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 :: Les terres d'Irydaë :: Daënastre :: Vereist
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[Contrat] Renfort médical EmptyDim 3 Déc - 23:18

“Ce qu'on rencontre dans la vie est la destinée. La façon dont on la rencontre est l'effort personnel.”
- Sathya Sai Baba



Pourquoi n'ont-ils pas  pris le train? Cette question revient inlassablement tarauder l'adolescente tandis que le traîneau avale péniblement la distance infinie qui semble séparer le convoi de Grenze. La neige ne l'émerveille plus depuis longtemps et même ces paysages nouveaux pour elle ont perdu de leur attrait sous les assauts inlassables du froid de Vereist. Elle frissonne à nouveau et s'emmitoufle davantage dans sa couverture avant de frotter énergiquement ses mains encore juvéniles dans le but de les réchauffer. Elle songe ensuite qu'Orion aurait apprécié pouvoir arpenter cette terre glacée.

Elle aurait sûrement pris le renard avec elle s'il s'agissait d'un voyage d'agrément. Mais ce groupe qui défie la nature a été formé à des fins humanitaires, non touristiques. Et c'est précisément cette raison qui a d'ailleurs poussée Katharina à le rejoindre. Convaincre le Docteur Cogwright ne fut pas une entreprise aisée. Il est vrai que l'adolescente ne correspond guère aux critères de recrutement imposé par la proto-chirurgienne. Et elle n'en veut pas à cette femme d'avoir refusé sèchement sa présence lors de leur premier entretien.

Mais la jeune Strauss sait se montrer persévérante lorsqu'il s'agit d'apporter son aide. Peu rebutée par cet échec, elle a simplement changé son angle d'attaque pour obtenir ce qu'elle souhaitait lors de leur deuxième rencontre. Et c'est en promettant la présence d'hommes pour contribuer à la protection du convoi et du matériel pour appuyer la mission qu'elle a finalement réussi à obtenir ce qu'elle souhaitait. Elle aurait peut-être pu envoyer quelqu'un d'autre mesurer les dégâts causés par les attentats et évaluer les besoins des survivants. Mais ainsi elle peut ainsi s'éloigner du rythme de vie effréné du Tyorum et découvrir davantage sa nation d'adoption. Et puis on ne se sent jamais plus près des gens qu'en étant soi-même sur le terrain pour les aider...
"C'est votre première fois dans cette région?"
Elle relève la tête vers l'homme qui chevauche à ses côtés et qui l'observe d'un regard à la fois amusé et compatissant. Il est vrai qu'elle ne doit pas donner une image des plus reluisantes à d'éventuels observateurs. Elle ne résiste pas au froid comme tous ceux qui ont grandi à Aildor. Quoi de plus normal quand l'on sait qu'elle a évolué à l'abri de la plupart des affres d'une ville aussi meurtrière que la capitale autoproclamée de Marnaka?
"C'est si évident que ça?" s'amuse-t-elle en retour.
"Tenez! Prenez une gorgée de c'truc ma p'tite dame! Croyez-moi, ça réchaufferait même les morts!"
Elle observe la fiole qu'il lui tend et cherche un moyen de la refuser. L'adolescente sait que l'on prête des vertus que l'on peut qualifier de thérapeutiques lorsqu'il s'agit de lutter contre le froid. Mais elle imagine la tête que son père ferait s'il était présent. Par acquis de conscience, elle se contente d'un mouvement négatif de la tête et d'une main levée pour refuser le breuvage inconnu.
"Si les craintes du Docteur Cogwright sont fondées les chasseurs de Grenze en auront sûrement plus besoin que moi!" indique-t-elle poliment. "Et puis je n'ai pas l'âge pour boire de l'alcool..."
"Qui se soucie des règles dans un endroit comme celui-ci?"
"Et bien... moi, par exemple?"
Elle se sent un peu stupide lorsque ces mots quittent ses lèvres. Il est vrai que son idéalisme peut prêter à sourire mais les règles n'ont de valeur que si elles sont observées. Elle adresse tout de même un sourire espiègle à l'homme qui a eu la gentillesse de lui proposer son aide avant d'aviser du regard celui qui se trouve de l'autre côté. Elle a tout de suite remarqué cet homme à la silhouette élancée - il faut dire qu'il serait plutôt difficile de passer à côté - et à la barbe de trois jours. Il l'intimide. Et pas seulement à cause de sa taille. Disons qu'à un âge où l'on devient sensible aux charmes du sexe opposé, elle s'est montré réceptive à la beauté de ces yeux clairs.
"Mais peut-être que mon voisin en voudrait un peu, lui?" se risque-t-elle en désignant l'intéressé en question.
"Si le coeur lui en dit..." conclue l'autre en lui tendant à son tour la fiole.
Un brin curieuse, l'adolescente lève à nouveau le regard vers l'inconnu en attendant de voir sa réaction. D'ordinaire elle n'a pas vraiment de problèmes lorsqu'il s'agit d'entamer la discussion avec un inconnu. Mais le simple fait qu'il soit séduisant semble poser des barrières qu'elle a de la peine à surmonter. Et pourtant elle est consciente qu'un homme de son âge ne voit en elle que l'adolescente qu'elle est. Quoi de plus normal?
"Est-ce aussi votre première fois à Vereist, Monsieur...?"
D'où peut-il bien venir? Quelle est son histoire? Il leur reste quelques heures avant d'atteindre Grenze si l'on se fie aux indications distillées un peu plus tôt par l'un des guides du convoi. Pourquoi ne pas en profiter pour faire connaissance?

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[Contrat] Renfort médical EmptyMar 5 Déc - 23:50
Ah ! Le froid de Vereist. Quelle plait ! Mais quel phénomène fascinant. Gayatri sera toujours impressionné par les températures extrêmes que peut atteindre la région. Et que dire du paysage, des kilomètres de blanc immaculé jusqu’à perte de vu, sans parler des magnifiques spécimens d’arbres que l’on peut trouver. Bien qu’à l’instant, ce ne sont pas les arbres qui l’intéressent. Et c’est bien la première fois que Gayatri vient ici pour autre chose que l’exploration. L’expérience est d’autant plus nouvelle pour lui qu’il se trouve dans une mission d’escorte. Si un jour on lui avait dit qu’il aiderait une gente dame à braver les dangers du Nord, il aurait rit au éclats. Jouer les garde du corps, ce n’est pas son domaine. Et pourtant.

C’est dans une auberge qu’il entendit parler d’une certaine Naomi Cogwright qui avait posté une annonce et qui manquait cruellement de volontaire pour un « boulot facile », lui avait-on dit. En premier lieu, il n’y prêta pas grande attention. Mais on lui parla de la récompense, et il fut vite intéressé. Il n’y a pas si longtemps, une bande de pillard lui on volé un bon paquet d’irys, et bien qu’il comptait les retrouver pour leur faire mordre la poussière, il s’est vite rendu compte qu’il perdrait plus en les traquant qu’en se refaisant un peu d’argent rapidement. Ainsi, il alla voir la fameuse Cogwright, mais il fut vite découragé quand il apprit qu’il devait l’escorter sans prendre le train, et qui plus est à Vereist, qui regorge de bêtes et de malfrats. Mais la proto-chirurgienne l’encouragea à venir car « ça fera toujours un homme de plus ». Puis il faut avouer que ses beaux yeux plurent à Gayatri, et il ne pouvait se résoudre à l’abandonner.

Est-ce qu’il regrette ? Un peu… Mais au moins, il a pu emmener Ablette.

Le voilà maintenant au fin fond de Vereist, luttant pour cacher ses membres grelottants. Au point où il en est, il ne peut plus revenir en arrière, alors autant faire bonne impression. Alors que l’escorte s’engouffre de plus en plus dans la forêt de Kyaz, Gayatri tente d’oublier ses doigts, presque brûlants tant ils sont congelés, en écoutant la conversation à sa gauche. Bien qu’ils ne se soient jamais parlé, il reconnait la fille dès le premier coup d’oeil. Qui ne se souviendrait pas de Mlle Strauss. Ce n’est peut-être qu’une gamine, mais elle l’intrigue beaucoup. Et voir une jeune fille si charmante et si importante dans un endroit pareil, c’est encore plus étrange.

« Mais peut-être que mon voisin en voudrait un peu, lui? »

Il tourne la tête pour lui faire face. Et peut importe comment il la regarde, cette fille l’apaise. Ses cheveux de feu lui rappellent ceux de sa mère, ses yeux sombre la nuit de Skingrad. Il ne peut s’empêcher de sourire comme un vieux père devant la candeur de la fillette. Sans compter sa voix angélique, aussi douce que du miel. Pourtant, on y décèle un brin de vaillance et un océan de sagesse. Mlle Strauss a beau être jeune, elle semble avoir beaucoup à lui apprendre.

« Si le coeur lui en dit… »

Il en oubliait presque le barbu à côté d’elle. Gayatri le trouve bien sympathique, et l’alcool lui manque un peu plus tous les jours, mais il refuse d’un signe de la main.

