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Chroniques d'Irydaë
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 :: Les terres d'Irydaë :: Au-delà du monde :: Lieux spéciaux
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 Qu'elles étaient vertes vos contrées [Aurore]

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Qu'elles étaient vertes vos contrées [Aurore] EmptyMer 4 Oct - 22:34
Septembre 932

   Odard resta un moment accoudé au rebord de sa fenêtre, le tagta qu’il avait loué pour l’occasion s’était envolé fièrement avec cette grâce sauvage et naturelle avant de disparaître dans le lointain. Nul doute que la bête trouverait son chemin, il le fallait. Il referma le vitrail avec un soupir en sachant qu’il passerait les prochaines semaines à se languir de sa réponse.

    Un silence écrasant était tombé sur la petite mansarde qu’il occupait pour le moment, il finit de ranger ses plumes encres et parchemins et s’emparant de son Luth, s’en alla marcher à la faveur de la nuit fraîche.

   
Citation :
   Très chère Aurore.

Je vous écris le coeur lourd ma mie car je me languis du temps passé en votre compagnie. J’ai encore en ma mémoire le souvenir des instants vécus, et je sais que ces aventures ont été un véritable bol d’air dans nos existences respectives.

Je voyage en ce moment près des côtes après avoir subi quelques mésaventures à Busad. Vraiment ma mie, les marins ont une âme que l’on ne retrouve nulle part ailleurs et je ne cesse de m’étonner des merveilles sur la mer renferme en son sein. J’aimerais que vous puissiez contempler toutes ces choses en ma compagnie très chère, notre expédition a ouvert une porte en moi dont je ne soupçonnais pas l’existence et bien que ma vie soit des plus agitées je me languis désormais de folles aventures.

Sachez ma mie que la Corne de toutes les convoitises attend toujours le maître qui en fera l’instrument de mes rêves. Je ne désespère cependant pas, la vie m'a réservé suffisamment de surprises pour que je daigne faire preuve d’un peu de patience.

J’espère de tout coeur que tout va pour le mieux de votre côté, le contraire me serait insupportable sachez le. J’espère également que vos parents ainsi qu’Alezane se portent pour le mieux et que vos affaires florissent. Pour ma part les affaires sont au beau fixe pour ne pas changer et je vogue de taverne en taverne avec la flamme que vous me connaissez. J’ai même officié à bord d’un navire, l’imaginez-vous? Un fier deux mâts à la voilure impressionnante! J’en garde un souvenir impérissable que je serai ravi de vous conter dans le détail lors de notre prochaine rencontre.

Nul doute que vous avez désormais découvert ce que j’ai dissimulé chez vous, si cela vous a irritée je m’en excuse, si je vous ai amusée eh bien je m’en réjouis ma mie, je souhaitais simplement me rappeler à votre bon souvenir!

Aussi incroyable que cela puisse paraître je m’ennuie très chère et cela est d’autant plus désagréable que je ne pense pas en avoir déjà fait l’expérience. Si d’aventure une aventure vous venait à l’esprit, qu’elle qu’elle soit, par pitié faites moi mander. J’accourrerai aussitôt, je serai d’ailleurs peut-être là avant que vous n’ayez fini d’écrire votre missive.

J’espère encore une fois que tout va pour le mieux et que cette lettre trouvera le chemin de votre chaumière, il me tarde d’avoir de vos nouvelles.

    Votre obligé Odard Coursang.

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Qu'elles étaient vertes vos contrées [Aurore] EmptyDim 8 Oct - 15:47
- «  Aure ? Tu as  eu un Tagta aujourd’hui ! »

Des bruits de marches descendus rapidement furent l’unique réponse que la mère d’Aure eut le temps de percevoir avant d’avoir juste devant elle la silhouette de la rouquine tendant la main. Celle-ci n’avait pas réagi immédiatement, donnant simplement la missive à la jeune fille. Aure n’avait pas fait de vieux os en bas. Elle avait tapoté la tête du Tagta, donnée quelques graines à l’animal avant de remonter à l’étage, petit parchemin en main.

