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Chroniques d'Irydaë
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 :: Les terres d'Irydaë :: Daënastre :: Rathram
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 Les poupées vont là où leurs fils se tendent

Invité
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Les poupées vont là où leurs fils se tendent EmptySam 4 Mai - 23:21
Cela faisait des semaines qu'Arja n'était pas sortie de son cabinet. Il faut dire que la dernière fois qu'elle avait mis les pieds dehors, il y a de ça deux mois, elle avait assassiné le chef d'un gang et sauvé un guerrier assoiffé de sang.

Mais depuis, elle stagnait dans ses recherches et la routine ne faisait clairement pas partie de ses passions, il fallait donc forcer le destin et sortir.

La jeune femme se prépara donc, en favorisant des vêtements rouges, comme à son habitude, un maquillage noir léger autour des yeux et sa dague accrochée à sa ceinture, masquée par le bas de sa veste.

Il était environ seize heure quand elle sortit de son cabinet. Elle verrouilla la porte derrière elle et s'engagea dans la rue remontant vers la ville.

Arja marchait tranquillement sans trop savoir vers où elle se dirigeait, croisant ça et là toute sorte de personnes, des enfants qui jouaient, des marchands qui hurlaient les vertus de leurs produits, quelques musiciens et artistes de rue, elle ne s'était jamais rendu compte à quel points les faubourgs pouvaient être animés.

Elle déambula ainsi jusqu'aux portes de la ville. Une fois ces dernières franchies, l'ambiance était bien plus calme. Les passants marchaient généralement par petit groupes de deux ou trois personnes quasiment silencieuses comme s'ils avaient peur de déranger si par malheur ils haussaient trop la voix. Arja trouvait cette différence fascinante.

Au bout de quelques heures, elle arriva au niveau d'une place et repéra un pub qui lui paraissait tranquille et surtout sans danger - elle n'était pas prête à retourner dans un vieux rade tel que ceux des bas-quartiers. Elle y entra et, sans prêter attention aux quelques clients déjà présents, elle s'avança vers le tenancier qui paraissait bien moins accueillant que la façade de son établissement. Elle se fendit d'un sourire et lui dit d'une voix douce :

- Bonsoir monsieur, je vais vous prendre une bière.

Le tenancier la toisa quelques secondes puis se retourna pour lui attraper un verre propre tout en grommelant des propos incompréhensibles. Il lui servit sa bière et elle se contenta de payer avec le sourire.

Quel homme agréable... Pensa-t-elle ironiquement en se dirigeant vers une table libre au fond de la salle.

Une fois assise, elle scruta les environs, essayant de trouver toute personne pouvant représenter un minimum de danger pour elle. Tout en regardant les clients, elle porta son verre a ses lèvres et .... Putain, enfin !

Ce pub ne semblait pas si terrible jusqu'à cet instant. La bière qu'ils servaient ici était une Pils d'Aildor. Pas une de ces Lager de Rathram que la jeune femme détestait tant. Elle fut tellement surprise par cette découverte qu'elle ne prêtait plus attention à ce qui pouvait se passer autour d'elle.

Ophélia Narcisse
Ophélia Narcisse
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Les poupées vont là où leurs fils se tendent EmptyDim 5 Mai - 1:09
Irys : 1609400
Profession : Cible mouvante pour Régisseur
Pérégrins -2
La nuit tombait trop lentement, c'était comme attendre que n'arrive la mort que de se balader en vain dans les quartiers de Rathram. Trop de monde, trop de soleil, trop d'inutilité dans l'entreprise d'exploration qu'avait effectué Ophélia. Alors, elle avait vu les places, les jardins, les avenues, les bâtisses, les statues, les monuments ... les purs perdaient vraiment leurs temps à construire toutes ces vanités. Ils trouvaient le temps d'aligner des briques avec un calcul minutieux qui arrivait parfois à frôler le chiffre d'or, pourtant, ils ne savaient toujours pas comment transcender la mort. Ils usent de la magilithe sans en connaître le pouvoir véritable, ils usent de cette vie minérale sans même pouvoir la maîtriser. Il n'y, chez les intacts, qu'une arrogante ignorance maquillée en savantes recherches. Rien que de la pavane.

Alors, elle était rentrée pour affronter la seule vision qui ne la dégoûtait pas complètement. Devant un miroir, la vaironne s'était délestée d'illusions pour en vêtir un millier d'autres. Son imagination en vagues rampait sur un modèle inchangé, son visage. Ses yeux se fondaient, ses mèches se coloraient, encore et encore, séparant chacun de ses caprices par un temps de considération durant lequel elle admirait les atours de ces nuances qui saisissaient son visage. De noir elle teignit finalement ses cheveux, tandis que ses pupilles se noyèrent de l'eau sombre de l'abysse. Avec un tendre sourire, elle rangea la pierre sur son collier et l'enfouit sous un manteau large. Sans plus de cérémonie, elle quitta son auberge, se dirigeant vers ce pub qu'elle aimait tant ...

Aspect d'Ophé:

Sa main fine vint pousser la porte au niveau de son bassin, décalant le battant d'une délicate poussée d'épaule. Déjà, le paysage présent lui plaisait bien plus que la hantise humaine qu'exerçaient les gens du commun sur les rues. L'anomalie s'avança vers le comptoir, adressant un large sourire à Norbert qui déjà, commençait à ruminer en la voyant.

- Allons bon, une aut' princesse. Allez ma 'tite dame, on va vous trouver un soulier à vot' taille et on vous le servira avec vot' verre si vous nous soulevez vot' jupon.
- Norbert, c'est moi.

