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 Les spectres de l'estropiée

Invité
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Les spectres de l'estropiée  EmptyDim 5 Mar - 2:23
« Étonnant. »

Valduis avait trouvé comme refuge un petit emplacement situé en hauteur, sur une maison à plusieurs étages, au-dessus de laquelle on y avait déposé un début de toit et de murs; sans doute un étage de plus qui était en construction et qui avait été abandonné pour quelconque raison. Quoiqu'il en soit, il était à l’abri et cela le satisfaisait.

Cerka était une ville très enrichissante : active, jeune, dynamique, à l'image d'une Alexandria plus petite mais tout autant agréable. La seule différence qu'il y avait avec Alexandria, c'est que la criminalité était très faible ici, à Cerka. La région était principalement composée d'ingénieurs ou d'experts en mécanique tous domaines confondus, ce qui impliquait évidemment des travailleurs investis à temps plein et avec des revenus très suffisants.

Quant aux commerçants, ils étaient honnêtes pour la plupart. Les brigands, malfrats et profiteurs étaient peu nombreux au Centre-Nord, passé Änkar, tout simplement parce qu’il s'agissait de cités innovatrices et que la vie était convenable pour tous. En général, la majorité des armures et prothèses étaient issues de Rathram et ses alentours. Leurs meilleures réussites furent les armures renforcées portées plus tard par les Golems des villes militaires du sud, bien que leur fonction première ne fut pas de massacrer les mages adverses pendant les batailles mais tout simplement d'offrir une protection maximale contre tous types d'ennemis.

Valduis ne prenait aucun risque à se promener librement à l'intérieur de Cerka : la cité n'était ni préparée, ni sujette à des attaques d'assassins en tous genre. Les habitants étaient parvenus à établir un havre de paix durable que Valduis ne se risquerait pas de briser, même en exécutant son contrat. Naturellement minutieux dans ses missions, il s'était suffisamment renseigné pour savoir qu'il devra faire preuve d'une extrême attention afin d'atteindre ses victimes sans ne semer la moindre pagaille. Même si l'Ordre était réputé pour ne s'attaquer qu'à des malfrats, savoir la présence d'assassins dans une cité était signe de mauvais présage, surtout lorsque la criminalité était faible. En général, lorsqu'il y avait un assassin, c'est qu'il y avait des groupes de malfrats en liberté, et donc que la cité était souillée par la vermine. Du moins, c'est comme ça que le concevaient la majorité des citoyens.

C'était d'ailleurs pour cette raison que Valduis se manifesta pour obtenir le contrat dès qu'il fut au courant de la région d'où il avait été rédigé. La plupart des contrats étaient issus de Vereist, Aildor, Alexandria ou même les capitales du continent de l'Ouest comme Darga ou Shüren... mais jamais de Cerka. Valduis était un homme extrêmement curieux qui appréciait son métier d'assassin avant tout car il voulait être surpris. Il savait dès l'instant où il avait lu le contrat que son émetteur, « A. T. » saurait captiver son attention.

Et il ne fut pas déçu. Cela faisait plusieurs jours que Valduis était en pleine observation et qu'il ne quittait pas du regard sa cible. Les contrats étaient soumis à des formalités strictes qui étaient nécessaires pour assurer à la fois la protection de l'assassin, mais aussi de l'émetteur du contrat. N'inscrire que les initiales du nom et du prénom sur le contrat en était un exemple - l'Ordre parvenait toujours à trouver l'identité de leur client d'une manière ou d'une autre-.

Mais il existait d'autres prérogatives, notamment celle de devoir observer pendant plusieurs jours le client avant d'entrer en contact avec lui. Les assassins dépassaient volontairement la date fixée pour le rendez-vous, d'une part pour s'assurer que la cible n'était pas un ennemi, d'autre part pour être certain de sa détermination, et enfin pour tromper tout adversaire de l'Ordre, au courant du contrat, qui aurait tendu une embuscade sur le lieu du rendez-vous.

Jamais Valduis n'avait été fasciné par une telle force de volonté. Cette « A. T. » qui déambulait en-dessous de lui, une fois de plus déçue d'avoir attendu en vain qu'un membre de l'Ordre pointe le bout de son nez, était une source de mystère qu'il se devait d'élucider. Valduis avait décelé le plus gros du trait caractériel de sa cliente grâce à son observation approfondie : sa détermination et sa combativité se lisaient à travers son regard, et rien ni même ses prothèses qui la faisaient boiter ne semblaient pouvoir venir à bout d'un tel mental d'acier. Elle semblait talentueuse et sûre d'elle-même; sans-doute que ce contrat était pour elle une simple étape à passer pour parvenir à réaliser des projets de plus grande envergure.

Valduis aimait tout particulièrement ce temps qu'il prenait à épier, examiner et constater. Oh, ce n'était pas une obsession perverse et psychopathe que de passer plusieurs jours à guetter le client du contrat auquel était rattaché un assassin. Il était simplement toujours extrêmement fascinant de deviner, par hypothèse, qu'est-ce qui amenait un individu quelconque à se tourner vers le meurtre avant de pouvoir en avoir la réponse véridique lors d'une rencontre en face-à-face. Valduis pensait d'ailleurs avoir déjà établi un lien entre le contrat d' « A. T. » et les prothèses qui remplaçaient son bras et sa jambe. Il voulait maintenant en avoir le cœur net.

Quelque soit le stade de son observation, Valduis avait suffisamment fait patienter la jeune demoiselle. La date avait été fixée entre le 10 et le 13 Octobre 932, et nous étions le 15 Octobre à une heure tardive où « A. T. » rentrait chez elle, une fois de plus, persuadée que son cas avait été oublié et que l'Ordre ne viendrait jamais répondre à sa demande.

Il attendit qu'elle atteigne le seuil de sa porte pour s'extirper des ombres et se présenter sous la lumière de la nuit. Elle n'était guère plus lumineuse mais suffisamment claire pour y distinguer une silhouette encapuchonnée et deux yeux perçants qui la fixaient avec intérêt.


« Vous nous attendiez. Nous avons répondu à votre demande. »

Il désigna la porte de chez elle - ou de l'hébergement qu'elle aurait pu louer le temps d'un séjour - afin de l'inviter à y rentrer et ainsi être en sécurité.

Allys Terasu
Allys Terasu
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Les spectres de l'estropiée  EmptyDim 5 Mar - 13:33
Irys : 1596854
Profession : Ingénieur mécanique
Daënar +1
« Bien joué. »

L'homme était fier de son coup. Sa victime venait de s'évanouir, la tête gisant sur la table. A côté de lui était assit son comparse.

« Ce n'est rien, il a vu un peu gros pour la boisson ! » Lança-t-il au tavernier.

Aidé de son acolyte, il transporta l'homme soit disant ivre vers la sortie. Ils ne se doutèrent même pas qu'ils avaient éveillé la curiosité d'une jeune femme. Celle-ci était vêtue d'un long manteau donc la capuche lui dissimulait le visage. Elle se leva, se dirigeant elle aussi vers la sortie. Il faisait nuit noire à cette heure. Visiblement, c'était le moment idéal pour deux malfrats. Profitants d'être seuls, du moins le pensaient-ils, les deux hommes dépouillèrent leur victime de ses biens avant de prendre la poudre d'escampette.