- «  Ne le laisse pas repartir, je vais faire ma réponse et l’envoyer dans la foulé. »
- « Oh… Mais qui est-ce ? »
- « Je ne sais pas, je n’ai pas encore ouvert. »

Non, elle ne l’avait nullement ouvert, mais elle espérait très fortement reconnaître la signature d’un barde. Installée sur son lit, les jambes légèrement relevées contre le mur, la mage avait commencé sa lecture, affichant un sourire satisfait. Elle n’avait pas tardé à rédiger sa réponse, avant de descendre pour l’accrocher au pied de l’animal qui s’était presque aussitôt envolé.

Lettre a écrit:
Mon cher monsieur Coursang,

Je suis heureuse d’avoir de vos nouvelles, vraiment. Vous avez eu le nez, je suis rentrée il y a peu à la ferme, j’étais… en exploration de nos merveilleuses régions. Vous aviez raison, notre monde est vaste, beaucoup trop pour ne pas être parcouru de long en large. Je n’ai pas eu la chance de faire des rencontres aussi marquantes que la nôtre. J’ai cependant pu m’émerveiller devant des paysages tous plus changeant qu’à Suhury.
Mon père n’est plus depuis de nombreuses années, du moins, c’est ce que mon esprit me laisse supposer. Votre question me laisse plus ou moins perplexe. J’ai cependant retrouvé ses notes, cela ne correspond pas à mes souvenirs… Je ne sais pas trop quoi en penser.

Je ne vais pas rester longtemps ici, je n’arrive plus vraiment à rester en place dernièrement. Je pense partir d’ici quelques jours pour Esarim, une commerçante a besoin d’aide pour sa récolte de clémentine, ensuite, je ne risque de pas de rentrer, enfin je ne sais pas trop. Nulle inquiétude cependant, je vais bien. J’ai enfin ressenti ce frisson de l’aventure dont vous parliez, ou du moins que j’avais l’impression de percevoir chez vous.  Sachez que votre présence me manque, je serais heureuse de parcourir d’autres exploits en votre compagnie.

Cependant, si vous décidez de venir me rejoindre, j’espère avoir la joie de découvrir votre flûte terminée et d’entendre votre dernière aventure de vive voix.
Une fois installée, dans une auberge autour d’Esarim je vous ferai parvenir un nouveau Tatga.


Aurore

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Qu'elles étaient vertes vos contrées [Aurore] EmptyDim 28 Jan - 20:29
~ Début Mars 933 ~

Qu'elles étaient vertes vos contrées [Aurore] 180128083153164932

Lettre d'Aurore a écrit:

Mon cher Odard,

C’est difficile pour moi de t’écrire ses mots, pourtant je sais que je le dois.
Tu dois savoir, comprendre pourquoi. Je ne sais pas ce que tu représentes pour moi et la raison qui me pousse à chaque fois à t’écrire, de dire ce que je fais, ce que je pense.
Tu es en quelque sorte mon lien spirituel avec mon moi, intérieur, comme un frère que je n’ai pas, je n’ai jamais eu je crois.

Je suis actuellement au port d’Etsiin et je m’en vais. Je pars pour les terres inconnues, celle des gens qu’on juge coupables de bien des maux.
Je dois retrouver Ludwig, cet homme avec qui j’ai dû survivre, cohabiter pour échapper au pire.

Je ne comprends pas pourquoi. J’ai besoin de le voir, c’est tout, c’est comme ça.
J’ai peur que mère m’oublie, elle le fera si je meurs. Alors j’avais besoin de te demander cette faveur. Va la voir régulièrement et questionne là à mon sujet. Si je disparais, tu seras le seul à pouvoir veiller sur elle. Ma demande est égoïste, pardonne-moi.
J’espère que de ton côté, tu vas bien. Que tu ne partages plus ton lit avec autant de conquêtes dont je ne parviendrais jamais à retenir le nom.

