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Chroniques d'Irydaë
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 Et les murs continuèrent de trembler dans la ville que l'on aime

Adam Vaughn
Adam Vaughn
Et les murs continuèrent de trembler dans la ville que l'on aime - Page 2 Empty
Et les murs continuèrent de trembler dans la ville que l'on aime - Page 2 EmptyJeu 29 Avr - 9:24
Irys : 848357
Profession : Ancien mineur / Soldat en armure assistée (Mai 933)
Daënar +2 ~ Änkar (homme)
Inconscient de la scène qui s’était passé avant son retour, le Lieutenant ne réagit que lorsque Blanche lui demanda ce qui n’allait pas. Il ne s’était même pas rendu compte que les nouvelles qu’il avait entendu au comptoir le turlupinaient au point de se voir sur son visage. Déposant les boissons, Adam s’assit face à sa compagne.
Il remarqua alors que son poignard avait bougé mais n’interrogea pas l’infirmière. Il se contenta de lever un sourcil interrogateur en rangeant son arme. Quelle qu’ait été sont utilité, Blanche n’avait l’air ni blessée, ni même plus perturbée qu’à son départ, il n’y avait donc peut-être rien de particulier à signaler.

« Le propriétaire est une vieille connaissance. Il m’a dit que la situation était vraiment explosive en ville, avec les même explications qu’Allan. »

L’ancien mineur jeta un œil dans la salle, et remarqua qu’il n’y avait pas que le jeune homme des fléchettes qui ne semblait pas dans l’ambiance des lieux. Dans chaque groupe, au moins une personne était plus sombre que les autres, les bienfaits habituels de ces soirées à la taverne n’agissant pas sur eux. Adam avait été si content de se retrouver ici qu’il n’y avait pas prêté attention. Il avait relâché sa vigilance. Après ce qu’il avait vu et entendu, il n’était plus question d’être insouciant.

Le militaire entama entama sa bière en quelques grandes goulées. Les arômes épicés et fumés qui s’en dégageaient étaient typique des bières montagnardes du coin. Elle n’en était que peu amère pourtant et pouvait parfaitement convenir aux dames. La bière d’Ankar était quelque peu différente, il était heureux de retrouver ce goût d’antan sur ses papilles.
Au moment où il posa sa pinte, les plats arrivèrent devant eux.

« C’est une spécialité de la ville. La viande est cuite plusieurs heures dans une sauce aux herbes sauvages, on rajoute les pomme de terre, les petites carottes et les champignons sauvages environ une heure avant la fin de la cuisson pour qu’ils prennent aussi le goût, sans être trop cuits. C’est délicieux ! »

Il n’était pas très objectif sur la question, ce qui ne l’empêcha pas de plonger sa fourchette dans le plat alors que son estomac émettait un bruyant gargouillement. La délicieuse odeur qui se dégageait avait réveillé son appétit. Lionel connaissant le bonhomme, il lui avait fait servir une double portion, qui serait mangée entièrement sans problèmes.
Un grognement appréciateur sorti de sa gorge alors que avalait les premières bouchées.

« Auchi bon que dans mon chouvenir... »

L’heure n’était plus à la discussion à la tablée, mais au contentement des estomacs. Mangeant et buvant par alternance, le soldat finit rapidement son assiette, sans oublier de la nettoyer consciencieusement avec du pain. Il se laissa aller contre le dossier de sa chaise, repu de corps et d’esprit, et laissa son regard errer sur la salle pendant que l’infirmière continuait son repas.

« Alors ? »

Alors qu’il posait cette question, il remarqua qu’un groupe de jeunes s’était rapproché des hommes près du comptoir, et ils arboraient tous un visage militant. Adam surveilla du coin de l’oeil ce rassemblement, qui arrivait relativement tôt dans la soirée. Habituellement, il fallait attendre que les clients soient tous passablement détendus pour se mêler, et ce n’était pas le cas ici. La plupart avaient encore l’oeil vif.
Le militaire chercha du regard le propriétaire du « p’tit mineur » pour prendre la température. Celui-ci était tout aussi attentif qu’Adam. Pas bon signe…
Tout en surveillant toujours le reste de la taverne, il s’adressa à son invitée.

« Blanche, ça risque de bouger et pas comme je le pensais. Comme on est étrangers à la situation, il faut essayer de ne pas intervenir, ça pourrait se retourner contre nous. Le mieux serait de partir dès que possible, en faisant attention à ce que ça paraisse pas suspect. »

Même seul, le Lieutenant aurait été sur ses gardes aussi. Si toutes ces personnes promptes à se venger apprenaient qu’il était un toutou de l’armée, comme l’avait appelé Allan, il serait leur première cible. Ils ne feraient pas de distinction entre lui et sa compagne, qui subirait alors le même sort que lui. Jamais il n’aurait pensé que la ville était à ce point en ébullition. Pas étonnant qu’Allan ait été prêt à se sacrifier, tout comme ses autres camarades.

Sanaë Eshfeld
Sanaë Eshfeld
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Et les murs continuèrent de trembler dans la ville que l'on aime - Page 2 EmptyMar 4 Mai - 11:23
Irys : 743374
Profession : Amnésique attachante
Daënar +2 ~ Skingrad (femme)
Pour une raison que j'ignore, ma question sembla le surprendre. Peut-être ne s'était-il pas aperçu que son trouble se voyait ou alors pensait-il que je ne me préoccupais pas de ses émotions, du moins pas au point de l'interroger sur la question. Ou alors me trouvait-il seulement trop curieuse ou simplement sans gêne. Allez savoir. Quoiqu'il en soit, le militaire ne tarda pas à m'exposer les raisons de son trouble, m'apprenant ainsi que le tenancier lui avait confirmé que la ville était effectivement sous tension ce qui laissait présager que la situation pouvait de nouveau dégénérer et ce, à tout moment. Sans même m'en rendre compte, je me mis à imiter le lieutenant et observais la salle à mon tour. Et, en y regardant de plus près, ce que je n'avais pas fait en arrivant, il était aisé de deviner tout cela en observant les personnes se trouvant ici. Parmi les joyeux fêtards venus célébrer leur fin de journée, certains avaient l'air ailleurs et semblaient perdus tandis que dans les yeux des autres brillait une lueur évoquant une certaine colère encore latente.

-Oh... soupirais-je simplement avant de baisser la tête pour observer la boisson que le lieutenant venait de poser en face de moi.

Je ne pouvais m'empêcher de penser à cet homme, Allan. Je me remémorais ses paroles avant que ce soit le poids de son corps, lorsque celui-ci s'écroula sur le sol, qui ne me revienne en mémoire. Aussi, comment ne pas m'interroger sur le nombre de personnes qui allaient encore mourir dans les prochains jours, les prochains mois ou les prochaines années, dans les mêmes circonstances que lui comme dans les mines ? Avais-je seulement le droit de m'amuser en profitant d'un bon repas après ça ? Je culpabilisais tant et si bien que je n'osais pas goûter la boisson contenue dans le verre posé entre mes deux mains. Je levais mon œil en direction du militaire qui engloutissait pratiquement sa bière sans réel engouement. Je voyais qu'il y prenait un certain plaisir mais celui-ci me paraissait terni par une pointe d'amertume venant du contexte dans lequel nous nous trouvions. Les plats arrivèrent quand l'homme délaissa sa chope après quelques goulées sans que je n'ai encore goûté à la mienne. Une douce odeur d'herbes et de viande vint alors me chatouiller les narines tandis que mon compagnon me décrivit le contenu du plat.  Après m'être presque exclusivement nourrie de brioches pendant des jours, mon estomac semblait vouloir manifester son désir de goûter à un vrai repas de façon plutôt bruyante. Je l'observais manger un instant tout en affichant un sourire amusé. L'on peut dire que le militaire ne manquait nullement d'appétit et le tenancier devait visiblement le savoir vu la taille de son assiette.