C'était donc ce qu'ils étaient devenus ? Allys senti une pointe de déception l’envahir avant de se reprendre. Comment des êtres aussi mauvais pouvaient bien changer de toute manière ? Ce qu'elle ne savait pas encore c'était à quel point ils étaient devenus pires.

La mécanicienne avait fait un long chemin pour revenir en Daënastre. Malgré un nouveau départ, son passé la hantait toujours. Comment oublier sa tragédie alors que ses odieuses prothèses restaient sous ses yeux à vie ? La seule solution pour être en paix était de se confronter à ses démons. Naïvement, elle avait espérer que son drame ait fait réagir ses agresseurs. Après tout, ils n'avaient à l'origine pas désirer la tuer... Allys avait survécu mais ses tortionnaires l'ignoraient. Était-ce si incongru de penser que l'accident ait eu l'effet d'un électrochoc pour eux ? Ne pouvaient-ils pas avoir de regrets après cela ? La jeune femme allait vite se rendre compte que non.

Amer, la mécanicienne retourna à son domicile. Il s'agissait de son ancienne maison, mais il n'y avait plus personne depuis. Où étaient dont passé ses parents depuis ? Cela faisait deux ans que la belle avait coupé les ponts avec eux mais elle avait gardé l'espoir que le jour où elle oserait revenir elle pourrait les retrouver. Elle regrettait d'avoir laissé Alky en Zochlom. Il était entre de bonnes mains en son absence mais elle aurait aimé retrouver une présence. La bâtisse était grande et vide. Après un soupire, la jeune femme décida d'aller se coucher.  

Le lendemain, Allys décida de prendre les choses en mains. Tout d'abord, il fallait qu'elle puisse subvenir à ses besoins. Le meilleur réconfort à sa solitude était bien le travail. Ce ne serait pas un problème pour elle de faire affaire avec les marchands dans cette ville. D'une part, cela lui permettrait de faire connaître ses créations d'autre part cela lui laissait le reste du temps pour retrouver l'ensemble de ses agresseurs et suivre leurs faits et gestes.

Les cinq individus étaient sans surprise. Des brigands suffisamment malins pour ne pas faire de vagues. Ils choisissaient leurs cibles avec soin, toujours des personnes qui n'ébruiteraient rien. Des victimes jeunes, seules ou encore dont ils avaient un moyen de pression pour les faire chanter. Chaque individu avait sa spécialité visiblement. L'un d'entre eux se complaisait au vol, aidé d'un comparse visiblement spécialisé dans l'usage de produits toxiques ou soporifiques. Il leur était facile de camoufler une mort en accident. Les trois autres usaient de moyens plus directs. Le troisième homme était une brute épaisse qui n'hésitait pas à malmener, probablement avec beaucoup de plaisir, les victimes de chantages d'un quatrième homme s'ils osaient aller contre ses demandes. Le cinquième homme, en revanche, était une roue libre. C'était celui-là même qui avait tiré sur la jeune femme des années auparavant. Depuis, il semblait qu'il avait complètement disjoncté. Son plaisir dans la violence et le meurtre était réellement dérangeant. Et il n'était pas pour arranger les affaires de ses comparses. Allys n'osait l'espionner de trop près, pétrifiée autant par l'esprit dérangé du dernier homme que par les événements passés.

Après quelques semaines d'observation passive et surtout prudente, elle prit sa décision. Des pourritures pareilles ne méritaient pas de continuer leur vie. Pas après ce qu'ils lui avaient fait et ce qu'ils continuaient à faire. Ils ne manqueraient à personne.

C'est là qu'elle contacta l'Ordre.


***

Elle attendit, pour la énième fois devant le pas de la porte. C'était plus un réflexe qu'un réel espoir. L'Ordre n'enverrait personne, la date était dépassée depuis quelques jours déjà, Allys ne devrait compter que sur elle-même. Cela prendra du temps mais en échafaudant un plan, peut être parviendrait-elle à assouvir sa vengeance... L'hypothèse de ne pas y réchapper cette fois ne l'effrayait pas. Savoir qu'ils vivaient tranquilles, sans le moindre regret, et surtout avec plus de cruauté qu'auparavant, ça elle ne pouvait le tolérer.

Elle esquissait un mouvement vers la poignée lorsqu'elle aperçut une ombre. Aussitôt elle se saisit de son couteau pour faire face à la silhouette amie ou ennemie. L'ombre était seule, elle s'avança doucement jusqu'à ce que la lumière de la nuit dévoile son identité. Un homme d'une carrure impressionnante, le visage dissimulé par une capuche. Allys baissa alors son arme. Non pas qu'elle soit rassurée par la présence d'un homme à l'allure dangereuse, mais parce le regard de l'inconnu avait cette lueur particulière...


« Vous nous attendiez. Nous avons répondu à votre demande. »

La jeune femme avait tord, l'ordre ne l'avait pas oubliée. Elle jeta de rapides coups d’œils aux alentours puis ouvrit la porte. Avant de l'inviter à entrer, elle hocha la tête en signe de remerciement. Allys n'était pas d'une nature bavarde. Solitaire et sauvage plutôt. D'un signe, elle l'invita à la suivre et l’emmena dans ce qui devait être le salon. La pièce était sommaire, on y voyait que peu de touches personnelles, indiquant clairement que la bâtisse n'était occupée que récemment. Malgré tout, un portrait de famille poussiéreux trônait sur une étagère, signe qu'il était là depuis longtemps.

La belle ne perdit pas de temps, elle savait exactement quoi faire. Rapidement, elle se saisit de documents écrit à la plume et les déposa sur la table en face de l'inconnu. Il y avait cinq parchemins, chacun avec une description détaillée. Les rapports avait été rédigés avec soin, n’omettant pas, ou peu de détails
.

« Il y a une description de chaque cible. Son comportement, ses habitudes... J'ai pris soin de noter tout ce que j'ai pu observer. »

S'appuyant sur la table, bras tendus, la jeune femme plongea son regard dans celui de l'inconnu. Une détermination inébranlable se lisait aisément dans ses yeux.

« Je n'irai pas par quatre chemins. Je veux la mort de ces individus. Et s'ils pouvaient souffrir au passage... »

Une lueur sauvage passa dans son regard avant de se durcir à nouveau.

« Je n'ai qu'une demande, je veux en être. Quant au paiement, votre prix sera le mien. Peut importe la valeur de leur vie. Ces ordures ont attenté à la mienne et laissée pour morte et ce qu'ils continuent de faire de leur temps ne mérite pas même une once de pardon. »

Parler autant n'était pas chose facile pour la damoiselle, tout particulièrement avec un étranger. Celui-ci pouvait sentir la tension du corps de la jeune femme. Il ne s'agissait pas de peur face à cet homme à la musculature impressionnante. Pourtant il pouvait broyer son corps en une fraction de secondes s'il le désirait. L'accident de la belle ne lui avait pas laissé un corps spécialement solide. En revanche, le mental d'acier la maintenait comme s'il suffisait à lui seul. A la voir aussi sûre d'elle, l'expression fermée, on pouvait tout de suite laisser de côté la pensée de son corps mutilé. Allys était sauvage et féroce, sa crinière blanche indomptable étoffait cette impression. Il était tout simplement hors de question pour elle de montrer la moindre faiblesse.