Je t’écrirai autant que possible, ou presque, je t’en fais la promesse.

Bien à toi

Aurore

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Qu'elles étaient vertes vos contrées [Aurore] EmptyMar 30 Jan - 21:11
    Il y a ces certitudes et ces choses que l’on pense acquises, bien que parfois distantes et lointaines, qui volent en éclats en l’espace de quelques instants. S’il comprenait? Bien sûr qu’il comprenait. Aurore était l’une des rares personnes pour qui il n’aurait pas pu ne pas comprendre, se montrer facile et flexible. C’était juste une de ces nouvelle qui peuvent bouleverser le cours d’une existence comme leur rencontre l’avait fait. Mais Daënastre? Tout cela était un véritable choc mais comme à son habitude il répondrait avec douceur et compréhension, comme il l’avait toujours fait. En s'estimant tout de même heureux d’avoir ne serait-ce que reçu cette lettre, ne pas savoir aurait été finalement mille fois pire.

    Comme pour s’assurer que tout cela était réel et afin d’avoir un moyen de prendre à sa manière de ses nouvelles, Odard ouvrit l’étui de son Luth pour y graver à la pointe de sa dague les lettres du prénom de son amie. Comme une manière de rendre indélébile ce qui pouvait finalement s’évanouir à tout jamais et de vérifier, chaque jour, qu’il se souvenait bien de ce que cela représentait.

    Très chère Aurore.

J’espère simplement que vous trouverez en ces terres étranges ce que vous êtes allée y chercher. Sachez que j’ai à votre égard ces mêmes sentiments, celle d’une amitié que j’aurais aimé connaître bien plus tôt mais qui parvient chaque seconde de son existence à rendre la mienne meilleure.

Ou que vous soyez et peu importe quand - et si - vous recevez cette missive, j’espère simplement que vous allez bien. C’est peut-être la seule chose aujourd’hui qui compte à mes yeux. Je vous promets de veiller sur votre mère comme si c’était la mienne et je ferais en sorte que quoi qu’il arrive votre souvenir lui ne meure jamais. Considérez cela comme un serment envers quelqu’un pour qui j’ai trop d’estime pour jamais oser le briser.

Que ce soit de ce côté ou l’autre du monde, si jamais vous aviez besoin de moi, appelez moi aussitôt je vous en conjure. Un océan n’est finalement rien de plus entre deux amis qu’une goutte d’eau. J’accourerai aussitôt soyez-en certaine!

Bien que je ne porte pas les non-mages dans mon coeur je serais enclin à un peu plus d’indulgence s’ils sont parvenus à trouver leur chemin dans le votre. J’espère encore une fois que vous allez bien, ici la vie suit un cours ma foi bien paisible, ponctué des mêmes joies et , à votre grand damn, des mêmes excès.

Je me rendrai dès que possible chez votre mère et y demeurerai quelques temps, vous pourrez me joindre là-bas si vous le souhaitez. Je vous envoie avec cette lettre toute la force et le courage dont vous pourriez avoir besoin, ainsi que l’assurance de mon soutien et de ma loyauté. Et ce quoi qu’il arrive.

Dans l’attente de vous revoir je l’espère très rapidement, je vous souhaite tout le bonheur du monde.

    Votre obligé Odard Coursang.

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Qu'elles étaient vertes vos contrées [Aurore] EmptyVen 9 Fév - 10:53
Début Avril 933

L'homme de la porte vient de déposer la feuille vierge, de l'encre et une plume. Il a promis à la rouquine de tout faire pour que cette lettre arrive à son destinataire, sans que cela ne soit impossible que Ludwig y jette un œil avant. Comment pouvait-elle le savoir ? Les yeux brillants de la my'tränne avait fini par le convaincre, il irait lui même accrocher le tout autour d'un Tagda. Cette lettre devait arriver. L'écriture n'était pas aussi fluide que d'habitude. Aurore n'était pas dans un état psychologique de lucidité, aussi, il n'y avait que très peu de sens dans ses mots. Ou peut-être bien trop.  Assise sur un bureau, elle débuta sa rédaction.