Voir quelqu'un manger avec un tel entrain ne peut que vous encourager à faire de même. Aussi c'est sans aucune crainte que je plongeais ma fourchette dans l'assiette devant moi pour goûter ce fameux ragoût au parfum si appétissant.

-Ché délichieux, lui répondis-je la bouche pleine avant que mon attention soit détournée par l'arrivée d'un groupe. Qui sont-ils ? lui demandais-je en chuchotant, voyant que lieutenant affichait un certain malaise.

L'avertissement du militaire éveilla ma propre inquiétude. Je ne savais pas qui étaient ces gens mais je supposais qu'il s'agissait là de rebelles venus prendre un repas… Non, ils n'étaient pas là pour manger, mais pour toute autre chose. Et, comme pour prouver mon hypothèse l'un d'eux, un homme à la carrure aussi impressionnante que le lieutenant se tourna face à la clientèle. L'on pouvait aisément lire les années de dur labeur sur son visage taillés par la rudesse de son existence. Il paraissait plus âgé qu'il ne devait l'être réellement puisqu'il se tenait encore bien droit malgré ses cheveux et sa barbe épaisse arborant un dégradé poivre et sel.

-Ah, mes amis. Comment allez-vous en cette splendide soirée ? lança-t-il d'un ton faussement enjoué.La bière de ce cher Lionel est-elle bonne ?

-Euh… Oui... rétorqua d'une voix tremblante l'un des jeunes joueurs de fléchettes que le barbu faisait mine de regarder.

-L'est-elle assez pour vous permettre d'oublier votre vie de chien ?

-Non, Barrett, elle ne l'est pas...

- Évidemment qu'elle ne l'est pas ! Même la meilleure binouse de ce monde ne suffirait pas à améliorer notre misérable existence. Tout le monde se fiche que nous nous crevons à la tâche dans ces mines sombres et si exploitées qu'il n'y a plus aucune galerie de sûre. On nous envoie mourir là dedans pour enrichir ceux qui sont déjà assis sur des montagnes d'Irys pendant que nous, pauvres idiots que nous sommes, nous crevons la dalle… Vous savez comment on a renommé nos mines ? Les usines à orphelins !  Combien d'entre vous ont perdu des parents, des frères, des amis dans ces foutus galeries, hein?! Combien ?!

Je n'osais compter les mains qui se levaient à son appel… Elles étaient trop nombreuses, beaucoup trop. Cette réponse sembla galvaniser le barbu qui se hissa sur le comptoir afin de surplomber l'assistance qui se leva pour l'imiter. Je lançais un regard inquiet au lieutenant… Devrions-nous partir maintenant ?

-Allan est mort aujourd'hui ! Ces chiens de l'armée l'ont abattu alors qu'il tentait de négocier avec eux. On a perdu plusieurs camarades aujourd'hui et nous ne sommes toujours pas entendus… Vous savez pourquoi ? Parce que nous ne sommes pas assez nombreux pour que notre voix soit assez forte. Nous sommes tous concernés par cette situation parce que si nous ne sommes pas dans les mines, nous avons tous des proches enfermés dedans. Tous sont en danger ! Alors… Je vous le dis, aujourd'hui, nous avons besoin de vous. Nous avons besoin de tout le monde… Si on nous envoie ces foutus militaires pour mieux nous faire taire, pour mieux vous faire peur, nous devons créer notre propre armée… Rejoignez-nous ! Ensemble, nous pourrons reprendre notre ville, nous pourrons reprendre notre vie et enfin pouvoir garantir un avenir à nos familles, à nos enfants !  

Adam Vaughn
Adam Vaughn
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Et les murs continuèrent de trembler dans la ville que l'on aime - Page 2 EmptyJeu 6 Mai - 11:32
Irys : 848357
Profession : Ancien mineur / Soldat en armure assistée (Mai 933)
Daënar +2 ~ Änkar (homme)
Le Lieutenant ne connaissait pas l’homme qui s’était adressé à l’assemblée. Ce Barrett n’était pas jeune et son physique laissait penser qu’il était un mineur depuis de nombreuses années. Pourtant il parlait bien, très bien même, beaucoup mieux que la majorité des gens qu’il côtoyait au fond des galeries. Son auditoire avait été captivé, surtout que beaucoup semblaient le connaître ici.
Voir toutes ces mains se lever à l’évocation des proches décédés à cause des mines ne l’étonnait pas vraiment, mais ça faisait quelque chose. Surtout que lui-même était concerné et qu’il connaissait le sentiment de rage et d’impuissance que ça laissait.
Travailler pour survivre, avec la mort au-dessus de la tête toute la journée ou toute la nuit. En même temps une fois dans un tunnel, les heures et les jours n’avaient plus d’importance...Les jours et les années pouvaient passer dans un abrutissement total, sans aucune reconnaissance au bout.

En balayant l’assistance, Adam remarqua qu’une femme s’était déplacée et qu’elle lui faisait face. Dana, la fille d’Allan, se tenait désormais à côté de Barrett. Non seulement il la voyait, maintenant qu’elle s’était approché du leader, mais en plus elle regardait désormais dans sa direction. Au même moment où il l’avait reconnu, elle en avait de même. Elle murmura quelque chose à l’oreille du leader et celui-ci lorgna dans sa direction. Nul doutes qu’elle l’avait démasqué et n’avait pas manqué de se faire remarquer en le dénonçant au plus puissant des hommes présents.

« En parlant de chien de l’armée, il paraît que nous en avons un ici ce soir. Ton établissement devient mal fréquenté Lionel. »

La jeune femme se dirigea vers le militaire en question, roulant des hanches d’une démarche féline, et tout le monde suivait le mouvement de la tête. Une voix mielleuse s’adressa aux deux visiteurs.

« Adam...On ne te vois pas pendant des années, et tu tu pointes là avec ta greluche, le jour où mon père est tué…. »

Elle détailla les deux visiteurs avec un sourire mauvais.

« Remarques deux éclopés ensemble, vous êtes assortis... »

Qu’elle l’insulte lui, ça lui passait au-dessus, mais qu’elle s’en prenne à la si dévouée Blanche ne lui plaisait pas. Pas du tout même. Les doigts métalliques d’Adam tapotèrent la table de bois, montrant l’agacement qui commençait à le gagner.

« Dana, toujours aussi aimable et altruiste...surtout envers une infirmière qui a soignée plusieurs d’entre vous. Je vois que tu réfléchis toujours autant qu’un âne avant de parler. »

Le visage de la femme se déforma, montrant la colère qu’elle avait en elle, mais aussi la laideur intérieure du personnage. Elle avait toujours voulu se faire remarquer plus que les autres, et était d’une jalousie maladive envers quiconque lui volait la vedette. Alors qu’Adam n’ait pas cédé à ses avance et qu’il se pointe avec une autre femme ici, ça devait la démanger. Le regard assassin qu’elle leur lança à tous les deux le prouva.

