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 Qu'il est bon de sentir à nouveau l’égout de ce monde. [PV: Ludwig]

Dolores de Rosse
Dolores de Rosse
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Qu'il est bon de sentir à nouveau l’égout de ce monde. [PV: Ludwig] EmptyJeu 4 Oct - 22:03
Irys : 319947
Profession : Sbire de Ludwig Strauss
Daënar 0
Combien de temps, déjà... cinq, cinq et demi, non six, six trois quarts. Je n'arrive plus à compter, je suis bien trop heureuse ! Enfin, non, ce n'est pas le bonheur. Le bonheur ne fait pas trembler. Le bonheur est plus stable, plus tranquille. C'est de l'excitation. Je suis excitée, voilà. Je n'arrive même plus à en tenir ma valise, j'étais obligé de la poser à côté de moi, au risque qu'on me la dérobe. Mais peu m'importe ! Je suis en vie ! Je suis rentrée ! Je suis chez moi, sur la terre civilisée ! Je dois être horrible, par tous les Architectes... Je n'ai jamais vraiment bien dormi sur un bateau, eh bien cette nuit devait être la pire. Je ne pouvais pas fermer les yeux ! Fermer les yeux c'était risquer de rater quelque chose, rater l'arrivée, rater la descente définitive de ce tas de ferraille nauséabond ! Oui, je sais, c'est stupide, c'est puérile, c'est tout ce que vous voulez, mais c'est mes peurs à moi ! Et vous, vous en avez des plus « viriles » peut-être, des peurs ? En plus, je suis une femme, je n'ai pas à être virile. C'est votre problème à vous, ça, les hommes.

On peut le dire, la pauvre Dolores divaguait complètement, mais c'était pour patienter. Cela faisait déjà plusieurs heures qu'ils étaient entrés dans la baie de Tyor, enfin dans la première partie, et qu'ils se dirigeaient en direction de Skingrad. Skingrad qui, d'ailleurs, était de plus en plus proche. Le nombre de navire mouillant dans la baie se faisait de plus en plus nombreux, signe qu'on se rapprochait d'un port important, très important, le plus grand et bruyant de tout le continent. Six mois maintenant, qu'elle était partie de ce même port, mais dans l'autre direction. Loin des lois, loin des hommes, loin de chez elle. Beaucoup, dans ces terres, se réclament de la vie nomade, du voyage perpétuel, de l'apatride. Mais on ne peut vraiment ressentir à quel point la maison manque que lorsqu'un océan entier vous sépare d'elle. Dans cette situation, cette pauvre femme n'avait que faire des apparences. Accrochée à la rambarde comme à sa propre existence, elle regardait le paysage, fébrile. La proue était inaccessible aux voyageurs, impossible de voir la capitale du Tyorum, même en penchant si fort la tête que l'on en tomberait par dessus bord. Il fallait simplement attendre, attendre le signal, la clameur de la cheminée, et le boucan des débardeurs. Le même que celui qui grondait dans le cerveau de la chanteuse. Le boucan de l'excitation.

Et elle l'avait méritée, cette excitation. L'exile lui avait semblé si longue, si tortueuse... C'est une chose de partir en voyage, c'en est une autre d'être forcé à le faire. Et quel voyage... Du chaos de Zochlom après les attentats, dont elle connaissait ironiquement l'auteur, jusqu'aux côtes de ce continent si mystérieux de My'trä. Tout avait le potentiel de la tuer durant ce périple, cette épopée solitaire. Solitaire, oui, car Joseph, son fidèle majordome, avait disparu de la surface plate de ce disque-monde. Lui qui devait l'attendre à Eoril, sur l'autre continent, n'était jamais venu, et elle dut se débrouiller par elle-même dans un environnement à l'hostilité palpable. Le monde est hostile, c'est une certitude, mais au moins chez elle Dolores a des armes pour se défendre, elle est adaptée à la violence qui peut y régner. Loin, par delà l'océan, les choses sont bien différentes...

