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Chroniques d'Irydaë
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 :: Les terres d'Irydaë :: Daënastre :: Le Tyorum
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 Tant de mauvaise foi.

Eléonore Steinfort
Eléonore Steinfort
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Tant de mauvaise foi. EmptySam 20 Jan - 1:30
Irys : 465233
Profession : Fugitive - Névrosée
My'trän -2

La foule agitée formait désormais un attroupement conséquent autour de la scène. Les plus vieux semblaient choqués, les enfants avaient le visage empreint de cette curiosité malsaine qui caractérise si bien la jeunesse. Tous avaient au fond des yeux une lueur de colère et d'impuissance. Certains des hommes serraient le poing de rage, rêvant d'intervenir pour mettre fin à ce spectacle sordide. Mais le nœud que la peur provoquait dans leurs tripes semblait les avoir privés de tout mouvement, comme pétrifiés. Un silence de mort dominait la scène, entrecoupé de temps à autre par des exclamations étouffées de stupeur. Le sourire goguenard d'Eléonore s'élargit encore un peu alors qu'un nouveau frisson de plaisir parcourait son échine. Infliger physiquement des tourments était certes plaisant, mais la torture psychologique avait ce petit quelque chose d'encore plus cruel qui ne la laissait pas indifférente.

La blondinette reporta son regard loufoque sur le pauvre homme à ses pieds, appréciant tout particulièrement l'attention qu'on lui portait. Dans d'autres circonstances, elle aurait accueilli un tel succès avec plus de retenue. Après tout, l'Anomalie avait tout de même une créature semi-divine à ses trousses et se faire aussi voyante aurait pu lui porter préjudice. Mais elle n'avait de toute façon pas prévu de faire de vieux os dans cette ville minable -une journée tout au plus- et aux dernières nouvelles, le Régisseur à sa poursuite n'était pas dans les parages. En tout cas pas selon l'espèce de « lien » qui les connectait elle et son prédateur et qui lui permettait de connaître approximativement la position de celui-ci. Alors la disciple de Dalai s'en donnait à cœur joie et lorsque ce qui devait être un simple larcin s'était transformé en séance de torture publique, elle ne s'en était pas formalisée. Elle s'accroupit devant sa victime dont les tressaillements de terreur semblaient faire écho aux frémissements des narines de la jeune femme, manifestation indéfectible de son excitation.

-Tu es sûr que tu ne veux pas me la laisser ? Fit-elle en pointant du menton un objet que l'homme tenait dans une main serrée contre son cœur.

Sa voix, aussi douce que celle d'une mère à son enfant, lui glaça pourtant le sang. Elle transpirait la névrose, et sous la forme d'une question anodine Eléonore venait clairement de le menacer à nouveau. La lame déjà ensanglantée de son poignard vint effleurer la main tremblante de son jouet du jour, terminant sa course sur la chaîne qui en dépassait malgré les efforts de ce dernier pour la dissimuler. Pourquoi diable attachait-elle tant d'importance à la récupération de cette montre ? La question se posait en effet. Ce n'était clairement pas sa valeur pécuniaire -dont elle n'avait strictement aucune idée de surcroît- qui l'intéressait. Alors quoi ? C'était la façon pathétique avec laquelle il voulait absolument protéger cet objet qui lui donnait encore plus envie de l'avoir? Peut-être. Ou alors il n'y avait aucune explication logique à son comportement. Peut-être que le simple bruit de « tic-tac » lui avait fait perdre la boule. Une agitation inédite tira Eléonore de ses pensées et après un moment d'hésitation elle se releva avec un claquement sec de la langue.

-Je me disais bien que personne ne venait m'emmerder.

Évidemment, la milice avait fini par débarquer. Dans un mouvement fluide, la jeune Zagashienne arracha la montre à gousset de la pointe de son poignard en tirant sur la chaîne. L'objet atterrit dans la paume de sa main ouverte, mais Eléonore avait déjà disparu du cercle qui s'était formé autour d'eux. Malgré son désir d'attention, une garde à vue était trop risquée. Elle ne voulait tout de même pas faciliter la tâche à son poursuivant. La blondinette se fondit dans la foule le plus naturellement possible. Tant pis, elle n'aurait pas l'occasion d'utiliser sa magie aujourd'hui. Mais cela n'était qu'une question de temps avant que le torrent ne déchaîne son véritable pouvoir sur les Daënars. Une fois à l'abri des regards dans une petite ruelle peu fréquentée, Eléonore plongea son regard olive sur l'objet de toutes ses convoitises, un doux sourire aux lèvres.

-Salut, toi.

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Tant de mauvaise foi. EmptyDim 21 Jan - 15:49

La jeune femme détourne un regard ampli de dégoût d'une rangée de petits objets cubiques. Le vendeur a la criée qui les présente comme des "briquets" semble prendre à malin plaisir à libérer une flamme pathétique à chacun des mouvements de son pouce. Une grimace assombrit les traits de la rouquine tandis qu'elle imagine la réaction de Süns face à cette pâle copie de son feu sacré.

Les daënars ont répudié les dieux et la magie. Et ils s'acharnent pourtant à compenser ces pertes par des inventions qui sont bien loin d'égaler les dons octroyés par les Architectes. Ils ont incontestablement perdu au change. Mais au lieu de se repentir et reconnaître leurs erreurs, ils s'enfoncent davantage encore dans l'hérésie avec l'espoir fou, sans doute, que Technologie parviendra à combler le vide inhérent à l'absence de foi. Une dangereuse utopie...

La rouquine masse brièvement ses tempes avant de tourner le regard vers Althéa. Inutile d'échanger des mots pour savoir ce que cette dernière pense de tout ceci. D'autant plus que le simple fait de parler s'avère parfois pénible avec les nausées incessantes qui l'assaillent. Évoluer sur Daënastre ne serait pas une tâche facile, elle en était consciente. Mais elle était loin d'imaginer que Technologie était si imbriquée dans la vie des infidèles. Elle est omniprésente, narguant sans complexe les deux mages de toute la force de son insolence.

Le duo poursuit son avancée dans la fourmilière qu'est ce Tyorum. Zora fait de son mieux pour éviter les contacts physiques avec leurs ennemis comme si elle cherchait à tout prix à éviter une contagion. Un exercice quelque peu compliqué dans une foule aussi dense. D'autant plus qu'un spectacle de rue ou quelque chose dans ce goût-là bloque la circulation. S'approchant de la zone captant l'attention des gens, par curiosité autant que par nécessité, elle perçoit la mine tendue des spectateurs.

La raison devient évidente quelques instants plus tard lorsque l'adepte de Möchlog se met sur la pointe des pieds et distingue une jeune femme qui menace un homme. L'objet de cette dispute semble être l'un de ces lecteurs de temps mécaniques que les daënars affectionnent tant. Zora trouve rapidement là une forme de distraction qui lui arrache un sourire amusé. Il est légitime d'apprécier la vision de deux affrontement entre hérétiques. Même si l'issue de cette confrontation ne semble pas faire grand doute...
"Qu'est-ce que tu attends pour te battre?" encourage-t-elle l'homme à terre. "Allez, lève-toi!"
Son cri se perd dans le brouhaha ambiant. Les visages alentours se tournent vers elle tandis que des regards oscillants entre la désapprobation et la surprise se mettent à la détailler. Visiblement personne ne partage son enthousiasme. Pourquoi les hérétiques doivent-ils être si... glauque? Personne ne semble vouloir encourager les protagonistes de ce duel ou parier sur le possible vainqueur. Quel manque d'entrain!

Zora remarque alors un détail qui ne lui avait pas immédiatement sauté aux yeux. Les vêtements de la jeune femme au centre du cercle lui évoquent quelque chose. Leur coupe détonne avec le manque de goût des vêtements daënars. L'adepte de Möchlog est en train d'observer plus en détail la tenue de la gladiatrice lorsque cette dernière prend la poudre d'escampette, oubliant au passage d'achever son opposant. Ces gens ne respectent-ils donc rien?
"C'est quoi ce délire? Elle n'a même pas eu la décence de l'achever!" s'insurge-t-elle en regardant Althéa. "Je m'en charge!"
Elle glisse la main sous son manteau et et s'apprête à saisir l'étrange faux fournie par Loud'wig, prête à terminer le travail à la place de la fuyarde. Mais des sifflets retentissent et une bande de miliciens fait irruption avec une délicatesse pratiquement inexistante. La plupart d'entre eux s'emploient à disperser la foule tandis qu'une minorité prend en charge le blessé tout en le pressant de question. Un soupire agacé quitte les lèvres de la rouquine.