La seule réaction d'Ophélia fut d'accentuer un sourire bienveillant, aux dires du tenancier, qui, déjà, commençait à s'esclaffer de sa mégarde. Il reconnaissait bien cet air absent, surtout lorsqu'elle le rendait manifeste avec cette risette sincère qu'elle n'adressait qu'à peu de personnes. Faute de ruminer, Norbert articula enfin des mots d'aisance, qu'il avait l'habitude de prononcer.

- Allez, va donc, il est accordé.
- Merci bien ...

Elle avait murmuré sa gratitude en un souffle léger, presque muet avant de se retourner. Ôtant l'épais manteau qui lui pesait sur les épaules, la cristallisée se retrouva en habit de cité, bien plus confortable. Un haut grisonnant, teinté albâtre encerclait ses épaules, dessinant un motif rond qui laissaient apercevoir des fragments de sa peau pâle. Son pantalon, lui, n'était que du tissu noir, taillé en une coupe serrée qui conservaient les formes fines de l'anomalie.

Assise devant le piano, elle s'exerça les doigts pendant une dizaine de minutes sur des berceuses de Vereist, que lui chantait son père lorsqu'elle était petite. Une fois qu'elle se sentit prête à accélérer le rythme, elle continua sur l'une des partitions que possédaient Norbert. Ancienne fabricante de boîte à musique qu'elle était, le solfège n'était pas une notion abstraite pour elle. Elle avait, en revanche, plus de mal à suivre le rythme qu'autre chose ... sauf à une musique qui suivit la première. Exécutée vraisemblablement parfaitement, la vaironne ne s'arrêtait pas d'esquisser des regards latéraux sur les clients présents dans la pièce durant ce morceau. Regard de louve dans les pupilles, elle cherchait quelque chose ... sans la trouver.

Alors, elle enchaîna, improvisant l'un des chants my'trans qu'elle avait entendu depuis l'autre bout du monde. Au jugé, ça ne rendait pas terrible, mais ce n'était pas non plus imbuvable, bien que simpliste. En revanche, les racines occidentales du morceau n'échappèrent pas à la vigilance d'un des clients, qui, lui se leva pour aller au côté de l'anomalie. Cette dernière leva ses yeux sur le visage du concerné, sans pour autant s'arrêter de jouer. Entre les notes, elle perçut le ton assassin de la haine.

- Ordure religieuse ! Quel morceau oses-tu donc jouer sur un continent de science ?!
- Ce n'est que de la musique, vous savez. - son ton était neutre.
- Chaque note a un sens, ce n'est pas qu'une musique, c'est de la véritable provocation ! Cherchez-vous donc à mourir, jeune fille ?!
- Il y a bien pire que la mort, vous savez.

Ce n'était pas une théorie, c'était un constat. La douce sensation de son décès restait encore empreinte dans l'esprit d'Ophélia. L'autre, lui, lâcha un rire désabusé.

- Ha ! Et qu'est-ce qu'une donzelle aussi jeune que vous en saurait ? J'ai été soldat, moi ! J'ai fait la guerre, j'ai vu la mort !
- Pourtant, vous êtes encore vivant ... vous.

Oui, c'était bien un ton de reproche mêlé à de l'implication personnelle qu'avait démontré l'anomalie. Bien sûr, le vétéran le prit à l'offense et levait déjà une main en signe précurseur d'une gifle de compétition. Tandis que la cristallisée attendait sagement qu'il ne s'exécute, Norbert, lui, ne comptait pas vraiment voir ça du bon oeil.

- Pardon, toi, mais j'la paie pour jouer, si t'aimes pas ce qu'elle fait, alors tu peux te tirer, tu seras pas manqué. Allez, fous l'camp avant que ça parte mal pour toi.
- Quel établissement miteux ...

Et il s'éclipsa, laissant un crachat sur son passage. Ophélia le suivait d'un regard mort, qui ne trahissait que difficilement le mépris qu'elle adressait à cette personne. Les purs ne savent jamais à quel point ils ont tort ... sauf Norbert, Norbert était quelqu'un d'assez impur, dans le fond. Sauf que lui, il ne l'était pas complètement. Il lui balança d'ailleurs un regard sévère, lorsqu'elle l'aperçut du coin de l'oeil. Il n'aimait pas quand elle faisait la maligne sur sa résurrection ... pourtant elle n'avait fait qu'un constat.

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Les poupées vont là où leurs fils se tendent EmptyDim 5 Mai - 16:32
Arja contemplait le divin breuvage, le goût de ce dernier lui rappelait tant de bons souvenirs. Elle se sentait comme en apesanteur. Pourvu que les secondes soient des heures ... pensa-t-elle, désirant que son verre ne se termine jamais. Elle avait même l'impression d'entendre quelques notes de musique, du piano, quelle agréable sensation.

Mais comme toute bonne chose avait une fin, la jeune femme fut tirée de ses songes par une voix montant plus haute que les autres. Elle leva la tête, contrariée d'avoir été coupée dans un moment si beau, et aperçut un homme, certainement ivre, qui menaçait la femme qui jouait du piano ce à quoi cette dernière répondit sobrement :

- Il y a bien pire que la mort, vous savez

Arja leva un sourcil, intriguée. L'homme, lui, semblant devenir nerveux rétorqua le discours basique du vétéran ayant fait la guerre, ayant vécu l'horreur. Ce à quoi la pianiste ajouta :

- Pourtant vous êtes encore vivant... vous.