Ah, Joseph... Je ne sais pas où tu es. Tu es sûrement mort, quelque part, seul. Je... Oh non, je ne pleurerai pas aujourd'hui. Tu ne me feras pas pleurer, mon ami... désolé. Je te pleurerai un autre jour ! Ou dans les bras de Ludwig... Oh tu ne peux pas imaginer ma joie quand j'ai reçu ce message, là-bas à Yeronkhii, qui me prévenait que ce galant homme viendrait me chercher sur le port à l'arrivée du navire... Voilà ! C'est pour ça ! Pour ça que je ne pleurerai pas la disparition de ce pauvre Joseph ! Pour ça que je ne voulais pas fermer l'oeil de la nuit ! Ce n'est pas que je n'ai pas réussi, c'est que je ne l'ai pas voulu ! Je ne me voyais pas m'endormir paisiblement dans ces... ces paillasses horribles tout en ayant son souvenir en tête. Olalalala imaginez la tête qu'il fera en me voyant ! Il sera déçu, peut-être... Le voyage m'a fait perdre beaucoup de charme, mais peut-être qu'il aimera le côté aventurière ! Je suis si... excitée ! C'est ça qu'on avait dit ! Oh oui, que je suis excitée d'enfin rentrer...

Mais il fallait encore attendre. Attendre et regarder comme cela le paysage, les bocages bordant la fourmillante Skingrad, les barques traînées sur le bord de la baie, les pêcheurs, les ouvriers, les bateleurs, les paysans au loin, les cyprès découpant les champs, le ciel chapeautant le tout, les parterres d'oenanthes safranées, de joncs, de valérianes et d'iris... Oui, iris, et non irys. S'il y avait vraiment là des parterres d'irys, la pauvre Dolores se désolerait immédiatement, car elle se trouverait certainement dans un rêve. Et c'est la dernière chose qu'elle veut, rêver. Il fallait voir tout ce que ça lui avait coûté la dernière fois.

Et non, plus de rêve...

Quel dommage, tout de même. Elle gagnait en rougeur à se mettre à rêver.

Plus jamais...

Mais la vie vous forge, quelque fois, et on est obligé de sacrifier des morceaux à l'ouvrage final.

Je vais juste vivre, survivre, et m'amuser... C'est ce que je faisais avant, et ça m'allait très bien.

Mais il y a des immuables. Des excroissances disgracieuses qui demeurent, même après la trempe.

Rêver...

Mais l'on s'égare. La cheminée du bateau à vapeur se met à gronder de toute sa longue gorge et à cracher son épais molar.

- Skingraaaaaad ! Hurle une voix anonyme quelque part sur le pont.

Dolores sorti de sa torpeur l'instant d'après. Levant les yeux pour être bien certaine d'avoir entendu ce brave homme, qu'il avait bien dit ce qu'elle avait cru comprendre. Et oui ! Vu l'agitation qui secoua tout d'un coup le pont principal, ils arrivaient bel et bien ! Et, effectivement, le bateau de croisière commença à entrer à proprement parler dans la ville de Skingrad. Les paysages de bocages périurbains laissèrent place aux pauvres immeubles bordant le bras de mer qui séparait les deux moitiés de la ville. D'un seul coup, des hautes maisons tirèrent le regard de la jeune femme vers le haut, vers ces gouttières crasseuses et ces toits de planches trouées. Aucun doute, on était bien là dans les bas-fonds de l'humanité... et que ça faisait du bien de rentrer.

Mais il n'y avait pas le temps d'admirer l'ouvrage ! Ils n'étaient qu'à quelques dizaines mètres du débarcadère déjà noir de monde venus récupérer les passagers exténués ou, à contrario, les remplacer pour la suite du voyage qui conduirait cette ferraille flottante à Alexandria. Dolores attrapa la poignée de sa valise et se rapprocha de l'endroit où la rampe serait jetée afin de leur permettre de descendre en toute tranquillité. Il était temps de redevenir belle pour la jeune femme. De redevenir cette ingénue, bella du monde, qu'elle avait abandonnée sur ce même quais quelques mois plus tôt. Un instant auparavant, elle était tétanisée par l'excitation, et voilà qu'elle posait nonchalamment la tête sur ses mains, appuyées sur la rambarde. Petite ingénue qui dévisageait toute cette foule dans l'espoir d'y voir l'objet de toutes ces nuits blanches.

Ludwig... mon cher ami. Je suis rentrée !

Mais, est-ce qu'il va seulement la reconnaître ?