« Que s’est-il passé aujourd’hui ?! Qui a tué mon père ?! »

Inutile de nier son implication, Dana avait fait le lien. Le militaire avait donné son nom au rebelles mais ça ne semblait pas avoir encore fuité, heureusement pour lui. Si les gens autour de la table savaient qu’il avait fait ordonner de tuer Allan, ils ne chercheraient pas à savoir le pourquoi du comment et s’en prendraient à eux deux.

« Et qu’est-ce que tu va faire après ? Aller tuer tous les gens impliqués ? »


« Parles ! »

« Vos amis auraient tous pu mourir !! C’était du suicide cette opération ! »

Son poing métallique frappa la table en même temps, faisant bruyamment sauter la vaisselle qui se trouvait dessus. Adam était cependant tellement excédé de leur inconscience qu’il n’en avait même pas tenu compte. Aucun d’entre eux ne se rendait compte à quoi il s’exposait si ils s’entêtait à suivre le même chemin encore et encore. Le passé ne leur servait aucunement de leçon et Adam rageait de savoir comment tout cela allait finir.

« Nom d’un chien ! Depuis quand ce type d’opération réussit hein ?! Bon sang ! Ca ne leur fait ni chaud ni froid que vous mourriez, vous avez pas compris ça encore ?! »

Son éclat avait fait peur à plusieurs spectateurs mais Adam ne s’en aperçu pas. Il se releva pour se mettre à la même hauteur que Barrett, n’ayant pas l’habitude de se rabaisser devant l’adversité.

« Et toi tu veux les pousser encore à ce carnage ? La guerre ne vous a pas suffit ?! C’est pas comme ça que vous vous ferez entendre ! »

« On a pas de leçon à recevoir d’un roquet ! »


Dana avait crié ses derniers mots en même temps qu’elle lançait une gifle sur la joue gauche de son ancien ami. Celui-ci aurait droit à une belle trace pendant plusieurs jours...Si l’air n’était pas aussi remplit de tensions, des rires auraient certainement fusé, alors que le Lieutenant sentait sa joue meurtrie le lancer. La garce n’avait pas retenu ses forces.

« Donnes-nous ce foutu nom, sort d’ici et ne revient jamais à Rocéas ! »

Le Lieutenant se redressa et croisa les bras tout en toisant la salle, sa position dénotant sans équivoque son statut d’homme d’armes, et qui avait appris à se faire obéir. La gifle l’avait calmé et il arborait la même attitude que lors d’une opération. C’est avec des yeux acérés qu’il regarda à nouveau Dana, et s’adressa à elle d’un ton grave et la voix basse.

« Depuis quand tu parles au nom de tous ces gens ? Toi qui n’a jamais mis les pieds sous terre... »

Sans demander son reste, il repoussa légèrement l’importune et s’avança vers Barrett d’un pas sûr.

« Tu m’as l’air d’un homme expérimenté et réfléchit, alors avant d’entraîner tous ces gens vers la mort ou pire, penses bien à tous ces visages, à leurs familles. Ils sont désormais ta responsabilité et quoi qu’il se passe, tu portera les conséquences de tes choix jusqu’à la fin de ta vie. »

Pas une once d’hésitation ne l’avait traversé alors qu’il assénait cette vérité au leader du mouvement de contestation. Il était bien placé pour savoir ce que ça faisait lorsqu’on était hanté par des fantômes...

« Il y a des moyens plus efficaces de lutter que de continuer à faire ce qui a été fait pendant des années et qui n’a jamais marché. »

Restait à espérer que son vis-à-vis soit aussi intelligent qu’il le laissait entendre.

L'Inconnu
L'Inconnu
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Et les murs continuèrent de trembler dans la ville que l'on aime - Page 2 EmptyLun 10 Mai - 10:59
Irys : 4999
Ce qui avait commencé comme une banale soirée de recrutement s'était vu assombri par la présence d'un chien de l'armée. Que faisait-il ici ce grand gaillard ? Allait-il essayer de doucher l'enthousiasme qu'il essayait de faire grandir à l'encontre de ceux qui les exploitaient ? La personne qui avait dénoncé l'importun, et qui semblait le connaître, n'était autre que la fille d'Allan. Elle se déhancha vers celui qu'elle avait désigné comme « le roquet », sans doute avaient-ils été proches à une époque. Il était surprenant que le caractère de tête de lard d'Allan se soit transmis à sa fille, mais « les chiens ne font pas des chats » disait le proverbe. En revanche, le comportement de la jeune Dana le gênait, elle qui semblait vouloir profiter de la notoriété subite de sa famille suite au sacrifice de son père. Le fait qu'il soit parti faire cette prise d'otage malgré les rappels à l'ordre de Barett, et qu'il ai sacrifié ses hommes dans un acte aussi inutile, n'enlevait rien à la portée de son geste : il était devenu en un clin d’œil, un véritable martyr aux yeux des mineurs de la ville, et il n'était pas fou au point de se passer du symbole que représentait la mort de la figure la plus en vue des puits du sud. Pour l'heure, Barett laissait la jeune femme exprimer son ressenti à l'encontre de celui qu'elle désignait comme responsable. Se serait-il interposé qu'elle n'en aurait pas moins continué sa diatribe, se soulageant de sa peine sur l'exutoire que représentait l'homme à ces yeux. L'ancien contremaître, lui, songeait en silence à la façon de tourner la situation à son avantage, en laissant la jeune femme se ridiculiser face à plus réfléchit qu'elle. Les bras croisés, il faisait mine d'attendre que se dénoue la situation en face de lui, impassible aux élans du militaire. En revanche, la gifle que donna Dana au militaire le fit froncer les sourcils. En cherchant la confrontation, elle jouait gros, pour elle mais aussi, et surtout, pour eux. Mais il ne réagit pas. Elle qui croyait parler en leur nom devait se rendre compte que si elle continuait, elle n'aurait pas son soutien. Et de toute façon, le militaire la remis bien joliment à sa place, en d'autre temps, Barett aurait applaudi.

Mais l'heure n'était pas à la rigolade, et le militaire se dirigeai d'un pas décidé vers lui, le sourcil froncé.

« Tu m’as l’air d’un homme expérimenté et réfléchit, alors avant d’entraîner tous ces gens vers la mort ou pire, penses bien à tous ces visages, à leurs familles. Ils sont désormais ta responsabilité et quoi qu’il se passe, tu portera les conséquences de tes choix jusqu’à la fin de ta vie. Il y a des moyens plus efficaces de lutter que de continuer à faire ce qui a été fait pendant des années et qui n’a jamais marché. »

Barett toisa le militaire. Il en avait peut-être bavé au front, mais ici, il n'était rien de plus qu'un chien, le fidèle toutou avec un beau collier et une laisse.

« Combien de temps que tu es parti, gamin ? Combien de temps que tu n'es pas revenu ? Tu crois que ces gens ne sont pas conscients des risques qu'ils encourent en me suivant ? Tu crois que ceux qui me suivent le feraient si tout allait bien, si même leurs familles ne risquaient rien ? Les gens sont désespérés, gamin, je crois que tu ne t'en es pas encore rendu compte... Par exemple, l'idée de la prise d'otage, c'est Allan qui l'a eue, j'ai essayé de l'en dissuader, mais cette tête de lard n'a rien voulu entendre et il est parti. Laisse moi te dire un truc : on sait bien que c'est pas comme ça qu'on les fera fléchir !! Et Allan nous l'a prouvé : le message est-il arrivé ? Non !! Et notre mouvement a perdu une de ses voix et tout les cœurs qui la suivaient pleurent ce soir. »

Il posa un doigt sur le cœur du militaire. Pas menaçant, juste l'attitude d'un aîné faisant la morale à un jeune un peu trop espiègle.