Arja leva le second sourcil. Comment ça " vous " ? Pas elle ? Elle fixait l'intrigante artiste,tentant désespérément d'entendre le moindre indice en plus. Mais outre l'intervention du tenancier, il ne se passa rien de plus, le vétéran quitta l'établissement et Arja resta avec sa bière et ses questions en suspens.

Elle patienta quelques minutes en sirotant sa boisson, la mystérieuse pianiste continuait de jouer et l'ambiance calme revenait peu à peu au fil que la tension redescendait.

Tentant en vain de capter le regard de l'artiste, elle se résigna à se lever pour la rejoindre. Elle s'appuya contre le piano, toujours avec son verre en main. Pendant que l'autre jouait ses délires, Arja restait là, sans rien dire, telle la groupie de la pianiste. Mais ce silence devenait gênant.

- Je... Je peux te demander quelque chose ?

Ne voulant pas la déranger plus que ça, elle n'attendit pas la réponse de l'artiste et poursuivit :

- Tu saurais jouer une pièce d'Aildor ? "Du sucre dans mon cercueil" par exemple ?

Elle avait paniqué. En même temps, elle n'avait jamais vraiment eu à ouvrir la conversation avec une musicienne, elle ne savait pas vraiment comment s'y prendre. Au moins, si l'inconnue connaissait ce morceau, cela rendrait la bière encore meilleure.

Ophélia Narcisse
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Les poupées vont là où leurs fils se tendent EmptyLun 6 Mai - 23:02
Irys : 1609400
Profession : Cible mouvante pour Régisseur
Pérégrins -2
Ophélia se fichait bien du sort d'un abruti, elle fichait bien de l'existence éphémère d'un idiot qui voyait moins loin que les doigts de sa propre main. Elle n'avait aucune haine à dispenser à ce genre d'existence futile, aucune dignité ne saurait sauver ce présent sans passé, des vétérans ? Ils ont tous été oubliés, la guerre est demeurée une chimère dont plus personne ne connait le nom. Ceux qui l'ont aux lèvres ont une clairvoyance singulière dans les yeux, celle qu'aucunement ils n'échapperaient à la mort que l'Unique réserve aux purs. Ce monde n'était pas le leur et c'est pour cette raison que my'trans et daënars y étaient nés, pour s'entre-tuer. Tandis qu'à côté, les anomalies pourront continuer à enfreindre les lois des dieux impunément. Lorsque plus personne ne subsistera à part les erreurs, alors qui pourra remettre en cause leur légitimité ou seulement pointer du doigt leur imperfection ? C'était ça que visait la vaironne.

Mais pour l'instant, elle était dans un pub miteux à jouer des musiques nordiques sur un piano qu'elle avait dépoussiéré elle-même. Et maintenant, les gens venaient lui parler sans qu'elle n'ait de sang sur ses vêtements. Le plus amusant, c'est qu'elle avait l'impression qu'on lui vouait la même haine, meurtrière ou non. Ce monde n'était définitivement pas ordinaire, tous avaient leur dieu, aucun n'avait le bon. Chaque être de cette terre qui ne portait pas de cristal sur sa peau était une immondice qui devait être sauvée de sa perfection.

En parlant de perfection ... bien trop de gens venaient taquiner la patience de la vaironne. Elle avait fait l'attestation qu'aucune anomalie n'était présente dans le pub à l'instant même, elle n'avait aucune envie de parler à des chéris de la nature. Alors, lorsqu'on l'interpella, elle n'eut pour seule réaction que de lever un regard noir sur la jeune femme. Lasse comme elle était, sa réponse fut d'abord un haussement singulier du sourcil gauche. La voix de l'inconnue avait tremblé, cette requête sentait la supercherie.

L'immaculée retourna son regard sur Norbert qui avait une moue plus douce que la sienne, étonnamment. Il haussa des épaules en hochant de la tête. Ophélia arqua alors le coin de sa lèvre en une interprétation de son ignorance, ce à quoi le tenancier répondit avec une mine étonnée. Fronçant des sourcils, elle balança son visage une seule fois vers le barman qui étala sa main devant lui en un geste circulaire. Doucement, il commença à fredonner une mélodie du fond de la gorge, après avoir confirmé qu'il connaissait bien cette mélodie.

Penchant la tête, l'anomalie écoutait sa voix grave, tentant de répéter le ton modèle sur les touches. Elle s'arrêta alors, demandant d'un geste tournant de la main qu'il ne lui refasse le début. Remuant les épaules, exaspéré, il éclaircit sa gorge et reprit sur sa nuance caverneuse. La jeune femme put mieux reprendre les touches, improvisant lentement des accords au fur et à mesure qu'ils venaient. A la fin, la mélodie avait beau être lente, elle paraissait relativement plaisante aux oreilles d'Ophélia. Jouer pour une intacte n'était pas une fierté, mais il fallait assumer son travail de pianiste. Heureusement, Norbert chantait souvent juste.

- Bon goût pour une pure. Pourquoi cette musique ?

Elle s'adressa à la jeune femme, oubliant de ménager son vocabulaire, tandis qu'elle s'appliquait à ne montrer aucune émotion traîtresse de la gaffe qu'elle venait de faire. A la place, elle se contenta de lancer un regard sévère de ses yeux abyssaux à la concernée. Peu importe les efforts qu'elle ferait, jamais elle ne serait amicale envers une ennemie présumée, mais peut-être qu'elle serait conciliante ...