Ludwig Strauss
Ludwig Strauss
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Qu'il est bon de sentir à nouveau l’égout de ce monde. [PV: Ludwig] EmptySam 6 Oct - 0:09
Irys : 1073433
Profession : [Officielle] Propriétaire d'industries de l'armement [Officieusement] Baron du crime
Daënar -2
Une grande foule se rassemblait près des quais. Hommes, femmes, enfants, tous portés par ce même désir de voir leurs proches et leurs amis rentrer enfin chez soi, rejoindre leurs familles après un long voyage à travers l’océan, vers les terres mystiques où certains parlaient de richesses incommensurables pour les plus audacieux, tandis que d’autres chuchotaient mythes et légendes sur les peuples conservateurs du continent de la magie. Certains avaient préparé des bouquets de fleurs, des boîtes de victuailles et autres surprises, impatients de partager la joie des attendus et s’abreuver de leurs récits de voyages. Certains se bousculaient près de larges boîtes de fournitures afin de s’approprier une place privilégiée sur ces supports de bois, s’offrant ainsi une meilleure vue sur le navire approchant. D’autres se contentaient d’attendre sagement à l’écart, bras croisés et les yeux embués par l’émotion. Certains téméraires poussaient même le risque jusqu’à s’accrocher aux cordages qui pendaient un peu partout à la manière d’une étrange toile tissée par une araignée qui manquait clairement de sobriété.

Puis il y’avait cet individu qui se dressait seul près de la route bandée de carrosses et voitures. Le mystérieux personnage n’avait rien de très distinctif si ce n’est un goût vestimentaire qui, sans être extravagant, non restait pas point sobrement élégant. Une chemise d’un rouge vif ainsi qu’un gilet d’un noir d’encre tacheté de points blancs immaculés. Entre ses bras pendait une redingote d’un brun commun, quant à ses pieds ils étaient chaussés avec des chaussures d’un même brun que son manteau. Un petit chapeau melon complétait son attirail, retenu entre ses doigts et laissant donc sa chevelure soigneusement brossée à l’air libre. Un connaisseur des codes vestimentaires sociaux dira qu’il s’agit d’un représentant de la classe moyenne daënare, peut-être un docteur ou un propriétaire d’une modeste boutique.

Si la moustache de cet homme était incroyablement bien taillée, s’enroulant avec raffinement en une courbe sensuelle de cheveux entretenus avec le plus grand soin, le visage du sir semblait porter les marques d’une longue série de nuits blanches à en juger par ses traits tirés, son front plissé et ses yeux lourds. Néanmoins cela ne gâchait en rien cet air de prestance naturelle qu’il dégageait, aussi décente soit son apparence.  Et Bolgokh seul savait pourquoi cet homme portait les stigmates d’une fatigue physique qui, pourtant, n’altérait en rien la vivacité d’acier de son regard bleuté dont les pupilles fixaient avec une profondeur d’oiseau de proie le bateau de croisière qui accostait, accueillit par un tonnerre d’applaudissement et de cris de joie.

Les yeux métalliques passaient en revue les passagers qui descendaient en ordre sur le quai, mémorisant chaque visage, chaque vêtement, chaque forme, couleur, signe distinctif …  indépendamment de sa volonté. Pouvoir ou malédiction, il ne pouvait le contrôler. Tout était destiné à rester gravé dans sa mémoire comme dans de l’argile frais. Les images, les odeurs et les sons étaient classés et rangés dans les infinis casiers de sa psyché, destinés à prendre poussière pour l’éternité ou du moins, jusqu’à ce que le maître décide de les faire ressurgir pour quelques sombres projets. Mais seule une seule image persistait, une image qu’il désirait tant et tant voir en ce moment même. Plus le temps passait et plus il se remémorait cette nuit fatidique, ce moment si spécial, cette entrevue si unique. Le parfum enivrant, la voix suave, la douce chaleur de la pièce, le confort du fauteuil et ce sourire … ce sourire qui cachait mille et une promesses, qui pouvait tout aussi bien vous apporter les délices d’un paradis rivalisant avec les récits les plus fous des écrivains, ainsi que le début d’une longue et terrible perdition dans les miasmes envoutants d’un plaisir brûlant et défendu.