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Les spectres de l'estropiée  EmptyLun 6 Mar - 20:13
La plupart des clients de l'Ordre voyaient l'assassinat comme une fin triste et regrettable; un choix qu'ils n'assumaient pas, une décision finale et extrême à laquelle ils n'avaient recourt que parce qu’ils n'avaient pas d'autres choix. Cette vision du meurtre imposait souvent une gêne dans le cœur des clients lorsqu'ils rencontraient leurs assassins pour la première fois. A leurs yeux, la venue de l'Ordre s'apparentait comme l'arrivée d'un faucheur de mauvaise augure qui apportait avec lui toutes les infortunes que les individus cherchaient à fuir.

Ils n'osaient même pas regarder les assassins engagés, comme si la honte pesait sur leur esprit pour avoir osé contacter un jour les services de l'Ordre. Les conversations étaient courtes, rapides et allaient droit au but, sans ne mentionner aucun détail dans le processus du meurtre. Les clients souhaitaient se débarrasser de cette décision indigne et de l’humiliation qu'ils s’auto infligeaient en imposant la mort sur leur ennemi; ils voulaient par-dessus tout que l'assassin fasse ce qu'il avait à faire le plus vite possible, qu'ils n'entendent plus jamais parler de lui, pour enfin pouvoir ranger ces mauvais souvenirs dans les recoins les plus sombres de leur esprit et que jamais personne ne soit au courant de cette prise de contact déshonorante.

L'approche qu'avait l'Ordre avec la mort et plus précisément le meurtre était particulière et nécessitait d'avoir l'esprit formaté le plus tôt possible pour comprendre l'essence de cette philosophie. Les assassins ne voyaient pas cela comme une fin en soi mais comme un choix parmi tant d'autres, un choix facile et définitif qui apportait énormément d'avantages au client pour un coût moindre. Certains se tournaient vers des solutions moins extrêmes mais pour un prix très cher - la prison en était un exemple -. Pourquoi devions-nous perdre notre temps à tenter de raisonner ou de punir la vermine lorsqu'une simple élimination était plus efficace et moins coûteuse?

Mais il ne s'agissait pas seulement de cela. Embrasser le meurtre et la mort était un état d'esprit accessible à une minorité de personnes en Irydaë. Valduis était très bien placé pour le savoir puisqu'il côtoyait déjà les pires meurtriers lorsqu'il devait survivre dès son plus jeune âge dans les déserts hostiles de Zochlom. Et pour sortir de là, il n'y avait aucun autre moyen que d'assimiler les dures lois meurtrières qui régissaient la faune de ces déserts arides.

Il fallait reconnaître que cette cliente le fascinait. Elle aussi semblait embrasser le destin qu'elle allait faire tomber sur ses anciens assaillants, sans ne ressentir aucun regret ni aucune peine à leur égard. Elle assumait ses actes en  pleine connaissance de cause et espérait même pouvoir jouer son rôle dans ces exécutions. Valduis avait le flair pour repérer les atypiques. Même après plusieurs années au sein de l'Ordre, il pouvait être encore surpris par des êtres donc ni le travail, ni les conditions, ni même les origines n'auraient pu justifier une telle mentalité.

Valduis laissa avant tout la jeune femme s'écorcher la gorge en s'exprimant - car cela se voyait qu'elle n'était pas de nature à beaucoup parler -, observant sans relâche ses mimiques et buvant ses paroles sans n'y laisser la moindre goutte. Il déambulait dans la pièce principale dont les vieux meubles et les tapisseries quelque peu décolorées trahissaient son ancienneté. Il accordait toujours un intérêt particulier à ces prothèses, d'une part parce qu’elles représentaientl'accomplissement de la technologie Daënastre, ce qui l'avait toujours impressionné. Et d'autre part parce qu'il trouvait qu'elles apportaient une touche originale sur le personnage qu'était Allys Terasu - il n'avait évidemment pas oublié de lire l'écriteau sur la porte d'entrée -.

Valduis s'installa sur le fauteuil du salon qui donnait une vue complète sur la cheminée, et dont le foyer encore allumé éclairait le peu de visage que son masque et sa capuche voulaient bien laisser transparaître. Allys pouvait y lire un regard concentré et intéressé qui se focalisait sur les flammes dansantes du foyer. Le long silence pesant témoignait d'ailleurs d'une réflexion profonde dans laquelle Valduis était en train de se plonger. Finalement, il porta de nouveau son attention sur la demoiselle.


« Vos conditions sont acceptables et exécutables, dame Terasu. Mais cela prendra un peu plus de temps que prévu si vous souhaitez que notre service soit à la hauteur de vos revendications. »

En vérité, Valduis aurait dû refuser la proposition d'Allys. Impliquer son client dans la participation de la mission était interdit, sauf sous exceptions particulières, surtout lorsqu'il s'agissait d'assassinats. Mais Valduis était le genre d'homme qui transgressait les règles de l'Ordre sans craindre un retour de bâton. D'une part, il savait toujours se débrouiller pour enfreindre les interdits sans que ses frères n'en sachent quoi que ce soit. D'autre part, son rang et sa valeur maintes fois prouvée par le passé lui ont assuré une carapace solide pour se permettre de nombreuses erreurs, tant il avait contribué à hisser l'Ordre pour en faire l'organisation crainte et respectée qu'elle était aujourd'hui.

Car après tout, Valduis servait ses propres intérêts avant de servir ceux de l'Ordre, comme il l'avait toujours fait. Les missions banales et encadrées par des protocoles ne l'amusaient plus : il avait besoin de prendre des risques et de sentir l'adrénaline du danger. Cette nouvelle cliente avait su lui apporter ce dont il avait besoin. Son animosité se reflétait dans le regard d'Allys à tel point qu'il avait de temps en temps l'impression de voir une image de lui-même qui se tenait debout face à lui. Il était persuadé que si elle avait une dague dans les mains et des jambes pour se mouvoir, elle aurait été capable de préparer elle-même un meurtre spectaculaire.

« Je séjournerai ici afin d'établir avec vous les plans de notre stratégie. Je m'installerai à l'étage afin de ne pas risquer d'être vu si quelqu'un venait à entrer par effraction. Dès demain, j'établirai des points relais pour nous informer mais aussi pour nous prévenir en cas de danger imminent. Faites-moi donc voir vos notes. »

Il tendit son bras en direction de sa cliente. Sous son masque se cachait un sourire amusé, curieux de savoir jusqu'où elle était capable d'aller pour assouvir sa vengeance. Et même si elle ne parvenait pas à voir ce rictus, le feu de l'excitation qui brûlait dans l'iris de Valduis trahissait l'intérêt tout particulier qu'il accordait à cette dangereuse estropiée.