Maintenant que sa soif de purification est attisé par les événements, elle doit la satisfaire. Elle distingue alors la silhouette de la gladiatrice qui disparaît avec un calme olympien au milieu de l'agitation. Sans réellement réfléchir, un sourire carnassier sur les traits, la rouquine se lance à la poursuite de sa nouvelle cible. Un bref regard par dessus son épaule lui assure au passage qu'Althéa n'est pas en reste.

~~~~~~~~~~


Elles s'engagent dans la ruelle peu fréquentée dans laquelle leur proie semble avoir disparu. Un air de satisfaction sur le visage, Zora constate qu'elles ne se sont pas trompées lorsqu'elles repèrent la personne suscitant leur attention. Cette dernière est en train d'observer avec une satisfaction évidente le mesureur de temps qu'elle a subtilisé à son adversaire. La disciple de la Chouette ne saisit pas réellement les mots qu'elle lui adresse dans la foulée mais le simple fait de parler à l'un de ces objets dénote une certaine folie.
"Cette chose ne te répondra pas, tu sais?" se moque-t-elle avant de se questionner sur la véracité de ses dires. "Enfin, je crois?!"
Elle pose son regard sur Althéa, cherchant une réponse qu'elle n'obtiendra probablement pas. Ça ne parle pas ces machins, si? Mais qui peut dire ce dont l'hérésie daënar est véritablement capable? Ce ne sont d'ailleurs pas les surprises qui manquent sur ce continent. Zora observe avec méfiance l'objet que la jeune femme tient dans sa main, comme si elle s'attendait à ce qu'il s'anime subitement.
"Et bien et bien et bien..." demande-t-elle à sa comparse. "Qu'avons-nous là, Althéa?"
À part une hérétique à l'accoutrement décidément bien familier, bien sûr...

Althéa Ley Ka'Ori
Althéa Ley Ka'Ori
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Tant de mauvaise foi. EmptyDim 4 Fév - 14:47
Irys : 507592
Profession : Guérisseuse du Troisième Cercle
My'trän +3 ~ Suhury (femme)
Althéa soupira. D’exaspération, d’ennui et d’agacement. Le premier s’exprimait à chaque instrument technologique qui entrait dans son champ de vision ; le second trouvait son origine dans la futilité des activités daënars, corroborée par son mal du pays, et le dernier ma foi de l’incessant mal de tête qui lui broyait le crâne à petit feu. Une main fébrile se porta à son front pour y appliquer un peu de sa fraîcheur hivernale, mais même ses dons ne venaient à bout de ce mal latent. Les Architectes leur interdisaient d’approcher la Technologie de trop près, et ces signaux corporels les alertaient de ce refus catégorique. Et comme la souffrance d’une coupure nous rappelle d’utiliser son couteau de cuisine avec précaution, leurs nausées ravivaient dans leur mémoire l’aversion justifiée qu’elles se devaient d’entretenir à l’égard de la technologie.

En parlant de couteau de cuisine, c’est une lame d’une toute autre nature qui se brandissait contre un citoyen daënar, non loin de là, et sans surprise, Zora se précipita à l’endroit du spectacle de rue. Docile, et pas moins curieuse, la guérisseuse la suivit de près. La clameur étouffée traduisait une panique malsaine, de celles qui poussent tout un chacun à retenir son souffle, à se complaire dans l’inertie tant que personne d’autre ne semble agir, que ce soit le fauteur de trouble ou le public qui assiste à son indécence.

Lorsqu’elle vit une lueur écarlate, elle retint son envie soudaine de régurgiter son repas. Être une guérisseuse ne signifie pas qu’on apprécie les visions gores. Elle détourna le regard, masquant néanmoins un sourire dur à l’encouragement belliqueux de Zora. Puis ses yeux tombèrent sur un de leurs plus proches voisins, dont les lunettes semblaient bien trop complexes pour ne pas être le résultat de quelque odieux ingénieur, et son sourire se figea en une moue réprobatrice. Le mal avait infecté la population dans son ensemble, et ce continent en était contaminé. Jamais elle n’avait eu à faire face à une pandémie, et l’ampleur de la tâche érodait parfois sa détermination. Une nouvelle expiration lui échappa, jurant avec la panique environnante. Elle ne voulait pas faire partie de cette foule ; pourquoi les daënars se concentraient-ils tous en un lieu unique ? Quel intérêt à se rassembler dans des villes asphyxiantes ? Pour faciliter le travail de l’armée my’trän, qui viendrait bientôt les noyer, les incendier, faire trembler la terre sous leurs pieds ? En tout cas cela grouillait d’indésirables, et elle suffoquait dans un début d’agoraphobie ainsi que de l’omniprésence de la technologie.

    « Zora, je veux partir, maugréa-t-elle à l’intention de sa comparse. »


La rouquine ne sembla pas l’entendre, trop révoltée par l’absence de professionnalisme de la blondinette. Toutefois, elle exauça ses prières en s’élançant à la poursuite de la fugitive. La disciple de Möchlog loua son architecte de lui offrir une échappatoire, et elle emboîta le pas pressé de son amie. Bientôt l’air saturé et la présence étouffante de la foule ne fut plus qu’un lointain souvenir. Avant qu’elle ne prenne conscience de sa présence, Zora interrogeait déjà la jeune femme qu’elles avaient coursée – bien malgré elle, qui ne souhaitait que recouvrer un peu de sa tranquillité, et si ce n’était pas trop demander, son My’trä adoré. Le souffle court, elle répondit à la question de Zora par une certaine nonchalance.

    « Si ça lui répond, c’est une raison de plus pour le détruire. »


La guérisseuse se moquait bien de la blonde, qu’elle ne considérait nullement comme une menace. A l’inverse, tout objet technologique méritait son sort. N’était-elle pas venu en ces lieux avec la vocation d’aider un tant soit peu les Architectes à dépourvoir ce monde de ces abjections ? Une nouvelle interrogation de Zora l’extirpa de ses pensées anti-technologiques, et elle lui répondit avec une honnêteté défiant la bienséance.

    « Pour toi, une femme à purifier, pour moi, un être sans intérêt. »

Eléonore Steinfort
Eléonore Steinfort
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Tant de mauvaise foi. EmptyLun 5 Fév - 18:54
Irys : 465233
Profession : Fugitive - Névrosée
My'trän -2

Eléonore n'eut que quelques secondes à peine pour profiter de son tribut si durement (*tousse*) acquis, laps de temps durant lequel elle décortiqua autant qu'elle le pouvait l'objet. Celui-ci produisait un étrange son de « tic-tac » régulier qui se phasait étrangement avec la migraine qui s'était emparée de la Zagashienne depuis qu'elle avait foulé le sol Daënar, accentuée également par le bourdonnement nauséabond de la foule d'hérétiques en proie à une agitation bruyante après cette altercation dont ils se souviendraient visiblement pendant encore des jours. Son attention toute dévouée au fruit de son discret larcin, au même titre que ses iris émeraudes, l'ancienne militaire ne remarqua pas tout de suite le duo de jeunes femmes qui s'était introduit à sa suite dans la ruelle qu'elle pensait déserte.

Ce n'est que lorsque la première d'entre elles lui adressa la parole qu'elle releva le menton, sa main gauche se posant instinctivement sur la garde du sabre qui pendait comme à son habitude à sa ceinture. Les épaules d'Eléonores se relâchèrent imperceptiblement lorsqu'elle vit à qui elle avait affaire. Une femme d'un âge vraisemblablement similaire au sien à la chevelure de feu, accompagnée d'une deuxième, probablement plus jeune, dont le faciès était emprunt d'une moue où l'ennui le disputait au dégoût. La rouquine, qui affichait quant à elle une expression mêlée d'amusement et de ressentiment vis-à-vis de l'objet que la blondinette tenait toujours en main, fut la première à prendre la parole. Elle lui indiqua, non sans une ironie certaine, que la montre ne lui répondrait pas. Cela, Eléonore le savait. Cependant son intervention attisa tout de même la curiosité de l'anomalie, pour une raison on ne peut plus simple.

-Ah bon ? Tu as l'air de t'y connaî... Ok laisse tomber.

Le sourire carnassier qui avait commencé à naître sur son visage s'effaça instantanément alors que la rousse demandait confirmation à sa collègue à côté. Les sourcils d'Eléonore se froncèrent de manière manifeste. Son affirmation lui avait fait penser qu'elle était coutumière de la technologie daënare et que par conséquent l'adepte de Dalai pourrait jeter son dévolu sur elle pour achever la récolte d'informations dont la milice locale l'avait privée. Sauf que l'incertitude dont elle faisait désormais preuve réfutait cette hypothèse. Mais alors, qui étaient-elles ? La question était légitime, et pour cause. Les autochtones étaient tous largement familiers avec les inventions de leur pays, aussi ce doute lui indiquait qu'elles n'étaient pas du coin. La réflexion d'Eléonore fut interrompue lorsque la deuxième fille prit à son tour la parole.

-Le... détruire ?

Le corps entier de la jeune femme se raidit soudainement alors que son regard olive se posait avec sévérité sur Althéa. Pendant un instant, le silence se fit. L'allée se retrouva dépourvue de tout mouvement si ce n'était les tics irrépressibles qui saisirent l'anomalie suite à cette proposition si absurde qu'elle en frôlait l'hérésie. Le bout de son nez s'était mis à tressauter presque frénétiquement, signe d'une intense contrariété. Ses deux mains se crispèrent un peu plus, l'une sur la garde de son arme l'autre sur la montre qu'elle tenait toujours plus fermement. La purifier ? Tché... Encore aurait-il fallu qu'elles en soient capables.

-Pourquoi tu voudrais détruire une merveille pareille ? C'est bien la seule chose correcte que ces hérétiques sont capables de faire. Écoute ! Ça fait même « toc, toc* » !

L'engouement d'Eléonore pour la technologie daënare sembla momentanément prendre le dessus sur sa colère, et on pouvait facilement sentir l'excitation dans sa voix. Cette euphorie passagère fut cependant de courte durée alors qu'elle se souvenait du problème auquel elle faisait face, en la personne de deux impertinentes.

-Z'êtes pas d'ici vous, si ?

---------------

*Hélas, Eléonore n'a pas (encore) connaissance des onomatopées officielles liées à la technologie (ici, « tic, tac » évidemment).

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Tant de mauvaise foi. EmptyLun 12 Fév - 17:59

Elle peut difficilement donner tort à Althéa. Encore une fois, cette dernière se distingue par la justesse de ses propos et sa capacité à dresser un portrait pragmatique de la situation. Zora regrette parfois la retenue de sa comparse, c'est vrai. Et de temps à autre, elle se surprend à espérer que la noiraude soit habitée par le même désir irrépressible de purifier ceux qui louent Technologie. Mais elle se rappelle alors bien vite qu'elle sont destinées à se compléter, non à additionner les points communs. Ces derniers sont d'ailleurs bien assez nombreux pour cimenter une alliance qui, si elle n'a pas toujours été aisée à respecter, est suffisamment solide pour leur permettre d'accepter leurs défauts respectifs.