Plus que tout, c’était le pacte scellé qui refaisait surface avec une clarté d’eau de roche dans l’esprit du quarantenaire. À se souvenir et ses conséquences, un fugace sourire se dessina au coin de ses lèvres couleur de corail, éclairant l’espace d’un instant ses traits sérieux et sévères. Il regrettait tellement d’avoir laissé partir cette flammèche sauvage, cette beauté ravageuse, cette dague éclatante. Son assurance et sa détermination auraient put lui être d’une utilité cruciale en ces temps difficiles où malheurs et déceptions s’étaient succédés comme autant d’invités indésirables au sein de la demeure du gentleman. De durs mois, sombres et terribles, véritable malédiction depuis que ce personnage avait osé faire ce que personne n’avait ne serait-ce qu’imaginer : provoquer les dieux créateurs de ce monde de la plus spectaculaire manière. Le châtiment divin ne s’était pas fait attendre et de la plus vicieuse des manières. Le poison, la lame ou la foudre ne pouvaient avoir dévasté aussi efficacement que ce que le destin avait bombardé sur notre homme.

Un long et profond soupir s’échappa des lèvres de Ludwig. Le temps des remords et du deuil étaient révolus. En le privant de tout ce qui faisait son bonheur pur et simple, les maîtres de ce monde avaient fait l’erreur de créer ce que tout être sensé redouterait : un homme qui n’avait plus rien à perdre, mais tout à gagner. Une âme mutilée, battue, flagellée, renfermée désormais en un cocon d’acier impénétrable et guidée par un esprit amer et impitoyable.  Un esprit qui n’avait pas perdu de temps depuis qu’il avait reprit toute sa vivacité, débarrassé de son ultime abandon après le départ de sa tendre aimée, celle pour qui son cœur battait et qui maintenant avait disparue sans laisser de traces. Pas une lettre, pas un mot, rien. Volatilisée, laissant un cœur vide et sans flammes … sauf peut-être celles d’une fournaise mécanique, à l’appétit féroce et à la colère terrible.

Un battement de cils chassa toutes ses pensées négatives comme l’on se débarrasserait d’un insecte nuisible à revers de bras. Tandis que le navire se vidait petit à petit de ses passagers et que la foule s’éclaircissait lentement mais surement, Strauss put enfin apercevoir sa Valkyrie. Avait-elle changer depuis la dernière fois que ses yeux s’étaient portés sur son corps juvénile et son visage de sirène ? Sans doute, mais le changement n’était guère flagrant. Bien au contraire, l’harmonie de son apparence actuelle ne manquait point de souligner sa beauté naturelle, loin des artifices des maquillages et autres ingéniosités féminines.

D’un pas soutenu, il enjamba doucement les nombreuses flaques d’eau salée et de boues qui recouvraient ce port à la forte odeur marine, rejoignant la douce Dolores qui descendait justement pour le rejoindre. Quand les mètres les séparant devinrent centimètres, Ludwig prit un moment de flottement, se contentant de la contempler longuement, tel un ami de longue date. Puis vint ce sourire si particulier, si mielleux, si élégant. Il se pencha lentement tandis que sa main se saisissait sans la moindre brusquerie de celle de la succube à la voix divine. Et c’est là que les deux personnages pouvaient faire le parallèle avec leur première rencontre et y déceler les subtiles différences. D’abord, le fait qu’ils ne portaient aucun gant, laissant leurs peaux respectives se frôler en un frottement électrique subtile, sentir le pouls de chacun en ce fugace instant, sans se quitter des yeux. Les lèvres du gentilhomme se posèrent doucement contre le dos de la main de la belle, là encore brisant le parallèle avec la rencontre où il s’était contenté d’un chaste souffle sur sa peau satinée. Mais le temps avait passé et avec lui les âmes s’étaient reforgées, remodelées. Pouvaient-ils encore se permettre de banales politesses, eux qui représentaient deux atomes de chaos au milieu de cet univers de morose normalité ?

« Miss de Rosse … votre long voyage semble vous avoir donné un charme tout nouveau, s’accouplant à merveille avec votre naturelle beauté comme un manteau de fleurs sur une statue de perfection. Je ne peux exprimer ma joie à vous voir après cette longue, si longue séparation. J’espère que votre voyage s’est déroulé sans désagréments ni incidents. »

Si une chose n’avait strictement pas changé chez Ludwig, c’était sans doute sa voix d’orateur né, cette sorte de murmure grisant, comme le miel s’écoulant d’une cascade fleurie. Et ces yeux, toujours aussi expressifs et pourtant si énigmatiques.