Citation :



Odard,

Te souviens-tu de l’histoire que tu m’as racontée lors de notre chasse, celle des adeptes de l’illusion qui se perdent dans l’esprit de ceux dont ils ont exploré la tête. Je suis perdue. Non, il est perdu ? Je ne sais pas trop. C’est douloureux. J’ai un plâtre d’ailleurs, ou j’avais, je ne sais plus. J’ai, je crois. C’est une substance blanche qu’on met sur le bras, pour permettre au corps de se réparer seul, c’est dur. Ça ne me donne pas envie de vomir, mais j’en veux pas. J’ai fait quelque chose d’horrible. Non. Non. Pas moi. Si ? Je ne veux pas en parler. Penses-tu que les architectes sont fâchés contre moi ? Je crois. Je suis certaine. Non. Ce n’est pas possible. Le jardin est agréable ici, il me rappelle un peu nos terres, en moins beau, évidemment. L’homme de la porte est drôle, il m’a cédé mon caprice. Je crois que Ludwig a demandé à ce qu’on m’apporte ce que je veux. Cette feuille est étrange tu ne trouves pas ? Elle, elle me donne quelque douleur dans le ventre. Pardon. À toi aussi certainement.

C’est atroce cette douleur, je veux dire, tu sens ? Celle des autres. Il y a trop de choses ici, mais il y a surtout lui. Je dois le tuer n’est-ce pas ? Il le faudrait…je sais. Non. Je ne veux pas. Je devrais choisir. La raison. Non. On me regarde étrangement, je ne suis pas la bienvenue, je le sais. Oh non, pas les habitants de cette maison –tu te rends compte que le petit salon fait la taille de chez mère ?- les autres. Tous. Presque tous. J’ai une chambre juste pour moi. Lui ? Je ne sais pas. Je le hais, je crois. Non pas vraiment. Je devrais surtout. Je ne rentre pas. Ou peut-être que si. Non ? Non.  Tu sais le plâtre, si, le truc blanc. Il ne faut pas le mouiller. Tu penses que les gens ne se lavent pas ici ? Moi je crois. Enfin. Juste ceux avec un plâtre. Pas moi hein. Moi je fais attention.  Comment va mère ? Ludwig ne cuisine pas, je crois. Il a plein d’homme et de femme d’objet. Il y a la femme du balai, l’homme du feu, l’homme de la porte, la femme de courses… Moi ? Moi je dois être la femme enfermée. Pas enfermée complètement, je peux sortir, mais je ne veux pas le voir. Enfin si. Non. Si ? Peut-être. Alors je vais le voir, mais j’ai mal. Odard. Recevras-tu ma lettre ? J’ai quelque doute.