La rouquine hoche la tête et décoche un sourire à sa partenaire. Oui, il ne fait aucun doute qu'un objet qui parle est voué à la destruction. Et oui, cette inconnue est bien l'objet du fanatisme de l'adepte de Möchlog. Adepte qui ne doute pas une seule seconde de l'indifférence d'Althéa pour la jeune femme. Il est vrai qu'elle n'est qu'une hérétique parmi tant d'autres. Est-ce toutefois une raison suffisante pour refuser l'opportunité offerte par Möchlog de s'en débarrasser? Une hérétique de moins, c'est toujours ça de pris.

Et pourtant cette hérétique, justement, ne semble pas réellement comprendre ce que l'on peut reprocher à l'objet impie qu'elle tient entre ses mains. Pire encore, elle souhaite prendre sa défense en gratifiant le duo d'un argument qui est loin de servir ses intérêts. La chose fait donc du bruit? Est-ce une manière de s'exprimer? Quelque chose qui tend à prouver que, d'une certaine manière, elle est... vivante? La folie daënar n'a-t-elle donc pas de limites?

Et pourtant l'inconnue a également qualifiés les enfants de Technologie d'hérétiques. Un mot appartenant à un champ lexical bien éloigné des standards de Daënastre, pour ce qu'elle en sait. Ici, la religion est tout simplement oubliée. Dédaignée. Comment interpréter la phrase de la blonde autrement que par une logique qui n'a rien de bien plaisante: elle non plus, n'est pas d'ici!

Zora laisse le soin à sa comparse de répondre à la phrase qui lui est adressée: pourquoi l'objet devrait-il être détruit? Nuls doutes qu'elle trouvera aisément les mots pour lui expliquer une chose allant de soi. La rouquine pose une nouvelle fois son regard sur la noiraude. Prendra-t-elle seulement le soin de répondre à cette étrange femme? Althéa reste une source de mystères. Et garde sa capacité à l'étonner malgré le temps qu'elles ont déjà passé ensemble ou les épreuves auxquelles elles ont été confrontées...
"Tu poses beaucoup trop de questions..." soupire-t-elle en dévisageant l'inconnue. "Et tu n'es d'ailleurs pas en position de force pour le faire! Réponds aux nôtres et garde les tiennes!"
Car si cette étrange âme veut savoir d'où elles viennent, la réciproque est vraie. Du moins dans le cas de la rouquine qui croise alors les bras en observant avec curiosité la blonde. Ces vêtements - elle s'en souvient maintenant - lui évoquent Zagash. Mais les serviteurs de Dalaï n'aiment pas davantage les créations de Technologie que leurs frères et soeurs de My'trä. Cet antagonisme pousse ainsi l'adepte de Möchlog a sonder le corps de l'intrigante personne. Laisse-t-elle toujours Althéa aussi indifférente, maintenant?
"Tu qualifies les daënars d'hérétiques mais tu sembles accorder une grande importance à leurs jouets!" s'indigne-t-elle. "Et ce, malgré la nausée que je perçois en toi!"
Elle relâche son emprise sur sa magie et lâche un soupire d'incompréhension. Zora avait envisagé nombre de cas de figure avant de poser le pied sur ce continent. Et aucun d'eux ne prenait en compte la présence d'un ou d'une compatriote adepte des hérésies daënars. Sont-elles confrontées à une quelconque forme de folie? À une personne ayant perdu la mémoire? La rouquine cherche une explication rationnelle à un tel comportement. Et il lui semble bien difficile alors d'un trouver une susceptible de la satisfaire...
"Tu es Zagashienne, n'est-ce pas?"
Cette phrase quitte ses lèvres sans qu'elle s'en rende vraiment compte. C'est plutôt l'expression d'une pensée plus qu'une réelle affirmation. Et pourtant elle est en pratiquement sûre, désormais. Ces vêtements lui évoquent Zagash. Ou, plutôt, quelque chose de Zagash. Désormais, Zora prête une attention particulière à cette femme étrange. Mais le dégoût, lui, reste présent. Qui est donc cette blonde? Une pauvre égarée ou une croyante embrassant peu à peu l'hérésie?

Althéa Ley Ka'Ori
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Tant de mauvaise foi. EmptyJeu 1 Mar - 20:34
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La réaction de la blonde ne se fit pas attendre, aussi décevante fut-elle. A peine les mots prononcés, son corps entier se raidit de contrariété. Comment l’idée de détruire un objet technologique pouvait générer un tel émoi ? Althéa lut sur son visage une forme de révulsion ahurie à la simple mention annihilatrice de ce qu’elle considérait elle comme une injure au règne des architectes. Une impression corroborée par la dévotion dont se parait sa qualification de l’infâmie : une merveille ! Si les montres suscitaient l’émerveillement, alors les cloportes étaient des émissaires divins !

La guérisseuse fronça un sourcil circonspect, un malaise réflexe sur le visage comme pour répondre à l’irritation de leur interlocutrice. Par bien des égards, la technologie s’apparentait à une divinité maléfique, que l’on pouvait vénérer à tort mais jamais raisonnablement. Le culte d’un génie trompeur. Le mécontentement d’Eléonore céda d’ailleurs à l’extase des illuminés, le sentiment complémentaire qu’engendre tout démon en s’emparant irréversiblement d’une âme en perdition. Althéa s’approcha prudemment des deux autres, tant curieuse qu’intriguée, mais plus que tout motivée par une sollicitude malvenue. Le "Toc toc" se fit plus audible, et elle maudit instinctivement ce parasite sonore en cela qu’il dénaturait la tranquillité de la ruelle autant que sa paix intérieure.

    « Tu as perdu la raison ? murmura-t-elle pour elle-même. »


Zora prit l’initiative de la parole, et ce n’était pas pour lui déplaire. Une euphorie similaire à celle d’Eléonore à l’égard de la technologie lui hérissait à présent les poils. Le conflit la ravissait toujours, quand bien même se résumait-il à quelques mots. Elle fit cependant la moue à l’évocation de Zagash, cette contrée ennemie qui venait tout juste après Daënastre dans le cœur des Khurmis patriotes. Mais elle ne releva pas l’information. Jouer les intimidateurs ne constituait pas son péché mignon, elle laissait ce rôle à Zora. Pour sa part, elle était persuadée qu’à la violence précédait la diplomatie, et que si les mots venaient à se heurter à un mur infranchissable, sa partenaire comme elle sauraient prendre les mesures nécessaires. C’est donc d’une voix plus douce et conciliante qu’elle déclara :

    « La Technologie n’a rien de merveilleux. Elle se substitue à la magie sans rien lui ajouter. Elle corrompt les âmes des affaiblis comme une maladie se loge naturellement chez les plus vulnérables. »


Il ne fallait pas une intelligence hors pair pour déduire qui appartenait à la catégorie des faibles et des malades. Il en fallait peut-être une once de plus pour déterminer comment ne plus en faire partie, mais elle espérait que rien ne serait hors de portée de la Zagashienne, malgré ses évidents défauts de fabrication. Les Architectes ne créaient pas tous les êtres parfaits, sans quoi les anomalies ne seraient pas de ce monde ! Elle avança à nouveau d’un pas prudent vers la dégénérée adulatrice de technologie, avant de planter ses yeux ambrés dans le vert perçant qui lui faisait face.

    « Détruis-le. Libère-toi. Je le ferai pour toi s’il le faut. »


Sur ces mots, elle tendit la main. Elle était prête à le lui arracher si le refus était catégorique, mais elle connaissait trop bien le tempérament des My’träns du Nord pour ne pas désirer une résolution raisonnable et civilisée du problème. Instinctivement, sa main libre s’était moulée en un poing offensif, ou simplement crispé par l’attente. Si la blonde était bel et bien My’trän, alors elle méritait qu’on lui donne l’opportunité de quêter la rédemption, toute passion déplacée n’étant pas irrévocable. Sans quoi, il faudrait simplement réduire à néant l’abjection qu’elle tenait au creux de sa paume.

Eléonore Steinfort
Eléonore Steinfort
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Tant de mauvaise foi. EmptyDim 4 Mar - 19:30
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My'trän -2

Les deux acolytes en face d'Eléonore réagirent de deux manières bien distinctes. La première, celle aux cheveux de feu, semblait voir son dégoût le disputer à une curiosité vivace. Elle répondit à sa question par une autre question similaire. Elle semblait chercher à comprendre ce qui pouvait bien pousser l'anomalie à se comporter de la sorte, ainsi que de quelle contrée elle était originaire. La jeune fille aux cheveux d'un noir de jais, quant à elle, ne partageait pas son intérêt pour sa personne. Elle considérait la Zagashienne comme un  berger regarde un mouton égaré. Avec la suffisance et la condescendance de celle qui croit détenir la vérité. Si leurs attitudes étaient bel et bien différentes, elles étaient tout de même empruntes de la même dose immanquable d'incompréhension.

En effet ni l'une, ni l'autre n'avait réagit avec l'enthousiasme qu'Eléonore attendait à la mention du cliquetis régulier que l'objet qu'elle tenait dans le creux de sa main faisait, berçant avec douceur son esprit embrumé qui peinait à conserver son discernement avec la nausée que provoquait en elle la présence d'autant de technologie, comme le souligna avec pertinence la rouquine. Comme pour faire écho à ses paroles, un violent vertige s'empara soudainement de l'anomalie, qui dut s'appuyer sur le mur de la maison dans son dos pour ne pas perdre l'équilibre, la main qui tenait fermement la montre à gousset venant quant à elle appuyer sur sa tempe alors qu'elle fermait les yeux. Au bout de quelques secondes la douleur s'estompa, lui permettant de redresser son visage pour voir que la noiraude avait fait quelques pas en sa direction. Mais son attention fut détournée à la mention de son pays natal.

-Oh, madame a l’œil. Si tu es capable de reconnaître la mode de chez moi, tu dois connaître notre réputation. Ne crois pas que parce que vous êtes deux, vous êtes en position de force. A toi de me répondre, Fifi Brindacier. Vous êtes clairement pas du coin, vu votre attitude. Alors d'où ?

Eléonore essaya tant bien de donner de la conviction à ses paroles. Mais sa crédibilité était mise à mal par le malaise qui envahissait tout son corps. Elle n'était pas au top de sa forme, et ça se voyait. Avant qu'elle ne puisse finalement avoir une réponse à sa propre question, la deuxième indésirable prit à son tour la parole. Ses mots se plantèrent avec la force d'un carreau d'arbalète dans le cerveau de la jeune femme aux yeux de jade, tellement le ton de sa voix l'agressait malgré son apparente bienveillance. A ce niveau-là, ce n'était même plus de la condescendance. Les plus vulnérables ? Les affaiblis ? Cette gamine était en train de la traiter avec un mépris intolérable. Et le pire, c'est qu'elle ne s'en rendait probablement même pas compte. Il y avait une chance non négligeable que la fille aux cheveux noirs soit persuadée qu'elle avait vraiment un moyen de l'aider. Qu'elle avait vraiment besoin d'aide. Eléonore jeta un regard froid au poing qui lui était tendu, les arêtes de son nez tressaillant de plus belle.

