Revenir en hautAller en bas
Chroniques d'Irydaë
Bonjour, et bienvenue sur les Chroniques d'Irydaë. Déjà inscrit ? N'attends plus, et connecte-toi dès maintenant en cliquant sur le bouton "Connexion" ci-dessous !

Vous êtes nouveaux, que ce soit sur ce forum ou dans le monde du RPG ? Le choix d'un forum sur lequel vous pourrez vous épanouir n'est pas anodin, et il vaut mieux pour cela connaître l'univers dans lequel vous vous trouvez ! Nous avons pensé à vous, en vous préparant un guide qui vous permettra de découvrir pas à pas le monde des Chroniques d'Irydaë.

Si malgré cela, des doutes subsistent, n'hésitez pas à adresser vos questions aux Administrateurs.

En vous souhaitant une agréable visite !
Chroniques d'Irydaë
Bonjour, et bienvenue sur les Chroniques d'Irydaë. Déjà inscrit ? N'attends plus, et connecte-toi dès maintenant en cliquant sur le bouton "Connexion" ci-dessous !

Vous êtes nouveaux, que ce soit sur ce forum ou dans le monde du RPG ? Le choix d'un forum sur lequel vous pourrez vous épanouir n'est pas anodin, et il vaut mieux pour cela connaître l'univers dans lequel vous vous trouvez ! Nous avons pensé à vous, en vous préparant un guide qui vous permettra de découvrir pas à pas le monde des Chroniques d'Irydaë.

Si malgré cela, des doutes subsistent, n'hésitez pas à adresser vos questions aux Administrateurs.

En vous souhaitant une agréable visite !
Le deal à ne pas rater :
Cartes Pokémon 151 : où trouver le coffret Collection Alakazam-ex ?
Voir le deal




 :: Les terres d'Irydaë :: Daënastre :: Ünellia
Page 1 sur 1


 Dicton sur le Barkhorn : ne vous approchez pas du bord. [PV : Joachim et Aesa]

Elvira Hartmann
Elvira Hartmann
Dicton sur le Barkhorn : ne vous approchez pas du bord. [PV : Joachim et Aesa] Empty
Dicton sur le Barkhorn : ne vous approchez pas du bord. [PV : Joachim et Aesa] EmptyMar 16 Mar - 0:42
Irys : 54992
Profession : Capitaine du "Barkhorn"
Daënar +2 ~ Alexandria (femme)
Enfin, je l’avais retrouvé. Sale cachotier de Clemor. Ce sagouin était devenu Colonel grâce à la guerre, et pas une lettre pour me faire part de la nouvelle. Pas une lettre pour prendre des miennes non plus, soit dit en passant. Qu’à cela ne tienne, maintenant que j’ai pu retrouver sa nouvelle adresse, à Alexandria, il aura droit à une missive bien épicée. On n’ignore pas Elvira Hartmann impunément, Colonel.

Mais je ne mentirais à personne. J’étais bien évidemment soulagé de le savoir en vie. Même si, jadis, j’avais admiré sa capacité à gérer les crises et à tirer son épingle du jeu, nous avons perdu de nombreuses âmes au moins aussi talentueuses que lui durant la guerre. Des gens avec cette même capacité à vous récupérer le commandement d’un vaisseau en flamme et le ramener à bon port. Alors, malgré ma confiance, j’avais peur qu’il ne se soit fait avoir. Et son silence, par Marc et Alexandre son odieux silence, depuis la fin de la guerre n’a fait qu’accentuer mes craintes. Oh toi si je t’attrape…

Colonel Clemor,
Vous vous souvenez de moi, Elvira ? Voilà bien longtemps que je n’ai pas reçu la moindre lettre de vous. Je vous croyais même tombé au combat, cela vous aurait fait les pieds. Vous avez toujours eu beaucoup trop confiance en vous. Néanmoins, je me dois de vous féliciter pour votre montée en grade…

*Toc toc* mais qui cela peut-il être ? Ah, oui. J’avais complètement oublié ce que je devais faire de ma journée. Tu parles d’une commandante. En même temps, le soleil vient à peine de se lever. Un coup d’œil sur ma montre m’indique qu’il est huit heure et trente-et-une minute précisément. Eh bien, ils sont ponctuels les montagnards… Je demande à mon adjudant d’entrer.

- Commandant, le détachement est arrivé.  

- Merci, adjudant. Tu peux leur dire que j’arrive tout de suite.


Booker, car c’était son nom, est arrivé il y a un an, au moment de la formation de l’équipage du Barkhorn. Il ne fait pas partie des soldats que j’avais choisi personnellement pour être sous mes ordres, je ne le connaissais pas, mais j’ai appris à le connaître. Il a toujours du mal à dissimuler la fatigue dans ses yeux clairs, et il lui arrive d’oublier de se raser pendant de trop longues périodes. Je pense qu’il aimerait avoir un peu de barbe, comme les officiers plus anciens. Pour le reste, je n’ai rien à redire sur lui. Il fait très bien son travail et ne me dérange pas plus que nécessaire.

J’abandonne la rédaction de ma lettre, prenant bien soin de la dissimuler sous un tas de documents ordinaires, et me prépare à rencontrer le détachement fraichement arrivé. Ces hommes et femmes doivent être déployés sur le terrain grâce à mon vaisseau. Allez savoir où exactement, l’Etat-Major n’a pas jugé utile de me le dire. J’ose espérer, dans ce cas, que ce n’est pas très loin. Je me vois mal annoncer de but en blanc à l’équipage que l’on part pour une semaine de vol… Espérons que leur officier sera capable de me renseigner correctement.

A l’extérieur de ma cabine, j’arrive sur le pont où soufflait un vent de tous les diables. Au fil des ans, je m’y suis habitué, mais visiblement la rédaction de ma lettre m’a particulièrement distraite et je ne m’attendais pas à de telles bourrasques. Malgré tout, je parviens à rejoindre mon adjudant qui parlait avec un grand homme, blond, visiblement gradé au vu de son uniforme.

- Commandant Hartmann, lançai-je d’une voix forte pour attirer l’attention de toute la troupe. Bienvenue sur le Barkhorn, vous trouverez vos quartiers sur le pont C, en descendant. L’adjudant Booker va vous y conduire. Restez-y sagement la durée du trajet et demandez à l’adjudant si vous voulez prendre l’air, afin de ne pas perturber le travail de l’équipage. Vous pouvez y aller.

Enfin, je pouvais porter mon attention sur l’officier, un grand blond, accompagné par une femme étrange, solidement menottée et l’air farouche.

- Vous êtes le capitaine je suppose. L’Etat-Major n’a pas souhaité, ou pensé, à me donner votre nom ni où je suis censé vous emmener. A qui ai-je l’honneur ?


Mon regard se posa brièvement sur sa prisonnière qui, très certainement, ne venait pas d’ici. C’était pour l’escorter que ce dispositif était déployé ? J’aurai aimé le savoir que je devais m’occuper de prisonniers… Rah, la commandement, je vous jure.

Joachim
Joachim
Dicton sur le Barkhorn : ne vous approchez pas du bord. [PV : Joachim et Aesa] Empty
Dicton sur le Barkhorn : ne vous approchez pas du bord. [PV : Joachim et Aesa] EmptyMar 16 Mar - 23:30
Irys : 94982
Daënar +2 ~ Änkar (homme)
Le vent soufflait fort sur les quais où Joachim et ses hommes attendaient. Les mèches de cheveux blonds, qu'il n'avait pas eu l'occasion de couper depuis quelques temps, lui fouettaient le visage sous l'effet des bourrasques qui soufflaient, dissimulant de temps en temps la cicatrice qui s'étirait sur le côté gauche de son visage. Les rudes soldats de montagnes étaient habitués aux grands vents, leur environnement de prédilection n'en était pas exempt, et certains faisaient passer ce qu'ils subissaient comme une gentille et douce brise. Ce n'était peut être pas l'habitude d'Alexandria. Debout sur le quai, les mains dans le dos, il regardait la ville.

Un an qu'il n'était pas revenu dans cette ville, à l'époque la guerre faisait encore rage. Un an pendant laquelle elle avait commencé à panser ses plaies. Il se remémora cette convalescence qu'il avait passé ici pendant que ses soldats faisaient du tourisme, profitant de leur première permission depuis le début de la guerre. Avec nostalgie, cette divagation de la pensée le ramena vers tout ses hommes qui étaient morts, tout ces visages et sourires qui ne seraient plus qu'un souvenir, une image figée sur du papier, prisonnière derrière une plaque de verre, tout ces êtres qui manqueraient quelque part, et pas qu'à lui. La guerre n'avait épargné personne et son unité, très fréquemment en première ligne car considérée comme d'élite, avait payé au prix du sang son rang. Au final, entre les montées en grade, les retraites et les mutations, de son unité d'origine, il ne lui restait plus qu'un noyau dur d'une vingtaine d'hommes, menés par un duo de choc, un jeune caporal et un vieux sergent. Le briscard avait fait de son protégé un sous officier extrêmement capable, une graine d'officier selon Joachim, mais il avait encore trop besoin de ce duo de choc pour le séparer et envoyer le jeune homme là où il serait formé et grimperait sans doute encore bien des échelles. Ce noyau dur de soldats vouaient à leur chef une admiration sans borne, et transmettaient au nouveaux venus au sein de l'unité cette foi en leur chef.