Dolores de Rosse
Dolores de Rosse
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Qu'il est bon de sentir à nouveau l’égout de ce monde. [PV: Ludwig] EmptySam 20 Oct - 20:23
Irys : 319947
Profession : Sbire de Ludwig Strauss
Daënar 0
Aller, descendez plus vite, je vous en prie... Je sais que vous êtes tous contents de vous retrouver, tout ça, mais j'ai au moins autant de raisons de l'être que vous ! Alors, s'il vous plaît, cessez de me priver de mon bonheur, bon sang ! Que je hais les foules... Regardez-moi tout ça ! Ça grouille, ça bouscule, ça ne fait pas attention aux autres. Moi je fais attention à vous ! Je décrypte chacun de vos visages, du plus laid au plus bizarre, mais impossible de trouver parmi vous celui pour qui j'ai fait tout ce chemin... C'est horrible ! Une torture ! Où es-tu, Ludwig ?

La pauvre Dolores vivait un véritable désarroi dans le tourbillon qu'était son esprit. Comme une enfant perdue à la recherche de son père, elle ne pouvait pourtant pas se résoudre à laisser son visage exprimer un tel inconfort, une telle faiblesse. Bien qu'ils soient rares, certains de ces petits atomes, formant la complexe molécule humaine, observaient Dolores et il était certain qu'une poignée d'entre eux avait pour dessein de déceler sur son visage les stigmates de la confusion, car c'était là la première étape indispensable qui ferait passer cette demoiselle d'égale citoyenne à proie potentielle. Elle avait vu trop de danger, trop de prédateurs bien plus dangereux qu'elle ne pouvait se l'imaginer auparavant, pour laisser ce scénario avoir une chance de se produire. Dolores de Rosse s'affublait aujourd'hui d'un masque, non plus pour manipuler le monde qui l'entourait, mais simplement pour s'en prémunir.

Oh... pourvu que Ludwig ne se rende pas compte de cette soudaine faiblesse... Que penserait-il de moi s'il me savait aussi fragile ? Oh, ma fille, tu dois te reprendre ! Revenir ici, c'est justement le bon moment pour reprendre du poil de la bête ! Tu es forte, tu l'as toujours été, et tu as toujours fait en sorte de le cacher. Il ne se rendra compte de rien ! Au pire pensera-t-il que c'est votre séparation qui te rend aussi affectueuse, mais rien de plus ! Je dois me ressaisir. Il ne doit pas être bien loin et je tiens à rester aussi belle que le jour où l'on s'est rencontrés.

Finalement, il fallait bien que cela arrive, le regard de la jeune femme rencontra celui qui, après tant de moi, n'avait absolument pas changé. Sa première réaction, sa première émotion, fut le soulagement, grâce à cela. Quand bien même elle, de son côté, avait maigri, changé de couleur de cheveux, de coupe de cheveux, avait la peau un peu plus brunie par le soleil de My'trä, semblait plus fatiguée, plus naturelle, plus sauvage, alors qu'elle était totalement aux antipodes de ce qu'elle était un an plus tôt, il n'avait pas changé. Lui, cet homme si droit, puissant et fier, ce capitaine qui avait vu tant de tempêtes sur sa route, ce père ayant survécu à sa fille, cet amant ayant vu tous ses proches disparaître, malgré tout ça il n'avait pas changé. Toujours la même élégance, la même posture, la même démarche, et surtout les mêmes yeux. Ces yeux que Dolores s'empressa d'attraper comme un point d'ancrage, comme une corde qui la rapprocherait inexorablement de lui, peu importe ce qui pouvait arriver. Elle ne le quitterait plus des yeux, pas avant de pouvoir le toucher à nouveau.

Sa valise au bout du bras, cela ne l'empêcha pas de parcourir aisément, à travers l'épaisse foule, les quelques mètres l'empêchant encore d'être face à face avec son mentor, son mécène, son ami. Ce n'est qu'une fois en face de lui qu'elle se sentit finalement mieux, après une telle traversée, cette solitude mordante, cuisante... Oui, Dolores était de retour à ses côtés. Elle en avait pour preuve que leur première interaction fut un échange de regard, de la même espèce que celui qu'ils avaient eu il y a plus d'un an maintenant. Ce dialogue muet, mais qui en disait bien plus que tous les mots du monde. Tandis que la jeune femme tentait de retrouver ses marques, ses gestes, ses sourires si particuliers qu'elle avait mis des années à développer, elle ne pouvait que constater ce dont elle se doutait déjà depuis tout à l'heure : Chez cet homme, tout était resté à sa place. Peut-être que l'age vous immunise au changement, pour le meilleur et pour le pire, mais c'était simplement un grand soulagement et un grand bonheur de retrouver sa courtoisie intacte, son infinie galanterie, son indestructible force invisible que seuls ont les puissants de ce monde.

