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Chroniques d'Irydaë
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 :: Les terres d'Irydaë :: Als'kholyn :: Marnaka
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 Une lumière dans l'obscurité

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Une lumière dans l'obscurité EmptyDim 3 Déc - 21:09

“Ce n'est pas la fin. Ce n'est même pas le commencement de la fin. Mais, c'est peut-être la fin du commencement.”
- Winston Churchill



Depuis quand est-elle ici? Elle caresse du bout des doigts la montre à gousset qui refuse obstinément d'indiquer l'heure depuis la fuite de la demeure familiale. Par quel clan rival est-elle occupée à présent? Qui occupe le fauteuil laissé vacant par son grand-père ou les chambres dont les propriétaires ont trépassé? Les personnes responsables de l'attaque sont-elles en train de fêter leur victoire dans le grand salon? Se félicitent-elles d'avoir fait couler tant de sang pour obtenir un peu de pouvoir supplémentaire? Est-ce que les rires ont remplacés les détonations des armes et les relents d'alcool, l'odeur de la chair brûlée?  

Elle essaie vainement de chasser les images imprimées au fer rouge sur sa rétine comme sur son âme. En vain... Toutes ses pensées se focalisent sur ce moment charnière de son existence, incapables de concevoir autre chose que le passé. L'avenir? Le sens-même de ce mot a perdu toute saveur. Car si elle est en vie - est-ce le mot approprié? - il n'en reste pas moins qu'elle sera la suivante sur la liste des assaillants. La dernière Vanhausen encore vivante. Un signe de ralliement pour ceux qui continuent à servir fidèlement un clan qui appartient pourtant déjà à la mémoire collective d'Aildor.

Katharina n'a pas envie de mourir. Elle aime trop la vie pour envisager sereinement une fin aussi abrupte à la sienne. Elle appréhende le choc de la balle contre sa poitrine ou le bruit de la lame qui glissera contre sa gorge. Et si elle aimerait faire bonne figure lorsque l'heure sera venue, elle sait qu'elle n'en sera pas capable. L'adolescente n'a pas assez vécu pour s'en aller sans peur, ni regrets. Mais l'adolescente sait également qu'elle ne pourra pas éternellement se soustraire à la justice implacable d'une cité. Chaque souffle d'air qui emplit ses poumons, chaque seconde qui s'écoule sur l'échelle implacable du temps, est un sursis supplémentaire qui la sépare encore d'un destin scellé.

Elle écrase d'un revers de sa main sale une énième perle cristalline roulant sur sa joue. Puis elle caresse machinalement l'encolure d'Orion. Le renard polaire n'a pratiquement pas quitté ses genoux depuis leur arrivée dans cette maison qui n'a de refuge que le nom. Le froid et la neige filtrent à travers les murs et le toit délabré. Depuis l'endroit, situé à côté des entrepôts ceinturant le port, elle entend le bruit de l'océan s'écrasant avec fracas contre le rivage. Les éléments sont déchaînés aujourd'hui. Comme si la nature souhaitait assombrir un tableau qui n'a déjà rien de bien reluisant.