En plus de tout ceci, Joachim avait la charge d'une prisonnière, Hiryu. Il avait réussi à la garder sous sa protection, "elle est mon trophée de guerre" avait-il justifié devant des généraux aux sourires entendus. Que lui importait au final ce qu'ils pensaient, il avait réussi à la garder près de lui. Il savait sa valeur militaire, et trouvait trop dangereux de la laisser entre les mains incompétentes du haut commandement. Mais était-ce vraiment uniquement pour ça qu'il voulait la garder près de lui ? En partie, il le savait, Hiryu le fascinait pour la finesse avec laquelle elle l'avait contré et pour la rivalité tinté de respect qui les avait opposé dans les montagnes My'Trannes, mais pour l'autre partie....

Pour l'autre chose, l'incompétence du haut commandement, Jochen avait commencé à se méfier du haut commandement et à remettre en cause leurs décisions, devenant de plus en plus critique envers eux à mesure qu'il cherchait des réponses à ses questions.

Un tintement métallique à ses côtés le tira de ses pensées, et il tourna la tête dans la direction dudit tintement. Hiryu avait fait tinter son bracelet anti magie en rajustant la veste des montagnard que Joachim lui avait dégoté. Après tout, il en avait la charge à présent, elle était prisonnière de guerre et devait être bien traitée, même si c'était ce qu'utilisait le capitaine pour justifier son attitude envers la jeune femme. Mais ce bracelet... le jeune homme en avait horreur. C'était une nécessité, la jeune femme était magicienne après tout, mais l'esthétique était vraiment douteuse. Jochen travaillait depuis quelques temps sur un moyen de dissimuler l'objet au mieux, sous la forme d'un bijou par exemple.

Depuis la fin de la campagne, la jeune femme les avait suivi, lui et sa troupe, partageant leur tente, à lui et son chat, témoin silencieux de la vie de soldat qui reprenait son rythme d'avant guerre. Joachim, parfois, essayait d'apprendre un peu plus au sujet de ce peuple qu'il ne connaissait après tout qu'au travers de la propagande, et posait des questions à la jeune femme. Parfois, il se contentait de son petit passe temps d'orfèvrerie, sifflotant et sentant posé sur lui et ses créations le regard son adversaire, curieuse ou intéressée, il n'avait jamais osé demander. Elle avait maintenu jusqu'ici une attitude qui, si elle n'était pas franchement froide et hostile, n'était pas non plus chaleureuse et amicale, ce qui parfois peinait quelque peu le jeune homme, sans vraiment qu'il sache pourquoi.

- 'va bientôt êt' l'heure chef !, dit le sergent dans son dos.
- Parfait, rassemblez les hommes sergent, paquetage à l'épaule, nous y allons ! dit le Capitaine après avoir regardé sa montre.

Il mit son propre paquetage à l'épaule, aida Hiryu à mettre le sien (il n'allait pas porter son paquetage en plus) et se saisit de la cage de son chat, qui dormait toujours, guère perturbée par les bourrasques. Il leva la main en l'air pour signifier le départ, et parti d'un bon pas en direction du bâtiment sur lequel ils évolueraient.

- Cela n'aurait pas été plus simple de nous faire prendre le train ? demanda le jeune caporal
- Ordre de l'état major, peut être que le commandant du bâtiment en saura d'avantage que nous ? répondit le jeune officier sans vraiment y croire.

Il était 8h30 lorsque le jeune homme et ses hommes se présentèrent sur le pont du bâtiment, après avoir un long moment admiré les lignes du vaisseau, impressionnés. Joachim salua les couleurs avant de se présenter au premier marin qu'il vit. Un homme se précipita à l'intérieur pendant que Joachim et ses hommes patientaient. Il revint rapidement et informa les montagnards que l'officier n'allait pas tarder à arriver. Et elle arriva, une très belle femme couverte de galons. Joachim s'immobilisa dans un salut impeccable, imité par sa troupe, avant que l'officier ne prenne la parole.

- Commandant Hartmann. Bienvenue sur le Barkhorn, vous trouverez vos quartiers sur le pont C, en descendant. L’adjudant Booker va vous y conduire. Restez-y sagement la durée du trajet et demandez à l’adjudant si vous voulez prendre l’air, afin de ne pas perturber le travail de l’équipage. Vous pouvez y aller.

Les hommes regardèrent leur chef, qui acquiesça, avant de suivre les marins dans les entrailles du vaisseau, laissant Jochen et Hiryu seuls avec l'officier.

- Vous êtes le capitaine je suppose. L’Etat-Major n’a pas souhaité, ou pensé, à me donner votre nom ni où je suis censé vous emmener. A qui ai-je l’honneur ?

Cette nouvelle doucha quelque peut le jeune homme, car il avait lui aussi des interrogations quant à ce transfert, mais visiblement, ce n'est pas avec le Commandant Hartmann qu'il en aurait.

- Capitaine Joachim Müncheberg des troupes de montagne, nous sommes actuellement en transfert vers Fort-Felsberg pour des manœuvres avec eux, surtout en vue d'évaluer leur niveau de préparation en fait. Voici Hiryu, Joachim désigna la jeune femme à ses côtés, ancienne chef My'tra, actuellement prisonnière de guerre sous ma garde personnelle. Je suis néanmoins surpris qu'on ne vous ai pas donné d'avantage d'informations à ce sujet, un trajet en train n'aurait-il pas été plus simple ? Joachim hocha la tête, visiblement dépité, Nous sommes certes des soldats, mais les informations, qu'ils aiment tant recevoir, ne leur a-t-il donc pas à un moment traversé l'esprit qu'elles pouvaient être utiles ailleurs ? Quelle bande de foutus arrivistes...

Oui, il était loin désormais ce bon petit soldat qui obéissait à tout sans discuter...

Aesa Ishara
Aesa Ishara
Dicton sur le Barkhorn : ne vous approchez pas du bord. [PV : Joachim et Aesa] Empty
Dicton sur le Barkhorn : ne vous approchez pas du bord. [PV : Joachim et Aesa] EmptyDim 21 Mar - 11:50
Irys : 199969
Profession : Chasseuse / Mercenaire
My'trän +2 ~ Kharaal Gazar
Aesa se tenait immobile, le visage dirigé vers le ciel. Les cils abaissés, elle laissait la brise caresser sa peau comme on accueil un vieil ami. Cela lui rappelait les courses effrénées à dos de sa fidèle monture… Jamais encore elles n'avaient été séparées si longtemps, sans doute ne la reverrait-elle jamais. Ni elle ni aucun de ses amis, encore moins son frère, la seule famille encore en vie.

Tournant le visage, elle se permit de jeter un regard vers l'homme responsable de sa condition actuelle. Toujours aussi grand, imposant et d'une beauté que ne faisait qu'embellir cette cicatrice au visage, balayée par les volutes de vent. Ce que c'était agaçant. Les bourrasques auraient au moins put lui projeter les mèches dans les yeux histoire de lui déformer le visage d'une grimace peu avenante. Au lieu de cela il restait parfaitement impassible.

Pourquoi avait-il fallut qu'il la sauve encore ? La jeune femme avait pourtant choisit sciemment de se sacrifier pour sauver le reste de sa troupe. À l'heure actuelle ils devaient être auprès des leurs, en sécurité. Elle avait fait le bon choix, puisant dans ses ressources bien plus que son corps ne pouvait supporter, déployant ainsi sa magie comme jamais auparavant. Son esprit s'était éteint mais pourtant il en avait décidé autrement. On l'avait enchaînée, privée de sa liberté et emmenée partout tel un animal de compagnie. C'était un sort pire que la mort. D'autant plus que son lien avec les architecte lui avait été arraché, emprisonné dans ce bracelet de fer. Au début cela l'avait rendue folle, à tel point qu'on avait du lui administrer des tranquillisants… puis elle avait finit par se murer dans un silence accusateur.