« C’est très aimable à vous de proposer, Mademoiselle. Mais ma gourde me contentera. » dit-il en posant une main sur la-dite gourde en bronze, fermement attachée à sa ceinture.

Un peu déçu, l’homme range sa fiole sous ses épaisses fourrures et lance avec fort accent du  nord :

« Eh ben ! Vous n’savez pas c’que vous ratez. »

Et il a raison le vieux. Il ne sait pas ce qu’il y a dans cette fiole, mais son contenu pourrait sûrement réveiller son corps endormit par le froid. Quelle idée d’être venu ici. C’est un bel endroit, mais sûrement pas un lieu pour se balader à cheval. Il n'est pas rare d'y croiser pillards et bêtes hostiles. Du fond de son coeur, l’aventurier espère que le barbu sait se battre. Discrètement, il glisse sa main sous son manteau pour atteindre son pistolet. Le métal est plus glacial que le vent du Nord, mais la présence de son arme le rassure instantanément, et il replace rapidement ses doigts autours des rênes.

« Est-ce aussi votre première fois à Rathram, Monsieur...? »

Il se racle la gorge, se redresse et tend sa grande main rugueuse devant son interlocutrice, fier de se présenter à une personne si haut-placée.

« Theobald. Gayatri Theobald, explorateur des mystères de ce monde. Par conséquent, j’ai déjà fait quelques expéditions dans la région. Ravis de faire votre connaissance, vous êtes, Mlle Strauss, je présume ? »


Dernière édition par Gayatri Theobald le Mer 6 Déc - 19:30, édité 1 fois

Möchlog
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[Contrat] Renfort médical EmptyMer 6 Déc - 1:58
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Naomi Cogwright:

La proto-chirurgienne Naomi Cogwright avait mis les moyens dans ce convoi. Ou plutôt On lui avait donné les moyens de mener une expédition aussi bien fournie dans l’optique de se rendre à Rathram, la région voisine, pour y apporter son aide bienvenue aux victimes des attentats monstrueux perpétrés dans la capitale de la prothèse mondiale. C’est là-bas que la jeune femme avait fait sa formation et ses premières armes avant de se rendre à Vereist où l’appelait une horde de chasseurs ou de pêcheurs aux membres déficients ou absents. Mais aujourd’hui, elle était de retour sur la terre qui lui avait tant offert et elle comptait bien lui rendre la pareille.

Malheureusement, ce n’était pas sa première tentative pour honorer sa promesse au gouverneur de Cerka. Quelques semaines plus tôt, son convoi avait été arrêté et dépouillé de tout le matériel qu’il transportait, faute d’escorte suffisante face aux brigands. Mais pourquoi forcément passer par les routes ? Le problème, c’est qu’une proto-chirurgienne ne peut pas se déplacer dans un simple train. D’aucun lui reprocherait certainement cette complication inutile avant de se rendre compte du chariot blindé de matériel que le convoi escortait à travers les routes tortueuses du nord enneigé. Installer tout ça dans un train signifiait louer et vider au moins deux wagons et même si un généreux mécène –présent avec eux d’ailleurs- l’avait en partie financée, Naomi ne se pardonnerait pas de lui réclamer une telle dépense. Elle préféra donc tuer dans l’œuf toute idée de vivre ce voyage dans le confort relatif d’une banquette trouée par les cigares abandonnés et avait d’ores et déjà commencé l’organisation de cette véritable expédition polaire.

Une dizaine de personnes en tout et pour tout faisaient route vers Rathram. Chacun avait son propre cheval et l’on pouvait trouver, en chef de fil non pas la proto-chirurgienne elle-même, mais Alistair, un guide dans la fleur de l’âge que Naomi connaissait bien pour lui avoir déjà demandé de l’aide lors de la première expédition. Il était un peu soupe-au-lait, mais sa connaissance des routes et son sens du devoir –preuve en était son retour- le rendaient indispensable pour la scientifique. Elle le suivait de près d’ailleurs, sur son cheval bai. La route était boueuse, à cause des neiges fondues, mais cela ne semblait pas déranger plus que ça les montures qui possédaient de solides appuis pour faire face à cet obstacle. Le chariot non plus n’en souffrait pas, étant suffisamment large pour avoir les roues sur la périphérie sèche de la route.

En bref, tout semblait mieux parti que la fois précédente. Katharina, de la Fondation Strauss, avait insisté pour offrir à la proto-chirurgienne une escorte digne de ce nom. Composée de six braves hommes en armes, en plus d’un autre qui s’était proposé de son propre chef lorsqu’ils étaient encore en ville, la troupe encadrait précautionneusement le convoi tiré par une paire de chevaux dirigés par un cocher consciencieux. Non, plus que jamais, il n’y avait pas de doutes sur la réussite de leur mission. Naomi était si enthousiaste de cet état de faits qu’elle se permit même de converser avec Alistair, qu’elle avait réussi à dérider un peu depuis leur départ. Tous grelottaient, sauf la scientifique, trop nerveuse et enjouée pour ressentir le moindre froid, ce qui éveillait la sympathie du guide.

- Dis, ils sont mignons les deux derrière, non ? Lui lança-t-elle une fois arrivée à sa hauteur avec sa monture.

Elle était de cette espèce, la scientifique. Celle qui vouvoyait la moindre personne qui lui était un peu familière, quand bien même il s’agissait d’un cow-boy des forêts nordiques qui inspirait souvent bien plus la crainte que la sympathie. Mais ce comportement étrange amusait le quarantenaire qui avait enfin l’occasion de ne pas être traité en ours mal-léché et pouvait discuter librement de sa voix rocailleuse de fumeur invétéré.

- Pfeuh ! Lança-t-il avec un sourire, ils viennent à peine de se parler, vous emballez pas trop vite. C’pas n’importe qui que cette demoiselle.

Evidemment, ils faisaient tous deux référence à Katharina Strauss, leur mécène, et à l’escorte qui s’était invité de lui-même, un dénommé Gayatri Theobald. C’est vrai qu’il avait un charme complètement authentique, ça la proto-chirurgienne ne pouvait lui enlever, mais elle avait toujours beaucoup de mal à imaginer de tels rapports entre un homme et elle. Ce n’était pas la dernière pour racoler, comme elle le faisait maintenant, sur de telles situations, mais de là à les vivre elle-même… Ce n’était définitivement pas pour aujourd’hui. Ils n’avaient qu’un seul objectif en tête, rallier cette fichue région ! La défaite avait ça de pervers qu’elle transformait une simple mission en obsession. Naomi Cogwright irait sauver ces pauvres victimes de la barbarie humaine, coûte que coûte ! Un enthousiasme qui faisait frémir la plupart des convoyeurs, mais elle n’en démordrait pas pour autant.

Tandis que tout le monde bavardait de son côté en profitant du paysage malgré la température, le cocher jeta un œil au chargement qu’il transportait. Emmitouflées dans des toiles, il y avait là une quantité improbable de prothèses en bon acier, ou même simplement en bois renforcé de pièces métalliques. On trouvait aussi une énorme masse d’outils, de vis, de lubrifiant industriel, de ferraille, de plans. En bref, la scientifique était parée à tout une fois qu’elle serait sur place. Seulement, ça, il fallait encore y parvenir.

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[Contrat] Renfort médical EmptyJeu 7 Déc - 6:11

“Une chose facile à avoir à Vereist, c’est du sang-froid.”
- Alphonse, explorateur daënar



Elle ne s'attendait pas vraiment à ce que cet homme soit doté d'une élégance verbale qui n'aurait pas dépareillé dans les salons de thé des grandes villes de Daënastre. Elle s'en amuse d'ailleurs avec un léger sourire qui n'a pourtant rien de moqueur. La plupart des gens qui avancent à leurs côtés semblent plus portés sur les arts guerriers que celui - tout aussi compliqué - du maniement de la langue. Elle a simplement supposé que cet homme était de la même trempe qu'eux. Et Katharina ne peut que se féliciter d'avoir trouvé quelqu'un avec qui évoquer d'autres sujets que ceux qui semblent si chers aux cœurs des mercenaires.