-Bien sûr, je m'attendais pas à ce que vous compreniez. Vous êtes comme Eux. Aveuglées. Vous ne pouvez pas savoir, vous n'avez pas vu. Cette technologie... Avec la magie, plus rien ne pourrait nous arrêter.

Difficile de lever l’ambiguïté concernant les personnes à qui elle faisait référence avec ce « nous ». L'anomalie était enfermée dans son délire avec bien plus de profondeur que ce qu'Althéa ne pourrait purifier. Son discours était insensé, mais elle n'était plus en capacité de le réaliser. La guérisseuse avait raison : la technologie se substituait bel et bien à la magie. Le rêve d'Eléonore -faire cohabiter les deux jusqu'à ce qu'elles entrent en symbiose- était voué à l'échec. Une chimère qu'elle poursuivait sans jamais pouvoir l'atteindre, mais il faudrait bien plus que deux pimbêches arrogantes pour lui faire retrouver la raison. Quittant l'appui que lui fournissait toujours le mur derrière elle, l'ancienne militaire posa sa main gauche à nouveau libre sur la garde de son épée. Son regard olive soutint celui ambré d'Althéa avec force, et pendant quelques secondes, plus rien ne se passa. La tension était presque devenue palpable tant les deux camps ne semblaient pas pouvoir trouver de terrain d'entente sur la question qui faisait débat. Puis, alors que ses yeux allaient et venaient entre ses deux interlocutrices, Eléonore eut un petit sursaut de surprise lorsque son précieux butin fit une nouvelle démonstration du prodige qu'il était.

*Ding* *Ding* *Ding* *Ding* *Ding* *Ding* *Ding*
Oui, il est 19h c'est l'heure de bouffer

-... Si tu veux le détruire, viens le chercher.

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Tant de mauvaise foi. EmptyMar 6 Mar - 4:52

Fifi... Brindacier? Zora hausse un sourcil de scepticisme tout en gratifiant la blonde d'un regard empli d'incompréhension. Vient-elle de se faire... insulter en daënar? De tels propos dans la bouche d'une compatriote ne sont pas seulement ridicules: ils témoignent également de la folie teintée d'hérésie qui s'est nichée dans l'esprit de la zagashienne. Une folie si profondément incrustée dans l'âme de l'interlocutrice du duo que le seul traitement adéquat semble être la mort. N'est-ce pas le sort que l'on réserve aux chiens enragés?

Althéa est peut-être encline à faire preuve de pédagogie avec cette originale mais la rouquine, elle, anticipe déjà la fin de cette discussion stérile. Espérer une preuve de bon sens de la part de celle qui semble prête à se battre pour protéger une création de Technologie relève du plus naïf des espoirs. Et dire que cette hérétique ose évoquer la réputation comme s'il s'agissait d'un bouclier apte à la protéger contre des représailles parfaitement justifiées...
"Je sais surtout que tu ferais honte aux tiens s'ils pouvaient voir avec quel acharnement tu protèges Technologie!" rétorque-t-elle en pointant de sa faux le petit objet cylindrique. "Je ne crois pas trop m'avancer en affirmant qu'ils n'apprécieraient pas le spectacle pathétique que tu nous offres. Ou encore que tu associes leur fierté à ta bêtise!"
Et pourtant Zora donnerait beaucoup pour voir des disciples de Dalaï assister à cette rencontre impromptue. Mais il appartient maintenant aux deux adeptes de Möchlog de régler le problème  que la blonde leur impose. Elles ne peuvent pas ignorer l'affront fait aux dieux par cette inconnue. La fanatique ne s'était pas attendue à devoir affronter l'une de ses compatriotes sur le sol daënar. Et pourtant c'est la seule issue qu'il convient maintenant d'envisager. Quant à l'endroit d'où elles viennent...
"Je ne vois pas l'intérêt de te dire d'où nous venons! Sache seulement que les nôtres n'auront pas à rougir de honte lorsque le vent d'Amisgal leur aura rapporté nos actes sur ce continent impie!" assure-t-elle.
La jeune femme laisse le soin à sa comparse de préciser leurs origines si ça lui chante. La rouquine, elle, estime que cette discussion a plus que duré. Leur demande légitime a été balayée par la bêtise de la blonde. Elle a elle-même scellé son destin. Une évidence qui ne fait que se renforcer lorsque la zagashienne évoque l'union entre les Architectes et Technologie. Un blasphème aussitôt suivi du cri saccadé de le montreuse de temps. De quoi faire reculer Zora d'un pas et figer son visage en une grimace de dégoût.
"Comment oses-tu?" crache-t-elle. "Je vais te soulager de cette lange qui se plaît tant à insulter les Architectes!"
Et probablement la lui clouer sur le front! Ce n'est pas un avertissement teinté de menace mais bien un simple résumé des actes qui vont se substituer aux paroles. La diplomatie si chère à Althéa peut être pratiquée dans nombre de situations, Zora veut bien le reconnaître. Mais cette femme-là est un cas désespéré, dénué de la moindre raison ou du plus infime bon sens. Et elle leur a déjà fait perdre un temps bien trop précieux. On ne résonne pas l'hérésie. On l'extermine! Et si l'endroit ne se prête guère à une purification, les circonstances exigent néanmoins une punition immédiate.

La fanatique lève alors sa main tandis que son regard se nimbe d'un halo doré. Les prémices de la formation d'un bouclier autours du coup de l'insolente. Avant de dévorer une proie, il convient avant tout de l'immobiliser.

Althéa Ley Ka'Ori
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Tant de mauvaise foi. EmptyVen 9 Mar - 2:54
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En tant que Khurmis, et pourtant disciple de Möchlog, Althéa vouait aux origines l’intérêt binaire des apathiques. L’on était my’trän convaincu, ou l’on était "autre". Il n’y avait pas d’intermédiaires. Pour avoir voyagé par-delà le continent, et s’aventurant maintenant sur les continents hostiles, elle comprenait les dissensions entre contrées de mages et se pliait aux conflits de mœurs qu’il en résultait, mais elle se moquait éperdument de l’état pour lequel elle luttait. Pourvu que la cause fût la bonne ; celle de My’trä. Mais considérant la tension grandissante, elle ne pouvait se détourner d’une occasion pareille d’utiliser la vérité à un effet de surprise postérieur. Pourquoi ne pas la laisser croire qu’elle maîtrisait les illusions ? Elle la craindrait pour les mauvaises raisons, et anticiperait des symptômes qui ne viendraient jamais ! Pour une fois elle ferait une entorse à la règle, et l’appartenance à un état aurait de l’importance.

    « Je viens de Khurmag, souffla-t-elle à contrecœur. »


Elle ne comprit pas tout à fait les inepties de la Zagashienne. Les pronoms personnels évoquaient trop de possibles, et elle en connaissait trop peu sur son histoire pour en déduire quoi que ce soit de tangible. Elles étaient supposément aveuglées comme les autres my’träns… ? Mais à qui la technologie et la magie profiteraient, au juste ? Personne ne bénéficierait d’une telle alliance ! Par nature, elles étaient incompatibles, comme le jour et la nuit ne peuvent coexister simultanément. De leur mélange on peut obtenir des nuances incertaines, mais jamais la suprématie de la clarté totale, ou de l’obscurité complète.

En un clignement d’œil, l’équilibre précaire qui régnait fut balayé, chacune se mit instinctivement sur ses gardes. La guérisseuse sursauta lorsque l’objet de leur litige poussa l’abjection en emplissant l’air agité d’une nuisance sonore affreusement stridente. La blonde la mettait au défi de récupérer la montre, et sa fierté y fut plus que réceptive. Ce n’était plus de la sollicitude, mais bien de l’irritation qui la poussait à vouloir récupérer cet objet infernal. Althéa recula devant l’attitude menaçante d’Eléonore, puisqu’après tout elle demeurait une bien piètre combattante au corps à corps, surtout face à une adepte de Dalai.

    « La diplomatie ne suffit pas toujours. »


La phrase était dirigée autant à Eléonore qui se montrait déraisonnable qu’à Zora qui elle l’espérait comprendrait les sous-entendus d’une telle déclaration ; sa comparse avait son aval pour utiliser la violence qu’elle chérissait, puisque les mots n’étaient pas parvenus à ses fins. Mieux, elle avait son soutien pour ce faire !

Puisqu’elle n’était pas suicidaire, elle n’attendit pas qu’Eléonore dégaine son arme pour submerger la blonde inconnue d’une vague de magie. Elle escomptait amoindrir sa force, peser sur son esprit comme un mauvais chagrin. Etrangement, elle se plaisait à lui infliger un mal-être qu’elle trouvait justifié, il lui semblait être dans son bon droit, et mieux, avoir le devoir de la détourner de la technologie, par la force s’il le fallait. Comme ultime provocation, cherchant à tâtons ses gants griffés, elle lâcha :

    « Tu peux te rendre à tout moment. »

Eléonore Steinfort
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Tant de mauvaise foi. EmptyDim 11 Mar - 20:51
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Voilà. Une provocation d'une simplicité enfantine avait suffit à mettre le feu aux poudres. Les trois protagonistes de cette scène hors du commun étaient à présent sur un pied d'égalité : celui de la guerre. Avec du recul, Eléonore aurait peut-être préféré que cette incitation à l'affrontement ne fasse office de dissuasion plus que de déclenchement. Malgré son assurance ostentatoire, l'anomalie n'était clairement pas certaine d'avoir l'avantage dans ce combat ; d'une part, elle était bien évidemment en infériorité numérique. Mais surtout, elle ne connaissait absolument pas l'étendue des pouvoirs de ses adversaires du jour. Ni même leur nature, à vrai dire. Elle connaissait uniquement leur pays d'origine -qui était également le sien- et par conséquent qu'elles étaient vraisemblablement pratiquantes de magie à son instar. Là où cela posait véritablement un problème, c'était en cela qu'au beau milieu de cette minable cité Daënare, la Zagashienne était dépourvue d'une source fiable d'eau, ce qui amoindrissait considérablement sa marge de manœuvre en terme de sortilèges. Mais il était trop tard pour réfléchir à ces imprévus.