Oh la la... Par Marc Ünen, regardez-le, et regardez-moi. On ne dirait pas que c'est lui qui a le plus subi durant les derniers mois. Mais, je peux le lire dans ses yeux, il me trouve toujours belle, toujours énigmatique, toujours désirable. Même dans cette tenue ? Avec ce visage si épuisé et ce corps criant de fatigue ? Mon dieu que cela me gêne... Mais je me réjouis, tout de même, de faire toujours le même effet, même après autant d'épreuves. Peut-être qu'il préfère cela, d'ailleurs. Une beauté plus naturelle, plus imparfaite, moins poudrée et maquillée. Je vais le retenir, ça, et peut-être adapter ma garde-robe en conséquence. Mais je digresse, je digresse...

- Oh, Ludwig, mon cher... Vous me faites tant de compliments alors que je suis si peu présentable, mais ça me va droit au cœur. Vous m'avez manqué vous aussi.

Sur ces mots, l'ingénue jeune femme s'autorisa une petite familiarité, en passant délicatement sa main libre derrière la tête de son bienfaiteur et en se penchant pour lui embrasser fugacement la joue. C'était peut-être là son aveu de faiblesse qu'elle évoquait plus tôt, mais il n'y avait rien de mal à fêter un peu ces retrouvailles. Puis elle en avait besoin, de son côté. Elle avait besoin de sentir à nouveau une odeur familière, de toucher du bout des lèvres une peau qu'elle connaissait, qu'elle aimait. Cela lui redonnait courage, et participait à oublier ces mois passés sans le voir, ne serait-ce qu'un peu. Elle décocha ensuite un sourire des plus habituels sur son visage de séductrice, mais que ça lui faisait du bien de pouvoir le déployer à nouveau dans toute sa splendeur.

- Aller, venez, je vous raconterai mon voyage sur le chemin. Maintenant, j'ai surtout besoin d'un bon verre.

Et comme une adolescente toute consciente de l'effet qu'elle faisait, Dolores commença à s'éloigner de cette foule sans trop attendre l'industriel. Minute après minute, l'air fétide de ce port semblait lui redonner des forces, lui redonner sa force, son esprit joueur, et elle ne pouvait qu'en remercier Ludwig. Elle lui montrerait d'ailleurs, pendant longtemps, cette reconnaissance qu'elle ne manifestait pour le moment que par ce baiser furtif. Mais il ne fallait pas être un génie pour comprendre, alors aucune chance que Ludwig passe à côté.



Ludwig Strauss
Ludwig Strauss
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Qu'il est bon de sentir à nouveau l’égout de ce monde. [PV: Ludwig] EmptyVen 2 Nov - 19:54
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Daënar -2
Ah, les retrouvailles. Un moment si particulier chez les êtres sociaux qu’étaient les hommes. Ce moment où deux personnes séparées resserraient enfin les liens qui les unissaient après une cruelle absence. Ludwig se réjouissait de récupérer son rubis précieux, cette muse fascinante qui lui avait promit tant de potentiel entre ses mains expertes. Dolores était ce revolver élégant et fragile, une arme d’apparat à l’apparence mais qui se changeait en terrifiant outil de manipulation quand le comploteur des ombres décidait de s’en servir. Son absence n’avait que renforcé sa valeur à ses yeux, lui qui s’était reposé sur des épaules étrangères avant qu’elles ne l’abandonnent cruellement, le laissant soudainement avec un vide terrifiant, un gouffre né dans son cœur. Un gouffre qu’il se devait de combler à présent, même si cela impliquait de se laisser lentement dévoré par les abysses qui l’envahissaient. Le monde lui avait tout prix, il n’avait plus rien à perdre et tout à gagner. Il se souvint de ce moment où il avait mentionné la conquête du monde à Dolores. Avait-il prédit l’avenir de ses nouvelles intentions et motifs ?

Le fugace baiser sur la joue du fortuné criminel arracha à ce dernier un petit sourire qui différait largement du masque jovial de bon samaritain qu’il affichait avec une expertise froide, dévoilant donc un sentiment de surprise joyeuse plus qu’une façade calculatrice et condescendante.