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Les poupées vont là où leurs fils se tendent EmptyMar 7 Mai - 13:41
Après un léger flottement, la musique demandée par Arja résonna dans la salle. La pianiste avait interprété le morceau sans fausse note, bien que le tenancier la lui avait soufflée. La jeune femme se sentait comme dans une de ces tavernes d'Aildor, l'odeur de pisse et les cris d'ivrognes en moins. Elle termina sa bière le temps pendant que la musique lui rappelait de plus ou moins bon souvenirs puis, avant qu'elle n'ait eu le temps de remercier la musicienne, cette dernière lui adressa la parole :

- Bon goût pour une pure. Pourquoi cette musique ?

Son ton avait été si neutre qu'Arja avait eu l'impression de s'entendre elle-même. Elle tourna la tête vers son interlocutrice et constata que même le regard de la femme se voulait froid voire menaçant. On souhaite me défier ? pensa alors Arja avant de répondre :

- Elle me rappelle mon adolescence...

Elle accompagna sa réponse d'un regard hautain, à la limite du carrément méprisant mais un rictus en coin trahissait une certaine fierté. En effet, cette musique lui rappelait sa vie à Aildor, par conséquent ses parents et surtout le jour où elle les a assassiné afin d'entamer ses études sur la Seconde Vie.

La jeune médecin regarda à nouveau le fond de son verre, fit tourner les quelques gouttes qui y restaient avant d'ajouter, sans regarder la pianiste :

- Qu'est-ce que tu as voulu dire par "pure" ?

Elle porta son verre à sa bouche, leva le coude pour tenter de boire une dernière petite gorgée puis posa le verre vide sur une table non loin tout en écoutant son interlocutrice jusqu'à la regarder à nouveau dans les yeux. Elle attendit la fin de la réponse sans y réagir, comme si elle ne l'avait même pas écoutée et dit :

- Je vais commander un autre verre, je t'offre quelque chose ?

L'air volontairement faussement enjoué et un faux sourire poli se dessinèrent sur son visage tandis qu'elle retourna voir le tenancier pour passer commande et revint après avoir payer, le tenancier lui avait dit de patienter le temps de changer le fût et que quelqu'un se chargera de lui apporter sa commande en salle.

Arja s'appuya de nouveau contre le piano en faisant tout de même attention que la dague à sa ceinture ne tape pas contre l'instrument et reprit en croisant les bras, toujours cet air faussement amical :

- Bien, on en étions nous ?

Ophélia Narcisse
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Les poupées vont là où leurs fils se tendent EmptyMar 7 Mai - 15:02
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La vaironne qui n'en avait pas l'air continuait à jouer, ignorant impérialement le regard de la pure qui se donnait des atours d'entité supérieure. Ophélia n'aimait pas l'effronterie, elle n'aimait pas que l'on puisse la considérer seulement comme une créature inférieure à qui que ce soit. Que ce soit au travers de mots maladroits, ou bien de regards trop éloquents, elle n'acceptait jamais qu'on lui parle comme on s'adresse à une de ces larves de Klumpen. Le pire, dans tout ça, c'était sans doute que les mots prononcés ne laissaient nulle place à quelconque raison d'être insolente, peut-être que cette intacte s'amusait juste à refléter un ton qui ne lui appartenait pas, celui qui était approprié à l'anomalie et qu'elle avait essayé de subtiliser.

D'un coup, Ophélia ne voulait plus continuer d'achever la requête de la jeune fille, elle s'y ancra quelques instants de plus seulement. Un sourire narquois secoua ses lèvres au moment où la bonne question fut posée ... n'était-ce pas là une réponse satisfaisante que le mutisme ? Une fois encore, elle ne profita que quelques secondes de silence. Calmement, ravalant son sourire et arborant des traits comme si elle crachait ses mots, elle siffla.

- Parce que c'est ce que tu es, une petite fille pure.

Et l'autre s'écarta presque comme si ses oreilles avaient été enlevées par l'Unique, se décalant vers le comptoir pour commander un verre à Norbert. Chose étonnante, elle lui proposa même une boisson ... ça sentait le poison à plein nez. De toute manière, Ophélia avait l'habitude de sa réponse coutumière à ce genre de service proposé. Détachée, elle se contenta de se retourner vers le piano en une remarque sèche.

- Je ne bois pas.

Ses doigts vinrent frotter une mélodie toute autre sur le piano, le genre de musiques qu'elle était la seule à aimer. En général, les autres se contentaient de lui offrir un regard de côté qui traduisait certainement des paroles comme "tu veux nous faire déprimer, sale lunatique ?". Mais, elle aimait bien les berceuses, les mélodies calmes et les tonalités bleues, ça l'aidait à réfléchir et à se rappeler qu'elle n'était en rien l'erreur qu'on avait faite d'elle. Alors, elle joua.


La porte du comptoir tapa, Norbert n'était plus dans le hall. Pour Ophélia, ça ne changeait que peu de choses, oh, elle avait son diplomate en moins, mais elle était tout à fait capable de se défendre seule et, de surcroît, il n'y avait personne pour surveiller le venin qui fusait de ses crocs. Levant le sourcil gauche, la brunette toisait le piano, au lieu de vouloir poser son regard sur cette imbécile d'intacte. Elle voulait quelque chose, ce constat devenait manifeste. Alors, par où commencer pour lui faire comprendre qu'elle avait beaucoup à risquer en s'estimant à un statut qui n'était pas le sien.

- J'en étais rendue à l'instant où je te disais que tu n'étais qu'une précieuse gamine pure, qui n'a aucune idée du ton qu'elle emploie, ni à qui elle l'adresse, et que si tu avais un minimum d'instinct de survie, tu garderais ta langue bien pendue entre tes dents avant de ne plus en être la maîtresse.