Allys Terasu
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Les spectres de l'estropiée  EmptyJeu 9 Mar - 20:16
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L'homme ne tenait pas en place, tournant en rond dans le salon comme un tigre en cage. Pas des pas rapides, non, plutôt comme un réflexe. Son esprit était attentif, les yeux fixées sur la silhouette féminine. Exactement, il scrutait Allys de manière persistante. Tantôt la dévisageait-il, tantôt son regard déviait sur les prothèses. Cette insistance aurait put la troubler, la pousser à bégayer ou bien s'empourprer, mais elle n'était pas du genre à se laisser déstabiliser. Malgré tout, la jeune femme ne parvenait pas à saisir la raison. Buvait-il ses paroles ? Etait-il sous son charme ? Avait-il un problème avec ses prothèses ? La trouvait-il trop faible ? Allys ne parvenait pas à deviner la signification de son attitude.

Et puis, lorsque la jeune femme termina sa tirade, l'homme prit d'assaut le vieux fauteuil. Ce fut alors au tour de la damoiselle de scruter le visage, ou du moins ce qu'elle en décelait, de l'inconnu. Celui-ci avait détourné les yeux pour observer les flammes dansantes de la cheminée. Cela dura un long moment, que la jeune femme ne brisa pas.

L'attente lui parut insoutenable pourtant. Toujours aussi tendue, elle le fixait avec intérêt. Allys ne savait au final pas grand chose de l'Ordre ni la façon dont procédait ses agents. Pouvait-on réellement négocier avec eux ? De son point de vu, l'étranger semblait prendre les choses à cœur. Malgré son silence, l'expression de son visage respirait la concentration et la détermination.


«Vos conditions sont acceptables et exécutables, dame Terasu. Mais cela prendra un peu plus de temps que prévu si vous souhaitez que notre service soit à la hauteur de vos revendications. »

«  ... »

Allys était prête à envoyer une réplique bien sentie au cas où sa requête ne conviendrait pas à l'homme de l'Ordre, au lieu de cela elle sentit son corps se relâcher. Le contrat était accepté. Quant aux formalités... Ne dit-on pas que la vengeance est un plat qui se mange froid ? La jeune femme se redressa, satisfaite.

«Je séjournerai ici afin d'établir avec vous les plans de notre stratégie. Je m'installerai à l'étage afin de ne pas risquer d'être vu si quelqu'un venait à entrer par effraction. Dès demain, j'établirai des points relais pour nous informer mais aussi pour nous prévenir en cas de danger imminent. Faites-moi donc voir vos notes. »

D'un mouvement, elle se saisit des documents pour les y glisser dans la main de son interlocuteur. Il n'était pas nécessaire qu'elle réponde oralement. Les mots de l'assassin étaient sans appel. De toute manière, un peu de présence ce ferait pas de mal à la jeune femme. Si la solitude en Zochlom ne la dérangeait pas, il en était tout autre à Daënastre. Étrangement, avoir cet inconnu à la maison la rassurerait. Il y avait une flamme dans le regard de cet homme. Pourtant bien installé, l’expression de son visage était parlante et Allys se reconnaissait dans cette attitude. La jeune femme avait la sale habitude de juger vite autrui. Heureusement pour lui, il était suffisamment intrigant pour qu'elle ne se montre pas hostile.

Afin de le laisser lire en paix, Allys se contenta de s’asseoir sur un gros coussin à même le sol, jambes droites, les laissant ainsi se reposer. Elle ferma les yeux un instant et profita de la chaleur du feu.


Notes manuscrites a écrit:
« Le premier individu, un certain Jenk Malgar. Il est plutôt mince, voir menu. Je le reconnais sans hésiter à son teint cadavérique et son regard suffisant. Sa spécialité semble être l'espionnage et le repérage. Il rode un peu partout dans la ville à la recherche des victimes potentielles. Jeunes, âgées, fragiles, malades, seuls... Tout ceux qui rentrent dans cette catégorie sont dans sa ligne de mire. N'étant clairement pas le plus impressionnant, il doit leur être utile pour son esprit tordu. Pacte, moyen de pression, menaces ou tout simplement la recherche de points faibles. Lorsqu'il effectue sa tournée, il est toujours seul. C'est le soir venu qu'il retrouve ses comparses à la taverne Des-rouages. Et c'est à partir de là qu'ils mettent les plans à exécution.

« Une fois le soir venu, deux groupes se forment. Le comparse de Jenk est une brute épaisse. Il se charge de brutaliser les victimes, probablement avec beaucoup de plaisir, mais n'agit pas de lui-même. C'est Jenk qui décide de tout, son acolyte n'étant là que pour effrayer ses victimes. Il semblerait que ce groupe là promettre monts et merveilles aux âmes esseulées en échange de services plus ou moins défendables. Lorsque les choses ne se déroulent pas comme il faut, c'est donc au grand costaud, qui doit bien mesurer un bon mètre quatre vingt de se charger de les remettre sur le droit chemin.

« L'autre groupe est plus dans la subtilité. Ils traînent dans les tavernes et auberges lorsqu'ils n'usent pas de leurs talents dans les rues sombres. Étant des habitués, j'ai pu facilement retrouver leurs noms : Nemes et Garin. L'un est petit, je ne lui donne pas plus d'un mètre soixante,cheveux noirs corbeau, à l'allure passe partout. Le second est d'une taille moyenne, châtain avec un défaut à la main droite. Celle-ci est bandée et ses doigts tressautes de manière étrange. Nemes est spécialiste du vol tandis que Garin manipule des substances toxiques ou soporifiques. Ils sont à la fois rusés et agiles et agissent toujours de concert.

« Le dernier me pose le plus de problème. Impossible de m'en rapprocher. Il semble, à vrai dire, complètement dérangé et armé -au moins je sais lequel à tiré- De ce que j'ai pu observer, il prend un réel plaisir à violenter voir tuer. Je parie que la vue de mon corps disloqué n'a fait que réveiller sa folie. Là où c'est intéressant c'est que les autres semblent le craindre. 

«  Points faibles, notes utiles.
Jenk est fragile. Il paraît malade et se servir d'une arme le rendrait ridicule. Une fois séparé de son acolyte, il pourrait être aisé à éliminer.
La brute est sans surprise, bête comme ses pieds. Il a une carrure impressionnante, sait visiblement bien se battre. Il faudrait soit user de stratagèmes soit se servir de sa petite cervelle.
Garin semble avoir une brûlure à la main. Il est, du reste, dangereux. Je ne m'aventurerai pas à m'approcher de ses concoctions qu'il garde toujours sur lui.
Nemes n'a pas le gabarit d'un combattant, mais s'il ne peut échapper à la confrontation il n'est pas désarmé, il porte une dague. Il est rapide, agile et fourbe. Surtout, il n'est jamais sans Garin, ce qui pourrait compliquer la tâche.
Le dernier est imprévisible, fou, avide de violence. Mais souvent seul.

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Les spectres de l'estropiée  EmptySam 15 Avr - 22:48
Valduis déposa un regard curieux sur cette liste exhaustive; le résultat d'une enquête minutieusement orchestrée par cette chère assassin en devenir - ou du moins ce qui y ressemblait -. Son observation était détaillée et de qualité, mais malheureusement incomplète faute de connaissances plus poussées sur l'espionnage - et elle n'y était pour rien, elle avait déjà fait du très bon travail -. Valduis prit note des informations fournies, quand bien-même avait-il déjà pris le temps d'observer à la fois la jeune femme et à la fois ses cibles. Il avait déjà imaginé un possible plan...