Et, qui plus est, il s'agit d'un explorateur! L'adolescente envie immédiatement la vie de cet homme et imagine les péripéties qui l'ont animée au fil des ans. Où ses pas l'ont-ils mené? Qu'a-t-il découvert? Quels sont ces fameux mystères auxquels il fait référence? Toutes ces interrogations bouillonnent en elle et lui font un instant oublier le froid mordant qui l'assiège. Mais la politesse exige de répondre aux questions que l'on vous adresse et non de les ignorer pour y privilégier les vôtres. Un détail que l'enthousiasme lui avait presque fait perdre de vue...
"Je suis également ravie de faire votre connaissance, Monsieur Gayatri!" avoue-t-elle avec une sincérité surpassant le simple formalisme. "Et de pouvoir compter un explorateur parmi les membres de ce convoi! Si notre guide venait à se perdre vous pourriez alors prendre la relève, pas vrai?"
Elle lui décoche un regard amusé avant de tourner ce dernier vers les silhouettes à l'avant du convoi. Alistair et le docteur Cogwright forment une paire qui semble digne de confiance. Mais on ne sait jamais, après tout. Si la mission qu'ils tentent de mener à bien n'était pas si importante, elle prierait presque pour qu'une mésaventure arrive. Une attaque de pirates? La découverte d'une ruine précédant l'arrivée des daënars sur ce continent? Les possibilités ne manquent pas mais semblent obstinément la fuir...
"Je suis effectivement la fille de Monsieur Strauss!" poursuit-elle. "Mais me feriez-vous l'honneur de m'appeler Katharina? À force d'être appelée Mademoiselle je crois que je vais finir par oublier mon propre prénom..."
Les gens ont tendance à voir son père lorsqu'ils l'observent. Ou qu'elle n'est encore qu'une enfant. Elle a vu des adultes se faire traiter avec bien moins de considération qu'elle simplement parce qu'ils n'avaient pas la chance d'avoir des revenus susceptibles de leur donner une valeur en tant qu'êtres humains. À l'inverse, elle n'a rien fait pour mériter une telle considération. Si le respect se gagne, alors elle n'en est pas digne. Et puis... À quoi sert un prénom si son usage est réservé aux seuls gens réellement proches de vous?

Un toussotement n'ayant pas pour vocation la discrétion s'élève alors de l'arrière du convoi. Katharina n'a pas besoin de se retourner pour savoir qu'un regard réprobateur est rivé sur elle. Fredrik, son protecteur attitré, n'apprécie guère les rapprochement entre la fille de son employeur et les autres personnes. Il est à la fois un rempart contre le danger et un mur qui se dresse entre elle et le monde. L'adolescente lève les yeux au ciel et lâche un soupire bien vite emporté par le vent. D'un regard, elle fait comprendre à Monsieur Gayatri qu'il ne doit pas tenir compte de cette intervention.
"Alors comme ça vous explorez le monde et ses mystères..." s'émerveille-t-elle. "Auriez-vous la gentillesse de m'en dire plus? Est-ce que votre travail vous a déjà mené jusqu'à My'trä, par exemple?"
Elle aimerait pouvoir arpenter le continent des Enfants des Architectes. Découvrir ses merveilles, rencontrer le peuple qui les a érigées et se familiariser avec une culture qu'elle n'a jamais côtoyée ailleurs que dans les livres qu'elle a lus. Mais son éducation se manifeste bien vite et elle se rappelle qu'évoquer ainsi ceux que beaucoup considèrent comme des ennemis n'est jamais très bien vu. Et si elle doute qu'un explorateur se limite aux considérations qui animent nombre de bien-pensants, elle ne peut pas non plus exclure la possibilité qu'il s'en formalise.

Elle se promet donc de faire preuve de davantage de retenue à l'avenir. Du moins, jusqu'à ce qu'elle en sache plus sur ce Monsieur Gayatri. Elle l'observe avec une étrange fascination jusqu'à ce qu'une ombre en mouvement se manifeste à l'extrémité de son champ de vision. Elle a de la peine à deviner la nature exacte de la forme qui se dessine difficilement à travers le filtre imposé par la neige et le vent. Elle se redresse sans vraiment s'en rendre compte mais cette relative prise de hauteur ne lui en apprend guère plus sur l'objet de son intérêt.
"Qu'est-ce donc?" s'étonne-t-elle.
Elle désigne la direction au bout de laquelle la fameuse ombre se distingue et remarque alors la présence d'une seconde puis d'une troisième. Des chasseurs de Grenze? Pourtant Alistair leur a précisé qu'il leur faudrait encore quelques heures avant d'atteindre leur destination. Et si...

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[Contrat] Renfort médical EmptyDim 10 Déc - 14:01
C’est parfois dans les endroits les plus improbables que l’on rencontre les personnes les plus sympathiques. À force de déambuler partout et n’importe où, il est facile pour Gayatri de tomber sur le dernier des imbéciles. Mais pouvoir enfin converser avec quelqu’un d’aussi courtois lui fait du bien, et il apprécie la compagnie de la jeune fille. Il sourit chaleureusement lorsque celle-ci le complimente. Tirant légèrement sur chacune de ses manches pour les défroisser, il se redresse sur sa selle et regarde droit devant lui comme si ses yeux pouvaient percevoir l’autre bout du monde.

« Et bien, il est vrai que mon père disait toujours que j’avais un sens de l’orientation aiguisé. De plus, je ne pars jamais sans une carte dans ma poche. Alors, ne vous inquiété pas, on ne se pers jamais avec moi. »

Ce n’est pas tous les jours qu’on lui fait pareilles éloges. Peut de gens s’intéressent aux aventuriers vagabonds, la plupart préfère avancer seuls, sans prendre le temps d’écouter l’expérience d’un voyageur de longue date.
Alors qu’un vent glacial se lève doucement, il repense à tous ces ignorants qui l’ont rejeté, moqué, humilié parce qu’il venait de loin, parce qu’il cherchait un endroit où aller, parce qu’il voulait simplement apprendre et connaître. Et c’est pour lui un honneur qu’une personne comme Mlle Strauss s’intéresse à ses propos.

« Kathrina, soit. Vous avez un bien joli prénom. »

Kathrina Strauss… Il lui faudra noter ce nom dans son carnet. Non pas qu’il aie peur d’oublier, mais c’est une manière pour lui de garder une vision claire et ordonnée de ses voyages. Mais ce n’est pas le moment. Un toussotement indiscret survint de derrière. Gayatri se retourne par réflex, et aperçoit celui qu’il présume être le garde du corps de Kathrina. Disons même qu’il en est presque sûr. Depuis leur départ, cet homme la suit comme un chien. Gayatri se gratte légèrement la barbe pour tenter de retrouver son nom. Était-ce… Fredrick ? Oui, Fredrick. Il a entendu ce nom plusieurs fois. Mais vu le regard accusateur qu’il lui lance, il doit déjà avoir une dent contre lui. L’explorateur se retourne et soupire, se demandant comment la jeune Strauss pouvait vivre avec ce pot de colle aussi accueillant qu’une porte de prison.

Regardant autour de lui, il se rend compte qu’il est l’une des rares personnes à ne pas être venu accompagnée. Même Cogwright a engagé Alistaire, le fameux guide qui semble tout savoir sur Vereist. Si ce jeunot arrive à les envoyer droit dans les montagnes, il jure qu’il se donnera le droit de l’assommer avec la crosse de son pistolet.

Le vent se lève et les sapins oscillent autour d’eux. Le temps ne semble pas s’améliorer et l’air se refroidit encore. Comme si tout le monde n’était pas assez gelé comme cela. Ablette commence à s’agiter sous lui, sûrement à cause du froid, bien qu’étrangement, Gayatri commence à avoir un mauvais pressentiment. Alors qu’il caresse son cheval pour le calmer, il observe avec amusement Kathrina et ses yeux pétillants de curiosité à son égard. Il ne pouvait pas rêver meilleure auditrice pour raconter ses aventures. Peut-être parlera-t-elle aux autres de ses exploits ?

« Je serais ravis de vous faire part de mon expérience ! Voyez-vous, mes nombreuses aventures m’ont effectivement mené jusqu’à My’trä, il y a de cela quelques années. C’était un voyage extraordinaire, mais à mon grand regret, je n’ai pas eu l’occasion d’y retourner… »

Il se remémore avec nostalgie son unique expédition sur l’autre continent qui l’avait tant fasciné depuis son plus jeune âge. Il est néanmoins étonné que la fille de Ludwig Strauss s’intéresse aux My’träns. La plupart des gens ici en ont fait un sujet tabou, et évoquer son voyage sur la terre des Architectes lui a déjà valu de nombreux ennuis. Mais il fait tout son possible pour apaiser les tensions et n’hésite pas à parler librement de ce sujet.

Soudain, l’expression sur le visage de Kathrina change. Elle semble avoir repéré quelque chose au loin, pourtant Gayatri ne voit que la neige et les arbres. C’est alors qu’il aperçoit à sa droite une silhouette sombre se déplacer lentement. Il plisse les yeux et en distingue une, non deux de plus. Serait-ce une quatrième qu’il voit derrière ? Il n’arrive pas à savoir ce que sont ces choses, mais alors que les rayons du soleil se frayent un chemin entre les arbres, il perçoit un scintillement, comme du métal qui brille.

Un fusil.

« Attention ! »

Trop tard. Le coup retentit, un cri s’en suit. Les chevaux s’arrêtent brusquement, Ablette fait presque tomber l’explorateur par terre en levant ses pattes avant. Celui-ci tourne rapidement la tête vers Kathrina, et à son grand soulagement, elle ne semble pas être touchée. Paniquant, il regarde son corps pour vérifier qu’il n’est pas lui-même blessé : rien à signaler.