Pourtant… Elle n'arrivait pas à Le haïr. Comment le pourrait-elle ? Aesa lui en voulait, c'était certain, sa fierté avait été bafouée. Mais il avait agit au mieux dans son intérêt et elle en était persuadée. Il pouvait bien claironner à qui voulait l'entendre qu'elle ne représentait qu'un trophée de guerre ou prétendre qu'elle lui était utile, ce n'était pas tout à fait exacte. Pour une raison étrange il semblait s'être attaché à elle… sans doute de la même façon que la jeune femme s'était attaché à lui. Le respect mutuel s'était créé entre eux, lien plus intense qu'une simple rancœur. Aesa respectait Joachim, bien plus qu'elle ne voulait bien l'admettre, car il avait cette droiture d'esprit bien qu'en partie naïve. C'était un soldat de formation, il ne faisait qu'exécuter les ordres mais il restait avant tout humain, décent. Enfin… il suffisait qu'elle entende à nouveau ce tintement horrible à son poignet pour retrouver l'entièreté de sa méfiance. Il avait beau la traiter avec respect, lui offrir un certain confort, des vêtements plus adaptés à ces contrées, jamais il ne lui ferait suffisamment confiance pour lui retirer cette chose démoniaque. Pourtant… Où irait-t-elle ? Que pourrait-elle bien faire de mal ? Aesa était seule, abandonnée à ses ennemis et sa magie était avant tout défensive.

Aujourd'hui encore on allait la trimballer d'un endroit à l'autre. Sur un oiseau de métal cette fois semblerait-il. L'engin était impressionnant, il fallait bien l'admettre. Les Daënars en doutaient mais pourtant il était certain qu'un architecte veillait sur eux pour qu'ils arrivent à de telles prouesses, un architecte dont tout un chacun avait sans doute ignoré, plus occupés à se détester les uns les autres. Pourtant il était très certainement le plus redoutable de tous, le plus dangereux et mortel… Dire que c'était une simple mage de Delkhii que ces hommes craignaient.

Aesa avait laissé son esprit errer, bien loin de se préoccuper des échanges entre Joachim et le sous-fifre faisant le lien entre sa troupe et celle qui allait les accueillir le temps d'un voyage. Elle ne daigna plonger son regard que sur la femme qui vint à leur rencontre peu après. Charismatique, autoritaire, affublée d'un uniforme clinquant de détails sans doute honorifiques. Aesa sentit une montée de jalousie la saisir. C'était pareil aux tatouages qu'elle portait. Des marques relatant ses exploits et dont il manquait la moitié à cause de sa captivité. C’était frustrant. Presque tout autant que l’échange entre les deux capitaines qui, visiblement, avaient reçus des ordres sans pour autant savoir de quoi il en retournait exactement. Joachim avait du mal à contenir ses propres émotions, cela se ressentait dans la tension contenue de sa voix mais surtout à ses franches paroles, ce qui amusa légèrement la jeune femme. Pourtant Aesa se contenta de fixer intensément de ses pupilles d’un bleu lagon la femme dont elle ignorait le nom. L’inconnue avait porté un bref regard à son intention mais il ne faisait pas exception aux autres, il s’y lisait toujours cette éternelle méfiance.


« Ne faites pas attention à moi, je ne risque pas de vous poser le moindre problème. » Se contenta de déclarer la mage, faisant cliqueter son inhibiteur de magie.


Dernière édition par Aesa Ishara le Jeu 1 Avr - 16:36, édité 1 fois

Elvira Hartmann
Elvira Hartmann
Dicton sur le Barkhorn : ne vous approchez pas du bord. [PV : Joachim et Aesa] Empty
Dicton sur le Barkhorn : ne vous approchez pas du bord. [PV : Joachim et Aesa] EmptyMer 24 Mar - 18:04
Irys : 54992
Profession : Capitaine du "Barkhorn"
Daënar +2 ~ Alexandria (femme)
Ces hommes en avaient bavé. Ni plus ni moins. On peut dire ce que l’on voudra des As de l’aéronavale, mais je dois avouer qu’il y a des régiments où l’on se salit plus les mains. Nos bombes font des ravages, mais il ne nous incombe pas de tuer chaque ennemi à coup de fusil. Et lorsque notre heure vient, que notre bâtiment sombre dans le ciel, trainant à sa suite une fumée si noire qu’elle pourrait couvrir le soleil, il n’y a pas la souffrance de voir ses camarades agoniser dans la boue. Nous nous en allons tous joyeusement, dans une immense explosion, un feu d’artifice qui nous emmène tous loin de ce monde, comme un dernier salut mémorable. Notre métier est noble, mais nous avons la chance que notre mort le soit aussi. Les Montagnards eux, devaient crever dans la fange pour nous faire gagner le combat, ils ont dû perdre tant de sœurs et de frères pour finalement perdre cette guerre. J’en vomirai si j’avais pris la peine de me remplir l’estomac ce matin. Et tout ça par la faute de gens comme elle, me disais-je en lançant un autre regard sombre vers la prisonnière.

J’écoutais calmement la présentation du capitaine. Alors comme ça je dois les emmener à Fort Felsberg. Je comprends mieux pourquoi il faut passer par la voie aérienne maintenant. Merci la « commandement » de me laisser deviner ce qui a motivé leurs décisions, c’est vrai qu’en diriger cinquante soldats, ingénieurs, manœuvriers et artificiers j’ai le temps de m’adonner à ce type de jeux. Enfin bref, le capitaine Müncheberg me présent ensuite celle qui lui traine dans les pattes. Ce serait une chef, carrément ? Alors pourquoi ne se trouve-t-elle pas dans un convoi direction chez elle pour la monnayer contre nos soldats encore prisonniers là-bas ? Oui, on aurait pu penser qu’à la signature de l’Armistice, tous les prisonniers de chacun des camps auraient été libérés sans concessions afin de solidifier le futur traité de paix. Mais il faut croire que sur les terres des sauvages l’Etat, ou ce qui y ressemble, n’a pas le pouvoir d’imposer à toutes les tribus des choses aussi humaines que de se défaire de leurs captifs. Et donc on en arrive là. Un an après la paix, chaque camp a encore des prisonniers sur le dos et nos hommes détenus là-bas ne sont vraisemblablement pas près de revoir leurs familles.

Finalement le capitaine conclut sa présentation par la sempiternelle diatribe envers l’Etat-Major. Je ne pouvais pas lui en vouloir, je n’y suis pas encore en poste pour ça, mais j’ai clairement l’impression que dès que deux gradés se croisent il s’échange ce genre de taquets à l’intention des hautes instances, ce qui a le don de me faire rire. Même si, dans l’état actuel et même s’ils ne m’en ont absolument pas fait part, leur décision est plutôt logique.

- Faites attention capitaine, les murs ont des oreilles, même à plusieurs centaines de mètres d’altitude.

Répondis-je avec un sourire trahissant la légèreté de mon propos. Je me tournais ensuite vers la sorcière qui avait emboîté le pas de son geôlier en m’affirmant qu’elle ne causerait aucun tort. Je ne pu empêcher mon visage de trahir mon mépris.

- Le dernier de votre espèce qui m’a donné sa parole, c’était pour épargner mon équipage si je le battais en duel. Sauf que pendant notre affrontement un de ses hommes a saboté notre vaisseau et maintenant tous mes anciens camarades sont six pieds sous terre. Si le capitaine est dans l’incapacité de vous surveiller, je m’assurerai personnellement que vous ne puissiez pas causer de problème, terminai-je en glissant mon regard vers Joachim.

Un instant plus tard, le temps de tourner la tête pour réagir à un bruit de corde rompue qui, sur le coup, m’inquiéta, mais qui semblait normal, je poursuivais d’un ton plus formel.

- Et au vu de ce que vous me dites je pense avoir saisi pourquoi l’Etat-Major m’a demandé de vous y emmener. De ce que j’ai entendu, un tronçon assez important d’aqueducs ferroviaires au Tyorum a été détruit pendant la guerre. Vous n’êtes pas le premier groupe de soldats que je transporte simplement parce que le train n’est plus empruntable depuis un an. J’aurai dû y songer plus tôt.

J’ai ensuite tourné les talons vers l’entrée menant aux ponts inférieurs. Le capitaine George Nooman passait la porte à ce moment et s’adressa à moi.

- Commandant, on m’a informé que les soldats que nous emmenons sont correctement installés et ils prennent actuellement un repas. Puis-je faire quelque chose pour vous aider ?


Nooman était assez particulier. On lui donnerait à peine la vingtaine et, avec ses manières, il semblait forcément sorti d’école. Il était grand de taille, la tignasse blonde et gominée, et assez filiforme. Et pourtant ses faits d'armes étaient dignes d'un soldat de première classe particulièrement courageux. Depuis un an, ses compétences de commandement m'avaient beaucoup plus. C’était donc avec entrain que je le présentais à mon invité.

- Capitaine Müncheberg, voici le capitaine Nooman. C’est mon second à bord de ce vaisseau et je vous conseille vivement de l’écouter quand il vous parlera. S’il y a bien une personne qui sait comment cet oiseau de métal marche c’est lui.


Je pris ensuite la direction des ponts inférieurs, esquissant un geste de la main pour que les deux hommes et la prisonnière me suive. Je comptais les accueillir dans une pièce précédant ma cabine, réservée aux passagers gradés, où l’on pourrait servir une collation et à boire au Montagnard. Je ne suis pas sûr qu’il sache que, même dans une embarcation qui peut paraître étriquée comme celle-ci, l’armée cherche à donner à ses gradés un certain standing. Ce sera une bonne surprise pour lui je pense.