« Mais quels choix avons nous ? Crever au fond d'un puits pour le compte des engraissés du dessus, ou crever au bout de vos fusils parce que nous faisons la grève... Crever dans un effondrement parce que l'argent destiné aux étais a été utilisé pour payer les bijoux de la maîtresse d'un de ces gros lards, ou se faire planter par vos baïonnettes pour avoir osé réclamer d'avantage de sécurité au fond des puits... en ce moment, gamin, c'est les seuls choix qui nous restent... et j'te parle même pas du scandale quand on a demandé de repasser au rythme d'avant guerre... »

Barett se souvenait encore de la ligne de soldat qui avait ouvert le feu pour mâter la manifestation. Certains de ces soldats pleuraient, d'autres fermaient les yeux, d'autres les gardaient ouverts et faisaient juste ce qu'on leur ordonnait. Des citoyens d'un pays contraints de tirer sur leurs frères, des hommes comme eux, voilà ce qu'il avait vu, là ou d'autres avaient vu la totale soumission de ceux sensé les protéger à ceux qui les opprimaient. Il essayait de calmer le jeu, de temporiser en orientant les actions vers d'autres directions, mais les actions comme aujourd'hui ne faisaient qu'exacerber la rancœur des mineurs contre l'armée, qu'ils finissaient par mettre dans le même panier que leurs patrons. Mais la leçon de Barett n'était pas finie. Il passa le bras sur l'épaule du militaire et attira sa tête vers la sienne, avant de dire, en parlant très bas :

« Tu sais quoi, gamin ? Ça va sans doute te paraître étrange mais dis toi que pour le moment, je suis le seul qui empêche que la situation n'explose. Et puis... j'ai l'impression que quelqu'un, en haut, essaie de nous pousser les uns contre les autres, armée contre mineurs. On reçoit des informations anonymes sur vos équipements, vos patrouilles, vos effectifs... on a pas les noms des soldats, mais on a déjà les noms des unités. Seulement exploiter ces informations, c'est comme jouer aux dés, on sait jamais si on va toucher le jackpot, ou si on va se faire avoir... ça encore, c'est pas trop grave, mais poses-toi la question : les infos nous arrivent et parfois c'est un piège... comment ça se fait, s'ils savent comment nous faire parvenir les infos, qu'ils n'ont pas déjà essayé de tous nous chopper ou nous tuer avant que ça chauffe trop ? »

Après avoir asséné cette dernière vérité, il relâcha son étreinte sur les épaules du militaire et fit signe à ses sbires de sortir. Il poussa Dana vers la sortie, en se promettant de, lui aussi, la remettre à sa place. Une fois tout ses sbires sortis, il se retourna vers le militaire.

« On aura sans doute l'occasion de recauser, toi et moi, gamin... Lionel, leurs consommations sont pour moi, et mets donc une tournée générale sur mon ardoise en plus ! »

Adam Vaughn
Adam Vaughn
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Et les murs continuèrent de trembler dans la ville que l'on aime - Page 2 EmptyJeu 13 Mai - 13:18
Irys : 848357
Profession : Ancien mineur / Soldat en armure assistée (Mai 933)
Daënar +2 ~ Änkar (homme)
Barett ne s’en laissa pas compter et se positionna en égal voire supérieur d’Adam. C’est sûr que dans la taverne, il était plus haut placé que lui. Même si tous n’étaient pas encore ralliés à sa cause, les hommes présents le respectaient. Tout du moins ils l’écoutaient, ce qui revenait au même ici. Le Lieutenant ne connaissaient pas beaucoup de personnes qui pouvaient se targuer de la même chose dans ce milieu.
C’est sûr que l’allure du leader et sa carrure en imposaient, il avait un certain charisme, parlait bien et savait utiliser la cervelle qui logeait dans sa boîte crânienne. C’était aussi un fervent défenseur de sa cause.
Avait-il lui-même été touché par des accidents ? Lorsqu’il avait demandé combien de personne avait un proche qui avait périt dans les mines, ce n’était sans doutes pas anodin.

En tous cas certaines révélation laissèrent Adam pensif. Comme celle d’Allan qui avait fait cavalier seul. Connaissant le caractère du personnage, ce n’était pas étonnant. Et Barett n’avait pas l’air d’accord avec la décision qu’avait prise son ex-associé. C’était rassurant de savoir que cet homme était censé et qu’il comprenait que les actions de force étaient inutile en tant que telles.
Ce qui était le plus révélateur était l’information de la trahison dans les rang de l’armé. Cela fit froncer les sourcils du militaire. Lui-même soupçonnant de graves dysfonctionnement avec au moins un membre d’officier, en la personne du Capitaine Braus. Il ne devait pas être le seul à la vue de ce que lui était énuméré.  Adam serra les poings de rage. Ces pourris n’en avaient rien à faire ni des mineurs ni de leur propres soldats qui mourraient ou étaient blessé pour leur égoïsme. Quant lui-même avait subit cette injustice, cela ne pouvait que lui laisser un goût amer.

Profitant de la porte de sortir que lui offrait le chef rebelle, Adam revint vers Blanche en tentant de retrouver un semblant de calme et lui glissa quelques mots à voix basse :

« Venez Blanche. Profitons-en pour partir avant que ça ne dégénère pour nous »

Certes Barett avait permis de calmer la tension qu’avait installé Dana, le militaire ne donnait pourtant pas cher de sa peau si une nouvelle étincelle s’allumait. Il s’assura que sa compagne sorte en premier, assurant ses arrière en cas de problème.

Une fois dehors, et quelques dizaines de mètres entre la taverne et eux, le Lieutenant relâcha son souffle.

« Désolé pour le spectacle. Je n’avais aucune idée que ça se passerait comme ça... »

Adam soupira fortement en regardant la voûte céleste, dont les étoiles brillaient fortement ce soir. Quelques nuages seulement venaient couper le spectacle. Le militaire se souvint que Dana était sortie peu avant eux et il l’avait vue prendre la direction opposée à la leur. Mieux ne valait pas traîner au cas où cette vipère décidait de revenir cracher leur poison sur eux.

« Je vous raccompagne, je pense qu’on a eu notre quota d’action pour la journée. »

C’était vrai pour lui, ça devait l’air d’autant plus pour l’infirmière. Une fois suffisamment éloigné, il lui fit tout de même le récit de ce que le chef révolutionnaire local lui avait confessé à voix basse. Il la laissa digéré, lui aussi en avait besoin. En reparler avait ravivé la flamme de colère qui avait brûlé en lui plus tôt.

« Ces chiens n’ont aucune respect de la vie ! »


Le poing d’Adam alla cogner un mur proche en lâchant un bref grognement de frustration. Il répéta l’opération trois autres fois, devant faire évacuer le trop plein. Malheureusement, même le sang qui commençait à s’échapper de son poing ne réussit pas à le soulager. Avec la fatigue qui lui tombait dessus, c’est l’abattement et un sentiment d’impuissance qui le prirent à la gorge.

« On n’est même pas des insectes à leurs yeux…Barett a raison, il ne s’intéressent qu’à leur propre vices... »

Ce n’était pas une nouveauté, mais il avait du faire tuer des gens désespéré pour sauver ses camarades, victimes de la machination de ces...Adam n’avait même plus de mot assez fort pour les désigner.