Je fais confiance à l’homme de la porte, il m’a promis. Penses-tu que je suis un monstre ? Je sais que je le suis, alors je dois le mériter. Serait-ce un test de nos créateurs ? Ludwig est mon ombre et ma lumière. Je ne sais guère comment te l’expliquer. Comme un bourreau et un sauveur. Parfois, j’ai envie d’abandonner. Le plâtre, tu sais, bientôt, je vais pouvoir le retirer –encore- définitivement. Les adeptes de Möchlog ici n’ont pas le don de l’architecte de la vie et de la mort, c’est étrange non ? Par contre, cette technologie est partout. J’ai tout le temps un sac à vomi. C’est un sac que la dame du repas m’a donné, elle m’a dit «  Jeune femme, ceci est votre unique secours pour ne pas repeindre les rues de la ville et les lieux que vous allez visiter. Courage. » Je n’ai pas compris. Peut-être bientôt. J’ai fait quelque chose d’horrible… Je le sais. Encore plus horrible que donner la mort à des gens qui ne font pas partie de notre peuple. Odard… Je suis devenue bien pire qu’un monstre. Est-ce qu’un monstre bien ça existe ? Je n’ai pas envie de le perdre. Le plâtre ? Pourquoi le plâtre ? Je ne sais plus. J’espère que tu vas bien ? Tu dois bien aller, tu n’as pas le choix. Ne t’abandonne pas à trop de femmes à la fois, je sais que c’est quelque chose que tu apprécies, mais par les saints rognons Odard à ton âge, tout de même ! J’ai besoin de savoir que mère va bien, toi aussi… J’ai promis au Gharyn de la ville de Busad de lui donner des nouvelles, que pourrais-je lui dire ? Qu’ici c’est froid, douloureux ? J’ai essayé… Je n’y arrive pas. Je ne veux pas briser ses rêves. Les miens suffisent. Oh Odard. Je vais bien, très bien même, mais un jour, peut-être pas. Mais là, ça va aller, je le sais.

A bientôt peut-être
Prends soin de toi
Aurore


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Qu'elles étaient vertes vos contrées [Aurore] EmptySam 10 Fév - 11:14
    Odard avait beau lire et relire la lettre tout cela manquait de lucidité, l’esprit vif et affuté qu’était Aurore semblait en proie à une souffrance insupportable, comme si les horreurs que renfermait Daënastre avaient fini par avoir raison des barrières qu’elle avait dressé autour de son esprit. Il avait pourtant sauté de joie à l’arrivée du tant attendu Tagta, uniquement pour froncer les sourcils à la vue de cette écriture autrefois ronde et fluide, désormais penchée et fébrile.

    Il avait dit un jour que la pire des souffrances était celle de l’autre, mais qu’en est-il quand cet autre crie au secours sans même s’en rendre compte? Et comment une simple lettre pouvait à son tour abattre une à une les digues de sa retenue. Un appel à l’aide à vous couper l’âme en deux venu d’une contrée renégate et haïe à juste raison. Une larme solitaire vint s’écraser sur le papier tout près du prénom de son amie, comme une signature, une réponse à cette supplique qui n’en était pas une mais à laquelle il ne pouvait pas, ne pas réagir.

    Comme toutes les autres lettres celle-ci trouva sa place dans un petit compartiment de l’étui de son Luth, afin de ne jamais s’en séparer quoi qu’il arrive. De rage le verre qui trônait sur la petite table de nuit de la chambre d’ami des Seraphon s’envola contre le mur le plus proche et dans un accès d’émotions qui ne lui ressemblait pas le barde hurla. De rage ou de désespoir, mais aussi de détermination. De cette volonté froide et implacable de redresser les torts qui avaient été causés et de châtier par le feu s’il le fallait les responsables de cette ignominie. Et il le faudrait, car il ne pouvait s’ôter de l’esprit l’idée qu’il aurait pu en faire davantage, réagir à temps quand la lettre précédente était arrivée. Il lui avait souhaité comme à son habitude tout le bonheur du monde et se retrouvait à contempler les écrits décousus d’une femme brisée, alors que tant de gens méritaient de l’être, mais pas elle. Surtout pas elle.

    Partagé entre l’idée de foncer tambour battant jusqu’en ces terres impies pour y semer un chaos à la mesure de leur affront et de ramener son amie coute que coute, Odard pris quand même le temps de répondre à cette lettre, le Tagta saurait certainement retrouver son chemin même si la situation qu’elle dépeignait lui faisait douter qu’elle puisse un jour lire sa missive. Peu importait. Mais que pouvait-il bien dire? Hormis d’affligeantes et larmoyantes banalités, la vérité était qu’il n’arrivait plus à aligner deux pensées, deux mots de manière cohérente. Le calvaire de son amie défilait en boucle dans son esprit de la pire des manière et c’est une plume tremblante qu’il apposa sur son parchemin, pas réellement certain de ce qu’il souhaitait écrire.