L'adolescente tente de rester alerte et de repousser la fatigue qui l'assaille depuis trop longtemps maintenant. Ses efforts restent vains et elle se sent une nouvelle fois sombrer vers le piège du sommeil. Mais des bruits de pas sur la neige et des mots prononcés par des voix graves la tirent de ses songes malavisés. Elle prend appui sur le rebord de la cheminée en ruine et se redresse péniblement, la plaie au niveau de sa cuisse se rappelant douloureusement à son bon souvenir. Douleur rapidement éclipsée par la peur d'une chose qu'elle savait pourtant inévitable.
"Va te cacher!" souffle-t-elle à son compagnon à quatre pattes. "Allez! S'il-te-plaît!"
Ses suppliques restent vaines et Orion se contente de l'observer avec curiosité. Elle n'a jamais autant souhaité qu'il puisse comprendre ce qu'elle lui dit. L'adolescente tente de le repousser de son pied engourdi mais n'obtient rien d'autre qu'un glapissement outré. Puis la porte s'ouvre avec une délicatesse inattendue et dévoile une silhouette tout aussi surprenante. La boule d'appréhension qui n'a pas quitté sa gorge depuis de longs jours semble doubler de taille tandis que son regard se pose sur l'homme et ceux qui l'accompagnent. Ceux-là, elle ne les connaît pas...
"Bonjour Monsieur Strauss..." lâche-t-elle laconiquement. "Je ne m'attendais pas à vous voir ici!"
Elle se force à relever la tête pour exprimer une fierté qu'elle n'a pas. Pourquoi faut-il que ce soit lui? Katharina a toujours pensé du bien de celui qui a souvent eu un mot gentil à lui offrir lorsqu'il venait leur rendre visite. Elle s'en veut d'avoir été aussi aveugle. Mais curieusement elle est plutôt soulagée à l'idée que le dernier visage qu'elle verra lui soit familier. Elle fait péniblement un pas dans sa direction et tente de calmer les tremblements qui animent ses lèvres gercées.
"Puis-je vous demander une faveur?" s'enquit-elle. "Auriez-vous l'amabilité d'épargner Orion?"
Elle pose avec regret le regard sur le renard affairé à renifler les bottes du nouvel-arrivant, les autres s'étant contentés de rester à l'extérieur. Puis elle s'agenouille avec difficulté pour gratifier l'animal d'une dernière caresse et de quelques mots gentils. Après quoi elle se redresse au mépris de sa jambe blessée pour faire face à ce bourreau insoupçonné. Katharina lui adresse un regard qui se veut déterminé mais qui trahit uniquement de la crainte. Une manière de lui faire comprendre qu'elle accepte le sort que son nom de famille lui a réservé...

Ludwig Strauss
Ludwig Strauss
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Une lumière dans l'obscurité EmptyMer 6 Déc - 20:05
Irys : 1073433
Profession : [Officielle] Propriétaire d'industries de l'armement [Officieusement] Baron du crime
Daënar -2
« C’est ici. »

L’homme avait parlé d’un ton neutre et froid, plus froid encore que l’air quasi polaire qui les enveloppait d’une caresse glacée, comme si les morts venaient hanter les lieux de leur sordide présence et geler toute chaleur et tout espoir dans un étau qui transformait les souffles en buées épaisses. Les hommes alentours serraient leurs manteaux tout en tentant de garder une rigidité presque militaire et une indifférence face à la cruauté des éléments. Aildor avait rarement été cajolée par le climat d’Irydaë. Peut-être était-ce un digne châtiment pour les habitants de cette ville corrompue jusqu’à la moelle, rongée par la gangrène vicieuse et répugnante qu’était cette agglomération des pires hors-la-loi et truands de ces terres. Pirates, bandits, coupe-jarrets, escrocs, contrebandiers, mercenaires, assassins. Tous réunis pour sévir. Réunis pour se morfondre dans leurs vices. Réunis pour périr et dépérir.

Un croassement attire l’attention du leader du groupe. Deux prunelles de givre se portent sur une grue abandonnée et livrée à la morsure du gel d’Als’Kholyn. Au-dessus de la machine couverte de neige reposait un corbeau couleur de jais, ses plumes obscures contrastant parfaitement avec le décor enneigé et le ciel grisâtre et morne de cette triste journée. Oiseau de mauvais augure. Venait-il murmurer à Ludwig des rumeurs de malheurs et de chagrins, lui qui venait tout juste d’apprendre qu’il venait de perdre une pièce dans son cœur pourtant si hermétique aux sentiments ? Lui qu’on surnommait l’homme de fer, le requin, le bloc de glace. Il devait incarner l’humanité insensible, impitoyable, le pragmatisme par excellence, le regard dédaigneux et le sourire condescendant. Mais pas aujourd’hui. Pas en ce triste jour de mai qui restera à jamais gravé dans sa mémoire.