« Ca devient trop dangereux Blanche, il en va de votre vie. Je pense qu’il vaut mieux que vous ne continuiez pas avec moi.  »

Hors de question que l’infirmière s’engage là-dedans. Si il lui arrivait quelque chose, il s’en voudrait atrocement de l’avoir engrainé dans ce bourbier, où trop d’innocents avaient déjà perdus la vie. Pourtant il avait ressenti un certain soulagement de savoir qu’il ne serait pas seul pour aider ces pauvres gens. Il ne pouvait entraîner aucun de ses hommes, pas quand on parlait de corruption dans leurs gradés, et aucune de ses anciennes connaissance ne devait plus lui faire confiance après toutes ses années et surtout son enrôlement. Barett pouvait être son allié provisoire, il n'avait pourtant pas confiance en lui. Par pour le moment en tous cas.
L’homme ne souhaitait pas continuer seul, il ne pouvait pourtant pas mettre sciemment l’infirmière en danger. Des gens avaient besoin d’elle, alors que lui n’avait personne qui l’attendait, il pouvait assumer toutes les conséquences de ses actes.

Sanaë Eshfeld
Sanaë Eshfeld
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Et les murs continuèrent de trembler dans la ville que l'on aime - Page 2 EmptyMar 25 Mai - 9:26
Irys : 743374
Profession : Amnésique attachante
Daënar +2 ~ Skingrad (femme)
Tout le long, j'étais restée silencieuse. Si le lieutenant se jugeait étranger à la situation je ne l'étais que plus encore. J'observais donc la scène d'un regard compatissant mais néanmoins perplexe. Je n'étais pas sûre de tout comprendre, mais , à l'évidence, ces gens-là avaient cruellement besoin d'aide. Oh, je n'évoque pas ici les rebelles et encore moins cette jeune femme vulgaire que je trouvais beaucoup trop agressive pour une jeune orpheline. Non, je parle, bien sûr, de toutes ces âmes perdues et harassées par trop de travail dans des conditions que l'on peut qualifier sans aucune honte d'inhumaines.

Je restais donc dans mon coin veillant à me faire aussi discrète que possible, attendant simplement que l'on nous offre enfin l'opportunité de quitter les lieux. Je notais que le fameux Barett se montrait amical envers le lieutenant, même s'il ne semblait pas le connaître. Tant mieux. Je ne tenais pas à voir la situation dégénérer bêtement. Ce n'était pas le lieu pour cela. Ces personnes avaient toutes les raisons du monde d'être en colère… mais je savais également que la colère était une bien mauvaise conseillère. Ainsi, dès que le moment s'y prêta, le militaire et moi quittâmes la taverne. L'air s'était encore rafraîchi depuis notre arrivée, si bien que je grelottais sous mon manteau tout en suivant mon guide qui disait vouloir me raccompagner.

Sa colère… je ne pouvais que la percevoir tant elle semblait palpable. Même à travers son manteau je pouvais voir ses membres se raidir, ses muscles se contracter ou son dos trembler légèrement en essayant de la contenir. Ce qu'il ne fit pas bien longtemps, d'ailleurs, puisque son poing finit par rencontrer violemment un mur à plusieurs reprise, laissant une petite marque ensanglantée après son passage. Ce n'était pas le premier homme que je voyais réagir ainsi si bien que je me demandais si ce geste aussi inutile que douloureux n'était pas une réaction typiquement masculine.

-Est-ce une raison valable de vous mutiler la main de la sorte, lieutenant ? lui demandais-je en haussant un sourcil perplexe. À mes yeux ce n'est ni une raison, ni la solution… En revanche, votre main nécessite quelques soins à présent.

Ce qu'il dit ensuite ne put que m'arracher un long soupir empreint de ma lassitude et de ma propre contrariété, même si celle-ci était bien moins visible que la sienne.

- C'est dangereux, certes… Et alors ? Qu'ai-je donc à perdre ? Ma vie ? Elle vaut beaucoup moins que celle de ces gens. Je n'ai pas d'amis, aucune famille et je ne me souviens même pas de mon vrai nom…

Je croisais les bras tout en essayant d'afficher une mine volontaire et aussi affirmée que possible. Peu de gens me prenaient au sérieux, ne voyant en moi qu'une personne faible et aussi fragile qu'une brindille. Pourtant, d'après les médecins qui m'avaient prise en charge à mon arrivée au QG, j'étais la seule rescapée d'un massacre. Alors, certes, ce drame m'avait arraché deux ou trois choses, un œil comme ma mémoire, mais je n'en étais pas moins vivante.

- Vous croyez vraiment que l'on se débarrasse de moi aussi facilement ? Évidemment, je ne suis pas certaine d'être particulièrement utile dans cette affaire. Mais je peux au moins essayer de sauver les murs de cette ville… À ce rythme, ils seront tous tachés de votre sang… Et puis votre main risque de s'infecter à force de taper dessus… surtout sur ceux se trouvant si proches d'une taverne… Vous êtes pourtant soldat… N'avez-vous jamais assisté ou participé à un concours d'à "celui qui pissera le plus haut" ?


J'essayais d'user d'humour tout en sachant que cela n'avait jamais été mon fort. Néanmoins, l'homme devant moi me faisait penser à un obus prêt à exploser à tout moment… Il avait forcément besoin de redescendre, personne ne pouvait résister à tant de pression.

-Ne vous inquiétez pas pour ma sécurité, lieutenant… Laissez-moi me rendre utile, ne serait-ce que pour vous soutenir… Vous êtes beaucoup trop impliqué dans cette affaire…

Naturellement, je vins me saisir de sa main ensanglantée autant pour lui assurer ma présence que pour vérifier les plaies qu'il s'était lui-même infligées.

-Mieux vaudrait nettoyer et bander, ceci, sinon demain vous vous réveillerez avec les draps collés sur une croûte pleine de pus… Vous pouvez me croire, c'est loin d'être agréable… Laissez-moi me charger de cela. La pension n'est pas loin et je dois avoir de quoi m'occuper de votre blessure.

Adam Vaughn
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Et les murs continuèrent de trembler dans la ville que l'on aime - Page 2 EmptyVen 4 Juin - 9:51
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Profession : Ancien mineur / Soldat en armure assistée (Mai 933)
Daënar +2 ~ Änkar (homme)
L’infirmière le surprenait. Le militaire qu’il était avait pour habitude de voir la plupart des civils comme des victimes potentielles. Ils étaient le troupeau et lui le chien berger.
La posture de sa compagne était pourtant loin d’être celle d’un animal sans défense. Elle lui rappelait plutôt celle d’une mère prête à gronder ses enfants. Et comme Blanche ne semblait pas vraiment apprécier la proposition d’Adam, il n’était peut-être pas si loin de la vérité.

La main de Blanche sur la sienne était légère, et son toucher délicat. Sa manière experte de regarder sa blessure, rappela à Adam qu’elle aussi avait vécu la guerre. Elle avait pris en main la situation des blessé et dirigé seule les opérations de la petite équipe médicale. Elle n’avait pas paniqué, même lorsque sa vie avait été menacée. Ce n’est qu’après coup qu’elle avait laissé ses émotions exploser.