Avant que l'assaut ne soit donné, la blonde eut tout de même droit à une ultime insulte de la part de son homologue aux cheveux de feu, celle-ci l'accusant de jeter l'opprobre sur les siens. Un rictus féroce s'empara de son visage au demeurant angélique tandis qu'elle encaissait la répartie sans broncher. Ces deux intruses parlaient comme tous les autres. Personne ne la comprenait. Personne n'était capable de percevoir ce qu'elle avait compris. Qu'à cela ne tienne, l'Adepte de la raie accomplirait sa destinée seule. Et si elle devait écraser deux insectes obscurantistes sur son chemin, elle le ferait. Le chuintement métallique caractéristique de la lame que l'on tire de son fourreau se fit entendre et Eléonore, épée désormais à la main, de se laisser aller à une dernière réponse.

-Il y a bien longtemps que j'ai cessé de me préoccuper de ce que disent les miens. Ils manquent de vision, d'ambition. Qu'importe s'ils me haïssent aujourd'hui. Je leur montrerai.

Bien qu'elle n'y réagit pas -l'information ne l'intéressait à vrai dire pas tant que ça, la jeune femme nota dans un coin de son cerveau l'origine de la seconde fille. Les habitants de Khurmag étaient réputés pour leur pratique de la magie des illusions, et s'il subsistait une chance non négligeable que la petite aux cheveux noirs mente, cela restait quelque chose à prendre en compte pour l'affrontement à venir. Alors qu'elle s'apprêtait à se jeter sur ladite demoiselle, Eléonore constata que sa comparse l'avait devancée d'un instant. Elle interrompit son mouvement en voyant un halo ambré se former à la fois autour des yeux de la rouquine et de son propre cou. L'anomalie fut saisie d'un hoquet de surprise et par une force presque invisible l'instant suivant, stoppant net l'impulsion avec laquelle elle avait décidé se se lancer dans le combat. Un bouclier. Faisant ici office d'étau dans le but -vraisemblable- de l'immobiliser. Ou de l'asphyxier. La magie de Möchlog ? Voilà qui était étonnant. Et paradoxale, vue l'attitude belliqueuse de son utilisatrice. Tandis qu'elle cherchait un moyen de s'extirper de l'emprise de la première, la seconde reprit la parole à son attention.

-... Me... rendre ? Vociféra-t-elle.

Comment osait-elle, cette fille de Makhadée, ne serait-ce qu'émettre une telle idée ? Lui suggérer une telle ineptie à elle, fille de Dalai et fière combattante de Zag... Et en fait, pourquoi pas, après tout ? *tic* Oui, après tout, à quoi bon ? Quel était l'intérêt de se battre, ici, contre ses compatriotes ? *tac* L'expression d'animosité qui animait jusqu'à présent le regard de jade de l'anomalie s'estompa pour laisser place à un vide abyssal, comme si sa volonté vacillait subitement sans aucune raison apparente. De toute façon, elle était prise au piège par les deux ensorceleuses. Se battre n'avait plus aucun intérêt. *tic* Que lui arrivait-il donc ? L'épée dressée en position offensive vint retomber mollement le long de sa cuisse, à peine maintenue du bout des doigts de sa main gauche. Les épaules de la blonde s'affaissèrent, son visage s'abaissa pour observer son autre main -toujours poing fermé sur l'objet de toutes les passions- d'un œil morne, comme une âme en peine à la recherche de réponses existentielles. *tac*

-Me... rendre ? Répéta-t-elle, toute forme de vigueur ayant à présent quitté sa voix autrefois si orgueilleuse.

Une fraction de seconde, qui lui parut une éternité, s'écoula sans qu'Eléonore ne fasse le moindre mouvement. *tic* Elle ne luttait même plus contre le bouclier qui lui enserrait à présent la gorge, si bien que sa respiration était devenue saccadée, suffocante. *tac* Seul la montre au creux de sa main continuait à produire son *tic tac* caractéristique. Invariablement, elle continuait à résonner. *tic* A vibrer contre elle. *tac* A répondre aux battements de son cœur, dans un écho harmonieux. *tic* A battre.

*tac*

-Va te faire foutre.

Son visage se releva, les traits déformés par une grimace hideuse de colère. Chaque muscle de son anatomie, chaque étincelle de son cerveau, se mit à lutter de concert contre les assauts sur son corps et sur son esprit. Quel que soit le mauvais sort qu'on lui avait lancé, elle n'y céderait pas. Pas sans combattre. Cette montre agissait comme une allégorie de la voie qu'elle avait choisie : douloureuse, mais belle. Si elle voulait montrer au monde la puissance que les My'trans obtiendraient en alliant magie et technologie, Eléonore ne pouvait se permettre de tomber au premier obstacle. Si ses options pour tenter de contrer les tentatives de l'immobiliser n'étaient pas légion, il lui en restait tout de même une. Elle aussi, savait utiliser la magie d'altération. Et si l'eau était absente des rues poussiéreuses de cette ville minable, elle ne l'était pas du corps de ces impertinentes. Faisant appel au don offert par son Architecte, la Zagashienne entreprit d'arracher le liquide qui composait en majorité l'organisme des deux filles pour pouvoir ensuite s'en servir comme arme, non sans leur avoir infligé une douleur viscérale dans le processus.

Alors, seulement, le combat pourrait véritablement commencer.


[hrp : dé 1 = Althou, dé 2 = Roza]


Dernière édition par Eléonore Steinfort le Dim 11 Mar - 20:53, édité 1 fois

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#1 'Dé 6' : 5

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#2 'Dé 6' : 5

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Tant de mauvaise foi. EmptyMar 27 Mar - 6:59

[justify]Difficile de mettre des mots sur les sentiments qui habitent à présent la rouquine. Avoir en son pouvoir la vie d'une hérétique est une sensation des plus délicieuses. Zora a déjà donné la mort à de multiples reprises. Et pourtant à chaque fois elle se laisse griser par les émotions qui caressent son âme à l'approche de ces moments fatidiques. La fanatique ne se sent jamais aussi proche de la Chouette qu'en ces instants bénis. Aucune drogue, aucun plaisir charnel n'est capable de rivaliser avec cette ataraxie des plus enivrantes.

Elle ne prête d'ailleurs qu'une attention distraite aux dires de sa comparse où à ceux de l'hérétique. Le but a atteindre est simple: purifier la Zagashienne. Lui permettre de renaître à nouveau, purgée de cet attrait incompréhensible pour Technologie. Zora n'obtiendra pas de remerciements. Elle le sait. Mais elle n'en a pas besoin. Elle ne désire pas une quelconque forme d'approbation ou de reconnaissance de la part de la blonde. Seulement sa mort...

Comme toujours Althéa semble plus modérée. Elle offre ainsi la possibilité à leur adversaire de se rendre. Une idée grotesque, éloignée des exigences de la réalité. L'aînée du duo ne prend même pas la peine de fustiger sa cadette d'un regard désapprobateur. Ce serait une pure perte de temps. La rouquine s'est d'ailleurs faite à l'idée qu'elle ne changera plus sa comparse. Et cette dernière est vraisemblablement arrivée au même constat. La noiraude pourra toujours lui reprocher son zèle lorsque la blonde ne sera plus qu'une coquille vide affalée dans cette ruelle poussiéreuse. Et dans quelques jours, elles n'en parleront même plus.

Mais la proie est encore vivante. Et visiblement bien décidée à lutter pour sa survie. Un acte futile bien que parfaitement naturel: personne n'accepte docilement une mort prématurée. La réponse fournie par la zagashienne à Althéa était ainsi parfaitement prévisible. Et souligne quelque peu l'optimisme débordant de sa comparse. Une preuve de plus que la diplomatie n'a pas grand chose à faire dans un monde comme celui-ci. Toutefois Zora se sent obligée de préciser un point important à l'hérétique:
"Tu détiens les clefs de ton agonie..." lui souffle-t-elle.
Une manière de lui faire comprendre que lutter ne lui apportera rien sinon des souffrances supplémentaires. La fin de la blonde est déjà écrite, qu'elle en ait conscience ou non. Möchlog a décidé qu'elle mourrait ici, maintenant. On ne se soustrait pas à sa destinée. On ne peut que l'accepter. Ou tenter vainement de la changer. C'est sans doute ce qui différence le sage de l'idiot. Et il semble que l'inconnue appartiennent à la seconde catégorie. Tant pis... Elle aura essayé!

Zora s'apprête donc à refermer l'étau de son bouclier sur la gorge de sa cible. Mais cette dernière la prend de vitesse en usant à son tour de sa magie. Une chose que la fanatique n'avait même pas envisagé, convaincue qu'elle était d'avoir à faire à une compatriote dénuée de compétences avancées de maîtrise des arcanes. La rouquine ne tarde pas à ressentir une gêne qui se transforme lentement en douleur. Tolérable, certes. Mais suffisamment prononcée pour la déconcentrer et rompre son emprise sur son bouclier qui se mue en poussière dorée.

Zora recule d'un pas et pose une main sur son ventre humide. De... l'eau? Il lui faut quelques secondes pour comprendre ce qu'il se passe. Ou, plutôt, pour l'accepter. Car la fanatique n'avait pas envisagé une seule seconde que cette exécution puisse se muer en affrontement en règle entre mages confirmées. Voilà qui remet bien des choses en perspective. Et fait perdre de sa superbe à la disciple de la Chouette.
"Pourquoi Dalaï accorde-t-elle des pouvoirs à une hérétique?" s'étonne-t-elle en grimaçant. "Ce... Ça n'a aucun sens!"
Elle tourne brièvement le regard vers Althéa et constate qu'elle subit également les désagréments du sort. L'incompréhension se renforce. Tout comme la colère. Dalaï est décidément une déesse imprévisible. Mais elle ne pourra pas soustraire son adoratrice à la fureur de Möchlog. Tout au plus peut-elle lui offrir un léger répit. Un répit que la blonde ferait mieux de savourer à sa juste valeur. Et qu'il convient de ne pas lui laisser exploiter.

Zora raffermit sa prise sur sa faux et puise une nouvelle fois dans sa magie. Si le duo laisse trop de champ libre à l'inconnue, cette dernière pourrait très bien invoquer des arcanes plus puissantes. L'idée d'être entièrement déshydratée ne plaît pas particulièrement à la rouquine. En fait, elle ne lui convient pas du tout. L'adepte de la Chouette amplifie alors sa force et charge l'hérétique sans se poser davantage de questions. Elle abat alors sa lame dans sa direction avec fureur, le visage déformé par la haine et la surprise subsistante.

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Tant de mauvaise foi. EmptyJeu 5 Avr - 4:25
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Une fraction de seconde, le temps d’un battement de cœur peut-être, Althéa vit le doute étinceler dans le vert de ses iris ; la guerrière sembla tâter du bout des doigts la reddition comme on s’abreuve avec parcimonie dans le verre de son ennemi. Mais elle retira prestement cette main aventureuse qui caressant l’abdication s’était comme brûlée à vif sur cette idée-même. Cette prise de conscience, que ses pensées n’étaient pas siennes mais générées par une magie sournoise, renversa irrémédiablement le cours des choses pour les placer derechef au cœur de leur échauffourée. Elle mit fin par la même occasion à toute espérance de mettre un terme pacifique à ce différend engendré par une bêtise à trois visages.