En continuant à jouer, l'anomalie fit dériver son regard sur l'intacte, avec un mépris palpable. Avec un sourire arrogant en coin et des sourcils tout aussi froncés, elle conclut.

- Alors, si tu as quelque chose à me dire, arrête de tourner autour du pot et réfléchis bien avant de parler. Sinon, ce pourrait bien être la dernière fois que tu jactes de la sorte.

Invité
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Les poupées vont là où leurs fils se tendent EmptyMar 7 Mai - 16:43
Il s'avéra que la jolie fleur avait des épines. Pas trop tôt... pensa Arja en levant les yeux. Cependant, les menaces de la musicienne avait atteint l'égo d'Arja qui eut du mal à garder son air calme et laissa s'échapper un petit rire nerveux après ce qu'elle considéra comme une tentative de provocation peu crédible.

- Alors, si tu as quelque chose à me dire, arrête de tourner autour du pot et réfléchis bien avant de parler. Sinon, ce pourrait bien être la dernière fois que tu jactes de la sorte.


Décidément, Arja commençait à croire qu'il y avait des personne souhaitant sa mort dans tous les coins, dans cette ville. Sauf que la pianiste n'avait ni l'air d'un mercenaire, ni d'un chef de gang. De plus Arja était restée aimable avec elle, bien plus qu'elle ne l'aurait été avec beaucoup de gens. Quelle ingratitude. Elle garda son attitude hautaine bien qu'un léger tremblement de paupière trahissait son énervement et son envie de taillader le joli visage de cette fille. Elle s'exclama donc :

- Enfin quelqu'un de sensé dans cette foutue ville ! Oublions la politesse et la bienséance, soit. Je préfère ça aussi.

Arja, pendant qu'elle parlait, descendait doucement sa main jusqu'à sa ceinture, prête a dégainer sa dague, au cas où, sans la montrer pour ne pas non plus faire passer ça pour une tentative d'intimidation. Puis il y a "bien pire que la mort" ... Elle soupira et reprit :

- Du coup, autant être directe : Comment peux-tu être certaine qu'il y a pire que la mort ?

Question étrange mais au moins elle avait arrêté de "tourné autour du pot". Il y avait plusieurs réponses possibles à cette question. Soit cette jeune femme avait connu la mort ou la torture, soit c'était une de ces foutues nécromanciennes. Elle ne laissa pourtant pas son interlocutrice répondre avant d'ajouter :

- Ah ! Et comme tu sembles te la jouer froide et mystérieuse, autant préciser que tu n'es pas la seule à ne pas aimer les détours inutiles.

Elle voulait ajouter que rien ne lui empêchait de fracasser le crâne de la musicienne contre les touches du piano mais préféra la jouer fine. Ce serait dommage de gâcher l'ambiance.

Ophélia Narcisse
Ophélia Narcisse
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Les poupées vont là où leurs fils se tendent EmptyMer 8 Mai - 19:52
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Sensée ? Qui était sensée, elle ? Ce n'était pas question de vérité ou bien à contrario d'ineptie, mais plutôt de reconnaissance. Personne en ce monde, personne dans la mort ne l'avait jamais ainsi qualifiée, alors, comme elle n'était pas idiote au point d'en devenir étourdie, Ophélia le prit tel qu'il devait être, au sarcasme allégé. Elle n'aimait pas le sarcasme, pas quand il lui était adressé, alors ça faisait déjà un mauvais point pour l'intacte. En revanche, cette dernière avait bien comprit qu'aucunement l'anomalie ne comptait lui être agréable, pas aujourd'hui, pas demain, jamais. Il valait mieux demander à un piano d'imiter des choeurs.

Au dernier mot prononcé par la jeune préservée, les doigts de la vaironne glissèrent hors des touches, se ramenant sur ses cuisses. Elle n'avait pas encore tourné la tête vers l'autre, mais l'abaissement d'une main sur une jambe armée avait fait dériver son regard vers le sol. Pourtant, son cou demeurait droit, donnant la désagréable intonation d'une effronterie à peine dissimulée. Au final, ce n'était pas de l'arrogance, si c'était justifié. Il se trouvait justement que l'attitude de cette étrangère, aux yeux d'Ophélia, ne trouvait absolument aucune légitimité. Elle n'était qu'une pure parmi tant d'autres.

Et pourtant ... elle avait eut le mérite de faire se braquer l'anomalie. Le blanc de ses yeux se mit en évidence comme sang sur la neige, tandis que ses iris ne devenaient plus que petites perles dans un océan nacré d'albâtre. Son regard se releva enfin dans les yeux de l'intacte avec une expression aussi surprise qu'intriguée. Quelle genre de lunatique donnait ainsi un sens aux mots, d'ordinaire, les paroles n'ont pour signification que celles que les oreilles saisissent. Cette question n'était clairement que l'instigatrice d'une toute autre affaire.

Ophélia en avait vu des gens qui voulaient l'étudier, elle en avait enduré les caprices pendant très longtemps. Alors, qu'on vienne la voir avec l'éventualité, si infime soit-elle que ce sort ne lui soit à nouveau réservé, elle ne comptait pas laisser cette rencontre sans une conclusion adéquate. Froide et mystérieuse ... ah, elle n'était pas faite pour la scène, elle ne savait pas jouer ce numéro-ci, seulement celui de la courtoisie. N'y avait-il donc pas besoin de preuve ? A l'instant même, pourtant, elle esquissait un sourire ... aussi arrogant que possible.