Des mercenaires ? Des pirates ? Des voleurs ? Tandis qu’une perle de sueur glisse sur son front, il regarde dans toutes les directions, cherchant une explication, une solution, et surtout, Naomi Cogwright.

Quelle pagaille. Il n’aurait jamais dû s’embarquer là-dedans.

Möchlog
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[Contrat] Renfort médical EmptyLun 11 Déc - 17:42
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Administrateur
Bien vite, Joseph avait pris les commérages de Naomi Cogwright pour une marque d’amitié que son esprit de célibataire endurci se chargea de gonfler aux stéroïdes. La discussion avança, et le sourire de la proto-chirurgienne devint plus contrit, plus gêné à mesure que les remarques du guide s’attardaient sur ses cheveux, sur ses yeux, sur ses hanches –par Alexandre !- et sur n’importe quelle autre partie de son corps qui était malheureusement exposée aux yeux avides. Seulement, la scientifique ne pouvait se départir de cet appui indispensable dans ces terres hostiles. Du coup elle encaissa, une veine saillante commençant à lui barrer le front.

Malheureusement –ou heureusement peut-être- quelque chose vint perturber l’immense sensualité qui s’installait entre ces deux-là, puisque l’arrière du convoi commença à drôlement s’agiter. Tournant douloureusement la tête pour essayer tant bien que mal d’y voir quelque chose, Naomi ne put que voir rapidement la petite Katharina se redresser sur son cheval, en train de pointer l’horizon, avant d’être surprise par un coup de feu. D’un coup, sa monture se cabra, au moins aussi terrifiée qu’elle, et la chirurgienne manqua de tomber au sol. Mais elle se cramponna fermement au col de l’équidé, au contraire de Joseph qui alla lourdement s’étaler dans la neige en gémissant. La peur empêcha Naomi de passer trop de temps à essayer de voir qui les attaquait cette fois-ci. Elle ordonna à sa monture de faire demi-tour en poussant de grands cris.

- Derrière le chariot !! Abritez-vous derrière le chariot !! Hurla-t-elle à l'intention de qui voulait bien l'entendre.

Ayant remonté les quelques mètres qui la séparaient dudit chariot en quelques instants, elle regarda dans la direction de miss Strauss et de son protecteur, espérant qu’ils la suivent. Vigoureuse, elle mit pied à terre rapidement, avant de se réfugier dos contre le bois. Des coups de feu nombreux s’échangeaient entre les mercenaires chargés de les protéger et les assaillants. La jeune scientifique risqua à passer sa tête au-dessus de son bouclier salvateur, pour constater avec effroi qu’ils étaient clairement en sous-nombre, et que les montures affolées des gardes ne jouaient pas en leur faveur. A côté d’elle, Joseph était en train d’appliquer un tissu blanc sur son crâne légèrement ouvert en grimaçant. Elle vit également la jeune Katharina et le dénommé Gayatri qui s’étaient eux aussi réfugiés derrière la carriole. Soudain animée par un instinct de survie de bon ton en ces heures graves, Naomi s’assura au moins l’attention de Joseph en tapant sur son épaule.

- Il faut que l’on se batte, nous aussi ! Je ne vais pas risquer de perdre encore une fois tout ce matériel ! Son regard flamboyant glissa vers les deux autres compères. Je suis désolé de vous demander ça, surtout à vous mademoiselle Strauss, mais il faut que vous nous aidiez.

Se redressant subitement sur ses jambes, la proto-chirurgienne se hâta de dégager une couverture blanche dans le chargement. Dessous se trouvaient une demi-douzaine de fusils à long canon, de marque Strauss évidemment, qu’elle récupéra avec difficulté pour les faire tomber de leur côté, tandis que les hennissements des chevaux et le cri des hommes se faisaient toujours entendre non loin d’eux.

- Vous savez vous en servir j’espère ? Aller ! Tenez, voilà les balles. Joseph, descendez-moi ces enfoirés !

Faisant preuve d’un courage effrayant, et sûrement un peu en colère d’être de nouveau attaquée, Naomi se redressa encore une fois et se servit de la bordure en bois du chariot comme d’un support pour son arme. Les fusils étaient tous équipés d’un viseur rudimentaire, mais leurs assaillants avaient au moins l’avantage de bouger moins que les mercenaires sur leurs montures. De plus, ils étaient plus occupés à gérer lesdits gardes du corps que de leurs quatre victimes cachées derrière le chargement.

Mais cette fois, elle se défendrait.

Les assaillants étaient au moins encore une dizaine, avec des fusils à baïonnettes pour la plupart, mais aussi des armes plus hétéroclites, comme des armes de poing ou même des armes blanches, comme des sabres ou des haches. Sur les six gardes du convoi, deux avaient déjà été abattus et quatre chevaux avaient été soit tués soit dépossédés de leur cavalier. Dans tous les cas, c’était la panique totale et il était primordial que chacun défende chèrement sa peau… Ce que Naomi faisait avec une bravoure et une hardiesse terrifiante. Elle avait cessé de crier, même de parler, pour simplement viser et tirer du mieux qu’elle pouvait tout en grinçant des dents à la fois de peur et de colère. Joseph, quant à lui, était un tireur plus expérimenté, un chasseur de métier, donc plus calme et méthodique. Cela ne l’empêchait pas d’exprimer sa terreur au moyen d’injures atrocement vulgaires, surtout pour les oreilles chastes de la jeune Katharina. Naomi espérait qu’ils réussiraient à défendre le convoi également, elle et Gayatri.

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[Contrat] Renfort médical EmptyMar 12 Déc - 10:12

“L’arme est l’ennemie de son maître.”
- Proverbe Turc



La réalité s'allie aux craintes de l'adolescente: ils sont attaqués. Elle savait qu'une telle chose était possible. Katharina avait naïvement espéré que le convoi n'aurait pas à faire face à une telle situation. Son optimisme l'avait simplement poussée à imaginer un scénario exempt de violence. Et maintenant que les événements lui donnent profondément tort, elle se sent désemparée. Elle n'était déjà pas vraiment à sa place dans une expédition qui ne sied guère aux membres de la haute-société. Maintenant, elle se sent également coupable.

Coupable d'avoir entraîné des hommes et des femmes vers ce qui pourrait bien être une issue des plus déplaisantes. Coupable d'avoir monnayé leurs existence contre quelques poignées d'irys. Elle se sent profondément responsable de leur sort. Et des familles désemparées qu'ils pourraient laisser derrière eux si les choses venaient à prendre une tournure plus sombre encore. L'héritière Strauss observe les membres du convoi tandis qu'ils répliquent à l'assaut de leurs assaillants par une pluie de balles. Ou, plutôt, une pluie de mort...

Ne sachant réellement que faire, l'adolescente se contente de rester cachée derrière le chariot. Elle entend la voix de la proto-chirurgienne mais ne l'écoute pas. Elle est malgré elle détachée d'une situation qui lui semble presque irréelle. Et lorsqu'elle se retrouve avec un fusil glacé entre les mains et qu'elle y découvre son nom de famille, elle ne peut que jeter un regard d'incompréhension à Madame Cogwright. C'est la première fois qu'elle tient une arme entre les mains. Et ce contact la révulse profondément. Comme si le simple fait de la tenir faisait d'elle quelqu'un de cruel.

On lui demande si elle sait s'en servir avant de recevoir des munitions destinées à alimenter un conflit. Là encore, elle ne comprend pas. Pourquoi répliquer à la violence par de la violence? Est-ce là la seule forme de réponse adaptée? Si elle se fie à la réaction des gens qui se tiennent à ses côtés, le doute ne semble guère permis. Katharina cherche alors Théobald du regard et est vite soulagée lorsqu'elle constate qu'il n'est pas blessé. Cette satisfaction est toutefois vite assombrie par la chute d'un corps un peu plus loin. Et le sang qui ne tarde pas à maculer la neige en offrant un contraste aussi saisissant que morbide achève de noircir le tableau.
"Cessez le feu!"
Son ordre ressemble davantage à une supplique qu'à une tentative d'autorité. Il se noie d'ailleurs dans le bruit des coups de feu ou des cris des blessés. Mais Fredrik l'a entendu et l'observe comme si elle était devenue folle. Sans parler de celui de Cogwright qui semble bien décidée à ignorer une requête qu'elle doit estimer stupide, voir suicidaire. Katharina sort alors un mouchoir de sa poche et l'attache hâtivement autours du canon de son arme avant de répéter son ordre avec plus de fermeté et, surtout, d'une voix plus claire.
"HALTE AU FEU!"
Un homme la saisit par le col mais est aussitôt repoussé en arrière par Fredrik. Elle se fait alors traiter de folle et d'inconsciente. Et si elle se fie aux regards que les mercenaires lui décochent, il n'est pas le seul à partager cet avis. Mais l'adolescente est pourtant leur employeuse. Et si Cogwright s'époumone en leur intimant l'ordre de continuer à tirer, cette réalité est suffisante pour les forcer à s'arrêter. Katharina en profite pour se redresser et agiter le drapeau blanc improvisé qu'elle vient de confectionner.
"NOUS NOUS RENDONS! ARRÊTEZ DE TIRER!" clame-t-elle. "S'IL-VOUS-PLAÎT!"
Ce n'est pas par crainte qu'elle agit de cette manière même si c'est l'impression que ça pourrait donner. Si c'était réellement le cas, elle n'aurait pas le risque de se mettre ainsi à la portée des armes de leurs adversaires. Mais ce combat n'a pas le moindre sens si elle se fie au rapport de force entre les deux camps. Sacrifier des vies pour du matériel? N'est-ce pas là l'expression du plus flagrant des illogismes?
"Le matériel peut être remplacé!" se justifie-t-elle à Cogwright. "Pas votre vie ou celle des autres membres du convoi!"
Les chasseurs de Grenzen et les habitants de Rathram pourraient naturellement pâtir de la perte de ces marchandises. Mais elles semblent de toute façon perdue. Et puis tant qu'ils vivront, ils pourront toujours organiser un nouveau convoi. Mieux armé et plus imposant. De quoi dissuader d'autres assaillants de tenter leur chance. Mieux vaut un contretemps qu'un retard définitif, non?