Il se releva de son fauteuil puis prit soin de fermer les rideaux des fenêtres, vérifiant à chaque fois qu'aucune ombre ne s'était faufilée dans le crépuscule afin d'écouter la conversation qui allait suivre. Une fois fait, il se rapprocha de sa cliente - non sans montrer l'intérêt qu'il portait vis-à-vis de toute son analyse menée pendant plusieurs jours -.

« Cette lettre est en effet assez complète. J'ai pu noter, tout comme vous, certains critères semblables à ce que vous avez mentionné. J'ai cependant eu l'occasion de me faufiler jusque dans les recoins les plus sombres de votre dernière cible, celle qui vous semble mystérieuse, dangereuse et inaccessible... et pour sûr : il s'agit d'un ancien assassin inscrit dans nos registres de cibles à éliminer. »

Il était fréquent de voir d'autres organisations d'assassin naître au sein d'Irydaë. Évidemment, l'Ordre de la Pénitence était la plus influente et la plus puissante de toutes; mais certaines régions ou cités voyaient se créer des guildes intrinsèques qui avaient leurs propres valeurs et qui, surtout, connaissaient très bien le territoire et les mœurs culturelles. En général, l'Ordre qui recevait une mission dans l'un de ces endroits déjà occupé par une guilde naissante ne cherchait pas à l'écraser sous le poids de sa notoriété. Elle leur laissait le bénéfice d'exécuter la mission en contrepartie d'un pourcentage de leur récompense.

Les Corbeaux de Rathram étaient réputés dans la région pour leur particularité à œuvrer plutôt comme des cartels que comme de véritables assassins. Leurs principales expertises tournaient autour de la manipulation, du pouvoir par l'argent, l'achat de sous-fifres et du contrôle des lieux d'influence. Ils avaient tout de même quelques notions de base, notamment pour certaines missions qui nécessitaient des assassinats ou des infiltrations. Mais le plus gros de leur fonctionnement reposait sur la corruption.

L'Ordre de la Pénitence avait toujours eu beaucoup de mal à œuvrer avec les Corbeaux. Ils étaient pour la plupart bornés et entêtés, et revendiquaient leur influence à Rathram avec comme seul argument que la région n'avait besoin de personne d'autre qu'eux pour abattre la vermine qui pullulait dans les ruelles. Et évidemment, l'Ordre savait que la finalité des Corbeaux ne se limitait pas à exécuter des contrats mais à obtenir le pouvoir. Un jeu dangereux qui les positionnait à une limite ambigüe entre des alliés et des ennemis... c'était l'occasion pour Valduis de leur rappeler à l'ordre qui étaient les véritables maîtres de l'ombre en Irydaë.

« Je n'avais pas prévu de vous intégrer dans la mission, mais je dois reconnaître que c'est un danger plutôt palpitant. Nous œuvrerons de manière discrète et prévoyante : nous préparerons le terrain et nous attaquerons un à un à chaque cible. Nous soutirerons les informations nécessaires sur les autres sujets, puis je vous laisserai la liberté d’assouvir votre vengeance de la manière que vous souhaitez. Profitez de l'occasion, car elle ne se présentera qu'une seule fois pour chacun d'entre eux. »

Valduis se contenterait d'observer les scènes de torture - car c'était probablement ce qu'Allys comptait leur infliger - en se délectant de toute la créativité malicieuse qu'elle pouvait lui offrir. C'était un rôle qu'il prenait habituellement à chaque mission et dont il passait rarement la relève. Cette fois-ci, il serait spectateur et comptait bien profiter de cette position.

« Je m'installerai à l'étage. J'ai besoin de me reposer dans un endroit plus confortable que ce que m'offraient les toits gelés de Cerka. Dès demain, nous établirons un premier plan afin de nous attaquer à la cible la moins dangereuse : une fois fait, nous l'appliquerons dès la tombée de la nuit et répèterons cette manœuvre ainsi de suite jusqu'à qu'il ne reste aucune cible. Vous vous doutez bien que la disparition des individus sera remarquée par leurs équipiers, mais n'ayez crainte, c'est une affaire que je règlerai. Avez-vous d'autres revendications? »

Effacer les preuves et enlever le doute était la spécialité de Valduis, une tâche à laquelle il s'appliquait et qu'il aimait effectuer. Avec son aide et son expertise, ses adversaires n'y verront que du feu. Bien entendu, Valduis prendra soin de laisser une part de hasard et de danger afin d'observer les capacités d'Allys... si cette mission pouvait lui faire gagner un potentiel assassin en plus d'une rançon, il avait tout intérêt à l'analyser pendant qu'ils étaient sur le terrain - l'entraînement dans les quartiers n'apprenait jamais autant que les missions en situation réelle -.

Allys Terasu
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Les spectres de l'estropiée  EmptyDim 16 Avr - 17:27
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Allys rouvrit les yeux lorsqu'un léger grincement lui indiqua que l'assassin se relevait du fauteuil. Elle se releva souplement et le suivit du regard, observant sa manière de se mouver et scruter les environs avant de refermer les rideaux de chaque fenêtre. Puis il se rapprocha, l'expression visiblement satisfaite. Il confirma à la mécanicienne que ses notes étaient effectivement intéressantes et allaient de paire avec ses propres observations.

« ... J'ai cependant eu l'occasion de me faufiler jusque dans les recoins les plus sombres de votre dernière cible, celle qui vous semble mystérieuse, dangereuse et inaccessible... et pour sûr : il s'agit d'un ancien assassin inscrit dans nos registres de cibles à éliminer. »

Ainsi son instinct ne l'avait pas trompée. Elle avait pensé que sa réticence à espionner cet individu venait de son passé, de la crainte de se retrouver seule face à celui qui l'avait transformée. Ce n'était finalement pas si simple. Cela expliquait malgré tout son intérêt pour le meurtre et son aura malfaisante... S'il se trouvait parmi les cibles de l'Ordre de la pénitence avant même d'avoir un contrat sur sa tête, il devait être redoutable. Allys ressenti une bouffée d'excitation à l'idée que cette fois-ci ce prédateur serait la proie. Une souris que l'assassin laisserait de bonne grâce entre les griffes de la jeune femme. Allys buvait d'ailleurs les paroles de son interlocuteur avec un intérêt non dissimulé. Lorsqu'il évoqua que la présence sur le terrain de l’estropiée représenterait un danger palpitant, la jeune femme se rendit compte qu'il n'avait pas juste accédé à la demande mais prit un risque délibéré. L'inconnu semblait être un perfectionniste mais avec un étincelle de folie.

Cela lui plaisait.

Ils feraient selon le plan de l'assassin et grâce à son expertise mais œuvreraient ensemble. Et il la laisserait ensuite assouvir sans vengeance telle qu'elle le souhaiterait, sans barrière. Le sang se mit à bouillir dans les veines de la jeune femme. Les sentiments complexes dont Allys était parcourue étaient puissants et semblaient difficiles à contenir. La haine pouvait donner la force de faire des choses autrement impossibles mais Allys n'avait encore jamais causé de mal, du moins en personne, à quiconque. Elle ignorait encore si elle serait à la hauteur de ses propres attentes ou si elle encaisserait le contrecoup de tels actes. Ou bien, y prendrait-elle goût ? Prendrait-elle un plaisir malsain devant la souffrance des autres ? Que son esprit accepte ou non les conséquences, son corps exécutera la vengeance, elle en était certaine. C'était un pari sur elle-même, un risque qu'elle était prête à courir. Un besoin. Si elle n'allait pas au delà de ses limites ou ne les affrontait pas, elle savait qu'elle garderait cette amertume au fond d'elle-même.


