissant des yeux alarmés, elle poussa Adaryon sur le côté, espérant bien qu'il se renverse sur le sol, avant de frapper le sol de sa paume. Une liasse d'éclairs vinrent se dresser en un mur devant eux, faisant ricocher des flèches venus des fourrés. Evidemment qu'il y en avait plus, une demi-douzaine, c'était bien trop peu. Sortant son bouclier de son dos, elle le jeta à l'adepte d'Orshin, avant de crier.

- Cours ! Va te cacher !

De visu, elle avait compté quatre arcs, mais bien plus de flèches encore. Expirant lourdement, la primo-gharyne laissa descendre la lueur électrique jusqu'à ses chevilles. Une fois encore, elle aussi allait devoir courir, bien que sa direction diffère radicalement de celle que devrait prendre le jeune homme.

Adaryon Maedan
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Protection et guerre — ft Hüsel Nyaltyn EmptyJeu 23 Avr - 20:23
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Le silence qui s’étendait entre les deux, aussi compact qu’une puissante montagne, l’asphyxiait au fur et à mesure qu’il s’égrenait.

Le temps semblait long et lourd, mais surtout infini: il s’insinuait dans sa gorge pour ralentir sa respiration, se lovait au creux de sa tête pour le faire douter de ses dires, l’attaquait sur tous les fronts possibles. De ce fait, ses propres yeux étaient dorénavant vissés sur le sol alors que ceux de la Gharyn, ornés d’épées métaphoriques, le tranchaient de part et d’autre. Au nom d’Orshin, allait-elle lui réserver le même sort que ses ennemis? À ce stade, le jeune nomade ne pouvait que prier son architecte, récitant dans la tranquillité pesante des phrases emplies d’angoisses.

- Quand je dis non, c'est NON !

L’exclamation soudaine le fit brièvement sursauter. Ce geste prompt provoqua d’ailleurs un cri mécontent à Iryza qui, dérangée de sa position confortable, secoua brusquement ses ailes d’un air mauvais. Adaryon, pour sa part, plaqua sa main sur sa poitrine pour contrôler la descente en chute libre de son cœur, puis fronça ses sourcils. Il n’entendit même pas l’écho d’une autre voix retentir, trop concentré sur le comment il allait se sortir de cette situation épineuse.

- Je sais pas si tu m'as entendu, petit, mais des gens MEURENT ici ! J'ai coupé un type en deux devant tes yeux, tu veux que je te ramène sa charogne pour que tu vois ce qui peut t'arriver ?!

Le chasseur secoua sa tête de droite à gauche, toujours incapable de croiser le visage flamboyant de celle qui maniait les mots. Ceux-ci, aussi pénétrants que son arme, rentraient en lui plus que n’importe quels commentaires que son Gharyn lui avait déjà fait, se logeant dans son cœur en lui donnant de drôles d’émotions. S’il avait pu faire quelque chose.. Parler, lui répondre.. Mais non, il n’en avait pas la force, et encore moins le courage. Tout ce qu’il pouvait faire était l’écouter, ramassé sur lui-même alors que les phrases de la cheffe s’imprimaient peu à peu dans son esprit.

- Et tu vois, ce type là n'a pas eu le temps de souffrir, mais tu sais ce qu'il se passe quand une épée te traverse l'estomac ? Tu meurs beaucoup moins vite, laisse-moi simplement te dire ça. Tu veux sauver des animaux ? Sauve-toi donc toi même, d'abord !

Les serres d’Iryza se serrèrent brièvement sur son épaule, preuve qu’elle sentait le trouble de son maître s’agrandir chaque seconde. Du moins, c’était ce qu’il pensait, concentré sur les paroles de la guerrière… Jusqu’à ce qu’il comprenne que ce n’était pas seulement lui qui était ébranlé, mais que l’émotion de son familier et lui s’était entremêlée durant les dernières minutes. Trop concentré sur Husel, il avait compris trop tard: ce temps-là était arrivé, le propulsant avec vitesse sur le sol dans un amalgame de sons incompréhensibles. Adaryon protégea tant bien que mal les deux créatures en les plaçant dans ses bras, puis percuta le sol de son épaule, suivi de sa tête qui accrocha une petite roche aiguisée. Sonné, il se rassit avec douleur, mais n’eut pas le temps de placer un mot avant de voir le bouclier de la cheffe se ficher devant lui et sa voix s’écrier :

- Cours ! Va te cacher !

La peur agrippa férocement son ventre. Pour rien au monde il ne souhaitait encore assister au meurtre d’êtres humains, au nom d’Orshin! Paniqué, il s’empara maladroitement de la protection, puis détala vers le nord en tentant gauchement de tenir le bouclier derrière lui. Ses pas nerveux se transformèrent bien vite en course effrénée, et son chemin ne se termina que lorsque ses poumons n’acceptèrent plus aucun mouvement vers l’avant. Il se laissa donc tomber à genoux, les mains sur le sol, tentant de retrouver le souffle que toute cette scène lui avait volé vicieusement. Dans toute cette frénésie, il n’avait pas remarqué combien de personnes attaquaient la femme, ni même si elle s’en sortait bien toute seule devant eux. Et si elle… Mourrait? Il avait beau ne pas être d’accord avec le refus de la gouvernante, il ne souhaitait pas qu’elle se fasse tuer pour autant, surtout maintenant qu’il avait aperçu à quoi ressemblait un combat. Une grimace déforma son visage alors qu’il repensait à ses images horribles. Le sang, les os, la puanteur des corps brûlés… Valait mieux ne pas y penser, à vrai dire… Tentant de les enlever de son crâne, il prit les deux petites boules de poils qui l’avaient accompagné dans sa course et les posèrent plus loin dans un creux d’arbre, leur souriant doucement. Il espérait qu’ils seraient en sûreté ici.

Toi, glissa une voix grave dans son dos. Dans quel camp es-tu? Je ne t’ai pas vu avant.

Adaryon ferma avec lenteur ses yeux. Ce devait être un cauchemar, pas vrai? Personne ne lui avait adressé la parole, personne n’était derrière lui, personne ne pointait un bout aiguisé et glacé dans son dos. Ce n’était qu’une simple.. Vision.. Qui allait bientôt disparaître avec le reste. Il se réveillerait dans son campement, accompagné de ses familiers, sentant le souffle chaud de Dallyo lui chatouiller les cheveux.

Je t’ai demandé quelque chose.

Il planta son talon dans le sol pour tourner avec lenteur, le visage déformé par une peur apparente. L’homme devant lui, comme il l’aurait deviné, ne semblait pas venir du clan de celle qui venait de quitter. C’était les ennemis d’Husel – et s’il l’avait vu parler avec la Gharyn, le chasseur ne donnait pas long feu dans sa survie. Et maintenant, qu’est-ce qu’il allait bien pouvoir faire? Peut-être que la guerrière avait eu raison, après tout.

Il ne pouvait rien faire. Il était faible et inutile.

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