Le soucis, évidemment, c'est que Katharina n'imagine pas une seule seconde que les personnes qui les attaquent puissent avoir d'autres ambitions que le vol de matériel. L'adolescente se dit simplement qu'une fois qu'ils auront fait main basse sur le butin, ils partiront et les laisseront tranquilles. Mais une autre évidence lui échappe: personne n'aime les témoins. Spécialement lorsqu'ils peuvent devenir gênants...

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[Contrat] Renfort médical EmptyMer 13 Déc - 18:29
Les coups de feu retentissent par dizaines alors que le combat fait rage. Gayatri abandonne Ablette en se jetant la tête la première dans la neige, puis cour se protéger derrière le chariot. Il a à peine de temps de réfléchir que Cogwright lui tend un fusil, criant à tous de se battre. Il fixe l’arme dans ses mains alors qu’il se rappel de la dernière fois qu’il a tué quelqu’un. C’était probablement la pire expérience de sa vie, mais il regarde à sa gauche, et voit la rage et la détermination dans le regard de la proto-chirurgienne. Il retient sa respiration, ferme les yeux et serre ses poing autour du métal. « Tu sais ce qu’on dit ? La connaissance est dans l’action ! »

Sans réfléchir, il se retourne et pose le canon du fusil sur le chariot, se cachant du mieux qu’il peut derrière celui-ci. Il tire, une, deux, trois fois sans toucher personne. « Bon sang ! » se dit-il, les lèvres tremblantes.
La quatrième fois, un bandit tombe, son sang se répandant sur la neige blanche. Gayatri sent la sueur descendre sur son front, mais l’adrénaline lui permet de rester concentrer, et de toucher quelques autres cibles. C’est aussi immonde qu’il s’en souvenait. L’odeur méphitique de la vie que l’on arrache de sans froid. Pour l’explorateur, il n’y a rien de pire que cette abomination. Mais pour l’instant, il n’a pas le choix. Son devoir n’est pas encore accomplit, et il ne peut certainement pas mourir aujourd’hui.
Soudain, la voix de Kathrina s’élève et le tire de sa concentration. Alors qu’il tourne la tête vers la jeune fille, une balle frôle son bras droit.

« Argh ! » Il se replie immédiatement en s'accroupissant derrière le chariot, avant de vérifier l’état de son membre, remarquant une tache de sang sur son manteau. La douleur est supportable, mais il doit serrer les dent pour s’empêcher de crier des injures. Il empoigne la gourde accrochée à sa ceinture pour se donner du courage, puis observe Kathrina à côté d’elle, suppliant à tous de cesser le feu. Il la regarde en incompréhension. Est-elle inconsciente au point de les livrer directement à ces horribles bandits ? Non. Il est hors de question que Gayatri Theobald se retrouve esclave de ces misérables, ou pire, exécuté d’une balle dans la tête. Il faut trouver une solution, et vite.

« Mais enfin à quoi pensez-vous Kathrina ?! Nous ne pouvons pas nous rendre maintenant, ce serait de la folie ! »

Rien à faire, la jeune Strauss continue d’agiter désespérément son tissus blanc. Gayatri craint le pire. Il passe une main tremblante dans ses cheveux, tirant dessus jusqu’à les arracher alors qu’il regarde frénétiquement autour de lui, cherchant désespérément une échappatoire. Puis au loin, entre les arbres et la neige, il aperçoit une lumière vacillante. Un feu de camp !

« Toi ! Tu vas venir avec moi. » dit-il en pointant du doigt le chasseur qui lui semble être le plus expérimenté. S’il se souviens bien, celui-là s’appelle Joseph. « Pendant qu’il sont tous focalisés sur Mlle Strauss, on s’en ira vers le feu de camp là-bas. Il appartient sûrement aux bandits, on pourrait y trouver des explosifs ou quelque chose dans le genre. »

« T’es fou ? Imagine si y’en a encore 10 autres dans le coin ? On va se faire buter ! »

« Tu as vu combien il sont ici ? Si c’est bien leur camp, il n’y en aura pas plus de deux ou trois pour monter la garde. Et puis on a pas d’autres choix ! »

Joseph réfléchit quelques instants, pesant le pour et le contre, mais il ne semble pas avoir meilleure option alors qu’il souffle de frustration.

« Fait chier ! T’as gagné, j’te suis ! »

Bien, au moins, il n'ira pas tout seul. Ce type à l’air costaud, et il pourra sûrement l’aider. Il hoche la tête devant Joseph puis se tourne vers Cogwright. Devant son regard de braise, il essaye de cacher sa peur, et dissimule sa voix tremblante du mieux qu’il peut en lui exposant son plan.

« Joseph et moi on va voir ce qu’on peut trouver dans le camp là-bas. Faites diversions en attendant. Il se peut qu’on trouve des explosifs, donc trouvez un moyen de rester protéger si jamais on fait tout sauter. »

Il n’attend pas sa réponse, et sans perdre une seconde de plus, Gayatri prend le chasseur par le bras et le force à le suivre. Il repère Ablette qui a fuit un peu plus loin derrière le chariot. Pendant que les deux hommes se retirent discrètement pour atteindre le cheval, il lance un dernier regard à Kathrina qui hurle aux bandits de s’arrêter. Pendant un instant, il se sent coupable de la laisser encerclée de tous ces monstres sans fois ni loi. Mais il reviendra vite.

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[Contrat] Renfort médical EmptyJeu 14 Déc - 15:42
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La ferveur de la victoire avait suffisamment assommé les assaillants pour qu’ils ne remarquent pas les deux fuyards s’en aller vers leur campement, et heureusement. Malgré tout, la situation ne jouait pas en la faveur de la proto-chirurgienne et de sa compagnie. La chirurgienne qui, d’ailleurs, avait jetait un regard plus que noir en direction de Katharina alors qu’un brigand hilare lui bâillonnait pieds et poings sans ménagement. Naomi et la fille Strauss étaient des femmes encore dans la fleur de l’âge, voire même pas encore devenue fleur pour l’une d’entre elle, et à ce  titre elles auraient malheureusement droit à un traitement particulier en leur qualité de prisonnières. Un traitement dont on épargnera les détails morbides et traumatiques. Les autres mercenaires, quant à eux, furent alignés contre le chariot, bâillonnés eux aussi, et assis.

Mais qui avait bien pu commanditer une telle attaque ? Et deux fois sur la même cible de surcroit ? L’instigateur de toute cette mascarade demeurerait anonyme, pour le moment, cependant le meneur de l’assaut, lui, était tristement célèbre. Reconnu dans tout Vereist pour son florissant trafic d’esclaves, Wilfried Crassus était un homme vieillissant, aux cheveux grisonnants et carrément absents sur le haut de son crâne heureusement coiffé d’un tricorne à la manière des marins. Une comparaison pertinente d’ailleurs, car il était rare de le voir exercer son activité aussi loin dans les terres, habitué qu’il était à assaillir les côtes et les îles. Mais à situation exceptionnelle mesures exceptionnelles. Il avait été payé plus cher, beaucoup plus cher que d’habitude pour attaquer ce convoi. La première fois, il n’avait pas envoyé assez d’hommes, et la proto-chirurgienne avait réussi à prendre la fuite. Mais aujourd’hui, pour être certain que sa mission soit menée à bien, il s’était déplacé en personne et après que ses acolytes aient terminés d’évacuer leurs pulsions destructrices sur le corps de la scientifique et de la pauvre Katharina, elles furent contraintes de s’agenouiller, les vêtements déchirés, devant cette immondice de l’humanité.