«  Je vous remercie. »

Ces trois mots représentaient énormément pour la jeune femme. Elle n'avait encore jamais prononcé de telles paroles et l'émotion transparaissait dans ces quelques mots humbles mais puissants.

Lorsqu'il évoqua son besoin de repos après des nuits glaciales dans des conditions précaires, Allys eut un léger pincement au cœur. Avant même de venir à sa rencontre, il avait déjà beaucoup fait. Elle comprenait tout à fait sa réclamation.


«  Il y a deux chambres à l'étages. Vous pouvez prendre celle que vous voulez. »

Elle laissa ensuite son interlocuteur poursuivre. Elle hocha la tête en signe d'accord à ses paroles. Le concept était clair et elle était impatiente de pouvoir mettre en place le premier plan. Il lui faudra pourtant patienter encore quelques heures. Quant aux détails que réglerait l'assassin pour apaiser les soupçons des équipiers, Allys était curieuse. Cependant, elle supposa qu'un assassin ne révèle pas ce genre de stratagèmes à la première personne venue. Elle s'abstint donc de lui poser la question.

« Avez-vous d'autres revendications ? »

« Ce serait inconvenant de vous demander votre nom ? »

Il ne s'agissait pas vraiment d'une revendication, mais elle avait saisit l'occasion. Elle se doutait qu'un assassin ne devrait probablement pas décliner son identité à ceux qui faisaient appel à ses services mais elle éprouvait le besoin de tenter sa chance. Ce quelque chose qu'il renvoyait, cette flamme dans le regard et ses attitudes si semblables aux siennes l'avaient poussée à s'intéresser à l'inconnu malgré le caractère unique de la situation.

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Les spectres de l'estropiée  EmptyMer 27 Déc - 18:36
Il s'appelait Valduis, rescapé des déserts arides, orphelin sans avenir. Valduis, rattaché à un Ordre dont chaque membre composait une pièce de l'échiquier indispensable. Pas d'identité, ni aucun rattachement à aucun objet, aucune religion ou aucune personne qui risquerait d'écarter l'assassin de son chemin. Pas d'affection, aucun amour et aucune empathie n'était à exprimer très clairement pour ne pas nuire à la réputation de l'Ordre.

Il était Valduis, celui qui avait fait preuve de ruse et de malice pour parvenir à survivre dans cette immense jungle qu'était Irydaë. Mais toute cette histoire, tout le monde s'en moquait et jamais personne ne cherchait à s'y intéresser. Mais pour la première fois depuis longtemps, on lui tendait une main généreuse; on le reconnaissait pour ce qu'il était et non pas pour ce qu'il incarnait. Pour la première fois depuis longtemps, Valduis voyait sa carapace être éraflée devant ses yeux, impuissant et désarmé face à l'expression de ces sentiments. La tentation était tellement grande qu'il faillit la saisir. Mais ce soir, et seulement pour ce soir...


« Je ne suis qu'un assassin de l'Ordre. »

Il s'empara de la paperasse et s'échappa dans le plus grand silence de la pièce vide, laissant derrière lui Allys dans le silence frustrant d'une question sans réponse. Lorsqu'il arriva dans la pièce, il ne perdit pas de temps à chercher le confort ou la chaleur. Il déposa ses armes et le plus lourd de son équipement - garda tout de même sa capuche - et se mis à révéler les informations les plus pertinentes afin de mettre en place son plan.

En temps normal, il n'aurait même pas eu besoin d'établir un plan quelconque. Mais c'était la participation imprévue qui l'obligeait à en rédiger un pour réduire les risques. Oh, elle lui procurait tant d'adrénaline. Ce qu'il désirait plus, c'était d'être craint par ses ennemis et respecté par ses alliés... et que celui ou celle qu'il formerait le soit encore plus que lui. Il était à la recherche de cet allié qui l'accompagnerait dans ses idéaux, bien au-delà encore que ce que l'Ordre avait à lui offrir. Et il était prêt à absolument tout pour trouver cet allié fidèle, impitoyable et inflexible.

Alors il se mit à rédiger, réfléchir, se concentrer et établir un plan digne de ce qu'était capable de produire un Shudarga de l'Ordre. Et il était si concentré qu'il n'entendit pas entrer Allys dans la chambre, ni même lui parler. Par dessus son épaule, elle pouvait clairement lire les plus grosses lignes de ce qu'avait rédigé Valduis : une comédie; un jeu de scène dans lequel elle serait l'actrice principale, et lui, l'épée de Damoclès qui s'abattrait sur le malheureux destin de ses victimes.

Valduis avait absolument tout envisagé, pris en compte tous les scénarios imprévus qui pourraient venir dérager le plan, et anticipé chaque singulière manière de pouvoir les contrecarrer et parvenir à ses fins. Il était un prédateur qui, lorsqu'il chassait, pistait le terrain adverse pour se l'assimiler. Et aujourd'hui, il avait fait bien plus que ça : il avait créé son propre terrain dans lequel allaient lentement s'enfoncer ses victimes, et jaillirait de leurs carcasses une jeune prodige qui découvrirait en elle cet instinct meurtrier si exaltant.


« Au lever du soleil, tu iras chercher de quoi déguiser en quatre différentes apparences. Je veux dès demain que tu te plonges dans deux personnages : celui d'Ohara, d'une orpheline délaissée par sa famille pour avoir été estropiée, salie du corps et de l'âme, l'esprit éteint, et plaçant son seul espoir dans la générosité des habitants que tu iras mendier pour survivre. Au petit soir, tu seras Raht'la, une riche commerçante venue tout droit du sud, dont le mental aura été renforcé, consolidé et finalement rendu indestructible grâce à une force de volonté hors du commun qu'elle aurait tiré de son invalidité et qui l'aurait rendue plus forte que jamais. »

Il avait finalement remarqué sa présence après avoir fini de rédiger le plus gros de son plan. Il voulait qu'elle se plonge pleinement dans ses rôles, et pour se faire, qu'elle y passe la nuit s'il le faut.

« Je me chargerai du reste afin de pouvoir t'accompagner dans ton immersion. Imprègne toi du rôle, construis leur histoire et ne sois qu'un avec eux. Je veux qu'au petit matin, peu importe la façon dont tu t'y prendras, tu me surprennes lorsque nous nous reverrons. Si tu n'as pas d'autres questions, tu ferais mieux d'aller te coucher. Demain, tu seras levée tôt pour acheter ce qu'il te semble être nécessaire. »

Valduis déposa dans les mains d'Allys une petite bourse de pièces qui lui suffirait à acheter ustensiles, matériaux, maquillages, déguisements et autres outils de dissimulation.