Il s'effaça en l'espace d'une demi-seconde, au rythme des pupilles de l'anomalie qui, de la teinte blanchâtre ainsi arborée, se noyèrent dans leur bain lilial. Ses lèvres s'écartèrent, laissant de l'air à un grognement subite, tandis qu'autour d'elle, une vibration s'esquissa. Plus qu'un numéro d'intimidation, c'était un passage à l'acte. Car la seconde qui suivit, ces traits invisibles poussèrent l'intacte en arrière, l'envoyant valser jusqu'au mur d'un des deux escaliers jumeaux. L'anomalie se leva enfin, prenant une grande inspiration à la suite de l'effort qui lui coûtait bien plus de labeur qu'à un favori des Architectes. Progressivement, son aspect revint à la normale, vaironne et cheveux blancs, sa voix prenant une tonalité enfantine.

- Ow ... trop directe ? Reviens ici, Norbert. Madame est curieuse.

Le ton amusé de la jeune femme se redirigea vers la porte du comptoir. Déjà, dans la réserve, ça commençait à s'agiter, le tenancier était certainement en chemin. Ophélia s'agenouilla devant la pure, à quelques mètres d'écart, avant d'aller attraper une fiole dans une poche cousue au pan intérieur de son haut. De la poudre blanche en ornait le fond, comme un petit monticule de neige. Coincé entre son index et son pouce, elle le remua doucement avec un petit sourire malicieux.

- Comment j'en suis certaine ... hmm ... peut-être que ce que tu vas vivre te convaincra que tu préférerais mourir ? Crois-moi sur parole, c'est pas si mal là-bas.

Elle sourit, simplement. La porte s'ouvrit à côté, l'air grincheux de Norbert prit une teinte d'étonnement lorsqu'il vit ce qu'il se tramait à sa droite. Brute, il haussa les épaules avec un mouvement vague du visage.

- Quoi, tu m'as appelé pour du yoga ?
- Du quoi ?
- C'est un truc assez marrant, enfin, bizarre quand même, parce qu'il faut plier les jambes et puis, bon, c'est assez dé...
- Mais j'en ai rien à foutre ! Donne-moi une bière ! Et verrouille ta porte !

Et il commençait à la lui servir dans une choppe bien présentée, comme il le ferait avec n'importe quel client ... mais, qu'il était con sous ses traits de vieux grincheux cet abruti !!! De la stature, de la dignité, ne pas perdre la face devant une captive, était-ce vraiment quelque chose d'inaccessible ?! Ophélia commençait déjà à faire chavirer sa tête, à force d'endurer ses conneries. Il lui tendit le breuvage et la vaironne y mélangea la poudre, avant de la poser devant l'intacte avec une expression patiemment vidée d'émotions.

- Cul-sec ... allez ! Ca ne te tuera pas, ce serait pas drôle, puis j'ai un argument à prouver.
- Mais qu'est-ce qu'elle t'a fait pour que tu sois comme ça, princesse ?
- Oh rien, elle voulait juste savoir comment je pouvais être si sûre qu'il y avait bien pire que la mort.
- Beh montre-lui ta cicatrice.
- Non, écoute, Norbert, je crois que tu n'as pas exactement compris ce qu'il se passait, ici.
- Si elle veut savoir, ce serait plus juste que tu le lui montres ! Il s'adressa alors à l'intacte, avec un murmure presque confident.Elle s'est prise une balle en plein coeur
- Ferme-la ! Donne-moi un couteau, maintenant !

Sa voix résonna, distordue comme prise de nuances rauques. Ce genre d'écart de magie arrivait quand elle s'adonnait à ses caprices, ou bien qu'elle était contrariée. Une vraie gamine d'âme et de coeur ... l'innocence en moins. Serrant les dents, elle reprit la choppe et la reposa plus près de l'autre avant de reposer ses mains sur ses propres cuisses, le manche de l'arme sous ses paumes.

- Bois.

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Les poupées vont là où leurs fils se tendent EmptyMer 15 Mai - 15:55
Adossée au mur, y ayant été projetée par une force inconnue et invisible, Arja assistait impuissante,  au caprice presque ridicule bien que terrifiant de la pianiste. Au moins, une de ses théories était avérée : Cette femme était une foutue magicienne. Essayant de contenir sa rage, sachant que la provocation ne servirait plus à rien tant que l'autre pouvait la tenir à distance, et gardant cet air froid et neutre sur le visage, la jeune médecin se contenta de regarder la musicienne s'agenouiller et lui préparer une sorte de cocktail à base bière et de poudre blanche... . Quel gâchis. pensa-t-elle avant de se reprendre et de se rappeler que la situation était peut-être un peu plus grave qu'une bière gaspillée.

Le tenancier, vraisemblablement nommé Norbert, paraissait indifférent à la situation et au sort qui était réservé à Arja mais, paradoxalement, il semblait aussi vouloir empêcher l'action qui allait suivre bien qu'il ne faisait aucun effort. Avait-il peur de cette femme ? Il semblait pourtant la connaître depuis un moment, il avait parlé de cicatrice et de balle dans le cœur.

La boisson fut posée non loin d'Arja et la voix de la musicienne termina :

- Bois.

Arja toisa le verre et l'attrapa. En soi, elle n'avait pas peur de la mort non plus et sa curiosité la poussait à faire tout ce qui pouvait lui en apprendre plus sur cette dernière - surtout quand ce qu'elle devait faire lui avait été présenté comme " vivre quelque chose de pire que la mort " - elle porta le breuvage à ses narines. Hmpf.. Ca sent la bière quoi et ... de la menthe ? Difficile à dire... Pensa-t-elle. Mais l'odeur et la couleur du produit l'avait déjà mis sur la voie de ce que cela pouvait être, ce n'était pas du poison mais une drogue arrivée assez récemment sur le marché dont elle ne se souvenait plus du nom. Elle regarda la femme agenouillée et lança :

- Et si je refuse ?