Le sexagénaire se pencha d’abord vers sa cible principale. Naomi Cogwright, au visage à demi tordu de colère, l’autre moitié de douleur. Sa bouche fétide vint honorer ses yeux larmoyants d’un sourire édenté, avant qu’il ne l’attrape par les cheveux et la soulève légèrement du sol.

- Je t’ai enfin trouvé, souffla-t-il en jubilant. Tu dois penser que c’est de l’acharnement, n’est-ce pas ? Tu as tout à fait raison. Mais ce n’est pas moi qui en ai après toi, madame la chirurgienne, mais j’ai des hommes à payer tu comprends. Et tes compétences ne seront pas inutiles à Aildor. Une bricoleuse de prothèses comme toi fera un malheur chez nous. On ne te laissera pas un instant de répit tant il y aura de clients.

Wilfried serait sûrement l’un des premiers d’ailleurs, car la jeune femme put entrevoir, à travers le voile brumeux de ses larmes, un unique œil en bonne santé sur ce visage blafard. L’autre était aussi blanc que le visage de son propriétaire. Il ne dirait sûrement pas non à un œil un peu plus fonctionnel et… élégant. En poussant un grognement, l’esclavagiste repoussa violemment sa victime gémissante contre le chariot. Les autres bandits rirent aux éclats alors que leur chef s’approchait désormais de Katharina Strauss. Quelqu’un de connu dont, malheureusement, Wilfried connaissait l’identité. Il usa de la même procédure qu’avec Naomi, saisissant la bourgeoise par la tignasse pour rapprocher plus que de raison leurs visages. Peut-être était-ce à cause du lignage renommé de sa victime, peut-être était-ce à cause de son jeune âge. Dans tous les cas, le vieillard affichait un sourire particulièrement mauvais à la lumière du traitement que ses hommes lui avaient fait subir. Une haine perverse, farouche et séculaire des plus riches que soit faisait là son œuvre, sans aucun doute.

- Alors, ma petite demoiselle, as-tu apprécié ta première fois ? Quoi ? Qu’est-ce tu me dis ? Demanda-t-il en mimant de tendre l’oreille. Ce n’était pas ta première fois ? Eh bien dis-donc ! S’exclama Wilfried. Je vois qu’on est de plus en plus précoce chez les bourges d’Alexandria ! Désolé, les gars ! Je pensais vraiment que vous auriez cet honneur-là ! Muhahaha !

Tous les bandits s’esclaffèrent de bon cœur et leur chef en profita pour murmurer sinistrement à l’oreille de la jeune fille.

- Tu ne sais pas  ce qui t’attend avec moi… La fille de Ludwig Strauss, le plus grand marchand d’armes du continent. Tu seras une attraction à Aildor. Je vais te vendre si cher que je n’aurai aucun problème à te laisser à une bande de fadas pire que mes gars. Tu serviras peut-être de garde-manger… ou de sacrifice aux Architectes ! Hahaha !

Le but ici était limpide, annihiler tout espoir chez Katharina. Un esclave qui se morfond dans le désespoir est plus docile que celui qui en entretient encore. Heureusement pour Wilfried, détruire tout espoir chez une petite fille qui venait de subir un tel traumatisme ce n’était pas bien compliqué. Enfin, cette opération était un succès ! Ou peut-être pas…

Wilfried, le chef des bandits:

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[Contrat] Renfort médical EmptySam 16 Déc - 18:00

“Le suicide n'est pas un acte. On est saisi par le suicide comme par un vertige, on subit le suicide.”
- Jean-Guy Rens



Elle s'est trompée. Lourdement. Comme jamais auparavant. Les cris et les larmes sont à présent remplacés par le silence. Par une indifférence bien éloignée de la pureté du stoïcisme et propre à la plus sombre des résignations. L'espoir? Envolé. Son sourire? Disparu. Il n'y a plus qu'un profond vide, une âme vagabondant dans les méandres d'une réalité trop violente pour être acceptée mais trop évidente pour être ignorée. Katharina tremble jusqu'au tréfonds de son être. Ce n'est pas le froid qui en est la cause - pas seulement, du moins - mais le choc inhérent aux dernières minutes. Où était-ce des heures?

Une main se glisse dans ses cheveux avant de les empoigner avec fermeté. L'adolescente dévisage l'homme qui dirige ces esclavagistes mais ne le voit pas réellement. Elle entend les mots qu'il prononce mais ne les écoute pas. Pas vraiment, en tout cas. Seuls quelques-un d'entre eux parviennent à franchir les nimbes de ses pensées. Ludwig. Aildor. Sacrifice. Si le premier lui évoque la plus pure des tendresses et réchauffe quelque peu son coeur glacé, le second la plonge dans une crainte féroce. Une crainte n'accordant pas la moindre concession. Le troisième, quant à lui, semble incarner le destin.

Les rires qui résonnent autours d'elle accentuent encore une impression de solitude bien trop lourde à porter. À-t-elle été sauvée d'une fin tragique pour vivre quelque chose de plus abominable encore? Le sursis que la vie lui a accordée n'était-il rien d'autre qu'une malédiction? La mort rattrape-t-elle toujours ceux et celles qui ont eu l'audace de la défier? L'ironie de ce monde se révèle finalement dans toute son implacable complexité. L'adolescente espérait simplement apporter un peu de lumière aux gens. Mais ces derniers semblent se complaire dans les ténèbres. Sont-ils coupables? Est-elle innocente? Elle pressent maintenant que le problème vient d'elle. Peut-être, au fond, qu'il est toujours venu d'elle...

Son regard vagabonde à la recherche d'un visage familier. Celui de Naomi Cogwright est le premier qu'elle trouve. Ses yeux expriment le mépris le plus absolu. Il en va de même pour ceux les mercenaires qu'elle a engagés et dont elle vient de sceller le destin en tentant pourtant de les sauver. Fredrik, quant à lui, l'observe une nuance de déception. Est-ce le fait de n'avoir pas pu veiller sur elle? Ou celui d'avoir été trompé par la personne pour qui il aurait sans doute donné sa vie? Une boule gigantesque se forme dans sa gorge. La gamine tente de former trois petites syllabes qui n'arrivent pourtant pas à franchir le seuil de ses lèvres. Comme si les circonstances lui refusaient même le droit de s'excuser. Mais cela changerait-il quelque chose?

Katharina ne trouve pourtant pas Gayatri. Et étrangement ce constat lui apporte une relative forme de soulagement. Il la considérerait sûrement avec le même mépris que les autres. Est-il tombé au combat? A-t-il la chance d'être... mort? De ne plus ressentir des émotions qui sont tôt ou tard vouées à faire souffrir? Elle l'envie. Et plus encore: elle le jalouse. Elle ne se reconnaît plus. Et elle ne se comprend pas davantage. Comme si elle était une étrangère pour elle-même.

L'absence de réaction de la demoiselle lui vaut d'être finalement libérée de l'emprise du poing de Wilfried. Il s'attendait vraisemblablement à ce qu'elle puisse alimenter de ses suppliques le plaisir qu'il prend à vivre cette situation. Mais l'air qu'il arbore alors prouve davantage encore qu'il ne s'attendait pas à se faire délester de son arme. Son pistolet est à présent entre les mains glacées de l'adolescente qui n'esquisse pourtant pas de geste hostile.

Des armes se lèvent dans sa direction, calmée par la main prudente du chef des assaillants. Katharina ne sait pas vraiment ce qu'elle fait, à vrai dire. Elle se contente de suivre la seule voie logique. La seule qu'elle est encore capable de considérer. Et la présence de cet objet de mort entre ses mains ne la dégoûte plus. Elle est même rassurante. Et si elle est loin d'être un gage de sécurité, elle représente toutefois le seul espoir qu'elle se sent encore capable de ressentir. On dit que les my'träns oublient ceux qu'ils aiment lorsqu'ils disparaissent. Si seulement cela pouvait être pareil pour les daënars. Ludwig n'aurait alors pas à souffrir comme elle souffre à présent.

Comme un automate, Katharina pose le canon de l'arme sous sa gorge. Sa morsure glacée lui arrache un dernier frisson tandis qu'elle lève le regard vers le ciel grisâtre. Un ciel aussitôt remplacé par une obscurité absolue...

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[Contrat] Renfort médical EmptyMar 19 Déc - 22:58
La neige commence à tomber dans la forêt de Vereist, et le vent se fait de plus en plus glacial. Gayatri empoigne les reines de son cheval avec une telle force que ses mains suent, malgré le froid qui règne. Joseph est assis juste derrière lui, serrant ses bras autour de l’explorateur pour ne pas tomber. À cause de l’agitation et des coups de feu, Ablette est instable et manque de faire tomber les deux hommes plusieurs fois. Gayatri ne l’avait jamais connu si endurante et robuste, mais c’est sans doute la peur qui l’oblige à détaler si vite, bien qu’elle porte deux personnes sur son dos.