Le jour où celle qui avait réussit à faire battre son cœur de pierre avait succombé à la jalousie d’odieuses crapules. Le jour où l’existence de Ludwig sembla un peu plus grise, un peu plus fade que d’habitude.

Mais le baron du crime ne se laissa pas tirer par les chaînes du malheur pour se noyer lentement dans le gouffre du désespoir. Car si le sang qui lui était chère tapissait désormais les pavés de cette cité d’âmes damnées, il pouvait encore sauver un être cher. Une petite lueur d’espoir, une petite étincelle luttant désespérément dans la neige et l’obscurité, encerclée par la cruauté des hommes. Les vents tragiques tentaient de souffler cette petite flammèche qui avait le pouvoir de réchauffer l’âme glacée et métallique de l’industriel, de rapporter un peu de douceur et de tendresse dans son écran de mépris et de conspiration. Cette petite étincelle, il allait la sauver. Et il savait déjà où la trouver.

L’homme à la chevelure d’encre fixa la porte d’une vieille demeure délabrée, abandonnée par tous sauf par le temps qui n’avait eu de cesse de lentement la ronger pour l’ajouter à son éternel empire de poussières et de souvenirs. C’était ici, il le savait, il le sentait. Doucement, il toqua à la porte du bout de l’index, puis repoussa cette dernière avec lenteur. Ce fut bien étrange qu’en ce moment particulier il ne poussa pas un soupir de soulagement à la vue de la petite chose cachée dans cette misérable bâtisse, cette enfant au regard innocent et pur … un regard qui lui rappelait cruellement la perte qui ouvrait une plaie dans son âme.

Non, pas de place pour la peine. Pas maintenant. Il devait laisser le rôle de l’endeuillé et se préparer à prendre celui de père protecteur. Le père qui n’a jamais du abandonner cette perle dans un écrin aussi sordide et détestable qu’Aildor et ce malgré les murailles immenses que constituaient la famille de son grand-père. Hors il était le mieux placé que les murailles les plus grandes ne pouvaient rivaliser avec la sombre félonie des hommes qui rongerait les remparts comme l’acide rongeant la chaire, brûlante et douloureuse, impitoyable et infatigable.

Avec douceur, il regarde cette jeune fille tenir tête avec un courage remarquable, prête à faire face à son destin, prête à rejoindre sa mère avec la fierté caractéristique de sa famille … et celle de son père. Elle fait front avec détermination, aucune hésitation ne trouble sa voix cristalline. Une tendre rose au milieu du froid et des charognards. Ils allaient payer. Payer pour avoir troublé la vie de cet ange qui n’avait rien demandé si ce n’est vivre une existence paisible aux côtés de sa douce mère. Payer pour avoir tenté de froidement assassiner celle qui comptait le plus aux yeux du gentleman. Payer pour avoir tenté d’étouffer, en son absence, les deux flammes qui réchauffaient encore son cœur d’une douce chaleur.

Pas maintenant, non. La vengeance attendra. Les rétributions seront terribles, mais l’heure était à la consolation.

Tournant brièvement le regard vers ses hommes, il leur ordonna sèchement :

« Cessez les recherches. Rappelez tous les hommes. Et faîtes en sorte de réunir les corps abandonnés avant que les chacals ne viennent les dévorer. »

Puis il pénétra à l’intérieur de la pièce tout en retirant son lourd manteau qui le gardait hors de portée de la morsure du froid polaire. S’accroupissant devant la jeune fille, il reposa le confortable vêtement autour de ses frêles épaules, serrant bien le manteau autour de sa taille inquiétante. Combien de jours de privation la malheureuse fleur avait souffert ? Trop pour qu’il puisse pardonner à ses tortionnaires. Beaucoup trop pour qu’il puisse supporter l’idée d’avoir perdu un autre flambeau.  Veillant à ce que pas une parcelle de peau ne soit soumise à nouveau aux rudes épreuves du froid, il contempla enfin le visage de Katharina, son agréable minois débordant de beauté et de douceur, mais aussi de chagrin et de souffrance. Une flamme vacillante qu’il allait raviver avec toute la force de son être.