Il soupira, le calme et le geste de Blanche ayant apaisé quelque peu sa colère. Elle était pourtant encore là, lui envoyant des vagues de fureur. Il tenta de la canaliser pour ne pas faire peur à sa compagne. Sa voix était rauque quand il laissa échapper entre quelques mots entre ses mâchoires serrées :

« J’espère que vous vous rendez vraiment compte dans quoi vous vous engagez…. »


Même si elle avait connu la guerre, il était peu probable que depuis son réveil elle se soit frottée à la politique, et tout ce qui en découlait. Adam, lui, avait plusieurs fois pu goûter ce que ça pouvait engendrer.
Elle était décidée, soit. Il y aurait quelques règles à respecter. Celles qu’il avait du appliquer à l’armée et que les civils ne connaissaient pas toujours, prenant cela pour du simple autoritarisme.
Le Lieutenant se força à détendre ses muscles.

« Je veux que vous me promettiez quelque chose. Si je vous demande, à un moment ou un autre, de fuir ou de vous cacher, je veux que vous m’obéissiez sans poser de question. Il y a des situations où je risque de ne pas pouvoir vous protéger, et j’ai besoin de savoir que vous êtes en sécurité pour me concentrer sur le reste. »

Il n’était pas question qu’elle soit blessée alors qu’elle était sous sa responsabilité...

Le militaire reprit le chemin jusqu’à la pension de sa compagne. Son poing ne lui faisait pas vraiment mal. La douleur physique, il avait appris à la gérer. Il ne se voyait cependant pas refuser à la jeune femme de le soigner, elle semblait entêté à s’occuper de ça. Autant la laisser faire, surtout qu’ils pourraient discuter calmement de la soirée et de la suite.
La marche et le calme ambiant lui permirent de faire redescendre la pression peu à peu. Il se remémora alors certaines paroles que Blanche avait prononcées et qui ne lui plaisait pas. Il allait mettre un point d’honneur à rassurer ce petit bout de femme sur ce qu’elle valait.

« J’en ai croisé des pourritures dont la vie n’avait aucune valeur. Vous êtes loin de tout ça. Vu le nombre de vies que vous avez sauvé, la vôtre vaux même beaucoup plus. »


Au moment où il termina sa phrase, il arrivèrent à la pension. En tous cas l’adresse semblait correspondre. Il n’était pas si tard et les lumières étaient encore allumées.

« Est-ce qu’il y a une entrée indépendante pour votre logement ? Votre logeur risque de ne pas apprécier que vous rameniez un blessé ou un homme tout court, après être allé à la taverne. Certains sont un peu vieux jeu ici... »

Si il était resté à Rocéas, il aurait probablement fini par adopter aussi ce mode de pensé. Même si il ne se souvenait pas de ces dernières années, elles l’avaient changé. Il avait vu, apprit des choses qui lui avait ouvert l’esprit. C’est aussi pour ça qu’il ne pouvait pas adhérer aux méthodes de la rébellion. Il comprenait leurs revendications, mieux que quiconque. Il ne pouvait donc pas les laisser continuer à se faire tuer dans l’indifférence. Adam devait trouver un autre moyen.

Peut-être ce Barett était une piste valable. Une fois qu’ils seraient au chaud, il demanderait son avis à Blanche, qui avait assisté à la scène un peu plus en retrait. Elle aurait peut-être vu des choses qui lui avait échappé.

Sanaë Eshfeld
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Et les murs continuèrent de trembler dans la ville que l'on aime - Page 2 EmptyVen 4 Juin - 17:06
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Daënar +2 ~ Skingrad (femme)


« J’espère que vous vous rendez vraiment compte dans quoi vous vous engagez…. »

"Pas le moins du monde," songeais-je en souriant, consciente que je ne pouvais évidemment pas lui avouer cela à voix haute. Sans quoi, il refuserait forcément mon aide et je n'étais certainement pas prête à renoncer aussi facilement.

J'écoutais les recommandations du lieutenant sans rien dire même s'il m'était désagréable d'entendre le mot "obéir" dans sa phrase. Je comprenais que d'avoir un civil dans ses pattes ne devait pas être très rassurant. Après tout, j'étais bien incapable de me défendre et si la situation dégénérait, je serais forcément la première victime. Mais pour autant, avait-il vraiment besoin de se soucier de ma sécurité ?

-Je peux vous permettre de faire de mon mieux pour ne pas vous mettre dans l'embarras. Mais… je pris une profonde inspiration avant de poursuivre. Mais je préférerai que vous ne vous preoccupiez pas de moi. Vous n'avez pas à me protéger, je n'ai pas peur pour ma vie et c'est moi qui fait le choix de vous accompagner. Alors, ne vous souciez pas de moi, contentez vous de regarder droit devant. Je ne tiens pas à être un poids pour vous... "Mon sort n'a pas la moindre importance".

Je le pensais, sincèrement. Je me fichais bien de ce qui pouvait m'arriver. Qu'importe les conséquences, si je devais en mourir au moins aurais-je fait quelque chose de mon existence. Malgré tout, même si cela me déplaisait, les paroles du militaire me touchaient profondément. J'avais l'impression de compter pour quelqu'un, même un tout petit peu et cela me réchauffa le coeur… et les joues, qui, malgré le froid devaient prendre une teinte plus rosée qu'à l'accoutumée.

Je le suivis ensuite jusqu'à la maison qui serait mon domicile pendant quelque semaine,marchant légèrement en retrait pour le laisser respirer.


« J’en ai croisé des pourritures dont la vie n’avait aucune valeur. Vous êtes loin de tout ça. Vu le nombre de vies que vous avez sauvé, la vôtre vaux même beaucoup plus. »


"Pourquoi me dit-il cela ?" me demandais-je en observant son dos. Encore une fois, ses paroles vinrent m'assaillir en plein cœur, chaleureusement, douloureusement. Une sensation étrange et assez désagréable vint m'étreindre, quelque chose ressemblant à de la panique. Mon cœur cognait fort dans ma poitrine, me donnant presque l'envie de mesurer mon poul. J'avais également un peu plus chaud, comme si j'étais en train de préparer un rhume ou bien une grippe… Mais je ne pouvais rien de tel, évidemment… Néanmoins, je fus surprise de constater que de simples mots pouvaient avoir un tel effet sur un organisme… Plus particulièrement le mien. Je me sentais malgré tout un peu honteuse de ressentir de telles choses et ma gêne ne devait certainement pas passer inaperçu…

Heureusement pour moi, nous ne tardâmes pas à voir le bâtiment coloré se dresser devant nous.

« Est-ce qu’il y a une entrée indépendante pour votre logement ? Votre logeur risque de ne pas apprécier que vous rameniez un blessé ou un homme tout court, après être allé à la taverne. Certains sont un peu vieux jeu ici... »

-Pourquoi cela ? demandais-je, surprise avant de réellement comprendre ce qu'il voulait dire par là. Oh ! Oui, vous avez certainement raison. Je n'y avais pas pensé… Les hommes sont interdits chez Madame Mannott, j'avais complétement oublié…

Au fond, je me fichais bien de ce que pouvait penser ma logeuse, mais je ne pouvais pas non plus me permettre de me faire mettre à la porte pour ce genre de bêtise… Néanmoins, il faisait nuit, froid et je me voyais mal nettoyer sa plaie dans la pénombre où il me serait impossible de retirer tous les minuscules débris dans sa chair. Alors, que faire ?Comment ? Je pris quelques secondes pour réfléchir à une solution et, très vite, probablement même trop vite pour être une bonne idée, ce fut un plan qui se profila dans mon esprit.