A cette question, Arja se répondit elle même par une claque mentale. Le moment n'était toujours pas propice à la provocation. Elle n'attendit pas une seconde de plus, ne voulant pas voir le verre s'envoler et s'écraser dans sa bouche porté par une énergie magique. Elle soupira et bu. Une gorgée... Deux gorgées... Trois ...

Ophélia Narcisse
Ophélia Narcisse
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Les poupées vont là où leurs fils se tendent EmptyJeu 16 Mai - 12:23
Irys : 1609400
Profession : Cible mouvante pour Régisseur
Pérégrins -2
Ophélia avait trouvé un ravissement dans la situation présente, tout le monde avait trouvé un terrain d'entente, pas vrai ? Elle avait fait passer son message et l'étrangère allait pouvoir comprendre qu'il y avait bien pire que la simple mort. Si le visage pâle s'était écarté de colère à la remarque de le jeune femme qui semblait réticente à boire le breuvage. Mais les murs se refermaient, ils étaient déjà si proches, aucune issue ne s'offrait. La porte était verrouillée et la clé se trouvait dans un simple verre de bière. Il y avait tant à découvrir ... seulement après, elle verrait ce qui, vraiment, mérite la peur que tous les mortels vouent à la mort.

La vaironne écarta doucement les lèvres lorsque l'inconnue porta le breuvage à sa bouche, buvant sans retenue la concoction. Comptant les gorgées, l'anomalie souriait toujours plus exagérément, à la fin, la vision de ses dents offrait une vue presque carnassière. C'était l'une des premières fois qu'elle utilisait cette drogue, à voir si Swenn était un bon tuteur ... oh, et elle espérait aussi qu'elle n'avait pas confondu avec l'arsenic, sinon, avec une telle quantité, ils se retrouveraient bien vite avec des tripes sur le sol.

Plissant les yeux, Ophélia observait les symptômes, ou plutôt, elle les cherchait. Pas de toux, pour le moment, la drogue ne faisait vraiment effet qu'après quelques minutes, il fallait attendre. Inclinant le visage, elle sondait les pupilles toujours plus dilatées de l'intacte, les premiers signes que la drogue avait bien été ingérée. Elle n'avait pas tout bu, trois gorgées, puis un poignet délesté ... c'était mieux ainsi, à la dose que la vaironne avait mis dans le breuvage, ç'aurait été létal que de le finir. Mais, en aucun cas, ne voulait-elle voir cette pure mourir, pour le moment. Elle voulait jouer.

Toujours accroupie, la fille aux cheveux liliaux mirait sa partenaire, qui n'avait plus l'air aussi confidente qu'avant ... quand on n'a plus de volonté, ça laisse pantois. Ramenant le verre vers elle, la cristallisée arquait une pupille analytique dans celles de l'inconnue. Si elle s'était bien renseignée, l'air de l'oeil devrait prendre la forme de neutralité la plus parfaite, aucune émotion, comme une poupée bien cousue. S'accroupissant sur le bout de ses pieds, Ophélia tendit la main, paume ouverte, donnant la simple instruction première qui suivit.

- Donne-moi ta main.

Facile, non ? C'était exactement la même chose que l'on demande aux chiens pour voir s'ils sont bien dressés. Petit problème pour la dignité de l'étrangère, elle n'avait absolument pas d'autre choix que celui d'obéir, et ce, plusieurs heures durant. Alors, lorsque les doigts inconnus vinrent effleurer les siens, l'anomalie articula son expression enjouée de plus belle. Jamais, même dans sa boutique, n'avait-elle eu l'occasion de partager une pièce avec une poupée qui n'avait pas besoin de fils pour se mouvoir. Avec la voix pour seule croix d'attelle, Ophélia ne s'était pas sentie aussi proche de la stature divine depuis la réalisation de sa résurrection.

Et maintenant que faire ? Elle ne savait rien de cette inconnue, et un châtiment n'est efficace que s'il est adapté à la personne en face ! Y avait-il de meilleur exemple qu'elle-même ? Elle était une feuille blanche, lorsqu'on la couverte de chaîne, une inconnue qui n'avait pas son nom en mémoire. Les médecins ont été malins, ils ont utilisé sa naïveté pour la soumettre et la seule réponse qu'elle eut à ces infamies, fut "merci". Chaque personne s'effrite à sa manière, il fallait simplement au bon endroit. La vie n'est-elle pas qu'un long monument qui s'édifie brique par brique ? Il suffit juste de faire s'effondrer les fondations pour que tout s'écroule.

Alors, Ophélia s'avança, plus proche encore, penchant son visage vers le sol pour que ses yeux dépareillés soient le point d'appui premier de la droguée. Son expression se mélangeait de tant de couleurs, arborant le bleu des rêves étranglés et le vert de l'avarice sarcastique. Norbert, lui, était retourné jusqu'au comptoir et jetait une oeillade lasse à la scène. D'une voix de sucrerie, si douce, mais si acide, elle exigea sa première requête.

- Parle-moi de toi, dis-moi tout. Ton nom, ce que tu aimes, ce que tu as fait, ce dont tu as le plus honte, je veux tout savoir.

L'heure du jugement approchait.