Ce contraste, d’accalmie et de conflit mêlés, ne contribua qu’à amplifier la portée des mots qui franchirent alors les lèvres de l’hérétique. Piquée dans sa fierté, Althéa plia les doigts, faisant ressortir les griffes de l’unique gant qu’elle était parvenue à enfiler. Toutefois, elle dut ravaler son acrimonie lorsqu’une douleur fulgurante la prit à l’estomac. A la place de sa verve elle laissa échapper un simple râle de douleur venu tout droit de ses entrailles martyrisées. Quelque part, elle fut soulagée que sa main gauche fût encore nue de toute griffe, car c’est elle qui vint se crisper contre son estomac pour y retenir l’eau qui tentait de clamer sa liberté.

    « Par Möchlog, arrête ! grogna-t-elle par réflexe plus que dans l’espoir de faire mouche. »


Nul ne l’ignorait : hérésie et magie faisaient mauvais ménage. Alors comment ces deux entités pouvaient-elles cohabiter au sein d’un même être sans s’annihiler l’une l’autre ? L’urgence de la situation l’empêcha de formuler tout haut une idée qui germait seulement dans son esprit. Elle avait entendu parler à plusieurs reprises du statut d’anomalie psychologique sans y croire réellement, faute de preuves tangibles. Mais force était de constater qu’elle ne détectait aucune trace de magilithe dans le corps de la Zagashienne. Cette absence contredisait son vice, sa passion inexplicable pour le matériel profanateur. Eléonore présentait donc un dysfonctionnement purement spirituel, une défaillance de la pensée en quelque sorte, plus difficile à pallier que toute maladie infectieuse physique. Quand on y réfléchissait bien, elle constituait en soi une sorte de défi à relever pour parfaire sa carrière… !

La guérisseuse choyait ce sentiment intrinsèquement humain - et exacerbé chez les médecins – qui la voulait s’ériger en héroïne de tout être misérable, et perpétrer le rétablissement des humains corrompus, y compris ceux qui se complaisaient dans leur condition. Non pas qu’elle s’inquiétât particulièrement de la survie d’autrui, si l’on excluait celle de Zora et de quelques rares élus qui se comptaient tout juste sur une main, mais plutôt qu’elle souffrait de sa propre impuissance. C’était à elle-même qu’elle prouvait sa valeur et pas aux patients à qui elle prodiguait des soins !

Mais pour l’heure une Althéa novice en combat rapproché se courbait de douleur et hésitait une fois de trop à passer à la charge, à des années-lumière de ces élucubrations stériles. Elle réalisa très justement que leurs sorts s’étaient estompés sous l’assaut de la magie d’Eléonore, et cette pensée l’anima d’une rage tout juste contenue.

    « Mais quelle pécore… ! »


C’était là le summum de la vulgarité althénienne, et elle ignorait alors à qui elle s’adressait vraiment ! Etait-ce à la Zagashienne, qui s’attachait autant à sa foi qu’à son blasphème, à Zora, qui s’était élancée impulsivement sur l’hérétique, ou à elle-même ,qui était restée plantée là, parfaitement léthargique ? La vérité c’est que si son esprit était vif, ses muscles étaient loin d’être réactifs ! Néanmoins son esprit lui dictait de se méfier, avec raison sans doute, de l’épée menaçante de la blonde. Aussi elle ne se jeta pas à l’aveuglette dans la confrontation, redoutant de gêner son alliée entre autres choses. Elle guetta plutôt l’arc de cercle que décrivit le kusarigama de Zora, et attendit le coup que son adversaire ne tarderait pas à lui renvoyer ; elle se tenait prête à matérialiser un bouclier salvateur pour le parer.


Moi aussi, moi aussi ! :

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'Dé 6' : 1

Eléonore Steinfort
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Tant de mauvaise foi. EmptyLun 9 Avr - 13:35
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La pression exercée par une force invisible sur son cou s'estompa subitement, à l'instar de la chape de plomb qui assombrissait son esprit et qui disparut sans prévenir. Un sourire féroce s'installa sur le visage grimaçant de l'anomalie alors qu'elle en déduisait sans mal que son sort avait fait mouche. L'expression de douleur qui s'installa sur le visage de ses deux adversaires éveilla en elle un sentiment de plaisir malsain qui lui arracha un nouveau frisson alors que le bout de son nez se mettait à nouveau à frémir. Cela étant, la jeune femme à la chevelure d'or ne s'offrit le luxe de savourer cette petite victoire que pendant une fraction de secondes, son expérience lui interdisant de relâcher son attention au beau milieu d'un affrontement.

D'autant plus que, si elle s'était sortie de ce premier mauvais pas, la blondinette était loin d'être tirée d'affaire. D'une part, le sortilège qu'elle venait d'utiliser, bien qu'aux effets peu impressionnants -voire imperceptibles-, appartenait au niveau le plus élevée de sa maîtrise des arcanes de Dalai. Manipuler ainsi le liquide présent dans le corps de quelqu'un -sans contact physique de surcroît- demandait une quantité d'énergie folle pour un résultat dérisoire. Mais pour l'occasion, Eléonore n'avait eut d'autre choix pour forcer les deux teignes à relâcher leur emprise, et ça avait fonctionné. La contrepartie était le contrecoup physique qu'elle ressentit presque instantanément alors que ses épaules s'affaissèrent. D'autre part, la rouquine du duo n'avait visiblement pas l'intention de la laisser se reposer plus longtemps puisqu'elle se jetait vers elle toute faux dehors avec la volonté assez explicite de la passer à travers son corps. La Zagashienne modifia légèrement sa position, plantant ses talons dans le sol, se préparant à recevoir l'assaut comme il se devait.

-Hérétique ? Tu l'as dit toi-même, Dalai m'a bénie de ses dons. Alors qui de nous trois s'oppose ici à la volonté des Archi...

La phrase mourut dans sa gorge alors que Zora n'était plus qu'à quelques mètres d'elle, son visage gracieux déformé par la colère. Quelque chose clochait. Comme si un halo recouvrait le corps de son assaillante. La faux avait entamé sa mortel descente vers son flanc lorsque, les yeux écarquillés par la stupeur, Eléonore réalisa. Une nouvelle supercherie de la chouette ! Qui savait ce que la rouquine lui réservait cette fois. Dans un ultime réflexe guerrier, l'anomalie leva son arme pour faire opposition à celle qui tentait de mettre fin à ses jours. C'était un geste futile, elle l'avait maintenant réalisé. L'énergie déployée dans ce coup -probablement décuplée par la magie- était bien trop grande pour qu'elle puisse espérer le parer. Il lui aurait fallu l'éviter, mais il était trop tard pour ça maintenant. Les muscles contractés à leur maximum, Eléonore se prépara à subir l'impact. Celui-ci allait probablement lui déboîter le bras, si ce n'était carrément le lui arracher. La mâchoire serrée, elle attendit que le coup vienne.

Il ne vint pas. A l'instant où les deux lames allaient se rencontrer, une forme dorée translucide se matérialisa entre elles, s'interposant sur la trajectoire de la faux qui vint s'écraser dessus dans un vacarme assourdissant sous le regard médusé d'Eléonore. Mais l'intervention providentielle de son bienfaiteur mystérieux s'avéra bien insuffisante pour encaisser toute la violence de l'attaque et le bouclier explosa après un instant, ayant à peine ralentit la course de l'objet de mort qui heurta finalement le sabre de l'adepte de Dalai, lui arrachant un grognement de douleur alors que son épaule semblait s'être démise sous le choc. A l'image du bouclier avant elle, elle finit par ployer devant la puissance du coup et après avoir résisté pendant un instant finit par se faire emporter. La jeune femme se retrouva à faire un roulé-boulé pour finir un peu plus loin, à littéralement mordre la poussière.

Quelques jurons plus tard, Eléonore se relevait tant bien que mal, un genou toujours à terre. Ses yeux de jade balayèrent la ruelle alors qu'elle essayait de comprendre un peu mieux ce qu'il venait de se passer. Elle avait pêché par orgueil en sous-estimant la puissance de la petite rousse, et la douleur qui irradiait désormais de son épaule gauche allait probablement se faire un plaisir de le lui rappeler pendant un bon moment. Cette magie était un vrai problème, et elle se promit de ne pas reproduire cette erreur. Restait la question de savoir qui était responsable du bouclier qui avait sans doute sauvé son bras. Un sourire dément s'afficha sur son visage lorsque son regard croisa celui de la noiraude qui était restée légèrement à l'écart. Cela ne pouvait être qu'elle. Et vu la tronche qu'elle tirait, il y avait des chances pour que ce geste ait été involontaire, ou en tout cas non maîtrisé. Oubliant un instant qu'elle était en plein combat, Eléonore ne put s'empêcher de commenter cet événement pour le moins surprenant.

-Merci pour ce bouclier, tu m'as sauvée de ta dégénérée de copine ! Je savais bien qu'au moins l'une d'entre vous serait assez maligne pour être touchée par mes arguments.

Et la blonde de clôturer cette tirade par le clin d'œil le plus provocateur qu'elle avait dans son arsenal -et Dalai savait qu'il était fourni. Mais sa récréation fut de courte durée alors qu'une nouvelle agitation détournait son regard vers l'une des artères attenantes à la ruelle dans laquelle elles se donnaient en spectacle. Un groupe de miliciens venait de débarquer en panique, guidé par des badauds aux traits tirés par l'angoisse. Des attroupements se formèrent ainsi çà et là, composés parfois de soldats, parfois de spectateurs un peu trop curieux. Le cerveau de la blonde se mit à tourner alors qu'elle maudissait intérieurement ces deux pestes pour lui avoir fait perdre un temps précieux dans sa fuite. Eléonore fouillait chaque recoin à la recherche d'un échappatoire. A ce rythme, elle allait bientôt se retrouver complètement bloquée et n'aurait d'autre choix que d'affronter beaucoup trop d'ennemis à la fois. Se redressant sur ses deux jambes, la Zagashienne balança un regard faussement déçue aux deux adeptes de la chouette.

-Bon les filles, c'était vraiment sympa de papoter avec vous, mais je vais devoir vous abandonner, je suis pas vraiment copine avec les autochtones. Bisous, à jamais.