« En route pour les liqueurs de notre bonne nation, alors ! » déclara l’homme à la moustache élégante en suivant de près sa partenaire de complots, abandonnant derrière lui le bruyant port et son parfum de poisson.

En parlant de poisson, ils passèrent près d’un imposant spécimen accroché par la queue, exhibé fièrement par un pêcheur souriant qui posait avec son trophée des mers devant une bande de photographes. N’avaient-ils donc rien à écrire dans leurs journaux outre des faits divers des plus banaux et des articles fades et sans grande importance ? À croire que bandits et sociopathes avaient quitté daënastre pour tenter leur chance dans des terres plus prometteuses. Mais qu’ils ne s’inquiètent pas, ces paparazzis désespérés en quête de croustillantes catastrophes à partager avec le monde ; Le Baron aurait tôt fait de reprendre du service … de la plus spectaculaire des manières.

Inutile de dire qu’il s’était promis que sa prochaine manœuvre allait faire couler beaucoup d’encre. Et de sang.

Le gentleman siffla en agitant la main, attirant l’attention d’un côcher qui passait par la grande route faisant face aux quais.

« Au Tyor d’Azur, mon brave. »

Le vieil homme hocha vivement la tête, connaissant bien cette adresse prisée des gens amateurs d’ambiance détendue et classe. Ludwig grimpa en premier dans la carrosse avant de tendre la main à Dolores en bon galant qu’il était. Vérifiant que son amie était confortablement installée, il signala au cocher qu’il pouvait prendre la route. Les voilà à présent qui parcouraient à trot de cheval les ruelles familières de la fière cité du Tyorum.

« J’imagine que Daënastre vous a manqué, miss de Rosse. Avec toutes ces péripéties dans ces contrées rustiques et pittoresques, vous devez être plus qu’émoustillée d’enfin remettre pied au sein de cette fière civilisation dont le progrès ne cesse de croître. Je vous en prie, racontez-moi donc ce que vous avez vécu durant cette longue absence …  bien trop longue absence. »


Ce n’était pas une technique pour passer le temps jusqu’à leur arrivée au fameux café raffiné, mais bien une sincère envie de tout apprendre sur les aventures de Dolores. Toute l’expérience vécue par les yeux de la jeune dame à la beauté saisissante. Il voulait connaître sont point de vue sur My’trä, ses idées, ses premières impressions, tout. Sa curiosité en était presque enfantine, mais on pardonnera à cet homme cet excès après avoir passé des semaines mornes et accablantes.

Après de longues minutes de conversation passionnée entre gens civilisés de la haute société daënare, le carrosse finit par faire arrêt près du café indiqué, grand établissement construit au cœur de l’intersection de trois routes peu animées des quartiers chics de Skingrad, un secteur réputé avoir appartenu autrefois à la noblesse daënare à l’époque féodale. Désormais, il s’agissait d’un véritable patrimoine culturel gardant encore l’architecture raffinée de l’époque et son style baroque. On pouvait même écouter la musique classique des grands compositeurs du siècle précédent et savourer l’ambiance bourgeoise sans pour autant se morfondre dans le luxe abusé. Un lieu de repos très prisé par les gens de philosophie qui s’y rassemblaient avec grand plaisir pour partager leurs récentes pensées et former des débats qui, selon les habitués, pouvaient durer des journées entières, ce qui expliquait pourquoi le maître de l’établissement réservait quelques chambres spacieuses à ces clients zélés.

Le gentleman prit les devants, faisant signe à l’un des servants aux costumes colorés pour les guider vers un emplacement tranquille où ils ne souffriraient d’aucune nuisance sonore ou oreille indiscrète. Le jeune homme les conduisit dans un coin à l’écart des autres tables, près d’une fontaine représentant une variété de poissons crachant de fins jets d’eau en un son cristallin, près des jardins de la cour du café où papillons et oiseaux dansaient dans les airs autour des fleurs multicolores répandant un parfum mielleux. Peu de gens se doutaient du trésor qu’était cet établissement relativement discret, pensant qu’il ne s’agit que d’un nid d’intellectuels présomptueux et arrogants.


Installés sur les divans moelleux, l’industriel se contenta de commander un café, mais n’hésita pas à demander à ce qu’on sert à Dolores quelques trésors de pâtisseries. Après une si longue absence dans les terres étrangères, la belle chanteuse devait sans doute être en manque de gourmandises daënares, chose que Ludwig ne pouvait tolérer en fin gourmet !

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