« Ne crains plus rien, Katharina. Tu ne souffriras plus. Tu es en sécurité. Je te le promets. »

Avec tendresse, il laissa la pulpe de son pouce parcourir la joue soyeuse de la jeune fille, SA fille. D’une voix paternelle, il lui murmura encore :

« Je te le promets. »

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Une lumière dans l'obscurité EmptyJeu 7 Déc - 6:10

“La seule fonction de la mémoire est de nous aider à regretter.”
- Emil Michel Cioran



Elle résiste aux cris de son instinct lorsque ce dernier lui commande de faire un pas en arrière. Mais elle laisse l'homme l'envelopper délicatement dans cette couverture qui ne chasse pas pour autant le froid qui s'est insinué jusqu'aux tréfonds de son âme. Elle sursaute lorsque le pouce caresse sa joue et emporte l'une des trop nombreuses larmes qui l'ont maculée au cours des derniers jours. Des jours semblables à des semaines. Peut-être même des mois. Elle ne sait que penser. Et encore moins que dire... Mais les mots ont-ils encore une importance à présent?

Les nuages noirs de la peur s'effacent peu à peu tandis qu'elle prend conscience que Ludwig Strauss représente son salut et non sa fin. Il n'y a plus d'appréhension. Juste une profonde douleur qui lui vrille le corps et l'esprit avec une ardeur amplifiée. Sa vision se trouble tandis que la souffrance se déverse le long de son visage sous la forme de perles cristallines. Ses lèvres tremblent comme si elles avaient décidé de se soustraire à l'autorité de leur maîtresse. Et Katharina essaie malgré tout de prononcer des mots qui restent obstinément ancrés au fond de sa gorge.

Elle ne peut que hocher la tête de droite à gauche, tristement, pour exprimer le refus d'accepter une réalité qui la frappe pourtant avec la puissance d'une vague scélérate. L'adolescente frissonne à nouveau lorsque son chagrin finit par briser les murs de son esprit. Elle trésaille à chacun de ses sanglots, à chaque preuve supplémentaire de son impuissance. Puis ses jambes s'affaissent, refusant de porter plus longtemps le poids du fardeau qui pèse sur son âme. La perte d'une famille est une bien étrange sensation... Pourquoi a-t-elle l'impression de mourir de froid au centre d'un volcan? Pourquoi son coeur bat-il avec une telle intensité alors qu'il est en miettes?
"Ils sont... Ils sont..."
Elle noie son regard dans celui de Monsieur Strauss comme pour tenter de lui faire comprendre ce qu'elle ressent. Puis elle referme ses bras autours de la taille de l'homme et se blottit contre lui comme une naufragée s'accrochant désespérément à l'espoir. Il n'y a plus de Mademoiselle Vanhausen. Juste une gamine qui tente de garder la tête hors de l'eau au milieu d'un océan de détresse. Il lui faut d'ailleurs de longues minutes avant de se sentir capable d'exprimer une phrase cohérente. Ou, plutôt, une question marquée par l'incompréhension.
"Pourquoi, Monsieur Strauss?" souffle-t-elle. "Pourquoi les Hommes sont-ils aussi cruels?"
Pourquoi ressentent-ils ce besoin? Est-ce une malédiction jetée par les Architectes à leurs créations? Y'a-t-il seulement une raison qui puisse justifier de telles pulsions? Elle s'est souvent questionnée à ce sujet. Mais ses interrogations n'ont jamais parues aussi amères qu'elles le sont aujourd'hui... Est-ce le monde qui a un problème? Est-ce elle qui n'a pas été dotée des armes lui permettant de le comprendre? Qui est le coupable? Qui est la victime? Katharina n'est tout simplement pas capable de comprendre une logique qui semble destinée à la fuir...