Joachim
Joachim
Dicton sur le Barkhorn : ne vous approchez pas du bord. [PV : Joachim et Aesa] Empty
Dicton sur le Barkhorn : ne vous approchez pas du bord. [PV : Joachim et Aesa] EmptyJeu 1 Avr - 13:30
Irys : 94982
Daënar +2 ~ Änkar (homme)
Visiblement, la Commandant Hartmann n'avait pas vraiment pris la remarque de Joachim sur l'état major au sérieux. Certes, les gradés se dédouanaient souvent sur leur hiérarchie, façon peut être déguisée de dire "j'aurai mieux fait que cet incapable", mais le jeune capitaine pensait chaque mot qu'il avait utilisé, et loin de lui l'envie de plonger dans le marasme de l'administration propre à la montée en grade. C'est donc un visage amusé qui répondit au montagnard :

- Faites attention capitaine, les murs ont des oreilles, même à plusieurs centaines de mètres d’altitude.
- Bah, autant qu'elles prennent l'habitude de siffler, ces oreilles...

Il n'était pas prêt, en effet, de retrouver sa confiance dans le haut commandement, comment le pourrai-il après la guerre ? Les deux camps avaient commis des exactions, la fierté de Jochen dans cette affaire était de n'avoir sur les mains que le sang de soldats ou de partisans, il n'avait aucune perte civile à se reprocher. Le cliquetis du bracelet anti-magie retentis à ses côté alors qu'Hiryu parlait, faisant tiquer le jeune homme. Il détestait ce son, semblable à celui des chaînes d'un esclave...

- Ne faites pas attention à moi, je ne risque pas de vous poser le moindre problème.

- Le dernier de votre espèce qui m’a donné sa parole, c’était pour épargner mon équipage si je le battais en duel. Sauf que pendant notre affrontement un de ses hommes a saboté notre vaisseau et maintenant tous mes anciens camarades sont six pieds sous terre. Si le capitaine est dans l’incapacité de vous surveiller, je m’assurerai personnellement que vous ne puissiez pas causer de problème.


Le mépris non dissimulé fit aussi tiquer Jochen. Les mains toujours dans le dos, il serra les poings. Mépris d'un peuple et les moyens de lui faire du mal, il avait toujours soupçonné que les hautes instances étaient habitées de gens qui n'avaient que du mépris pour les autres, sans avoir trouvé de preuves suffisantes pour affirmer ou infirmer ses hypothèses. Mais plus encore, ce mépris et ces paroles prononcées vers un adversaire de la valeur de sa prisonnière et ancienne adversaire, le jeune homme se senti presque insulté. Il s'interposa légèrement et fit un discret signe à sa captive de ne pas répliquer. Elle n'avait certes plus accès à la magie mais Joachim la soupçonnait de n'être au final qu'un volcan endormi, prête à répliquer malgré le danger.

- J'ai affronté Hiryu suffisamment souvent pour savoir qu'elle n'est pas du genre à user d'une telle bassesse, je me porte donc garant, sur mon honneur de soldat, de sa bonne tenue et de sa bonne conduite. De plus elle est équipée d'un bracelet anti magie et ne quitte pas ma surveillance...  

Un bruit de corde rompue fit tourner la tête de la commandant, Jochen sur le coup s'en inquiéta quelque peu. Souvent en montagne, ce genre de son n'étaient pas bon signe, et son corps se crispa, prêt à répondre à toute menace. Mais l'attitude presque blasée de Hartmann le fit se détendre un peu, sentant malgré tout un frisson froid lui parcourir le dos.

- Et au vu de ce que vous me dites je pense avoir saisi pourquoi l’Etat-Major m’a demandé de vous y emmener. De ce que j’ai entendu, un tronçon assez important d’aqueducs ferroviaires au Tyorum a été détruit pendant la guerre. Vous n’êtes pas le premier groupe de soldats que je transporte simplement parce que le train n’est plus empruntable depuis un an. J’aurai dû y songer plus tôt.
- Vraiment ? Depuis la fin de la guerre mes hommes et moi n'avons cessé d'être envoyés en manœuvre à droite et à gauche, principalement pour des évaluations... la dernière fois que nous sommes retournés à Hinaus, c'était il y a huit mois, nous n'y sommes restés que deux jours. En fait, les seules nouvelles qui nous intéressent concernent notre pays vous comprenez, on est inquiet de ce qu'il s'y passe.

Le jeune homme avait emboîté le pas à la commandant, il resta un moment dans le vague en pensant à ce qu'il venait de dire et la situation à Hinaus, les tensions qui avaient été rapportées...

*peut être pour ça qu'on nous trimbale dans tout Daenastre ?*


- Capitaine Müncheberg, voici le capitaine Nooman. C’est mon second à bord de ce vaisseau et je vous conseille vivement de l’écouter quand il vous parlera. S’il y a bien une personne qui sait comment cet oiseau de métal marche c’est lui.

Jochen émergea de ses pensées et posa les yeux sur ledit Nooman, présenté non sans fierté par Hartmann. Première surprise : il était grand. Moins grand que Jochen, mais devoir moins plier la nuque pour regarder quelqu'un était fort agréable et tira un sourire au capitaine, de même que le contraste entre l'aspect bien ordonnée de sa coiffure alors que celle du montagnard ondulait comme les blés au vent. Il salua le grade avant de tendre la main pour saluer l'homme d'une poignée de main qui intrigua le fantassin : bien qu'il ai l'apparence d'un jeune officier tout droit sorti de l'école, sa poignée de main était celle d'un combattant, ferme et franche.

Un signe de la main les invita à entre dans le bâtiment. Jochen eut un moment d'appréhension en songeant à toute les poutres qu'il allait prendre dans la tête. Il fit signe à Hiryu de passer devant lui et s'arrangea pour rester à portée de bras de la jeune femme, au cas où elle envisageait de prendre la tangente. Un œil sur la jeune femme, un autre où il mettait la tête, il suivit le mouvement. Quand il put enfin se redresser, ils se trouvaient dans une pièce magnifique : des bois précieux cirés, une table autour de laquelle pouvaient s’asseoir assez confortablement une dizaine de convives, des étagères remplies de livres, de larges fenêtres qui laissaient entrer la lumière à flot, à leur pieds se tenaient des banquettes confortables, une bibliothèque murale... jamais le jeune homme n'aurait pu imaginer un tel faste sur un bâtiment militaire. Les yeux écarquillés, il regardait tout autour de lui, puis se dirigea vers la bibliothèque et caressa des doigts les livres qui y étaient entreposés, lisant les titres écrits en lettres d'or. Nombre des ouvrages présents dans la bibliothèque lui étaient inconnus et il résista avec peine à l'envie d'en ouvrir un.

- Impressionnant... murmura le capitaine en revenant se poser à côté de sa prisonnière.

Aesa Ishara
Aesa Ishara
Dicton sur le Barkhorn : ne vous approchez pas du bord. [PV : Joachim et Aesa] Empty
Dicton sur le Barkhorn : ne vous approchez pas du bord. [PV : Joachim et Aesa] EmptyVen 2 Avr - 18:05
Irys : 199969
Profession : Chasseuse / Mercenaire
My'trän +2 ~ Kharaal Gazar
Quelle femme méprisable. Aesa le ressentait dans son corps entier, ce dégoût mêlé à de la fureur, cela brûlait dans ses veines, éveillait ses sens et crispait l’ensemble de ses muscles. C’était tout bonnement viscéral. La jeune femme haïssait profondément cette tête bien-pensante affublée de décorations qu’elle ne méritait certainement pas. Qui était-elle sinon une odieuse raciste, fière d’avoir tout le loisir de mépriser une ennemie sans défenses ? Dire que la kharalienne avait voulu faire preuve de courtoisie malgré l’ironie de sa condition. Le pire dans tout cela c’est que cette daënare avait commit l’outrage de parler de meurtre de masse et de trahison alors qu’ils se trouvaient dans un oiseau de métal, l’un de ceux – sans doute – qui avait bombardé le village innocent de la my’tränne. Intérieurement Aesa nourrissait l’envie terrible de se servir de se servir de ses chaines pour étrangler cette tueuse de masse, dans l’idée absurde que cela pourrait mettre en terme à ses tourments.

Au lieu de céder à ses pulsions, la jeune femme tenta de tempérer ses ardeurs, inspirant puis expirant avec lenteur. Un coup d’œil vers Joachim lui donna d’ailleurs des raisons de se calmer. Son étrange geôlier semblait perturbé par les propos de la commandante, il eut même le réflexe de s’avancer entre elles, joignant à cela un geste d’apaisement à l’égard d’Hiryû. Cela eut l’effet d’apaiser la fureur naissante de la jeune femme. Aussi bizarre que ce soit, elle se confortait dans l’idée d’avoir un allié sur ce navire flottant.