L'instant d'après, Eléonore se retournait pour partir en courant vers une ruelle sur le côté occupée par des passants, avec la ferme intention de forcer le passage pour se fondre ensuite dans la foule. Au cas où Fifi et sa copine la petite aux cheveux noirs aient l'idée désagréable d'essayer de l'empêcher de mettre les voiles, l'anomalie leur laissa un dernier petit cadeau, leur balançant en faisant à nouveau appel aux arcanes de la raie le peu d'eau qu'elle avait réussi à extirper de leurs propres corps dans leurs yeux pour les aveugler momentanément. Elle ne prit même pas le temps de regarder si son sort avait fait mouche, trop occupée à chercher du regard le meilleur chemin à emprunter. Ça allait être tendu.

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Tant de mauvaise foi. EmptyMer 18 Avr - 22:34

Ce n'est pas un sourire malsain qui se dessine sur les lèvres de la rouquine lorsque son adversaire roule sur le sol. Plutôt une grimace forgée par l'incompréhension qui surpasse à présent la satisfaction qu'elle devrait légitimement ressentir. Le coup a porté, certes. Mais cette évidence n'occulte pas la désastreuse intervention d'Althéa. C'est ainsi un regard outré qui se pose sur sa comparse et remplace celui, narquois, qu'elle réservait à la blonde. Quelle Tagta a encore picoré la noiraude? Et quelle conclusion la rouquine doit-elle tirer de ce geste aux flagrances de trahison?

La nuit du bal et la tentative de sa comparse pour sauver Zaël sont encore bien ancrées dans sa mémoire. Zora n'a plus évoqué le sujet depuis Zochlom et les retrouvailles avec De Sousa. Mais voici que son esprit le déterre à nouveau et s'emploie à trouver des points communs entre les deux gestes distincts de son alliée. Il n'y a pas trente-six solutions pour expliquer le comportement de la noiraude: elle souhaitait préserver la disciple de Dalaï. Pourquoi?
"C'était quoi, ça?" siffle-t-elle.
La colère s'éveille en même temps que l'indécision. La rouquine se décale de manière à pouvoir faire face à Althéa et à l'inconnue en même temps. Doit-elle maintenant composer avec deux ennemis? Elle suppose qu'Althéa aura une explication plus ou moins convaincante à lui fournir. Mais pour l'heure Zora a un peu de mal à distinguer autre chose qu'une adversaire lorsqu'elle pose les yeux sur sa comparse au comportement instable. Et la remarque lâchée sournoisement par la dégénérée au service de Dalaï ne fait que renforcer le malaise qui commence insidieusement à éteindre la disciple de Möchlog.

Le fait est que l'équation se complique rapidement lorsque le tumulte provoqué par le bref affrontement attire son lot de curieux. Et parmi eux, des infidèles portant avec une fierté déplacée l'uniforme des miliciens. La configuration de la ruelle invite à un constat des plus désagréables: les trois étrangères sont au cœurs d'un étau dont il sera bien difficile de s'extirper. Au moment où Zora a précisément du mal à hiérarchiser les menaces et à départager l'allié de l'ennemi...

Son pragmatisme lui souffle que des my'träns, peu importent leurs divergences, se doivent de faire front commun face aux daënars. Qu'il sera toujours temps de régler les comptes plus tard avec ses compatriotes. Mais son ressenti lui commande de considérer toutes les personnes présentes comme des menaces qu'il convient d'éliminer. Sa faux à la main, le regard sévère, la rouquine se contente donc d'une passivité qui ne lui ressemble guère.

Ce n'est que lorsque la blonde fait mine de s'en aller qu'elle réagit finalement pour dresser un bouclier destiné à faire trébucher la fuyarde. Hors de question qu'elle s'en aille! Tout est de sa faute! Zora préfère encore endurer quelques instants la présence irritante de cette jeune femme que de la laisser se soustraire aux événements qu'elle a provoqués.
"Ta présence est encore requise, l'hérétique!" l'invective-t-elle. "Les my'träns ne fuient pas face à l'ennemi!"
Elle ne peut guère constater la réussite de sa tentative dans la mesure ou de l'eau vient aisément brouiller sa vision. Les yeux clos, les doigts en appui sur les paupières, Zora ne peut qu'espérer que le coup ait fait mouche. Elle retrouve peu à peu sa vision, perdant encore quelques précieuses secondes pour réagir. Et elle ne peut que constater que la pression exercée par la présence des hérétiques s'est accentuée.

Malgré cela elle ne prend pas le soin d'embellir ses mots ou de les rendre plus convenables aux oreilles sensibles. Et ne tente pas davantage de masquer des origines dont elle est fière. Elle n'est pas venue ici pour se cacher. Pourquoi le devrait-elle alors qu'elle est détentrice d'une vérité que tant des soins choisissent d'ignorer? Le fait est que si un my'trän ne fuit pas, il n'est pas non plus obligé de se sacrifier inutilement.
"Je me rends!" lâche-t-elle aux miliciens sur un ton indifférent. "Et elles aussi!"
Une décision unilatérale à laquelle les deux autres mages souhaiteront peut-être se soustraire. Toujours est-il que la noiraude lâche sa faux et se contente de faire preuve d'une improbable docilité. Les infidèles peuvent la priver brièvement de sa liberté s'ils le souhaitent. Möchlog la libérera d'une manière ou d'une autre de leurs geôles. C'est une évidence qui lui épargne les affres de l'appréhension. N'a-t-elle pas connu pire à bord de l'Allégeance? Et pourtant elle est toujours là. Ou, plutôt, elles sont toujours là...

Zora pose à nouveau le regard sur la noiraude tandis que ses poignets se soumettent à la morsure des menottes que les miliciens lui passent. Oui, en cet instant elle se fiche pas mal des infidèles et de leur pathétique semblant de justice. L'intervention des locaux représente cependant une accalmie qui lui permettra d'obtenir des réponses de la part de ses compatriotes. Pourquoi Althéa a-t-elle fait ça? Pourquoi cet hérétique mérite encore la grâce Dalaï? Est-ce que l'hérésie s'est propagée au sein-même du panthéon?

Althéa Ley Ka'Ori
Althéa Ley Ka'Ori
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Tant de mauvaise foi. EmptyLun 7 Mai - 23:21
Irys : 507592
Profession : Guérisseuse du Troisième Cercle
My'trän +3 ~ Suhury (femme)
Par sa seule faute, l’affrontement vira tout bonnement à la catastrophe. A l’instant critique qui requérait sa concentration, l’idée-même de matérialiser un bouclier la tétanisa de peur. Une vision fugace s’imprima contre la surface interne de ses paupières, troubla sa vision et ses pensées, lui octroya les facultés dégénérescentes d’une malvoyante. Un clignement d’œil plus tard, ses iris refaisaient la mise au point sur le combat, mais ces quelques secondes de distraction avaient suffi à attiser un effroi néfaste et perturbateur dans son cœur de petite sœur martyrisée. Dans un mouvement réflexe plus que raisonné, elle invoqua le bouclier de Möchlog en travers de la trajectoire de l’arme s’abattant sur leur adversaire commune, dans une tentative involontaire de lui sauver la vie. Il n’y eut pas de ralentis, pas de battements de cœur étouffés, de sueur glissante dans son dos ; simplement des faits, et le constat terrible de son échec, tandis que le kusarigama rencontrait sa lame sœur avec une force risible comparé à l’élan initial.

C’est à cet instant seulement qu’un frisson la parcourut par tout le corps, alors que la blonde se donnait à cœur joie dans ses subtiles moqueries. Blessée dans sa fierté, elle ne trahit ni son aversion à son encontre ni sa propre déception. Les yeux dans le vide, sa vivacité d’esprit se perdit à mi-chemin entre les restes de sa peur et de son amertume. La question de Zora jaillit avec l’évidence de la trahison, et un soupçon de vanité déplacée la poussa à ne pas démentir sa frustration. La réalité paraissait plus pénible que le mensonge, l’accident plus humiliant que le fait sa volonté. Par une fois déjà elle avait fait preuve de faiblesse, et elles avaient toutes deux fini ensevelies par une avalanche, admettre une erreur deux fois l’érigerait en trait inhérent de sa personnalité.
Althéa, l’élue de Möchlog incapable de lancer un foutu bouclier.

    « On décime la Technologie, pas les enfants d’Architectes. »


Elle n’avait pas desserré la mâchoire jusqu’au dernier mot prononcé, et la blonde, ayant eu son compte d’hostilités, choisit cet instant pour s’éclipser, non sans leur payer un dernier coup à boire en partant ! Le summum de la courtoisie zagashienne. Etrangement, cette rudesse l’atteignit davantage que son acerbité. Elle était coutumière des propos sournois, mais très peu des manières discourtoises. Par instinct et par égo blessé, elle concentra l’ensemble de sa contrariété sur Eléonore, et elle se rua à sa poursuite… seulement pour la voir trébucher et s’écraser par terre à cause d’un bouclier réussi de sa partenaire. Il fallait qu’elle songe à réserver un entraînement auprès de cette experte ! A la fin de cette pensée, Althéa atterrissait près d’Eléonore. Elle pressa son genou contre son dos pour la maintenir au sol.

    « Donne-moi l’objet, il t’incrimine, aux yeux des technologues autant que de Dalai. »


L’humiliation guidait son impulsivité, elle désirait plus que jamais asseoir sa sagesse, sur quelque chose, sur quelqu’un. Remporter une victoire, aussi futile soit-elle. Sa vocation était celle du soin, elle avait dédié sa vie à Möchlog, et par extension, aux existences des autres. Si elle pouvait réduire à néant la passion malsaine qui animait Eléonore, elle récupérerait son ascendant. Tout bien considéré, pour quelle autre raison leurs chemins se seraient-ils croisés ? Le destin lui-même avait initié cette confrontation, afin que ce ne soit pas un régisseur qui l’achève, mais des guérisseurs qui la ramènent vers le droit chemin.

Le temps de quelques respirations, et un soldat se saisissait de la chevêche pour la tirer en arrière. Docile, elle se laissa entraîner après un dernier regard presque maternel à l’égard de la blonde. La poigne du milicien la fit grimacer, mais se sachant innocente, elle se contenta d’atténuer les signaux de douleur par la magie sans se débattre d’aucune manière. La foi de Möchlog avait ses petits plaisirs que les simplets ne pouvaient envisager ! A quelques pas de là, elle croisa le regard de Zora qui subissait le même sort qu’elle, et elle lui fit une mine presque désolée, ou du moins aussi repentante qu’elle le put. Elles discuteraient à l’abri des oreilles indiscrètes pour sûr, et cela lui donnerait le temps de trouver une excuse pour camoufler son incompétence.

On les traîna jusqu’au poste le plus proche - une sacrée trotte tout de même, vu les innombrables regards inquisiteurs que s’attirait leur procession. Une fois arrivés, on eut la bonne idée de les enfermer toutes les trois dans une cellule commune, comme si la vermine était indissociable entre elle. Soit. Althéa évita soigneusement le regard de son alliée, ignora parfaitement la blonde, et chut dans un des coins les plus éloignés de la grillée d’entrée.

    « Pas d’bagarre les gonz’, ça f’rait qu’aggraver votre cas. »