Mais elle a pourtant la preuve que la bonté existe bel et bien en ce monde. Comment expliquer autrement la présence de Monsieur Strauss au chevet de son âme? Elle écarte son visage de son torse et lève les yeux de manière à croiser le regard de l'industriel, refusant toutefois de resserrer l'étreinte qui la retient à lui. Elle l'appréciait déjà avant. Mais à présent elle ressent une profonde tendresse pour cet individu venu l'extirper du puits de solitude dans laquelle elle se trouvait.
"Êtes-vous...?"
L'adolescente ne termine pas cette nouvelle question qui a cette fois-ci quitté spontanément ses lèvres. Elle se remémore une discussion qu'elle a eut avec sa mère quelques années plus tôt. Ne lui a-t-elle pas parlé d'un homme qu'elle aimait mais dont les circonstances l'ont éloignées? Pourquoi le daënar est-il si souvent venu leur rendre visite? Les affaires justifiaient-ils qu'il se déplace en personne pour traiter avec sa famille?

Et puis il n'a jamais oublié l'un de ses anniversaires. Les divers présents qu'il lui a offerts ornent peut-être encore les étagères de la demeure qui a vu Katharina grandir. Ils peuvent témoigner à seize reprises de la considération qu'il a ainsi toujours eu pour elle. Ou était-ce plus que de la simple affection? Les pièces d'un puzzle dont elle a toujours ignoré l'existence semblent s'unir pour former un tout cohérent. Elle ne saurait dire si l'image qui prend forme lui plaît ou la terrorise. Mais cette question dictée par une forme d'instinct semble à présent bien légitime.

Ludwig est-il son... père?

Ludwig Strauss
Ludwig Strauss
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Une lumière dans l'obscurité EmptyMer 27 Déc - 20:43
Irys : 1073433
Profession : [Officielle] Propriétaire d'industries de l'armement [Officieusement] Baron du crime
Daënar -2
Ludwig quitta son rôle de sauveur infortuné pour prendre celui de doux et consolant écrin pour la petite perle qui s’était réfugiée instinctivement dans ses bras. Aussi froid que soit le cœur du baron de la mafia, il ne pouvait rester insensible face au déluge de détresse de son enfant, si jeune et pourtant déjà arrachée de son piédestal de rêveries enfantines vers la dure et atroce réalité qu’était la vie, leur monde et l’injustice. Avec une maladroite délicatesse, il tenta de caresser lentement la chevelure brune de Katharina, ses doigts se mêlant aux longues boucles de cheveux parfumés, telle une sombre mer dont l’eau s’écoulait entre les pâles doigts de l’industriel attristé, du père qui avait jugé bon de garder son bien le plus précieux dans une terre souillée par les crimes et la corruption. Il s’en voulait sincèrement, mais son regret n’allait nullement ressusciter celle qui avait fait chavirer son cœur et lui avait offert le don divin qu’était Katharina. Plus jamais il ne reverrait son sourire, n’entendrait sa voix mélodieuse ni ne contemplerait ses traits angéliques. Une douleur factice l’étreignit au niveau du torse, comme si son cœur était la victime d’un poignard invisible et impitoyable.

Ludwig porta son regard de givre vers la jeune fille, puis hocha lentement la tête, se permettant un sourire, bien triste et fade mais sensé mettre un baume à l’âme flagellée de l’adolescente. Avec une infinie tendresse, il continuait à caresser sa chevelure, la berçant presque avec une douceur dont il ne se savait pas capable, lui qui était aussi rigide qu’une statue de marbre. Son souffle chaud formait de longues buées, petits nuages qui lui donnaient des airs de machine à vapeur souriante. Sa barbe était humide, la neige qui s’y était sournoisement faufilée commençant à fondre sous la très relative chaleur de cette bâtisse abandonnée. Les hommes, dehors, se frottaient vigoureusement les mains tout en resserrant leurs manteaux autour de leurs tailles. Aildor ne faisait aucun cadeau aux citoyens, s’engouffrant dans la froideur cadavérique qui la caractérisait en cette saison des plus mornes.