« J'ai affronté Hiryu suffisamment souvent pour savoir qu'elle n'est pas du genre à user d'une telle bassesse, je me porte donc garant, sur mon honneur de soldat, de sa bonne tenue et de sa bonne conduite. De plus elle est équipée d'un bracelet anti magie et ne quitte pas ma surveillance... »
« Quand bien-même. » Maugréa Aesa. « Faites donc Commandant, menacez-moi si ça peut apaiser votre égo. Même si je vous méprise, je n’ai qu’une parole et je me ferai un plaisir de vous donner tord. »

Les sentiments étaient partagés, c’était certain. Pour autant Aesa avait eut au moins le mérite de tendre la main avant de cracher son venin. Ce n’était pas le cas de la daënare qui préféra l’ignorer pour reprendre sa conversation avec le capitaine. Peut importe, ce n’est pas comme si la jeune femme cherchait à se faire bien voir. Lui donner tord, certes, mais elle ne désirait aucunement s’attirer les bonnes grâces d’un tel individu. Et puis elle allait devoir composer avec sa présence un moment…

Les deux daënars emboitèrent le pas dans le couloir, continuant leur discussion. Aesa se contenta de suivre docilement, n’écoutant que d’une oreille distraite leurs échanges. Cela ne la concernait pas vraiment ou du moins pas directement. Pendant la guerre la jeune femme aurait tenté d’en extraire les moindres informations importantes mais la situation avait changé. Hiryû n’était plus à la tête d’une escouade et cela ne lui apporterait rien. La guerre était terminé, les combats avaient cessés et une armistice signée… A vrai dire il ne restait plus qu’à savoir ce qu’ils comptaient faire d’elle et cela s’arrêtait là, tout simplement.

En chemin ils rencontrèrent un autre homme. Le plus important sur l’oiseau de métal puisqu’il savait le diriger. Il avait au moins le mérite de ne pas sembler prétentieux. Le couloir était étroit et bas de plafond. Aesa jeta un regard en arrière, non pas pour tenter de trouver un échappatoire mais plutôt par curiosité. Joachim était un homme de grande taille, le genre à préférer gravir des montagnes que de vivre dans un terrier. A cet instant il était aussi à l’aise que sa prisonnier dans cet engin de malheur. Elle eut un léger sourire à cette pensée, restant le fixer quelques instants. Il dû se sentir observer car il porta l’attention sur elle mais elle détourna aussitôt le regard.

Finalement c’est à quatre qu’ils pénétrèrent dans une salle spacieuse. Immense, démesurée de luxure. Pour la jeune femme qui menait une existence sans prétention, cette pièce en étouffait tant elle se voulait tape-à-l’œil. Tout se voulait de qualité et propice à la luxure. Aesa en aurait vomit de dégoût. Comment un endroit aussi fastueux et ostentatoire pouvait exister dans une machine créer pour la guerre ?


« Impressionnant... »

Murmura le capitaine en revenant vers la jeune femme. Celle-ci répliqua à voix basse pour que seul Joachim ne l’entende, la mine sombre et le ton railleur :

« Ca a dû être terrible d’ordonner de bombarder mes terres dans un cocon aussi confortable. Semer la mort réussi bien à certains… Je suis persuadée qu’elle en est dévorée de remords. »

Pendant que d’autres avaient passé nuits et jours à ramper dans la boue, arme à la main et tremblant à l’idée de se confronter à la mort, se battant de toutes leurs forces pour espérer vivre un jour de plus, cette femme l’avait fait dans un engin aussi confortable qu’un palace, bien à l’abri dans les airs. C’était révoltant.

Elvira Hartmann
Elvira Hartmann
Dicton sur le Barkhorn : ne vous approchez pas du bord. [PV : Joachim et Aesa] Empty
Dicton sur le Barkhorn : ne vous approchez pas du bord. [PV : Joachim et Aesa] EmptyJeu 8 Avr - 19:20
Irys : 54992
Profession : Capitaine du "Barkhorn"
Daënar +2 ~ Alexandria (femme)
Enfin, je retrouvais ma splendide cabine. Un an à peine me séparait de cette nouvelle affectation et je restais positivement impressionnée par le raffinement de cet aéronef flambant neuf. Enfin je retrouvai, un peu, du monde que j’avais quitté en entrant à l’école militaire. A ma suite, Nooman entra, suivi par le Montagnard, qui devait être soulagé de ne pas avoir à baisser la tête comme dans les couloirs, et sa captive. Je n’avais pas besoin de trop la regarder pour deviner ce qu’elle pensait de moi. C’était aussi évident que le vent qui nous frappait la chair à la surface. Nul besoin de le voir, son animosité se palpait à-même l’air ambiant, le rendant aussi humide que les infâmes bourbiers d’où elle devait venir. Espérons que voir un brin de civilisation amorce quelque chose dans son esprit étriqué de fanatique. Espérons que son cerveau lui fera comprendre le fossé entre nos deux mondes : le leur, celui de la fange, et le nôtre, celui des sommets. Nous avons conquis les airs, ce qu’aucun d’entre eux n’est capable de faire aussi aisément que cet aéronef ; nous les avons conquis, eux, les tortionnaires de nos ancêtres ; et nous t’avons conquise, toi, ma belle. Si elle n’était pas sous la garde de cette armoire à glace, je me ferais un plaisir de lui faire payer mon équipage exterminé.

Mais qu’à cela ne tienne. Montrons-lui que nous ne sommes pas les odieux barbares qui lui ont donné naissance. On ne sait jamais, peut-être qu’elle finirait par rejoindre Daënastre de son plein gré, abandonnant ses futiles croyances pour embrasser un idéal qui est capable de se réaliser. D’un geste, je demande à Nooman de servir un verre et des collations à tous nos convives, même à cette sauvageonne, oui. Du bon vin épicé des contreforts du Tyorum devrait nous réchauffer. Mon capitaine dispose quatre verres et un panier de pâtisseries sur la table tandis que j’invite Muncheberg à s’asseoir sur l’une des banquettes de cuir adjacentes. Il semblait véritablement hypnotisé par les livres de ma bibliothèque. J’esquissai un sourire.

- Vous aimez lire, capitaine ? Nous mettrons à peu près six heures à rallier Fort-Felsberg, vous aurez tout le temps de les parcourir à votre gré. Quant à vous, prisonnière, buvez et mangez, il y en a bien assez.

Nos regards se croisèrent et je tentais d’être la plus indéchiffrable possible. Cela m’amuse de l’imaginer douter. Est-ce qu’elle est vraiment en train de me proposer cela ? Pourquoi ? C’est empoisonné ? Elle doit sûrement appliquer sur moi les codes de leur société dépravée où tout le monde se trahit et s’assassine pour un rien. Et non, ma jolie, ici ce n’est pas chacun pour soi et tant que vous serez sur mon bâtiment je m’occuperai de vous comme de n’importe qui d’autre. Tant qu’elle garde ses menottes, je n’ai rien à craindre d’elle. De toute manière, mes yeux la quitteront le moins possible. Assise sur mon fauteuil, près de mon bureau, je suis attentive à tout ce qui se passe, même si je compte m’autoriser quelques gorgées de vin quand même.  

- Je suis curieuse, capitaine. Pourquoi garder cette captive avec vous depuis la fin de la guerre. Cela va bientôt faire un an. Personne n’a voulu la récupérer ? Vous voulez l’échanger contre d’autres prisonniers enfermés là-bas ?

Je pris ensuite une viennoiserie du panier. J’avais faim, mine de rien, et j’entendais des bruits de pas dans le couloir donc la discussion serait inévitablement coupée. L’adjudant Booker frappa à la porte, Nooman le fit entrer et il nous salua tous.

- Commandante, le Barkhorn est prêt à décoller. Nous attendons votre ordre.

- Bien, tous les hommes du capitaine Muncheberg sont bien installés ? Il leur a été donné à boire et à manger ?

- Affirmatif.

- Alors nous pouvons y aller, annonçais-je en acquiesçant.

L’adjudant disposa et Nooman ferma la porte derrière lui avant de venir s’asseoir à ma gauche, entre mon fauteuil et la banquette des invités. Il attrapa un verre et attendit mon signal.

- A la vôtre, messieurs-dames, lançais-je avant de prendre une gorgée qui me brûla agréablement la gorge.

J’examinai ensuite la réaction des invités, puis un vrombissement se fit entendre depuis les entrailles de l’aéronef et se transmettait dans chaque recoin de l’appareil.

- Je vous conseille de bien tenir vos verres pendant le décollage. Le vin, ça tâche.

Les turbulences ne se firent pas prier. Cela ne dura que quelques instants, le temps que le brik se soulève dans toute sa hauteur, mais les tremblements suffirent à m’inquiéter pour la carafe de vin, qui menaça de se renverser.

- Et c’est parti. Dans six heures vous serez à Fort-Felsberg, capitaine. Il n’y aura plus trop de turbulences d’ici la fin de la traversée, vous pouvez donc poser votre verre et visiter, lire, faites ce qui vous plaira.