« As-tu des questions? »

Allys Terasu
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Les spectres de l'estropiée  EmptySam 30 Déc - 11:30
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« Je ne suis qu'un assassin de l'Ordre. »

La réponse était logique. Pourquoi diable un membre de l'ordre déclinerait-il son identité aussi facilement ? Pourtant, Allys se sentit contrariée. Frustrée. Amère. L'espace d'un instant elle avait imaginé qu'il serait capable de la faire... Comme pour renforcer l'idée qu'elle avait de lui. L'idée folle qu'il était bien plus qu'un rouage de la société. De sa vision formatée par la mécanique, l'homme représentait une pièce unique et rare, non pas un vulgaire morceau de métal copiable à l'infini.

« Pas seulement... »

Maugréa-t-elle à voix basse alors qu'il s’éclipsait de la pièce. Elle le suivit des yeux mais il sembla qu'il n'ai pas entendu sa remarque. A moins que celui lui soit égale. Finalement, elle soupira. Qu'espérait-elle à la fin ? L'assassin avait accédé à sa demande la plus importante, c'était bien suffisant. Inespéré même.

S'aidant d'une main sur le plancher, Allys se releva. Son invité du soir avait besoin de calme, de silence et surtout pas d'avoir une pot de colle dans les pattes. Quant à la jeune femme son ventre se tordit dans un grondement, signe évident qu'il serait bon de s'occuper enfin de lui. L'ingénieure laissa alors son employé travailler pour s'occuper dans la cuisine. Elle attrapa machinalement ses ustensiles, commençant par couper ses légumes. Les courses avaient été légères voir même rudimentaires, il s'agissait plus de préparer quelque chose de convenable plutôt qu'un repas grandiloquent. En guise de plat, elle concocta une soupe de légume accompagné de tranches de jambon sec. Cela ferait l'affaire. Pour terminé, elle servit deux bols qu'elle disposa sur un plateau avant de monter à l'étage à son tour.

L'homme se trouvait dans la plus petite des chambres, débarrassé de son lourd équipement et le nez plongé dans la paperasse. Il était plongé dans une réflexion totale, tantôt écrivant à une vitesse fulgurante, tantôt prix par une réflexion intense. Sur le moment, Allys n'y prit pas attention. Elle se contenta de poser un bol de soupe et quelques tranches de jambon sec à côté de lui sur le bureau.


« Je vous ai fait à manger. »

Déclara-t-elle, mais voyant que son acolyte ne daignait même pas faire un signe, elle se renfrogna.

« Dites pas merci surtout. »

Puisqu'il ne l'entendait même pas, tout à sa concentration, Allys laissa tomber. Elle jeta simplement un coup d’œil par dessus son épaule, suffisamment pour comprendre l'idée générale. Un jeu de rôle ? C'était une idée amusante... Les piéger sans même qu'ils se doute de qui elle était ? L'ironie était excellente. Avec un sourire, elle se recula puis s'adossa au mur, à la fois pour laisser l’assassin respirer mais aussi pour profiter de remplir son ventre affamé en commençant par le bol de soupe bien chaud.

Finalement, l'assassin réalisa sa présence. Il lui donna quelques instructions simples, à savoir de s'occuper des déguisements qu'elle aurait besoin afin d'interpréter à la perfection les rôles qu'il lui avait assignés. Une orpheline désespérée et une riche commerçante fière malgré ses amputation ? C'était faisable. Allys était passée par tant d'émotions diverses que les deux rôles lui parlaient.


« As-tu des questions? »
« Oui. Vous avez parlé de quatre déguisements. Quant est-il des deux autres ? »

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Les spectres de l'estropiée  EmptyDim 14 Jan - 0:26
C'est dans un état d'esprit serein, tourné vers la seule quête de la perfection, que Valduis replia ses notes qui étaient à ses yeux le chef d’œuvre rédigé de sa créativité. D'un pas vif, il se redirigea vers la porte; la braise de l'adrénaline trahissait en son iris une volonté imminente de commencer la préparation du terrain.

« Oh... Tu le découvriras au moment venu. »

La nuit tombée, Valduis laissa Allys à ses occupations théâtrales : le plus gros de la mise en scène résidait en une analyse du terrain pendant que les proies étaient endormies. Il avait tiré de ses précédentes analyses une information intéressante à savoir les plaisirs matinaux de Jenk Malgar à se promener près des cimetières de la ville. Sans doute essayait-il de se convaincre dans sa folie perverse que dépouiller ce qui s'y trouvait pouvait toujours plus l'enrichir. Mais ce matin là, c'était la mort elle-même qui l'observerait depuis les pénombre de Rathram.

Allys avait vu vrai, et Valduis lui-même s'était amusé à le remarquer : leur cible était douée d'un sens de l'observation très poussé. Rien n'échappait à son regard ou presque, ce qui expliquait comment Jenk avait réussi à grimper les échelons de la criminalité. Il avait prouvé plus d'une fois cette tendance opportuniste à voir ce que les autres ne voyaient pas et à l'utiliser à son avantage. C'est pourquoi Valduis s'était servi de ce sens très développé pour le piéger à son propre jeu.

Le chemin qu'il prenait tous les jours était strictement le même : tout d'abord, Jenk s'extirpait de son enclos à malfrats pour grimper les ruelles. Il passait devant les maisons closes devant lesquelles il essayait malgré lui d'exciter son regard sur quelques scènes alléchantes. Puis, l'esprit une fois éveillé, il dépassait les murets qui assombrissaient les rues pour venir déambuler sur les remparts. D'ici, il avait une pleine vue sur le soleil levant qui éclairait les vertes plaines d'un orange mûr éblouissant. Enfin, une fois émerveillé par l'horizon qui se dessinait devant lui, il redescendait les marches de murailles pour se diriger jusqu'au cimetière un peu plus loin...

En théorie, cet enchaînement de visites aurait une logique de plaisir grimpant : d'abord les filles de joie, puis la beauté d'un soleil levant, puis... un cimetière ? Cela apparaissait pour lui comme le paroxysme d'une matinée agréable? Il était décidément un bien odieux personnage. Mais Valduis trouvait son plaisir dans des situations peut-être autant voire plus morbide que lui, ce qui ne lui permettait pas de donner un avis là-dessus. Quoiqu'il en soit, le plan était si simple à mettre en pratique qu'il n'aurait presque pas besoin d'intervenir.

Au beau milieu de la nuit, Valduis rentra de sa péripétie nocturne. Puis, profitant de la chaleur réconfortante du foyer, il se hâta d'écrire dans le détail le contenu de ce qu'il avait préparé pour en informer Allys. Elle n'aurait qu'à suivre à la lettre les étapes du plan en se plongeant dans son rôle normalement préparé cette nuit. Puis, une fois fait, il quitta à nouveau les lieux pour se cacher là où Allys le retrouverait comme indiqué sur le papier.



Voici le déroulement précis du plan qu'il faudra suivre à la lettre pour assurer sa réussite. Échoue, et sois sûr que ta cible nous échappera des mains.

Lorsque les premières lueurs du soleil apparaitront devant ta fenêtre, tu dois te retrouver dans le hall d'entrée de la maison close qui se situe dans les allées montantes du quartier pauvre. De là, une alliée de l'Ordre t'accueillera et fera mine de dépoussiérer ton visage : tu devras simuler une crise de larmes volontairement retenue pendant laquelle tu raconteras la triste histoire de ton rejet dû à ton handicap. Lorsque notre partenaire te fera signe - car vous serez face à la fenêtre qui donne sur l'allée -, tu emprunteras la sortie arrière.