-Tant pis… Je suis navrée de vous demander cela… Je ne vous l'imposerai pas d'ailleurs… même si votre main nécessite réellement des soins… Mais est-ce que vous pouvez être discret ? Je veux dire… Avec votre carrure... bredouillai-je en le désignant dans son ensemble du bout du doigt. Ma logeuse a les hommes en horreur… Mais je peux essayer de la distraire le temps que vous montiez à l'étage … Ma chambre se trouve juste en face de l'escalier… Je vais la faire sortir de la maison, vous n'aurez qu'à entrer… en attendant, cachez vous là...

Je désignais un tas de caisses en bois, vestige probable de la dernière livraison de la boutique de chapeaux se trouvant juste à côté. Malgré le fait de lui avoir garanti de ne rien vouloir lui imposer, je n'attendis pas sa réponse pour m'engouffrer dans la maison. Il n'était pas bien difficile de comprendre que madame Mannott était une femme affectionnant ses habitudes. À cette heure, je savais donc où la trouver. Ce fut sans surprise que je la vis assise à son vieux fauteuil près de la cheminée occupée à lire un ouvrage qu'elle devait probablement connaître sur le bout des doigts à force de le relire encore et encore.

-Madame Mannott, c'est terrible ! lui dis-je sans réellement savoir comment poursuivre.
-Quoi donc, mon enfant ? me demanda-t-elle, inquiète.

Que dire… Mince… Je ne suis pas une bonne menteuse…

-Euh… Et bien...
-Parlez, ma fille, que peut-il bien avoir de si terrible pour que vous soyez dans cet état?
-Que peut-il bien y avoir de si terrible ? Oui… Et bien… Je vais vous le dire...
-J'attends…
-Il y a… euh… un trou...
-Un trou ?
-Un trou...
-Oui, mais où ça ?
-Sur le toit...
-Sur le toit ?
-Oui voilà, il y a un trou sur le toit... Ce qui n'était absolument pas logique puisque la maison se dressait sur deux étages en plus du rez-de-chaussée et que je n'avais aucun moyen de voir le toit depuis la rue…

Néanmoins, ma logeuse avait beau être adorable elle était aussi très naïve et je me sentais bien honteuse de la mener ainsi en bateau.

-Je vais vous montrer, venez... lui dis-je de plus en plus mal à l'aise.

Je m'emparais de son châle accroché sur le portant près de la porte et vins délicatement lui poser sur les épaules. Pauvre femme… Elle qui se montrait si gentille et généreuse envers moi… J'étais morte de honte… Je la conduisis jusqu'à l'extérieur, contournant la bâtisse pour ne pas laisser les fameuses caisses à sa vue…

"Dans quoi t'es-tu embarquée, Blanche..." me dis-je tandis que je laissais ma logeuse passer devant moi. Aussi discrètement que possible, je fis signe à Adam d'entrer alors que la vieille dame penchait la tête en arrière pour tenter d'apercevoir le trou totalement imaginaire.

-Je ne vois rien, où il est ce trou ?[/i]
- Ici, lui dis-je en levant le doigt au hasard avant d'inciter Adam à se dépêcher d'entrer.
-[b] Où ça ?

-Là!
-Mais il n'y a rien, là.
-Vous êtes sûre ?
-Mais oui, regarde.

Je jetais un coup d'œil rapide vers les caisses pour constater qu'Adam ne s'y trouvait plus. Tant mieux, il m'était insupportable de traiter ainsi cette gentille dame.

-Vous avez raison, je suis désolée. Ce devait être une ombre ...
-Boh, c'est pas bien grave . Allez, rentrons, il fait froid.

Je la suivis à l'intérieur, me débarrassais de mon manteau avant de la saluer et de disparaître dans les escaliers jusqu'à ma chambre. Ce n'est qu'une fois la porte fermée que je pus enfin respirer.

-C'était affreux…



Adam Vaughn
Adam Vaughn
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Et les murs continuèrent de trembler dans la ville que l'on aime - Page 2 EmptyLun 7 Juin - 17:18
Irys : 848357
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Daënar +2 ~ Änkar (homme)
Adam avait visé juste. Il ne valait mieux pas qu’il soit vu par la logeuse de Blanche. L’infirmière était totalement confuse et sa réaction montrait qu’elle n’était absolument pas habituée à échafauder ce genre de stratagème. La solution qu’elle trouva était pourtant bonne. Aussi, dès qu’elle s’éloigna, il alla se cacher à l’endroit indiqué.
Le militaire se baissa, et jetait un coup d’oeil de temps en temps par-dessus les caisses. Heureusement pour lui, la rue était plutôt calme à cette heure, il n’aurait donc pas à justifier sa présence dans cette position louche à quiconque.

Quelques minutes plus tard, il reconnu la douce voix de sa complice. Jetant un nouveau regard sur la maison, il aperçu les deux femmes faire le tour, ce qui lui laissait le champ libre. Adam commença à s’avancer dans l’ombre. Il avait fait à peine quelques pas lorsque Blanche lui fit signe. Il se hâta et se glissa à l'intérieur, puis se dépêcha de monter les escaliers pour s'engouffrer dans la chambre de Blanche. Heureusement pour lui, la pièce était bien celle de sa compagne, la blouse blanche sur la chaise en attestant. Le militaire préférait ne pas s’imaginer ce qu’il aurait pu trouver dans la chambre de Madame Mannot.

Sa grande carcasse se fondit dans l'obscurité du coin droit en entrant. Il pourrait ainsi passer inaperçu si ce n'était pas Blanche qui se présentait. Peu de temps après, elle entra elle aussi dans les lieux.
A priori, cela n'avait pas été de tout repos pour elle. L'infirmière avait fermé les yeux pendant qu'elle reprenait son souffle et certainement ses esprits. Les rougeurs présentes sur ses joues étaient étonnamment mignonnes et ne dénotaient pas le moins du monde avec son caractère. 
Le soldat, dont un bref sourire avait éclairé le visage devant l'expression de sa complice, se rembrunit. Comment pouvait-il l'embarquer là-dedans ? Si ça se passait mal, comment est-ce que ça se passerait pour elle ?

Encore une fois, il douta du bien fondé de l'embarquer là-dedans. Mais elle lui avait clairement fait comprendre qu'elle le suivrait de toute façon. Adam devrait faire attention pour eux deux. Exercice difficile pour quelqu'un qui avait l'emportement aussi facile...

«Ecoutez Blanche...ce qu'on risque de devoir faire est autrement plus difficile et risqué. Vous n'avez peut-être pas peur pour votre vie....mais qu'est-ce qu'il en est de votre conscience ?»

Il avait dit tout cela à voix basse, encore caché dans l'ombre de la petite pièce. Il s'avança aussi doucement que possible, ne voulant pas que son pas lourd se remarque. Il aurait été dommage que les efforts de Blanche soient réduits à néant...
Adam fixa un instant Blanche, pour s'assurer qu'elle entendait bien la gravité de ses paroles, puis il se détourna. Le militaire était bien conscient qu'il allait plomber l'ambiance et la satisfaction de sa compagne, qui venait de réussir son infiltration. Il alla s'asseoir au fond du lit, c'était ce qui lui semblait le plus à même de soutenir son poids dans la chambre.

«Vous m'avez reproché ce qu'il s'est passé avec Allan. Et moi je vous soutient que c'était la meilleure solution....»

Il devait absolument trouver un élément de comparaison pour qu'elle se rende compte. Ce qui lui vint à l'esprit ne lui plaisait pas mais c'était ce qu'il avait trouvé de plus parlant.

«Vous savez, comme quand vous devez amputer un membre pour éviter que la gangrène ne se propage ou parce que tout simplement il n'est pas récupérable...»