Joachim
Joachim
Dicton sur le Barkhorn : ne vous approchez pas du bord. [PV : Joachim et Aesa] Empty
Dicton sur le Barkhorn : ne vous approchez pas du bord. [PV : Joachim et Aesa] EmptyMer 21 Avr - 23:35
Irys : 94982
Daënar +2 ~ Änkar (homme)
Le montagnard, toujours admirant le faste de la cabine, ne vit pas Nooman en train de disposer de quoi faire une bonne collation. En revanche, il entendit Hiryu chuchoter à côté de lui :

Ça a dû être terrible d’ordonner de bombarder mes terres dans un cocon aussi confortable. Semer la mort réussi bien à certains… Je suis persuadée qu’elle en est dévorée de remords

Un frisson froid parcouru son dos, il n'avait vraiment pas besoin de cette attitude bravache de sa prisonnière. Heureusement, seul lui avait pu entendre la remarque, sinon il aurait sûrement du s'interposer derechef au risque de prendre un coup. Il comprenait la jeune femme ceci-dit, elle avait devant elle une des personnes sans doute responsables de la ruine qui s'était abattue sur ses terres depuis le ciel, et cette personne ne semblait aucunement affectée par un quelconque remord. En plus elle affichait ouvertement son mépris et ne se gênait pas pour l'exprimer haut et fort. Joachim cependant, ne voyait pas seulement en ces engins leurs capacités destructrices, ils pouvaient aussi être de formidables vecteurs diplomatiques. Il répliqua donc, sur le même ton :

- Ces vaisseaux servent aussi de navettes diplomatiques, ces chiffes molles de diplomates ne peuvent ni vivre sans luxe, ni poser leurs culs graisseux sur autre chose qu'un coussin de soie rembourré de l'épaisseur de mon chat...

Il avait dit cette phrase alors qu'il faisait mine de s'intéresser aux ouvrages exposés non loin de la jeune My'Tra, de sorte qu'il fut peu probable que les deux autres occupants de la pièce ne l'aient perçue... du moins l'espérait-il. Au pire quel mal y avait-il à fraterniser avec son "trophée de guerre" ? Se retournant, il aperçu le geste de la Commandant l'invitant à prendre place sur une banquette qui jouxtait la table, sur laquelle il découvrait maintenant les mets placés par Nooman. EN voyant le vin épicé, ses pupilles se dilatèrent légèrement et il se remémora le goût subtil d'un breuvage similaire dégusté au Tyorum lors d'un quartier libre.

- Vous aimez lire, capitaine ? Nous mettrons à peu près six heures à rallier Fort-Felsberg, vous aurez tout le temps de les parcourir à votre gré. Quant à vous, prisonnière, buvez et mangez, il y en a bien assez.

La remarque sur la prisonnière fit tiquer derechef je jeune officier. Encore cette morgue, encore ces piques. Voulait-elle pousser Hiryu à bout pour justifier de la tuer ? D'un geste plus courtois que l'invitation de la commandant, il invita la jeune femme à se sustenter, et surtout à garder son calme... et il n'oublia évidemment pas de répondre à la question qui lui avait été posée :

- J'aime lire en effet. Les livres sont hélas rares dans mon paquetage, nous devons voyager relativement léger et j'ai d'autres passes temps nécessitant un certain matériel, m'empêchant de prendre autant de lecture que je le voudrais. Et les ouvrages dont vous disposez ici sont magnifiques, même si leurs titres ne m'évoquent pas forcément grand chose.

Tout en répondant il surveillait du coin de l’œil l'attitude de sa prisonnière. Pour l'heure elle piochait dans la corbeille à viennoiseries sans marquer trop d'animosité. Elle n'avait en revanche pas touché à son verre. Rassuré, Jochen se détendis et se saisit du sien.

- Je suis curieuse, capitaine. Pourquoi garder cette captive avec vous depuis la fin de la guerre. Cela va bientôt faire un an. Personne n’a voulu la récupérer ? Vous voulez l’échanger contre d’autres prisonniers enfermés là-bas ?
- Elle est une adversaire que j'ai à de nombreuse reprise affrontée, elle est trop dangereuse pour la laisser à ces incapables du haut commandement qui ne comprendraient jamais sa valeur. Je l'ai faite prisonnière lors d'une bataille, elle et quelques autres de ses camarades se sont sacrifiés pour permettre la fuite du gros des troupes que nous avons interceptés ce jour là. Elle est mon trophée de guerre... et bien mieux sous ma garde que...

Des coups frappés à la porte interrompirent le jeune Capitaine. Alors que la commandant réglait quelques détails avec un des membres de son équipage, Jochen regarda quelques secondes Hiryu, occupée à déguster silencieusement une viennoiserie. Trophée de guerre... combien de fois l'avait-il sortie cette excuse ? Il était effectivement fier de l'avoir faite prisonnière, cette femme qui durant trois ans lui avait tenu tête, il la considérait effectivement comme un adversaire beaucoup trop dangereux pour être remise en liberté, mais était-ce vraiment pour cela qu'il voulait la garder avec lui ? Cette question revenait encore... il secoua la tête pour l'en chasser.

- A la vôtre, messieurs-dames

Joachim venait tout juste de quitter ses pensées, et voilà qu'un toast était proposé. Il fut trop heureux d'y répondre :

- Prosit !

Le vin suivit un trajet qui brûla agréablement la gorge du jeune officier. Un vrombissement monta alors des entrailles du bâtiment. Tout autour d'eux commença à frémir : le décollage était lancé. Jochen, dont ce n'était pas le premier vol, détestait ce moment ou l'engin donnait sa puissance pour s'arracher au quai et prendre son indépendance en vol. Il avait l'impression que le décollage et l’atterrissage étaient les deux moments où il risquait le plus, et il détestait le fait d'être passif face à son destin. Il se raidi.

- Je vous conseille de bien tenir vos verres pendant le décollage. Le vin, ça tâche.

Jochen liquida son verre d'un trait avant que les turbulences ne reprennent de plus belle. Il senti Hiryu qui agrippa son bras droit et s'y cramponna fermement alors que le vaisseau quittait le quai. Par réflexe, le Capitaine posa une main qu'il voulait rassurante sur celle de la jeune femme et la serra doucement. Il ne fit même pas attention à ce qui se passait à l'intérieur de la cabine, préférant regarder par la fenêtre. Quand les vibrations s'interrompirent, lui et sa jeune prisonnière se rendirent compte de la situation dans laquelle ils se trouvaient et se dégagèrent promptement. Joachim, légèrement rouge toussa nerveusement, le cœur battant la chamade. D'un côté il regrettait que ce contact ne ce soit pas prolongé, de l'autre, il se sentait devenir pivoine en y repensant. Il re tourna vers la jeune femme qui esquiva son regard, les oreilles légèrement rouges, il tourna la tête à son tour et essaya de se concentrer sur autre chose.

- Et c’est parti. Dans six heures vous serez à Fort-Felsberg, capitaine. Il n’y aura plus trop de turbulences d’ici la fin de la traversée, vous pouvez donc poser votre verre et visiter, lire, faites ce qui vous plaira.
- Dans ce cas, si cela ne vous dérange pas, je vais m'adonner à mon passe temps favoris.

Plus de turbulences, Joachim avait les mains qui le brûlaient après le petit évènement du décollage. Il farfouilla donc dans son barda et sorti son attirail de joaillerie et son projet du moment : un bracelet en forme de dragon, écailles du corps en bois de différentes essences, incrustés de feuilles d'or dans leurs fines nervures, yeux de jade vert, griffes en argent, flammes d'or, de bronze et de cuivre. Un bracelet féminin comme le laissait supposer sa finesse. Un miaulement en provenance de la caisse de transport de Léa fit lever la tête du jeune homme. Son chat était dans cette caisse depuis plusieurs heures, et le fait d'être dans une pièce comme cette cabine lui donnait sans doute l'envie de se dégourdir les pattes...

- Puis-je aussi profiter du voyage pour permettre à mon chat de se dégourdir les pattes ici, commandant ?

Aesa Ishara
Aesa Ishara
Dicton sur le Barkhorn : ne vous approchez pas du bord. [PV : Joachim et Aesa] Empty
Dicton sur le Barkhorn : ne vous approchez pas du bord. [PV : Joachim et Aesa] EmptyDim 25 Avr - 15:09
Irys : 199969
Profession : Chasseuse / Mercenaire
My'trän +2 ~ Kharaal Gazar
«  Ces vaisseaux servent aussi de navettes diplomatiques, ces chiffes molles de diplomates ne peuvent ni vivre sans luxe, ni poser leurs culs graisseux sur autre chose qu'un coussin de soie rembourré de l'épaisseur de mon chat...  » Souffla Joachim.