Certains racontaient que les Architectes, dans leur infinie justice, furent dégoutés par la gangrène qu’était la population criminelle de la cité des voleurs et décidèrent, en guise de divin châtiment, de la plonger dans un froid mordant et éternel. On disait que le froid calmait les ardeurs les plus brûlantes. Il semblerait que la température polaire d’Als’Kholyn n’ait guère eut de prise sur la tenace vilénie qui trônait en maîtresse absolue dans le cœur des fourbes et coquins.

Katharina devait savoir, à présent. Ludwig aurait tellement voulut que le jour où elle connaîtrait son vrai rôle au sein de la famille, ce serait un grandiose jour. Hélas, une fois de plus le destin s’acharnait sur lui. Peut-être que les Architectes se souciaient vraiment du cœur du gentleman et avaient décidé, dans leur sagesse hors de portée de l’esprit des mortels, de remettre le père indigne dans le droit chemin à la manière d’un coup de fouet des plus cuisants. La justice céleste avait une terrible façon de corriger les cœurs les plus obscurs, quitte à les plonger dans des marées de sang pour les en ressortir purifiés de toute haine et de péchés, lavés de toute impureté à travers le désespoir et le deuil, épée et marteau des divins juges.

« Oui, Katharina … je suis ton père. »

La pulpe de son pouce écrase doucement une larme rebelle qui s’était glissée sur la joue de sa tendre fille. D’un air paternel, il ajouta :

« Pardonnes-moi, mon enfant, de t’avoir laissé dans cette terre de lâches et d’assassins. J’ai cru bon de t’éviter bien des malheurs en m’éloignant de toi. Fou que je suis, je ne me rends compte que bien trop tard que ma décision fut une amère folie. »

Un éclair traversa les prunelles saphir du père. La flamme vengeresse de la colère l’avait brièvement parcourut, et aussi fugace et discrète qu’elle soit, elle avait eut suffisamment d’intensité pour dévoiler l’espace d’une parcelle de seconde le terrifiant gouffre de haine qui habitait désormais l’homme dont l’honneur et l’amour avaient été violemment assaillis et bafoués.  La foudre vengeresse allait s’abattre contre ceux qui avaient osé le défier de la plus abjecte des manières. Festoyant sans doute dans la demeure où étaient encore étendus les corps sans vie des malheureux résidents, ils se pensaient à l’abri et maître d’une généreuse parcelle de terrain à Aildor. Mais ils allaient bien vite découvrir qu’il ne fallait nullement s’attirer les crocs du requin qu’était Ludwig.

Et l’homme, aussi doux pouvait-il être en ce moment avec Katharina, allait châtier les malfrats à la manière d’un dieu vengeur. Flammes et sang étaient une promesse commune dans la ville du nord d’Irydaë. Pourtant, la promesse faite silencieusement par le daënar allait se tracer plus profondément dans la chaire d’Aildor. Couverte d’estafilades, il comptait bien y appliquer une plaie béante pour hurler sa fureur et sa haine dans le fer et les larmes.

« Tu n’as plus à souffrir, mon ange. Je suis là, à présent. Ton père est là, mon doux enfant. Pardonnes-moi de ne pas avoir été là quand tu en avais le plus besoin. »

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Une lumière dans l'obscurité EmptyVen 19 Jan - 14:11

“Un père n’est pas celui qui donne la vie, ce serait trop facile, un père c’est celui qui donne l’amour.”

- Denis Lord


Elle le découvre sous un jour nouveau à travers son regard embué de larmes. Que ressent-elle? L'adolescente est bien incapable de définir les sentiments qui ravagent à présent son esprit. Ce maelström l'emporte un peu plus encore dans les profondeurs de l'incompréhension. Elle se sent tout simplement vidée, incapable de faire face à une réalité à la fois douce et violente. Elle entend la suite des propos de Monsieur Strauss. Mais elle n'arrive pas à leur prêter un sens. Ils semblent lointains, comme le cri d'un écho s'étant trop longtemps répercuté contre les flancs abruptes d'une montagne.

