- Introduction:
Parce que l'Interfo, c'est jamais fini !
Nano Rôle Play est un forum RP multivers. L’un deux est Heavensaw, un monde médiéval-fantastique où cohabitent plus ou moins bien elfes, nains, dragons, dragon-fées, humains, orcs, elfes noirs, gobelins et trolls depuis que le terrible Shinokigee a ouvert une Brèche vers les Enfers.
Cohbar est un paladin elfe qui parcourent Heavensaw, protégeant les gentils et traquant les méchants, depuis une trentaine d’années, époque qui correspondent à ses premiers souvenirs. En effet, Cohbar a perdu la mémoire suite à toute une suite d’évènements traumatisants, qui sont aussi responsables d’un bras droit ensorcelé.
Le texte en bleu a été écrit par Vrankiel, un autre nanite, pour son personnage Brume du Matin dont le lien avec Cohbar deviendra évident quand vous lire le texte #nospoil (une réplique à la fin vient d’un RP relatant une scène de l’enfance de Cohbar)
Sa poitrine se soulevait avec effort, son souffle était erratique. Les doigts de sa main gauche étaient crispés sur sa couverture, en quête d’un ancrage solide. Ceux de sa main droite, serrés en un poing, brillaient d’une lueur diffuse qui pâlissait doucement à mesure que le jour se levait. Sourcils froncés sur ses paupières fermées, Cohbar rêvait.
Il faisait noir. Comme dans une cave ou le fond d’une caverne. Il était enfermé. La panique courait dans ses veines. Son sang coulait le long de ses bras jusqu’au sol, tatouant sa peau de motifs hideux, s’épaississant à ses pieds jusqu’à former une rivière carmine. Il entendait les clapotis du liquide sur la pierre, sentait son odeur ferreuse. Juste quand il pensait pouvoir respirer, la douleur revint. Dans son dos, cette fois. Une fois, deux fois… Le temps s’étira à nouveau, jusqu’à ce qu’une voix ranime la douleur.
Plie, murmurait-elle. Non. La douleur.
Plie. Puis le noir, l’oppression. Il se débattit, encore. Échoua, encore.
Plie.Un sanglot déchira le silence paisible qui précédait l’aube, assourdissant de détresse. Il n’y eut plus un bruit, puis un souffle de vent fit frissonner les hêtres et les charmes qui veillaient, témoins silencieux d’une bataille tout aussi muette. La brise s’engouffra sous le dais de leur feuilles jusqu’à effleurer les joues humides du dormeur, comme une caresse. Jusqu’à murmurer à ses oreilles, comme un espoir.
Je confie aux vents ce message pour toi...Plie. La douleur reflua puis revint, sur sa poitrine. Son coeur.
...pour toi, puisse-t-il être soufflé... La voix, fraîche comme une brise de printemps, s’insinua dans son rêve.
...Ombre du Crépuscule… A coup de mots à demi-soufflés, vague après vague, elle plia la trame du cauchemar.
...tu sois, souviens toi… Doucement d’abord puis avec plus de vigueur, elle balaya la cave sombre, le clapotis du sang,
...t’aime… étouffa la voix de son bourreau,
...disparu, mon coeur de mère… apaisa sa douleur
…Reviens à ceux qui te sont chers, Cemred.Un long frisson le traversa, sans qu’il sût dire s’il était rêvé ou non. La voix s’était tue, et cela provoquait en lui un sentiment de perte sur lequel il ne savait pas mettre des pensées. ll n’était plus dans la cave. La lumière perlait à ses paupières qu’il gardait résolument closes. La tentation d’ouvrir les yeux était terrifiante. Il n’avait pas souvenir d’avoir déjà rêvé de cette manière, de s’être senti aussi… ancré. Il pouvait sentir l’herbe sous son corps encore frissonnant. Il en goûta la texture avec ses doigts, inspira pour en savourer la fraîcheur. Sa main atteignit une surface dure, un rocher. Si poli qu’il en était lisse au toucher. Chaud comme le soleil de l’après-midi.
Autour, le monde bruissait, bourdonnait et clapotait. Il y avait de l’eau, vive et joyeuse. Glacée comme un torrent de montagne. Et proche, si proche soudain. Il sentit l’onde le traverser, le purifier. Un soupir tremblant lui échappa. Il se sentait à sa place, profondément entier. Comme si on lui rendait enfin cette partie de lui qu’on lui avait volé en même temps que ses souvenirs. Le souvenir de jours heureux, avant la souffrance et les combats.
C’est là qu’il l’entendit à nouveau. Caressante et tendre, à l’image du rêve. Elle était la clé de tout. La clé de ses souvenirs, et de ce sentiment brillant d’intégrité que, à peine découvert, il redoutait déjà de perdre.
"Ben, voyons, il y a assez de buissons pour satisfaire ton appétit ! Penses à boire un peu, Cemred."Une émotion brute l'étreignit tout entier, menaçant de submerger sa conscience.
Non ! Il voulait rester, explorer le rêve. Entendre à nouveau la voix de sa mère ! Peu importe qu’il ignore d’où lui venait cette certitude, il savait que c’était elle. La voix qui le sauvait. Qui disparaissait.
Non !Il se redressa d’un coup, effrayant les deux hirondelles qui l’observaient du haut d'un hêtre. La détresse lui serrait la gorge, ses yeux étaient humides. Il tremblait comme une feuille et une douleur familière commençait à pulser dans son bras droit. Pourtant, après quelques secondes, un sourire incertain vint effleurer ses lèvres. Il ne se souvenait jamais du détail de ses cauchemars. D’ordinaire, seul l’écho de la douleur persistait au réveil. Ce matin était différent. Il avait un mot pour lui rappeler qu’il avait été aimé, qu’il avait eu un passé au-delà de sa mémoire brisée. Un nom.
Cemred.