Aesa resta interdite un instant. Le capitaine avait son attention focalisée sur les ouvrages mais pourtant il venait de répondre à la jeune femme à voix basse. Non seulement il l’avait écoutée mais au lieu d’ignorer les propos revêches de la khaaralienne, il y répondait… Favorablement, avec une pointe d’ironie moqueuse. La My’träne se sentie gonflée d’orgueil à la pensée que le grand blond partage son opinion. Elle avait envie d’y croire, de s’y raccrocher. La mage avait besoin d’un allié, quelqu’un capable de la comprendre quand bien-même il refusait de la traiter en égale… Qu’importe. C’était une victoire. Petite, risible et insignifiante, mais cela lui donnait un espoir suffisant auquel se raccrocher.

De l’autre côté de la pièce le fameux Nooman s’activait. Aesa le suivait du regard, bien que celui-ci ne erre régulièrement sur la commandante. Elle fronça légèrement les sourcils… Toute cette effusion de nourriture lui rappelait un souvenir vieux de trois ans. Du vin de qualité et des pâtisseries généreuses avaient été disposés sur la table, accompagnés de quatre verres. La commandante Hartmann avait vraiment compté Aesa pour partager cette dégustation, sérieusement ? La petite pimbêche qui l’avait jugée en une fraction de secondes à peine lui proposait à présent de se joindre à eux. Pathétique. Le visage fermé, les pupilles lagon de la chasseresse fixèrent leurs homologues avec intensité. La daënare se sentait probablement confiante en se plaçant ainsi comme hôte accueillante car cela mettait la captive dans une situation délicate. Si Aesa refusait obstinément de se sustenter elle serait jugée comme une sauvage ingrate et si elle se servait sans crainte la mage serait en position de lui être redevable pour le geste faussement charitable. Ce commandant n’était pas une bonne âme, ce n’était rien d’autre qu’une peste arrogante.

A défaut de mieux, la jeune femme choisi le moins pire. Elle rejoignit docilement son geôlier sur la banquette lorsqu’il lui fit signe de s’exécuter et se saisit d’une viennoiserie. Hors de question toutefois de toucher à cette boisson… Non pas que la jeune femme déteste l’alcool, elle avait une tenue hors du commun à ses effets d’ailleurs, mais elle tenait à garder un minimum de dignité. Muette, elle se contenta de suivre l’échange entre les deux hauts gradés, n’en perdant pas une miette malgré son air absent. Hartmaan venait de poser une question intéressante. Pourquoi la garder après tout ce temps ? A vrai dire, Aesa aussi se le demandait. La réponse, bien qu’interrompue, assombrit l’esprit de la jeune femme. Encore et toujours cette excuse. Un trophée. La my’tränne n’était qu’un trophée. Un vulgaire toutou qu’on promène partout, un objet d’exposition de grande valeur et pourtant absolument inutile mais qu’on présente à qui veut l’entendre comme si elle n’avait pas de conscience, pas de sentiments, pas d’humanité. C’était comme ça qu’il la traitait… Vraiment ? Malgré ses attitudes envers elle tantôt protectrices tantôt complices, ne cherchait-il qu’à l’amadouer pour qu’elle reste sage ? C’était tout ce qu’elle lui inspirait ? Ou n'était-ce qu'un prétexte facile à répliquer à quiconque lui poserait la question ?

Contrariée, Aesa se contenta de reprendre une pâtisserie tandis qu’ils trinquaient à ce voyage dans cette immense boite de métal froide et surréaliste. Soudain un vrombissement terrible retentit dans l’habitacle, accompagné de secousses. Aesa sentit son sang se glacer d’effroi. Brusquement des images saisirent la mage, d’une violence inouïe.



Hedda !
Sang. Hurlement.
Mon bébé…
Flammes. Destruction.
Sauvez-les… Je vous en supplie !
Cris. Peur. Trop tard.
Mort. Souffrance. Sang.
Je suis tellement désolée...
Chaos. Mort. Terreur.


Les mains de la kharaalienne se crispèrent, se saisissant par instinct du bras du capitaine alors que les secousses s’amplifièrent. Elle avait la respiration hachurée, peinant à remplir ses poumons d’air, son cœur lui brûlant la poitrine. Muette, interdite, Aesa gardait le regard rivé sur un point invisible ancré dans le sol, tentant de focaliser son esprit, en vain. Et puis soudain une douce chaleur. Un point stable, sur lequel se concentrer pour ne pas perdre pied. Les images s’évanouir, les tremblements aussi. Finalement le calme était revenu. La chaleur était toujours présente pourtant. D’un regard, la khaaralienne réalisa ce qu’il s’était passé.

Elle se dégagea d’un geste vif, détournant aussitôt le visage. Dans la panique elle avait probablement attrapé le capitaine mais il avait tenu sa main. Pourquoi ? Avait-il pitié de sa pauvre prisonnière effrayée par ce stupide oiseau de fer ? Ce n’était qu’un égarement passager, la chasseresse n’avait pas besoin de lui ! Pourquoi n’arrêtait-il pas de faire comme si les sentiments de son monstre de foire comptaient ?! Pestant intérieurement, Aesa maudissait la discrète rougeur qui l’avait envahie, résidu de la colère ou de la frustration qu’elle ressentait à s’être montré vulnérable ne serait-ce qu’un instant. C’était ça. Ca expliquait entièrement les battements appuyés de son cœur. De la rancœur, rien de plus.

Le calme était revenu et la commandante de ce vaisseau de fer invitait ses convives à s'occuper. Le voyage serait long. Très long du point de vu de la jeune femme. A défaut d'une meilleure occupation, elle laissa ses yeux se poser sur Joachim et son attirail. Décidément, où qu'il soit il trouvait le temps et l'espace pour un loisir aussi particulier. Ca et le fait de pouvoir emmener partout avec lui sa chatte Léa. D'ailleurs, la jeune femme eut un regard pour l'animal en cage qui venait seulement d'être mentionné. Aux paroles de du capitaine, Aesa quitta son siège et vint s'accroupir devant la cage, actionnant déjà les loquets de sécurité. Permission ou pas de la maîtresse de ces lieux Aesa s'en fichait bien, c'est même avec une certaine satisfaction qu'elle sentit Léa se frotter à ses jambes avec gratitude.


« Profite de ta liberté ma belle. » Lui chuchota-t-elle en la gratouillant entre les oreilles. « Ca en fera au moins une sur deux. »

Elvira Hartmann
Elvira Hartmann
Dicton sur le Barkhorn : ne vous approchez pas du bord. [PV : Joachim et Aesa] Empty
Dicton sur le Barkhorn : ne vous approchez pas du bord. [PV : Joachim et Aesa] EmptySam 8 Mai - 17:30
Irys : 54992
Profession : Capitaine du "Barkhorn"
Daënar +2 ~ Alexandria (femme)
Une gorgée de vin supplémentaire ne serait pas de trop pour faire partir l’habituelle tension qui étreignait mes muscles à chaque décollage. Malgré toutes ces années, je ne pouvais ignorer que ces magnifiques appareils étaient pilotés par des êtres humains et donc aussi faillibles que tout un chacun. Une mauvaise manipulation, un interrupteur mal actionné, un câble abimé et nous étions tous bons pour revivre le naufrage du Scarboro. Je faisais toujours en sorte que mes préoccupations soient aussi celles de cet équipage et le Barkhorn ne quittait pas l’aéroport sans être minutieusement inspecté. Et pourtant me voilà, incapable de ne pas prendre d’immenses inspirations, de desserrer le poing, au moins jusqu’à ce que l’appareil se stabilise.

Mais autre chose rendait ma salive aigre et exhibait des veinures en relief sous mon uniforme : le comportement de mes deux invités. Le montagnard me répéta encore une fois cette même rengaine, celle du trophée de chasse. Cette jeune femme était un impétueux lièvre, qui a passé toute sa vie à s’échapper du péril, et qui se retrouvait maintenant entravée du cou jusqu’aux pattes. Comment ne pas comprendre ce sentiment de vouloir exhiber le rejeton d’un monde bientôt mort ? Comment ne pas comprendre cette brute des montagnes qui disait vouloir la garder près d’elle car personne ne serait trop quoi en faire ? Quand bien même il n’en faisait pas grand-chose lui non plus. Comment ne pas le croire, lui qui n’avait aucune raison de mentir ? Ou peut-être que si ? Ce qui mit la puce à l’oreille de la commande, ce fut le décollage. Comme disait un célèbre détective de roman, lorsque la situation est périlleuse, notre regard se tourne immédiatement vers ce que l’on a de plus précieux. Et quand bien même le capitaine Von Müncheberg faisait son possible pour paraître le plus impassible du monde, sa main ne pouvait mentir et sa main s’agrippa fermement à celle de son otage.