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Les poupées vont là où leurs fils se tendent EmptyLun 27 Mai - 18:33
Arja n'avait plus aucun contrôle de son corps ni même de ses pensées. Elle était là, le regard dans le vague, elle semblait néanmoins entendre la voix de la mystérieuse pianiste puisqu'elle s'exécuta quand cette dernière lui demanda de lui donner sa main.

Ce qui se passait actuellement dans son esprit n'avait guère d'importance et elle ne s'en souviendrait pas. Elle se contenta de répondre à la série de questions posée par l'autre femme, tout avait disparu autour d'elles.

Arja parla lentement et avec difficulté, comme si ses lèvres et sa mâchoire étaient engourdies.

- Je.. Je suis.. balbutia-t-elle

Les muscles de son visage se contractèrent, comme si elle était contrariée de ne pas pouvoir utiliser son éloquence habituelle, à moins que cela ne soit plutôt lié à l'effort que lui demandait la prise de parole. Elle continua :

- Sujet d'étude ... n°0003. Arja Gerss...

Elle marqua une pause. Peut-être était-elle consciente qu'elle était sur le point de dévoiler son véritable nom, peut-être tentait-elle véritablement de lutter contre les effets de la drogue. Ou alors, peut-être avait-elle simplement oublié son nom de naissance.

- ... Nafnlaus. Arja Nafnlaus... Ensuite, j'aime...

Elle hésita, Arja ne s'était jamais vraiment demandé ce qu'elle aimait vraiment, la bière ? la neige ? les beaux vêtements ? ... Elle puisa plus profondément et dit à voix basse :

- La mort... Elle me fascine... J'ai assassiné mes parents pour mes recherches sur la mort et surtout la vie après cette dernière.

Arja semblait plus à l'aise. Elle avait énoncé cette dernière phrase avec une étrange facilité, comme si son cerveau était passé en mode automatique et que la drogue avait complètement pris le dessus sur ses pensées. Elle conclut d'un ton neutre :

- Je n'ai honte de rien. J'assume ce que j'ai fait, ici et à Aildor, tout.


Après ces mots, elle n'était plus du tout elle-même, son identité propre et son libre arbitre avaient été balayés par la mixture qu'elle avait bue.

Ophélia Narcisse
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Les poupées vont là où leurs fils se tendent EmptyVen 7 Juin - 11:16
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Profession : Cible mouvante pour Régisseur
Pérégrins -2
La drogue faisait effet ... et elle le faisait bien ! Non, pas assez bien. Elle avait encore du recul sur certaines de ses informations. "Sujet d'études" ... elle aussi avait vécu ça. Ce moment où l'on se définit par un numéro, ce moment où l'on nous donne un nom qui ne nous a jamais appartenu, voilà exactement l'instant qu'Ophélia aurait cherché à effacer si elle en avait eu l'occasion. Plus jamais elle n'aurait à supporter de voir qui que ce soit se limiter à leur affectation d'analyse. Cette pure était trop chanceuse, elle ne voyait même pas à quel point la vie l'avait bénie tant sa vision était restreinte. Elle lui ouvrirait les yeux.

Aimer la mort. Oui, il y a de quoi, quand on la connait, mais vraiment, d'un point de vue extérieur, n'est-on pas censé la craindre ? Ne plus exister, cela n'effraie donc pas cette petite intacte ? Le visage de la vaironne se raidit soudain, lorsqu'elle entend la suite de l'histoire. Son sourire s'efface, mais ne laisse aucunement place à de la compassion. Quelle ingrate. La vie lui avait tout donné, tout. Elle l'a refusé. On ne refuse pas un cadeau, même l'anomalie le sait, c'est impoli. Si la vie n'a pas réussi à cautériser l'offense, alors, Ophélia se ferait un plaisir de réparer ce tort.

Oh, la pure n'avait même pas de regrets. Pourtant, la honte est ce qui fait vivre, ce qui fait progresser, il ne faut pas la laisser de côté. Comment réfléchir à nos erreurs si nous les assumons entièrement ? Un ton faussement empathique au visage, la vaironne glissa sa main sur la chevelure dorée de la droguée, lui tapotant deux fois le sommet du crâne avant de dériver sur les pointes. Elle réfléchissait, jouant avec le couteau, faisant crisser la lame sur le sol ... avant de la retourner et de tendre le manche à la jeune femme.

Elle avait trouvé.

- Tu veux savoir comment est la vie après la mort. Tu vas trouver une famille dans les rues de Rathram, tuer les parents et épargner les enfants. Tu observeras attentivement l'expression sur le visage de leur progéniture, et tu verras l'aperçu de ce qu'est la vie après la mort.

Oh non, Ophélia avait très bien compris ce qu'avait voulu dire Arja, elle l'avait même parfaitement compris. Mais il demeurait une vérité qu'elle seule connaissait, qu'elle seule pouvait certifier sans le moindre doute. Après la mort, il y a la mort, pas la vie. Mais ça, elle se doutait bien que la blonde s'en rendrait compte en temps voulu. Se relevant, elle inspira lentement, avant de retourner sur le piano pour jongler quelques notes de ses doigts.

- Je te retrouverai sur les quais, avant que tu ne partes d'ici, tu me diras ce qu'il en a été ... et tes impressions du moment.

Car elle devra s'en aller, on ne reste pas à Daenastre longtemps après avoir commis un crime. Elle-même avait été chanceuse, mais ses dons d'anomalie lui avaient conféré assez de discrétion pour se permettre un plus long répit entre chaque région. Maintenant, elle était recherchée partout mais avait trouvé une autre couverture. La leçon commencerait bien vite pour cette jeune fille. Très vite.

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