Adam n'était clairement pas à l'aise et en parler réveillait les fourmillement de sa propre amputation Il avait envie de se gratter sous le métal qui maintenait la prothèse. A la place, son membre mécanique s’agita légèrement et sa main de chair vint masser le dessus de son moignon, laissant un peu de sang couler sur son manteau.

«Est-ce que vous pourrez assumer de laisser des gens mourir alors que vous auriez peut-être pu les sauver ? Mais que c'est la meilleure solution pour découvrir ce qui se trame et aider le reste de la population ?»

Lui il savait qu’il le pouvait. Et de toute façon, sa santé mentale était déjà défaillante. Un peu plus, un peu moins, ce n’est pas ce qui allait changer la donne...

Sanaë Eshfeld
Sanaë Eshfeld
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Et les murs continuèrent de trembler dans la ville que l'on aime - Page 2 EmptyMar 8 Juin - 17:01
Irys : 743374
Profession : Amnésique attachante
Daënar +2 ~ Skingrad (femme)
J'éprouvais une honte certaine d'avoir joué un tel tour à ma pauvre logeuse qui s'était montrée si bienveillante envers moi depuis mon arrivée. D'une manière plus générale, je détestais mentir et méprisais les gens capables de monter de tels stratagèmes pour manipuler les autres. C'était probablement injuste de ma part. Peut-être aurais-je pu trouver une autre solution en mettant en avant le serment qui me liait aux Cercles de l'Aube. Il ne s'agissait finalement que de soins, nous ne faisions rien de répréhensibles. Et pourtant, au lieu de prendre le risque de dire la vérité à Madame Mannott, de lui expliquer les raisons de la présence d'Adam sous son toit, je l'avais purement et simplement mené en bateau. Comme je me sentais stupide… Tellement stupide quand j'y pense. La vérité m'aurait pourtant épargné de cette sensation si désagréable que je ne voulais plus jamais éprouver.

-Écoutez Blanche...ce qu'on risque de devoir faire est autrement plus difficile et risqué. Vous n'avez peut-être pas peur pour votre vie....mais qu'est-ce qu'il en est de votre conscience ?

Je restais muette face à cette question surprenante tant celle-ci semblait répondre à mes propres pensées. Ma conscience… Évidemment que je ne pouvais pas aller contre elle. Pas parce que j'avais peur des démons qu'il me faudrait affronter par la suite, mais surtout parce que je me refusais de nuire à qui que ce soit. Je pensais aux règles des Cercles qui m'interdisaient clairement de porter atteinte à autrui et de me mêler à la politique. En somme, je ne pouvais me permettre de passer outre celles-ci et me le refusait. Ne lui avais-je pas déjà dit ?

Je plongeais mon regard dans le sien lorsqu'il se décida enfin à sortir dans l'ombre dans laquelle il se tenait. Je ne pus m'empêcher d'y voir une certaine analogie entre cette image et ce qu'il pouvait bien dissimuler au fond de lui. Je trouvais cela tellement logique, ce lien entre ce côté sombre et son âme qu'il me fallut ignorer le pincement qui vint m'empoigner le cœur. Je me contentais donc de l'observer, essayant de dissimuler le trouble que je ressentais derrière une façade aussi impassible que possible. Il alla s'asseoir sur mon lit tandis que je me dirigeais vers ma trousse de secours dans laquelle je me mis à fouiller.

Il me mettait de nouveau en garde, évidemment, même si je ne comprenais pas pourquoi mon sort le préoccupait à ce point… Si… Au fond, c'était avec sa propre conscience qu'il devait se battre ici.

- Vous vous trompez,lui dis-je sans pour autant affronter son regard. Je pense seulement que la solution la plus facile est rarement la meilleure. Quelquefois, il suffit juste de prendre le temps et le recul nécessaire pour qu'elle apparaisse. Rien n'est bon dans l'empressement et l'urgence… La plupart des amputations pourraient d'ailleurs être évitées avec un peu plus d'attention. Mais il est vrai qu'il est tellement plus simple de se débarrasser du membre malade par peur de la contamination. Parfois, je me demande si les guerres n'existent pas pour cette raison précise… Pour amputer un monde en souffrance à cause de cette infection qui le ronge…

Croyances différentes, jeux de pouvoirs, d'argent et j'en passe. Les Hommes sur cette terre ne savaient tout bonnement pas vivre ensemble et s'accepter en toute simplicité. C'est notre nature destructrice qui nous pousse à vouloir plus que nous ne possédons déjà. Comme si rien de tout cela ne pouvait être suffisant. On refuse la différence, on la méprise, on la craint et tout cela nous pousse à exiger plus des autres pour tenir cette ridicule différence à l'écart ou à l'anéantir. Ce sont toujours ceux qui se trouvent tout en bas de cette pyramide bancale qui souffrent le plus. Ils n'ont droit à rien, ne possèdent pas grand-chose et pourtant ce sont ceux qui en réclament le moins. Je trouvais cela aussi triste que regrettable puisque je savais, qu'au fond, nous ne nous trouvions pas bien haut au sein de cette structure intangible pour oser y changer quoique ce soit. Tout ce qui m'importait c'était d'apporter un petit quelque chose à ces gens pour rendre leur existence moins pénible, moins effrayante aussi. Je ne pouvais espérer plus.

-Est-ce que vous pourrez assumer de laisser des gens mourir alors que vous auriez peut-être pu les sauver ? Mais que c'est la meilleure solution pour découvrir ce qui se trame et aider le reste de la population ?

- Non, je ne le pourrais pas, répondis-je en me tournant vers lui, une fois mon matériel en main. Je vins prendre place face à lui, m'asseyant sur la malle contenant toute ma vie et que je n'avais pas encore pris le temps de déballer. Je déposais mes ustensiles sur le rebord afin de me saisir de sa main blessée dans le but de pouvoir mieux observer la plaie à la lumière. Je pus ensuite commencer à la nettoyer, retirant les petits débris à la pince avant de badigeonner sa chair d'alcool.

- Je n'irai pas contre ma nature, Adam. Je suis ce que je suis, même si ce n'est pas grand-chose. Mais je veillerai toujours à faire au mieux en prenant le temps nécessaire pour cela. Toute vie est précieuse, même celle qui semble être la plus misérable ou même la plus insignifiante. Qui sommes-nous pour décider qui a le droit de vivre ou de mourir quand d'autres solutions existent ? Encore faut-il prendre le temps… le problème est toujours le même.

Je terminais mon nettoyage méticuleux avant de bander sa main dans un tissu immaculé.

- Vous savez , une blessure n'a pas besoin d'être importante pour être candidate à la gangrène. Je viens de préserver votre main de l'infection, comme cela, tout simplement. La mort d'Allan, soupirais-je en reposant doucement sa main. Ce n'était pas un traitement efficace, la gangrène est toujours là, elle se répand. Au lieu de chercher à traiter les symptômes, mieux vaudrait s'atteler à trouver le remède. Et là, seulement là, vous pourrez vous targuer d'avoir pu sauver un grand nombre de vies… Je me trompe peut-être, évidemment. Je ne suis personne, je ne connais finalement pas grand-chose de ce monde, mais je reste persuadée que donner la mort à un homme en espérant préserver celle des autres ne fonctionne pas… Ce n'est pas juste, plus particulièrement pour les personnes qu'il laisse derrière. Quand on meurt, on disparaît, tout simplement, mais ce n'est pas le cas de notre entourage. Vous comprenez ?

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