Il faudra faire vite car la distance est assez longue : tu devras courir en passant par le quartier commerçant puis passer sous les remparts pour finalement te retrouver devant la ville. De là, tu devras t'arranger pour que la cible te voit seule et taciturne. Sois assise, cueille des fleurs ou des baies juteuses, peu m'importe : tu as la liberté de simuler à ta manière, mais il faut que ton comportement fasse suffisamment ressortir d'expressions pour lui donner envie d'en apprendre plus sur ta triste histoire.

Enfin, après avoir vérifié qu'il ne se trouve plus sur les remparts, tu te dirigeras dans le cimetière qui se trouve à seulement quelques dizaines de mètres de l'entrée de la ville. Tu devras être à genoux face à l'avant-dernière tombe qui se trouve à la 5e allée. Le tombeau est en marbre blanc et forme une édifice semblable à une véritable petite maison : un toit s'élève au-dessus du tombeau pour pointer le ciel, tandis qu'un portail en barreaux donne sur la pierre qui recouvre la sépulture.

A ce moment précis, tu devras avoir confiance en toi et ne pas laisser tes pulsions prendre le dessus, ni même la peur t'envahir : j'interviendrai au moment venu.

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Les spectres de l'estropiée  EmptyLun 29 Jan - 21:58
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L'asassin termina la conversation comme il savait si bien le faire : Par des paroles énigmatiques. Encore une fois, l'homme n'avait pas répondu à sa question, laissant ainsi Allys partagée entre la frustration et la curiosité. Cependant la belle avait d'autres chats à fouetter à présent. Il fallait qu'elle ne fasse qu'un avec ses personnage. D'un pas assuré, elle se dirigea dans sa chambre et se mit en tête de mettre la pièce sans dessus dessous avec pour objectif de dépoussiérer quelques vieilleries intéressantes. Elle y trouva un instrument de musique qu'elle avait à l'époque fabriqué, c'était un tuba grossièrement bricolé avec des objets trouvés. Cela conviendrait parfaitement à l'orpheline dans le besoin. Elle extirpa de ses placard également une armature pour les jupons et une petite sacoche en cuir. Une fois satisfaite de ses trouvailles elle passa une grande partie de la nuit à effectuer des allés retours dans la pièce, réfléchissant et s’entraînant à endosser son futur rôle. Les larges cernes qu'elle aurait au réveil serviraient d'ailleurs en ce sens.

Au petit matin, Allys déjà sur le qui-vive. Dès qu'elle en eut l'opportunité, elle se rua dans la boutique « La jarretelle » non loin de la maison close. Là, elle trouva les derniers éléments de son costume. Une robe à bas prix et une perruque. La marchande offrait une véritable collection de vêtements et accessoires pour qui voulait pimenter ses soirées. Rien d'étonnant qu'elle soit la fournisseuse principale de la maison close. Allys mit également de côté une autre tenue, celle qu'elle devrait endosser plus tard pour son second rôle. Pour l'heure, elle effectua sa première halte journalière. Une grande brune aux prunelles vairons lui ouvrit la porte et l'enjoignit à rentrer sans attendre. D'un pas pressé, elle la guida à l'étage, là où elle pourrait se changer à l'abri des regards. Un dernier coup de maquillage et quelques ajustements afin de donner l'illusion de vieux vêtements rapiécés et salis plus tard et les voici déjà à la fenêtre.

Jenk Malgar ne manqua pas son rendez-vous quotidien. Ce matin, ses yeux se posèrent sur la jolie poupée de porcelaine à l'air si triste. Il s'agissait d'une jeune fille aux cheveux châtains coupés visiblement au couteau en guise de ciseaux de fortune. Elle portait un long voile blanc et sobre lui descendant au bas du dos ainsi que quelques accessoires anciens mais d'une certaine valeur, signe qu'elle devait venir d'un milieu modeste mais fort convenable. Cependant, ses vêtements, bien qu'ils se voulaient élégants, témoignaient de la rudesse d'une vie dans les rues. Le corps secoué par ce qu'il semblait être des sanglots, elle relatait à la femme de petite vertu ce qui l'avait conduite ici.


« Je m'appelle Ohara, je suis navrée de vous importuner mais... Je.. Je ne n'ai plus nulle part où aller. »

« Allons, allons, tout va bien tu es en sécurité ici. Raconte-moi ce qu'il t'es arrivée. »  

« Tout est de ma faute. Je viens d'une famille modeste. Ils ont fondé de grands espoirs sur moi... Pour notre famille. J'étais promise à un riche marchand. Tout ce que j'avais à faire était d'apprendre à devenir une bonne épouse, grâce à ma préceptrice, seulement je me suis montrée idiote... J'ai voulu l'impressionner. Je me suis dis que si je devenais une bonne cavalière, je pourrais le suivre dans ses voyages et qu'il y verrai un soutien sans failles... Seulement... Seulement... Mon cheval à prit peur, j'ai fais une mauvaise chute et, je, j'ai du... J'ai me faire amputer. Mes parents ont investi leurs économies dans des prothèses dans l'espoir que mon mariage résoudrait tout mais il rompit sa promesse en annulant nos fiançailles et plus aucun prétendant ne s'intéressa à moi. Je leur ai causé une telle honte et déception... Je n'étais plus qu'une charge pour ma famille, extrêmement coûteuse qui plus est... Ils ont vendu la maison et déménagé. Ils n'ont pas trouvé la nécessité de me prendre un billet de train... Alors depuis je... »

Un geste de sa complice lui indiqua que la cible avait reprit sa route. Inutile de poursuivre. Sans attendre, Allys harnacha son instrument à son dos et se mit à cavaler à pleine vitesse dans les rues commerçantes. L'issue de leur victoire reposait essentiellement sur ses épaules, elle ne devait pas échouer. Pourvue qu'elle soit à la hauteur de la tâche. Mentir n'était pas dans sa nature mais elle savait que les mensonges les plus convaincants étaient justement ceux que l'on n'attendait pas. Plus vite qu'elle ne l'aurait pensé, la jeune femme passa sous les remparts et jusqu'au prochain arrêt. Là, Allys prit une profonde inspiration pour calmer son essoufflement. Elle s'assit sur un rocher et installa son instrument sans jeter un regard vers les remparts. Elle savait que sa cible arriverait sous peu. Alors, la jeune femme se mit à jouer de son tuba une mélodie sombre et mélancolique. Cela suffirait à appuyer un peu plus son histoire. L'orpheline musicienne qui ne parvient plus à subvenir à ses besoin que grâce à ses prestations dans la rue et à la générosité des passants.

Lorsqu'elle fut certaine que l'homme avait quitté les remparts, elle enchaîna sur le dernier point de rendez-vous. Le cimetière. Immanquable. Allys ignorait la suite des événements mais elle fit exactement ce qui lui avait été demandé. Elle s'agenouilla face à l'avant-dernière tombe de la cinquième allée. A présent elle était seule et démunie. Que devrait-elle faire ? Son bourreau allait arriver et elle commençait à sentir un nœud de peur étreindre ses entrailles. Combattant celle-ci du mieux qu'elle pouvait, elle laissa son visage garder une expression neutre.


Apparence d'Ohara:

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