    Très chère Aurore.

Ces nouvelles me brisent le coeur, aussi fort que votre départ m’a affecté j’ai souhaité qu’il en soit pour le mieux pour vous car c’est tout ce qui m’importe, mais un tel scénario était pour moi impensable. Qui est ce Ludwig et que vous a-t-il fait? Êtes-vous blessée? Êtes-vous en bonne santé? Tant de questions auxquelles je n’aurais pas de réponse car je prendrai le prochain navire, dragon ou même radeau en partance pour Daënastre. Dussé-je venir à la nage, je n’en ai cure très chère. Je viens vous ramener chez vous, auprès des vôtres qui ne vous feront jamais le moindre mal.

Je m’excuse pour la brièveté de cette missive ma mie, mais votre souffrance m’est intolérable et me vole jusqu’à mes mots. J’espère que vous gardez espoir, sachez juste que jamais au grand jamais je ne vous abandonnerai et si vous retrouver doit devenir ma quête soyez certaine que j’y dévouerai ma vie s’il le faut.

Je veux juste que vous sachiez qu’ici tout le monde va bien, j’ai pris soin de votre mère comme vous me l’aviez demandé. Vous serez de retour à ses côtés dans peu de temps je vous en fait le serment.

Je pars dans l’heure. Gardez la tête haute Aumie, vous avez en vous plus de force que vous ne le soupçonnez. Et vous êtes une bien meilleure personne que vous ne l’imaginez, n’en doutez pas.

    Votre dévoué Odard Coursang.


    Ces chiens renégats allaient payer, en quelques instants et à travers quelques lignes fébriles Odard était passé d’un barde léger et espiègle à un mercenaire prêt à tout. Le premier technocrate qui se dresserait en travers de son chemin goûterait à la magie du Griffon Blanc assortie d’une dague dans la gorge. Et si d’aventure il devait mettre à feu et à sang une ville entière il le ferait sans sourciller. L’innocence est une vertu rare qu’il faut parfois savoir reléguer, certaines choses n’ont pas de prix, les amis en font partie.

    Il descendit les marches quatre à quatre, surprenant ainsi Dame Séraphon qui était habituée à son pas fluide et discret. Son Luth en bandoulière il posa sa main sur l’épaule de celle avec qui il avait vécu ce mois de Mars 933 et s’autorisa à déposer un baiser sur son front. Les Architectes savaient que si elle n’avait pas été toujours la meilleure des mères elle n’en aimait pas moins sa fille d’une manière dévorante, et qu’elle vivait cette absence aussi mal que l’on pouvait se l’imaginer.

    Je vous ramène votre fille gente dame.”

    Et il était parti sans avoir eu le coeur de lui faire part de cette lettre, sans se retourner, savoir aurait été trop dur à supporter pour elle. Il se rendrait à Darga au triple galop et trouverait ensuite le moyen le plus rapide de gagner Daënastre. Mais où irait-il ensuite? Ce continent était aussi grand voir plus que My’trä, autant chercher une aiguille dans une botte de foin. Mais il n’abandonnerait pas, jamais. Et si c’était la dernière chose qu’il devait entreprendre c’était aussi celle qui aurait le plus de sens.

    Pour l’instant la seule piste dont il disposait était celle du Gharyn de Busad, même si son dernier passage au Kharaal risquait d’avoir laissé un souvenir amère aux autorités. Toutes ces querelles et ces chats morts n’avaient plus d’importance face à l’urgence qui se dessinait devant lui. D’après les dires d’Aurore elle semblait blessée, et plongée dans un état de confusion qui demanderait des mois, voir des années de repos et de soins. Cette urgence à elle seule justifiait que chacun laisse ses frasques et ses rancoeurs de côté. Et s’ils n’y consentaient pas eh bien, tout le monde n’a-t-il pas plusieurs facettes? Certaines bien moins reluisantes que d’autres.

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