Et si elle se rend bien compte que la décision de son vrai père n'est pas l'expression d'un rejet à son égard, elle n'arrive pas pour autant à tenir uniquement compte de la joie qu'elle ressent à l'idée d'avoir à nouveau une famille. Tout autoritaire qu'il ait été, son père d'adoption lui donna tout de même de l'amour. Il l'a aimé comme si elle était sa vraie fille. Savait-il seulement qu'elle n'était pas de lui. Cette tromperie envers celui qu'elle considère encore comme son père légitime lui reste en travers de la gorge. Tout comme le fait qu'on lui ait caché la vérité. Comment sa mère a-t-elle pu faire ça?

Le fait d'en vouloir à celle qui s'est sacrifiée quelques jours plus tôt pour lui donner la vie lui donne la nausée. Et les larmes se mettent à nouveau par rouler sur ses lèvres. Les poings de Katharina se ferment sans même qu'elles s'en rendent compte. Elle les écrase avec fureur contre Ludwig. Non pour lui faire mal mais plutôt pour évacuer une forme de rage qu'elle ne parvient pas à maîtriser. Quels autres mensonges sont encore tapis dans l'obscurité, prêts à lui bondir dessus au moment le moins opportun?
"Vous... n'avez... jamais... été... là!" martèle-t-elle au rythme des coups pathétiques qu'elle lâche sur son torse. "Ni quand ma famille a été massacrée, ni pour me voir grandir! Jamais!"
La fatigue et la mauvaise condition physiques l'empêchent pourtant bien vite de poursuivre ce déchaînement physique. Le souffle court, les jambes vacillantes, la demoiselle finit par se laisser choir contre Monsieur Strauss. Croit-il que ses visites régulières mais trop rares peuvent-elles remplacer les années où il ne fut qu'un étranger - certes sympathique - à ses yeux. Comment ose-t-il lui demander pardon pour une telle chose? Comment peut-il l'appeler son ange mais se résoudre à l'abandonner dans l'enfer d'Aildor?

Mais cette rancoeur se heurte néanmoins à une profonde gratitude. À la chance inespérée de se découvrir à nouveau une famille. Remplacera-t-il l'ancienne à lui seul? Elle en doute. Mais le futur est à présent moins sombre qu'il l'était quelques minutes plus tôt. D'abord hésitante, Katharina finit par entourer de ses bras la taille de son géniteur. La stabilité et l'assurance de Ludwig lui insufflent une nouvelle forme de courage. Se sent-elle rassurée? Non, rien ne pourrait la rassurer en cet instant. Mais elle se sent néanmoins soutenue. Et ça vaut sans doute tout l'or du monde en cet instant.
"Merci d'être venu me chercher..." souffle-t-elle doucement. "Merci d'être là en cet instant!"
Ce changement drastique de comportement trahit à merveille les diverses hésitations qui prédominent chez l'adolescente. Elle l'aime et le déteste. Ressent de la gratitude et une forme de dégoût qu'elle n'arrive pas à réprimer. Il est trop tôt et trop tard à la fois pour lui pardonner la distance qu'il a voulu mettre entre eux. S'il souhaitait la protéger, pourquoi l'a-t-il laissée grandir au sein d'une famille détestée dans une cité qui obtient toujours une forme de vengeance envers ceux qui entendent la dominer?
"S'il-vous-plaît, emmenez-moi loin d'ici." le supplie-t-elle finalement. "Je veux découvrir votre monde..."
Un monde qu'elle espère civilisé, frappé du sceau du respect et de l'altruisme. Mais comment Daënastre pourrait être pire que Marnaka? N'importe quelle zone d'Irydaë vaut sans doute mieux que le nid de vipères qu'est Aildor. Ses dernières forces l'abandonnant, les émotions engloutissant le peu d'énergie qu'il lui reste encore, Katharina sombre lentement vers une forme de semi-conscience qui la coupe d'une réalité bien trop âcre à son goût...

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