Celui d’avoir intercepté une fauteuse de trouble, de toute évidence my’trän qui plus est ? Althéa ravala son acerbité, consciente que ses deux camarades de cellule rivaliseraient largement avec celle-ci. Pourquoi fournir l’effort, là où d’autres pouvaient s’en charger avec un brio semblable à s’y méprendre ? Non, à l’inverse, elle se tint inerte, la respiration lente, en attendant l’explosion à venir.

Eléonore Steinfort
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Tant de mauvaise foi. EmptyLun 16 Juil - 23:03
Irys : 465233
Profession : Fugitive - Névrosée
My'trän -2
Une petite dizaine de mètres la séparait de l'attroupement qu'Eléonore avait prévu de fendre sans faire de quartier. Elle profita de ses quelques secondes de course effrénée pour observer les visages de ses prochaines victimes. Certains d'entre eux étaient envahis par la colère et semblaient vouloir l'arrêter à tout prix -futile espoir s'il en était. Mais la terreur qui régissait le reste des faciès en face d'elle fit naître un rictus sadique aux coins des lèvres de la Zagashienne. Que ce soit par leur affrontement, par l'utilisation ostentatoire de sa magie ou par son langage peu châtié, elle les avait visiblement effrayés, et voir les tronches déconfites de ces hérétiques lui mettait du baume au cœur, maigre consolation dans ce qui semblait être une situation pour le moins délicate.

Son sourire s'élargit alors qu'elle constatait avec le même plaisir malsain en jetant un coup d'oeil derrière elle que son dernier tour de passe-passe avait fait mouche, aveuglant partiellement ses précédentes opposantes et lui offrant ainsi quelques secondes de répit. Coup d'oeil qui lui fut malheureusement fatal. La jeune femme aurait mieux fait de regarder où elle mettait les pieds, plutôt que de savourer avec une fierté mal placée une victoire aussi mesquine qu'insignifiante. Pourquoi n'avait-elle pas appliqué avec plus de soin le très célèbre dicton « Qui fait le malin, tombe dans l'ravin ! » ? Conséquence de son manque d'attention, Eléonore ne put voir à temps le nouveau bouclier qui s'élevait juste devant ses pieds pour lui barrer la route. Il était bien trop tard lorsqu'elle l'aperçut et sa course s'arrêta nette, dans un magistral vol plané digne d'une simulation d'un joueur de « ballon au pied » et un cri de stupeur tout aussi artistique.

Eléonore se retrouva à plat ventre, le souffle coupé par la chute, peinant à respirer alors que le choc sur son épaule disloquée lui arrachait un autre cri, de douleur celui-ci. Mais là où la guerrière zagashienne avait le plus mal, c'était sans doute dans sa fierté. C'était la deuxième fois en seulement quelques secondes qu'elle se retrouvait à bouffer de la poussière et son honneur de fière soldate de Dalai en prenait un sacré coup. Tentant de se relever tout en reprenant non sans mal sa respiration à coups de grandes inspirations, la blondinette cracha le peu de terre qu'elle avait ingurgité par mégarde alors que ses lèvres -dont le sourire s'était mû en un rictus de haine- s'ouvraient pour faire écho à la reddition de Zora, ses traits désormais déformés par la colère.

-Et ta mère elle se re...

Pour changer, le lyrisme de notre chère anomalie se trouva abattu en plein vol, cette fois-ci par le genou pointu et chirurgicalement placé entre ses deux omoplates de celle qui lui avait sauvé la vie quelques secondes plus tôt. Non contente de terminer sa phrase par un nouveau râle en s'effondrant une fois de plus au sol, Eléonore se retrouva avec la tronche dans le sable. Pour la troisième fois. En trente secondes. Non mais yo quoi. Il va pas falloir que ça devienne un running gag ! La disciple de Mochlog lui intima de lui remettre son précieux butin, sous prétexte qu'il la rendait coupable aux yeux de son Architecte bien aimée. Eprouvant de grandes difficultés à se mouvoir à cause de sa position plus qu'inconfortable, la jeune femme à la chevelure dorée -et désormais poussiéreuse- tourna son visage vers l'arrogante. La haine qu'on pouvait lire au fond de ses iris de jade aurait foudroyé Althéa avant même qu'elle ne se rendre compte de quoi que ce soit si les Architectes avaient octroyé le don de tuer d'un regard à leurs disciples. Mais dans ce cas, ce forum aurait été un chouïa déséquilibré.

-Ecoute plumette, je sais que tu viens de m'sauver les miches, mais j'préfèrerais crever que de te filer ce truc. Cracha-t-elle, sans véritablement savoir si cette volonté allait bel et bien être exaucée.

Leur bref échange s'arrêta sur cette réplique aussi amère que peu inspirée alors que des miliciens venaient se saisir d'elles. Déjà immobilisée au sol, Eléonore ne put faire grand chose face à cette arrestation, mais cela ne l'empêcha pas pour autant de protéster avec véhémence, et le trajet jusqu'aux geôles locales se fit accompagné par la douce mélodie de ses vociférations, à grands renforts de « Me touche pas, saloperie d'hérétique ! » ou encore de « Attendez un peu qu'on vous réduise en esclavage ! » et autres mots doux en tout genre.

Suite à cette plaisante promenade, les trois my'tranes furent jetées telles du poisson pourri au fin fond d'un cachot puant. Les protestations de la Zagashienne persistèrent un moment mais finirent par s'éteindre face à leur évidente absence d'impact. Le silence perdura quelques minutes, mais la blondinette était bien trop agacée pour en rester là. Elle s'en prit alors de nouveau à ses deux victimes de prédilection du jour.

-Bien joué, Lilo & Stitch. On est plutôt bien, maintenant. Vous pouviez pas vous occuper de vos affaires ?

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Tant de mauvaise foi. EmptyLun 6 Aoû - 11:33

Elle s'est murée dans un silence impénétrable pendant toute la durée du trajet. Et même si son désir de hurler sa frustration ou des insultes se révéla difficilement domptable, elle laissa le soin à la traîtresse de le faire à sa place. Zora s'est révéla donc étrangement docile alors même que la situation méritait la plus élémentaire des révoltes. Tout au plus s'est-elle contentée, de temps à autre, de jeter des regards dérobés à Althéa. Dans l'espoir d'obtenir des excuses ou tout du moins une réponse satisfaisante, susceptible d'étouffer l'incendie ravageant son coeur blessé. Le silence de la fanatique, dans le fond, n'incarne rien d'autre que le calme avant la tempête.

Mais pour l'heure l'aînée des deux ferventes disciples de la Chouette se contente encore de darder des regards noirs sur les miliciens qui les invitent avec tant de courtoisie à visiter leurs locaux. Qu'ils profitent de leur victoire. Quand ils trouveront les corps de leurs proches dispersés aux quatre coins de leurs demeures, ils trouveront certainement moins matière à s'amuser. Zora s'accroche d'ailleurs à cette perspective séduisante pour supporter les mains souillées qui se posent sur son corps pour la guider jusqu'à la cellule que les trois mages sont appelées à partager. Bénédiction ou malédiction?
"Nous ne sommes pas des... Gonzes, crétin!" réplique-t-elle finalement avec arrogance à l'homme qui vient de les insulter. "Nous sommes des Mages!"
Elle ne sait guère comment interpréter le rire gras qui lui répond autrement que par le mépris. La rouquine ne sait pas ce qu'est un gonze mais il semble évident que c'est une insulte. Et ça lui suffit! En d'autres circonstances elle se serait sans aucun doute tournée vers Althéa avec l'espoir qu'elle puisse éclairer sa lanterne, elle qui semble accorder plus d'importance au semblant de culture locale qu'elle. Mais pour l'heure la criminelle se contente simplement de ranger ce mot dans la longue liste d'expression daënar dont elle ne saisit pas le sens. Et elle fait de même avec le "l'île-au-éstitche" prononcé par la blonde quelques instants plus tard. Et dire que cette dernière ose leur reprocher la situation dans laquelle elles sont toutes trois embarquées...
"Ho, toi, ça va! Tu n'avais qu'à te laisser gentiment purifier tout à l'heure!" lui reproche-t-elle en retour. "Espèce de... de... Gonze!"
Trop énervée pour trouver ses mots, se contentant de répéter une expression impie qui ne fait qu'amplifier son ressenti, Zora se retrouve ainsi à user du même mot que leur geôlier. Frustrée, elle décoche un magistral coup de pied dans les barreaux. Résultat? Un orteil cassé et un cri mêlant douleur et rage. Mais les tiges de fer, elles, restent imperturbables. Le regard de la fanatique oscille entre ses compagne d'infortune comme si elle cherchait sur laquelle passer ses nerfs. Mais une personne sensée ne tapant pas sur les gens susceptibles de l'aider, elle se force à retrouver un semblant de calme.
"Tu n'as pas quelque chose à me dire Althéa?" siffle-t-elle. "Tu sais quelque chose du genre "Zora, je suis vraiment désolée de t'avoir trahie au profit d'une dégénérée de Dalaï, je recommencerai plus" par exemple?"
Le fait qu'elle ait soigné Zaël quelques mois plus tôt passe encore. Après tout elle ne connaissait pas les différents entre elle et le Primo-Gharyn de Busad. Mais quelle excuse peut-elle bien invoquer pour justifier son acte? Elle a sciemment sauver une ennemie. Et pourquoi? Parce qu'on ne tue pas les Enfant des Architectes? Et depuis quand? La noiraude sait pourtant que c'est l'une des activités favorites de son aîné. Cette prise de conscience ravive la colère de la fanatique qui se déchaîne à coups de poings sur les barreaux!
"Ça va très mal se terminer pour toi si tu n'ouvres pas tout de suite cette porte, l'infidèle" menace-t-elle le gardien. "Althéa va te refiler un cancer ou quelque chose du genre, l'autre abrutie te volera sûrement tes hérésies pour s'en faire un collier et moi... Ho par Möchlog, moi je vais t'arracher les cou..."
"Coucouche panier, la tarée!"
Il pointe dans sa direction une sorte de bout de bois sombre terminé par une espèce de machin bizarre en métal. Zora réagit immédiatement en s'en saisissant avec la ferme intention d'attirer le garde jusqu'à portée de ses griffes ou de ses dents. Mais il se passe alors une chose aussi désagréable qu'inattendue: son corps se rigidifie instantanément comme s'il avait décidé subitement de se rebeller contre sa propriétaire. Elle est prise de tremblements incontrôlables et tombe immédiatement au sol, vaincue par un adversaire invisible et ô combien vicieux. Parcourue de spasmes humiliantes, couchée entre la noiraude et la blonde, la rouquine donnerait beaucoup en cet instant pour être quelque part dans une auberge paisible de My'trä.

Et pour ignorer l'effroyable vérité: les infidèles ne se sont pas seulement contentés d'enfermer le feu de Süns dans leurs hérésies. Ils ont également capturé sa foudre...

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