Alors qu’ils chevauchent à toute vitesse vers le feu de camp, des cris de douleur et des appels à l’aide se font entendre au loin. Est-ce la voix de Kathrina que Gayatri perçoit ? Du fond de son coeur, il espère que non. Car jamais, jamais de toute sa vie de voyageur, il n’avais entendu des hurlements si stridents, si désespérés, si abominables. Même d’aussi loin, il peut ressentir la détresse qui en émane, et le seul fait d’imaginer ce qui peut bien se passer là-bas lui donne d’horribles frissons. Il leur faut se dépêcher avant qu’il ne soit trop tard.

« Hé ! T’entends ça ? »

Joseph n’a pas l’air rassuré non plus. Il doit surement vouloir revenir en arrière pour sauver tout le monde. Mais l’explorateur, lui, n’en a aucune envie. Il ne veut pas découvrir le carnage qui aura eu lieu quand ils reviendront… si du moins ils reviennent. Pendant un instant, il songe à jeter le guerrier dans la neige pour s’enfuir seul, loin de toutes ces horreurs. Après tout, il s’est promis de ne pas mourir maintenant, alors pourquoi risquer sa vie pour sauver, tout au plus, deux ou trois survivants ? De toute façon, le convoi doit déjà être en miette, ou volé. Jamais il n’aura sa récompense.

« On peut pas les laisser s’faire buter comme ça ! Dis à ton ch’val de se bouger l’cul ou on fait demi-tour ! »

Il a raison. Le visage de Kathrina lui revient en mémoire alors que des flocons de neige s’écrasent sur son visage. À cette vitesse, le vent leur arrache la peau. Leur nez, leurs joues et leurs oreilles ont prit une couleur rouge sang, tandis que leurs doigts s’immobilisent peu à peu, anesthésiés par le froid. Les mots de sa grand-mère résonnent dans sa tête, alors que sa conscience le supplie d’être courageux et de rester digne.

« Tu sais mon p’tit, quand j’étais jeune, j’voyageais sur les mers avec mon équipage… »
Il ne peut pas s’enfuir.
« Ah, c’était l’bon temps ! Parfois ça m’manque un peu… »
Pas maintenant.
« Mais, tu veux que j’te dise un secret ? »
C’est un Theobald.
« Maintenant que j’ai vu l’monde entier d’mes propres yeux, j’peux mourir tranquille ! »
Et un Theobald n’est pas un lâche.

« Yah ! Allez Ablette ! » s’exclame-t-il, ordonnant à son cheval d’avancer plus vite d’un coup de talon.

Le cheval accélère. Gayatri plisse les yeux et se penche en avant pour garder le feu de camp en vue. Ils s’en approchent à grande vitesse, et l’explorateur espère que ses prédictions étaient correctes, et qu’ils ne tomberont pas sur une autre horde de bandits. Ils sont maintenant assez proche pour continuer à pieds. Foncer dans le camp à cheval les mettraient trop à découvert, et qui sait ce qui pourrait arriver. Ils descendent silencieusement de la selle, attache l’animal à une branche et se cachent derrière un arbre pour observer le fameux campement.

Gayatri repère trois tentes, organisées autour du feu qui s’éteint doucement mais qui brûle encore malgré la neige. Un homme ravive les flammes pendant qu’un autre s’assoit à côté de lui, lui donnant des branches qu’il vient probablement de ramasser. Il ne voit personne d’autre pour l’instant, mais il pourrait très bien y avoir du monde sous les tentes.

« Ahah, t’as entendu les coups de feu tout à l’heure ? » s’exclame l’un d’eux.

« Ouais, j’sens que Wilfried va nous ramener un bon butin. »

« Moi j’espère surtout qu’il va nous ramener des putes ! »

L’homme étire un sourire pervers puis se réjoui d’un rire malsain, accompagné par son acolyte. Gayatri bouillonne de rage en entendant ces atrocités, mais au moins, il est certain que c’est bien le camp des bandits.

« Et maintenant, l’génie, qu’est ce qu’on fait, ? »
chuchote Joseph, se faisant le plus discret possible.

Gayatri se racle la gorge et examine les possibilités d’actions, tentant de passer outre le surnom ironique.

« Et bien, je crois que nous n’avons pas le choix. On tire sur ces deux misérables et on prit pour qu’il n’y aie personne d’autre dans les parages. »

« J’aurais pas trouvé mieux… »

Alors que Joseph s’arme de son fusil, Gayatri se rend compte qu’il a laissé le siens près du convoi. Il devra se contenter de son pistolet. Il empoigne la crosse de celui-ci et fixe le canon d’un air penseur. La dernière fois qu’il a tiré avec son révolver, une mort s’en était suivit. À l’origine, il ne pensait pas s’en servir pour tuer, mais il est déjà un assassin à l’heure qu’il est, et il ne peut plus reculer. Les deux hommes chargent leurs canons et se déplacent lentement chacun derrière un arbre pour avoir leur cibles respectives en vue. Joseph le regarde comme pour lui demander s’il est près. Il hoche la tête en réponse, lève son canon d’une main tremblant de froid, ou de peur ; il ne sait plus. Il ferme son oeil gauche et vise, attendant le signal de son coéquipier. Son coeur bat la chamade alors qu’il se prépare à prendre une nouvelle vie. Il observe sa cible, percevant les moindres détails de son visage malgré la distance. Tout chez cet homme le répugne : sa voix bourrue, son dos vouté, sa peau fripée, ses cheveux gras, ses doigts énormes. Puis il entend un sifflement venant de sa gauche. C’est le signal.

Juste avant de tirer, comme un réflexe de son cerveau pour apaiser sa conscience, il se dit que ce pillard mérite bien la mort qu’il va lui donner.

Bang ! Bang !

La cible de Joseph s’effondre au sol sans même avoir le temps de réagir, tandis que celle de Gayatri regarde avec horreur le trou dans sa poitrine couverte de sang. Il relève lentement les yeux vers son assassin, croisant le regard de l’explorateur avant de s’écraser dans la neige.

Un silence tendu s’installe dans la forêt. Personne ne semble sortir des tente, la voie est libre. Le voyageur se rend compte qu’il avait arrêté de respiré lors de son tire, et reprend sa respiration, soulagé. Les deux hommes sortent de leur cachettes, vérifie qu’ils sont bien seuls, et commencent à fouiller le camp. Ils y trouvent en tout : des provisions, trois bombes, une boite d’allumettes et un fusil, qu’ils prennent avec eux.

« Allez, on s’tire. »

Ainsi, ils retrouvent Ablette et partent à toute allure, prêt à faire mordre la poussière aux bandits.

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[Contrat] Renfort médical EmptyJeu 21 Déc - 21:49
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Les pauvres Maxime et Karl n’avaient pas spécialement demandés à devoir mourir pendant ce larcin. Ce devait être une opération de routine, à laquelle ils ne participaient même pas. Leur job c’était de garder le campement, depuis le début. Alors, pourquoi diable se retrouvaient-ils ventre à terre, abattus par les balles d’un mystérieux cavalier ? Il était malheureusement trop tard pour se poser ce genre de question, voilà que Gayatri et Joseph repartaient dans l’autre direction, bien mieux armés maintenant qu’ils avaient copieusement volé leurs assaillants voleurs.

Pendant ce temps, Wilfried n’avait pas réussi à garder tant que ça le contrôle de la situation. D’abord tout rigolard d’avoir débusqué une jeune femme aussi précieuse, et aussi fragile, au milieu de ce blizzard, le voilà maintenant dépourvu de son sourire carnassier. Katharina avait tout bonnement saisi l’arme de l’esclavagiste qui reposait tranquillement dans son étui et s’en était servi pour mettre fin à ses jours dans un final… éblouissant. Au sens propre. Le visage de Wilfried était encore assez près de celui de sa victime lorsque sa cervelle sauta, éclaboussant ainsi allègrement son visage. Il recula avec vigueur et colère, dégaina un vieux mouchoir de tissu et entrepris de s’essuyer la face pour faire partir les divers corps étrangers qui se trouvaient dessus.

Ses hommes reculèrent tous prudemment. Il ne fallait pas être un génie pour comprendre que, là, une sourde colère s’emparerait de lui. Malheureusement, ce serait sûrement la pauvre Naomi, proto-chirurgienne de son état, qui ferait les frais de sa colère. Mais elle était tellement désinhibée par sa colère et sa détresse qu’elle préférait lancer un regard chargé de haine au bandit, tout en laissant s’échapper des volutes de vapeur blanche à chacune de ses puissantes expirations. Petit à petit, elle se doutait de ce qu’allait être son sort, et désespérait qu’on lui vienne en aide. Gayatri et Joseph s’étaient enfuis aux premiers coups de feu, et ils devaient sûrement déjà être loin à l’heure qu’il est. Mais, miracle peut-être, des tirs retentissaient du bosquet non loin de là. Les mécréants s’agitèrent, leur chef exultait de rage.

- Saloperie ! Ils sont en train d’attaquer le camp ! Ils vont revenir avec nos armes, les enfoirés… Aller les gars !! Vous me prenez tous les survivants et vous les foutez au sol, en joue !! S’ils veulent se battre, il va falloir qu’ils supportent la mort de leurs petits copains… Et la tienne aussi, petite trainée !