Aucune rançon à en tirer, aucune puissance à en extraire, aucun savoir que cette arriérée pourrait posséder. Ce que cet homme attrapait-là c’était autre chose. De l’affection ? De l’amour ? Je n’ose croire que le respect dévolu à ses adversaires de valeur ne mène à vouloir les chouchouter comme les derniers des chatons. Mais qu’à cela ne tienne, j’appuis ma tête contre ma paume, je souffle un bon coup et je passe à autre chose. Enfin, j’aimerai, mais cela continue de me trotter dans la tête. Comment réagir s’ils se mettent à roucouler sous mes yeux, vu qu’ils semblent n’avoir cure de mon autorité comme tous les idiots que j’ai croisé dans ma carrière ?

J’ai un peu de temps pour réfléchir. Von Müncheberg s’emploie à profiter de son « passe-temps favoris » comme il le dit, et pas des moindre puisqu’il dégaine de son sac plusieurs outils, un bracelet de bois et métal ouvragé et commence à le sculpter minutieusement avec ses larges mains caleuses, puis des miaulements se firent entendre dans les affaires du capitaine. Oui, des miaulements. Nous allions de surprises en surprises dis donc. Je ne pus refréner l’écarquillement de mes yeux, mes sourcils courbés de surprise, et ma tête qui se penche en avant sous le regard doucement amusé de Nooman à qui je répondis par un autre autrement plus sentencieux.

- Votre chat ? Ma foi oui je me sentirai mal de négliger les animaux à mon bord.

Remarque destinée, bien évidemment, à celle qui se faisait une joie de multiplier les bravades comme si cela rachetait un peu de son honneur anéanti par une situation de prisonnière que ces sauvages du grand air supportaient si difficilement. J’avais presque pitié d’elle, vraiment. Il n’y a rien de plus triste que le baroud d’honneur d’une âme qui se sait aux portes de l’anéantissement et qui gratte la terre à ses pieds de ses ongles en sang pour laisser ne serait-ce qu’une minuscule trace de son passage sur Irydaë. Imaginez donc, ces fanatiques de My’trä, si serviles devant leurs dieux que leur existence s’efface de l’esprit de leurs proches une fois morts. Imaginez la détresse de cette pauvre diablesse qui, bientôt, ne sera plus rien pour sa famille, ses amis, son clan et qui voit tout cela arriver. Imaginez à quel point elle aimerait pouvoir graver, marquer de son sang, les murs qui l’entourent pour qu’on se souvienne d’elle à sa disparition. J’aurai presque envie de l’aider en lui coupant le bout des doigts. Mais loin de moi l’idée d’aider une espèce qui s’est elle-même entravée de chaînes pour plaire à des Architectes qui les ignorent, qui se croient libres, même plus libres que nous. Je n’aiderai pas cette pauvre créature car son destin est celui de tout son peuple et qu’il ne mérite pas d’être sauvé après ce qu’il nous a fait.

- Pour en revenir à notre sujet, dis-je en reposant le ballon de vin sur la table de chêne verni, je comprends que vous souhaitiez la garder comme trophée. Je suis à peu près aussi convaincu que vous que là-haut ils ne sauraient qu’en faire, alors qu’elle représente tant de choses.

Etais-je convaincu de mes paroles ? Sûrement, mais moins que de ma volonté à enterrer aussi profond que possible l’envie de rébellion de cette jeune femme. L’espoir n’a pas sa place dans le ciel. Rien ne vous sauve, rien ne vous épargne et je comptais bien lui faire comprendre aussi vite que possible. C’était le mieux à faire pour nous comme pour elle.

- C’est probablement la dernière survivante d’une tribu, continuai-je, d’un peuple qui n’arpentera plus jamais ce monde et dont elle aimerait peut-être qu’on garde la trace. Et de manière générale, elle représente une race humaine bientôt disparue, un empire qui s’étiole depuis des décennies et que seules nos propres divisions et failles ont pu sauver de l’extinction durant cette guerre. Gardez-la précieusement, capitaine. Le temps et l’oubli des êtres chers, qui leur est propre, la rendra sûrement plus docile dans quelques années.

Je me flanquais d’un rictus qui voulait en dire long, le plus possible. Faites les braves, les farouches, les indomptables si vous le voulez. L’armée se chargera d’épurer les éléments séditieux et je ne donne pas cher de la peau de cette demoiselle une fois que son protecteur ne sera plus là. Daënastre aurait sûrement remporté cette guerre sans des états d’âmes comme celui du capitaine, et nous serions sans doute en train de fêter le début d’un monde nouveau, pas de panser nos plaies, creuser les tombes de nos disparus par milliers comme les fondations des quartiers d’Alexandria ravagés par ces monstres. Nooman me regarda, sans avoir l’air de m’approuver ni me réprimander, il attendait probablement un ordre pour s’extirper de cette situation que j’avais, sans grands regrets, contribué à tendre. Mais d’un subtil geste de la mâchoire, je lui indiquais que non, il devait rester là. Après tout, il était aussi sous mes ordres pour apprendre. Voilà ta première leçon, Nooman : que tu sois haïs, pourvu que tu sois craint.

Aesa Ishara
Aesa Ishara
Dicton sur le Barkhorn : ne vous approchez pas du bord. [PV : Joachim et Aesa] Empty
Dicton sur le Barkhorn : ne vous approchez pas du bord. [PV : Joachim et Aesa] EmptyDim 23 Mai - 21:22
Irys : 199969
Profession : Chasseuse / Mercenaire
My'trän +2 ~ Kharaal Gazar
Evidemment, Aesa se doutait bien que cette odieuse technologiste sauterait sur l’occasion pour la rabaisser à nouveau. Il suffisait de voir comment son air suffisant s’était transformé en une grimace méprisante, faisant surgir une large veine saillante sur son front bien trop lisse. Cependant la mage allait avoir de grandes difficultés à garder son calme face aux propos que la commandante déblatérait avec une condescendance mêlée à un rictus sans conteste victorieux. Cette femme savait exactement quoi dire pour blesser la mage. La faire réagir était sans doute la seule chose qu’elle désirait obtenir de la kharaalienne… Mais la jeune femme ne pouvait pas rester sans réagir. Peut importe ce qu’il pourrait advenir d’elle, Aesa ne resterait pas des heures enfermée dans cette pièce à subir les brimades de cette sorcière.

« C’est vrai, je suis bien une rescapée. » Lâcha avec aigreur Aesa. « C’est l’une de vos machine volante qui a ravagé mon village. Dire que vous pleuriez quelques minutes plus tôt pour la perte de vos subordonnés alors que c’est vous-même qui avez creusé leur tombe en venant exterminer les miens. Nous ne vous avions rien fait, nous étions chez nous, et vous nous avez traité comme du bétail avarié. »

La colère était sous-jacente, tenue par le peu de volonté qu’il restait à la jeune femme. Comment cette femme pouvait-elle être aussi inhumaine ? Sous couvert d’être différente elle s’estimait non seulement supérieure mais pensait être la seule à avoir le droit de vivre ? Cette soit disant merveille de la nature placée au sommet de la chaine n’était qu’une sale gosse mal élevée, une petite prétentieuse incapable de vivre sans écraser les autres. Avait-elle seulement idée de ce que cela faisait de perdre des êtres chers ? De voir arriver l’enfer sans pouvoir prévenir qui que soit de son imminence ? D’en être réduite à l’impuissance et de ne pouvoir que ramasser les miettes d’une vie détruite ? Il était clair que non. Cette femme baignait dans un luxe tel qu’elle n’aurait qu’à chouiner pour qu’on vienne la cajoler. La commandante vivait dans un monde où elle n’avait qu’à claquer des doigts pour qu’on exécute ses ordres, un monde où elle pouvait se permettre d’ignorer la réalité existante pour les trois quart des habitants d’Irydaë.

« C’est ça votre évolution ? Vous vous considérée tellement comme une entité supérieure que en êtes arrivée à semer la mort comme si c’était aussi naturel que de respirer ? Ma race n’est pas différente de la votre. J’ai le même sang, les mêmes organes, le même esprit, le même besoin de me nourrir et la même volonté de vivre. La seule différence c’est que vous êtes un monstre. C’est vous qui avez provoquer toute cette violence. C’est vous qui avez poussé mon peuple à vouloir se venger. C’est vous qui avez permis à tant de gens de mourir. Et vous n’en avez putain de rien à foutre du malheur que vous avez causé ?! Tant que vous vous sentez supérieure et que vous pouvez rabaisser les autres lorsque qu’ils ne sont pas en position, tout va bien c’est ça ?! »

Contenu sponsorisé
Dicton sur le Barkhorn : ne vous approchez pas du bord. [PV : Joachim et Aesa] Empty
Dicton sur le Barkhorn : ne vous approchez pas du bord. [PV : Joachim et Aesa] Empty

Chroniques d'Irydaë :: Les terres d'Irydaë :: Daënastre :: Ünellia
 Sujets similaires
-
» Vous aimez les dragons vous ? [Terminé]
» Elvira Hartmann, commandant du Barkhorn.
» Joachim von Müncheberg
» Aesa Ishara
» Traces de sang [Kushi & Aesa]