D’un geste brutal, il attrapa la proto-chirurgienne par les cheveux, et bien qu’elle se débatte avec hargne, elle ne réussit qu’à se faire encore plus mal toute seule. La poigne de fer de Joseph l’Esclavagiste la poussa contre le sol avant qu’il ne s’agenouille pour faire peser tout le poids de sa jambe droite sur les côtes malmenées de la jeune femme. De son autre main, il attrapa la tête pour y coller le canon ensanglanté de son arme qui avait, un peu plus tôt, servi à Katharina Strauss pour mettre fin à ses jours. Le canon contre la tempe, Naomi avait néanmoins tout le loisir de regarder les quelques hommes encore en vie du convoi, au nombre de trois, et qui reposaient désormais, à genoux, tous menacés comme elle par le canon d’une arme.

- Aller, venez, sacs à merde !! Venez nous arrêter, et la chirurgienne finie en viande hachée sur la neige !!

L’effroyable chef des assaillants hurlait à s’en arracher les poumons dans la direction de leur campement. Sur son visage se lisait la détermination du prédateur blessé, celle de toujours dominer ses proies, même dans la faiblesse, même au pied du mur. Un lion ne meurt jamais tué par une gazelle, alors ce n’était pas aujourd’hui qu’il mourrait de la main de sa marchandise. Naomi Cogwright, quant à elle, tordue de douleur et de plus en plus désespérée, se mit à sangloter dans la neige de la route vereistienne.

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[Contrat] Renfort médical EmptyVen 22 Déc - 20:38
Après quelques instants sur le dos d’Ablette, galopant à toute vitesse, Gayatri aperçoit le convoi au loin. Pour le moment, il ne distingue que des formes imprécises à travers la neige qui tombe, mais même à cette distance, il peut voir que c’est le chaos, là-bas. D’un coup, la panique et la culpabilité le prend au tripe, et il prie pour qu’il ne soit rien arrivé à Kathrina et Cogwright. Pendant une seconde il ferme les yeux, souffle un grand coup, puis essaye de se reconcentrer sur sa mission. « Ce n’est pas le moment de s’affoler. » se dit-il.

Soudain, plus de coups de feu, plus de cris, mais une seule voix retentit. Celle d’un homme ; dur, agressif, voir même enragé. Par réflexe, l’explorateur tire violemment sur les reines pour de pas aller plus loin. C’est sûrement le chef des bandits. Mais ce qui l’inquiète le plus, ce sont les menaces concernant la proto-chirurgienne. S’ils ne se dépêchent pas, le pire pourrait arriver pour Cogwright.

« Qu’est-ce que tu fou ? Bouge-toi avant que tout le monde se fasse buter ! »

Gayatri reprend son calme et repart, mais moins vite que tout à l’heure. Le pire serait qu’ils se fassent repérer, alors mieux vaut ne pas trop s’approcher pour l’instant. Une fois qu’ils sont à une distance raisonnable du convoi, ils descendent du cheval, attachent celui-ci, et continuent d'avancer discrètement derrière les arbres et les buissons. Ils sont maintenant assez proches du convoi pour observer la scène. Et c’est bien pire que ce que Gayatri avait imaginé. Presque tous leurs alliés sont étendus sur le sol, morts, tandis que les survivants sont à terre, chacun un fusil derrière la tête. Cogwright, elle, semble être sur le point de craquer alors qu’un bandit l’écrase avec un pistolet sur la tempe.

Mais alors que les espoirs de l’explorateur s’écroulent petit à petit, une vision d’horreur le surprend. Le corps de la jeune Kathrina git dans la neige, inerte, la gorge recouvert de sang. Le regret, puis la rage s’emparent soudainement de lui. Comment avaient-ils pu faire une chose pareille ? Quel homme serait assez ignoble pour mettre fin à la vie d’une personne si jeune, si innocente ? La haine bouillonne dans son cerveau alors que ses nerfs craquent. Inconsciemment, il commence à se lever d’un coup, près à arracher la tête de ces monstres de ses propres mains. Heureusement, Joseph est là pour éviter la catastrophe, et attrape le bras de Gayatri d’une main, tout en lui masquant la bouche de l’autre. Il sorts quelques sons étouffés alors qu’il ne peut contenir sa colère, mais, forcé par son acolyte, il se rassoit, et se retient de foncer tête baissée sur les bandits.

« Bon, on est dans la merde, mais on a plus le temps, chuchote Joseph. T’as les bombes qu’on a trouvé ? »

Gayatri sort de sa sacoche les trois bombes, ainsi que la boîte d’allumette. Ces objets sont peut-être leur dernier espoir. Encore faut-il qu’ils s’en servent judicieusement.

« Bon, écoute : moi, je fais diversion et occupe ces connards. Toi, tu restes caché ici et quand tu vois que personne n’a l’attention sur toi, tu balances une bombe. »

« Et où veux-tu que je l’envoie ?! Tout le monde va y passer si je fais ça ! »

« Essaye de viser autre chose que Naomi Cogwright, ça sera un bon début. » répond-t-il sèchement, avec une pointe d’ironie.

Joseph semble avoir déjà vécu ce genre de situation par le passé, néanmoins, lui aussi parait fatigué et en colère. Gayatri sent bien que la tension monte, mais il ne veut pas empirer les choses.

« Je n’aime pas ton idée. Mais tu as raison, nous n’avons plus de temps. »

Sur ces mots, Joseph s’en va un peu plus loin, toujours caché derrière la végétation. En attendant, l’explorateur sort ses allumette et sa bombe. Il vérifie que celle-ci est en état de marche, car une seule erreur pourrait leur être fatale. Des ses mains tremblantes, il observe les contours de l’objet, et ne perçoit aucune défaillance. Il n’est pas un professionnel dans ce domaine, mais il a déjà lu un livre sur les explosifs, ce qui lui donne quelques connaissances de base. Néanmoins, il ne s’est jamais servit d’une telle arme. Celle-ci ne semble pas être faite pour provoquer des explosions gigantesques ; s'il vise bien, la proto-chirurgienne ne devrait pas être touchée.
Alors qu’il se prépare, le visage de la jeune Strauss lui revient en mémoire, attisant sa haine un peu plus chaque seconde.

Pendant ce temps, Joseph sort des buissons, faisant mine d’être essoufflé. Il se redresse, haletant, puis lève les mains en l’air et jette son arme au sol.

« Très bien. T’as gagné. Prends tout ce que tu veux, tue moi si t’en a envie, mais ne touche pas à Cogwright. »

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[Contrat] Renfort médical EmptyLun 1 Jan - 16:06
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Wilfried était une canaille, certes, mais une canaille sur le déclin. Ses petits yeux s’étaient davantage entrainés à repérer avec perversion les défauts sur le corps de ses proies fraichement capturées plutôt que de repérer des couards sur fond de chute de neige. Le vent, le bruit, le froid, tout cela pesait un peu plus sur son corps vieillissant à chaque instant. Mais cette fatigue renforçait sa hargne, tout en épargnant sa raison. Lorsque Joseph, l’un des deux fuyards, sorti d’entre les fourrées qui le masquaient à la vue des bandits, cette dernière intima au chef des bandits de ne pas se laisser avoir par ce piège grossier. Y aller lui-même serait un pur et simple suicide, et il restait encore une autre poule mouillée à débusquer. Naomi Cogwright, quant à elle, regardait avec désespoir celui qui était devenu, au fil des voyages, quelque chose de suffisamment proche d’un ami pour qu’elle redoute sa mort avec force larmes.

- Non ! Joseph ! Je vous en prie, fuyez ! Hurla-t-elle finalement.

- Tais-toi, sale garce ! Rétorqua Wilfried en lui donnant un violant coup de manchette au visage.

La proto-chirurgienne tomba, face contre terre, mais toujours consciente. Des larmes brûlantes tombèrent sur la neige qui lui brulait la peau, tandis que son tortionnaire se retourna vers un de ses hommes.

- Toi ! Va chercher ce chien ! Je garde l’otage, lança Wilfried.

Il donna un coup sur l’épaule de son sbire avant d’attraper la tignasse du mercenaire qu’il était chargé de mettre en joue. Le ramenant ainsi devant lui, l’esclavagiste pouvait désormais observer la scène, surveiller ce combattant qui pouvait encore s’avérer dangereux, et garder un œil mauvais sur Naomi qui, de toute manière, n’avait plus la force de tenter quoique ce soit pour s’échapper. Le bandit de Wilfried s’approcha avec précaution, fusil pointé vers l’avant, de Joseph qui continuait à exprimer clairement tous les signes d’une reddition. Mais le patron de cet homme n’était pas dupe, et s’attendait clairement à perdre ce pauvre bougre dans un piège sournois. Il était habitué à en tendre, alors il ne se laisserait pas avoir.

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